22 décembre 2015

Le Bigame (1956) de Luciano Emmer

Titre original : « Il bigamo »

Le BigameUn représentant de commerce, marié avec un enfant en bas âge, est accusé de bigamie par une femme qui affirme l’avoir épousé cinq ans auparavant. Elle ajoute qu’il serait parti peu après, sortant acheter des cigarettes pour ne jamais revenir… Le réalisateur Luciano Emmer, très remarqué avec son premier long métrage Dimanche d’août (1950), s’est essayé ensuite à plusieurs genres au cours des années cinquante avec plus ou moins de bonheur, souvent plutôt moins que plus. Ici, c’est la comédie. Malgré la présence de scénaristes de talent (Age et Scarpelli, Sergio Amidei, Francesco Rosi), l’histoire est aussi peu originale que sans queue ni tête. Marcello Mastroianni, alors une star montante qu’Emmer a fortement contribué à faire découvrir avec le film précité, est ici fade et sans saveur. Heureusement, Vittorio De Sica fait un beau numéro en avocat mégalomaniaque et amnésique. On peut certes trouver qu’il en fait beaucoup mais il nous sauve de l’ennui.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Franca Valeri, Giovanna Ralli, Marisa Merlini, Vittorio De Sica
Voir la fiche du film et la filmographie de Luciano Emmer sur le site IMDB.

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Le bigame
Marcello Mastroianni et Vittorio De Sica dans Le Bigame de Luciano Emmer

22 novembre 2012

Monsieur Verdoux (1947) de Charles Chaplin

Monsieur VerdouxAprès avoir été mis à la porte de la banque où il travaillait et ne pouvant trouver un travail pour faire vivre sa famille, Monsieur Verdoux a l’idée d’épouser de riches veuves pour les faire ensuite disparaître… Au sein de la filmographie de Charles Chaplin, Monsieur Verdoux peut étonner. Pourtant il s’y inscrit parfaitement. Le film est une fable sociale qui dénonce cette société capable de broyer les individus et que Verdoux combat avec ses propres armes (« le meurtre est l’extension logique des affaires »). La combat-il d’ailleurs puisqu’il cherche avant tout à s’y réinsérer? Le personnage est complexe : l’identification du spectateur avec lui ne peut être totale, il s’agit d’un meurtrier, mais pourtant ce Monsieur Verdoux ne manque pas de charme. C’est un être sensible, terriblement séducteur, élégant par son langage, cynique certes mais pouvant faire preuve de grande compassion comme en témoigne cette scène avec la jeune fille qu’il recueille. C’est aussi un film contre la guerre, comme le montre le propos vers la fin du film.Monsieur Verdoux Monsieur Verdoux peut ainsi être vu comme un condensé des Lumière de la ville, des Temps Modernes et du Dictateur. Bien entendu, le film n’est pas dénué de scènes comiques mais le burlesque tourne essentiellement autour d’un seul personnage, l’une de ses femmes qui a une chance extraordinaire. C’est un comique assez noir, toutefois. Le film est parfait dans sa forme, que se soit par sa construction ou son rythme. L’interprétation de Chaplin est remarquable. Monsieur Verdoux n’eut aucun succès à sa sortie. Victime de la paranoïa anticommuniste, Chaplin était alors l’objet d’une vaste campagne de dénigrement. Il fut mieux accueilli en Europe. Avec le temps, le film a regagné la place qu’il mérite. Monsieur Verdoux fait partie des très beaux films de Chaplin. C’est un film subtil et profond, mais aussi d’une grande sensibilité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Martha Raye, Isobel Elsom, Marilyn Nash
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Monsieur Verdoux
Remarque :
C’est Orson Welles qui a donné à Chaplin l’idée de base de Monsieur Verdoux : Welles avait pour projet de tourner un documentaire romancé sur Landru et désirait que Chaplin en soit l’interprète principal. Chaplin refusa en disant qu’il ne s’était fait diriger par aucun metteur en scène jusqu’à présent et qu’il n’avait pas l’intention de commencer. Intéressé toutefois par l’idée, Chaplin racheta le script de Welles pour le réécrire ensuite entièrement.

2 avril 2012

Mon épouse favorite (1940) de Garson Kanin

Titre original : « My Favorite Wife »

Mon épouse favoriteAlors qu’il vient de la faire reconnaître comme officiellement décédée, un homme voit sa femme réapparaître après une disparation au large de l’Indochine de plus de sept ans. Seul problème : il venait de se remarier le matin même. Laquelle de ses deux femmes va-t-il choisir ? … Mon épouse favorite a été écrit et produit par Leo McCarey qui l’aurait réalisé si un accident automobile ne l’en avait empêché. Ce fut donc Garson Kanin, réalisateur de moindre envergure, qui le dirigea mais la patte de McCarey reste présente, le film n’étant pas sans rappeler Cette sacré vérité (1937). La base de l’histoire est assez simple mais fonctionne très bien grâce à son tandem d’acteurs. Irene Dunne apporte beaucoup de vivacité et de brillance ; Cary Grant a son jeu de mimiques faciales et son maintien très gentlemen parfaitement en main. La réalisation est souvent un peu terne mais le film comporte d’excellentes scènes comme celles de l’hôtel ou chez le juge. La fin en revanche est bien plate. Mon épouse favorite reste une excellente comédie qui fut très populaire en ces années pré-Pearl Harbour où l’Amérique voulait continuer à s’amuser.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Cary Grant, Randolph Scott, Gail Patrick, Donald MacBride
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Remakes :
Something’s Got to Give (1962) de George Cukor, film inachevé avec Marilyn Monroe
Pousse-toi, chérie (Move over, Darling) de Michael Gordon (1963) avec Doris Day et James Garner

A noter, qu’à la base de l’idée, se trouve le  poème Enoch Arden d’Alfred Lord Tennyson déjà adapté par D.W. Griffith : Enoch Arden Part 1 et Enoch Arden Part 2 (1911), puis une nouvelle fois en moyen métrage, Enoch Arden (1915) avec Lilian Gish et Alfred Paget