23 avril 2012

M’Liss (1918) de Marshall Neilan

M'LissDans les collines de l’Ouest américain, Melissa est une petite sauvageonne qui vit avec son père, ancien chercheur d’or ruiné qui a sombré dans l’alcool. Ils ne soupçonnent pas qu’un complot se trame contre eux pour une histoire d’héritage… M’Liss a été écrit par Frances Marion, grande scénariste et amie de Mary Pickford, d’après une courte nouvelle de Bret Harte. Le western est un genre assez inhabituel pour l’actrice. On notera tout de même certaines similitudes dans l’environnement avec celui de La fille des Monts (qui se déroule pourtant dans les Appalaches) que l’actrice tournera l’année suivante. L’histoire est simple mais, comme toujours, l’actrice montre un naturel et une spontanéité désarmante. Les intertitres sont souvent amusants et le film peine quelque peu à devenir sérieux quand la tragédie pointe. Le film est plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Theodore Roberts, Thomas Meighan, Charles Ogle
Voir la fiche du film et la filmographie de Marshall Neilan sur le site IMDB.

Voir les autres films de Marshall Neilan chroniqués sur ce blog…

Précédente version :
Mliss (1915) de O.A.C. Lund avec Barbara Tennant (film perdu)
Remakes :
The girl who ran wild (1922) de Rupert Julian avec Gladys Walton
Mliss (1936) de George Nichols Jr. avec Anne Shirley

22 avril 2012

Shotgun Stories (2007) de Jeff Nichols

Shotgun StoriesDans une petite ville du sud des Etats-Unis, trois frères apprennent la mort de leur père alcoolique et violent qui les avait abandonnés pour refaire une toute autre vie, plus vertueuse. A l’enterrement, ils font face aux enfants du second mariage qui vénèrent leur père. Les haines enfouies ressurgissent… Pour son premier film, Jeff Nichols (29 ans) prend le contrepied de plusieurs stéréotypes, sur son Sud natal d’abord qu’il nous montre sous son vrai visage, loin de tout cliché, et aussi sur la violence qui, malgré le titre racoleur, n’est ici que peu montrée. Le propos est même de démontrer qu’elle n’offre pas d’issue. Le rythme assez lent contraste avec le bouillonnement des tensions intérieures, l’atmosphère du film nous enveloppe. Michael Shannon a beaucoup de présence à l’écran. Shotgun Stories a été tourné avec très peu de moyens en vingt et un  jours. Le cinéma indépendant américain nous réserve ainsi toujours de bonnes surprises.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Shannon, Douglas Ligon, Barlow Jacobs, Natalie Canerday, Glenda Pannell
Voir la fiche du film et la filmographie de Jeff Nichols sur le site IMDB.

21 avril 2012

The Massacre (1914) de David W. Griffith

The Massacre(Muet, 30 minutes) The Massacre marque une transition dans le parcours de David W. Griffith : c’est le moment où, après avoir tourné près de 500 films d’une ou deux bobines en six ans, le cinéaste aspirait à réaliser des œuvres plus longues et plus ambitieuses. Si ce film ne fait que trois bobines, les suivants en feront le double. The Massacre démarre assez faiblement par une proposition en mariage mais ensuite le film nous montre longuement deux batailles, l’une répondant à l’autre : le massacre d’un village indien par la Cavalerie et, plus tard, l’attaque d’un convoi de colons par les mêmes Indiens. Griffith ne porte pas de jugement, puisque le second massacre est clairement montré comme un acte de représailles. On peut même se demander si le terme de « massacre » du titre ne s’applique pas plutôt à la première attaque qui paraît totalement injustifiée (du moins aucune raison ne nous est donnée). En réalité, Griffith s’applique plutôt à montrer l’horreur de ces batailles et le terrible coût en vies humaines. Il signe des plans étonnants comme ce gros plan sur la mère et son enfant derrière un pistolet en pleine action (voir photo ci-contre) mais le plus étonnant est certainement cette vue de la file de chariots du haut de la montagne avec au premier plan deux loups chassés par un ours.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Wilfred Lucas, Blanche Sweet, Charles West, Alfred Paget, Lionel Barrymore
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

Voir les autres films de David W. Griffith chroniqués sur ce blog…

20 avril 2012

Somewhere (2010) de Sofia Coppola

SomewhereJohnny Marco, acteur célèbre, réside à l’hôtel Château Marmont à Hollywood. Seulement tenu à faire quelques rares apparitions pour la promotion de son dernier film, il ne sait pas quoi faire de ses journées. Son ex-femme lui demande de s’occuper de sa fille de 11 ans pendant quelques jours… Somewhere est presque une expérience cinématographique : pour nous faire toucher du doigt, le vide profond de la vie cet acteur, Sofia Coppola dépouille son film de tout récit et allonge des scènes où il ne se passe rien. On a l’impression d’atteindre un point ultime : nous sommes au-delà du minimalisme, on ne pourra sans doute pas aller plus loin dans la création du vide. Son personnage est plutôt un peu dépressif mais sans l’être vraiment : non, il n’est tout simplement rien, une simple marionnette que l’on utilise. Comme on le sait, Sofia Coppola s’inspire de sa propre enfance, de son propre ressenti mais cela ne rend pas le film plus intéressant pour cela, mais nombriliste, certainement… Du côté de la photographie, rien de remarquable non plus, du moins pour nous sauver de l’ennui.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Stephen Dorff, Elle Fanning
Voir la fiche du film et la filmographie de Sofia Coppola sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sofia Coppola chroniqués sur ce blog…

19 avril 2012

Entrée des artistes (1938) de Marc Allégret

Entrée des artistesC’est la rentrée au cours d’Art Dramatique du Conservatoire de Paris. Isabelle réussit le concours d’entrée et fait la rencontre de François dont Coecilia est amoureuse… Entrée des artistes est un film assez étrange car il semble presque ambivalent : il y a une histoire d’amour qui se mute en drame, partie qui apparaît plutôt conventionnelle (surtout avec le recul du temps) et il y a cette observation d’un petit monde si particulier, celui d’un cours d’art dramatique, partie qui reste fascinante et atemporelle. C’est un plaisir de voir Louis Jouvet diriger ses élèves et les reprendre sur leur interprétation, l’acteur étant lui-même professeur dans la vraie vie. Entrée des artistes L’autre point fort du film, ce sont les merveilleux dialogues d’Henri Jeanson, vifs, enlevés, parfois truculents même, qui sauvent même les scènes les plus faibles. Car il y en a mais il y a aussi des scènes très brillantes comme cette visite du professeur à la famille d’Isabelle, ou des scènes très fortes comme le final ou beaucoup des scènes avec Louis Jouvet. Entrée des artistes déroute (1) car c’est à la fois un drame et un divertissement élégant, assez intellectuel finalement car il demande, du moins aujourd’hui, de prendre un certain recul pour observer et vraiment l’apprécier.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Louis Jouvet, Claude Dauphin, Odette Joyeux, Janine Darcey, Roger Blin, Bernard Blier, Julien Carette, Marcel Dalio
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Allégret sur le site IMDB.

(1) Marc Allégret lui-même fut dérouté par le résultat puisqu’il renia le film dans un premier temps. Il changea d’avis en réalisant qu’il fonctionnait parfaitement, le succès public l’attestant.

18 avril 2012

Hantise (1944) de George Cukor

Titre original : « Gaslight »

HantiseLondres à la fin du XIXe siècle. Après l’assassinat de sa tante, cantatrice célèbre qui l’a élevée, la jeune Paula part en Italie pour oublier cette tragédie. Elle y fait la rencontre de Gregory, pianiste chez son professeur de chant. Ils se marient et retournent vivre à Londres… Hantise est l’adaptation d’une pièce de l’anglais Patrick Hamilton qui avait déjà été adaptée brillamment à l’écran quatre ans plus tôt en Angleterre. La décennie des années quarante à Hollywood est marquée par la vogue des films psychologiques et ce film de Cukor en est l’un des plus beaux fleurons. Il bénéficie de décors soignés et d’une belle distribution. Charles Boyer et Ingrid Bergman livrent tous deux une performance brillante, Joseph Cotten jouant le troisième homme (avec un accent très américain qui détonne quelque peu dans cet environnement européen). La jeune Angela Lansbury fut aussi remarquée pour son rôle de femme de chambre puisqu’à 19 ans, pour son tout premier rôle, elle fut nominée aux Oscars. George Cukor crée habilement une atmosphère puissante qui devient graduellement de plus en plus angoissante et inquiétante. Hantise garde encore aujourd’hui toute sa force.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Charles Boyer, Ingrid Bergman, Joseph Cotten, Angela Lansbury
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.
Voir les autres films de George Cukor chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Du fait de la pièce et de ce film, le terme Gaslighting est passé dans le langage courant (anglais bien entendu) pour désigner le processus qui consiste à donner de fausses informations à une personne pour faire croire qu’elle perd la mémoire ou la raison.
* Les écrits de Patrick Hamilton ont également inspiré Hangover Square de John Brahm et La Corde de Hitchcock.

Précédente version :
Gaslight (1940) film anglais de Thorold Dickinson (1940) avec Anton Walbrook et Diana Wynyard.
Quand il fut décidé d’adapter la pièce de Patrick Hamilton, la M.G.M. a acquis les négatifs du film de Thorold Dickinson dans le but de le retirer totalement de la circulation. Les négatifs furent détruits. Le film de Dickinson gagna, au cours des ans, une aura de chef d’œuvre disparu (que l’on disait, sans l’avoir vu le plus souvent, supérieur au remake de Cukor). Le film n’a refait surface que bien plus tard grâce à une copie que Thorold Dickinson avait préservée de la destruction.

A noter, qu’il existe aussi une version TV de Gas Light (BBC) qui est en réalité la pièce filmée à l’Apollo Theatre à Londres, le 19 mars 1939.

Homonyme (mais sans autre point commun) :
La Hantise de Louis Feuillade (1912)
Hantise (The Haunting) de Jan de Bont (1999)

 

17 avril 2012

Hangover Square (1945) de John Brahm

Hangover SquareA Londres, au tout début du XXe siècle, le compositeur George Bone doit finir d’écrire un concerto. Il a des périodes d’absence, où il perd le contrôle de lui-même et ne se rappelle de rien ensuite… Avec Hangover Square, le réalisateur d’origine allemande John Brahm cherche à reproduire le succès de son précédent film The Lodger. L’histoire est librement adaptée d’un roman de Patrick Hamilton (1), que l’on peut voir comme une variation du thème de Dr Jekyll et Mr Hyde. Une fois de plus, John Brahm joue beaucoup avec la brume et la nuit pour créer une forte ambiance avec ici un autre élément qui prend une certaine place : le feu. C’est le dernier rôle de l’acteur Laird Cregar qui allait décéder peu de temps après la fin du tournage (2). Il fait une très belle interprétation. Hangover Square est assez intense, à mi-chemin entre le film noir et le film psychologique. Il fait partie des trois ou quatre très beaux films de John Brahm (3).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laird Cregar, Linda Darnell, George Sanders, Faye Marlowe
Voir la fiche du film et la filmographie de John Brahm sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Brahm chroniqués sur ce blog…

Remarques :
(1) Les romans de Patrick Hamilton ont également inspiré Hantise de George Cukor et La Corde de Hitchcock.

Hangover Square(2) Laird Cregar était un acteur de forte corpulence. Désireux de changer complètement, il fit une cure d’amaigrissement drastique, passant de 150 à 100 kgs en peu de temps. Son corps ne résista pas. Après une opération chirurgicale de l’estomac, il est mort d’une crise cardiaque à l’âge de 31 ans, avant même la sortie de Hangover Square.

(3) The Lodger (1944), Hangover Square (1945), The Locket (1946), auxquels on peut ajouter The Brasher Doubloon (1947).

16 avril 2012

Ladies of Leisure (1930) de Frank Capra

Ladies of LeisureUne jeune femme, à la recherche d’un beau parti, fait la rencontre d’un fils de la haute bourgeoisie. Il est artiste-peintre et l’engage comme modèle… Ladies of Leisure fait partie des tous premiers films parlants de Frank Capra et c’est son premier film avec Barbara Stanwyck, actrice qu’il propulsera au firmament. Elle y montre déjà ce subtil mélange de force et de vulnérabilité qui sera si spécifique à la plupart de ses rôles ultérieurs. Le scénario est adapté d’une pièce de Milton Herbert Gropper ; l’histoire n’est, il faut bien le reconnaître, guère originale (1). Le début du film, sur le registre de la comédie, est le plus réussi avec des très bons dialogues. La fin, plus mélodramatique, l’est un peu moins. Le jeu rigide de Ralph Graves alourdit l’ensemble mais Barbara Stanwyck montre heureusement beaucoup plus de richesse. Si l’on note, ici et là, quelques imperfections (souvent liées au son), Frank Capra se distingue avec quelques plans de toute beauté, tels ces plans pris de l’extérieur du loft éclairé, sous une pluie battante : absolument superbes ! Ladies of Leisure n’est jamais sorti en France.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Ralph Graves, Lowell Sherman, Marie Prevost
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.

Voir les autres films de Frank Capra chroniqués sur ce blog…

(1) L’histoire de Ladies of Leisure est très proche de celle de That Certain Thing que Capra a tourné en muet quelques années plus tôt (1928) ou encore de La petite vendeuse (1927) de Sam Taylor avec Mary Pickford.

Remake :
Women of glamour de Gordon Wiles (1937) avec Virginia Bruce et Melvyn Douglas

Homonyme (histoire différente) :
Ladies of Leisure de Tom Buckingham (1926)

15 avril 2012

The Artist (2011) de Michel Hazanavicius

The ArtistA Hollywood à la fin des années vingt, la star du cinéma muet George Valentin refuse de croire à l’avènement du cinéma parlant. La jeune et pétillante Peppy Miller y croit et sa célébrité ne fait que grandir… The Artist est avant tout un pari audacieux : il faut oser réaliser en 2011 un film muet, en noir et blanc, en format 4:3 et filmé en focales fixes (pas de zooms) (1). Michel Hazanavicius fait ainsi la symbiose entre le sujet et la forme ce qui rend déjà la démarche séduisante. La reconstitution est minutieuse, la photographie est remarquable avec un superbe travail sur l’éclairage et les contrastes pour faire un vrai noir et blanc. Par rapport à un vrai film muet de l’époque, la différence est surtout au niveau du jeu des acteurs (moins expressif) et le faible nombre d’intertitres (les films muets sont généralement bien plus « bavards »). Mais, cela n’empêche pas l’histoire d’être très compréhensible, ce qui témoigne de la réussite de l’ensemble. Le personnage joué par Jean Dujardin est très inspiré de Douglas Fairbanks. Le film comporte de nombreux clins d’œil cinématographiques. The Artist est un bel hommage à ces grandes années du cinéma à Hollywood, même s’il donne une vision faussée, ou au moins réductrice, du cinéma de cette époque. The Artist est aujourd’hui le film français le plus primé de toute l’histoire du cinéma, il est allé chasser sur les terres américaines avec succès. C’est incontestablement une belle réussite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, James Cromwell, Penelope Ann Miller
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Hazanavicius sur le site IMDB.
Voir les autres films de Michel Hazanavicius chroniqués sur ce blog…

Remarques :
A noter la petite apparition de Malcom McDowell (le majordome assis à l’extérieur à qui parle Peppy lors de sa première audition).

(1) Le film muet précédent de grande ampleur est La dernière folie de Mel Brooks (Silent Movie) de Mel Brooks (1976) mais il s’agissait d’un film parodique et il était en couleurs et en format large.

14 avril 2012

Un cadavre au dessert (1976) de Robert Moore

Titre original : « Murder by death »

Un cadavre au dessertUn millionnaire invite les cinq plus grands détectives à un diner dans son manoir avec pour but de les ridiculiser : il les met à l’épreuve de résoudre un meurtre qu’il leur annonce à l’avance… Un cadavre au dessert est un film parodique et comique écrit par Neil Simon. Les cinq invités parodient chacun un grand détective de romans policiers (1) et le film bénéficie d’une très belle distribution. Les effets comiques sont nombreux, que ce soit dans les dialogues ou dans les situations. L’humour fonctionne parfaitement. Un cadavre au dessert nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alec Guinness, Elsa Lanchester, David Niven, Peter Sellers, Peter Falk, Maggie Smith, Eileen Brennan, Truman Capote, James Coco
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Moore sur le site IMDB.

(1) Personnages parodiés :
* Le personnage de Dick Charleston (David Niven) est inspiré de Nick Charles de la série des Thin Man (Myrna Loy a même été contactée pour jouer sa femme mais elle a refusé).
* Le personnage de Sam Diamond (Peter Falk) est inspiré de Sam Spade, le détective des romans de Dashiell Hammett (et non pas Colombo !!)
* Le personnage de Milo Perrier (James Coco) est inspiré d’Hercule Poirot
* Le personnage de Jessica Marbles (Elsa Lanchester) est inspiré de Miss Marple des romans d’Agatha Christie
* Le personnage de Sidney Wang (Peter Sellers) est inspiré de Charlie Chan des romans d’Earl Derr Biggers.