18 juillet 2013

Cul-de-sac (1966) de Roman Polanski

Cul-de-sacAprès un mauvais coup qui a visiblement mal tourné, deux gangsters blessés arrivent dans un château anglais isolé habité par un quadragénaire qui a tout abandonné pour vivre avec sa très jeune épouse. Le plus valide des deux gangsters n’a aucun mal à prendre le dessus sur eux… Cul-de-sac, le film de Roman Polanski, est beaucoup de choses à la fois : c’est indéniablement une tragédie puisque l’irruption d’un élément étranger, rustre et brutal, va provoquer une grave et profonde crise dans ce couple mal assorti. C’est tout aussi indéniablement une comédie car, de l’humour, le film en regorge, un humour noir, un humour qui peut faire grincer des dents sans doute mais qui fonctionne parfaitement. C’est également un film de suspense et de tension, Cul de Sac est l’un des plus beaux huis clos (en plein air) qui soient. Polanski mêle tous ces éléments avec habilité mais, si le film a tant marqué les esprits, c’est surtout pour son inventivité et sa grande liberté de ton, notamment dans la description des rapports à l’intérieur du couple : si l’homme fait preuve de tant de lâcheté face au gangster, c’est aussi parce qu’il est dans une impasse face à sa femme, il sent qu’en seulement dix mois, elle se détache de lui, il est prêt à tout accepter pour la garder et il reproduit ce comportement masochiste sur le truand qui s’impose, lui non par le charme, mais par la force. Il a déjà dépassé le point de non retour et le cul-de-sac n’est pas seulement celui du château isolé sur son île, c’est aussi le cul-de-sac émotionnel de l’homme. L’irruption du gangster n’est qu’un révélateur, d’ailleurs lui aussi se fera manipuler par la femme qui est le véritable personnage fort de cette histoire. Polanski fait une description sans fard de cette relation et, comme souvent avec lui, il y a quelque chose de troublant dans son propos qui nous renvoie sur nous-mêmes.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander, Jack MacGowran, Jacqueline Bisset
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.

Voir les autres films de Roman Polanski chroniqués sur ce blog…

Cul-de-sacRemarques :
* L’affiche américaine de Cul-de-sac portait le slogan « Parfois, on ne peut plus rien faire d’autre qu’en rire », une mise en garde qui traduit probablement l’embarras des distributeurs américains du film. L’accueil fut effectivement très mauvais, la critique assassinant le film, le jugeant malsain. Le film fut retiré très rapidement des écrans. Le film fut heureusement mieux reçu en Europe.

* Cul-de-sac a été tourné entièrement sur Holy Island, une petite île située tout au nord de l’Angleterre (juste sous la frontière avec l’Ecosse), sur la côte est. L’île n’est toujours accessible que par une route submergée à marée haute. Elle porte un petit village de 160 habitants, les ruines d’un monastère du VIIe siècle et… le haut perché Lindisfarne Castle où le film a été tourné.
Voir l’emplacement sous Google Maps
Voir photos du Lindisfarne Castle
Petite note : le groupe de folk Lindisfarne a choisi son nom d’après ce même château.

10 juillet 2013

Je suis curieuse (1967) de Vilgot Sjöman

Titre original : « Jag är nyfiken »

1e partie : « Je suis curieuse – Version jaune (Jag är nyfiken – en film i gult) »
2e partie : « Je suis curieuse – Version bleue (Jag är nyfiken – en film i blått) »
Titre français de la 2e partie « Elle veut tout savoir »

Je suis curieuse Je suis curieuseInitialement prévu pour être un film de 3 h30, Je suis curieuse du suédois Vilgot Sjöman est sorti sur les écrans en deux parties : Version jaune et Version bleue. C’est un film à fort contenu politique qui reflète bien les remises en cause et les questionnements en cette fin des années soixante. Le film est très libre dans son contenu mais aussi dans sa forme puisque, si le thème général est l’éveil politique de Lena, une jeune femme de 22 ans, le film mêle réalité et fiction : Vilgot Sjöman peut ainsi apparaître en train de préparer ou de monter son film ou encore les acteurs peuvent prolonger leur relation dans la vie réelle. La première partie, Version jaune, est la plus complète et la mieux équilibrée. Elle aborde plusieurs thèmes politiques, les inégalités de salaires, la non-violence, l’égalité des sexes, la libération sexuelle. En parallèle, nous voyons Lena vivre une aventure avec un homme (qui vote à droite) qui lui cache qu’il a déjà un enfant et qu’il vit en couple. La seconde partie, Version bleue, est plus axée sur la libération dans un sens large, notamment sexuelle, mais aussi sur le plan des religions et des prisons. Le film doit beaucoup à son actrice principale, Lena Nyman. Il faut la voir avec son micro arpenter les rues de Stockholm pour demander avec candeur aux passants : « La société suédoise est-elle une société de classes ? »… ou encore interroger à l’aéroport les voyageurs de retour d’Espagne pour leur demander si cela les avait dérangé de passer leurs vacances dans un pays dirigé par un dictateur… Je suis curieuseJamais agressive mais tout de même obstinée, elle parvient par son naturel et sa candeur à toujours obtenir des réponses ou, au moins, des tentatives de réponse. Sur le plan de la sexualité, le film a pu paraître impudique, abordant largement la question sans tabou, avec liberté et naturel. Vu un demi-siècle plus tard, Je suis curieuse reste un film très intéressant, non seulement (et de façon évidente) sur le plan historique et sociologique, mais aussi pour mesurer à quel niveau ces questionnements restent actuels ou pas, ouvrant ainsi la voie à une réflexion philosophique plus large.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lena Nyman, Vilgot Sjöman, Börje Ahlstedt, Peter Lindgren
Voir la fiche du film et la filmographie de Vilgot Sjöman sur le site IMDB.

Remarques :
* Le jaune et le bleu sont les deux couleurs du drapeau suédois.

* Assez étrangement, en France, le film ne fit que peu d’effet quand il est sorti, en janvier 1968 (pour la première partie) et en septembre 1968 (pour la seconde). Il n’en fut pas de même aux Etats-Unis où il rencontra un vif succès mais ce sont les scènes de nudité (totale ce qui était alors extrêmement rare en dehors des films pornographiques) qui alimentèrent le bouche à oreille : c’est un film que l’on allait voir ostensiblement pour montrer son ouverture d’esprit. En outre, Vilgot Sjöman ne fait à aucun moment montre d’anti-américanisme (mis à part, quelques mentions très rapides de la guerre au Vietnam).

* Olaf Palme apparaît dans le film, il est interviewé (par le réalisateur) sur l’inégalité des salaires et la non-violence. Il était alors ministre des transports. Martin Luther King et le poète russe Evgueni Evtouchenko sont vus dans des documents d’époque.

* La Suède de 1967 est dirigée par les sociaux-démocrates (socialistes modérés) depuis les années trente. Tage Erlander était alors chef du gouvernement depuis 1946. Olaf Palme lui succédera en 1969. Le gouvernement social-démocrate avait pris un certain nombre de mesures dans les années cinquante et soixante pour réduire les inégalités sociales et accroitre la protection sociale. Le pays était considéré comme l’un des plus avancés en ce domaine.

* Vilgot Sjöman a beaucoup travaillé au théâtre avec Bergman, ce qui laisse supposer qu’il a su parfaitement diriger Lena Nyman. En Suède, l’actrice a reçu le prix de la meilleure actrice aux Guldbagge Awards en 1968 pour cette interprétation.

9 juillet 2013

Les Tribulations d’un chinois en Chine (1965) de Philippe de Broca

Les Tribulations d'un chinois en ChineUn jeune milliardaire déprimé va enfin pouvoir connaitre l’incertitude grâce à son conseiller qui lui promet de mettre sa vie en péril… Après le succès phénoménal de L’Homme de Rio, Philippe de Broca est pressé par ses producteurs de continuer dans la veine des films d’aventures mouvementées. Très librement adapté de Jules Verne, Les Tribulations d’un chinois en Chine est une fois de plus plutôt inspiré des aventures de Tintin dont les emprunts sont ici encore plus évidents (le majordome style Nestor, Dupont et Dupond, le Tibet, etc.) Hélas, la magie n’est plus là. Le film enchaine les scènes spectaculaires et exotiques sans vrai lien directeur. La construction de L’Homme de Rio était habile, celle des Tribulations est une simple juxtaposition de péripéties avec un parti-pris de jouer sur les ruptures. Jean-Paul Belmondo commence à faire du Belmondo, il saute et gesticule mais il a perdu sa fraicheur. La présence d’Ursula Andress permet également de parodier James Bond, De Broca allant même jusqu’à reproduire la fameuse scène de Dr. No où l’actrice sort de l’eau en bikini. L’ensemble n’est pas franchement mauvais mais on peut ressentir une certaine lassitude devant cette accumulation de tribulations un peu trop spectaculaires.
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Ursula Andress, Jean Rochefort, Maria Pacôme, Mario David, Paul Préboist, Darry Cowl
Voir la fiche du film et la filmographie de Philippe de Broca sur le site IMDB.

Voir les autres films de Philippe de Broca chroniqués sur ce blog…

8 juillet 2013

L’homme de Rio (1964) de Philippe de Broca

L'homme de RioAppelé du contingent, le jeune Adrien Dufourquet arrive à Paris, bien décidé à passer ses huit jours de permission avec sa fiancée Agnès. Au même moment, un mystérieux voleur dérobe une statuette maltèque au Musée de l’Homme. Peu après, Agnès est enlevée sous les yeux d’Adrien qui se lance à la poursuite des ravisseurs… On peut raisonnablement affirmer que L’homme de Rio est la plus belle réussite du cinéma français dans le cinéma d’aventures de divertissement. Directement inspirée des aventures de Tintin (1), cette histoire montre une perfection dans son écriture et dans son déroulement. Elle est très cohérente avec un mélange idéal de péripéties haletantes et d’humour. La légèreté prime d’ailleurs sur la tension. Il n’y a aucun temps mort et la richesse des situations est époustouflante. En perpétuel mouvement, Jean-Paul Belmondo (alors dans sa meilleure période) est parfait dans ce rôle de risque-tout pour les beaux yeux de sa belle, la délicieuse Françoise Dorléac, lumineuse, pétulante, espiègle, absolument craquante. Philippe de Broca utilise merveilleusement les décors naturels de Rio et surtout de Brasilia, ville alors en chantier et quasiment vide. L’homme de Rio a eu une forte influence sur de nombreux films, en France et au-delà. C’est un film qui se revoit toujours avec grand plaisir.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais, Adolfo Celi
Voir la fiche du film et la filmographie de Philippe de Broca sur le site IMDB.

Voir les autres films de Philippe de Broca chroniqués sur ce blog…

L'homme de Rio

Remarques :
* Le scénario a été écrit par Philippe de Broca et Jean-Paul Rappeneau avec l’aide de Daniel Boulanger et Ariane Mnouchkine.
* L’homme de Rio a inspiré Steven Spielberg pour Les Aventuriers de l’Arche perdue. C’est particulièrement net quand on voit la scène des statuettes à la source du fleuve.
Françoise Dorléac* Françoise Dorléac avait 21 ans au moment du tournage de L’homme de Rio. Avec son jeu légèrement en rupture, sa vivacité, sa voix grave, son naturel, elle développe un charme auquel il est difficile de rester insensible. Sans cet accident de voiture qui lui a coûté la vie peu après en 1967, il ne fait nul doute que la popularité de l’actrice aurait égalé sinon dépassé celle de sa soeur (Catherine Deneuve).
* Jean-Paul Belmondo a réalisé lui-même la plupart des cascades dont celle, assez spectaculaire, sur la façade de l’hôtel de Copacabana.
* Le tournage a été fait dans l’esprit Nouvelle Vague : équipe assez réduite, scènes de rue tournées in situ, …


L'homme de Rio

L'homme de Rio

L'homme de Rio
Françoise Dorléac et Jean-Paul Belmondo dans L’Homme de Rio de Philippe de Broca.


(1) Philippe de Broca avait été pressenti pour réaliser Tintin et le mystère de la Toison d’Or (Jean-Jacques Vierne, 1961) mais il avait préféré refuser, craignant d’être enfermé par le carcan imposé par le personnage. Il aspirait à plus de liberté dans l’écriture d’un grand film d’aventures. En outre, il n’aimait guère le côté asexué de Tintin et l’absence de personnage féminin.

6 juillet 2013

La Dixième Victime (1965) de Elio Petri

Titre original : « La Decima Vittima »
Autre Titre (Belgique) : « La Grande Chasse »

La dixième victimeAu 21e siècle, un jeu a été créé pour canaliser la violence et éradiquer les guerres : des « chasseurs » doivent traquer des « victimes » désignées par un ordinateur et les tuer. Les joueurs sont tour à tour chasseur et victime et doivent tenir dix rounds pour être sacré champion. C’est ainsi que le romain Marcello se retrouve chassé par une jeune new yorkaise Caroline. Tous deux sont de redoutables joueurs… Adapté d’une courte nouvelle de Robert Sheckley, La Dixième Victime d’Elio Petri joue plus sur le registre de la satire et de la comédie que sur celui de la prospective sérieuse. C’est donc avec ces yeux-là qu’il faut le regarder et goûter le style pop art des décors futuristes, des réflexions sur le divorce (l’italien explique à l’américaine qu’en Italie on ne se marie plus car il est devenu trop difficile de divorcer), sur le culte de la jeunesse (il garde ses parents chez lui dans une sorte de grand placard) ou sur la religion (amusante scène des adorateurs du soleil, cérémonie interrompue par des manifestants que Mastroianni traite de « néoréalistes »), La dixième victime des costumes (certains auraient été dessinés par Courrèges) et, bien entendu, la critique des media, la télévision américaine en l’occurrence. Elio Petri exploite la plastique d’Ursula Andress (qui bien entendu a une scène où elle sort de l’eau…), l’actrice apportant une note un peu facile de charme. De son côté, Marcello Mastroianni (teint en blond) traverse tout cela avec grand flegme, il semble même quelque peu absent. La Dixième Victime est loin d’être un grand film mais il reste intéressant pour ses multiples petites notes satiriques et son atmosphère pop art.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Ursula Andress, Elsa Martinelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Elio Petri sur le site IMDB.

Voir les autres films de Elio Petri chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* La Dixième Victime est basé sur une nouvelle d’une vingtaine de pages que Robert Sheckley a écrite en 1953 : La Septième Victime. Peu après, il développera à nouveau le thème pour écrire une autre nouvelle, Le Prix du danger, qui sera adaptée au cinéma par Yves Boisset en 1983. A noter enfin que Robert Sheckley a novelisé le film d’Elio Petri sous le titre La Dixième Victime en 1965.
* La façon dont Ursula Andress se débarrasse de son chasseur au début du film a inspiré Mike Myers pour ses fembots d’Austin Powers.

4 juillet 2013

La Servante (1960) de Kim Ki-young

Titre original : « Hanyo »

La servanteMarié et père de deux enfants, un séduisant professeur de musique est aimé en secret de ses jeunes élèves. Il embauche comme servante une très jeune femme au comportement étrange… Film perdu récemment retrouvé et restauré, La Servante est un film vraiment très étonnant. En rupture avec le cinéma de son époque, le coréen Kim Ki-young crée un huis clos oppressant et puissant. La progression de la tension est presque insidieuse : le film débute de façon anodine, presque légère mais l’atmosphère vire lentement à l’étrange et finit par devenir perturbante et dérangeante. Certes, Kim Ki-young n’hésite pas à appuyer très fort ses effets, de façon presque outrancière parfois, mais jamais sans excès. La servante Il joue très bien avec la configuration des lieux, comme par exemple avec une baie vitrée ouvrant sur un grand balcon. Il joue également beaucoup avec l’éclairage pour renforcer le sentiment d’étrangeté, les murs apparaissant parfois presque vivants. La performance de l’actrice Lee Eun-shim est remarquable, elle tint si bien son rôle que sa carrière en fut perturbée : après La Servante, les producteurs étaient réticents à l’engager car une bonne partie des spectatrices continuaient de la haïr profondément. Kim Ki-young tournera à nouveau la même histoire par deux fois.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lee Eun-shim, Ju Jeung-nyeo, Kim Jin Kyu
Voir la fiche du film et la filmographie de Kim Ki-young sur le site IMDB.

Remakes :
Hwanyeo de Kim Ki-young (1970)
Hwanyeo ’82 de Kim Ki-young (1982)
The Housemaid (Hanyo) de Im Sang-soo (2010)

Pour en savoir plus, lire la présentation d’Olivier Bitoun sur DVDClassik

3 juillet 2013

La Ciociara (1960) de Vittorio De Sica

Titre français parfois utilisé : « La Paysanne aux pieds nus »

La ciociaraEn 1943, une jeune veuve fuit les bombardements de Rome pour retourner dans son village natal, dans les montagnes du Latium. Elle espère ainsi mettre sa fille à l’abri en attendant que la guerre finisse enfin…
Adapté d’un roman d’Alberto Moravia (1957), La Ciociara marque le retour au pays de Sophia Loren après quelques années à Hollywood. Agée de 26 ans à peine, elle personnifie de façon magistrale l’idéal de la mère italienne, opiniâtre et généreuse. L’actrice s’impose non seulement par sa beauté souveraine mais aussi et surtout par son jeu, étonnamment riche et puissant. Les autres personnages sont inexistants et c’est là sans doute un peu le défaut du film. De Sica a eu beau lui opposer un jeune acteur français très prometteur, Jean-Paul Belmondo, pour interpréter le jeune intellectuel pacifiste qu’elle rencontre ; rien n’y fait, on ne voit qu’elle. Vittorio De Sica, qui a été l’une des grandes figures du néoréalisme, fait évoluer son style pour se rapprocher du mélodrame à l’américaine mais sans excès toutefois, il parvient à conserver un bonne part d’authenticité et de naturel. La Ciociara fut un immense succès et reçut de nombreux prix.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sophia Loren, Jean-Paul Belmondo, Eleonora Brown
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio De Sica sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vittorio De Sica chroniqués sur ce blog…

La Ciociara

Remarques :
* Le projet d’adapter le livre de Moravia avait été envisagé dès 1957 à Hollywood pour être dirigé par Cukor avec Anna Magnani dans le rôle de la mère et Sophia Loren dans le rôle de la fille. Anna Magnani craignant d’être éclipsée, le projet ne se fit pas.
* Signification du titre : La Ciociara = « la femme de Ciociarie », Ciociara (Ciociarie en français) désignant dans le langage populaire une région du centre de l’Italie dans le Latium, au sud-est de Rome.
* Sophia Loren reçut un Oscar pour La Ciociara, le premier Oscar attribué à un acteur s’exprimant dans une autre langue que l’anglais. Le film reçut la Palme d’Or à Cannes en 1961 et Sophia Loren le prix de la meilleure actrice.
* La scène dans l’église est hélas basée sur des faits réels. Entre avril et juin 1944, les Goumiers marocains du corps expéditionnaire français se sont rendus coupables de crimes de guerre dans les environs de Monte Cassino, c’est-à-dire la Ciociarie : un rapport récent estime que plus de 2 000 femmes ainsi que 600 hommes auraient ainsi été victimes de viol et de violences. Le chiffre est certes discuté mais la réalité ces exactions est certaine. Il faut toutefois souligner que ces viols n’étaient pas le fait uniquement des soldats d’origine africaine : ceux commis par les G.I. sont également très nombreux et les estimations du nombre de viols commis par les soldats russes en Allemagne sont ahurissantes.

La Ciociara

Remake :
La Ciociara de Dino Risi (TV, 1989) avec Sophia Loren dans le même rôle.

12 juin 2013

Une poule, un train… et quelques monstres (1969) de Dino Risi

Titre original : « Vedo nudo »

Une poule, un train... et quelques monstresLe titre français voudrait nous laisser croire qu’il s’agit d’une suite au très bon film de Dino Risi Les Monstres mais il n’en est rien. Certes, il s’agit d’un film à sketches mais le sujet est moins vaste puisqu’il s’agit ici uniquement d’attirance sexuelle. En cette fin des années soixante soufflait une vague de libération sexuelle et il était ainsi possible de parler plus librement et … de montrer plus de choses. Ce dernier point est très net dans le dernier sketch, celui qui a donné son titre au film, dont l’histoire ne semble être qu’un prétexte pour nous montrer (très brièvement) des femmes entièrement nues. Les autres sketches lui sont bien supérieurs avec une mention spéciale pour le quatrième, Le Voyeur, un sketch très court qui repose sur un gag vraiment énorme. Nino Manfredi interprète brillamment le rôle principal de toutes ces petites histoires. Très bon divertissement,  Vedo nudo est un film peu connu de Dino Risi. Il connut pourtant un grand succès à l’époque et Dino Risi fera deux autres films sur le même modèle (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Sylva Koscina, Véronique Vendell
Voir la fiche du film et la filmographie de Dino Risi sur le site IMDB.

Voir les autres films de Dino Risi chroniqués sur ce blog…

Les sketches :
1. La Diva (La Diva) : une starlette de cinéma amène un accidenté de la route à l’hôpital. Le personnel n’a d’yeux que pour la jolie star… (amusant)
2. Procès à huis clos (Udienza a porte chiuse) : un homme est accusé d’avoir eu un rapport avec une poule (le gallinacé). Pour se défendre, il raconte comment la poule l’a vampé… (très court, excellent)
3. Ornella (Ornella) : Un jeune employé des postes qui aime à se travestir en femme entretient une relation épistolaire avec un industriel. Celui-ci vient pour « la » rencontrer… (un peu long)
4. Le Voyeur (Il Guardone) : Un homme un peu myope espionne sa jolie voisine… (très court et excellent)
5. La Dernière Vierge (Ultima Vergine) : alors que les media ne cessent de parler d’un violeur en cavale, une jeune femme voit arriver chez elle un homme qui se prétend être réparateur de téléphone… (excellent)
6. Ma motrice chérie (Motrice Mia !) : un homme trompe sa femme avec… une locomotive. (assez court, très original)
7. Je vous vois nue (Vedo nudo) : Un rédacteur en chef d’un magazine de mode voit les femmes qu’il rencontre comme si elles étaient nues… (moyen)

(1) Sexe fou (Sessomatto) de Dino Risi (1973) et Les Derniers Monstres (Sesso e volentieri) de Dino Risi (1978).

11 juin 2013

La nuit des généraux (1967) de Anatole Litvak

Titre original : « The Night of the Generals »

La nuit des générauxEn 1942, à Varsovie, une prostituée est assassinée sauvagement. Un témoin a vu le pantalon du meurtrier, un pantalon de général. Le major Graü enquête et ses soupçons se portent rapidement sur trois généraux de la Wehrmacht… Librement adapté d’un roman de Hans Hellmut Kirst par Paul Dehn et Joseph Kessel, La nuit des générauxmêle habilement une intrigue policière à des faits historiques. La construction mêle également le présent et la passé puisque l’enquête se poursuit 20 ans plus tard. Le film soulève la question de la différence entre crime de guerre et crime tout court. La reconstitution est soignée et tous les seconds rôles sont parfaitement tenus. Tout serait parfait si Peter O’Toole n’avait pas tant chargé son jeu, compromettant ainsi quelque peu la crédibilité de l’ensemble.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter O’Toole, Omar Sharif, Tom Courtenay, Donald Pleasence, Joanna Pettet, Philippe Noiret, Charles Gray
Voir la fiche du film et la filmographie de Anatole Litvak sur le site IMDB.

Remarques :
* On remarquera la présence de Juliette Greco, chanteuse dans un bar parisien.
* La carrière et la réputation du colonel Joachim Peiper, le plus jeune colonel SS (29 ans), a influencé les auteurs pour créer le personnage du Général Tanz.

6 juin 2013

Major Dundee (1965) de Sam Peckinpah

Major DundeeAlors que la guerre de Sécession touche à sa fin, une quarantaine de guerriers indiens menés par un chef belliqueux font régner la terreur au Texas et au Nouveau Mexique. Le Major Dundee, commandant d’un fort qui sert de camp de prisonniers de soldats sudistes, décide d’aller traquer ces indiens qui se sont réfugiés au Mexique pour l’hiver. N’ayant pas assez d’hommes, il est contraint d’enrôler des voleurs et des sudistes… Basé sur un livre de Harry Julian Fink, Major Dundee est un film assez étonnant où Sam Peckinpah bouleverse les codes du genre. Les motivations de son héros ne sont guère nobles, elles sont plutôt à chercher du côté de la rancoeur et de la haine. A l’instar de sa troupe hétéroclite, sa stratégie n’a guère d’unité ; confuse, elle évolue au gré des évènements. Le film est dominé par la haine et les conflits entre les personnes, nord/sud, blancs/noirs, blancs/indiens, sur lesquels vient se greffer la guerre au Mexique. Le film pêche surtout par le déroulement de son scénario, faiblesses longtemps attribuées aux coupes sauvages faites par les studios, mais force est de constater que le visionnage de la version longue récemment restaurée ne fait que renforcer cette sensation de longueurs et de scènes inutiles. En fait, ce sont les scènes d’action qui ponctuent le film, scènes assez violentes comme toujours avec Peckinpah. Film assez confus, Major Dundee fut un échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Richard Harris, James Coburn, Senta Berger
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Peckinpah sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sam Peckinpah chroniqués sur ce blog…