11 février 2012

That Certain Thing (1928) de Frank Capra

That Certain Thing (film muet) Molly est une jeune vendeuse de cigares dans un hôtel. Elle rêve de rencontrer un millionnaire. Son souhait va être exaucé quand elle tombe sur le fils d’un riche propriétaire d’une chaine de restaurants… That Certain Thing est un film qui a une certaine valeur historique car il marque un tournant à la fois dans la carrière de Frank Capra et dans la percée de la jeune compagnie Columbia. Quand, en 1927, Harry Cohn demande à un jeune réalisateur qui avait tourné des comédies slapstick, notamment deux bons films avec Harry Langdon (1), de réaliser un long métrage,  il ne sait pas que ce Frank Capra va donner un formidable élan à sa compagnie et hisser Columbia parmi les grands. Fait avec moins de 20 000 dollars, That Certain Thing est le premier d’une longue série de succès. Viola Dana Les bases du scénario ne sont guère originales (2), certes, mais son développement et son aboutissement sont plus surprenants. C’est l’un des très rares films encore visibles avec Viola Dana, actrice encore plus petite que Mary Pickford (3) et qui avait débuté sa carrière en 1914 à l’âge de 17 ans. L’actrice cessera de tourner à l’arrivée du parlant. That Certain Thing n’est pas encore du grand Frank Capra : c’est un début modeste pour un futur grand maitre de la comédie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Viola Dana, Ralph Graves
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.

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(1) Frank Capra avait tourné deux longs métrages avec Harry Langdon : The Strong Man (1926) et The Long Pants (1927). Frank Capra avait en outre tourné juste avant That Certain Thing  une comédie avec Claudette Colbert (alors inconnue, c’est son premier film) : For the love of Mike (1927), film qui avait été un échec (film aujourd’hui perdu, mais Frank Capra l’a qualifié comme étant le plus mauvais de sa carrière).

(2) On peut noter certains points communs avec La Petite Vendeuse (1927) de Sam Taylor avec Mary Pickford.

(3) Viola Dana mesurait 1m51, soit la même taille que Veronica Lake (qui était à peine née à l’époque, soit dit en passant). Mary Pickford mesurait 1m54.

10 février 2012

Son altesse royale (1929) de Lewis R. Foster

Titre original : « Double whoopee »

Son altesse royale(Muet, 18 minutes) Laurel et Hardy sont engagés comme portier et valet de pied dans un grand hôtel qui attend la visite d’un prince… Assez classique, Double Whoopee comporte de bons gags et deux particularités : d’une part, un personnage de prince qui évoque furieusement Erich von Stroheim (interprété par John Peters, alias Hans Joby, qui a été le double de Stroheim et qui a donc une parfaite connaissance de ses tics et mimiques) et, d’autre part, l’apparition remarquée de Jean Harlow (17 ans) en petite tenue après que sa robe ne soit malencontreusement (!) restée coincée dans la portière du taxi. Bien rythmé, Double Whoopee est plutôt réussi. Laurel et Hardy sont alors dans leur meilleure période.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Jean Harlow, Charlie Hall
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10 février 2012

La bataille du siècle (1927) de Clyde Bruckman

Titre original : « The battle of the century »

La bataille du siècle(Muet 19 minutes) Avec Oliver Hardy comme manager, Stan Laurel affronte un boxeur féroce sur un ring. Le lendemain, les deux compères provoquent une gigantesque bataille de tartes à la crème…
Pendant longtemps, on ne connaissait que la seconde moitié de The Battle of the Century. La première bobine a récemment été retrouvée. Le match de boxe du début ne tient pas toutes ses promesses, il est plutôt décevant. En revanche, la bataille de tartes à la crème est très réussie, surtout dans son enchainement, avec cette façon hilarante d’impliquer de plus en plus de personnes. Rapidement, ce sont des dizaines (centaines ?) de personnes qui y participent. Plus de 3000 tartes à la crème furent utilisées. C’est l’un des premiers films de Laurel et Hardy qui établissent leur style inimitable, avec notamment leur fameuse technique du slow burn (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Noah Young, Charlie Hall, Lou Costello
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Remarques :
* Henry Miller aurait décrit The Battle of the Century comme étant le film comique le plus réussi jamais tourné.
* Durant le match de boxe, le comptage interrompu plusieurs fois par l’arbitre fait allusion à un combat réel entre Gene Tunney et Jack Dempsey qui avait fait polémique à l’époque.
* Lou Costello (du duo Abbott et Costello) fait ici l’une de ses premières apparitions à l’écran. C’est l’un des spectateurs tout près du ring.

* Roland Lacourbe le souligne dans son excellent livre sur Laurel et Hardy : « Contrairement à ce que le public a coutume de croire, les vraies batailles de tartes à la crème sont relativement rares dans l’histoire du cinéma. William K. Everson, qui s’est chargé de les compter, prétend qu’on les compte… sur les doigts d’une seule main!
Behind the Screen (1916) de Chaplin
The Battle of the Century (1927) de Laurel & Hardy
The Keystone Hotel (1935) de Ralph Staub
In the Sweet Pie and Pie (1941) avec les 3 Stooges
The Great Race (1965) de Blake Edward. »
(Nota : cette liste n’est sans doute pas, ou plus, complète mais l’idée est là.)

(1) Le comique slapstick  des années 10, popularisé notamment par la Keystone, reposait sur une avalanche de gags laissant peu de répit au spectateur. Hal Roach fera tout en revanche pour ralentir afin de laisser aux spectateurs le temps d’absorber les gags et cela deviendra une marque de fabrique pour Laurel & Hardy. Dans Battle of the Century, les protagonistes ne cherchent pas à s’enfuir où à riposter avant leur adversaire… Non, ils attendent avec résignation les projectiles. Le lanceur prend ainsi tout son temps pour viser (l’affiche ci-dessus illustre bien ce principe). Cette lenteur renforce le comique de la situation. Les américains, qui aiment bien mettre un nom sur tout, ont appelé cela la technique du slow burn (=combustion lente).

The battle of the century

9 février 2012

La nouvelle Babylone (1929) de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg

Titre original : « Novyy Vavilon »

La nouvelle BabyloneEn 1870, la population acclame les soldats qui partent se battre contre les prussiens. A Paris, la vie continue. Louise, une jeune vendeuse du grand magasin Nouvelle Babylone, est invitée au bal par son patron. Mais la fête est interrompue par l’annonce de la défaite. Il faut défendre Paris et une souscription populaire est lancée pour acheter des canons. Quand l’armée capitule et cherche à reprendre ces canons sur la butte Montmartre, cela provoque une insurrection… La nouvelle Babylone est un film russe de la fin du muet, l’un des très rares films qui évoquent la Commune de Paris de 1871. C’est un film assez étonnant, souvent exubérant. Les deux réalisateurs font une grande utilisation du mouvement : les scènes de liesse, de danses, de fête sont tourbillonnantes, frénétiques, excessives même. Les scènes montrant l’ardeur au travail sous la Commune sont superbes (telle cette lavandière qui éclabousse largement tout autour d’elle). Ces scènes de grande agitation contrastent avec des scènes plus calmes, parfois statiques même. Le montage est assez remarquable, les réalisateurs juxtaposent des scènes qui semblent au final former un kaléidoscope énivrant. Le jeu des acteurs peut paraître parfois outré. Sur le plan du contenu, le film ne fait pas un récit vraiment chronologique mais reprend quelques temps forts. L’accent est bien entendu mis sur l’opposition de classes. Chostakovitch (alors âgé de 23 ans) composa sa première musique de film pour La nouvelle Babylone, musique dans laquelle il reprend divers airs révolutionnaires français qu’il mêle à un thème d’Offenbach.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yelena Kuzmina, David Gutman, Pyotr Sobolevsky
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Remarques :
Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg ont fondé à Leningrad en 1921 le collectif d’avant-garde théâtral FEKS (La Fabrique de l’Acteur Excentrique) qui s’étendit rapidement au cinéma où il tint un rôle important. En 1921, ils avaient 16 et 19 ans.

Versions :
La version la plus complète est actuellement celle durant 1h33, restaurée en 2004 avec la musique de Chostakovitch. Il existe également une version de 1h15 (version allemande du début des années 80), version tronquée avec réintégration de chutes de montage, accompagnée d’une musique au piano.

8 février 2012

Electra Glide in Blue (1973) de James William Guercio

Titre français parfois utilisé : « Dérapage contrôlé »

Electra Glide in BlueMotard de la police routière de l’Arizona, John Wintergreen rêve de devenir détective. Quand un vieil homme se suicide dans une cabane isolée, il voit là l’occasion de se distinguer et déclare contre tous qu’il s’agit d’un meurtre. Un inspecteur de la Criminelle lui donne raison et le prend comme acolyte… Electra Glide in Blue est un film qui fut mal reçu à sa sortie, notamment à Cannes où il a été présenté. Il faut dire que le propos de James William Guercio, plus connu comme musicien et producteur (1), est un peu difficile à cerner : il renvoie dos à dos la communauté hippie, qu’il montre soit comme vivant dans la fange soit tirant de bons profits du trafic de drogue, et les policiers qu’il montre comme corrompus ou incapables. Ce type de propos désenchanté plaît beaucoup plus aujourd’hui et Electra Glide in Blue est aujourd’hui souvent considéré comme un film important montrant le déclin d’une certaine Amérique. Le fait qu’il ait été très peu exploité en France contribue à lui donner de l’attrait et un début de statut de film-culte… L’ensemble est toutefois confus et quelque peu décousu. Le fait qu’il s’amuse à retourner certaines situations de Easy Rider n’arrange pas les choses. En grand admirateur de John Ford, James William Guercio donne une atmosphère de western moderne à son film et tourne à Monument Valley. Il a parfaitement su contrecarrer son manque d’expérience en s’entourant de grands professionnels ce qui permet à la photographie d’être assez belle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert Blake, Billy Green Bush, Mitch Ryan, Jeannine Riley, Elisha Cook Jr.
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Remarques :
(1) James William Guercio fut guitariste, notamment avec Frank Zappa, puis producteur de Blood Sweat & Tears et du groupe Chicago. On retrouve d’ailleurs plusieurs membres de Chicago : Peter Cetera (Bob Zemko), Lee Loughnane (le hippie avec les cochons), Walter Parazaider (Loose Lips), Terry Kath (le tueur). A noter aussi, au sein de la communauté hippie, un figurant du nom de Nick Nolte.

7 février 2012

Aguirre, la colère de Dieu (1972) de Werner Herzog

Titre original : « Aguirre, der Zorn Gottes »

Aguirre, la colère de DieuAu XVIe siècle, en Amazonie, une expédition espagnole est à la recherche de l’Eldorado, pays qui d’après les légendes incas regorge d’or. L’un des officiers est Lope de Aguirre, un homme bien décidé à aller coûte que coûte au bout de sa mission… Aguirre, la colère de Dieu est le film qui a permis à un public assez large de découvrir le jeune réalisateur allemand Werner Herzog. Sans s’éloigner de la vérité historique (1), Herzog imagine, invente et crée une œuvre superbe empreinte d’exaltation et de poésie. Le personnage d’Aguirre, rebelle exalté proche de la folie, lui donne un formidable support pour créer une atmosphère presque irréelle où il place des images fortes : le cheval abandonné, le bateau jugé au sommet d’un arbre (image réelle ou hallucination ?), la colonne de l’expédition serpentant dans les Andes. Pour personnifier cette lente dérive vers l’extase, Klaus Kinski paraît l’acteur idéal, à tel point que l’acteur peut se confondre avec son personnage (2), incontestablement l’un de ses plus grands rôles au cinéma.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Klaus Kinski, Helena Rojo, Del Negro, Peter Berling, Cecilia Rivera
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Remarques :
* Toutes les versions, même l’allemande, sont post-synchronisées et cela se sent. Ce fut la version anglaise qui fut diffusée en France dans les années 70  en tant que version originale.
* Le tournage, entièrement en décors réels au Pérou, fut périlleux (ce qui explique la post-synchronisation). Werner Herzog a avoué avoir pris personnellement de grands risques. Par exemple, dans la scène des rapides, tous les techniciens et acteurs étaient attachés sauf Herzog et son premier assistant.

(1) Seule la fin s’éloigne de la vérité historique. Dans la réalité, Lope de Aguirre suit le fleuve Orénoque jusqu’au bout, atteignant ainsi l’Atlantique. Il s’attaque alors au Royaume d’Espagne en s’emparant de l’île Margarita au nord du Venezuela puis de la ville de Valencia, semant terreur et désolation. Il est tué peu après par l’armée royale espagnole.

2) Klaus Kinski a été difficile à diriger sur le tournage, l’acteur se rebellant contre le réalisateur. Après la sortie du film, Werner Herzog déclarera à son sujet : « La perfection qu’il atteint est totale et je pense que toute sa vie est dans ce film ».

Remake :
El Dorado de Carlos Saura (1988) avec Omero Antonutti et Lambert Wilson.

6 février 2012

Cinq pièces faciles (1970) de Bob Rafelson

Titre original : « Five Easy Pieces »

Cinq pièces facilesCinq pièces faciles est un film important du cinéma indépendant américain. Bob Rafelson nous montre un jeune trentenaire, issu d’une famille bourgeoise artiste, en rupture avec son milieu. Après avoir quitté le domicile familial, il a fait toutes sortes de métiers. Au début du film, on le voit au Texas, travaillant sur des puits de pétrole et vivant avec une jeune serveuse. Il va ensuite retourner chez lui après avoir appris que son père est très malade… Aujourd’hui Cinq pièces faciles est souvent décrit comme un film sur l’opposition de deux classes sociales mais il faut se replacer dans le contexte de l’époque : le propos est bien plus sur le refus d’une voie, d’un schéma pré-tracé et imposé la famille. Le personnage joué par Jack Nicholson n’a que faire de changer de classe sociale ou pas. Il ne sait pas d’ailleurs ce qu’il cherche ; il sait par contre ce qu’il refuse. Analyser sa position comme étant égoïste ou suffisante est faire fausse route. Il s’aperçoit simplement que tous ceux qu’il rencontre ne lui apportent pas de réponse, que ce soit son copain de chantier, sa petite amie bimbo, la lesbienne nihiliste ou encore les intellos amis de la famille. A noter que pour symboliser la rigidité du cadre familial, Bob Rafelson les affuble d’une infirmité : son père est paralysé et muet, le dialogue étant ainsi définitivement impossible, le frère violoniste a une minerve. Jack Nicholson donne au film toute sa force par son charisme, ses excès de hargne. Le scénario a été écrit pour lui. Easy Rider et Cinq pièces faciles sont les deux films qui ont vraiment révélé l’acteur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Karen Black, Susan Anspach, Billy Green Bush, Lois Smith
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5 février 2012

La poupée (1919) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Die Puppe »

Die Puppe(Film muet) Le baron de Chanterelle, dépourvu de descendance, désire marier son neveu mais celui-ci a peur des jeunes filles et se réfugie dans un monastère. Les moines lui conseillent d’aller voir un fabricant d’automates pour simuler un mariage et toucher la dot. Au moment de la livraison, l’apprenti casse l’automate et la fille du fabricant, qui a servi de modèle, prend la place de la poupée… L’histoire, totalement farfelue, est une variation ludique de L’Homme au Sable d’Hoffman. Le climat du film est celui d’un conte, presque d’une histoire pour enfant, avec des décors stylisés peints en trompe l’œil (les murs sont en carton, avec des objets peints). Cela donne des tableaux très amusants, comme ce fiacre tiré par deux chevaux qui sont des acteurs déguisés. Le début peut paraître un peu long à se mettre en place mais c’est avec l’apparition de la poupée, jouée par l’actrice fétiche de Lubitsch, Ossi Oswalda, que le film montre tout son humour et aussi son charme (car bien entendu, le film n’est pas dépourvu de petites connotations sexuelles). Le ton est aussi à la satire avec notamment ces moines assez pittoresques et les bourgeois cupides. Lubitsch illustre son rôle de mise en scène d’une façon amusante : dans un petit prologue, on le voit assembler par morceaux un petit décor en carton avant que de vrais personnages viennent y jouer. La Poupée est une comédie amusante des débuts d’Ernst Lubitsch en Allemagne.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ossi Oswalda, Hermann Thimig, Victor Janson, Max Kronert
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Homonyme :
La Poupée de Wojciech Has (1968)

4 février 2012

Bien faire et ne rien dire (1926) de Leo McCarey

Titre original : « Mum’s the word »

Mum's the Word(Court métrage muet de 24 minutes) Une femme qui vient se remarier cache à son nouveau mari qu’elle a un grand fils de trente ans. Lorsque celui-ci vient lui rendre une visite impromptue, elle le fait passer pour le nouveau valet de chambre… Réalisé par Leo Mc Carey, Mum’s the Word met en scène Charley Chase, cet excellent comique des années vingt, hélas un peu trop oublié aujourd’hui. La première partie avec notamment une scène de rasage plutôt acrobatique est assez classique mais la seconde est très réussie avec un humour assez subtil jouant avec un couloir et des passages incessants d’une chambre à l’autre. A noter également une variante amusante du gag du miroir de Max Linder (à l’époque, les Marx Brothers n’avaient pas encore tourné la leur) (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Virginia Pearson, Martha Sleeper, Anders Randolf
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Remarque :
En anglais, Mum’s the Word est une expression qui signifie « motus et bouche cousue ».

(1) Le gag du miroir, qui consiste à ce qu’un personnage mime exactement les gestes de l’autre pour lui faire croire qu’il est devant un miroir, est apparu pour la première fois à l’écran dans Sept ans de Malheur  (1921) de Max Linder (ce n’est pas lui qui l’a inventé toutefois, il semble que ce gag était apparu en premier à Broadway). Les Marx Brothers en feront une scène très célèbre de La Soupe aux canards (1933) qui sera également réalisé par Leo McCarey. Charley Chase l’avait précédemment tourné dans Sittin’ Pretty en 1924. Ici, la variante consiste à être derrière un rideau-store qui laisse passer les ombres chinoises. Le but est inversé : faire croire à quelqu’un que la personne qu’il a vu passer est en fait son ombre.

Mum's the word

3 février 2012

La poison (1951) de Sacha Guitry

La poisonDans un petit village de Normandie, Paul Braconnier ne peut plus supporter sa femme, alcoolique et odieuse qui le lui rend bien. Chacun projette de tuer l’autre… La poison est d’abord une petite merveille d’écriture : le scénario est simple, reposant une idée brillante et même plausible. Sacha Guitry a écrit là une superbe variation du crime parfait. C’est aussi une petite merveille d’interprétation : Michel Simon joue avec un naturel et une expressivité rare. Quand on sait que le film a été tourné en onze (oui, onze!) jours, Michel Simon ayant demandé à Guitry de faire le moins possible de deuxièmes prises(!), on n’en est que plus admiratif. Enfin, c’est aussi une petite merveille d’humour noir qui s’amplifie au fur et à mesure que le film avance et dont l’apothéose est le procès final, jubilatoire. Sacha Guitry profite de ce drame de la guerre conjugale pour régler ses comptes avec la justice (1). La poison a été refait par Jean Becker cinquante ans plus tard.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Jean Debucourt, Jacques Varennes, Jeanne Fusier-Gir, Pauline Carton, Louis de Funès
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(1) A la Libération, on a reproché à Sacha Guitry son attitude pendant la guerre, notamment d’avoir continué à tourner et d’avoir un bon train de vie. Il fut arrêté sur dénonciation anonyme, emprisonné puis relâché avec interdiction de tourner sans qu’il y ait d’accusations portées contre lui. Ce n’est qu’en 1947 qu’il fut blanchi mais beaucoup ont continué à lui manifester une certaine hostilité. La poison a par exemple été plutôt mal reçu par la critique de l’époque.

Remake :
Un crime au Paradis de Jean Becker (2000) avec Jacques Villeret et Josiane Balasko.

Ne pas confondre avec :
Le poison (The Lost Weekend) de Billy Wilder (1945) avec Ray Milland.
Poison de Todd Haynes (1991)