6 février 2022

Lacombe Lucien (1974) de Louis Malle

Lacombe LucienEn juin 1944, dans un petit village du Sud-ouest sous l’Occupation allemande, Lucien Lacombe demande à l’instituteur de le faire entrer dans le maquis. Ce dernier le trouve trop jeune et refuse. Lorsque le jeune garçon est arrêté par hasard par la police le lendemain, il dénonce son instituteur et rejoint la Gestapo française, devenant ainsi un agent de la police allemande…
Lacombe Lucien est un film franco-italo-allemand réalisé par Louis Malle. Il en a écrit le scénario avec Patrick Modiano. A sa sortie, le film a suscité des réactions et polémiques d’une ampleur rare. Il bousculait l’image que nous avions alors de la Résistance et de la Collaboration et les controverses débordèrent largement sur le terrain politique. Hormis l’extrême-gauche qui était systématiquement opposée à la représentation donnée, la polémique faisait rage au sein de chacune des familles politiques, y compris à l’extrême-droite (1). Louis Malle et Patrick Modiano avait pourtant voulu donner une portée plus large à leur récit comme en témoigne la citation qui ouvre le film (2). Toutes les scènes de violence ou d’action ont été écartées, l’histoire est centrée sur les rapports entre le milicien et une famille juive, auparavant tailleur renommé, rapports teintés de revanche sociale. Les décisions des personnages ne sont pas toujours rationnelles, ou du moins expliquées, ce qui a certainement contribué à perturber les esprits. La notion d’engagement politique est remise en cause : Louis Malle montre l’absence de conscience politique, aussi bien de l’adolescent en quête de famille que des autres miliciens, et pose indirectement la question de la responsabilité de l’individu. La mise en scène est simple mais parfaitement maitrisée. Le cinéaste a tenu à employer des acteurs peu connus et même non professionnels : Pierre Blaise est un jeune bûcheron de dix-sept ans issu d’un milieu modeste comme son personnage et Aurore Clément fut la grande découverte du film. Avec le recul, le film prend une dimension beaucoup plus générale, telle que ses auteurs l’ont voulue.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Blaise, Aurore Clément, Holger Löwenadler, Stéphane Bouy, Jean Rougerie
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(1) Ce point est détaillé dans la thèse de Aurélie Feste-Guidon, dont on peut lire des extraits ici : Lacombe Lucien de Louis Malle, histoire d’une polémique ou polémique sur l’Histoire ?
(2) « Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre » (Santayana)

Remarque :
* Pierre Blaise perdra la vie peu après dans un accident de la route en 1975. Il venait d’avoir 20 ans. Il a joué dans trois autres films après Lacombe Lucien dont Vertiges de Mauro Bolognini (1975).

Lacombe LucienPierre Blaise et Aurore Clément dans Lacombe Lucien de Louis Malle.

20 janvier 2022

L’Amour en fuite (1979) de François Truffaut

L'amour en fuiteHuit ans après leur mariage, Antoine et Christine se quittent en bons termes et toujours liés par leur fils Alphonse. Antoine a une liaison avec Sabine, vendeuse dans un magasin de disques, et retrouve par hasard Colette, son premier amour…
En difficulté après l’échec de La Chambre Verte, François Truffaut accepte à contre-coeur de tourner une suite à la saga Antoine Doinel. Mais plus qu’une suite, il conçoit le film comme un « récapitulatif » et y place une fin « conclusive » pour être sûr qu’on n’y reviendra pas. Truffaut a un avantage extrêmement rare : il a déjà filmé Jean-Pierre Léaud à différents âges, de treize ans à vingt-huit ans (il a trente-trois ans au moment du tournage) et peut donc utiliser des extraits ou des chutes de ses précédents films pour faire les flash-back. Sur ce plan, le film est vraiment unique en son genre. Les flashbacks sont nombreux, il y en a 18 minutes sur les 1h35 du film. Les esprits chagrins pourront reprocher la faiblesse du scénario de la période actuelle mais Truffaut l’a voulu ainsi : étoffer l’histoire aurait été une « suite de plus ». Il faut prendre L’Amour en fuite comme un moyen amusant de se remémorer les films précédents de la saga Doinel, c’est « une mosaïque, l’histoire d’une vie ». L’ensemble est plaisant mais reste mineur dans la filmographie du cinéaste.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Marie-France Pisier, Claude Jade, Dani, Dorothée, Daniel Mesguich, Julien Bertheau
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Cycle Antoine Doinel de François Truffaut :
1. Les 400 coups (1959)
2. Antoine et Colette (dans « L’amour à 20 ans ») (1962)
3. Baisers volés (1968)
4. Domicile conjugal (1970)
5. L’amour en fuite (1978)

L'amour en fuiteJean-Pierre Léaud et Dorothée dans L’amour en fuite de François Truffaut.

Remarque :
* A 25 ans, Dorothée était alors en pleine ascension à la télévision où elle animait Récré A2 (le Club Dorothée ce sera dix ans plus tard). Après ce film, elle ne jouera ensuite que dans un seul film : Pile ou face de Robert Enrico (1980), film policier avec Philippe Noiret et Michel Serrault (plus deux ou trois apparitions).

14 janvier 2022

Le Témoin à abattre (1973) de Enzo G. Castellari

Titre original : « La polizia incrimina la legge assolve »

Le Témoin à abattre (La polizia incrimina la legge assolve)A Gênes, l’impétueux commissaire Belli tente de remonter la filière du trafic de drogue pour atteindre ceux qui en sont à la tête. Face à une organisation tentaculaire, et aux prises avec un système administratif verrouillé, son enquête va vite tourner au cauchemar…
Le Témoin à abattre est un film italien réalisé par Enzo G. Castellari, réalisateur de nombreux westerns-spaghetti. Mais ici, c’est d’un poliziottesco dont il s’agit, c’est-à-dire un de ces films italiens de série B des années soixante-dix donnant une bonne part à la violence (on parle aussi de « polar-spaghetti »). Ici, l’histoire met en relief la corruption des notables de la ville qui bénéficient de protection politique. Le film débute par une longue course-poursuite automobile dans la ville de Gênes, assez spectaculaire et intense, parfaitement réglée par Rémy Julienne. Le scénario se déroule ensuite avec une indéniable maitrise et les scènes d’action sont assez réussies. La violence reste (visuellement) très modérée par rapport aux standards actuels. Enzo G. Castellari utilise fréquemment le ralenti et aussi, années soixante-dix oblige, le zoom. Franco Nero a un jeu plutôt excessif, notamment lorsqu’il s’emporte (ce qui est souvent le cas). Le réalisateur dit avoir été influencé par Bullitt mais, en réalité, le film évoque fortement The French Connection de William Friedkin (1971) et la présence de Fernando Rey accentue cette impression. Quoiqu’il en soit, l’ensemble est de bonne facture. Gros succès à sa sortie. (Vu dans sa version internationale, doublé en anglais)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Franco Nero, James Whitmore, Delia Boccardo, Fernando Rey, Duilio Del Prete
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Le Témoin à abattre (La polizia incrimina la legge assolve)Franco Nero dans Le Témoin à abattre (La polizia incrimina la legge assolve) de Enzo G. Castellari.

6 janvier 2022

Bobby Deerfield (1977) de Sydney Pollack

Bobby DeerfieldBobby Deerfield est un jeune champion de Formule 1 anxieux. En rendant visite à un pilote en convalescence dans une clinique suisse à la suite d’un terrible accident, Bobby rencontre Lilian Romelli, une pétillante jeune femme volubile et pleine de vie. Il se sent attiré par elle…
Bobby Deerfield est un film américain réalisé par Sydney Pollack. Il s’agit d’une adaptation du roman Le ciel n’a pas de préférés (Der Himmel kennt keine Günstlinge) d’Erich Maria Remarque, paru en 1961. Loin d’être un mélodrame classique, c’est un film inclassable qui ne suit aucun des codes de genre. Il repose sur la rencontre de deux caractères opposés : autant le personnage joué par Al Pacino est morne, fermé, mélancolique, recroquevillé sur ses peurs, autant la femme interprétée par Marthe Keller est vive, expansive, enjouée, toujours encline à la fantaisie. Ils auront beaucoup de mal à, ne serait-ce que, communiquer, et encore plus à s’accorder. Al Pacino et Marthe Keller sont remarquables car ils donnent beaucoup de profondeur à leur personnage complexe, chacun étant dans un registre très différent de l’autre. Tout est subtil, par petites touches. Le champion automobile est habituellement un personnage flamboyant, sans doute Bobby l’est-il côté public, mais c’est le côté intérieur bien plus terne que nous montre Pollack. Pour cette raison, le film fut mal reçu par la critique anglo-saxonne et par le public. Ce fut un échec commercial. Bobby Deerfield est pourtant un beau film complexe, personnel et original.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Marthe Keller, Anny Duperey
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Remarques :
* Le film fut tourné en Europe, en grande partie en France (studios de Boulogne-Billancourt) pour les scènes en studio, en Italie pour les extérieurs. Les quelques scènes de course sont des images réelles du championnat 1976.
* Al Pacino et Marthe Keller sont tombés amoureux l’un de l’autre sur le tournage et sont restés ensemble jusqu’en 1984.

 Bobby DeerfieldMarthe Keller et Al Pacino dans Bobby Deerfield de Sydney Pollack.

28 décembre 2021

Nous nous sommes tant aimés! (1974) de Ettore Scola

Titre original : « C’eravamo tanto amati »

Nous nous sommes tant aimés! (C'eravamo tanto amati)Italie, 1944. Gianni, Nicola et Antonio se lient d’amitié alors qu’ils ont pris le maquis pour combattre les Allemands. Lorsque sonne l’heure de la libération, un monde nouveau s’offre à eux. Militants fervents, pleins de rêves et d’illusions, les voici prêts à faire la révolution. Mais ils vont avoir des parcours très différents…
Nous nous sommes tant aimés! est un film italien réalisé par Ettore Scola. Il en a écrit le scénario, particulièrement brillant, avec le fameux duo Age et Scarpelli. Il s’agit du constat amer de l’échec des idéaux d’une génération : « Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés ! » se lamente Nicola. Le récit est habilement construit autour de trois personnages qui symbolisent trois attitudes différentes (l’intellectuel égocentrique, l’arriviste compromis, l’homme simple qui subit mais ne renonce pas). Un personnage féminin, également en perte d’illusions, les relie entre eux. Le propos de Scola est terriblement pessimiste puisque le seul des trois qui s’en tire assez bien est très candide, même un peu simplet. Tous les trois (quatre avec la femme) ont le sentiment d’avoir gâché leur vie. Malgré cette noirceur de propos, le film est amusant, mêlant comédie, engagement politique et drame comme seul le cinéma italien parvient à le faire. Sur ce plan, Nous nous sommes tant aimés! est proche de la perfection. De plus, Ettore Scola s’amuse avec de petits effets visuels ou narratifs, pas toujours parfaitement intégrés au récit mais qui renforcent l’aspect comédie. Le film nous offre aussi une mise en abyme du cinéma avec, en prime, une scène reconstituée du tournage de La Dolce Vita avec Fellini et Mastroianni apparaissant dans leur propre rôle. Cette scène, presque irréelle, symbolise la part de rêve qu’apporte le cinéma. L’interprétation est de tout premier ordre, y compris dans les seconds rôles (Aldo Fabrizi campe un industriel sans scrupule de façon  remarquable). Le film connut un grand succès.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Vittorio Gassman, Stefania Sandrelli, Stefano Satta Flores, Giovanna Ralli, Aldo Fabrizi
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 Nous nous sommes tant aimés! (C'eravamo tanto amati)Stefano Satta Flores, Vittorio Gassman et Nino Manfredi
dans Nous nous sommes tant aimés! (C’eravamo tanto amati) de Ettore Scola.

Remarques :
* Le film est dédié à Vittorio de Sica qui est décédé alors que le film était en cours de montage. Il en avait toutefois vu une copie de travail. La scène où il apparaît dans le film est un document enregistré par Ettore Scola lors d’une manifestation où De Sica s’exprimait face à des enfants.
* Le premier projet de scénario ne comportait qu’un personnage qui s’enthousiasmait pour Le Voleur de bicyclette et dont l’obsession était de rencontrer De Sica pour le suivre. De Sica jouait son propre rôle et trouvait toujours en face de lui ce grillon bavard qui le suivait, le réprimandait, le persécutait…
(Propos rapportés par Jean A. Gili dans Le Cinéma italien tome 1, éd. 10/18, 1978 et repris dans son merveilleux ouvrage Le Cinéma italien, éd. de la Martinière, 2011)

27 décembre 2021

Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury

Les aventures de Rabbi JacobA la suite d’un formidable enchainement de circonstances, un chef d’entreprise irascible et bourré de préjugés xénophobes se voit contraint de se faire passer pour un rabbin américain attendu par toute la communauté juive de la rue des Rosiers…
Les Aventures de Rabbi Jacob est un film comique franco-italien réalisé par Gérard Oury. Les films que Louis de Funès a tournés après 1968 sont loin d’être tous brillants mais celui-ci fait exception. Le scénario écrit par Gérard Oury avec sa fille Danièle Thompson est assez riche en évènements aussi improbables qu’amusants et ne tombe jamais dans la facilité. Bien entendu, tout le film est porté par un Louis De Funès en grande forme qui nous gratifie de ses mimiques légendaires. Le fond du propos ridiculise les préjugés racistes et antisémites. Se revoit toujours avec plaisir.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Louis de Funès, Suzy Delair, Marcel Dalio, Claude Giraud, Renzo Montagnani, Henri Guybet, Claude Piéplu
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Remarque :
* Le 18 octobre 1973, alors que l’attaché de presse Georges Cravenne s’occupe de la promotion du film Les Aventures de Rabbi Jacob qui sort ce jour-là, sa deuxième épouse, Danielle Cravenne, détourne le vol Air France Paris-Nice et menace de détruire le Boeing 727 si le long métrage n’est pas interdit. Elle juge la sortie du film intolérable au vu de la situation internationale car on est alors en pleine guerre du Kippour. Étant pro-palestiniens, elle considère que le film est un « soutien intolérable » à Israël. La jeune femme sera tuée lors d’un échange de coups de feu avec le GIPN.

Les aventures de Rabbi JacobLouis de Funès et Henri Guybet dans Les aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury.

16 décembre 2021

Un justicier dans la ville (1974) de Michael Winner

Titre original : « Death Wish »

Un justicier dans la ville (Death Wish)La femme et la fille de Paul Kersey sont sauvagement agressées par trois voyous. La police ne fait rien. Homme habituellement tranquille et pacifiste, Paul Kersey décide de se faire justice lui-même…
Un justicier dans la ville est un film américain réalisé par Michael Winner. Il s’agit de l’adaptation du roman homonyme de Brian Garfield qui a écrit son livre après avoir été victime d’agressions. Son propos était toutefois de montrer que les réactions instinctives de justice expéditive ne menaient à rien. Le film de Michael Winner a pris une voie opposée : il prône clairement l’autodéfense et joue sur le plaisir de voir les voyous de tous poils mis sommairement et définitivement hors de nuire. Le terme « exécution sommaire » est toutefois plus approprié. Le propos est très simpliste et manichéen : la police est inefficace  (et montre plus d’ardeur à traquer le justicier qu’à poursuivre les délinquants) donc revenons à l’époque où l’on pouvait user librement de son arme pour résoudre les problèmes. En dehors des évidentes réticences sur le fond, le film est critiquable aussi sur la forme. Charles Bronson ne montre aucune émotion et n’est guère crédible dans son rôle de paisible architecte. Beaucoup de seconds rôles sont très mal joués. Qu’importe ! Le film a trouvé un écho auprès du public à une période où la criminalité était très forte et il connut un immense succès. Avec Clint Eastwood dans L’inspecteur Harry (1971), Charles Bronson est devenu le héraut d’une justice expéditive que certains appelaient de leurs vœux. Le film reste dans l’histoire du cinéma comme l’archétype du « cinéma réactionnaire ».
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charles Bronson, Hope Lange, Vincent Gardenia
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Remarque :
* La musique est signée Herbie Hancock.

Un justicier dans la ville (Death Wish)Charles Bronson dans Un justicier dans la ville (Death Wish) de Michael Winner.

Suites (invariablement jugées comme étant de piètre qualité) :
Un justicier dans la ville N°2 (Death Wish II) de Michael Winner (1982) avec Charles Bronson
Le justicier de New York (Death Wish 3) de Michael Winner (1985) avec Charles Bronson
Le justicier braque les dealers (Death Wish 4: The Crackdown) de J. Lee Thompson (1987) avec Charles Bronson
Le justicier – L’ultime combat (Death Wish V: The Face of Death) de Allan A. Goldstein (1994) avec Charles Bronson

Remake :
Death Wish de Eli Roth (2018) avec Bruce Willis

6 novembre 2021

Le Lien (1971) de Ingmar Bergman

Titre original : « The Touch »

Le Lien (The Touch)Karin est une femme au foyer suédoise mariée à un brillant chirurgien assez attentionné mais très pris par son travail. Elle noue une relation sentimentale avec un archéologue anglais en mission. Cette relation prend de plus en plus d’importance dans sa vie…
Le Lien est un film dramatique américano-suédois écrit et réalisé par Ingmar Bergman. La présence d’un acteur américain en tête d’affiche est nouveau pour le cinéaste qui signe là son premier film tourné partiellement en langue anglaise. Bergman a mis en place un triangle amoureux dont les deux pôles sont particulièrement opposés : le mari est méthodique et réfléchi, d’humeur égale, il sauve des vies par son métier et apporte sécurité et stabilité. De l’autre côté, l’amant est bohème, impulsif, parfois colérique, il est effrayé par les sentiments, suicidaire et hanté par la mort. Karin est entre les deux. Hélas, on reste étranger aux personnages et on ne parvient à ressentir de l’empathie pour aucun (sauf peut-être pour le mari) (1). Bibi Andersson est habituée à travailler avec le cinéaste et fait une bonne prestation mais cela ne sauve pas le film qui paraît bien mineur dans la filmographie de Bergman.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Elliott Gould, Bibi Andersson, Max von Sydow
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(1) Selon Elliot Gould, l’histoire serait semi-autobiographique et le personnage féminin serait inspiré de la femme de Bergman, Ingrid Karlebo. Si c’est effectivement le cas, le personnage du mari serait donc Bergman. Qu’il soit le seul personnage rationnel de cette histoire trouverait là son explication !

 Le Lien (The Touch)Elliott Gould, Bibi Andersson et Max von Sydow dans Le Lien (The Touch) de Ingmar Bergman.

1 novembre 2021

L’argent de poche (1976) de François Truffaut

L'argent de pocheDans une petite ville du centre de la France, une poignée d’enfants entre 8 et 14 ans sont répartis dans les deux classes de l’école des garçons…
L’argent de poche est un film français réalisé par François Truffaut. Il en a écrit le scénario avec sa collaboratrice habituelle, Suzanne Schiffman. Il n’y a pas d’histoire suivie mais plutôt un ensemble de petites histoires, des petits épisodes, souvent assez drôles, de leur vie quotidienne. Truffaut veut s’opposer à l’image trop souvent rencontrée dans le cinéma de la « cruauté de l’enfance ». Il veut montrer qu’un enfant normalement aimé et entouré n’éprouvera aucun désir de martyriser un autre enfant. En fin de film, par la bouche de Jean-François Stévenin, il nous livre également un plaidoyer contre la maltraitance des enfants. François Truffaut sait trouver le ton juste, il nous amuse, nous touche, nous étonne même et sait éviter toute mièvrerie ou facilité. C’est une ode à l’enfance. Le film connut un grand succès.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-François Stévenin, Chantal Mercier, Virginie Thévenet, Tania Torrens
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Remarque :
* François Truffaut fait une apparition dans le pré-générique, le père de la jeune fille au volant de sa voiture.
* L’une des deux jeunes filles invitées au cinéma (la plus jeune des deux) est Eva Truffaut, la fille du cinéaste.
* La jeune mère d’Oscar (séquence d’actualités) est interprétée par Laura Truffaut, sa fille aînée.

L'argent de pocheFranck De Luca dans L’argent de poche de François Truffaut.

L'argent de pocheCorinne Boucart,Bruno de Stabenrath, Georges Desmouceaux et Eva Truffaut dans L’argent de poche de François Truffaut.

10 octobre 2021

Le Franc-tireur (1972) de Jean-Max Causse & Roger Taverne

Le Franc-tireurPendant la Seconde Guerre Mondiale, le fils d’un collaborateur de Grenoble monte chez sa grand-mère sur le plateau du Vercors attendre que la guerre se termine sans lui. Le 21 juillet 1944, les troupes allemandes investissent le plateau. Forcé de s’enfuir, il rejoint un petit groupe de résistants et de civils et va devoir lutter pour survivre…
Le Franc-tireur est un film français réalisé en 1972 mais qui n’a pu sortir qu’en 2002. En 1972, il fut bloqué car perçu comme une attaque contre De Gaulle. Lors d’une nouvelle tentative en 1986 au festival de Grenoble, il fut déprogrammé après un tollé faisant suite à la réaction indignée du président des Anciens du Vercors. En 2002, il ne sortit que dans quelques salles. Son réalisateur, Jean-Max Causse, co-fondateur des Studios Action à Paris, en a récupéré les droits, l’a remonté et remixé. De ce fait, il est un peu difficile de comprendre les raisons de ces indignations si ce n’est qu’il nous montre un homme qui fait par hasard un bout de chemin avec la Résistance, non par conviction mais pour sauver sa peau. Il va donc à l’encontre de l’idée qui nous a été longtemps présentée que les français étaient, pendant la guerre, soit des résistants soit des collabos. Le héros de cette histoire ne cherche qu’à passer entre les gouttes et à en sortir vivant. Malgré des moyens de toute évidence assez réduits, la mise en scène est assez efficace, d’une part par son enchainement d’évènements qui alimentent une tension permanente et par son utilisation des paysages, magnifiques mais désolés, du Vercors qui donnent au film une atmosphère de western. Hormis Philippe Léotard, le jeu des acteurs n’est pas toujours parfait et la musique guillerette sur quelques scènes est plutôt étrange. Le film restauré a bénéficié d’une nouvelle sortie en 2019 et c’est heureux car il mérite d’être vu.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Léotard, Estella Blain, Roger Lumont, Roger Riffard
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Le Franc-tireurPhilippe Léotard et Serge Lahssen dans Le Franc-tireur de Jean-Max Causse & Roger Taverne.