23 mars 2022

Mad Max (1979) de George Miller

Mad MaxDans un futur proche où les grandes nations sont entrées en guerre pour le pétrole, la police tente de maintenir l’ordre sur les routes sillonnées par des bandes de délinquants. Ainsi le policier Max Rockatansky s’engage dans une poursuite à grande vitesse avec NightRider qui vient de s’évader au volant d’une voiture de police…
Mad Max est un film australien co-écrit et réalisé par George Miller. Ce médecin de 32 ans n’a alors que de petits courts métrages à son actif et il n’a pu réunir qu’un tout petit budget pour le tourner. Ce manque de moyens est vraiment évident dans les costumes, les lieux de tournage et les décors. Le réalisateur a su toutefois tourner cela à son avantage parfois : le pitoyable poste de police (visiblement un hangar désaffecté avec quelques tables) exprime la déliquescence de la société. Car Mad Max est avant tout un film fort par son atmosphère apocalyptique, un monde semi-anarchique où les policiers sont aussi fous que les délinquants qu’ils traquent. L’autre point fort du film réside dans ses scènes de vitesse et d’action, sans trucages et vraiment réalistes. La jeune équipe a pris des risques insensés pour les réaliser. En revanche, les acteurs jouent tous très mal, y compris le jeune Mel Gibson (21 ans au moment du tournage). Fort heureusement, il n’y a que peu de textes. Seul le chef des méchants sort du lot, interprété par Hugh Keays-Byrne, acteur avec une expérience shakespearienne. A sortie, le film fut jugé hyper-violent (interdit dans de nombreux pays, il n’est sorti qu’en 1982 en France avec une interdiction aux moins de 16 ans) bien qu’il n’y ait que très peu de violence montrée. La violence est toujours hors-champ mais elle est très fortement suggérée, à tel point que de nombreux spectateurs ont vu des choses qui ne sont à l’écran. Gros succès, Mad Max reste l’un des films les plus rentables de toute l’histoire du cinéma. Il a rapporté 500 fois ce qu’il a coûté. Vu aujourd’hui, il paraît très amateur et mal joué mais reste néanmoins un des plus beaux exemples de films indépendants réalisés avec peu de moyens mais beaucoup d’énergie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mel Gibson, Joanne Samuel, Hugh Keays-Byrne, Steve Bisley
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Mad MaxMel Gibson dans Mad Max de George Miller.

Mad MaxMad Max de George Miller.

14 mars 2022

Tristana (1970) de Luis Buñuel

TristanaTolède, Espagne, 1929. À la mort de ses parents, Tristana est recueillie par son oncle, don Lope Garrido, un don juan vieillissant aux revenus limités. Fier de n’avoir jamais travaillé, il méprise l’argent avec lequel il se montre généreux. Il ne tarde pas à vouloir séduire sa pupille…
Tristana est un film franco-italo-espagnol réalisé par Luis Buñuel. Le film est librement adapté du roman homonyme de l’auteur espagnol Benito Pérez Galdós, publié en 1892. Le réalisateur a désiré l’adapter dès 1963 mais son scénario a été longtemps bloqué par la censure. Il a transposé le récit dans une ville qu’il affectionne, Tolède, et une période qu’il connait bien : fin de la monarchie espagnole et début de la République (mais toute mention de date a disparu du film, seuls quelques évènements subsistent pour situer le contexte). Il est indéniable que Luis Buñuel s’est identifié à don Lope, un personnage complexe qui refuse de vieillir, avec ses obsessions, ses penchants anarchistes, sa compassion envers les faibles. Le réalisateur développe également son thème favori des hasards qui orientent notre vie : que se serait-il passé si Tristana avait choisi la rue de gauche au lieu de la droite ? Tristana est le dernier grand film romanesque de Luis Buñuel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Fernando Rey, Franco Nero, Lola Gaos
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TristanaFernando Rey et Catherine Deneuve dans Tristana de Luis Buñuel.

TristanaPensant sans aucun doute à son tuteur, Catherine Deneuve se penche
au dessus  du visage de la statue du cardinal Tavera dans Tristana de Luis Buñuel.

9 mars 2022

Le Train (1973) de Pierre Granier-Deferre

Le TrainMai 1940. Dans une ville des Ardennes, l’invasion allemande précipite Julien Maroyeur et sa famille dans un train qui doit les évacuer hors de la zone des combats. Sa femme et sa fille ont le droit de monter dans une voiture de première classe, mais Julien doit monter dans le dernier wagon du train : un simple fourgon à bestiaux où se trouvent déjà d’autres voyageurs dont une belle et mystérieuse jeune femme sans bagage…
Le Train est un film franco-italien de Pierre Granier-Deferre. Après Le Chat (1971) et La Veuve Couderc (1971), le réalisateur a choisi une nouvelle fois d’adapter un « roman de mœurs » de Georges Simenon. Il a également puisé dans ses propres souvenirs de l’exode de 1940 qu’il a vécu adolescent. De ce fait, il parvient à ajouter de petits éléments de légèreté malgré le dramatique de la situation. Il s’agit de l’histoire d’une liaison extraconjugale dont la délicatesse et la douceur tranchent avec la brutalité et la dangerosité de l’environnement. L’interprétation des deux acteurs principaux est tout en retenue. Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant, certes tous deux dans le style de rôles où ils excellent, montrent une grande justesse et apportent beaucoup d’humanité à cette histoire. En revanche, les autres personnages paraissent un peu trop typés. Pierre Granier-Deferre a en outre utilisé quelques images d’archives pour bien établir le cadre de l’histoire avec un passage du noir et blanc à la couleur assez réussi. L’épilogue est tout à fait différent de celui du roman.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Romy Schneider, Maurice Biraud, Anne Wiazemsky, Régine
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Le TrainJean-Louis Trintignant et Romy Schneider dans Le Train de Pierre Granier-Deferre.

Ne pas confondre avec :
Le Train (The Train) de John Frankenheimer (1964) avec Burt Lancaster et Jeanne Moreau

24 février 2022

Le Flingueur (1972) de Michael Winner

Titre original : « The Mechanic »

Le Flingueur (The Mechanic)Arthur Bishop est un tueur à gages solitaire pour le compte d’une organisation mafieuse. Il excelle pour maquiller ses meurtres en accidents. Après avoir ainsi exécuté l’un des pontes de l’organisation, en camouflant son assassinat en une banale crise cardiaque, il prend son fils sous son aile pour en faire un tueur…
Le Flingueur est un film d’action américain réalisé par Michael Winner. Il débute fort bien avec une scène de seize minutes sans paroles, où le tueur emploie une méthode sophistiquée qui nous intrigue vraiment. Hélas, le scénario se révèle très mince par la suite. A la décharge de son auteur, Lewis John Carlino, il faut préciser qu’il avait initialement bâti les rapports entre le tueur et son « élève » sur une attirance homosexuelle qu’il a dû enlever ensuite pour faire accepter le projet. De ce fait, il ne reste plus grand-chose… On ne comprend pas bien pourquoi le tueur s’encombre d’un apprenti. Sans histoire, le film n’est qu’une succession de scènes d’actions qui finissent par paraître un peu longues. La mise en scène de Michael Winner est peu inspirée et manque de direction. Heureusement, il n’y a peu de dialogues et peu de personnages. Une reprise du film a été réalisée en 2011 par Simon West avec Jason Statham dans le rôle principal.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charles Bronson, Jan-Michael Vincent, Keenan Wynn, Jill Ireland
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Remarques :
* « Mechanic » (= mécanicien-garagiste), dans l’argot des mafieux, désigne un tueur à gages… un technicien-expert chargé de basses besognes en quelque sorte.
* L’actrice anglaise Jill Ireland est la femme de Charles Bronson.

Le Flingueur (The Mechanic)Charles Bronson et Jan-Michael Vincent dans Le Flingueur (The Mechanic) de Michael Winner.

6 février 2022

Lacombe Lucien (1974) de Louis Malle

Lacombe LucienEn juin 1944, dans un petit village du Sud-ouest sous l’Occupation allemande, Lucien Lacombe demande à l’instituteur de le faire entrer dans le maquis. Ce dernier le trouve trop jeune et refuse. Lorsque le jeune garçon est arrêté par hasard par la police le lendemain, il dénonce son instituteur et rejoint la Gestapo française, devenant ainsi un agent de la police allemande…
Lacombe Lucien est un film franco-italo-allemand réalisé par Louis Malle. Il en a écrit le scénario avec Patrick Modiano. A sa sortie, le film a suscité des réactions et polémiques d’une ampleur rare. Il bousculait l’image que nous avions alors de la Résistance et de la Collaboration et les controverses débordèrent largement sur le terrain politique. Hormis l’extrême-gauche qui était systématiquement opposée à la représentation donnée, la polémique faisait rage au sein de chacune des familles politiques, y compris à l’extrême-droite (1). Louis Malle et Patrick Modiano avait pourtant voulu donner une portée plus large à leur récit comme en témoigne la citation qui ouvre le film (2). Toutes les scènes de violence ou d’action ont été écartées, l’histoire est centrée sur les rapports entre le milicien et une famille juive, auparavant tailleur renommé, rapports teintés de revanche sociale. Les décisions des personnages ne sont pas toujours rationnelles, ou du moins expliquées, ce qui a certainement contribué à perturber les esprits. La notion d’engagement politique est remise en cause : Louis Malle montre l’absence de conscience politique, aussi bien de l’adolescent en quête de famille que des autres miliciens, et pose indirectement la question de la responsabilité de l’individu. La mise en scène est simple mais parfaitement maitrisée. Le cinéaste a tenu à employer des acteurs peu connus et même non professionnels : Pierre Blaise est un jeune bûcheron de dix-sept ans issu d’un milieu modeste comme son personnage et Aurore Clément fut la grande découverte du film. Avec le recul, le film prend une dimension beaucoup plus générale, telle que ses auteurs l’ont voulue.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Blaise, Aurore Clément, Holger Löwenadler, Stéphane Bouy, Jean Rougerie
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(1) Ce point est détaillé dans la thèse de Aurélie Feste-Guidon, dont on peut lire des extraits ici : Lacombe Lucien de Louis Malle, histoire d’une polémique ou polémique sur l’Histoire ?
(2) « Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre » (Santayana)

Remarque :
* Pierre Blaise perdra la vie peu après dans un accident de la route en 1975. Il venait d’avoir 20 ans. Il a joué dans trois autres films après Lacombe Lucien dont Vertiges de Mauro Bolognini (1975).

Lacombe LucienPierre Blaise et Aurore Clément dans Lacombe Lucien de Louis Malle.

20 janvier 2022

L’Amour en fuite (1979) de François Truffaut

L'amour en fuiteHuit ans après leur mariage, Antoine et Christine se quittent en bons termes et toujours liés par leur fils Alphonse. Antoine a une liaison avec Sabine, vendeuse dans un magasin de disques, et retrouve par hasard Colette, son premier amour…
En difficulté après l’échec de La Chambre Verte, François Truffaut accepte à contre-coeur de tourner une suite à la saga Antoine Doinel. Mais plus qu’une suite, il conçoit le film comme un « récapitulatif » et y place une fin « conclusive » pour être sûr qu’on n’y reviendra pas. Truffaut a un avantage extrêmement rare : il a déjà filmé Jean-Pierre Léaud à différents âges, de treize ans à vingt-huit ans (il a trente-trois ans au moment du tournage) et peut donc utiliser des extraits ou des chutes de ses précédents films pour faire les flash-back. Sur ce plan, le film est vraiment unique en son genre. Les flashbacks sont nombreux, il y en a 18 minutes sur les 1h35 du film. Les esprits chagrins pourront reprocher la faiblesse du scénario de la période actuelle mais Truffaut l’a voulu ainsi : étoffer l’histoire aurait été une « suite de plus ». Il faut prendre L’Amour en fuite comme un moyen amusant de se remémorer les films précédents de la saga Doinel, c’est « une mosaïque, l’histoire d’une vie ». L’ensemble est plaisant mais reste mineur dans la filmographie du cinéaste.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Marie-France Pisier, Claude Jade, Dani, Dorothée, Daniel Mesguich, Julien Bertheau
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Cycle Antoine Doinel de François Truffaut :
1. Les 400 coups (1959)
2. Antoine et Colette (dans « L’amour à 20 ans ») (1962)
3. Baisers volés (1968)
4. Domicile conjugal (1970)
5. L’amour en fuite (1978)

L'amour en fuiteJean-Pierre Léaud et Dorothée dans L’amour en fuite de François Truffaut.

Remarque :
* A 25 ans, Dorothée était alors en pleine ascension à la télévision où elle animait Récré A2 (le Club Dorothée ce sera dix ans plus tard). Après ce film, elle ne jouera ensuite que dans un seul film : Pile ou face de Robert Enrico (1980), film policier avec Philippe Noiret et Michel Serrault (plus deux ou trois apparitions).

14 janvier 2022

Le Témoin à abattre (1973) de Enzo G. Castellari

Titre original : « La polizia incrimina la legge assolve »

Le Témoin à abattre (La polizia incrimina la legge assolve)A Gênes, l’impétueux commissaire Belli tente de remonter la filière du trafic de drogue pour atteindre ceux qui en sont à la tête. Face à une organisation tentaculaire, et aux prises avec un système administratif verrouillé, son enquête va vite tourner au cauchemar…
Le Témoin à abattre est un film italien réalisé par Enzo G. Castellari, réalisateur de nombreux westerns-spaghetti. Mais ici, c’est d’un poliziottesco dont il s’agit, c’est-à-dire un de ces films italiens de série B des années soixante-dix donnant une bonne part à la violence (on parle aussi de « polar-spaghetti »). Ici, l’histoire met en relief la corruption des notables de la ville qui bénéficient de protection politique. Le film débute par une longue course-poursuite automobile dans la ville de Gênes, assez spectaculaire et intense, parfaitement réglée par Rémy Julienne. Le scénario se déroule ensuite avec une indéniable maitrise et les scènes d’action sont assez réussies. La violence reste (visuellement) très modérée par rapport aux standards actuels. Enzo G. Castellari utilise fréquemment le ralenti et aussi, années soixante-dix oblige, le zoom. Franco Nero a un jeu plutôt excessif, notamment lorsqu’il s’emporte (ce qui est souvent le cas). Le réalisateur dit avoir été influencé par Bullitt mais, en réalité, le film évoque fortement The French Connection de William Friedkin (1971) et la présence de Fernando Rey accentue cette impression. Quoiqu’il en soit, l’ensemble est de bonne facture. Gros succès à sa sortie. (Vu dans sa version internationale, doublé en anglais)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Franco Nero, James Whitmore, Delia Boccardo, Fernando Rey, Duilio Del Prete
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Le Témoin à abattre (La polizia incrimina la legge assolve)Franco Nero dans Le Témoin à abattre (La polizia incrimina la legge assolve) de Enzo G. Castellari.

6 janvier 2022

Bobby Deerfield (1977) de Sydney Pollack

Bobby DeerfieldBobby Deerfield est un jeune champion de Formule 1 anxieux. En rendant visite à un pilote en convalescence dans une clinique suisse à la suite d’un terrible accident, Bobby rencontre Lilian Romelli, une pétillante jeune femme volubile et pleine de vie. Il se sent attiré par elle…
Bobby Deerfield est un film américain réalisé par Sydney Pollack. Il s’agit d’une adaptation du roman Le ciel n’a pas de préférés (Der Himmel kennt keine Günstlinge) d’Erich Maria Remarque, paru en 1961. Loin d’être un mélodrame classique, c’est un film inclassable qui ne suit aucun des codes de genre. Il repose sur la rencontre de deux caractères opposés : autant le personnage joué par Al Pacino est morne, fermé, mélancolique, recroquevillé sur ses peurs, autant la femme interprétée par Marthe Keller est vive, expansive, enjouée, toujours encline à la fantaisie. Ils auront beaucoup de mal à, ne serait-ce que, communiquer, et encore plus à s’accorder. Al Pacino et Marthe Keller sont remarquables car ils donnent beaucoup de profondeur à leur personnage complexe, chacun étant dans un registre très différent de l’autre. Tout est subtil, par petites touches. Le champion automobile est habituellement un personnage flamboyant, sans doute Bobby l’est-il côté public, mais c’est le côté intérieur bien plus terne que nous montre Pollack. Pour cette raison, le film fut mal reçu par la critique anglo-saxonne et par le public. Ce fut un échec commercial. Bobby Deerfield est pourtant un beau film complexe, personnel et original.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Marthe Keller, Anny Duperey
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Remarques :
* Le film fut tourné en Europe, en grande partie en France (studios de Boulogne-Billancourt) pour les scènes en studio, en Italie pour les extérieurs. Les quelques scènes de course sont des images réelles du championnat 1976.
* Al Pacino et Marthe Keller sont tombés amoureux l’un de l’autre sur le tournage et sont restés ensemble jusqu’en 1984.

 Bobby DeerfieldMarthe Keller et Al Pacino dans Bobby Deerfield de Sydney Pollack.

28 décembre 2021

Nous nous sommes tant aimés! (1974) de Ettore Scola

Titre original : « C’eravamo tanto amati »

Nous nous sommes tant aimés! (C'eravamo tanto amati)Italie, 1944. Gianni, Nicola et Antonio se lient d’amitié alors qu’ils ont pris le maquis pour combattre les Allemands. Lorsque sonne l’heure de la libération, un monde nouveau s’offre à eux. Militants fervents, pleins de rêves et d’illusions, les voici prêts à faire la révolution. Mais ils vont avoir des parcours très différents…
Nous nous sommes tant aimés! est un film italien réalisé par Ettore Scola. Il en a écrit le scénario, particulièrement brillant, avec le fameux duo Age et Scarpelli. Il s’agit du constat amer de l’échec des idéaux d’une génération : « Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés ! » se lamente Nicola. Le récit est habilement construit autour de trois personnages qui symbolisent trois attitudes différentes (l’intellectuel égocentrique, l’arriviste compromis, l’homme simple qui subit mais ne renonce pas). Un personnage féminin, également en perte d’illusions, les relie entre eux. Le propos de Scola est terriblement pessimiste puisque le seul des trois qui s’en tire assez bien est très candide, même un peu simplet. Tous les trois (quatre avec la femme) ont le sentiment d’avoir gâché leur vie. Malgré cette noirceur de propos, le film est amusant, mêlant comédie, engagement politique et drame comme seul le cinéma italien parvient à le faire. Sur ce plan, Nous nous sommes tant aimés! est proche de la perfection. De plus, Ettore Scola s’amuse avec de petits effets visuels ou narratifs, pas toujours parfaitement intégrés au récit mais qui renforcent l’aspect comédie. Le film nous offre aussi une mise en abyme du cinéma avec, en prime, une scène reconstituée du tournage de La Dolce Vita avec Fellini et Mastroianni apparaissant dans leur propre rôle. Cette scène, presque irréelle, symbolise la part de rêve qu’apporte le cinéma. L’interprétation est de tout premier ordre, y compris dans les seconds rôles (Aldo Fabrizi campe un industriel sans scrupule de façon  remarquable). Le film connut un grand succès.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Vittorio Gassman, Stefania Sandrelli, Stefano Satta Flores, Giovanna Ralli, Aldo Fabrizi
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.

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 Nous nous sommes tant aimés! (C'eravamo tanto amati)Stefano Satta Flores, Vittorio Gassman et Nino Manfredi
dans Nous nous sommes tant aimés! (C’eravamo tanto amati) de Ettore Scola.

Remarques :
* Le film est dédié à Vittorio de Sica qui est décédé alors que le film était en cours de montage. Il en avait toutefois vu une copie de travail. La scène où il apparaît dans le film est un document enregistré par Ettore Scola lors d’une manifestation où De Sica s’exprimait face à des enfants.
* Le premier projet de scénario ne comportait qu’un personnage qui s’enthousiasmait pour Le Voleur de bicyclette et dont l’obsession était de rencontrer De Sica pour le suivre. De Sica jouait son propre rôle et trouvait toujours en face de lui ce grillon bavard qui le suivait, le réprimandait, le persécutait…
(Propos rapportés par Jean A. Gili dans Le Cinéma italien tome 1, éd. 10/18, 1978 et repris dans son merveilleux ouvrage Le Cinéma italien, éd. de la Martinière, 2011)

27 décembre 2021

Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury

Les aventures de Rabbi JacobA la suite d’un formidable enchainement de circonstances, un chef d’entreprise irascible et bourré de préjugés xénophobes se voit contraint de se faire passer pour un rabbin américain attendu par toute la communauté juive de la rue des Rosiers…
Les Aventures de Rabbi Jacob est un film comique franco-italien réalisé par Gérard Oury. Les films que Louis de Funès a tournés après 1968 sont loin d’être tous brillants mais celui-ci fait exception. Le scénario écrit par Gérard Oury avec sa fille Danièle Thompson est assez riche en évènements aussi improbables qu’amusants et ne tombe jamais dans la facilité. Bien entendu, tout le film est porté par un Louis De Funès en grande forme qui nous gratifie de ses mimiques légendaires. Le fond du propos ridiculise les préjugés racistes et antisémites. Se revoit toujours avec plaisir.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Louis de Funès, Suzy Delair, Marcel Dalio, Claude Giraud, Renzo Montagnani, Henri Guybet, Claude Piéplu
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Remarque :
* Le 18 octobre 1973, alors que l’attaché de presse Georges Cravenne s’occupe de la promotion du film Les Aventures de Rabbi Jacob qui sort ce jour-là, sa deuxième épouse, Danielle Cravenne, détourne le vol Air France Paris-Nice et menace de détruire le Boeing 727 si le long métrage n’est pas interdit. Elle juge la sortie du film intolérable au vu de la situation internationale car on est alors en pleine guerre du Kippour. Étant pro-palestiniens, elle considère que le film est un « soutien intolérable » à Israël. La jeune femme sera tuée lors d’un échange de coups de feu avec le GIPN.

Les aventures de Rabbi JacobLouis de Funès et Henri Guybet dans Les aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury.