6 octobre 2019

Dilili à Paris (2018) de Michel Ocelot

Dilili à ParisParis 1900. Dilili, une petite fille française kanake, se lie d’amitié avec le jeune livreur Orel alors que Paris est secoué par une vague d’enlèvements de fillettes par une organisation secrète, les Mâles-Maîtres. Les deux amis mènent leur enquête qui va leur faire rencontrer beaucoup de gens…
Ce nouveau dessin animé de Michel Ocelot nous plonge dans le Paris de la Belle Époque avec une histoire délicieuse, esthétiquement très belle. Le style du dessin est toujours proche de la ligne claire mais le cinéaste utilise ici un nouvel effet qui consiste à incruster ses personnages dans des photographies retouchées de lieux. Cette intégration est vraiment très réussie car elle ne se détecte pas au premier coup d’œil, il n’y a aucun hiatus entre les deux styles. L’Art Nouveau est ainsi joliment mis en valeur, tout comme les artistes de cette période foisonnante. L’histoire fustige le racisme et la soumission de la femme ; en revanche, elle prône la tolérance et l’ouverture d’esprit. Ce conte pour petits et grands est un vrai régal, rafraichissant et esthétique. (À partir de 6 ans)
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Prunelle Charles-Ambron, Enzo Ratsito, Natalie Dessay
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Dilili à Paris

Dilili à ParisDilili à Paris de Michel Ocelot.

Remarques :
* Dilili rencontre de nombreuses personnalités de la Belle Époque : l’actrice Sarah Bernhardt, la scientifique Marie Curie, les peintres Henri de Toulouse-Lautrec, Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, Claude Monet, Le Douanier Rousseau et Auguste Renoir, le scientifique Louis Pasteur, l’ingénieur Gustave Eiffel, les compositeurs Erik Satie et Claude Debussy, la femme politique Louise Michel (qui a été son institutrice), la cantatrice Emma Calvé (qui l’aide dans son enquête), la romancière Colette, les écrivains Aristide Bruand et Marcel Proust, l’artiste clown de cirque Chocolat, l’aviateur Alberto Santos-Dumont, les illusionnistes Auguste et Louis Lumière, le militaire Ferdinand Von Zeppelin, et les sculpteurs Auguste Rodin et Camille Claudel.

* La cantatrice Natalie Dessay prête sa voix au personnage de la cantatrice Emma Calvé.

Dilili à Paris

Dilili à ParisDilili à Paris de Michel Ocelot.

22 septembre 2012

Le troisième homme (1949) de Carol Reed

Titre original : « The third man »

Le troisième hommePeu après la fin de la guerre, l’écrivain de romans populaires Holly Martins arrive à Vienne sans un sou en poche pour retrouver son ami Harry Lime qui lui a promis un emploi. Il apprend que son ami vient juste d’être tué dans un accident. Les circonstances de sa mort lui paraissent bien obscures… Adaptation d’un roman de Graham Greene, Le troisième homme a connu un grand succès populaire et cinéphilique : c’est l’un des films les plus célèbres de l’histoire du cinéma et certainement le film anglais le plus connu. Ce succès, il le doit à son atmosphère si particulière, pleine de mystère avec ses scènes nocturnes et ses coins sombres, beaucoup de scènes ayant été tournées sur place dans la Vienne à demi-dévastée. Il le doit aussi et surtout à la musique jouée la cithare d’Anton Karas qui eut un succès immense à l’époque, devenant ainsi un grand atout publicitaire pour le film ; elle reste aujourd’hui l’une des musiques de film les plus connues. Auprès des cinéphiles, l’aura du Troisième homme fut encore plus forte à la suite de rumeurs liées à la présence d’Orson Welles : l’acteur/réalisateur aurait, disait-on, fortement influencé le tournage et même modelé le scénario, le style général du film et la présence de Joseph Cotten appuyant ces croyances. En réalité, l’action d’Orson Welles est limitée à quelques répliques, dont sa fameuse sur le coucou suisse(1), et l’idée du plan des doigts à travers la grille. Le troisième homme montre des influences diverses, reprend certains des codes du film noir, évoque beaucoup les films d’Hitchcock dans sa période anglaise. Carol Reed fait ici un usage assez immodéré du Dutch angle(2). Même si sa réputation peut paraître excessive, Le troisième homme est un très bon film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Cotten, Alida Valli, Orson Welles, Trevor Howard
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Remarque :
Le troisième homme est produit par Alexandre Korda et David O. Selznick. Ce sera la seule collaboration entre ces deux grands producteurs. Carol Reed est également coproducteur.

(1) Pour justifier ses actes odieux, Harry Lime (Orson Welles) a cette formule restée célèbre : « En Italie, pendant trente ans sous les Borgia, ils ont eu guerre, terreur, meurtres et massacres mais cette période a produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu cinq cent ans d’amour fraternel, de démocratie et de paix et qu’ont-ils produit ? Le coucou ! »
Dans ses entretiens avec Bogdanovitch, Orson Welles raconte qu’à la sortie du film, des suisses lui ont gentiment fait remarquer que le coucou n’avait pas été inventé en Suisse mais en Bavière.
On pourrait aussi lui faire remarquer qu’à l’époque de la Renaissance, l’armée suisse était l’une des plus redoutables et redoutées d’Europe (il suffit de lire Machiavel qui mentionne souvent son efficacité dans L’art de la guerre).

(2) Le terme Dutch angle (ou Dutch tilt ou German angle) désigne la technique qui consiste à pencher légèrement la caméra sur le côté pour faire un cadrage oblique et créer ainsi un sentiment d’insécurité, de léger malaise (en français, plan hollandais peut être parfois utilisé, ou même cadrage oblique).