15 novembre 2011

Les herbes folles (2009) d’ Alain Resnais

Les herbes follesMarguerite se fait voler son sac à main. Le portefeuille est retrouvé par Georges qui a du mal à se décider à l’appeler pour la prévenir… Les herbes folles sont des herbes qui poussent, contre toute logique, là où on ne les attend pas. A l’instar des herbes folles, les personnages du film d’Alain Resnais n’ont jamais les réactions qu’ils devraient logiquement avoir : ils semblent toujours vouloir s’engager sur des chemins de traverse, embrouiller les situations simples, adopter un comportement irrationnel. A l’époque où le rationnel domine la société, Alain Resnais s’amuse à oter un peu de la logique et de la prévisibilité de nos relations humaines. Vouloir absolument trouver une explication est faire fausse route, c’est avant tout une fantaisie, marquée par une grande liberté (dans le fond et dans la forme). Il suffit de se laisser gagner par l’humour quasi permanent, de se laisser porter par cette liberté de ton et de propos… et le film est alors un vrai plaisir.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: André Dussollier, Sabine Azéma, Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric, Anne Consigny
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site IMDB.

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Remarques :
* Les herbes folles est adapté du roman de Christian Gailly L’incident.
* Le nom de Marguerite Muir est très certainement un clin d’oeil au très beau film de Mankiewicz L’aventure de Madame Muir (The ghost and Mrs Muir, 1947), film qui s’écartait lui aussi du rationnel.

11 novembre 2011

Bromo and Juliet (1926) de Leo McCarey

Bromo and JulietPour faire plaisir à sa fiancée, Charley doit interpréter Roméo lors d’un gala de bienfaisance. Il doit aussi veiller à ce que le père de la jeune fille, assez porté sur la boisson, se présente bien sur scène à l’heure…
Charley Chase est un grand comique du cinéma muet, aujourd’hui hélas oublié. Bromo and Juliet fait partie de ses excellents films : plein d’inventivité dans les gags, avec des situations les plus absurdes et les plus inattendues qui soient. L’acteur joue ici l’homme saoul pendant une bonne partie du film  et, bien que ce ne soit pas vraiment sa spécialité, il s’en sort fort bien. Oliver Hardy a ici un second rôle, sans grande scène comique (1). (muet, 24 minutes)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Corliss Palmer, William Orlamond, Oliver Hardy
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(1) A noter que le duo Laurel et Hardy sera vraiment formé en cette même année 1926.

3 novembre 2011

L’école des contribuables (1934) de René Guissart

L'école des contribuablesPour plaire à sa femme et jouer un mauvais tour à son beau-père, directeur des Contributions, un jeune homme oisif décide de travailler en créant une agence de conseils financiers : il propose à ses clients de réduire leur imposition… L’école des contribuables est au départ une pièce de théâtre de Georges Berr et Louis Verneuil. La trame exploite avec beaucoup d’humour le thème des impôts et des estimations arbitraires de richesse. C’est la qualité des dialogues qui donne à cette histoire tout son sel, très bien servis par le trio d’acteurs Armand Bernard, Pierre Larquey et Paul Pauley, acteurs que l’on a plutôt l’habitude de voir dans les seconds rôles. Armand Bernard est particulièrement remarquable car doté d’un physique assez particulier, grand efflanqué plein de désinvolture et de fausse naïveté. Le rythme est assez enlevé, on ne s’ennuie pas une seconde. L’école des contribuables reste très amusant encore aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Armand Bernard, Pierre Larquey, Paul Pauley, Mireille Perrey
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Remarques :
* Georges Berr est également l’auteur de la pièce Le Million adaptée par René Clair en 1931.
* René Guissart a été chef-opérateur sur une soixantaine de films  (dont Ben-Hur de Fred Niblo) avant de passer à la réalisation.
* L’école des contribuables a été diffusée en pièce de théâtre à la télévision dans le cadre de l’émission Au théâtre ce soir dans les années soixante dix.

31 octobre 2011

Permission jusqu’à l’aube (1955) de John Ford et Mervyn LeRoy

Titre original : « Mister Roberts »

Permission jusqu'à l'aubeSur un bâtiment de la marine américaine dédié au ravitaillement dans le Pacifique, le lieutenant Roberts, second du navire, se morfond de ne pas participer aux combats. Le capitaine, peu aimé de son équipage, fait en sorte que ses demandes de mutation soient refusées… Mister Roberts (Permission jusqu’à l’aube) était tout d’abord une pièce à succès à Broadway de la fin des années quarante. Henri Fonda reprend le rôle qu’il interprétait sur les planches bien qu’il avoue lui-même être un peu âgé pour son personnage (1). La direction est confiée à John Ford, afin d’assurer le succès. John Ford fait réécrire le scénario au grand dam de Fonda et rapidement les deux hommes s’opposent : le réalisateur frappe Henri Fonda qui se retrouve à terre ! Le tournage se poursuit néanmoins mais, suite à des problèmes de santé et d’excès d’alcool, John Ford doit arrêter. Mervyn LeRoy est appelé à la rescousse et (re-)tourne l’essentiel du film en revenant au plus près du scénario de la pièce. Mister Roberts est une comédie qui met en avant deux notions (qui devaient plaire à John Ford) : l’héroïsme ordinaire et le fait qu’un bon officier sait se faire aimer par ses hommes. Il y a quelques bonnes scènes, très amusantes, comme celle où Fonda/Powell/Lemmon concoctent un ersatz de whisky mais l’ensemble n’est pas aussi brillant hélas. Jack Lemmon se fera remarquer ici dans l’un de ses premiers films, William Powell est en revanche dans son dernier. Le film connut un grand succès.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, James Cagney, William Powell, Jack Lemmon
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Remarques :
Joshua Logan, qui avait mis en scène la pièce à Broadway , a également tourné deux scènes.

(1) C’est John Ford qui a imposé Henri Fonda aux producteurs qui préféraient avoir Marlon Brando.

25 octobre 2011

Benjamin ou Les mémoires d’un puceau (1968) de Michel Deville

Benjamin ou Les mémoires d'un puceauA dix-sept ans, Benjamin, orphelin élevé à l’écart du monde, ignore tout des choses de la vie. Son précepteur le conduit chez sa tante, la comtesse de Valandry, dans l’espoir qu’elle le prenne sous sa protection. Benjamin va y découvrir l’amour… Benjamin ou Les mémoires d’un puceau est le fruit de la collaboration brillante entre Michel Deville et sa femme Nina Companéez qui a écrit le scénario. L’atmosphère de libertinage du XVIIIe siècle est joliment recréée, avec ses futilités, ses jeux du mensonge et de la vérité. La reconstitution est toutefois moderne, par les dialogues d’abord et aussi par une certaine simplification (1). Benjamin ou Les mémoires d'un puceau Le tableau est certes idyllique : toutes les femmes, jusqu’à la moindre soubrette, rivalisent de beauté et tout se déroule joyeusement, même si le jeu peut parfois devenir cruel. L’image de Ghislain Cloquet est de toute beauté, le film formant des sortes de tableaux vivants qui s’étourdissent de mouvement. Michel Deville a trouvé un équilibre subtil, évitant toute lourdeur ou à l’inverse tout excès de légèreté. C’est un enchantement. Le film est également servi par une distribution brillante. A noter que Pierre Clémenti sort ici de ses rôles de mauvais garçons Benjamin ou Les mémoires d'un puceaupour montrer beaucoup de candeur et d’innocence.  Benjamin ou Les mémoires d’un puceau est sorti à la fin des années soixante, une époque où ce marivaudage pouvait trouver certains échos. Le film paraît plus en décalage avec l’époque actuelle, ce qui peut certainement occasionner des réactions négatives. Pour l’apprécier, il faut prendre le film pour ce qu’il est avant tout : un divertissement élégant pour le plaisir des sens.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michèle Morgan, Michel Piccoli, Pierre Clémenti, Catherine Deneuve, Jacques Dufilho, Francine Bergé, Catherine Rouvel, Odile Versois, Tania Torrens
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(1) Propos de Michel Deville juste avant la sortie du film : « Le XVIIIe est une époque que nous aimons bien, Nina Companeez et moi. Cela dit, ce XVIIIe siècle est, dans Benjamin, très stylisé. Les costumes sont débarrassés de toute dentelle superflue et les femmes ne portent pas de perruques blanches. Jamais nous n’avons essayé non plus de faire, par exemple, des reconstitutions de tableaux célèbres. Nos extérieurs, d’ailleurs, sont  beaucoup plus clairs et ensoleillés que les tableaux de Watteau ou de Fragonard. Là, nous sommes plus près, je crois, et à dessein, du XIXe. C’est à dire, le romantisme. Presque, déjà, l’impressionnisme… »
(…)
« Je voulais qu’en extérieurs mes seconds plans soient margés par la lumière, comme gommés par elle, et qu’en intérieurs ils soient gommés aussi, mais là par leur absence de lumière, de couleurs.  Et puis, toujours dans un but de simplification, à chaque personnage a été attribuée une couleur différente, couleur que le personnage conserve d’un bout à l’autre du film, même s’il change plusieurs fois de robe ou de costume. Ainsi, Michèle Morgan est toujours en bleu turquoise, Catherine Deneuve en blanc, etc. Couleurs que l’on retrouve d’ailleurs dans les décors où les personnages évoluent le plus souvent : la chambre de M. Morgan est bleue, etc. »
(Entretien avec Michel Deville, propos recueillis par Gérard Langlois, Cinéma 68 n°122)

15 octobre 2011

Castle in the Desert (1942) de Harry Lachman

Castle in the DesertDans un grand manoir isolé dans le désert des Mojaves, Charlie Chan enquête sur de mystérieux empoisonnements. Tout semble accuser la propriétaire, une descendante des Borgia…
Castle in the Desert est le 30e des 47 films mettant en scène le détective asiatique Charlie Chan. Après avoir été incarné à l’écran par Warner Oland, le détective est interprété depuis 1938 par Sidney Toler qui a un jeu un peu plus mécanique, il semble plus lointain, moins impliqué. Il a bien entendu toujours son inépuisable réserve de proverbes mais ils paraissent sortir de façon automatique. L’intrigue est joliment complexe avec une ambiance de château inquiétant : ancienne salle de torture, apothicairerie et des armures décoratives, utilisées de façon amusante. Castle in the Desert est loin d’être le meilleur des Charlie Chan mais il reste très plaisant pour son atmosphère. C’est le dernier Charlie Chan fait par la 20th Century Fox. La série se continuera chez Monogram avec une certaine baisse de budget et de qualité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sidney Toler, Victor Sen Yung, Arleen Whelan, Douglass Dumbrille, Henry Daniell
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14 octobre 2011

The invention of lying (2009) de Ricky Gervais et Matthew Robinson

The Invention of LyingDans un monde où les gens ne savent que dire la vérité, un homme acquiert un certain pouvoir en inventant le mensonge… L’idée de base du scénario de The Invention of Lying est originale et amusante : comment seraient les rapports humains si chacun d’entre nous était incapable de mentir et devait dire toujours ce qu’il pense réellement? L’idée est d’autant plus originale que les scénaristes ont choisi un héros qui a pour profession d’être… scénariste ! En effet : quel visage pourrait donc avoir le cinéma dans de telles conditions? Incapable d’inventer quoi que ce soit, il ne pourrait que raconter des faits qui se sont réellement passés… et comme il est inconcevable de jouer, c’est un historien qui raconte des faits réels. Le côté intéressant du film, ce sont ces petites divagations sociologiques : comme on s’y attend, dans le monde du travail, la franchise se traduit souvent en méchanceté et en cruauté mais les rapports hommes-femmes sont aussi bouleversés. Hélas, le film s’enlise assez rapidement dans une histoire sentimentale qui devient assez ennuyeuse et il ne parvient pas à rebondir. Ricky Gervais tient lui-même le premier rôle, l’humoriste anglais joue avec son physique peu avantageux face à la sculpturale Jennifer Garner. Même s’il s’essouffle trop rapidement, The Invention of Lying reste amusant et nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ricky Gervais, Jennifer Garner, Jonah Hill, Louis C.K., Jeffrey Tambor
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13 octobre 2011

Une fine mouche (1936) de Jack Conway

Titre original : « Libeled Lady »

Une fine moucheAprès avoir été diffamée par un journal à scandales, une riche jeune femme (Myrna Loy) demande cinq millions de dollars de dommages et intérêts. Pour sauver son journal de la ruine, le rédacteur en chef (Spencer Tracy) engage un séducteur (William Powell) pour la compromettre. Il n’hésite pas à demander à sa petite amie (Jean Harlow) d’épouser le séducteur pour que la riche jeune femme apparaisse comme une briseuse de ménage… Pour Une fine mouche (Libeled Lady), la MGM a aligné quatre de ses grandes stars pour frapper un grand coup. Le scénario de cette comédie est assez pernicieux, jouant constamment sur la tromperie des uns vis-à-vis des autres : bien entendu, il est aussi passablement improbable. La réussite du film doit beaucoup à l’alchimie entre les acteurs qui se sont parfaitement entendus sur le tournage (William Powell et Jean Harlow vivaient alors ensemble). C’est William Powell qui brille tout particulièrement, ce rôle de séducteur mondain lui va comme un gant. Il y montre beaucoup d’esprit. Les dialogues sont brillants. Une fine mouche est à classer parmi les meilleures « screwball comedies » des années trente.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Harlow, William Powell, Myrna Loy, Spencer Tracy, Walter Connolly
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Remarques :
* C’est la première fois que Spencer Tracy joue dans une comédie.
* Une fine mouche est l’un des derniers films de Jean Harlow qui mourra l’année suivante à l’âge de 26 ans (d’une néphrite aiguë). Elle fut enterrée dans l’une des robes qu’elle porte dans ce film.

10 octobre 2011

Darò un milione (1937) de Mario Camerini

Darò un milioneUn jeune milliardaire, déçu par la vie et les rapports artificiels, s’échappe de son luxueux yacht. Il confie à un clochard qu’il est prêt à donner un million à une personne qui ferait preuve de bonté désintéressée envers lui. Le clochard en informe la presse sans donner le signalement du milliardaire. Tout le monde se montre soudainement très généreux envers les miséreux de la ville… Vittorio De Sica a tourné dans d’innombrables films de qualité pas toujours optimale. Tel n’est pas le cas de Darò un milione (= je donnerai un million) qui se révèle être une excellente petite comédie parsemée d’un humour assez fin qui repose sur l’inversion des rôles : les pauvres deviennent l’objet de toutes les attentions, de tous les égards, ce qui provoque des situations très cocasses. Assez rare, Darò un milione est un charmant et très amusant petit film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Assia Noris, Luigi Almirante, Mario Gallina
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7 octobre 2011

Annie du Klondike (1936) de Raoul Walsh

Titre original : « Klondike Annie »

Annie du KlondikeRose Carlton, chanteuse de cabaret, s’enfuit sur un cargo après avoir poignardé son protecteur qui la retenait prisonnière. Sur le bateau, elle rencontre une missionnaire de l’Armée du Salut qui décède peu après. Recherchée par la police, Rose prend la place de la missionnaire et arrive ainsi au Klondike… Le scénario de Annie du Klondike est assez surprenant. C’est Mae West elle-même qui l’a écrit d’après sa pièce  Frisco Kate écrite en 1921. Il est surprenant car il est étonnamment sage bien que, comme on s’en doute, Mae West sera une missionnaire assez inhabituelle. L’actrice s’amuse avec son image. Il n’était toutefois pas encore assez sage pour la censure qui imposa des coupes (1) ; Mae West était la bête noire de la censure avec ses attitudes provocantes, son déhanchement si particulier et ses jeux de mots souvent très connotés sexuellement (2). Annie du Klondike est une amusante comédie, calme et plutôt bien équilibrée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mae West, Victor McLaglen, Phillip Reed, Helen Jerome Eddy
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Remarques :
(1) La censure fit enlever la scène où Mae West se bat avec son protecteur chinois : alors qu’il tente de la poignarder car elle cherche à s’enfuir, c’est elle qui le poignarde un peu accidentellement avec sa fameuse dague. Cette scène fait cruellement défaut car la transition est abrupte. La censure fit également enlever la scène où Mae West habille en prostituée la missionnaire décédée pour leurrer la police. 8 minutes sont ainsi perdues.

(2) « Give a man a free hand and he’ll try to put it all over you » (jeu de mot sur le double sens de free hand = « laissez un peu de liberté à un homme et il essayera de vous mettre la main partout » ou « laissez un homme avoir une main libre et il essayera de vous la mettre partout ».)
Autres bonnes réparties :
(parlant des hommes) Between two evils, I always pick the one I never tried before.
(à son partenaire) You ain’t no oil painting but you’re a fascinating monster.

Chansons interprétées par Mae West :
* I’m an occidental woman in an oriental mood for love
* Mister Deep Blue Sea.