26 mai 2015

C’est la vie (1927) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Downhill »

C'est la vieAu collège, victime d’une jalousie féminine, un étudiant se laisse accuser d’un petit larcin à la place de son ami. Il est renvoyé du collège et chassé par son père. C’est la descente… Tourné par Alfred Hitchcock juste après The Lodger, Downhill a bien peu de points communs avec ce dernier, hormis son acteur principal, Ivor Novello. L’acteur est, avec Constance Collier, le co-auteur de la pièce dont est tiré le film. L’histoire est le principal handicap de Downhill : elle est très mal écrite, les personnages sont mal mis en place, le développement est sans finesse, la fin est plate. Bref, c’est très mauvais – et, soit-dit en passant, passablement misogyne (1). Le point le plus notable dans tout cela est le thème du faux coupable, thème récurrent dans la filmographie d’Alfred Hitchcock. Sur le plan de la forme, il est assez difficile d’y déceler la patte du réalisateur, hormis dans les scènes d’hallucinations qui sont assez inventives. (film muet)
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Ivor Novello, Annette Benson, Isabel Jeans, Ian Hunter
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Ivor Novello et Isabel Jeans dans C’est la vie de Alfred Hitchcock

Remarques :
* Alfred Hitchcock a lui-même reconnu qu’il s’agissait d’une « pièce assez médiocre » et que « le dialogue était souvent mauvais ».

C'est la vie* Il a aussi reconnu que l’utilisation à plusieurs reprises de la métaphore de la descente des escaliers (et même d’un ascenseur où le héros, mis à la porte de chez lui, appuie sur le bouton « down » !) pour exprimer la descente sociale n’était pas très heureuse.
> Détail amusant : l’affiche ci-contre (affiche française mais la même existe en anglais) a inversé l’escalier : le héros semble s’apprêter à monter l’escalier ! Il serait intéressant de savoir de quelle époque date cette affiche. De plus, on peut s’interroger sur la signification du titre français, C’est la vie. A noter que Patrick Brion mentionne un autre titre français : La Pente.

* Ivor Novello, alors âgé de 34 ans, est sans aucun doute un peu âgé pour interpréter un étudiant censé avoir 18 ans au grand maximum.

* Pas de caméo d’Alfred Hitchcock dans ce film.

(1) Quand on y réfléchit, on peut trouver surprenant qu’Ivor Novello, qui était alors un acteur très connu sur la scène londonienne avec un physique à faire tomber toutes les femmes passant à moins trois mètres dans ses bras, ait pu écrire une histoire montrant les femmes sous un si mauvais jour : elles y sont cupides, profiteuses et franchement malveillantes, il n’y en a pas une à sauver (ce serait plutôt à nous de nous sauver en courant si l’on en rencontre une!) « Méfiez-vous des femmes », telle pourrait être la morale de cette histoire!

25 mai 2015

Les Cheveux d’or (1926) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Lodger: A Story of the London Fog »

Les cheveux d'orUn cri perce la nuit froide et brumeuse de Londres. Le «Vengeur» vient de faire une septième victime, encore une jeune femme blonde. Un témoin décrit un homme de grande taille se dissimulant le bas du visage avec un foulard. Le même soir, un étrange voyageur se présente pour louer une chambre dans une maison du quartier. La fille de la famille, Daisy, y est courtisée avec insistance par un enquêteur de Scotland Yard… The Lodger est le premier «vrai film» d’Alfred Hitchcock, le premier où il a pu exercer son style propre (1). C’est aussi la première adaptation à l’écran de ce roman de l’anglaise Marie Belloc Lowndes, roman inspiré par les crimes en série de Jack l’éventreur. Le cinéaste montre un talent pour créer une atmosphère plutôt angoissante, où l’on s’interroge sur la culpabilité du personnage principal. Le montage des premières minutes du film est assez remarquable, faisant monter la tension pendant une quinzaine de minutes avant que n’apparaisse l’acteur principal, partiellement masqué. Il montre aussi un talent pour mettre en place des images fortes : la scène (chargée d’une indéniable connotation christique) où Ivor Novello se retrouve suspendu par ses menottes à une grille reste dans les esprits. Il se montre enfin novateur et même audacieux dans certains plans, comme celui où l’on «entend» le locataire marcher dans la pièce au-dessous de nous. (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ivor Novello, June, Malcolm Keen
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The Lodger d'Alfred Hitchcock
Ivor Novello et June dans The Lodger de Alfred Hitchcock (1926)

Remarques :
* The Lodger est le premier film où le réalisateur apparaît lui-même dans une scène. Il s’agissait alors plus de combler un manque de figurants que d’un choix délibéré. On le voit de dos dans les bureaux du journal au tout début du film (confirmé par le réalisateur). Certains mentionnent un second caméo (non confirmé) à la fin du film, au moment où l’on décroche Ivor Novello : il y a bien un figurant qui lui ressemble vu de loin mais, vu de plus près un peu plus tard, l’on voit bien que ce n’est pas lui (à mon avis).
The Lodger d'Alfred Hitchcock
Le premier caméo d’Alfred Hitchcock est une apparition de dos dans The Lodger (1926)

* Les superbes intertitres dans le style Avant-garde / Art-déco sont l’oeuvre de Edward McKnight Kauffer, artiste-illustrateur avant-gardiste d’origine américaine (1890-1954).

* Le film a failli ne pas sortir : le réalisateur Graham Cutts, dont Hitchcock avait été l’assistant, voyait d’un mauvais oeil l’émergence d’un autre réalisateur ; il réussit à dénigrer le film auprès des responsables de Gainsborough Pictures et ce n’est qu’à l’insistance du producteur Michael Balcon qu’il put finalement sortir après quelques modifications d’intertitres.

The Lodger d'Alfred Hitchcock
Ivor Novello, June et Malcolm Keen dans The Lodger de Alfred Hitchcock (1926) (photo publicitaire)

Les adaptations du roman The Lodger à l’écran :
1. Les cheveux d’or (The Lodger) d’Alfred Hitchcock (UK, 1926) avec Ivor Novello
2. The Lodger de Maurice Elveny (UK, 1932)avec à nouveau Ivor Novello
3. Jack l’éventreur (The Lodger) de John Brahms (USA, 1944) avec Laird Cregar
4. L’Etrange Mr Slade (Man in the Attic) de Hugo Fregonese (USA, 1953) avec Jack Palance
5. Jack l’éventreur: The Lodger (The Lodger) de David Ondaatje (USA, 2009) avec Alfred Molina.
Nota : Il existe d’autres films intitulés Jack l’éventreur, ou mettant en scène le tristement célèbre meurtrier, mais ce ne sont pas des adaptations du roman de Marie Belloc Lowndes.

(1) Techniquement parlant, c’est son troisième film en tant que réalisateur (voire quatrième si l’on inclut un premier court-métrage inachevé) mais Alfred Hitchcock le dit lui-même : « Dans ce film, toute mon approche a été instinctive, c’est la première fois que j’ai exercé mon style propre. En vérité, on peut considérer que The Lodger est mon premier film. » (Entretiens avec François Truffaut, Ramsay 1983).

16 avril 2015

Frenzy (1972) de Alfred Hitchcock

FrenzyUne jeune femme est retrouvée flottant dans la Tamise, étranglée avec une cravate. Ce n’est pas la première victime du « tueur à la cravate ». Le même jour, Richard Blaney, un ancien de la RAF impulsif et aigri, est renvoyé du pub où il travaillait… Frenzy est l’avant-dernier film d’Alfred Hitchcock. Le cinéaste a choisi de s’écarter d’Universal pour avoir toute liberté de le tourner et l’a fait en Angleterre. Le suspense n’est pas ici sur l’identité du meurtrier, qui nous est dévoilée très rapidement, mais repose plutôt sur le principe de la souricière : comment celui qui y est pris va t-il pouvoir s’en échapper ? Hitchcock s’écarte de toute édulcoration, n’hésite pas à aller dans le domaine du sordide tout en le contrebalançant par un humour assez constant, par petites touches. Cet humour est présent non seulement sur le contenu lui-même (comme cet inspecteur de police dont la femme s’est découvert une passion pour la cuisine française) mais aussi sur le plan cinématographique pur. Hitchcock est facétieux, place sa caméra dans des endroits inhabituels, nous surprend, joue avec le son : au lieu de la scène habituelle d’une personne découvrant un cadavre, il la laisse entrer et reste à la porte, filmant le vide pendant quelques secondes avant de faire retentir un cri perçant. Mais le plan le plus remarquable est incontestablement ce long traveling arrière après avoir vu l’assassin emmener chez lui une jeune femme, par lequel Hitchcock semble dire au spectateur : « oui, il va la tuer, et vous ne pourrez rien faire pour l’en empêcher ! » Le caractère le plus marquant de Frenzy reste toutefois sa crudité, une certaine normalité (banalité ?) dans l’horreur, avec ses personnages « ordinaires » où même les personnages féminins n’ont pas la superbe des héroïnes hitchcockiennes…
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jon Finch, Alec McCowen, Barry Foster, Billie Whitelaw, Anna Massey, Barbara Leigh-Hunt, Vivien Merchant
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Frenzy
Hichcock manie le sordide et l’humour noir : Barbara Leigh-Hunt dans Frenzy.

Cameo :
Hitchcock apparaît dans les toutes premières minutes, bien visible au milieu de la petite foule de personnes qui écoutent le discours près de la Tamise. Fait inhabituel, il apparaît une seconde fois quelques secondes plus tard, assez longuement, vu de haut.

9 mars 2015

Les Enchaînés (1946) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Notorious »

Les enchaînésLa fille d’un américain condamné pour espionnage au profit des nazis fait la rencontre d’un homme séduisant. Celui se révèle être un membre du contre-espionnage qui, sachant ses idées opposées à celles de son père, lui propose d’aller infiltrer au Brésil un groupe composé des anciens amis de son père… Ecrit par le talentueux Ben Hecht (avec le concours de David O. Selznick, Clifford Odets et Alfred Hitchcock), Notorious (Les enchaînés) mêle très habilement amour et espionnage. La construction et le déroulement sont d’une simplicité qui force l’admiration car la tension et le suspense y sont intenses. Comme le souligne très justement Patrick Brion (1), on pourra noter que le personnage du méchant (merveilleusement interprété par Claude Rains) est assez subtilement défini car il apparaît sous bien des aspects plutôt une victime qui reste sincère dans ses sentiments envers celle qu’il aime alors que le gentil Cary Grant apparaît assez cynique. Ingrid Bergman interprète une femme qui se sent indigne de l’amour de celui qu’elle aime et prend de très grands risques pour se racheter à ses yeux. La mise en scène limpide d’Hitchcock contribue à faire de Notorious un film quasiment parfait.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ingrid Bergman, Claude Rains, Louis Calhern, Leopoldine Konstantin
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Les Enchaînés de Alfred Hitchcock
Claude Rains, Cary Grant et Ingrid Bergman dans Les Enchaînés (Notorious) d’Alfred Hitchcock.

Remarques :
* Cameo : Alfred Hitchcock apparait lors de la réception, buvant une coupe de champagne face à la table des serveurs.
* Alfred Hitchcock raconte avoir été rendre visite avec Ben Hecht en 1944 (soit un an avant l’explosion d’Hiroshima) au Dr. Millikan pour lui demander quelle taille pouvait avoir une bombe atomique. Le scientifique a répondu par une démonstration de près d’une heure que tout cela était impossible. Après cette entrevue, Hitchcock a été surveillé par le FBI pendant trois mois ! (il ne l’a appris que bien plus tard.)
* Sous le Code Hays, un baiser ne devait en aucun cas excéder trois secondes. Alfred Hitchcock y parvient manifestement tout en respectant le code à la lettre… (en plusieurs fois).
* Le plan assez remarquable avec la tasse de café nette au premier plan et Ingrid Bergman assise dans le fauteuil également nette à l’arrière plan a été obtenu grâce à une très grande tasse de café.
* David O. Selznick a cédé juste avant la sortie la moitié de ses droits à la R.K.O. parce qu’il ne croyait guère à l’uranium (qui a finalement peu d’importance dans le film) et aussi parce qu’il devait financer Duel au soleil avec Jennifer Jones qu’il avait récemment épousée. Il a dû sûrement le regretter puisque le film a rapporté près de cinq fois son coût.

(1) Patrick Brion Hitchcock (Editions de la Martinière, 2000)

18 décembre 2014

Le crime était presque parfait (1954) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Dial M for Murder »

Le crime était presque parfaitAyant découvert que sa femme le trompe, un ancien champion de tennis a projeté de la tuer. Il a mis au point un plan qui lui permet d’avoir un alibi parfait et pour lequel il recrute les services d’un ancien camarade de collège au passé trouble… Bien qu’il soit l’un des films les plus connus d’Alfred Hitchcock, Le crime était presque parfait n’est guère apprécié du cinéaste (1). En panne sur un nouveau scénario alors qu’il devait un film à la Warner, il n’a en effet choisi de faire cette adaptation d’une pièce de théâtre que par défaut. Plutôt que d’en gommer les origines théâtrales, il les accentue : il situe tout le film dans une seule et unique pièce et va jusqu’à utiliser un plancher en bois pour garder l’impression d’une scène. Le plus extraordinaire est que l’on ne ressent jamais cet espace limité tant le scénario se déroule à la perfection. Le crime était presque parfait est un film de dialogues. La scène où Ray Milland prend au piège son ancien camarade de collège pour le forcer à exécuter son plan est assez remarquable : très longue et extrêmement passionnante, on ne raterait une phrase pour rien au monde. Le crime était presque parfait est sans aucun doute l’une des plus belles réussites de « théâtre filmé ». Il se revoit toujours avec le même plaisir.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ray Milland, Grace Kelly, Robert Cummings, John Williams, Anthony Dawson
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Remarques :
* La pièce originale a été écrite par Frederick Knott. Elle a été jouée 552 fois (10/1952 – 02/1954) ce qui en fait un franc succès. John Williams (le policier) et Anthony Dawson (le tueur) y tenaient le même rôle.
* Alfred Hitchcock a quelque peu modifié l’histoire : sans doute pour la rendre plus troublante, le cinéaste a rendu le mari plus sympathique que dans la pièce où il tuait sa femme surtout pour l’argent, la liaison de sa femme avec son amant étant terminée. De plus, le personnage de l’amant paraît ici bien superficiel et moins intelligent que le mari. La femme est particulièrement hypocrite. Sans doute, Hitchcock voulait-il faire germer en nous l’idée troublante que le mari méritait peut-être de réussir un plan si bien préparé…
* Cameo : Alfred Hitchcock est visible sur la photographie du banquet (environ à 12’30). A noter qu’il est assez net que les visages de Ray Milland, d’Anthony Dawson et d’Alfred Hitchcock ont été collés après coup sur une photo…
* Hitchcock souligne que les robes portées par Grace Kelly sont de couleurs vives au début du film et deviennent de plus en plus foncées au fur et à mesure que l’intrigue devient plus sombre.
* Dans certaines scènes, Hitchcock a placé la caméra dans une fosse pour accentuer l’effet de contre-plongée.
* Le crime était presque parfait a été tourné en 3D, version qui fut peu visible avant qu’elle ressorte en 1980.

Remake :
Meurtre parfait (A Perfect Murder) de Andrew Davis (1998) avec Michael Douglas et Gwyneth Paltrow.

Homonyme :
Le crime était presque parfait (The Unsuspected) de Michael Curtiz (1947) avec Claude Rains, Joan Caulfield et Audrey Totter.

(1) Lors de ses entretiens avec François Truffaut, Alfred Hitchcock dit « Nous pouvons passer rapidement sur ce film car il n’y a pas grand-chose à en dire » et ce n’est qu’à l’insistance de Truffaut qu’il consent à en parler un peu.

Le crime était presque parfait
La scène la plus célèbre du film Le Crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock (de g. à d.: Anthony Dawson et Grace Kelly)

16 octobre 2014

L’homme qui en savait trop (1934) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Man Who Knew Too Much »

L'homme qui en savait tropLors de vacances en Suisse avec leur fille, Bob et Jill Lawrence se lient d’amitié avec un skieur français. Celui-ci est mystérieusement assassiné sous leurs yeux et, avant de mourir, leur transmet un étrange message… Dans sa version de 1934, L’homme qui en savait trop est le premier grand film d’espionnage d’Alfred Hitchcock. Il se situe, dans la période anglaise du cinéaste, juste avant les grands films que sont Les 39 marches, Jeune et innocent et Une femme disparaît. Par rapport à ces derniers, il est plus rudimentaire, moins développé sans aucun doute, mais il contient des éléments particulièrement intéressants ou originaux. Citons-en deux : le meurtre intervient en pleine scène comique, la surprise est totale, et l’utilisation du coup de cymbale lors du concert pour couvrir un coup de feu. Hitchcock se montre toujours assez influencé par l’expressionnisme dans l’utilisation de la lumière (la photographie est d’ailleurs de Curt Courant) et la présence de Peter Lorre (son premier film en langue anglaise après avoir fui l’Allemagne) renforce cette impression (1). Le film sera un succès, offrant au cinéaste une plus grande liberté pour ses films suivants. Hitchcock tournera à nouveau la même histoire en 1956.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Leslie Banks, Edna Best, Peter Lorre, Frank Vosper, Nova Pilbeam, Pierre Fresnay
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Remarques :
* La fille du couple est interprétée par la jeune (15 ans) Nova Pilbeam qu’Hitchcock fera rejouer dans Jeune et innocent trois ans plus tard, dans le rôle principal cette fois.
* Hitchcock raconte avoir eu beaucoup de soucis avec la censure anglaise car les autorités ne voulaient pas montrer de police armée dans la fusillade finale (en Angleterre, les policiers ne sont pas armés). Hitchcock trouva une solution scénaristique satisfaisante pour tout le monde : un camion est allé chercher des armes dans une armurerie proche et ces armes, assez vieilles, sont distribuées aux policiers.
* Caméo : Alfred Hitchcock apparaît traversant la rue juste avant que Leslie Banks n’entre dans la chapelle.

Remake :
L’homme qui en savait trop (1956) d’Alfred Hitchcock avec James Stewart et Doris Day.

(1) Le personnage d’anarchiste joué par Peter Lorre se situe bien dans le prolongement du personnage de M le Maudit de Fritz Lang. De plus, la fusillade finale est assez proche de celle du Mabuse du même Lang.

L'homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much)Peter Lorre, Leslie Banks et Edna Best dans L’homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much) de Alfred Hitchcock.

14 octobre 2014

Jeune et innocent (1937) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Young and Innocent »
Autre titre (USA) : « The Girl was Young »

Jeune et innocentUne actrice est retrouvée morte étranglée sur la plage. Entraperçu quittant les lieux du crime, un jeune homme est accusé à tort. Il se rend compte rapidement qu’il ne peut compter que sur lui-même pour prouver son innocence… Jeune et innocent fait partie des meilleurs films de la période anglaise d’Alfred Hitchcock. Le thème est celui du faux coupable. Toutefois, ce n’est pas tant l’intrigue en elle-même qui fait la qualité du film mais la façon dont le cinéaste capte toute notre attention. Hitchcock maitrise alors de mieux en mieux ce mélange de légèreté apparente et de tension qui va le caractériser. Il sait placer le suspense dans les scènes les plus anodines, par exemple dans une fête d’enfants.
Il a également de belles trouvailles comme ce long travelling devenu l’un des plus célèbres du cinéma : Jeune et innocent la caméra surplombe la salle de danse du Grand Hotel et, partant de très loin, effectue un long travelling avant par-dessus des danseurs pour aller cadrer les yeux du batteur de l’orchestre situé au fond de la salle (et livrer au spectateur un indice que les personnages principaux ignorent, renforçant ainsi le suspense). Indéniablement réussi, Jeune et innocent est un beau divertissement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nova Pilbeam, Derrick De Marney, Edward Rigby
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Remarque :
* Cameo : Alfred Hitchcock apparaît assez longuement à l’extérieur du tribunal avec un petit appareil photo à la main.

Jeune et innocent (Young and Innocent)Nova Pilbeam et Derrick De Marney dans Jeune et innocent (Young and Innocent) de Alfred Hitchcock.

15 septembre 2014

Les Oiseaux (1963) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Birds »

Les oiseauxEnfant gâtée habituée à avoir tout ce qu’elle veut, Melanie Daniels décide de jouer un tour à Mitch Brenner qu’elle a rencontré la veille dans un magasin d’animaux. Elle se rend à Bodega Bay au nord de San Francisco où il passe le week-end en apportant deux lovebirds (1)Les Oiseaux est l’un des films les plus connus et les plus commentés d’Alfred Hitchcock. C’est celui où il a été le plus loin dans la création de la peur. Tout l’art est d’avoir utilisé des créatures très ordinaires, habituellement considérées comme inoffensives, pour créer cette terreur. Et l’absence d’explication finale (2) semble venir nous dire « je vous ai bien fait peur, mais tout cela était pour rire ». Le succès de Psychose a donné à Hitchcock la possibilité d’une production importante. Le cinéaste a ainsi pu être aussi perfectionniste qu’il le souhaitait, utilisant des trucages sophistiqués et allant jusqu’à martyriser sa nouvelle actrice préférée, Tippi Hedren, qui dût subir, plusieurs jours durant, des attaques de mouettes lancées sur elle (pour la scène du grenier). La construction, le déroulement du scénario et la mise en scène de l’attente (car le spectateur sait que les oiseaux vont attaquer) montrent l’expertise du « maître du suspense ». Le montage a été largement étudié depuis, l’une des scènes les plus remarquables sur ce plan est celle des oiseaux qui viennent se poser derrière Tippi Hedren à l’extérieur de l’école. Le côté spectaculaire du film nous ferait presque oublier la trame psychologique avec des rapports mère-fils dominés par la crainte de l’abandon qu’Hitchcock distille habilement pour renforcer encore la tension. Le film connut un très grand succès.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tippi Hedren, Rod Taylor, Suzanne Pleshette, Jessica Tandy
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Remarques :
* L’idée de départ d’utiliser des oiseaux mécaniques a finalement été abandonnée car elle ne donnait pas de bons résultats. Les coûteux automates ont toutefois été utilisés dans quelques plans, notamment dans quelques scènes avec les enfants.

* La bande-annonce est un petit joyau d’humour hitchcockien : le cinéaste nous fait un petit cours d’ornithologie avant de s’asseoir à table devant un poulet rôti :
Voir la bande-annonce complète (anglais non sous-titré), incomplète (anglais sous-titré)…

* Les Oiseaux est basé sur une nouvelle de Daphné du Maurier qu’Hitchcock dit avoir lue… « dans un de ces recueils intitulés Alfred Hitchcock Presents » ! Cette nouvelle se basait sur un fait divers survenu à La Jolla (Californie) : une nuée d’oiseaux était entré dans une maison par la cheminée et avait en partie dévasté l’intérieur de la pièce.

* Caméo d’Alfred Hitchcock : alors que Tippi Hedren entre dans l’animalerie au début du film, il est un client qui sort du magasin avec plusieurs caniches blancs en laisse.

(1) Lovebirds = « inséparables » en français, ce sont de petits perroquets africains qui vivent en couple.

(2) Certaines interprétations ont toutefois été avancées. Pour Jean Douchet, par exemple, Melanie « commet l’irréparable : prendre l’homme comme sujet d’expérience. En portant les love birds chez Mitch Brenner, elle imagine et monte une pure mise en scène. De sa barque, elle guette, toute excitée, la réaction de cet homme qui lui est presque inconnu. Par ce crime occulte, elle déclenche immédiatement le drame : la première attaque d’oiseaux. » (Hitchcock, éditions Cahiers du Cinéma)

Les Oiseaux (The Birds)Les Oiseaux (The Birds) de Alfred Hitchcock.

Les Oiseaux (The Birds)Rod Taylor et Tippi Hedren dans Les Oiseaux (The Birds) de Alfred Hitchcock.

12 août 2014

Soeurs de sang (1973) de Brian De Palma

Titre original : « Sisters »

Soeurs de sangDans l’appartement newyorkais d’une jeune femme mannequin, un meurtre est commis. Grace, journaliste débutante passionnée, a tout vu depuis sa fenêtre de l’autre côté de la rue. Elle prévient la police qui ne croit guère son histoire car toute trace du crime a disparu. Grace décide alors de mener l’enquête elle-même, loin d’imaginer ce qu’elle va découvrir… Sisters, Soeurs de sang, est considéré comme le premier grand film de Brian De Palma. On y trouve en effet deux grands thèmes que l’on retrouvera dans bon nombre de ses films ultérieurs : le thème du double, sous toutes ses formes, et le thème du voyeurisme. On peut y ajouter bien entendu l’hommage appuyé à Hitchcock, les références au maître du suspense sont ici très nombreuses (1). Le film fut d’ailleurs assez mal reçu par la critique française de l’époque (2) qui accusait De Palma de trop se calquer sur son modèle. Sisters n’est pas non plus sans faire penser au Rosemary’s Baby de Polanski. L’histoire est à la limite du fantastique voire de l’horreur, tout en gardant une bonne crédibilité. Brian De Palma s’amuse à nous donner une fin incomplète, un peu énigmatique donc, nous laissant imaginer le dénouement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Margot Kidder, Jennifer Salt, Charles Durning, William Finley
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Remake :
Sisters de Douglas Buck (2006) avec Chloë Sevigny et Lou Doillon (non vu mais généralement jugé comme très mauvais).

(1) A noter que la musique a été composée par Bernard Hermann, l’un des musiciens préférés de Hitchcock.
(2) Le film n’est sorti en France qu’en 1977, après le succès de The Phantom of the Paradise (1974).

18 juillet 2014

Body Double (1984) de Brian De Palma

Body DoubleActeur sans envergure et sans contrat, Jake cherche un lieu où se loger après avoir surpris la femme qu’il aimait dans les bras d’un autre homme. Au cours de ses auditions, il rencontre un acteur qui lui propose de garder la superbe maison d’un ami sur les hauteurs d’Hollywood. Le grand salon permet d’avoir une vue sur une maison où une jeune femme se livre tous les soirs à une danse lascive… Body Double est écrit, produit et réalisé par Brian De Palma qui a donc pu bénéficier d’une grande latitude. L’un des thèmes récurrents chez Brian de Palma est celui du double et on comprend aisément, avec un tel titre (1), que ce sera ici plus que jamais le cas. Il montre aussi sa grande dévotion envers Hitchcock et Body Double est, au moins dans sa première partie, vraiment très proche de Vertigo. L’intrigue est intelligemment écrite même s’il faut reconnaitre que le film fonctionne mieux à sa première vision, lorsque que l’on n’a aucune idée de ce qui nous attend. On peut reprocher au film d’être un peu racoleur et d’appuyer un peu trop ses effets. Comme toujours avec De Palma, la virtuosité formelle est un élément attractif : la scène de l’étreinte a l’entrée du tunnel avec son interminable mouvement circulaire force l’admiration.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Craig Wasson, Melanie Griffith, Gregg Henry, Deborah Shelton
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Remarques :
* Body Double inclut in extenso une chanson de Frankie Goes to Hollywood, Relax, que le groupe britannique avait sorti l’année précédente. Présent à l’écran, le groupe a utilisé ce passage pour en faire un clip avec un montage un peu différent qui inclut d’autres séquences du film.

* La maison circulaire existe vraiment : elle a pour nom Chemosphere et fut construite en 1960 par l’architecte John Lautner. Elle est située 7776 Torreyson Drive, au dessus de Mulholland Drive. A l’époque qualifiée de « maison la plus moderne du monde » par l’Encyclopædia Britannica, elle est octogonale et posée sur un pilier de béton de 9 mètres de haut. On y monte par un petit funiculaire. Le terrain en pente de 45° était considéré inconstructible. Depuis 2000, la maison appartient à Benedikt Taschen, de la maison d’édition allemande Taschen, qui l’a restaurée. Elle a été classée monument historique par la ville de Los Angeles.
Voir la maison sur le site de la Fondation John Lautner

* L’actrice Deborah Shelton (qui interprète Gloria Revelle) est essentiellement connue pour avoir été l’un des principaux personnages de la série Dallas.

(1) Body double est le terme américain pour désigner un certain type de doublure au cinéma : un body double peut être utilisé pour certains gros plans sur le corps, le plus souvent parce que l’acteur ne veut (ou ne peut) montrer son corps nu.