18 décembre 2016

Assassinats en tous genres (1969) de Basil Dearden

Titre original : « The Assassination Bureau limited »
Autre titre : « The Assassination Bureau »

Assassinats en tous genresAu tout début du XXe siècle, une jeune femme, ardente défenderesse de la cause féminine, désire devenir journaliste grâce à un scoop : enquêter sur une organisation criminelle spécialisée dans les crimes politiques qui a des agents dans plusieurs pays d’Europe. Elle contacte l’organisation pour lui faire une très étrange demande… Assassinats en tous genres est un film anglais basé sur un livre inachevé de Jack London. C’est une parodie de films d’espionnage et de complots avec une belle dose d’humour anglais de la meilleure veine. L’histoire, assez loufoque mais bien troussée, nous emmène dans plusieurs capitales européennes et joue avec l’Histoire : il y a un archiduc assassiné, une conférence de paix et Basil Dearden insère des images en noir et blanc pour faire croire à des images d’archives. Le rythme est enlevé et Basil Dearden confirme sa réputation de réalisateur soigneux. Diana Rigg, qui venait de terminer sa période Avengers, est particulièrement charmante en intrépide suffragette. L’ensemble se regarde avec plaisir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Oliver Reed, Diana Rigg, Telly Savalas, Curd Jürgens, Philippe Noiret
Voir la fiche du film et la filmographie de Basil Dearden sur le site IMDB.

Voir les autres films de Basil Dearden chroniqués sur ce blog…

Assassinats en tous genres
Oliver Reed et Diana Rigg dans Assassinats en tous genres de Basil Dearden.

Assassinats en tous genres
Telly Savalas et Curd Jürgens dans Assassinats en tous genres de Basil Dearden.

14 janvier 2015

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore

Titre original : « Nuovo Cinema Paradiso »

Cinéma ParadisoEn Sicile, juste après la guerre, un jeune enfant de choeur est fasciné par le projecteur de cinéma dans la salle paroissiale que manie Alfredo. Le curé d’alors imposait de couper les passages où les personnages s’embrassaient et tout autre passage litigieux avant de projeter les films devant une salle pleine à craquer… Ecrit et réalisé par Giuseppe Tornatore, Cinéma Paradiso nous fait revivre le pittoresque engouement pour le cinéma dans l’Italie rurale du milieu du XXe siècle. Si le film comporte indéniablement de bons moments (tous situés lors des projections où nous pouvons voir des extraits de films et leur impact sur le public), Tornatore reste dans la facilité, joue de façon insistante sur l’émotion et appuie ses effets. La seconde partie, consacrée aux amours du garçon devenu adolescent, est particulièrement inintéressante. Par ses côtés bon enfant et sa célébration du cinéma, Cinéma Paradiso a su plaire (j’avoue l’avoir moi-même beaucoup plus apprécié à sa sortie). Le film est d’ailleurs aussi médaillé qu’un général russe…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Salvatore Cascio, Jacques Perrin
Voir la fiche du film et la filmographie de Giuseppe Tornatore sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarques :
* Dans l’excellent Dictionnaire du cinéma italien, Olivier Maillart dit de Tornatore qu’il a « souvent une excellente idée de mise en scène par film, qu’il lui arrive de gâcher mais dont il faut savoir le créditer ». Dans Cinéma Paradiso, c’est incontestablement le montage de toutes les scènes coupées de baisers mises les unes à la suite des autres (qu’il gâche effectivement par un contrechamp sur Jacques Perrin la larme à l’oeil pour créer l’émotion…) Personnellement, j’ajouterais une seconde scène : celle où le film est projeté par reflet sur le mur de la maison d’en face dont l’occupant ouvre le volet et se retrouve ainsi dans l’image.
* Dans la version originale, Philippe Noiret est doublé en italien et, lui qui a l’une des plus belles voix du cinéma, se retrouve affublé d’une voix bien fluette (le film est une coproduction franco-italienne).
* Dans la première moitié des années cinquante, c’est l’Italie qui avait en Europe le plus grand nombre de salles de cinémas (17 000 en 1956).

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore
Le film projeté est (me semble t-il) I pompieri di Viggiù (Les pompiers chez les pin-up) de Mario Mattoli (1949) avec Totò et Nino Taranto à l’écran.

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore
Philippe Noiret et Salvatore Cascio dans Cinéma Paradiso.

17 février 2014

Clémentine chérie (1964) de Pierre Chevalier

Clémentine chérieL’usine que dirige Gaston Bellus a mis au point un nouveau tissu extensible révolutionnaire pour fabriquer des maillots de bains à taille unique qui, en outre, laissent passer les rayons du soleil… Clémentine chérie est inspiré des dessins humoristiques de Jean Bellus, ce célèbre illustrateur des années cinquante et soixante qui mettait en scène une famille française moyenne-supérieure. C’est aussi ici le cas dans cette histoire totalement farfelue. L’humour est bon enfant avec juste une petite pointe d’humour légèrement osé Bellus (pour l’époque du moins… on peut voir quelques jeunes femmes en petite tenue). L’humour est assez inégal mais il y a quelques bons dialogues et le meilleur vient de certains seconds rôles : parmi la brochette d’acteurs qui font une petite apparition, les plus savoureux sont certainement Michel Galabru en inventeur fou, Jacques Dufilho en bonne espagnole et Michel Serrault en huissier particulièrement consciencieux…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Doris, Adrienne Servantie, France Anglade, Philippe Noiret, Michel Galabru, Jacques Dufilho
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Autres acteurs connus dans les seconds rôles :
Jean Tissier, Michel Serrault, Mischa, Noël Roquevert, Francis Blanche, Jean Richard et même… Guy Lux. Le jeune rocker qui fait une apparition lors de la soirée est Dany Logan. La chanteuse du groupe de twist est l’italienne Rita Pavone.

Remarque :
Ne pas confondre ce film avec Caroline Chérie, ce film historique de Richard  Pottier (1951) qui propulsa Martine Carol au rang de star.

13 décembre 2013

Le crime ne paie pas (1962) de Gérard Oury

Le crime ne paie pasInspiré d’une bande dessinée publiée chaque jour dans le journal France Soir, Le crime ne paie pas est composé de quatre sketches se déroulant à des périodes différentes. Le point le plus original dans sa construction est que l’un des protagonistes de la quatrième histoire va voir les trois premières au cinéma… une variation amusante du concept du « film dans le film ». La première histoire est certainement la moins intéressante. La deuxième l’est déjà un peu plus, notamment grâce aux dialogues d’Henri Jeanson. Mais c’est avec les deux dernières que le film est plus remarquable car elles s’appuient sur un scénario joliment tourné où il est bien difficile de deviner ce qui va arriver. La liste des talents ayant participé à l’écriture et des acteurs au tournage est assez impressionnante et tous les rôles, grands et petits, sont parfaitement tenus. Le petit rôle amusant tenu par Louis de Funès aurait décidé Gérard Oury à se tourner vers la comédie et d’en faire son acteur fétiche… pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Edwige Feuillère, Annie Girardot, Michèle Morgan, Pierre Brasseur, Philippe Noiret, Jean Servais, Richard Todd, Louis de Funès
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Le crime ne paie pas est inspiré d’une bande dessinée de Paul Gordeaux.
Le scénario est écrit par Jean-Charles Tacchella et Gérard Oury.
Musique de Georges Delerue.
— 1er crime : « Le Masque » à Venise en 1457
Adaptation et dialogues de Jean Aurenche et Pierre Bost
d’après les chroniques italiennes de Stendhal.
— 2e crime : « L’Affaire Hughes » à Paris en 1885
Adaptation de René Wheeler et dialogues d’Henri Jeanson
— 3e crime : « L’Affaire Feynarou » en 1913
Adaptation de Boileau & Narcejac, dialogues de Jacques Sigurd
— 4e crime : « L’Homme de l’avenue » à Paris en 1960
Adaptation et dialogues de Frédéric Dard.

27 novembre 2013

Les grands ducs (1996) de Patrice Leconte

Les grands ducsTrois comédiens refusant de prendre leur retraite parviennent à se faire engager pour jouer dans une comédie de boulevard dont le producteur est au bord de la faillite. La troupe part en tournée en province… Il faut faire preuve de bonne volonté et laisser son côté « bon public » prendre le dessus pour apprécier au moins un peu Les grands ducs. Le scénario ne présentant aucune originalité, cette comédie de Patrice Leconte repose entièrement sur le trio formé par Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort qui ont tendance à jouer la surenchère et à se déchaîner en roue libre. Catherine Jacob interprète une star hystérique et charge également beaucoup la barque. Quant au personnage joué par Michel Blanc, il est préférable de ne pas en parler. Tout l’humour repose sur la démesure.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Jean Rochefort, Catherine Jacob, Michel Blanc, Clotilde Courau
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18 septembre 2013

Le Témoin (1978) de Jean-Pierre Mocky

Le témoinRobert Maurisson, un notable de Reims, fait venir son ami Antonio d’Italie pour restaurer les peintures d’une chapelle. Ce dernier va être, bien malgré lui, le témoin d’une affaire plutôt sordide… Adapté d’un roman d’Harrisson Jude, Le Témoin met en scène la grande bourgeoisie de province dans une histoire criminelle. L’esprit peut ainsi évoquer les films de Chabrol mais le style est ici plus brut. Mocky caricature légèrement, mais pour une fois sans excès, leurs moeurs dépravées et leur esprit de corps. La progression de l’histoire est bien contrôlée : si le ton est plutôt léger en début de film, la tension monte peu à peu et le malaise s’installe. Le film de Mocky est également un plaidoyer contre la peine de mort dont les conséquences brutales sont ici montrées assez sèchement. Noiret et Sordi sont tous deux remarquables, chacun étant, il est vrai, dans un rôle qui lui va comme un gant. En regardant Le Témoin aujourd’hui, on se demande bien pourquoi le film a été quelque peu éreinté par la critique à sa sortie. Il est maintenant considéré plus généralement (et à juste titre) comme faisant partie des meilleurs films de Jean-Pierre Mocky.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Philippe Noiret, Roland Dubillard, Paul Crauchet
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Remarque :
Initialement, c’est Jean Gabin qui devait jouer le rôle du témoin. Le décès de l’acteur a rendu ce projet impossible. Le film aurait certainement été très différent car, si Alberto Sordi sait donner l’impression d’être sous l’emprise de Noiret, on imagine difficilement ce type de relation avec Gabin.

Homonyme :
Le Témoin (Il testimone) de Pietro Germi (1946)

30 avril 2013

Thérèse Desqueyroux (1962) de Georges Franju

Thérèse DesqueyrouxAccusée d’avoir tenté d’empoisonner son mari Bernard Desqueyroux, Thérèse sort libre du tribunal : grâce au témoignage de son époux en sa faveur, elle a bénéficié d’un non-lieu. Sur le chemin du retour, elle repense à sa vie passée et prépare la confession qu’elle va lui faire pour restaurer la communication entre eux… Georges Franju a tenu à faire une adaptation fidèle du roman Thérèse Desqueyroux de François Mauriac (1). L’académicien a d’ailleurs grandement participé à l’écriture du scénario. Franju parvient ainsi à préserver l’esprit littéraire qui, par exemple, se sent nettement dans la qualité des textes de la voix-off de Thérèse et même dans les dialogues. L’histoire met en relief l’immobilisme de la bourgeoisie terrienne de province qui fera tout pour préserver les apparences et conserver l’honneur de la famille. La jeune femme est totalement seule dans ce monde. La réalisation est d’un très beau classicisme. L’interprétation d’Emmanuelle Riva, empreinte à la fois de force et de douceur, confirme qu’elle est bien l’une des plus grandes actrices du cinéma français. Face à elle, Philippe Noiret exprime de manière éclatante toute la médiocrité de son personnage. Ce Thérèse Desqueyroux de Georges Franju est une superbe adaptation littéraire.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Riva, Philippe Noiret, Edith Scob, Sami Frey
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Remake :
Thérèse Desqueyroux de Claude Miller (2012) avec Audrey Tautou

(1) Pour Thérèse Desqueyroux, roman sorti en 1927, François Mauriac s’est inspiré d’une affaire réelle très similaire et datant de 1905, celle d’Henriette Canaby.

20 juin 2012

L’étau (1969) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Topaz »

L'étauPendant les années soixante, un agent secret français enquête pour le compte des américains. D’après les révélations d’un transfuge passé à l’Ouest, les russes installeraient des missiles à Cuba… Contrairement à son habitude, Alfred Hitchcock accepte la proposition de tourner l’adaptation d’un roman de Léon Uris acheté à prix d’or par Universal. L’histoire est inspirée de faits réels, la présence d’une taupe communiste dans l’entourage du général De Gaulle (1). Malgré le gros budget alloué, L’étau est un film globalement assez décevant de la part d’Hitchcock. Assez platement mis en scène, il ne réserve pas vraiment de surprises. L’interprétation est elle aussi assez terne avec tout même une mention spéciale pour John Vernon qui montre une étonnante présence à l’écran en chef castriste. Hitchcock a tourné plusieurs fins (2).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Frederick Stafford, Dany Robin, John Vernon, Karin Dor, Michel Piccoli, Philippe Noiret
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Remarques :
Le film d’Hitchcock Topaz n’a aucun lien avec Topaze, le roman de Marcel Pagnol qui fut porté plusieurs fois à l’écran, dont deux fois par Pagnol lui-même.

(1) Le roman de Léon Uris fut d’ailleurs interdit en France par le général De Gaulle.
(2) La fin de Topaz initialement prévue par Hitchcock montrait un duel chevalesque au pistolet entre Devereaux et Jacques Granville, ce dernier se laissant tuer. Les publics-test américains ricanèrent. Donc Hitchcock l’aménagea en le faisant tuer par un tireur (russe) embusqué dans les tribunes. A nouveau, le public ricanait dans la salle… Hitchcock bricole alors la fin, bien plate, qui fut conservée. A noter que, n’ayant aucun plan de Michel Piccoli entrant chez lui, le réalisateur utilisa habilement une image de Noiret entrant chez Piccoli!
A noter qu’une troisième fin où Devereaux et Granville se saluent en prenant chacun un avion, l’un pour l’U.R.S.S., l’autre pour les U.S.A, fut également tournée.

14 mai 2012

La grande bouffe (1973) de Marco Ferreri

La grande bouffeUn cuisinier, un producteur de radio, un pilote de ligne et un juge se réunissent dans une villa bourgeoise pour, ce qu’ils appellent, un « week-end gastronomique »… La grande bouffe fait partie de ces films qui firent grand scandale à sa sortie. Cette fuite en avant vers la jouissance est une parabole sur notre société de consommation, société de l’abondance. Marco Ferreri a choisi la forme la plus provocante qui soit, montrant des scènes de sexe de façon très crue et directe (les quatre amis invitent trois prostituées et une institutrice) et surtout une perte totale des valeurs bourgeoises. Les personnages gardent le prénom des acteurs (par exemple le personnage joué par Michel Piccoli s’appelle Michel) ce qui accentue le réalisme et la force du propos. Bien entendu, le propos est toujours actuel puisque cette société de consommation, ici dénoncée, est la nôtre aujourd’hui. La recherche de la simple jouissance et de l’abondance mène-t-elle inéluctablement vers la mort ?
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Michel Piccoli, Philippe Noiret, Ugo Tognazzi, Andréa Ferréol
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Remarques :
* Le vieux gardien de la maison est interprété par Henri Piccoli, le père de Michel Piccoli. Sa fille dans le film est Cordelia Piccoli, sa fille dans la vraie vie.
* Les dialogues sont signés par Francis Blanche.
* A noter, une belle parodie de Marlon Brando par Ugo Tognazzi (le film Le Parrain était sorti peu avant) et Mastroianni parodie un certain leader d’extrême-droite français (qui venait de fonder le FN) lorsqu’il se met un slip sur l’oeil en guise de bandeau.