25 août 2013

La Chevauchée fantastique (1939) de John Ford

Titre original : « Stagecoach »

La chevauchée fantastiqueUne diligence part de la petite ville Tonto pour rallier Lordsburg. C’est une ligne régulière mais cette fois, le voyage est annoncé dangereux car Geronimo est sur le sentier de la guerre. A son bord prennent place sept personnes d’origines sociales très différentes… Dans le domaine du western, La Chevauchée fantastique est un tel modèle du genre qu’il est difficile d’imaginer à quel point qu’il était novateur à sa sortie. Avant lui, les westerns n’existaient en effet que sous forme de petites productions tournées rapidement (1). Le film de John Ford montre un degré de perfection encore jamais atteint dans le genre. Comme dans la nouvelle de Guy de Maupassant Boule de Suif dont elle est inspirée, l’histoire met un petit groupe de personnes représentatives de l’ensemble de la société dans une situation de danger. Les vraies natures se révèlent. C’est un microcosme non seulement de l’Ouest du XIXe siècle mais aussi de l’Amérique des années trente, l’Amérique de Roosevelt roulant vers une nouvelle prospérité (2). Tous ces personnages vont en tous cas devenir les figures classiques et incontournables du genre. La chevauchée fantastique Le déroulement est parfaitement maitrisé avec une montée graduelle de la tension pour aboutir sur une grande scène d’action. Il y a un beau contraste entre le huis clos des personnages et l’immensité majestueuse du décor. John Ford filme dans Monument Valley pour la première fois. C’est aussi la première fois que John Ford dirige John Wayne qui deviendra son acteur fétiche. La Chevauchée fantastique a servi de modèle à tant de films qu’il traverse le temps sans une ride.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Claire Trevor, John Wayne, Andy Devine, John Carradine, Thomas Mitchell, Louise Platt, George Bancroft, Donald Meek
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…

Remarques :
La chevauchée fantastique* John Ford n’avait pas tourné de westerns depuis treize ans. Avant La Chevauchée fantastique, son précédent western est Three Bad Men (1926, muet).

* Anecdote célèbre : Un journaliste demande à John Ford « Dans la poursuite, pourquoi les indiens ne tirent-ils pas tout simplement dans les chevaux ? » John Ford lui répond : « Parce que cela aurait été la fin du film ! ». Au delà de la boutade (et John Ford n’a jamais beaucoup aimé les interviews), il faut savoir que Ford s’était documenté et savait donc que les indiens répugnaient à tuer les chevaux qui avaient pour eux une grande valeur ; ils s’intéressaient généralement plus aux chevaux qu’aux biens des voyageurs.

* Orson Welles a qualifié La Chevauchée fantastique de parfait manuel de la réalisation de film et dit l’avoir visionné 40 fois durant le tournage de Citizen Kane.

 

La chevauchée fantastique(1) Quelques mois avant La Chevauchée fantastique, le film Jesse James d’Henry King est toutefois sorti sur les écrans. C’est aussi une grande production (de surcroit, en couleurs) mais, moins abouti, le film aura un impact bien moindre que le film de John Ford.

(2) Lors de la Grande Dépression, John Ford a été frappé par le fait que les chômeurs se retrouvent jetés à la rue sans l’avoir mérité. Sa sympathie pour les victimes de la société et des préjugés est manifeste dans La Chevauchée fantastique. Sa représentation du banquier (qui, certes, ne porte pas de jugement mais est en fait indifférent à tout sauf à son magot, il est comme étranger à la société) est également à replacer dans cette optique pour mieux la comprendre.

Remakes :
La Diligence vers l’Ouest (Stagecoach) de Gordon Douglas (1966) avec Bing Crosby et Ann-Margret, un remake bien inutile…
Stagecoach de Ted Post (TV, 1986) avec Willie Nelson, Johnny Cash, Waylon Jennings et Kris Kristofferson

8 février 2012

Electra Glide in Blue (1973) de James William Guercio

Titre français parfois utilisé : « Dérapage contrôlé »

Electra Glide in BlueMotard de la police routière de l’Arizona, John Wintergreen rêve de devenir détective. Quand un vieil homme se suicide dans une cabane isolée, il voit là l’occasion de se distinguer et déclare contre tous qu’il s’agit d’un meurtre. Un inspecteur de la Criminelle lui donne raison et le prend comme acolyte… Electra Glide in Blue est un film qui fut mal reçu à sa sortie, notamment à Cannes où il a été présenté. Il faut dire que le propos de James William Guercio, plus connu comme musicien et producteur (1), est un peu difficile à cerner : il renvoie dos à dos la communauté hippie, qu’il montre soit comme vivant dans la fange soit tirant de bons profits du trafic de drogue, et les policiers qu’il montre comme corrompus ou incapables. Ce type de propos désenchanté plaît beaucoup plus aujourd’hui et Electra Glide in Blue est aujourd’hui souvent considéré comme un film important montrant le déclin d’une certaine Amérique. Le fait qu’il ait été très peu exploité en France contribue à lui donner de l’attrait et un début de statut de film-culte… L’ensemble est toutefois confus et quelque peu décousu. Le fait qu’il s’amuse à retourner certaines situations de Easy Rider n’arrange pas les choses. En grand admirateur de John Ford, James William Guercio donne une atmosphère de western moderne à son film et tourne à Monument Valley. Il a parfaitement su contrecarrer son manque d’expérience en s’entourant de grands professionnels ce qui permet à la photographie d’être assez belle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert Blake, Billy Green Bush, Mitch Ryan, Jeannine Riley, Elisha Cook Jr.
Voir la fiche du film et la filmographie de James William Guercio sur le site IMDB.

Remarques :
(1) James William Guercio fut guitariste, notamment avec Frank Zappa, puis producteur de Blood Sweat & Tears et du groupe Chicago. On retrouve d’ailleurs plusieurs membres de Chicago : Peter Cetera (Bob Zemko), Lee Loughnane (le hippie avec les cochons), Walter Parazaider (Loose Lips), Terry Kath (le tueur). A noter aussi, au sein de la communauté hippie, un figurant du nom de Nick Nolte.