11 mai 2016

Les Poupées du diable (1936) de Tod Browning

Titre original : « The Devil-Doll »

Les poupées du diableDix-sept ans après avoir mis injustement en prison par des associés malveillants, un ex-banquier parisien parvient à s’évader avec son compagnon de cellule, un savant qui travaillait sur un procédé permettant de miniaturiser un être vivant et de le faire obéir à sa volonté. Ils se réfugient chez sa femme qui a continué les recherches… Pour son avant-dernier film, Tod Browning laisse l’horreur de côté pour cette histoire qui mêle mystère et fantastique, une variation très originale sur le thème du crime parfait. Adapté d’un roman d’Abraham Merritt, le scénario a été écrit par Garrett Fort (qui avait travaillé sur Frankenstein et Dracula), Guy Endore et Erich von Stroheim. La mise en place est assez rapide et le film se déroule ensuite assez rapidement. Les effets spéciaux sont très bien réalisés, même pour des yeux modernes. L’astuce a été de tourner dans des décors gigantesques et, si des projections ont été utilisées, elles ne sont pas vraiment visibles. Lionel Barrymore passe la plus grande partie du film déguisée en vieille femme et il prend visiblement du plaisir à jouer ; il trouve le ton juste, sans en faire trop. L’histoire est très originale et assez prenante. Dans cette décennie des années trente où beaucoup de réalisateurs n’étaient que des exécutants, Tod Browning prouve, une fois de plus, qu’il est un vrai créateur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lionel Barrymore, Maureen O’Sullivan, Frank Lawton, Rafaela Ottiano, Henry B. Walthall
Voir la fiche du film et la filmographie de Tod Browning sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le savant est interprété par Henry B. Walthall qui est mort peu avant la sortie du film. L’acteur a tourné dans 327 films, de 1908 à 1936. Il a accompagné la naissance du cinéma de fiction : il est présent dans de nombreux films courts de Griffith et dans Naissance d’une nation. Dans les années 20, il joue principalement dans des films de moindre importance avant que sa carrière ne reprenne de l’allant avec l’avènement du parlant.
* Dans The Unholy Three (Le Club des trois) de Tod Browning (1923), l’un des criminels se déguisait déjà en vieille femme tenant un magasin. A ce sujet, on pourra remarquer que l’un des slogans utilisés par la MGM pour la promotion du film fut « Greater than The Unholy Three ».

The Devil-Doll
Henry B. Walthall et Rafaela Ottiano dans Les poupées du diable de Tod Browning.

The Devil-Doll
Frank Lawton, Maureen O’Sullivan et Lionel Barrymore (déguisé en vieille femme) dans Les poupées du diable de Tod Browning.

5 mai 2016

Les Monstres (1963) de Dino Risi

Titre original : « I mostri »

Les monstresLes monstres est une série de 19 sketches qui illustrent, sur le ton de la comédie, les défauts et travers de la nature humaine. Comme dans (presque) tous les films à sketches, certains paraissent plus faibles que d’autres. Il faut accepter ce principe car, sinon on ne peut dépasser le stade de dire que « l’ensemble est inégal ». On pourrait bien entendu reprocher la profusion de sketches et la voir comme la conséquence d’une certaine paresse structurelle. En fait, cette profusion permet aux auteurs de frapper tous azimuts : personne n’est épargné, les puissants et les riches sont autant fustigés que les plus pauvres. Elle permet aussi de montrer les multiples formes du mensonge et de l’hypocrisie (on peut citer aussi le cynisme, le machisme, la liste est longue…) Ce sont des croquis, de durées très diverses, allant de 45 secondes à plus de 15 minutes, toujours très incisifs, soulignant à grands traits l’ironie des situations. Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman sont les deux piliers de cette brochette de portraits ; ils nous font un véritable récital, Gassman montrant ses talents de déguisement (y compris en femme). Les Monstres est un film plus fort qu’il ne paraît : sur le coup, il peut paraître un peu anodin mais, plus on y repense après coup, plus il apparaît riche et juste dans les visions qu’il nous propose. En outre, le propos n’est nullement connoté « années soixante » car pratiquement toutes ces visions sont toujours aussi actuelles. Avec Le Fanfaron du même Dino Risi, Les Monstres est l’un des premiers grands films de la comédie italienne, genre qui va durer à son meilleur une bonne dizaine d’années. Il est l’illustration de sa puissance, de son caractère subversif et aussi de sa portée sociologique qui la fait dépasser largement le cadre du simple divertissement.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Marino Masé, Marisa Merlini, Michèle Mercier, Ugo Attanasio
Voir la fiche du film et la filmographie de Dino Risi sur le site IMDB.

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Remarques :
* Ont contribué à l’écriture du scénario : Age et Scarpelli, Elio Petri, Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari… que des grands noms du cinéma italien.
* Un vingtième sketch a été coupé dans les versions visibles en France.
* Le film a eu une suite : Les Nouveaux Monstres de Mario Monicelli et Dino Risi (1977) avec Vittorio Gassman, Ornella Muti et Alberto Sordi

 

Les Monstres
Ricky Tognazzi et Ugo Tognazzi dans le premier sketch de Les monstres de Dino Risi (Ricky est aussi le fils d’Ugo dans la vraie vie, il est aujourd’hui acteur et metteur en scène).

Les 19 sketches :
(A ne lire qu’après avoir vu le film car les descriptions ci-dessous peuvent dévoiler en partie le punch final. Il n’y a d’ailleurs aucun intérêt à lire cette liste avant de voir le film. Cette liste permet seulement de repenser après coup à la finalité des sketches, de mieux voir leur force et de mesurer à quel point l’ensemble forme un tout.)

1. La bonne éducation (7′) avec Ugo Tognazzi
Un père inculque à son jeune fils des principes moraux franchement douteux.

2. Le monstre (1′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Deux policiers se mettent en avant devant les photographes avec le monstrueux assassin qu’ils viennent d’arrêter. On peut se demander lequel est le plus monstrueux des trois…

3. Comme un père (7′) avec Ugo Tognazzi et Lando Buzzanca
Un homme frappe à la porte d’un ami en pleine nuit. Il s’inquiète car son épouse rentre tard le soir. Il la soupçonne de le tromper…

4. Rapt (5′) avec Vittorio Gassman et Maria Mannelli
Une vieille dame terrorisée est littéralement enlevée pour participer à un tournage de cinéma.

5. Le pauvre soldat (9′) avec Ugo Tognazzi
Un soldat apprend que sa soeur a été assassinée. Il se dit inconsolable mais va profiter de la situation…

6. Une vie de chien (3′) avec Vittorio Gassman
Un homme très pauvre ment à sa famille sur la façon dont il remplit ses journées.

7. La journée d’un parlementaire (12′) avec Ugo Tognazzi
Un député, qui mène ostensiblement une vie exemplaire et monacale, couvre une affaire de corruption.

8. Sur le sable (2′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Le machisme à l’oeuvre sur la plage peut cacher autre chose… (à mes yeux, c’est le plus bizarre dans son propos.)

9. Le témoin volontaire (12′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Un homme décide de témoigner contre un accusé au grand dam de l’avocat de la défense qui va le discréditer.

10. Les deux orphelins (3′) avec Vittorio Gassman et Daniele Vargas
Un homme pauvre exploite l’infirmité d’un aveugle pour solliciter la générosité des passants et fait en sorte qu’il ne soit pas soigné.

11. L’embuscade (2′) avec Ugo Tognazzi
Un policier use de stratagèmes pour verbaliser devant un kiosque à journaux.

12. La victime (9′) avec Vittorio Gassman et Rika Dialyna
Pour rompre avec sa maitresse, un homme joue la victime et s’arrange pour que la demande de rupture vienne d’elle.

13. Vernissage (4′) avec Ugo Tognazzi
Après avoir pris possession de sa première auto (qui va obliger sa famille à se serrer la ceinture), un homme n’a qu’une hâte : aller voir les prostituées.

14. La Muse (5′) avec Vittorio Gassman et Jacques Herlin
Une jurée littéraire s’arrange pour faire primer un jeune écrivain sans talent afin de coucher avec lui.

15. On oublie vite (2′) avec Ugo Tognazzi
Au cinéma, face à une scène d’exécution sommaire de partisans pendant la guerre, un homme parle à sa femme de la beauté du petit mur derrière les exécutés : il veut faire le même chez lui.

16. La rue est à tout le monde (45″) avec Vittorio Gassman
Traversant sur un passage clouté, un homme invective les automobilistes qui roulent trop vite à son goût. Il monte ensuite dans sa voiture et roule comme un forcené, manquant de peu d’écraser les piétons qui traversent.

17. L’opium du peuple (8′) avec Ugo Tognazzi et Michèle Mercier
Pendant que son mari est vissé devant la télévision, une femme couche avec son amant dans la pièce à côté, laissant la porte ouverte pour entendre l’annonce de fin des programmes.

18. Le Testament de Saint François (3′) avec Vittorio Gassman
Avant une intervention télévisée, un homme maniaque de son apparence fait d’incessantes demandes de retouches au maquilleur. C’est en fait un ecclésiastique qui fait une émission sur le message de Saint François d’Assises, prônant l’humilité et le mépris des choses matérielles.

19. Le noble art (17′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Afin de gagner quelques sous, un boxeur à la retraite use d’arguments fallacieux pour convaincre un de ses anciens amis simple d’esprit de remonter sur le ring, pour un combat soit-disant gagné d’avance.

Sketch coupé en France (en 2e position dans le film) :
La recommandation avec Vittorio Gassman
Un acteur célèbre recommande un collègue peu connu puis finit par le torpiller car il porte la poisse (sketch non vu, ce résumé est celui de Jacques Lourcelles).

4 mai 2016

Vaudou (1943) de Jacques Tourneur

Titre original : « I Walked with a Zombie »

VaudouUne jeune infirmière canadienne est embauchée par un propriétaire de plantation sur une île des Caraïbes pour prendre soin de sa femme qui semble souffrir d’une sorte de paralysie mentale… Vaudou est le deuxième des trois films tournés par Jacques Tourneur en 1942-43 pour le producteur Val Lewton. L’histoire est en réalité une adaptation déguisée de Jane Eyre (de Charlotte Brontë), transposée dans les Antilles. Si le film est empreint d’une très forte atmosphère, ce n’est pas tant pour générer l’angoisse, qui n’est là que par petites touches, mais plutôt pour donner une belle profondeur aux personnages et une indéniable dimension psychologique. Une certaine poésie se dégage même de l’ensemble d’autant plus que la photographie de J. Roy Hunt est superbe, jouant beaucoup avec les ombres. Contre toute attente, les autochtones noirs ne sont pas ridiculisés, ils sont même traités avec respect. Cette volonté de s’éloigner des clichés raciaux traditionnels est assez unique dans le cinéma hollywoodien de l’époque. S’agissant d’un « B-movie », il n’y a pas d’acteur de premier plan mais les rôles sont très bien tenus, Frances Dee a une belle présence et Tom Conway (de son vrai nom Thomas Charles Sanders, il est le frère de George Sanders) offre un beau mélange de solennité et de mystère. Vaudou est un très beau film.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: James Ellison, Frances Dee, Tom Conway
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Voir les livres sur Jacques Tourneur

Remarques :
* Les trois films fantastiques/d’horreur réalisés par Jacques Tourneur pour Val Lewton :
1. La Féline (Cat People) (1942)
2. Vaudou (I Walked with a Zombie) (1943)
3. L’homme-léopard (The Leopard-Man) (1943).
Ces trois films étaient des « B-movies ».

* Le scenario a été écrit successivement par Curt Siodmak (le frère de Robert Siodmak) et Ardel Wray en partant d’une histoire écrite par Inez Wallace parue dans American Weekly. C’est Val Lewton qui orienta l’histoire pour la rendre plus proche de celle de Jane Eyre.

* Il est bien rare que le titre français d’un film américain soit plus approprié que le titre original. C’est le cas ici. Le titre original, franchement ridicule, aurait été imposé à Val Lewton par la RKO. C’était le titre de l’histoire originale écrite par Inez Wallace.

* La chanson « Shame and Scandal in the Family » a été écrite par Sir Lancelot (qui l’interprète dans le film) et Ardel Wray. Cette chanson a par la suite été reprise par The Kingston Trio, Odetta, Peter Tosh and The Wailers…

Vaudou
Frances Dee et Tom Conway dans Vaudou de Jacques Tourneur.

Vaudou

Vaudou
Christine Gordon, Frances Dee et Tom Conway dans Vaudou de Jacques Tourneur (photo publicitaire).

3 mai 2016

Pasteur (1935) de Sacha Guitry

PasteurQuelques épisodes de la vie de Pasteur : l’abnégation du chercheur alors que la guerre est déclarée, Pasteur rejeté par les membres de l’Académie de Médecine, Pasteur soigne un enfant atteint par la rage, Pasteur malade reçoit son médecin qui lui demande d’arrêter ses recherches, Pasteur célébré à la Sorbonne par un parterre de sommités du monde entier… Pasteur est la première réalisation de Sacha Guitry (1). Il met en scène sa propre pièce, montée en 1919 avec son père Lucien Guitry dans le rôle principal. Il prend ainsi la suite de son père en interprétant lui-même cette fois le rôle du scientifique. L’ensemble est très solennel, assez rigide, très verbeux mais il est intéressant de constater que Sacha Guitry avait déjà défini certaines grandes lignes de son style cinématographique : générique au passé composé, introduction par lui-même (il ne s’adresse pas encore directement au spectateur mais à un interlocuteur anonyme visible que de dos), mise en avant du caractère narratif et ces grandes tirades qui lui sont si coutumières. Il prend ainsi rapidement possession de ce nouveau media, sans toutefois éviter quelques maladresses : la filiation avec la pièce est très marquée dans la structure même du film en tableaux, il semble déclamer parfois et le ton général manque de légèreté (mais il faut avouer que le sujet ne s’y prête guère…) Sur le fond, Guitry fustige l’ostracisme et prône les vertus du travail. Petite particularité de la pièce et donc du film : il n’y aucun rôle féminin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Jean Périer, José Squinquel
Voir la fiche du film et la filmographie de Sacha Guitry sur le site IMDB.

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Autres films sur la vie de Pasteur :
Pasteur de Jean Epstein et Jean Benoît-Lévy (1922) avec Charles Mosnier
La Vie de Pasteur (The Story of Louis Pasteur) de William Dieterle (1936) avec Paul Muni.

(1) Sacha Guitry avait toutefois réalisé un documentaire de 50 minutes en 1915, Ceux de chez nous sur quelques grands noms de la culture française.

Pasteur
François Rodon et Sacha Guitry dans Pasteur de Sacha Guitry.

2 mai 2016

Coeur de lilas (1932) de Anatole Litvak

Coeur de lilasPersuadé de l’innocence du principal suspect dans une affaire de meurtre, un inspecteur de police s’introduit sous une fausse identité dans le milieu interlope parisien. Il veut faire la connaissance de Coeur de lilas, une jeune femme qui fut la maitresse de la victime… Adapté d’une pièce de Tristan Bernard, Coeur de lilas est le premier film de l’ukrainien Anatole Litvak qui venait de fuir l’Allemagne. Le gros point faible du film est un déroulement de scénario très mou ; l’histoire semble faire du surplace. Elle s’efface pour laisser la place à de nombreuses scènes d’atmosphère des milieux populaires de l’époque : on danse, on chante et tout ce joli monde s’égaye quand la police arrive. Coeur de lilas Jean Gabin, encore peu connu, interprète un arrogant mauvais garçon ; il manifeste beaucoup de présence à l’écran, beaucoup plus que l’acteur principal André Luguet, plutôt fade. Il chante aussi avec Frehel « La Môme Caoutchouc ». Fernandel n’a qu’un tout petit rôle, garçon d’honneur à un mariage qui pousse la chansonnette. On remarquera un très beau plan d’ouverture qui nous fait suivre deux mouvements simultanés et inverses (la fanfare et le cortège des enfants). On notera également l’utilisation des guinguettes de bord de Marne qui seront un lieu privilégié de tournage pendant plusieurs décennies.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marcelle Romée, André Luguet, Jean Gabin, Fernandel
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Remarques :
* L’actrice Marcelle Romée a mis fin à ses jours quelques mois après la sortie du film. Elle était âgée de 29 ans.

Coeur de lilas
Marcelle Romée dans Coeur de lilas d’Anatole Litvak.

coeur de Lilas
Fréhel et Jean Gabin dans Coeur de lilas d’Anatole Litvak.

1 mai 2016

Le Grand Amour (1931) de Otto Preminger

Titre original : « Die grosse Liebe »

Le Grand AmourDix ans après la fin de la guerre, un ancien prisonnier revient à Vienne, sa ville natale. La mère d’un soldat porté disparu le prend pour son fils. Il n’ose la contredire de peur de lui briser le coeur… Le Grand Amour est le premier film d’Otto Preminger alors âgé de 26 ans, le seul qu’il ait tourné en langue allemande. On ne peut pas dire que le réalisateur austro-hongrois fasse grand cas de cette période puisqu’il fait débuter son autobiographie en 1935 (c’est-à-dire au moment où il a émigré aux Etats-Unis) et c’est à peine s’il mentionne au détour d’une phrase « un petit film que j’avais auparavant dirigé ». Effectivement, ce film de jeunesse n’est pas vraiment remarquable. C’est un mélodrame dont l’histoire est assez classique et peu développée. On notera toutefois une satire de l’optimisme économique (où les gens se forcent à dire que ça va mieux), la critique de la bureaucratie et la satire des riches commerçants parvenus qui font des fêtes assez tapageuses. Preminger s’amuse à réaliser une petite prouesse technique, un panoramique à 360 degrés dans une pièce fermée (on peut supposer que les fils viennent du sol ou du plafond). Otto Preminger réalisera son premier film américain cinq ans plus tard en 1936 et son premier « grand film » (Laura en 1944) sera son sixième.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Hansi Niese, Attila Hörbiger
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Die grosse Liebe
Hansi Niese et Attila Hörbiger dans Le Grand Amour de Otto Preminger.

Die grosse Liebe
Hansi Niese et Hugo Thimig dans Le Grand Amour de Otto Preminger.

30 avril 2016

Sommaire d’avril 2016

Richard IIIUglyCoups de feu dans la SierraLa Dame de MonsoreauBlow-UpQue la bête meureNew York 1997Le Prince de New York

Richard III

(1955) de Laurence Olivier

Ugly

(2013) de Anurag Kashyap

Coups de feu dans la Sierra

(1962) de Sam Peckinpah

La Dame de Monsoreau

(1913) de Emile Chautard

Blow-Up

(1966) de Michelangelo Antonioni

Que la bête meure

(1969) de Claude Chabrol

New York 1997

(1981) de John Carpenter

Le Prince de New York

(1981) de Sidney Lumet

Les enfants nous regardentMademoiselle VendrediLa Ville abandonnéeLe Procès ParadineInternational HouseA Touch of SinHombreLe Tambour

Les enfants nous regardent

(1943) de Vittorio De Sica

Mademoiselle Vendredi

(1941) de Vittorio De Sica

La Ville abandonnée

(1948) de William A. Wellman

Le Procès Paradine

(1947) de Alfred Hitchcock

International House

(1933) de A. Edward Sutherland

A Touch of Sin

(2013) de Jia Zhang Ke

Hombre

(1967) de Martin Ritt

Le Tambour

(1979) de Volker Schlöndorff

L'Inconnu de ShandigorL'EscapadeL'invitationLes ArpenteursLes Fantômes du chapelierThe Lost MomentLe Crabe-TambourIntrigues en Orient

L’Inconnu de Shandigor

(1967) de Jean-Louis Roy

L’Escapade

(1974) de Michel Soutter

L’invitation

(1973) de Claude Goretta

Les Arpenteurs

(1972) de Michel Soutter

Les Fantômes du chapelier

(1982) de Claude Chabrol

The Lost Moment

(1947) de Martin Gabel

Le Crabe-Tambour

(1977) de Pierre Schoendoerffer

Intrigues en Orient

(1943) de Raoul Walsh

Seul sur Mars

Seul sur Mars

(2015) de Ridley Scott

Nombre de billets : 25

28 avril 2016

Richard III (1955) de Laurence Olivier

Richard IIIA la fin du XVe siècle en Angleterre, Richard duc de Gloucester a oeuvré pour mettre sur le trône son frère aîné Edward IV non sans en ressentir une forte jalousie : difforme et bossu, il n’a pas tous les atouts pour prétendre lui-même au trône mais il sait qu’il peut y parvenir par la ruse. Il va d’abord s’attacher à écarter définitivement son second frère George… Oeuvre de jeunesse de William Shakespeare, Richard III dresse un portrait très sombre du souverain : un homme fourbe qui ne cesse de comploter et fait tuer ceux qui se mettent en travers de son chemin. Ce portrait ne correspond pas vraiment à la vérité historique mais donne de la matière à l’une des plus grandes pièces de Shakespeare. Après avoir brillamment adapté Henry V et Hamlet, Richard III était un choix assez logique pour Laurence Olivier. Le résultat est tout aussi intéressant même s’il est généralement moins bien considéré du fait d’une mise en scène jugée trop simple. Il y a certes moins de nouveautés, si ce n’est qu’il n’hésite pas à s’adresser directement à la caméra, procédé très rare au cinéma mais un peu plus courant au théâtre. L’ensemble a été tourné en studios à l’exception du dernier acte, la bataille de Bosworth, qui a été tournée… en Espagne. Laurence Olivier reste très fidèle à l’esprit et au texte ; son interprétation est à la fois intense et juste. Son Richard III est vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Cedric Hardwicke, Ralph Richardson, John Gielgud, Pamela Brown, Claire Bloom
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurence Olivier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Laurence Olivier chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Les mauvais résultats commerciaux du film aux Etats-Unis (en partie dus au fait que le film était sorti simultanément à la télévision) et la mort du producteur anglais Alexander Korda ont mis fin prématurément aux adaptations shakespeariennes de Laurence Olivier. Il n’a pas pu trouver le financement pour monter Macbeth, nous privant de ce qui aurait certainement été une très grande interprétation.

Autres adaptations de la pièce :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

À noter aussi :
Looking for Richard (1996) de Al Pacino qui est un documentaire autour de la pièce et de son impact sur le monde actuel.

Richard III
Laurence Olivier dans Richard III de Laurence Olivier.

27 avril 2016

Ugly (2013) de Anurag Kashyap

UglyA Bombay, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. Sa mère s’est remariée avec un commissaire de police qui la maintient cloitrée. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père, elle disparaît. Tout porte à croire qu’elle a été enlevée. Bien qu’ils se détestent au plus haut point, le père et le beau-père se mettent à sa recherche… Ugly est le dixième long métrage d’Anurag Kashyap, chef de file du nouveau cinéma indépendant indien. Nous sommes loin de l’univers féérique de Bollywood : l’univers d’Ugly est assez glauque et souligne les travers de la société indienne contemporaine. Ses personnages sont souvent aveuglés par leur individualisme et leurs querelles, chacun cherchant à profiter de la situation, si tragique soit-elle. Le portrait de la police n’est pas très flatteur : un commissaire aux méthodes particulièrement violentes et des subalternes pas très futés. Le déroulement du scénario tient parfois du puzzle, avec des flash-back qui surviennent sans crier gare ; le montage est rapide. La cohérence d’ensemble est assez remarquable quand on sait que les dialogues furent en grande partie improvisés. Ugly est un beau film très nerveux, assez sombre et sans concession, remarquablement réalisé.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rahul Bhat, Ronit Roy, Tejaswini Kolhapure
Voir la fiche du film et la filmographie de Anurag Kashyap sur le site IMDB.

Remarque :
* La sortie du film en Inde a été retardée de presque 1 an parce qu’Anurag Kashyap refusait que son film affiche les messages anti-tabac. En effet, la législation indienne est très stricte à ce sujet : les messages d’avertissement sur les dangers du tabac sont obligatoires dès qu’un personnage fume à l’écran (le pays compte 250 millions de fumeurs… ouille). Il n’est pas le seul à s’être insurgé contre cette règle : par exemple, Woody Allen a refusé de sortir Blue Jasmine en Inde pour cette raison.

Ugly
Rahul Bhat, le père de la fillette, dans Ugly de Anurag Kashyap.

Ugly
Ronit Roy (au centre), l’inquiétant commissaire de Ugly de Anurag Kashyap.

26 avril 2016

Coups de feu dans la Sierra (1962) de Sam Peckinpah

Titre original : « Ride the High Country »

Coups de feu dans la SierraAu début du XXe siècle, un ex-shérif et ex-aventurier vieillissant accepte de convoyer un chargement d’or d’une petite bourgade minière jusqu’à la banque de la ville. Pour cela, il s’adjoint les services de l’un des ses anciens partenaires et ami sans savoir que celui-ci a l’intention de s’emparer de l’or… Coups de feu dans la Sierra est le deuxième long métrage de Sam Peckinpah. C’est un film qui est, assez unanimement, tenu en très haute estime : il est alors décrit comme se situant à une période charnière pour le western, celle où le western classique va céder la place à un western plus iconoclaste et violent, parfois appelé « western crépusculaire ». La violence n’est toutefois pas trop présente ici mais j’avoue avoir eu bien du mal à m’intéresser à cette histoire, les personnages manquant d’épaisseur à mes yeux. Les héros sont fatigués et les grandes valeurs morales ont laissé la place à un pragmatisme désabusé. Peckinpah s’attache à nous montrer l’Ouest sous son vrai jour et comme on ne l’a jamais vu, ce qui donne des scènes baroques du plus bel effet, telle toute la scène d’introduction ou cette tout aussi surprenante vision d’un cortège nuptial à cheval.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Randolph Scott, Joel McCrea, Mariette Hartley
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Peckinpah sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sam Peckinpah chroniqués sur ce blog…

Pour une présentation plus enthousiaste, lire l’article sur DVDClassiks

Voir les livres sur Sam Peckinpah

Ride the High Country
Randolph Scott et Joel McCrea dans Coups de feu dans la Sierra de Sam Peckinpah (à l’arrière plan : Ron Starr).

Ride the high country