24 août 2015

Prête à tout (1995) de Gus Van Sant

Titre original : « To Die For »

Prête à toutSuzanne Stone est une jeune femme qui sait exactement ce qu’elle veut : être présentatrice de télévision. Elle montre une grande détermination pour atteindre son but, bien décidée à balayer tout ce qui se trouvera en travers de sa route… Adapté d’un roman de Joyce Maynard (lui-même basé sur une histoire vraie), Prête à tout a beau être une oeuvre de commande pour Gus Van Sant, elle ne manque pas d’attraits. Cette comédie noire sur l’arrivisme et le rêve américain est assez surprenante par sa construction : elle a le mérite d’être originale mais le défaut de nous indiquer d’emblée le dénouement. Presque tout le film est un flashback, raconté à la façon d’un reportage-enquête ; certains plans ne feront sens qu’à la fin toutefois. Prête à tout sera un révélateur pour Nicole Kidman qui est particulièrement mise en valeur : l’actrice, qui était auparavant surtout vue comme la femme de Tom Cruise, va à partir de ce film devenir une actrice de premier plan. Extrêmement photogénique, elle a ici une présence à l’écran rare et Gus Van Sant ne se prive pas de la filmer en très gros plan. On remarquera aussi le petit rôle tenu par le réalisateur David Cronenberg (l’homme avec lequel elle a rendez-vous au lac à la fin du film).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Matt Dillon, Joaquin Phoenix, Casey Affleck, Illeana Douglas, Alison Folland
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Prête à tout
Nicole Kidman dans Prête à tout de Gus Van Sant.

 

11 juillet 2015

Peggy Sue s’est mariée (1986) de Francis Ford Coppola

Titre original : « Peggy Sue Got Married »

Peggy Sue s'est mariéePeggy Sue, 43 ans et deux grands enfants, est sur le point de se séparer de son mari Charlie. Elle vit très mal cette séparation. A une réunion des anciens élèves de la classe 1960, Peggy est nommée reine de la soirée. Elle s’évanouit et se retrouve vingt-cinq ans en arrière en 1960. Charlie et elle avaient alors l’intention de se marier… Comment orienterions-nous notre vie si nous avions la possibilité de revenir en arrière avec ce que savons ? Cette question, que l’on peut tous se poser à un moment ou à un autre, n’est pas vraiment nouvelle dans le cinéma hollywoodien, on peut la rapprocher du fameux mythe américain de « la seconde chance ». Coppola la traite de façon assez élégante, sans pathos inutile et sans trop s’égarer. Le propos reste toutefois dans la droite ligne de l’idéologie américaine pour laquelle le mariage est indissoluble… L’atmosphère 1960 est joliment recréée, avec belles voitures aux couleurs profondes et jupes évasées. Si Nicolas Cage, neveu de Coppola, a un jeu un peu mal assuré, Kathleen Turner s’en donne à coeur joie et le film repose en grand partie sur elle. A noter que l’actrice avait alors 32 ans. Peggy Sue s’est mariée n’est pas un grand Coppola, c’est un film de commande qui lui permet de se renflouer après le désastre de Coup de Coeur, mais il est de belle facture.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kathleen Turner, Nicolas Cage, Barry Miller, Joan Allen, Jim Carrey, Maureen O’Sullivan, Leon Ames
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Peggy Sue s'est mariée
Nicolas Cage et Kathleen Turner dans Peggy Sue s’est mariée de Francis Ford Coppola.

 

Remarque :
Peggy Sue s'est mariée
Dans la scène d’ouverture de Peggy Sue s’est mariée, Francis Ford Coppola s’est amusé à placer une astuce de miroir : nous sommes censé être derrière Kathleen Turner qui se prépare face à un miroir… En réalité, il n’y a pas de miroir (sinon la caméra serait visible) et c’est une autre actrice habillée comme elle qui est de dos. On s’en aperçoit hélas car Coppola a voulu trop en faire : il lui fait faire un mouvement pour prendre un mouchoir en papier à droite et les mouvements ne sont pas parfaitement synchrones. Ceci dit, Coppola a peut-être volontairement laissé cette imperfection car c’est à ce moment-là que l’on réalise vraiment que c’était un plan impossible, d’autant plus qu’il l’a démarré par un traveling arrière. (Voir cette scène sur Youtube…)

8 juillet 2015

La Fille à la valise (1961) de Valerio Zurlini

Titre original : « La ragazza con la valigia »

La Fille à la valiseFils de bonne famille, le jeune Lorenzo, âgé de 16ans, s’efforce de d’atténuer les effets de la mauvaise conduite de son frère aîné envers une jeune femme, Aida. De simple gentillesse à son égard, ses sentiments vont évoluer peu à peu vers une attirance plus profonde… La Fille à la valise est le récit de la rencontre de deux jeunes êtres issu de mondes différents : il est timide, éduqué de façon stricte, ne connait rien de la vie et découvre l’amour ; elle a déjà trop vécu à 22 ans, victime des hommes, mais garde une grande part de pureté et ne sait que faire de cet amour naissant. Le film de Valerio Zurlini peut paraître quelque peu laborieux dans sa mise en place mais il évolue avec une certaine grâce à l’image des sentiments de ses deux personnages principaux. Claudia Cardinale et Jacques Perrin sont tous deux d’une beauté juvénile absolument hors du commun et Zurlini a pris le parti de les filmer en très gros plans, souvent sans prendre la peine de faire de contre-champs. Ils irradient littéralement l’image. Il a également pris le parti d’une certaine lenteur qui peut soit envouter soit finir par lasser. Mais La Fille à la valise ne peut que nous toucher.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Jacques Perrin, Luciana Angiolillo, Gian Maria Volonté
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La Fille à la valise
Claudia Cardinale et Jacques Perrin dans La Fille à la valise de Valerio Zurlini

Remarques :
* Dans un entretien, Valerio Zurlini a déclaré s’être inspiré du récit d’une jeune actrice assez étrange (qui, dit-il, est devenue assez célèbre par la suite) rencontrée sur le tournage d’un petit film publicitaire  et qui lui avait en partie racontée sa vie.

* Au moment du tournage, Jacques Perrin a 19 ans et Claudia Cardinale 22. C’est le premier grand rôle de Jacques Perrin et le film va vraiment lancer sa carrière. Claudia Cardinale est alors plus connue mais elle n’est pas encore vraiment reconnue pour ses talents d’actrice.
Dans un second rôle, Gian Maria Volonte est ici dans l’un de ses tous premiers longs métrages (le deuxième).

29 juillet 2014

Le pont (1959) de Bernhard Wicki

Titre original : « Die Brücke »

Le pontEn 1945, dans une Allemagne proche de la capitulation, des jeunes garçons de 15-16 ans fréquentent l’école d’une petite ville. Alors qu’une certaine résignation s’est répandue dans la population, les adolescents sont toujours exaltés et espèrent être mobilisés pour aller, eux aussi, défendre leur patrie. Leur voeu va hélas être exaucé lorsque l’état-major décide de lancer toutes ses forces valides dans un dernier sursaut… Le pont est basé sur un roman de Manfred Gregor, le seul survivant des évènements racontés ici (1). C’est un film qui démontre l’absurdité de la guerre et, surtout, qui dénonce l’endoctrinement de la jeunesse. Tout d’abord, nous voyons évoluer ces adolescents dans leurs jeux, leur éveil à l’amour ; nous pouvons constater à quel point les exhortations à montrer sa valeur, son courage trouvaient là un terrain propice, les jeunes garçons ne pouvant s’empêcher d’idéaliser la guerre. Le jeu des acteurs est très naturel et donne une grande authenticité au film de Bernhard Wicki. La démonstration est terriblement efficace. Couvert de récompenses outre-Rhin, Le pont a été montré à toute une génération d’écoliers allemands.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Folker Bohnet, Fritz Wepper, Michael Hinz, Frank Glaubrecht
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Remarques :
* Le pont est l’un des premiers films allemands de l’Après-guerre à aborder directement la question de la guerre.

* Remake :
Die Brücke de Wolfgang Panzer (TV, 2008) qui semble généralement mal jugé par ceux qui l’ont vu car plus centré sur l’action.

(1) Dans la réalité, il n’y a eu que trois adolescents placés pour défendre Le pont. L’un d’entre eux, jugeant ce combat inutile et absurde, a déserté le soir même. Le lendemain, il a constaté que ses camarades étaient morts et qu’ils n’avaient, bien entendu, pas réussi à empêcher les américains de passer. C’est pour dénoncer l’endoctrinement de la jeunesse qu’il a décidé d’écrire (sous un pseudonyme) un roman, en étoffant l’histoire.

6 juillet 2014

Panic sur Florida Beach (1993) de Joe Dante

Titre original : « Matinee »

Panic sur Florida BeachEn pleine Crise des missiles de Cuba (1962), sur les iles Key West au sud de la Floride, un producteur de films d’horreur arrive pour tester un nouveau système de projection capable de faire vibrer les sièges et d’autres effets. En grand amateur de ce genre de films, le jeune Gene est ravi. Fils de militaire, il vient d’emménager et n’a pas encore d’amis… Avec Matinee, Joe Dante a voulu réaliser un hommage aux films d’horreur de série B des années cinquante et soixante. Pour bien montrer l’aspect métaphorique de ces films qui jouaient avec la peur d’une guerre nucléaire, il mêle habilement à son histoire une crise historique qui engendra une panique bien réelle. Les deux peurs se superposent et se télescopent. L’ensemble est amusant et plutôt attachant avec toute la bonhommie apportée par John Goodman. Le film permet au spectateur de retrouver son âme d’enfant…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Goodman, Cathy Moriarty, Simon Fenton
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Remarque :
Le personnage interprété par John Goodman est basé sur le showman William Castle dont la signature visuelle était effectivement de se montrer de profil avec son cigare (d’une façon qui rappelle Hitchcock dans sa série TV Alfred Hitchcock Presents, à ceci près qu’il est assis). William Castle a réalisé, et parfois produit, plus d’une cinquantaine de films de série B entre 1943 et 1974. Pour son film The Tingler (Le désosseur de cadavres, 1959), il a fait installer dans certaines salles des fauteuils à vibrations (système « Percepto » : un petit moteur de dégivrage d’aile d’avion de la Seconde Guerre mondiale placé dans l’assise du siège). Il a également conçu des systèmes pour effleurer les jambes des spectateurs et bien d’autres effets. Son film le plus réputé est House on Haunted Hill (La nuit de tous les mystères, 1959), film qui a donné à Hitchcock l’idée de faire Psychose.
Voir l’autobiographie de William Castle (en anglais) …

14 avril 2014

La fureur de vivre (1955) de Nicholas Ray

Titre original : « Rebel Without a Cause »

La fureur de vivreLe jeune Jim Stark est arrêté pour ivresse au beau milieu de la nuit. Au policier psychologue pour adolescents qui l’interroge, il se désole du manque d’autorité de son père… Des trois grands films de James Dean, La fureur de vivre est le plus emblématique, celui qui a, plus que les autres, créé le mythe attaché à l’acteur. En ce milieu des florissantes années cinquante, toute une jeunesse en butte à des parents incapables de les comprendre s’est identifiée à ce personnage de « rebelle sans cause ». On peut même dire que cette identification a continué de fonctionner sur plusieurs générations, de façon plus ou moins diffuse. Ce qui étonnant, c’est qu’en réalité Jim Stark ne rejette pas vraiment l’image du père, il la cherche plutôt : il reproche au sien le manque d’autorité, son incapacité à lui dire comment il se doit se comporter pour être « un homme ». La petite bande de durs qui attire ces jeunes en manque de repères a, quant à elle, franchi nettement la ligne de la délinquance. Le propos semble donc plus s’adresser aux parents qu’aux enfants, leur intimant d’être présents et de se comporter comme des parents. Si le film est devenu emblématique d’une génération mal comprise, ce n’est donc pas tant par le fond du propos mais par l’angle de vue adopté par Nicholas Ray : de façon très inhabituelle pour l’époque, il adopte en effet le point de vue des jeunes et les parents sont sur le banc des accusés. Le lyrisme de Nicolas Ray donne une indéniable force au film, même si la théâtralité peut paraître excessive. Le clou est bien entendu la scène ultra célèbre de la course de voitures sur la falaise, face au vide. La photographie est assez belle avec une utilisation de la lumière qui évoque par moments l’expressionnisme et une belle utilisation de la couleur (superbe idée du blouson rouge). Le jeu des trois acteurs principaux est très juste : contrairement à ses autres films, le jeu de James Dean ne paraît excessif à aucun moment. La fureur de vivre continue de bénéficier d’une très forte aura. Ce n’est pas le meilleur film de Nicholas Ray mais c’est en tous cas (et de loin, hélas pour ses autres films) son plus grand succès populaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Dean, Natalie Wood, Sal Mineo
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Remarques :
* Dennis Hopper, âgé alors de 19 ans à peine, tient le rôle de Goon (à noter que William Hopper, qui tient le rôle du père de Natalie Wood, n’a aucun lien de parenté avec lui).
* Sal Mineo, qui interprète Platon, est âgé de 16 ans au moment du tournage, Natalie Wood 17ans alors que James Dean a déjà 24 ans. Le film est sorti un mois après sa mort.
* La scène d’ouverture, pendant le générique, (James Dean au sol jouant avec le petit singe mécanique) n’était pas écrite. Elle a été improvisée par James Dean.
* Le scénario prévoyait une première scène où l’on voyait un père de famille se faire agresser par une bande de mauvais garçons. Pendant l’agression, il laissait tomber ses paquets de Noël dont un petit singe mécanique. Jugée trop violente par les studios, la scène fut coupée.
* Dans le plan final, l’homme qui marche vers l’entrée du planétarium est Nicholas Ray.

5 avril 2014

The We and the I (2012) de Michel Gondry

The We and the IC’est le dernier jour d’école pour un groupe de lycéens du Bronx. Nous les suivons dans le bus qui les ramène chez eux… A première vue, The We and the I ressemble à un exercice de style : 1h30 dans un bus rempli de lycéens. Le début est assez pénible avec le comportement despotique de ces adolescents qui s’affrontent verbalement et enchainent moqueries, stupidités et brimades. Peu à peu, à mesure que le bus se vide, des personnalités émergent et le film gagne un peu en épaisseur, la fin est subitement plus profonde. Comme le titre l’indique, le propos est de montrer la différence de comportement d’un adolescent suivant qu’il est en groupe (« the We ») ou plus isolé (« the I ») : le groupe stéréotype et nivelle (uniformise) les comportements, accentue les rapports de force, constat qui, ceci dit, serait tout aussi vrai pour des adultes (mais ces derniers seraient certainement moins démonstratifs). A mes yeux, la démonstration manque un peu de nuance mais on ne peut toutefois que saluer l’originalité de la forme. Michel Gondry a utilisé de vrais lycéens qui jouent leur propre rôle mais les textes sont écrits.
Elle:
Lui : 2 étoiles

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26 février 2014

L’âge atomique (2012) de Héléna Klotz

L'âge atomiqueDeux adolescents font une virée d’une nuit à Paris. Après quelques rencontres dans une boîte de nuit, ils errent dans les rues… L’âge atomique est un film de 67 minutes. Nous suivons ces deux amis dans leur errance nocturne, assistons à leur tentative d’aborder une fille, leur querelle avec d’autres garçons. Si le film comporte quelques (trop rares) beaux passages, l’ensemble paraît vraiment vide, les dialogues n’apportent aucun contenu sinon un maniérisme artificiel. En effet, le souhait est visiblement de donner un caractère néoromantique à ces deux adolescents qui cherchent amour et frisson mais la réalisatrice ne parvient pas vraiment à atteindre ce but. Le film a été entièrement tourné avec un Canon 1D (un appareil photo reflex de type pro), ce qui donne une image assez dure et accentue l’apparence documentaire. On peut bien entendu saluer le côté expérimental de L’âge atomique, le film tranche nettement avec la production cinématographique courante mais son manque d’étoffe est pour lui un sérieux handicap.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Eliott Paquet, Dominik Wojcik
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23 janvier 2013

Mort à Venise (1971) de Luchino Visconti

Titre original : « Morte a Venezia »

Mort à VeniseAu tout début du XXe siècle, un compositeur allemand vieillissant se rend à contrecœur à Venise pour un séjour de repos prescrit par son médecin. A l’Hôtel des Bains où il réside, il croise un adolescent polonais dont la beauté le fascine immédiatement… Mort à Venise est l’adaptation d’un court roman de Thomas Mann (1). C’est une œuvre traversée de nombreux thèmes forts (la recherche de la beauté, le désir, l’Art, l’isolement, le temps qui passe, la mort) où Visconti réalise une symbiose parfaite entre la forme et le sujet. C’est sur la beauté que cette symbiose est la plus évidente : par les costumes et les mouvements de caméra (superbes travellings), Visconti montre qu’il est dans le même type de démarche que son personnage qui a entièrement voué sa vie à la musique. Et surtout, en s’inspirant de Gustav Mahler pour ce même personnage, il réussit la plus belle fusion entre un film et sa musique, l’une des associations les plus parfaites (2). Mort à Venise n’est pas qu’une réflexion sur l’art et la beauté, ou encore sur le désir/fascination qui perturbe toutes nos certitudes : Visconti introduit de manière très forte les thèmes du temps, du déclin, de la mort. Le titre ne laisse aucun espoir et la citation qui ouvre le film est plus sombre encore (3). Visconti était alors lui-même très marqué par ces thèmes. Les images de Venise sont crépusculaires, exprimant la fin d’un monde, l’épidémie de choléra symbolisant la guerre qui approche. Avec peu de dialogues, Mort à Venise est un film qui se déroule lentement, tout en manifestant une forte présence.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Dirk Bogarde, Silvana Mangano, Björn Andrésen, Marisa Berenson, Romolo Valli
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(1) Visconti s’est également inspiré d’un autre roman de Thomas Mann, Le Docteur Faustus, pour les conversations sur beauté et la séquence de la maison close. On peut également penser qu’il a puisé son inspiration dans A la recherche du temps perdu de Proust, notamment pour certaines des séquences de l’hôtel.
(2) Adagietto de la 5e symphonie (4e mouvement) de Gustav Mahler. Cette symphonie a été composée entre 1901 et 1903 par le compositeur, soit la même époque que celle de Mort à Venise.
(3) « Celui qui a contemplé de ses yeux la beauté est déjà voué à la mort. » (Citation d’August von Platen-Hallermünde, poète allemand du début du XIXe)

9 octobre 2012

Un amour de jeunesse (2011) de Mia Hansen-Løve

Un amour de jeunesseCamille, 15 ans, vit intensément son premier amour avec Sullivan, un peu plus âgé qu’elle. Lorsque ce dernier décide de partir un an en Amérique du Sud, Camille est totalement désemparée, elle sent sa vie se vider… Ecrit et réalisé par Mia Hansen-Løve, Un amour de jeunesse est un film sentimental qui parvient à retranscrire l’émoi et l’émotion sans chercher la dramatisation. Traitant à la fois de l’amour adolescent, de la fragilité engendrée par l’absence puis de l’émancipation, la réalisatrice se place très près de son personnage, interprété avec beaucoup de sensibilité par la jeune Lola Créton. On ne peut hélas en dire autant de Sebastian Urzendowsky dont le jeu maladroit peut sans doute être considéré comme étant en phase avec son personnage mais qui ne parvient pas à faire passer quelque chose. C’est dommage car le regard de Mia Hansen-Løve est à la fois délicat et très juste.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lola Créton, Sebastian Urzendowsky, Magne-Håvard Brekke, Valérie Bonneton
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