24 octobre 2016

Les Belles Années de Miss Brodie (1969) de Ronald Neame

Titre original : « The Prime of Miss Jean Brodie »

Les belles années de Miss BrodieEdimbourg, 1932. Jean Brodie est une enseignante dont les méthodes déconcertent la directrice. Célibataire, mais se considérant dans ses plus belles années, elle se dévoue entièrement à son enseignement. Elle initie ses élèves au culte du beau, veut leur apprendre à s’élever et s’attache profondément à certaines d’entre elles qu’elle appelle les « Brodie girls »… Adapté d’une pièce de Jay Preston Allen basée sur un roman de Muriel Spark, Les Belles Années de Miss Brodie nous plonge dans le monde de l’enseignement britannique. Le début, qui nous fait prendre en sympathie cette enseignante originale, nous laisse prévoir une classique confrontation méthodes modernes contre anciennes mais il n’en est rien. L’histoire évolue très subtilement et va nous faire voir la situation d’un oeil tout autre. En fait, le sujet n’est pas une réflexion sur la méthode mais plutôt sur l’enseignement en général, sur la responsabilité morale de l’enseignant face à la malléabilité de l’esprit des élèves. Accessoirement, il y a aussi toute une réflexion sur la notion d’idéal, dont la recherche pousse Miss Brodie jusqu’aux extrêmes : elle admire Mussolini et Franco, non pour leur politique mais pour l’idée d’idéal qu’ils semblent incarner à ses yeux. Plutôt plate, la mise en scène de Ronald Neame n’a rien de remarquable si ce n’est qu’il parvient parfaitement à gommer l’origine théâtrale du scénario. En revanche, la prestation de Maggie Smith est absolument exceptionnelle, elle parvient à restituer toute la richesse et la complexité de son personnage, avec une juste distance émotionnelle et aussi beaucoup de charme. L’actrice fut récompensée par un Oscar qui semble bien mérité. Comme si souvent dans les films anglais, tous les rôles sont très bien tenus.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maggie Smith, Robert Stephens, Pamela Franklin, Gordon Jackson
Voir la fiche du film et la filmographie de Ronald Neame sur le site IMDB.

Remarques :
* Sur scène, c’est Vanessa Redgrave qui incarnait Miss Brodie.
* La pièce fut également adaptée à la télévision (écossaise) en 1978 avec Geraldine McEwan dans le rôle principal.
* Pamela Franklin (18 ans au moment du tournage), qui interprète Sandy avec tant de présence, était loin d’être une débutante. C’est son neuvième film. Son premier rôle était d’incarner l’un des deux enfants de dix ans dans Les Innocents (1961) de Jack Clayton.
* Les pupitres des écolières durent être surélevés pour qu’elles paraissent plus jeunes. Les actrices étaient en effet âgées de 18 ans et plus, l’une d’entre elles était même déjà mère de famille.

Les Belles Années de Miss Brodie
Maggie Smith dans Les belles années de Miss Brodie de Ronald Neame.

Les Belles Années de Miss Brodie
Maggie Smith dans Les belles années de Miss Brodie de Ronald Neame.

Brodie girls
Les 4 Brodie girls : Pamela Franklin, Diane Grayson, Shirley Steedman et Jane Carr dans Les belles années de Miss Brodie de Ronald Neame.

20 septembre 2013

La Vie privée de Sherlock Holmes (1970) de Billy Wilder

Titre original : « The Private Life of Sherlock Holmes »

La vie privée de Sherlock HolmesCinquante ans après la mort du Docteur Watson, certains de ses documents restés secrets sont dévoilés. Ils promettent de nous faire connaitre la vraie nature de Sherlock Holmes. Nous les suivons dans deux aventures… Face à l’échec commercial de ses deux derniers films (1) et au puritanisme de la critique américaine, Billy Wilder décide de tourner son film suivant en Europe. Avec La Vie privée de Sherlock Holmes, il s’attaque à un mythe très britannique. Toutefois, en grand amateur des écrits de Conan Doyle, il retourne le mythe de Sherlock Holmes mais ne le détruit pas. Certes, le détective est devenu prisonnier de son image publique par la popularité des récits du Docteur Watson, certes il est trop souvent dominé par les évènements, mais le personnage est suffisamment humain et humaniste pour rester attachant. Largement amputé par les studios (sur les quatre aventures, seules deux seront conservées dans la version commercialisée), le film n’en est pas moins remarquable, d’une mise en scène parfaite de simplicité et d’une réalisation sans faille. L’humour est toujours présent, souvent en petites touches, parfois plus truculent (comme cette scène où Watson se retrouve à danser avec des danseurs russes au lieu de danseuses !) Les parties coupées semblent hélas être perdues à jamais. On se prend à rêver qu’elles puissent être un jour retrouvées afin de voir, enfin, la version complète de La Vie privée de Sherlock Holmes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Stephens, Colin Blakely, Geneviève Page, Christopher Lee
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site IMDB.

Voir les autres films de Billy Wilder chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* La première aventure coupée prenait place dans un bateau qui ramenait Holmes et Watson d’Istanbul où ils avaient enquêté dans un harem. Fatigué, Holmes laissait Watson résoudre le cas de la mort étrange de jeunes mariés à sa place, Watson endossant l’habit de Holmes.
* La seconde aventure coupée concernait le cas étrange d’un chinois retrouvé mort dans une pièce où tous les meubles étaient cloués au plafond. Cette affaire était en réalité montée de toutes pièces par Watson pour tenter d’éloigner son ami de la drogue.
* Une scène coupée importante expliquait pourquoi Holmes était si mal à l’aise avec les femmes. Pendant dans la partie écossaise, un flashback nous montrait comment le jeune étudiant Holmes avait été écoeuré de voir que la fille dont il était secrètement amoureux avait accepté d’être l’enjeu d’une tombola.

(1) Embrasse-moi idiot (Kiss Me Stupid, 1964) et La grande combine (The Fortune Cookie, 1966)