16 mai 2012

La piste des géants (1930) de Raoul Walsh

Titre original : « The Big Trail »

La piste des géantsDes rives du Mississippi, un convoi de plus de cent chariots de pionniers part vers l’ouest, espérant atteindre les plaines verdoyantes de l’Oregon. Il est dirigé par le rustre Red Flack que le jeune Breck Coleman soupçonne d’avoir tué son ami. Il accepte d’être engagé comme éclaireur… Alors que le cinéma parlant n’a que deux ans, la Fox décide de frapper un grand coup avec un western de grande envergure. Winfield R. Sheehan donne des moyens considérables (1) à Raoul Walsh pour réaliser La piste des géants, presque entièrement tourné en extérieurs (les scènes parlantes furent tournées en très grande partie en studio, en plusieurs langues). Tourné simultanément en 35mm et en 70mm (2), le film frappe par l’ampleur et le réalisme de ses scènes. L’accent n’est pas tant sur les personnages que sur l’odyssée de ce groupe de pionniers qui écrit l’Histoire. Les scènes d’action sont superbes, la plus célèbre d’entre elle, la descente d’une falaise à pic (3), n’a même jamais été refaite depuis (ce qui est tout de même incroyable à propos d’un film datant de 1930). La piste des géantsPour le rôle principal du jeune éclaireur épris de justice, Raoul Walsh a découvert un jeune accessoiriste. Sheehan et Walsh lui trouve même un nom : ce sera John Wayne. Alors que tous les éléments semblaient réunis pour faire un grand succès, La piste des géants n’en eut aucun à l’époque (aussi étonnant que cela puisse paraître) : ce fut un désastre financier pour la Fox et John Wayne devra attendre près de 10 ans pour devenir une star.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Wayne, Marguerite Churchill, Tyrone Power Sr., Ian Keith, Charles Stevens
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.
Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

(1) 20.000 figurants, 1.800 bestiaux, 1.400 chevaux, 500 bisons, 725 indiens appartenant à 5 tribus, 185 chariots, une équipe de production de 200 personnes dont 22 cameramen ; l’équipe a voyagé 4.300 miles pendant 5 mois à travers 7 états : Arizona, Californie, Wyoming, Idaho, Montana, Utah et Oregon avec 12 guides indiens.

(2) La version 70mm utilisait un procédé baptisé « Grandeur 70 mm » qui fut rapidement abandonné à cause du coût pour équiper les salles des projections. En 1986, la version 70 mm a été restaurée et transformée en version Cinemascope. On peut la trouver aujourd’hui facilement en DVD (une version en zone 1 comporte les deux versions sur 2 disques). En plus du champ élargi, la version 70mm a une profondeur de champ bien plus grande qui dévoile des détails dans l’arrière plan. En revanche, toujours du fait de la différence de focale, les gros plans sont moins efficaces et plus limités.
Lire une interview très intéressante du directeur de la photographie 70 mm Arthur Edeson (en anglais)…
Seulement 3 films ont été tournés avec le système 70mm « Grandeur ». The Big Trail est le seul qui ait survécu : Fox Movietone Follies of 1929 de David Butler est totalement perdu et Happy Days de Benjamin Stoloff (1929) n’a survécu que dans sa version 35mm.

(3) Raoul Walsh raconte dans ses mémoires que la scène de la falaise n’était pas prévue au scénario. Le hasard aurait fait que l’équipe se soit trouvée au bord d’une haute falaise et Raoul Walsh aurait alors sauté sur l’occasion pour rajouter une scène d’action à son film qui en manquait, selon lui. La corde qui se rompt et le chariot qui se brise aurait été un accident de tournage.

6 réflexions sur « La piste des géants (1930) de Raoul Walsh »

  1. Parmi la distribution du film, il faut souligner qu’il ne s’agit pas de Tyrone Power, mais de son père, Tyrone Power Sr qui était Anglais de naissance. Décédé en 1931, « The Big Trail » fut son dernier film.
    Il faut aussi noter que les deux versions ont des durées différentes, 125 minutes pour celle en 35 mm et 158 minutes pour la version 70 mm.

  2. Merci pour cette précision.
    Effectivement, il s’agit du père du Tyrone Power que l’on connait pour ses films d’aventures et de cape et d’épée (en 1930, il n’avait d’ailleurs que 16 ans).
    J’ai corrigé.

  3. Je permets de souligner une erreur dans votre commentaire :
    il y a au moins un western où la scène de la descente de la falaise à pic des chariots a été refaite c’est dans le film « La route de l’ouest » (« the way west ») (1967) de Andrew V. McLaglen. Le personnage interprété par Kirk Douglas y perd d’ailleurs la vie.

    [Réponse : Certes, vous avez raison mais ce n’est pas exactement la même scène. Ce qui est vraiment impressionnant, c’est le fait qu’ils descendent la pente (sur leurs roues) alors que dans le film que vous citez, ils descendent à l’horizontale, comme dans un ascenseur…]

  4. Encore quelques précisions complémentaires à mon commentaire précédent.
    A l’époque, on avait l’habitude de ne pas doubler les films ou d’avoir recours aux sous-titres et on tournait différentes versions, ce que vous signalez. Ainsi, « The Big Trail » a été réalisé en 5 versions : américaine, française, allemande, italienne et espagnole. Pour chacune des versions, l’équipe était différente : réalisateur, techniciens, acteurs et figurants. Seules les scènes d’ensemble sans personnages reconnaissables étaient communes.
    La version restaurée de 2008 a été traitée selon le procédé Cinémascope mais n’en a cependant pas les dimensions. Le système 70mm de 1930, qui avait été exploité sous le nom « Fox Grandeur » ou aussi « Grandeur 70mm », a un rapport de 1 x 2.10 alors que le Cinémascope fait 1 x 2.35.
    La jaquette du DVD n’est d’ailleurs pas fiable : elle indique que le format présenté est d’origine 2.35 et l’image mesurée sur écran a en réalité la dimension 2.06. De plus on renseigne une durée de 123 minutes et le film ne fait que 115 minutes… Le film d’origine (158 min.) a donc été amputé de 43 minutes !…
    De là il y a un doute sur la version proposée. Sa durée est plus proche de la version 35mm (125 min.) et il n’est pas impossible que ce soit elle qui ait été recadrée en hauteur pour se rapprocher des proportions « Fox Grandeur »… L’image semble d’ailleurs parfois un peu étriquée en hauteur dans certaines séquences…

  5. On soulignera également le respect avec lequel les Amérindiens (qui ne sont pas ici des Blancs grimés) sont présentés dans le film : on est loin des clichés trop souvent attribués, à tort, au western pré-soixantehuitard.

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