6 juillet 2014

Panic sur Florida Beach (1993) de Joe Dante

Titre original : « Matinee »

Panic sur Florida BeachEn pleine Crise des missiles de Cuba (1962), sur les iles Key West au sud de la Floride, un producteur de films d’horreur arrive pour tester un nouveau système de projection capable de faire vibrer les sièges et d’autres effets. En grand amateur de ce genre de films, le jeune Gene est ravi. Fils de militaire, il vient d’emménager et n’a pas encore d’amis… Avec Matinee, Joe Dante a voulu réaliser un hommage aux films d’horreur de série B des années cinquante et soixante. Pour bien montrer l’aspect métaphorique de ces films qui jouaient avec la peur d’une guerre nucléaire, il mêle habilement à son histoire une crise historique qui engendra une panique bien réelle. Les deux peurs se superposent et se télescopent. L’ensemble est amusant et plutôt attachant avec toute la bonhommie apportée par John Goodman. Le film permet au spectateur de retrouver son âme d’enfant…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Goodman, Cathy Moriarty, Simon Fenton
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Remarque :
Le personnage interprété par John Goodman est basé sur le showman William Castle dont la signature visuelle était effectivement de se montrer de profil avec son cigare (d’une façon qui rappelle Hitchcock dans sa série TV Alfred Hitchcock Presents, à ceci près qu’il est assis). William Castle a réalisé, et parfois produit, plus d’une cinquantaine de films de série B entre 1943 et 1974. Pour son film The Tingler (Le désosseur de cadavres, 1959), il a fait installer dans certaines salles des fauteuils à vibrations (système « Percepto » : un petit moteur de dégivrage d’aile d’avion de la Seconde Guerre mondiale placé dans l’assise du siège). Il a également conçu des systèmes pour effleurer les jambes des spectateurs et bien d’autres effets. Son film le plus réputé est House on Haunted Hill (La nuit de tous les mystères, 1959), film qui a donné à Hitchcock l’idée de faire Psychose.
Voir l’autobiographie de William Castle (en anglais) …

5 juillet 2014

Une fille de la province (1954) de George Seaton

Titre original : « The Country Girl »

Une fille de la provinceAprès avoir mis à la porte l’acteur de premier rôle, le metteur en scène d’une comédie musicale doit trouver au pied levé un nouvel acteur-chanteur. Il insiste pour faire accepter par son producteur un chanteur qui a tenu la vedette il y a plusieurs années mais qui n’est plus très actif. De plus il a la réputation d’être alcoolique… Adaptation d’une pièce de Clifford Odet, l’histoire de The Country Girl accumule les poncifs mais le thème de la « seconde chance » est toujours très apprécié outre-Atlantique. Il est ici affublé de relations particulières entre l’acteur et sa femme sur fond de drame familial. En outre, le scénario a été aménagé pour inclure des chansons de Bing Crosby, crooner alors immensément populaire aux Etats Unis. Si William Holden et même Bing Crosby savent garder une certaine mesure, Grace Kelly recherche la performance avec un jeu du style « habitée par son personnage », outrancier, caricatural. Elle reçut un Oscar pour ce rôle (1). Très ennuyeux et terriblement prévisible, le film bénéficie d’une aura qui peut paraître assez incompréhensible.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Bing Crosby, Grace Kelly, William Holden
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(1) Grace Kelly a reçu cet Oscar alors que Judy Garland était donnée largement favorite pour son rôle dans A Star Is Born.

2 juillet 2014

Chaplin (1992) de Richard Attenborough

ChaplinMettre en scène la vie de ce véritable artiste de cinéma qu’est Charles Chaplin n’est pas chose aisée. L’anglais Richard Attenborough s’est basé assez librement sur l’autobiographie du cinéaste (1) et s’est concentré sur sa vie, ses démêlés avec ses femmes et les accusations d’être communiste, plutôt que sur son oeuvre. Bien entendu, il y a des imprécisions, des raccourcis, une certaine édulcoration due au grand respect d’Attenborough envers Chaplin, mais il y a aussi de quoi réjouir l’amateur : c’est par exemple toujours un plaisir de voir récréées les tournages des comédies burlesques des années dix (ce passage est hélas trop court). Richard Downey Jr. est assez étonnant car il fait un Chaplin vraiment très crédible. Sa brillante prestation nous permet de fermer les yeux sur toutes les approximations du film et de prendre vraiment plaisir à le regarder car nous avons l’impression de voir Chaplin en chair et en os.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Downey Jr., Geraldine Chaplin, Paul Rhys, Moira Kelly, Anthony Hopkins, Dan Aykroyd, Kevin Kline, David Duchovny
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Remarques :
* Géraldine Chaplin tient le rôle de la mère de Chaplin ; on peut regretter qu’elle n’ait pas tenu celui d’Oona (sa mère à elle dans la vraie vie) car elle lui ressemble tant.
* Bizarrement, Richard Attenborough fait jouer par la même actrice Moira Kelly les rôles d’Hetty Kelly (le premier amour londonien de Chaplin) et de Oona. Veut-il laisser supposer que Chaplin aurait cherché à retrouver Hetty Kelly dans Oona ?
* Un livre très récent du Dr. Stephen Weissman Chaplin – A Life (2008) apporte un regard nouveau sur la mère de Chaplin et de son importance dans l’esprit du cinéaste.

(1) Histoire de ma vie par Charles Chaplin (Ed. Robert Laffont, 1964 réédité en 2002).

1 juillet 2014

L’insoumise (1928) de Howard Hawks

Titre original : « Fazil »

L'insoumise(Film muet) Le prince arabe Fazil rencontre la jeune parisienne Fabienne lors d’un voyage à Venise et l’épouse à Paris. Mais rapidement, les différences de culture font surface et la jeune femme, très moderne d’esprit, ne veut accepter les règles que son mari lui impose… Fazil est adapté d’une pièce du français Pierre Frondaie. L’histoire est une bluette romantique avec de l’exotisme, un beau prince arabe, un jolie française, des gondoliers qui chantent des chansons d’amour. Peu d’intérêt de ce côté donc, seule la fin est tout de même assez audacieuse. En outre, Charles Farrell est certes un bon acteur romantique mais on peut se demander qui a bien pu penser qu’il serait crédible une seule seconde en prince arabe (et il n’est même plus beau). Si le film Fazil reste intéressant à voir, c’est surtout parce qu’il est signé Howard Hawks. A 32 ans, le cinéaste réalise ici son sixième et ultime film muet, sachant que son premier ne remontait qu’à un peu plus de deux ans (1). L’élément le plus notable est que l’on ne retrouve ici aucun élément ou signe précurseur de son futur style…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charles Farrell, Greta Nissen, John Boles, Mae Busch
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Remarques :
* Fazil est un film rare. Un grand merci à Patrick Brion de nous avoir donné l’occasion de le voir.
* Le film est muet mais une musique synchronisée (système Fox Movietone) lui a été ajoutée à sa sortie. Le gondolier qui chante est ainsi assez synchrone. Cette « bande son » comporte également quelques bruitages : chevaux qui passent sur un plancher de bois, coup de feu, etc.

Homonyme :
L’Insoumise (Jezebel) de William Wyler (1938) avec Bette Davis

(1) The Road to Glory (L’Ombre qui descend) (1926)

26 juin 2014

Fedora (1978) de Billy Wilder

FedoraLa très grande star du cinéma Fedora vient de suicider. Devant son cercueil, un producteur se remémore comment il a, peu auparavant, cherché à la revoir pour lui proposer un scénario. L’actrice vivait recluse, dans une île grecque chez la comtesse Sobryanski. Elle semblait même y être retenue contre son gré… Adapté d’une courte nouvelle de Tom Tryon par Billy Wilder lui-même, Fedora est une intéressante réflexion sur le cinéma. Il est bien entendu tentant de le considérer comme un prolongement de Boulevard du Crépuscule (1950) où Wilder faisait déjà tenir le rôle de narrateur par William Holden. Mais en plus d’une réflexion sur la starisation et sur l’image, le cinéaste questionne ici sur l’évolution du cinéma ; sur ce plan, le personnage de ce producteur nostalgique de « l’ancien Hollywood » se confond probablement avec Billy Wilder lui-même : certaines remarques acerbes sur la nouvelle génération de réalisateurs nous incitent à le penser. Tout cela est intéressant et assez fort mais, hélas, tout le début du film est plutôt ennuyeux et Marthe Keller est loin d’être à la hauteur du rôle (des mésententes pendant le tournage ont certainement aggravé cette contre-performance). Il faut attendre la seconde moitié du film pour percevoir sa vraie dimension. Fedora fut très bien reçu en France et en Europe mais fut un échec aux Etats Unis.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: William Holden, Marthe Keller, Hildegard Knef, José Ferrer, Mario Adorf
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25 juin 2014

Théodora devient folle (1936) de Richard Boleslawski

Titre original : « Theodora Goes Wild »

Théodora devient folleLa petite ville de Lynnfield est en émoi après que le journal local ait publié des extraits d’un best-seller un peu osé. Les gardiennes de la bonne morale obtiennent que la publication soit suspendue. Personne ne soupçonne que l’auteur est la jeune Theodora qui vit avec ses deux vieilles tantes et joue de l’orge à la messe tous les dimanches… Theodora Goes Wild fait partie des premières (1) et des plus marquantes comédies  screwball. C’est la première pour l’actrice Irene Dunne qui deviendra un des piliers du genre. Le scénario a été écrit par le brillant scénariste Sidney Buchman. Le ton est assez libre, la pudibonderie et l’étroitesse d’esprit y sont fustigées et le personnage fort est celui de la femme. Irene Dunne semble très à l’aise dans ce rôle à plusieurs facettes, capable de passer très rapidement d’un style à l’autre. L’histoire est assez plausible (ce qui n’est pas toujours le cas avec les screwball) et l’humour est bien distillé, de façon continue, y compris dans les passages de pure romance. Theodora Goes Wild mériterait d’être plus connu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Melvyn Douglas, Thomas Mitchell
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(1) En 1936, nous ne sommes que 2 ans après It Happened One Night (1934) de Frank Capra qui marque le début du genre screwball.

18 juin 2014

Qui a peur de Virginia Woolf? (1966) de Mike Nichols

Titre original : « Who’s Afraid of Virginia Woolf? »

Qui a peur de Virginia Woolf?Martha rentre avec son mari George d’une soirée chez son père, le doyen de l’Université où George est professeur. Ils sont un peu éméchés et commencent à se chamailler, mais Martha a promis à son père d’inviter un jeune couple, récemment engagé, à boire un dernier verre chez eux… Qui a peur de Virginia Woolf? est adapté d’une pièce d’Edward Albee, auteur dramatique américain qui a reçu le Prix Pulitzer par trois fois (1). Il s’agit du premier film de Mike Nichols. Qui a peur de Virginia Woolf? tranche assez nettement avec le reste de la production par la cruauté de ses dialogues et fait partie de ces films qui, en ces années soixante, bravèrent ouvertement le Code Hays. Cette (apparente) mise à mal du couple utilise des ressorts psychologiques que l’on peut trouver un peu grossiers et le film n’est pas sans défaut : quelques longueurs et une fin lénifiante (2). Mais les dialogues sont remarquables, un véritable feu d’artifice de répliques vachardes et cathartiques, le grand déballage devant témoins. Dans ce registre, il est très facile de surjouer et Richard Burton a, on le sait, généralement une certaine tendance à appuyer son jeu. Mais, et c’est le plus remarquable, il n’en est rien ici : Burton est retenu dans son jeu, il trouve toujours le ton juste, à aucun moment, il ne dérape. Elizabeth Taylor (qui a accepté de prendre 15 kilos pour le rôle) montre des qualités étonnantes dans un rôle assez ingrat : il s’agit probablement de son meilleur rôle au cinéma (3), elle fait ici penser à Bette Davis. La photographie en noir et blanc de Haskell Wexler est très belle, Mike Nichols abuse quelquefois des très gros plans, mais c’est rare ; sa mise en scène est parfaitement maitrisée. Qui a peur de Virginia Woolf? connut un grand succès et remporta pas moins de cinq Oscars. Insensible au temps, le film se montre toujours aussi puissant aujourd’hui.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Richard Burton, George Segal, Sandy Dennis
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Remarques :
* Au début du film, Martha (Elizabeth Taylor) cherche le titre du film où Bette Davis emploie l’expression « What a dump ! » (Quel taudis !). Il s’agit de Beyond the Forest (La Garce) de King Vidor (1949).
* Assez étrangement, Richard Burton a interprété son rôle avec un accent britannique prononcé ce qui lui a valu certaines critiques.
* Le titre Qui a peur de Virginia Woolf? est dérivé de la comptine Qui a peur du grand méchant loup? (« Big Bad Wolf » en anglais) que l’on entend dans Les Trois Petits Cochons de Walt Disney (1933). Disney ayant refusé de donner son accord, les acteurs utilisent une autre mélodie quand ils la chantent.

(1) En 1967 pour A Delicate Balance, en 1975 pour Seascape et en 1994 pour Three Tall Women.
(2) A noter que la fin lénifiante et le personnage du fils ne sont pas des inventions de l’adaptateur : ils figuraient déjà dans la pièce. On donc pourra remarquer que derrière l’entreprise de démolition du couple se cache une indéniable glorification de la cellule familiale classique, de la famille américaine. D’ailleurs, cela explique peut-être le succès populaire du film.
(3) Elizabeth Taylor a elle-même affirmé qu’il s’agit de son plus grand rôle. A noter que, contrairement à leurs personnages, le couple Taylor/Burton dans la vraie vie était alors au beau fixe.

12 juin 2014

La Chute de la maison Usher (1960) de Roger Corman

Titre original : « House of Usher »

La chute de la maison UsherPhilip Winthrop se rend à cheval au manoir des Usher, afin de rendre visite à Madeline Usher avec laquelle il s’est fiancé quelques mois plus tôt à Boston. Il se rend compte que Madeline et son frère Roderick sont atteints d’une étrange maladie et qu’ils sont hantés par la mort qui les ronge… Adapté du roman homonyme d’Edgar Allan Poe, La Chute de la maison Usher est la première des huit adaptations de cet écrivain que Roger Corman mettra en scène. Ce sont principalement ces huit films qui vaudront au réalisateur une certaine reconnaissance. Par rapport à la version muette de Jean Epstein, les décors sont plus classiques mais l’atmosphère reste très particulière et forte, Roger Corman jouant beaucoup sur la suggestion. Le film montre une belle intensité qui culmine dans un final de plus en plus inquiétant. Vincent Price est ici assez rigide, plutôt sobre dans son jeu ce qui sied parfaitement à son personnage. Comme toujours avec Corman, malgré la rapidité de tournage et un budget très modéré, la qualité de réalisation est indéniable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vincent Price, Mark Damon, Myrna Fahey, Harry Ellerbe
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Remarque :
Le scénario de cette adaptation a été écrit par Richard Matheson. L’écrivain de science-fiction (auteur entre autres de L’homme qui rétrécit et de Je suis une légende) continuera d’écrire pour Roger Corman d’autres adaptations de Poe.

Autres adaptations :
La Chute de la maison Usher de Jean Epstein (1928)
The Fall of the House of Usher de l’anglais Ivan Barnett (1949)
Revenge in the House of the Usher (La Chute de la maison Usher) de Jesús Franco (1982)
The House of Usher (La Maison des Usher) d’Alan Birkinshaw (1989) avce Oliver Reed
The Fall of the House of Usher: A Gothic Tale for the 21st Century de ken Russell (2002)

28 mai 2014

Lettres d’Iwo Jima (2006) de Clint Eastwood

Titre original : « Letters from Iwo Jima »

Lettres d'Iwo JimaClint Eastwood a tourné Lettres d’Iwo Jima juste après La Mémoire des nos pères. Au lieu d’être vécue depuis le camp américain, la terrible bataille de l’île d’Iwo Jima de février 1945 est vue cette fois depuis le camp japonais. Les deux films sont très différents et Lettres d’Iwo Jima est sans aucun doute le plus remarquable des deux. Le cinéma montre rarement le camp des vaincus mais Eastwood va beaucoup loin en centrant son film sur l’humain. Le scénario est basé sur des lettres écrites par les soldats et principalement une copieuse correspondance (écrite mais non envoyée) du général Kuribayashi. La mise en scène de Clint Eastwood est plutôt sobre, d’une rare perfection, précise et génératrice d’émotion. Lettres d’Iwo Jima est un film bouleversant qui dénonce la folie guerrière. Rarement, l’absurdité de la guerre n’a été démontrée de façon si éclatante. Il n’est peut-être pas exagéré d’affirmer que c’est le plus beau film sur la Seconde Guerre mondiale et sur la guerre en général. Eastwood l’a tourné uniquement avec des acteurs japonais s’exprimant dans leur langue.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Tsuyoshi Ihara, Ryô Kase, Shidô Nakamura, Hiroshi Watanabe
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23 mai 2014

Duel au soleil (1946) de King Vidor et William Dieterle

Titre original : « Duel in the Sun »

Duel au soleilAprès que son père ait tué sa mère par jalousie, la jeune et jolie Pearl, qui a une moitié de sang indien, est confiée à une lointaine cousine qui vit dans un immense ranch au Texas. Là, elle se trouve en présence des deux fils de la maison qui sont immédiatement très attirés par elle… David O. Selznick a écrit et produit Duel au soleil pour être un tremplin à la carrière de sa seconde femme, Jennifer Jones. Désireux d’aller plus loin qu’Autant en emporte le vent, il a délibérément exagéré les sentiments, élargi les espaces et surtout exacerbé les passions. Le personnage de Jennifer Jones est fortement érotisé (tout en restant bien entendu dans le registre « tous publics », le film a fait scandale juste ce qu’il faut) et le manichéisme est poussé à l’extrême. Duel au soleil est surtout un film de Selznick qui est d’ailleurs si présent sur le tournage que King Vidor finit par jeter l’éponge. William Dieterle prendra sa place. Si l’on ajoute les réalisateurs de seconde équipe et les conseillers, pas moins de sept réalisateurs ont travaillé sur le film. Le budget, pourtant colossal, fut largement dépassé et le film devint ainsi le cher jamais réalisé. Côté acteurs, Selznick avait mis toutes les chances de son côté en choisissant deux acteurs très aimés du public, Gregory Peck et Joseph Cotten, auxquels il adjoint deux grandes figures du cinéma : Lionel Barrymore et Lillian Gish. Avec tant de calculs, d’exagérations de moyens et de dramatisation, on peut s’attendre à un résultat hétérogène et artificiel. Il n’en est rien. Le film n’est certes pas sans défaut, sans outrance, il manque parfois de liant mais Duel au soleil reste un grand drame de la passion destructrice et un spectacle magnifique. Il dépasse le cadre du genre western. Le succès populaire fut immense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jennifer Jones, Joseph Cotten, Gregory Peck, Lionel Barrymore, Herbert Marshall, Lillian Gish, Walter Huston, Charles Bickford
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Remarques :
* Parts estimées de réalisation directe par chaque réalisateur :
Réalisateur principal 1 King Vidor : 45%,
Réalisateur principal 2 William Dieterle : 25%,
Seconde équipe Otto Brewer : 20%,
Conseiller pour la couleur Josef von Sternberg : quelques scènes additionnelles 3%
Conseiller et production designer William Cameron Menzies : quelques scènes
Sidney Franklin : ? (seconde équipe ?)
Producteur David O. Selznick : quelques scènes.
Appelée à trancher, la commission d’arbitrage de la Screen Directors Guild décida que seul King Vidor serait mentionné au générique.

* Scènes marquantes :
– L’incroyable scène qui ouvre le film, la danse de la mère de Pearl dans le bar, est de William Dieterle.
– L’étonnante scène où « Le Sénateur » rassemble tous ses cowboys a été tournée par la seconde équipe, donc par Otto Brewer.
– La scène finale, dans sa forme définitive, est l’oeuvre d’au moins trois ou quatre des réalisateurs.

* La voix du narrateur est celle d’Orson Welles

* Le film a été surnommé « Lust in the Dust » (luxure et poussière).

(1) Dans le livre sur les mémos de David O. Selznick, on peut lire le courrier que le producteur a envoyé à King Vidor pour tenter de le faire revenir, jouant beaucoup sur le thème « on ne va pas casser ainsi une amitié de vingt ans ». King Vidor est cependant resté ferme sur sa décision. Dans un autre mémo à un agent, il raconte l’altercation (une scène d’extérieurs à Lasky Mesa non finie à temps parce que Vidor désirait changer l’emplacement de la caméra) qui est visiblement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase (ce sont même les termes employés par Selznick). De son côté, King Vidor parle très peu du film dans autobiographie, disant simplement qu’il s’agit surtout d’un film de David O. Selznick.