3 avril 2014

Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2011) de David Fincher

Titre original : « The Girl with the Dragon Tattoo »

Millénium: Les hommes qui n'aimaient pas les femmesAffaibli par une affaire où il est accusé de diffamation, un journaliste est contacté par un riche industriel pour faire une enquête sur la disparition de sa nièce vingt cinq auparavant. Il pense qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille… Le roman de Stieg Larsson, Millenium, véritable phénomène planétaire avec ses 65 millions d’exemplaires vendus, avait déjà été adapté à l’écran par le suédois Niels Arden Oplev en 2009 avant cette version américaine. David Fincher est un cinéaste assez difficile à cerner mais l’on pouvait craindre que le réalisateur multiplie les effets et appuie sur les aspects les plus sordides de l’histoire, mais il n’en est rien. Il est parvenu à trouver un bel équilibre en restant très proche du roman et à bien restituer cette ambiance nordique si particulière sans affaiblir la critique sociale sous-jacente et la présence d’un certain fascisme malsain. L’image est assez belle avec ses couleurs désaturées, la caméra est fluide, le rythme est rapide. Voilà donc un bon thriller qui repose, il est vrai, sur un excellent scénario.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Craig, Rooney Mara, Christopher Plummer, Stellan Skarsgård
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Autre adaptation :
Millénium de Niels Arden Oplev (2009) avec Michael Nyqvist et Noomi Rapace.

28 mars 2014

Citizen Kane (1941) de Orson Welles

Citizen KaneLe magnat de la presse Charles Foster Kane vient de mourir. Un journaliste enquête sur sa vie pour découvrir le sens de ses dernières paroles : « Rosebud »… Toujours cité parmi les plus grands films de toute l’histoire du cinéma, Citizen Kane est probablement, avec Naissance d’une Nation de Griffith, celui qui a eu le plus d’influence sur les autres réalisateurs. Véritable condensé de créativité, Citizen Kane fait suite à une décennie, celle des années trente, où le cinéma hollywoodien s’est fortement normalisé. Grâce au succès de son émission radiophonique La Guerre des Mondes, une adaptation du roman H.G. Wells tellement bien mise en scène qu’elle jeta la panique dans une partie de l’Amérique, le jeune Orson Welles va bénéficier, à 25 ans et pour son premier film, de ce dont tout réalisateur rêve sans jamais l’obtenir : une carte blanche totale. Entièrement libre, il va bousculer toutes les règles. Il sait toutefois s’entourer de quelques professionnels aguerris, notamment Herman J. Mankiewicz (le frère aîné de Joseph L. Mankiewicz) à l’écriture du scénario et Gregg Toland, talentueux directeur de la photographie.

La construction est totalement inhabituelle : non seulement tout le film est un flashback (1) mais en plus les dix premières minutes nous donnent en quelque sorte le sommaire du film qui se construit ensuite autour de cinq récits précis de la part de cinq personnes différentes (2). L’autre grande innovation de Citizen Kane est dans l’utilisation d’une grande profondeur de champ : Orson Welles désire que tout soit net pour être proche de la vision humaine et, pour ce faire, non seulement il utilise des objectifs grands-angles mais en plus il réalise certains trucages de superposition qui lui permettent par exemple de placer des objets nets au tout premier plan. Le placement de la caméra est aussi très original avec des plongées spectaculaires mais surtout des contre-plongées (la caméra étant parfois placée dans un trou dans le sol). Combinées aux grands- angles, ces contre-plongées nous permettent de voir largement les plafonds alors que l’usage était jusqu’alors de tourner sans plafond (ne serait-ce qu’à cause du système des éclairages). L’utilisation de l’ombre et la lumière est aussi remarquable, un personnage pouvant être totalement en ombre chinoise avant de faire quelques pas pour apparaître en pleine lumière.

C’est sans doute sur le fond que le film paraît le plus faible : si le personnage de Kane est inspiré du magnat de la presse Randolf Hearst et si le propos est de montrer la puissance de l’argent et la faiblesse des hommes ainsi que le caractère multiforme d’une vérité qui serait dès lors inatteignable, la démonstration manque parfois de fil directeur en semblant s’égarer dans ses ramifications multiples. Le propos reste toutefois fort et marquant, suffisamment en tous cas pour que Randolph Hearst fasse tout pour saborder la carrière du film et qu’il y parvienne. Citizen Kane a en effet été un échec commercial malgré un accueil enthousiaste du public et de la critique, les exploitants de salle préférant éviter de se mettre à dos les journaux de Hearst. Avec le recul, Citizen Kane apparaît comme un tournant dans l’histoire du cinéma, Orson Welles apportant un souffle nouveau de créativité et remettant au premier plan la notion d’auteur-réalisateur.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Orson Welles, Joseph Cotten, Dorothy Comingore, Agnes Moorehead, Everett Sloane
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(1) Comme pour toutes les autres innovations de Citizen Kane, Orson Welles n’a pas inventé le flashback. The Power and the Glory de Preston Sturgess (1933) entre autres avait déjà l’ensemble du récit encapsulé dans un flashback. Il en est de même pour les fameux plafonds… Orson Welles n’a d’ailleurs jamais prétendu avoir tout inventé. Ce qui est remarquable, c’est d’avoir tant d’innovations dans un seul et même film.

(2) Au départ du projet, les récits devaient porter sur les mêmes évènements, chacun nous donnant une version différente, ce qui aurait été encore plus novateur. Ce procédé narratif sera celui de Rashômon de Kurosawa quelque dix ans plus tard. L’idée a toutefois été gardée en partie car certains évènements sont racontés plusieurs fois.

25 mars 2014

Pauline détective (2012) de Marc Fitoussi

Pauline détectivePlaquée par son petit ami, Pauline se laisse entraîner par sa soeur dans un palace de la Riviera italienne pour deux semaines de vacances. Rédactrice en chef d’un journal spécialisé dans le fait divers, elle décide de mener sa propre enquête lorsqu’une femme disparaît un peu soudainement… Ecrit et réalisé par Marc Fitoussi, Pauline détective est un divertissement tout à fait dans l’esprit Club des 5. C’est une comédie policière certes légère, mais plutôt bien faite, avec de bons personnages, à commencer par celui de Pauline fort bien interprété par une Sandrine Kiberlain très volubile qui montre beaucoup de maitrise dans l’exubérance. Les seconds rôles sont également très bien définis et interprétés. Dans ce genre de comédie farfelue, tout l’art est bien doser tous ses éléments et Marc Fitoussi y est parvenu. Pauline détective est ainsi très amusant et nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Kiberlain, Audrey Lamy, Claudio Santamaria, Antoine Chappey
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5 mars 2014

Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (1959) de Jean Delannoy

Maigret et l'affaire Saint-FiacreLe commissaire Maigret retourne dans le village de son enfance. Il a été appelé par la comtesse de Saint Fiacre dont, enfant, il était un peu amoureux mais qu’il n’a pas revue depuis. Elle a reçu une sérieuse menace par lettre anonyme : « Tu mourras avant l’office des morts »… Georges Simenon a écrit L’Affaire Saint-Fiacre au début des années trente, un excellent roman qui n’avait jamais été porté à l’écran. De façon assez inhabituelle, le personnage de Maigret a ici une histoire personnelle qui vient se mêler à son enquête. Egalement, il montre une certaine nostalgie et regrette la disparition d’un certain mode de vie, celle où le comte « tient son rang ». L’équipe est en grande partie la même que celle de Maigret tend un piège (1957) qui connu un certain succès : Delannoy est entouré Rodolphe-Maurice Arlaud et Michel Audiard pour l’écriture et Gabin tient le rôle principal. De tous les acteurs qui ont interprété le célèbre commissaire, Gabin est l’un de ceux qui le personnifient le mieux avec son mélange naturel de placidité et de sureté. Dans cette affaire, presque tous les personnages sont suspects : certains acteurs se montrent ainsi à la limite du jeu excessif sans, toutefois, que cela en devienne gênant. La patte de Michel Audiard se ressent dans les dialogues avec de belles répliques qui surviennent là où on ne les attend pas. Même si la mise en scène de Delannoy n’est pas de plus inspirées, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre est une enquête fort bien ficelée et les quelque 1h30 passent fort rapidement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Michel Auclair, Valentine Tessier, Robert Hirsch, Michel Vitold
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22 février 2014

L’assassin (1961) de Elio Petri

Titre original : « L’assassino »

L'assassinAlors qu’il vient de rentrer chez lui au petit matin, Alfredo Martelli est emmené par des policiers. Il est longuement interrogé sans même savoir de quoi on le soupçonne. Ce n’est que plusieurs heures plus tard qu’il apprend que sa maitresse et bienfaitrice a été assassinée… L’assassin est le premier long métrage d’Elio Petri. Il en a écrit l’histoire avec le grand scénariste Tonino Guerra (1). Sous l’enveloppe d’une enquête policière qui aurait pu être banale, le film se révèle être d’une belle profondeur notamment par le portrait de son personnage principal qui se dévoile peu à peu devant nos yeux. Il nous accompagne d’ailleurs dans cette découverte, car c’est à une véritable introspection qu’il se livre au fil des souvenirs qui lui reviennent à l’esprit. Pour Petri, c’est l’occasion de dresser le portrait d’une bourgeoisie arriviste et sans scrupules qui fleurit dans l’Italie après la renaissance des années cinquante (avec également une petite pique politique puisque cet antiquaire utilise ses anciens compagnons de lutte politique pour obtenir des marchandises à vil prix). Ce personnage se retrouve dans un univers kafkaïen, une enquête de police dont il ne saisit pas toujours le but ni la logique, où il se sent sondé jusqu’au plus profond de lui-même, un pion dans une machinerie qui peut l’emmener au bord de la folie. Les décors sont remarquablement bien utilisés dans ce sens : les pièces sont petites avec de multiples portes. Assez mal connu, L’assassin est un film vraiment remarquable, servi par une écriture parfaite (2). En outre, le film a été magnifiquement restauré en 2011.
Elle:
Lui : 4  étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Micheline Presle, Cristina Gaioni, Salvo Randone
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Lire l’analyse de Frédéric Mercier sur le site DVDClassik

(1) Au cours de sa belle carrière, Tonino Guerra a écrit pour Antonioni (L’Avventura, Blow Up, etc.) , Fellini (Amarcord) et aussi Rosi, De Sica, Tarkovsky, Angelopoulos, Taviani, Bolognini, Monicelli.

(2) Bien qu’il soit tentant de rapprocher ce premier film d’Elio Petri de son bien connu Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970), le propos est ici assez différent, plus vaste et plus riche d’ailleurs. Le film de 1970 s’attachera surtout à dresser le portrait d’une police totalitaire et intouchable alors qu’ici, c’est un peu le portrait d’une société dans son ensemble.

20 février 2014

Paperboy (2012) de Lee Daniels

Titre original : « The Paperboy »

PaperboyReporter au Miami Times, Ward Jansen revient dans sa ville natale en Floride avec un de ses collègues pour enquêter sur le cas d’un détenu promis à une prochaine exécution pour le meurtre d’un shérif. Avec son jeune frère et la petite amie du détenu, ils cherchent à montrer que l’enquête a été bâclée… Paperboy est adapté d’un roman de Peter Dexter qui s’est inspiré d’un fait divers. Lee Daniels en a fait un thriller poisseux assez racoleur qui joue sur la vulgarité et un côté sulfureux pour attirer l’attention. Le jeune beau gosse Zac Efron passe pratiquement tout le film en sous-vêtements, Nicole Kidman joue une jeune bimbo particulièrement vulgaire, le gentil John Cusack s’amuse à interpréter un véritable primate ; les acteurs se sont certainement beaucoup amusés avec ces rôles à contre-emploi mais le spectateur, lui, a bien du mal à trouver un quelconque intérêt à l’ensemble.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Zac Efron, Matthew McConaughey, Nicole Kidman, John Cusack, David Oyelowo, Scott Glenn
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15 février 2014

Allô… brigade spéciale (1962) de Blake Edwards

Titre original : « Experiment in Terror »
Autre titre (UK) : « The Grip of Fear »

Allô... brigade spécialeAlors qu’elle rentre chez elle, Kelly Sherwood est agressée dans son garage par un homme dont elle ne voit pas le visage qui la menace de représailles si elle n’accepte pas de voler pour lui une grosse somme d’argent dans la banque où elle travaille… Avant Allô… brigade spéciale, Blake Edwards n’avait réalisé que des comédies. Pour sa première production indépendante, il choisit toutefois un genre qui lui tient tout autant à coeur : le policier. Il s’attache à créer une atmosphère et ce dès le tout début du film, dans cette première scène du garage, assez oppressante où s’installent des rapports très particuliers entre le bourreau et sa victime. L’ensemble montre beaucoup de style, impression encore accentuée par la superbe photographie en noir et blanc assez contrasté. La musique de Henry Mancini est superbe (notamment celle du générique). Allô… brigade spéciale a paru trop sophistiqué aux yeux de certains. C’est pourtant l’un des plus beaux films du réalisateur : plus que dans tout autre, il fait montre d’un style assez remarquable tout en donnant une grande importance à l’histoire.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Lee Remick, Stefanie Powers, Ross Martin
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Remarques :
* Il semble assez évident que le film Allô… brigade spéciale a influencé David Lynch. Il est d’ailleurs difficile de ne pas penser à ce réalisateur dès la fin du générique quand on voit ce superbe panneau indicateur « Twin Peaks » en gros plan (c’est le nom du quartier de San Francisco où habite la victime). Le style et l’atmosphère sont assez proches. On pourra remarquer aussi certaines similitudes entre la scène du garage et une scène de Sailor et Lula.
* Le scénario est l’adaptation du livre « Operation Terror » de Mildred et Gordon Gordon. Le couple a écrit lui-même l’adaptation.
* Le film est l’un des rares films avec Ross Martin, acteur qui a beaucoup tourné pour la télévision et qui est très célèbre pour être l’Artemus Gordon des Mystères de l’Ouest.

30 décembre 2013

Sugar Man (2012) de Malik Bendjelloul

Titre original : « Searching for Sugar Man »

Sugar ManSearching for Sugar Man raconte une histoire incroyable. Ce documentaire du suédois Malik Bendjelloul nous fait suivre l’enquête de deux fans sud-africains pour retrouver la trace du chanteur américain Sixto Rodriguez (d’un style proche de Bob Dylan) dont les deux seuls disques furent extrêmement populaires en Afrique du Sud dans les années soixante dix, en pleine époque de la lutte contre l’Apartheid. Le chanteur ignorait tout de ce succès et personne n’avait d’information sur lui. Le documentaire a été tourné avec très peu de moyens, le réalisateur utilisant même son Iphone pour tourner les scènes « vintage ». Bien monté, le film nous étonne sans arrêt, parvenant à créer un véritable mythe. Alors qu’il avait tout pour être confidentiel, Searching for Sugar Man a connu un certain succès après avoir été primé à Sundance.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Malik Bendjelloul sur le site imdb.com.

Remarques :
* Les deux disques de Sixto Rodriguez furent réédités en 2008 mais ce n’est qu’après la sortie du documentaire qu’ils commencèrent à se vendre très bien. Ils le méritent d’ailleurs. Depuis, le chanteur donne de nombreux concerts partout dans le monde.
* Le film oublie de dire que Sixto Rodriguez connut également un grand succès en Australie, succès qui n’était pas inconnu du chanteur puisque qu’il y fit deux grandes tournées en 1979 et 1981. Il est vrai que dire cela casse le mythe… C’est le seul reproche, somme toute assez mineur, que l’on puisse faire à ce documentaire.

> Lire l’article : La vie après Sugar Man sur Rolling Stone…

16 novembre 2013

Bienvenue à Gattaca (1997) de Andrew Niccol

Titre original : « Gattaca »

Bienvenue à GattacaDans un futur « pas si lointain », la génétique permet de sélectionner les meilleurs gènes pour son futur enfant afin de réduire les risques de maladies graves, créant ainsi une élite au patrimoine génétique parfait. Vincent, lui, n’a pas été conçu ainsi, c’est un enfant naturel et pourtant il rêve de partir dans l’espace. Il va utiliser un important stratagème pour parvenir à ses fins… Ecrit et réalisé par Andrew Niccol, Bienvenue à Gattaca est un film de science-fiction dont la force repose sur un scénario original et une interprétation impeccable. Loin des films spectaculaires à effets spéciaux, il s’agit d’un film de prospective dans la veine du Meilleur des Mondes de Huxley. La réflexion sur les dangers de la génétique se double d’une enquête policière parfaitement intégrée qui vient rehausser l’ensemble. Ethan Hawke est assez étonnant dans interprétation, parvenant bien à combiner puissance de volonté et fragilité ce qui rend son personnage assez émouvant. Bienvenue à Gattaca est un film complet et réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ethan Hawke, Uma Thurman, Jude Law, Tony Shalhoud, Loren Dean, Ernest Borgnine
Voir la fiche du film et la filmographie de Andrew Niccol sur le site IMDB.

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13 novembre 2013

Au nom du peuple italien (1971) de Dino Risi

Titre original : In nome del popolo italiano

In nome del popolo italianoLe juge Bonifazi (Ugo Tognazzi) est chargé de l’enquête sur la mort soudaine d’une call-girl. Particulièrement motivé à lutter contre la corruption, il est bien décidé à ne pas lâcher prise quand il découvre que la jeune femme était en relation avec Santenocito (Vittorio Gassman) un industriel véreux et magouilleur… Le scénario d’Au nom du peuple italien a été écrit par un tandem de choix, les scénaristes Age (Agenore Incrocci) et Furio Scarpelli. Cette bouffonnerie sociale est un habile mélange de film politique et de comédie, porté par un magnifique face à face entre deux grands acteurs. Le film est étonnamment lucide dans le constat porté sur l’Italie de ce début des années soixante-dix : après le réveil difficile de l’Après-guerre, le miracle économique repose sur une certaine corruption avec pour conséquence pollution excessive et malfaçons généralisées. Mais le film de Dino Risi va beaucoup plus loin : peut-on, sous le couvert d’une cause moralement juste, aller au-delà des lois ? C’est la question qu’il pose dans son étonnante fin, qui montre en outre avec quelle promptitude les vieux démons de l’Italie peuvent ressortir. Il pose aussi la question du rôle des juges, question qui sera si fondamentale deux ou trois décennies plus tard. Tout ce propos et ces questionnements sont enrobés dans une comédie brillante aux dialogues savoureux, c’est là le grand art de la comédie italienne.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Yvonne Furneaux
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