10 avril 2017

La Malédiction des pharaons (1959) de Terence Fisher

Titre original : « The Mummy »

La Malédiction des pharaonsEn 1895, trois archéologues anglais découvrent le tombeau de la princesse Ananka, grande prêtresse égyptienne du temple de Karnak, morte il y a quatre mille ans. Mais dès l’ouverture de cette tombe, l’un d’entre eux perd la raison sans que l’on comprenne pourquoi… Après Frankenstein et Dracula, Terence Fisher et la Hammer poursuivent leur démarche de réappropriation des grands thèmes fantastiques des années 30 en reprenant le thème de la momie. Mais le film n’est pas tant un remake du fameux The Mummy de Karl Freund (1932), il s’agit plutôt du remake de The Mummy’s Hand de Christy Cabanne (1940). Si le scénario n’est pas spécialement riche, le film est plutôt réussi et ne manque pas de charme : la photographie de Jack Asher est remarquable, l’atmosphère est prenante à souhait et la silhouette de Christopher Lee en momie vivante est imposante (l’acteur mesurait 1m96 et paraît faire au moins 20 cm de plus). La Malédiction des pharaons montre en outre tout le savoir faire de la Hammer pour obtenir un résultat très convaincant avec des moyens limités : c’est particulièrement net dans les séquences se déroulant dans l’Egypte ancienne qui sont très réussies. La mise en scène de Terence Fisher est sans faille, le réalisateur sait rester à l’écart de tout effet facile. La Hammer donnera trois suites au film au cours de la décennie suivante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter Cushing, Christopher Lee, Yvonne Furneaux
Voir la fiche du film et la filmographie de Terence Fisher sur le site IMDB.

Voir les autres films de Terence Fisher chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur la Hammer

The MummyLa française Yvonne Fourneaux dans les bras de Christopher Lee dans La Malédiction des pharaons de Terence Fisher.

The MummyPeter Cushing est aux aguets dans La Malédiction des pharaons de Terence Fisher.

9 avril 2017

Centre Terre, 7e continent (1976) de Kevin Connor

Titre original : « At the Earth’s Core »

Centre terre, septième continentEpoque victorienne. Aux commandes d’une foreuse révolutionnaire, le professeur Perry et son assistant s’enfoncent dans les entrailles de la Terre. Ils découvrent un monde tropical à la lumière étrange et se retrouvent prisonniers des Mahars, créatures cruelles dotés de grands pouvoirs télépathiques… At the Earth’s Core est l’adaptation du premier roman du Cycle de Pellucidar (1914-1942), œuvre d’Edgar Rice Burroughs (le créateur de Tarzan). Ce cycle est basé sur l’idée que la Terre pourrait être creuse. Le scénario est indéniablement bien construit, avec de bons rebondissements, mais la réalisation souffre d’un évident manque de moyens et le résultat fait plutôt sourire. Les créatures (sorte de perroquets géants) sont manifestement des acteurs déguisés et la fixité de leurs prothèses est déroutante. Les décors sont également très rudimentaires. Le meilleur est du côté de l’interprétation de Peter Cushing qui apporte une bonne dose d’humour par son indéfectible flegme britannique, n’hésitant pas à affronter un monstre avec son parapluie ou lançant à ses tourmenteurs sur le point de prendre le contrôle de son esprit : « Vous ne pourrez pas m’hypnotiser, je suis citoyen britannique ! »
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Doug McClure, Peter Cushing, Caroline Munro
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Remarques :
* At the Earth’s Core (Centre Terre, 7e continent) fait suite au succès de The Land That Time Forgot (Le Sixième Continent, 1975) du même Kevin Connor, autre adaptation d’un roman de Burroughs, cette fois sur le thème du continent oublié et peuplé de dinosaures.
* At the Earth’s Core est l’avant-dernier film produit par Amicus, compagnie britannique rivale de la Hammer.

Centre Terre - 7e continentPeter Cushing et Doug McClure dans Centre terre, septième continent de Kevin Connor.

Centre Terre - 7e ContinentCaroline Munro (qui sera une James Bond Girl l’année suivante)
apporte la réglementaire note de charme à Centre terre, septième continent de Kevin Connor.

8 avril 2017

Le Continent fantastique (1977) de Juan Piquer Simón

Titre original : « Viaje al centro de la Tierra »
Titre UK : « Journey to the Center of the Earth »
Titre USA : « Where Time Began »

Viaje al centro de la TierraEn 1898 à Hambourg, le professeur Otto Lidenbrock achète à un homme mystérieux un vieux livre écrit par un certain Saknussemm. Celui-ci indique un passage pour pénétrer dans les entrailles de la Terre à partir du cratère d’un volcan en Islande. Le professeur monte rapidement une expédition… Assez bizarrement, le merveilleux livre de Jules Verne Voyage au centre de la Terre a été assez peu adapté au cinéma. Cette version espagnole n’est pas la plus remarquable, loin de là. On y retrouve bien toutes les scènes importantes mais ce récit imaginaire a perdu toute sa profondeur (c’est le cas de le dire…) et les évènements s’enchaînent assez platement. De plus, les scénaristes ont ajouté un élément assez ridicule de voyage dans le temps (ou extra-terrestre ?) qui n’apporte vraiment rien. C’est le premier long métrage de Juan Piquer Simón qui se spécialisera ensuite dans les films d’horreur de série B.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Kenneth More, Pep Munné, Ivonne Sentis
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Remarque :
* En préambule, le réalisateur montre quelques images du film de Méliès Le Voyage dans la lune et déclare que son film est un hommage aux pionniers du cinéma.

When Time beganViaje al centro de la Tierra de Juan Piquer Simón.

Adaptations du roman de Jules Verne :
Voyage au centre de la Terre de Segundo de Chomón (1910)
Voyage au centre de la Terre (Journey to the Center of the Earth) de Henry Levin (1959) avec Pat Boone et James Mason
Viaje al centro de la Tierra de Juan Piquer Simón (1977)
Voyage au centre de la Terre de Eric Brevig (2008)

7 avril 2017

Quand les dinosaures dominaient le monde (1970) de Val Guest

Titre original : « When Dinosaurs Ruled the Earth »

Quand les dinosaures dominaient le mondeDans un monde où les hommes vivent au temps des dinosaures, les rares femmes aux cheveux blonds sont destinées à être offertes au Dieu Soleil. L’une d’elles parvient à s’échapper en se jetant à la mer. Elle est recueillie par un homme d’une tribu adverse… Après le succès de One Million Years B.C. (1966), la Hammer désire lui donner une suite. La recette est simple : associer dinosaures et jeunes femmes en bikini. C’est ainsi Victoria Vetri, élue Playmate de l’année 1968, qui prend la suite de Raquel Welch. L’histoire est niaise et, bien entendu, sans aucune crédibilité mais le film est remarquable par deux éléments. Tout d’abord, il n’y a aucune parole intelligible : plusieurs années avant Jean-Jacques Annaud (La Guerre du feu, 1981), les scénaristes ont inventé un langage préhistorique et l’utilisent largement. Il n’est toutefois pas très élaboré, le mot « akita » revenant beaucoup trop souvent. Second élément remarquable, les effets spéciaux sont très réussis : ils sont l’œuvre de Jim Danforth qui fut nominé aux Oscars pour son travail d’animation des dinosaures en stop-motion. Très convaincantes, ces animations sont toutes remarquables pour l’époque (seul le ptérodactyle paraît moins réussi mais les animaux volants sont les plus difficiles). L’intégration est très bonne. Il faudra attendre les images de synthèse des années 90 pour avoir vraiment mieux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Victoria Vetri, Robin Hawdon
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Quand les dinosaures dominaient le mondeLes producteurs ne voulant pas de bipède, Jim Danforth a dû inventer un dinosaure quadrupède carnassier
dans Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest.

Quand les dinosaures domainaient le mondeIl n’est guère judicieux de déranger un chasmosaurus pendant la sieste…
dans  Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest.

Remarques :
* Dans Jurassic Park (1993), Spielberg rend hommage au film dans la scène où un tyrannosaure fait irruption dans un musée : il fait tomber une grande banderole donnant le titre de l’exposition qui s’appelle « When Dinosaurs Ruled the Earth ».

* Le film reprend deux courtes scènes du film Le Monde perdu (The Lost World, 1960) de Irwin Allen (le dinosaure genre iguane qui avance dans la jungle en sortant sa langue et le combat de deux dinosaures qui bloque le passage aux deux fuyards). Ces animations ne sont pas en stop-motion.

Quand les dinosaures domainaient le mondeVictoria Vetri et Robin Hawdon dans Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest.

Quand les dinaosaures domainaient le mondeJim Danforth anime un elasmosaurus pour Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest.

6 avril 2017

Le Monde perdu (1960) de Irwin Allen

Titre original : « The Lost World »

Le Monde perduDe retour d’une expédition en Amazonie, le professeur Challenger annonce à l’Académie des sciences de Londres qu’il a découvert un haut-plateau où vivent des dinosaures. Face au scepticisme général, il propose de lancer une nouvelle expédition accompagné de son principal détracteur… The Lost World, le roman d’Arthur Conan Doyle, avait déjà été porté à l’écran avec réussite en 1925. Cette nouvelle version transposée dans notre monde actuel (l’expédition utilise un hélicoptère) devait être  une production spectaculaire avec des dinosaures en stop-motion mais la 20th Century Fox, alors en prise avec le gouffre financier abyssal qu’était Cléopâtre, réduisit le budget. Irwin Allen dût se contenter d’utiliser des lézards de grande taille déguisés et filmés en gros plan. Mais si le film est si peu attrayant, ce n’est pas tant du fait de son manque de budget mais plutôt de son scénario et de son interprétation. On peut excuser les acteurs : les personnages sont vraiment stéréotypés et les dialogues d’une rare banalité (en outre, le film est vivement déconseillé aux féministes). Les décors ne sont guère plus crédibles que l’histoire. Le film connut néanmoins un certain succès.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Michael Rennie, Jill St. John, David Hedison, Claude Rains
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Le Monde perduUn varan (taille réelle 1m80 de long) affublé de deux cornes dans Le Monde perdu de Irwin Allen.

Le Monde perduRichard Haydn, Claude Rains et Jay Novello dans Le Monde perdu de Irwin Allen.

Lost WorldOn ne part pas en expédition au fin fond de l’Amazonie sans emporter un minimum de garde-robe…
Michael Rennie et Jill St. John dans Le Monde perdu de Irwin Allen.

Remarques :
* Les lézards utilisés sont des varans importés de Singapour. Lors de la scène du combat, un varan était en fait en lutte avec un caïman. La violence apparente est réelle puisque la production a dû faire face à une plainte de l’American Society for the Prevention of Cruelty to Animals.

* Sir Arthur Conan Doyle a écrit cinq romans mettant en scène les aventures du Professeur George Edward Challenger, zoologiste. The Lost World écrit en 1912 est le premier d’entre eux. A noter que c’est un excellent livre qui n’a pas tout les stéréotypes véhiculés par ce film.

* Précédente adaptation :
The Lost World d’Harry O. Hoyt (1925) avec Wallace Beery (film muet).

5 avril 2017

Black Coal (2014) de Diao Yi’nan

Titre original : « Bai ri yan huo »

Black CoalBlessé lors d’une enquête sur un meurtre, l’inspecteur Zhang doit abandonner son poste de policier. Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres similaires sont commis. Zhang, devenu agent de sécurité et plutôt à la dérive, décide de reprendre l’enquête à son compte en surveillant l’épouse de la première victime… Ecrit et réalisé par Diao Yi’nan, Black Coal est un film noir doté d’une forte substance sociale. Le réalisateur chinois souligne les transformations de son pays qui semble avoir perdu son âme et son passé (seule l’apparition inopinée d’un cheval de trait semble en témoigner). C’est une vision noire et déprimante. L’intrigue policière semble inutilement tortueuse et il faut se forcer pour s’y intéresser. Le titre original signifie « feu d’artifice en plein jour ». Le réalisateur a expliqué qu’il s’agit de l’artifice utilisé pour se préserver de la cruauté du monde. Voilà qui éclaire (un peu) cette étrange scène finale dont on a bien du mal à saisir le sens. Black Coal est un film plutôt inhabituel qui a été bien accueilli par la critique et a remporté plusieurs prix dont l’Ours d’or à Berlin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fan Liao, Lun-mei Gwei, Xue-bing Wang, Jing-chun Wang
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Black Coal
Fan Liao et Lun-mei Gwei dans Black Coal de Diao Yi’nan.

4 avril 2017

Journal d’une femme de chambre (2015) de Benoît Jacquot

Journal d'une femme de chambrePeu avant 1900, le jeune Célestine est engagée comme femme de chambre par Les Lanlaire en Normandie. Madame est très stricte, monsieur est entreprenant et il a Joseph, énigmatique jardinier… En tant que réalisateur, il faut certainement avoir une haute opinion de soi-même pour passer derrière Renoir et Buñuel. « Benoît Jacquot a souhaité adapter le roman d’Octave Mirbeau car il y trouvait un écho direct avec le climat sociopolitique actuel » nous dit le dossier de presse. Benoît Jacquot parvient effectivement à moderniser l’ensemble, essentiellement par les dialogues, même si Léa Seydoux donne un peu trop l’impression d’être une jeune femme du XXIe siècle (élégamment) habillée à la mode 1900. En revanche, Benoît Jacquot ne parvient pas à restituer toute la puissance de cette histoire, qui est finalement aussi tragique que burlesque, et il faut se forcer pour s’y intéresser. On peut aussi regretter que l’insertion des flashbacks paraisse un peu maladroite et que les dialogues ne soient pas toujours compréhensibles lorsque les acteurs marmonnent. Le film a reçu un bon accueil critique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Léa Seydoux, Vincent Lindon, Clotilde Mollet
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Journal d'une femme de chambre
Vincent Lindon et Léa Seydoux dans Journal d’une femme de chambre de Benoît Jacquot.

Précédentes adaptations au cinéma :
Le Journal d’une femme de chambre (The Diary of a Chambermaid) de Jean Renoir (1946) avec Paulette Godard
Le Journal d’une femme de chambre de Luis Buñuel (1964) avec Jeanne Moreau.

3 avril 2017

Snobs! (1962) de Jean-Pierre Mocky

Snobs!Le directeur d’une coopérative laitière se noie dans une cuve. Des quatre directeurs adjoints, celui qui obtiendra le contrat de l’économe des écoles sera assuré de prendre sa place. Les stratégies sournoises vont fleurir… Snobs! est le troisième film de Jean-Pierre Mocky, sa première comédie. Il s’agit d’un portrait très caustique des notables de province (à noter que le terme snob était visiblement plus global dans son usage à cette époque). Bourgeois, militaires et évêque, personne n’est épargné : ils ont tous une bizarrerie, une lubie. Les bonnes œuvres sont centrées sur les enfants (sans qu’il y ait d’allusion explicite à la pédophilie, même si l’un d’entre eux en est proche). L’humour est omniprésent mais jamais vraiment méchant. Le film fit néanmoins scandale et fut rapidement retiré de l’affiche pour ressortir à la fin des années soixante-dix. L’ensemble est un peu brouillon et a sans doute un peu vieilli mais le plateau d’acteurs finit de le rendre attrayant : même Pierre Dac y fait une courte apparition.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Francis Blanche, Elina Labourdette, Michael Lonsdale, Gérard Hoffman, Noël Roquevert, Jacques Dufilho
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Remarques :
* Le film a été tourné dans la Manche, à Granville.

Snobs
Elina Labourdette, Francis Blanche (bérêt blanc) et Jean Galland (l’évêque) dans Snobs! de Jean-Pierre Mocky.

Snobs
Jean Tissier, Jacques Dufilho et Gérard Hoffman dans Snobs! de Jean-Pierre Mocky.

Snobs
Michael Lonsdale et Noël Roquevert dans Snobs! de Jean-Pierre Mocky.

2 avril 2017

Manon (1949) de Henri-Georges Clouzot

ManonEn juin 1944 en Normandie, le jeune FFI Robert Desgrieux tombe amoureux de Manon, condamnée par la rumeur publique. Ils fuient ensemble à Paris pour retrouver le frère de Manon qui fait des petits trafics sur le marché noir… Ce Manon d’Henri-Georges Clouzot n’est pas la première adaptation au cinéma du roman de l’Abbé Prévost Manon Lescaut (7 volumes rédigés entre 1727 et 1731) mais, avec l’aide de Jean Ferry, il l’a transposé pour la première fois à l’époque moderne, en l’occurrence la période de l’après-guerre. Cela reste une histoire d’amour fou mais témoigne aussi des troubles de son époque et de l’amoralisme des trafics. Il y a ainsi un contraste appuyé entre les ignominies du monde et la naïveté (ou l’aveuglement) de l’amour : « Rien n’est sale quand on s’aime » croit Manon. Le parallèle a souvent été fait avec Loulou de Pabst : c’est vrai sur le plan de l’amour fou qui peut nous conduire à faire des choses contraires à notre volonté, vrai aussi sur le petit scandale créé par l’amoralité du film, mais plutôt moins sur le personnage de la jeune femme, celui incarné par Louise Brooks paraissait plus réfléchi. Cela ne l’empêche pas d’être assez complexe. L’écrivain de cinéma Ado Kyrou a bien décrit Manon : « Dans une totale ignorance du mal, dans une instinctive négation du « péché », elle cherche désespérément à être femme tout en réalisant l’amour fou avec l’homme qu’elle aime. » A peine âgée de 20 ans, Cécile Aubry incarne son personnage avec beaucoup de candeur. Elle ne fera pas une grande carrière par la suite : son nom est probablement aujourd’hui plus connu de tous comme auteur de Belle et Sébastien. Manon est le premier grand rôle pour Michel Auclair, assez brillant dans son interprétation, un acteur que l’on posait alors en rival potentiel de Gérard Philipe. Le film d’Henri-Georges Clouzot est admirablement mis en scène. Le cinéaste alterne des moments de grande virtuosité (la scène du train bondé par exemple) avec des scènes à la fois tragiques et lyriques, et même audacieuses : cette scène finale où Desgrieux transporte sa Manon d’une façon si particulière dans le désert est assez inouïe, presque christique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Serge Reggiani, Michel Auclair, Cécile Aubry, Andrex, Raymond Souplex, André Valmy, Henri Vilbert
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Manon
Michel Auclair et Cécile Aubry dans Manon de Henri-Georges Clouzot.

Remarques :
* Le second du navire est interprété par le jeune Michel Bouquet (sa 3e apparition à l’écran).
* Première apparition à l’écran pour Rosy Varte : elle est la maitresse de Serge Reggiani.

Principales adaptations :
1912 – Manon Lescaut, film français d’Albert Capellani
1926 – Manon Lescaut, film allemand de Arthur Robison avec Lya De Putti
1927 – Le Roman de Manon (When a Man Loves), film d’Alan Crosland avec John Barrymore et Dolores Costello
1940 : Manon Lescaut, film italien de Carmine Gallone avec Alida Valli et Vittorio De Sica
1949 – Manon, film d’Henri-Georges Clouzot
1954 – Les amours de Manon Lescaut, film italien de Mario Costa
1968 – Manon 70, film français de Jean Aurel avec Catherine Deneuve et Sami Frey
+ plusieurs adaptations pour la télévision dont une mini-série française (1978) avec Fanny Cottençon,
et Manon est également un opéra-comique de Jules Massenet.

1 avril 2017

Les Aventures du baron de Munchausen (1988) de Terry Gilliam

Titre original : « The Adventures of Baron Munchausen »

Les aventures du baron de MunchausenDans une ville assiégée par les Turcs, une pièce de théâtre conte les aventures du fameux baron de Münchhausen sous l’œil du dirigeant très bureaucrate de la ville. Surgit alors un vieillard affirmant être le vrai baron de Münchhausen. Tous le prennent pour un fou. Seule Sally, fille du directeur de la troupe de théâtre, le prend au sérieux. Il lui raconte… Les Aventures du baron de Munchausen est un sujet qui semble fait pour Terry Gilliam. Ces récits invraisemblables, imaginées en premier par Rudolf Erich Raspe à la fin du XVIIIe siècle, permettent à l’ex-Monty Python de créer un délire narratif et visuel permanent comme il les affectionne. Le fond du propos est une fois de plus de mettre l’accent sur les aspects absurdes de notre société réputée policée et sur l’importance du rêve comme unique moyen d’évasion. Le tournage fut, lui aussi, délirant : éprouvant pour les acteurs, il va finir par coûter deux fois plus cher que prévu. Les décors sont multiples, la figuration importante et les effets nombreux et variés, rien ne semble arrêter Terry Gilliam. Le résultat est une belle fantasmagorie, avec de belles envolées lyriques, même si on peut trouver certaines scènes moins réussies (à mes yeux, l’épisode sur la Lune est le plus faible… malgré toutes ses références littéraires). A la suite d’un changement de direction à la tête du studio, Columbia sabota la sortie américaine et le film fut un échec commercial aux Etats-Unis. Terry Gilliam eut bien des difficultés à obtenir de gros budgets par la suite.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Neville, Eric Idle, Sarah Polley, Oliver Reed, Jonathan Pryce, Uma Thurman, Robin Williams
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Les Aventures du baron de Munchausen

Les Aventures du baron de Munchausen
John Neville dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Les Aventures du baron de Munchausen
Botticelli n’est pas loin : Uma Thurman en Vénus dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Remarques :
* Le tournage eut lieu aux studios Cinecittà de Rome et aux studios Pinewood en Angleterre, les extérieurs étant tournés en Espagne.
* John Neville était alors surtout un acteur de théâtre.
* Les Aventures du baron de Munchausen est le premier rôle joué pour le cinéma par Uma Thurman. En revanche, ce n’est pas le premier pour Sarah Polley (8 ans), future réalisatrice.
* Sting fait une brève apparition en soldat ayant fait preuve de bravoure (Sting était alors voisin de Terry Gilliam et c’est ainsi que serait née l’idée).
* Terry Gilliam fait une brève apparition (le chanteur dans le poisson).
* La présence d’une annonce à la fin sur l’absence de lien avec le film de 1943 est juste une protection juridique : les ayant-droits de ce film prétendaient en effet que le film de Gilliam était un remake.

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Le Baron de Crac de Karel Zeman (1962)
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)