4 septembre 2023

ADN (2020) de Maïwenn

ADNNeige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à Émir, son grand-père algérien qui vit désormais en maison de retraite. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et surtout protégée de la toxicité de ses parents. La mort de ce grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige…
ADN est un film français réalisé par Maïwenn. Elle en a coécrit le scénario avec Matthieu Demy (fils d’Agnès Varda). Le réalisatrice précise que le personnage principal lui ressemble mais que le film n’est pas autobiographique. D’un sujet que l’on peut trouver à priori peu affriolant, Maïween a réussi à construire un récit très relevé, plein de vie et même d’humour, tout en conservant une indéniable profondeur. Son film a bien le défaut d’être centré sur elle-même mais elle parvient à nous faire comprendre, au moins partiellement, son besoin de renouer avec ses origines. Et elle le fait avec un indéniable talent.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maïwenn, Fanny Ardant, Louis Garrel, Dylan Robert, Marine Vacth, Henri-Noël Tabary
Voir la fiche du film et la filmographie de Maïwenn sur le site IMDB.
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Caroline Chaniolleau, Fanny Ardant, Louis Garrel et Maïwenn dans ADN de Maïwenn.
(debout : Henri-Noël Tabary et Fu’ad Aït Aattou)

24 octobre 2017

Le soleil brille pour tout le monde (1953) de John Ford

Titre original : « The Sun Shines Bright »

Le Soleil brille pour tout le mondeDébut du XXe siècle. Dans une petite bourgade du Kentucky, le juge Priest prépare sa candidature à sa réélection qui s’annonce délicate : il est accusé d’être alcoolique et s’oppose à la justice expéditive envers les noirs… Plutôt qu’un remake de Judge Priest (1934), Le soleil brille pour tout le monde est plutôt une suite car il en reprend le personnage central (et quelques personnages secondaires) pour les placer dans des situations différentes. John Ford a déclaré dans une interview que c’était son film préféré, ce que l’on peut comprendre car, plus que tout autre, il exprime l’idéologie et les aspirations du réalisateur. Il y a beaucoup d’humanisme dans cette histoire, le juge Priest/John Ford prend la défense de ceux qui vivent dans l’opprobre (les noirs, les prostituées). Cet humanisme peut paraître idéaliste et même naïf : il suffit d’entonner Dixie pour réconcilier tout le monde (!) On peut en tous cas regretter qu’il repose sur une nostalgie des temps anciens, d’un ordre social quasi militaire (cf. le final), et si le juge prend la défense des noirs, ceux-ci restent « à leur place » : des serviteurs, à l’intelligence nettement limitée. Certes, mais cet humanisme doublé d’un espoir de réconciliation est toutefois bienvenu dans une époque où les accusations tombent (nous sommes alors en plein maccarthysme). Le film est remarquable dans sa construction car il n’y a pas moins de quatre histoires enchevêtrées. L’utilisation du son est tout autant remarquable. Contrairement à Judge Priest, Le soleil brille pour tout le monde sera un échec commercial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Winninger, Arleen Whelan, John Russell, Stepin Fetchit, Russell Simpson, Francis Ford, Slim Pickens
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Remarques :
* Le titre reprend les premières paroles de la chanson anti-esclavagiste My Old Kentucky Home composée par Stephen Forster en 1852.
* Herbert J. Yates, patron de Republic Pictures, a coupé environ dix minutes de la version commerciale américaine sans l’assentiment de John Ford, qui avait pourtant par contrat la décision finale sur le montage. Ces dix minutes sont réapparues depuis.
* John Ford enfreint la fameuse règle des 180° à deux reprises : lorsque Lucy Lee remarque le portrait et lors de la procession funèbre.

Le soleil brille pour tout le monde
Stepin Fetchit et Charles Winninger dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford.

le soleil brille pour tout le monde
Charles Winninger et Russell Simpson dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford.

Le soleil brille pour tout le monde
Slim Pickens et Francis Ford dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford. C’est le dernier film du frère ainé de John Ford, il décèdera quelques mois plus tard.

26 septembre 2017

Trois enterrements (2005) de Tommy Lee Jones

Titre original : « The Three Burials of Melquiades Estrada »

Trois enterrementsAu Texas, près de la frontière mexicaine, le vaquero Melquiades Estrada est tué par erreur par un jeune garde-frontière plutôt tête brulée. Son contremaître et ami n’accepte pas qu’il soit enterré rapidement sans aucune enquête, d’autant plus qu’il lui avait fait une promesse… Sur un scénario écrit par Guillermo Arriaga (scénariste de plusieurs films d’Iñárritu), ce premier long métrage du comédien Tommy Lee Jones ne manque pas d’intérêt. A la fois western moderne et fable humaniste, il prend place dans une région que l’acteur connaît bien : il y est né et y possède un ranch où certaines scènes du film ont été tournées. Il campe un personnage qui n’est pas sans rappeler ceux que personnifiait Clint Eastwood, c’est-à-dire un personnage avec de grandes valeurs morales, un grand sens de l’amitié et de la parole donnée. Son film démontre comment, dans ces régions qui paraissent si peu favorisées par la nature, ces valeurs humaines deviennent primordiales. Il souligne la différence de mentalités avec « ceux du nord » (le nord étant pris dans un sens très large, soit tout ce qui est au-dessus de la moitié sud du Texas). Débutant avec une construction habile en flashbacks, le déroulement devient ensuite plus linéaire dans un long cheminement. La belle photographie et l’excellente musique génèrent un certain envoutement. Un film d’une belle puissance.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tommy Lee Jones, Barry Pepper, Julio Cesar Cedillo, Dwight Yoakam, January Jones, Melissa Leo
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Remarques :
* Tout le film (y compris la partie mexicaine) a été tourné dans le sud du Texas, notamment dans le Big Bend National Park qui jouxte la frontière mexicaine. La ville de Van Horn se situe à environ 40 kms de la frontière, non loin de El Paso, la ville la plus à l’ouest du Texas.
* Prix du meilleur acteur pour Tommy Lee Jones et Prix du meilleur scénario pour Guillermo Arriaga au Festival de Cannes 2005.

Trois enterrements
Barry Pepper et Tommy Lee Jones dans Trois enterrements de Tommy Lee Jones.

Levon Helm - Trois enterrements
Nota : Le vieil homme aveugle est interprété par Levon Helm, bien connu pour avoir été le batteur (et chanteur) du groupe The Band. A gauche, Levon Holm dans Trois enterrements de Tommy Lee Jones. A droite, Levon Helm dans les années soixante-dix. Levon Helm est certainement vieilli par maquillage puisqu’il n’avait que 65 ans au moment du tournage. Le musicien est décédé en 2012. 

25 août 2017

4 mariages et 1 enterrement (1994) de Mike Newell

Titre original : « Four Weddings and a Funeral »

4 mariages et 1 enterrementCharles assiste aux mariages de ses amis tout en se désespérant de ne pas trouver l’âme-sœur… Ecrite par Richard Curtis et réalisée avec peu de moyens par Mike Newell, cette amusante comédie fut un succès planétaire inattendu. Elle doit ce succès à son ton, léger et plein de fraîcheur, et à la présence de Hugh Grant qui devint le symbole de la séduction élégante et du flegme britannique. L’acteur sera ensuite enfermé dans ce type de rôles. Les seconds rôles (essentiellement masculins) sont également très bien dosés et bien tenus : tous ces personnages forment un assemblage hétéroclite qui contribue à la singularité de l’ensemble. Le film porte bien son titre puisque nous assistons vraiment à quatre mariages et à un enterrement : nous ne savons pas si les personnages vivent entre ces évènements… Le film fait une apologie amusante du coup de foudre. Même s’il paraît encore plus anecdotique avec le recul, le film reste léger et plaisant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Hugh Grant, Andie MacDowell, James Fleet, Simon Callow, John Hannah, Kristin Scott Thomas, Charlotte Coleman
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4 mariages et un enterrement
Kristin Scott Thomas et Hugh Grant dans 4 mariages et 1 enterrement de Mike Newell.

30 mars 2017

La Chambre ardente (1962) de Julien Duvivier

Titre original : « La chambre ardente »

La Chambre ardenteHistorien, Michel Boissard est invité avec sa femme, Marie, descendante de la marquise de Brinvilliers, célèbre empoisonneuse, dans le château de Mathias Desgrez, descendant du dernier amant de la marquise qui la dénonça. Au château viennent aussi les deux neveux, Marc et Stéphane Desgrez, qui attendent impatiemment l’héritage… La chambre ardente est adaptée d’un roman policier de John Dickson Carr. Il fait partie des derniers films de Julien Duvivier qui en a écrit le scénario avec Charles Spaak, l’un des plus grands scénaristes du cinéma français (1). A l’intrigue policière viennent se mêler l’insolite et la dérision, formant un cocktail très réussi. L’atmosphère est à la fois troublante et amusante. L’interprétation est tout en contrastes subtils : au virevoltant Claude Rich et au facétieux Claude Piéplu font face la diaphane Edith Scob ou l’intense Nadja Tiller. Tous les rôles sont très bien tenus, à deux exceptions près : Jean-Claude Brialy et Walter Giller, tous deux étonnamment très mauvais. Méprisé à sa sortie par la Nouvelle Vague, La chambre ardente reste un film plutôt sous-estimé aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nadja Tiller, Jean-Claude Brialy, Claude Rich, Perrette Pradier, Edith Scob, Claude Piéplu
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La Chambre ardente
Jean-Claude Brialy, Claude Piéplu et Claude Rich dans La Chambre ardente de Julien Duvivier.

La Chambre ardente
Nadja Tiller et Perette Pradier (Héléna Manson à l’arrière-plan) dans la scène de l’enterrement vraiment peu banal de La Chambre ardente de Julien Duvivier.

Remarque :
* La chambre ardente est le nom donné dès le XVIe siècle à un tribunal extraordinaire pour juger des crimes concernant l’Etat. C’est elle qui jugea la marquise de Brinvilliers sous Louis XIV dans la célèbre Affaire des poisons (1676). Ses audiences se tenaient dans une pièce tendue de noir et éclairée par des torches ou des bougies, d’où son nom.

(1) On serait tenté d’écrire « l’un des plus grands scénaristes français » mais Charles Spaak est belge… Il a débuté aux côtés de Jacques Feyder à la fin des années 20 et la liste de ses contributions est bien longue, citons seulement La Grande Illusion de Jean Renoir. Sa première collaboration avec Duvivier date de 1936 (La Belle Equipe).

21 novembre 2015

Le Temps de l’aventure (2013) de Jérôme Bonnell

Le Temps de l'aventureDans le train qui l’emmène de Calais à Paris pour une audition, Alix croise le regard d’un inconnu visiblement triste. A l’arrivée, ils échangent quelques mots : c’est un anglais, il lui demande le meilleur chemin pour aller à la Basilique Sainte Clotilde. Après son audition, elle sent une irrésistible envie de le revoir… Cinquième long métrage de Jérôme Bonnell, Le temps de l’aventure est un film assez délicat qui nous fait partager les incertitudes sentimentales d’une jeune quarantenaire qui a par ailleurs une relation informelle depuis huit ans. Emmanuelle Devos donne une interprétation très sensible de cette femme : à la fois gauche, vulnérable et émouvante, elle sait donner une belle profondeur à son personnage. Face à elle, David Byrne montre une retenue très britannique qui laisse toutefois transparaître une belle sensibilité. Le déroulement du scénario n’est pas aussi parfait : on peut lui reprocher un certain étirement et, surtout, de ne dévoiler un point important, qui apporte une belle profondeur, qu’au deux-tiers du film. Mais cela n’empêche pas Le temps de l’aventure d’être un film réussi.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Devos, Gabriel Byrne
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Le temps de l'aventure
Gabriel Byrne et Emmanuelle Devos dans Le Temps de l’aventure de Jérôme Bonnell.

7 septembre 2014

Les Anges sauvages (1966) de Roger Corman

Titre original : « The Wild Angels »

Les anges sauvagesA Los Angeles, Heavenly Blues (Peter Fonda) est le chef d’un gang de motards qui se nomment les Wild Angels. Ils partent en virée pour retrouver une de leurs motos volées. Une poursuite s’engage avec la police et un des leurs est gravement blessé…
Maitre de la série B, Roger Corman aborde ici le thème des mauvais garçons et des bandes à motos de style Hells Angels. Il nous les montre de façon brute, sans les caricaturer ni les juger, avec leur colifichets nazis et leurs aspirations confuses. Ils recherchent essentiellement une sensation de liberté et refusent toutes les règles ce qui leur permet de donner libre cours à une violence assez sauvage. Roger Corman réussit bien la première moitié de son film mais sombre ensuite dans de longues scènes de beuveries sans intérêt. On remarque la présence de Nancy Sinatra, juste à l’époque de la sortie du futur tube planétaire These Boots Are Made for Walkin’. Mais c’est bien entendu l’image de Peter Fonda sur sa Harley Davidson qui est la plus frappante, trois ans avant Easy Rider où il réincarnera de nouveau cette soif de liberté, dans un esprit fort différent toutefois.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Peter Fonda, Nancy Sinatra, Bruce Dern
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Les Anges sauvages (The Wild Angels)Peter Fonda, Nancy Sinatra, Buck Taylor, Gayle Hunnicutt, Marc Cavell et Bruce Dern (casque blanc)
dans Les Anges sauvages (The Wild Angels) de Roger Corman.

Les Anges sauvages (The Wild Angels)Roger Corman, Peter Fonda et Peter Bogdanovich (assistant-réalisateur non crédité)
sur le tournage de Les Anges sauvages (The Wild Angels) de Roger Corman.

19 décembre 2012

Niki et Flo (2003) de Lucian Pintilie

Titre original : « Niki Ardelean, colonel în rezerva »

Niki et FloNiki et Flo sont voisins, leurs enfants se sont mariés ensemble mais tout les sépare : Niki est un colonel à la retraite qui regrette le passé et Flo est un matérialiste moderne, donneur de leçons… L’humour noir de Lucian Pintilié est bien présent dans Niki et Flo où le réalisateur s’amuse à retourner les situations : c’est le libéral fêtard qui se révèle être un tortionnaire moral, l’ancien colonel étant sa victime. Pintilié charge beaucoup ses personnages et force le trait, le film forme un ensemble assez long dont il est difficile de voir la finalité.
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Victor Rebengiuc, Razvan Vasilescu
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9 mai 2012

Souvenirs perdus (1950) de Christian-Jaque

Souvenirs perdusAux Objets trouvés, on rencontre des objets très inattendus. C’est l’histoire de quatre d’entre eux qui nous est ici contée… Souvenirs perdus est un film à sketches, conçu pour avoir à son affiche un grand nombre d’acteurs connus. Adaptées par Christian-Jaque et Jacques Companéez, ces quatre histoires n’ont pas vraiment de lien entre elles : deux jouent la carte de l’humour, les deux autres sont plus mélancoliques. Le film souffre des défauts du genre et paraît superficiel. L’objet à la source de chaque histoire n’a souvent qu’un rôle négligeable. L’histoire avec Gérard Philipe est certainement la plus originale et la plus forte mais, au final, pêche par sa brièveté. La dernière, écrite par Prévert, est la plus amusante avec un jeune Yves Montand terriblement charmeur. Souvenirs perdus nous laisse hélas sur notre faim.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bernard Blier, Pierre Brasseur, Suzy Delair, Danièle Delorme, Edwige Feuillère, Yves Montand, François Périer, Gérard Philipe, Armand Bernard, Gilberte Géniat
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Les sketches :
1. Une statuette d’Osiris
écrit par Jacques Prévert
avec Pierre Brasseur et Edwige Feuillère
Deux anciens amants se rencontrent un soir de Noël, chacun faisant croire à l’autre qu’il mène une belle vie…
2. La couronne mortuaire
écrit par Henry Jeanson et Pierre Véry
avec Suzy Delair, François Périer et Armand Bernard
Alors qu’il doit se rendre à l’enterrement de son oncle, un coureur de jupons reçoit la visite inattendue d’une de ses anciennes conquêtes. Son majordome lui fait croire que c’est lui qui est mort…
3. Une cravate de fourrure
écrit par Henry Jeanson et Pierre Véry
avec Danièle Delorme et Gérard Philipe
Un homme désespéré tue pour se venger d’une sombre histoire familiale. Il rencontre une jeune fille sur le point de ses suicider…
4. Le violon
écrit par Jacques Prévert et Pierre Prévert
avec Bernard Blier, Yves Montand et Gilberte Géniat
Amoureux de l’épicière, un agent de police feint de s’intéresser aux talents de violoniste de son jeune garçon…