12 juin 2018

Julieta (2016) de Pedro Almodóvar

JulietaÀ la veille de quitter Madrid pour s’installer au Portugal avec son amant Lorenzo, Julieta rencontre une amie de sa fille dont elle n’a plus de nouvelles. Elle décide de rester et d’écrire à sa fille pour lui raconter comment elle a rencontré son père…
Almodovar a écrit Julieta d’après trois nouvelles de l’écrivaine canadienne Alice Munro. Loin de ses réalisations plus baroques ou loufoques, c’est un film dramatique qui explore les notions de culpabilité et de l’absence. La forme quasi-parfaite du film lui donne une grande force et Almodovar sait lui donner beaucoup de chaleur humaine ; il nous place très près de ses personnages et le récit nous touche d’autant plus profondément. Julieta fait certainement partie de ses films les plus puissants.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Inma Cuesta, Darío Grandinetti, Rossy de Palma
Voir la fiche du film et la filmographie de Pedro Almodóvar sur le site IMDB.

Voir les autres films de Pedro Almodóvar chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Pedro Almodóvar

Julieta
Daniel Grao et Emma Suárez dans Julieta de Pedro Almodóvar.

9 juin 2018

Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid (1979) de Richard Lester

Titre original : « Butch and Sundance: The Early Days »

Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le KidLibéré de prison, Butch Cassidy rencontre dans un saloon un as de la gâchette. Ils s’associent et commencent à accomplir de petits hold-ups…
Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid est une préquelle du film de George Roy Hill Butch Cassidy et le Kid sorti en 1969 (avec Paul Newman et Robert Redford). Il nous raconte en effet leur toute première rencontre et leurs premiers méfaits. L’histoire n’est pas vraiment passionnante mais Richard Lester a su insuffler une grande fraîcheur à l’ensemble. De constantes notes d’humour rendent le film très léger et empêchent de prendre l’ensemble au sérieux : comme le titre français le laisse supposer, il s’agit plutôt d’une comédie. William Katt et Tom Berenger font une bonne prestation, même s’ils  sont loin d’avoir la présence de Newman et Redford. Le film comporte cependant de belles trouvailles et l’attaque finale du train est franchement hilarante.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: William Katt, Tom Berenger, Jeff Corey, Brian Dennehy
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Lester sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Lester chroniqués sur ce blog…

Butch and Sundance: The Early Days
Tom Berenger et William Katt dans Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid de Richard Lester (photo posée).

Butch and Sundance: The Early Days
William Katt et Tom Berenger dans Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid de Richard Lester. Au fur et à mesure de l’avancée du film, William Katt ressemble de plus en plus à Robert Redford dans le film de George Roy Hill.

Butch Cassidy et le Kid
Paul Newman et Robert Redford dans le film Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill (1969).

7 juin 2018

Le Roi des rois (1927) de Cecil B. DeMille

Titre original : « The King of Kings »

Le Roi des roisThe King of Kings de Cecil B. DeMille met en scène certains épisodes de la vie de Jésus depuis la conversion de Marie-Madeleine jusqu’à la Résurrection. Il s’agit du deuxième grand film biblique de Cecil B. DeMille, quatre ans après Les Dix Commandements. Le réalisateur va s’investir totalement dans ce grand projet, considérant qu’il œuvre pour un grand dessein. Cecil B. DeMille est croyant mais pas dogmatique ; il prend ainsi quelques libertés avec les Evangiles, notamment en accentuant fortement la fourberie de Judas et de Caïphe. Le début est inattendu, montrant avec insistance (et en couleurs !) Marie-Madeleine en riche et puissante femme fatale. The King of Kings est conçu pour marquer profondément l’esprit des spectateurs et Cecil B. DeMille utilise tout son savoir-faire dans des effets visuels étonnants (telle la sortie des sept péchés capitaux de Marie-Madeleine) ou dans l’éclairage (Jésus est inondé de lumière de telle sorte que la lumière semble provenir de son corps) ou encore dans les scènes à grand spectacle (le tremblement de terre lors de la Crucifixion) et les grands mouvements de foule. La fin du film, la Résurrection,  est également en Technicolor. The King of Kings  est un film d’une grande force. Il a été brillamment restauré en 2017 par Lobster Film. (film muet, 155 mn)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: H.B. Warner, Jacqueline Logan, Ernest Torrence, Joseph Schildkraut, Dorothy Cumming
Voir la fiche du film et la filmographie de Cecil B. DeMille sur le site IMDB.

Voir les autres films de Cecil B. DeMille chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Cecil B. DeMille

Remarques :
* Le choix de H.B. Warner pour interpréter Jésus fut difficile à imposer. Que l’acteur ait plus de 50 ans au lieu de 30 était facilement compensé par une excellente forme physique. Bien plus problématique était sa solide réputation de coureur de jupons. Cecil B. DeMille s’en sortit en faisant ajouter des clauses de bonne moralité à son contrat : l’acteur ne devait rien faire pendant le tournage qui puisse ternir son image biblique (interdiction de fréquenter des night-clubs, d’aller à la plage ou même de rouler en décapotable) et, pendant cinq ans, ne devait accepter aucun rôle jugé préjudiciable à cette image sacrée.
* Les acteurs Rudolph Schildkraut (Caïphe) et Joseph Schildkraut (Judas) sont père et fils.
* The King of Kings fut le premier film diffusé au Grauman’s Chinese Theater à Hollywood.

Le Roi des rois
La résurrection de Lazare : H.B. Warner dans Le Roi des rois de Cecil B. DeMille.

Le Roi des rois
Marie-Madeleine en femme fatale : Jacqueline Logan dans Le Roi des rois de Cecil B. DeMille (séquence en couleurs).

Le Roi des rois

Le Roi des rois
Jésus face à Ponce-Pilate et Caïphe : H.B. Warner, Victor Varconi et Rudolph Schildkraut dans Le Roi des rois de Cecil B. DeMille.

5 juin 2018

Un oiseau rare (1935) de Richard Pottier

Un oiseau rareUn milliardaire aussi oisif qu’excentrique décide de se faire passer pour un homme pauvre afin d’étudier la nature humaine. Il profite d’un séjour à la montagne gagné par son valet de chambre dans un concours…
Second film réalisé par Richard Pottier, Un oiseau rare est bien plus abouti que le premier (Si j’étais le patron). On y retrouve la même équipe, notamment Jacques Prévert qui est maintenant seul scénariste et qui a écrit ici une petite merveille d’humour à partir d’un roman de l’allemand Erich Kästner. Le retournement des positions sociales n’est certes pas très original en soi mais il est ici très habilement complexifié par un double quiproquo. Le propos fustige l’obséquiosité, la servilité et l’attrait de l’argent. L’humour est constant, dans les situations et les dialogues qui jouent avec la langue, mais c’est un humour assez conventionnel, Prévert n’ayant pas encore le mordant qu’il développera ensuite. Est-ce pour cette raison que le film est généralement mal considéré ? Ou est-ce à cause de la réalisation qui est, il faut bien l’avouer, assez sommaire ? Un oiseau rare est néanmoins une comédie très divertissante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Max Dearly, Pierre Brasseur, Pierre Larquey, Monique Rolland, Jean Tissier
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Pottier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Pottier chroniqués sur ce blog…

Un oiseau rare
Max Dearly et Pierre Brasseur dans Un oiseau rare de Richard Pottier.

Un oiseau rare
Pierre Brasseur et Monique Rolland dans Un oiseau rare de Richard Pottier.

Un oiseau rare
Pierre Larquey et Jean Tissier dans Un oiseau rare de Richard Pottier.

3 juin 2018

Mon roi (2015) de Maïwenn

Mon roiImmobilisée dans un centre de rééducation après une grave chute de ski, Toni se remémore l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec le séduisant Georgio…
Ecrit par Maïwenn et Etienne Comar, Mon roi nous raconte l’histoire d’une passion destructrice. Il ne faut pas attendre une exploration profonde des personnages car nous restons plutôt en surface et les mystères de l’addiction amoureuse restent entiers. En revanche, l’interprétation donne au film un certain attrait : celle d’Emmanuelle Bercot est très naturelle et Vincent Cassell  est la séduction incarnée, charmeur, absolument irrésistible. Mais c’est peut-être de là que le film trouve ses limites : on voit difficilement comment la pauvre Toni aurait pu rester insensible à son charme et cela limite fortement l’étude de caractères. On compatit pour elle, c’est tout… La réalisation de Maïwenn est parfaitement maitrisée.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco
Voir la fiche du film et la filmographie de Maïwenn sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Maïwenn chroniqués sur ce blog…

Mon roi

Mon roi
Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot dans Mon roi de Maïwenn.

1 juin 2018

L’homme à l’imperméable (1957) de Julien Duvivier

L'homme à l'imperméableSa femme étant absente pour une semaine, Albert, modeste musicien d’orchestre, se retrouve temporairement célibataire. Un de ses collègues lui vante les mérites de la belle Eva qu’il fréquente lui-même. Après moult hésitations, il se rend chez la jeune femme qui est assassinée alors qu’il se trouve dans la pièce voisine…
Julien Duvivier et René Barjavel ont écrit cette adaptation quelque peu étrange d’un roman de James Hadley Chase. L’homme à l’imperméable est en effet étrange car Julien Duvivier semble osciller constamment entre l’intrigue policière et la comédie loufoque sans parvenir à la symbiose entre les deux. Certaines comédies britanniques (on pense à celles de la Ealing) y parviennent merveilleusement alors qu’ici tout paraît bancal. Cela se ressent jusque dans l’interprétation qui n’est en rien homogène : certains acteurs jouent de façon réaliste alors que d’autres jouent de façon loufoque. Au final, n’étant ni un suspense policier, ni un film burlesque, le film ne réussit vraiment sur aucun tableau.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fernandel, Bernard Blier, Jacques Duby, Jean Rigaux, Judith Magre
Voir la fiche du film et la filmographie de Julien Duvivier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Julien Duvivier chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Julien Duvivier

L'homme à l'imperméable
Bernard Blier et Fernandel dans L’homme à l’imperméable de Julien Duvivier.

31 mai 2018

Sommaire – mai 2018

Café SocietyÀ la françaiseUn château en enferL'Or et la chairPersonaGouttes d'eau sur pierres brûlantesJeremiah JohnsonSherlock Holmes

Café Society

(2016) de Woody Allen

À la française

(1963) de Robert Parrish

Un château en enfer

(1969) de Sydney Pollack

L’Or et la chair

(1937) de Rowland V. Lee

Persona

(1966) de Ingmar Bergman

Gouttes d’eau sur pierres brûlantes

(2000) de François Ozon

Jeremiah Johnson

(1972) de Sydney Pollack

Sherlock Holmes

(2009) de Guy Ritchie

Police judiciaireDe l'or en barresVive le sport!Si j'étais le patronManon des sourcesHarmoniumOpération Tonnerre

Police judiciaire

(1958) de Maurice de Canonge

De l’or en barres

(1951) de Charles Crichton

Vive le sport!

(1925) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Si j’étais le patron

(1934) de Richard Pottier

Manon des sources

(1952) de Marcel Pagnol

Harmonium

(2016) de Kôji Fukada

Opération Tonnerre

(1965) de Terence Young

Nombre de billets : 15

30 mai 2018

Café Society (2016) de Woody Allen

Café SocietyAu milieu des années trente, le jeune Bobby arrive à Hollywood pour échapper à la pression familiale. Son oncle, un agent artistique qui représente de grandes stars, accepte de l’engager comme coursier et demande à l’une de ses assistantes de lui faire visiter la ville…
Woody Allen utilise le passé pour mettre en scène une histoire où se mêle harmonieusement romance et humour. Son film est bien équilibré, élégant et nous plonge délicieusement au cœur d’Hollywood dans ses années les plus mythiques. C’est un réel plaisir. La photographie, signée par le triple-oscarisé Vittorio Storaro, est très belle. Jonglant habilement avec plusieurs personnages, Woody Allen semble renouer avec sa meilleure verve et montre que ses talents de conteur sont loin d’être émoussés.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell, Blake Lively
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.

Voir les autres films de Woody Allen chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Woody Allen

Café society
Jesse Eisenberg et Kristen Stewart dans Café Society de Woody Allen.

Café Society
Steve Carell dans Café Society de Woody Allen.

Homonymes :
Cafe Society (Femme du monde) de Edward H. Griffith (1939) (aucun lien avec D.W. Griffith) avec Madeleine Carroll, Fred MacMurray et Shirley Ross
Café Society de Raymond De Felitta (1995) avec Frank Whaley et Peter Gallagher

29 mai 2018

À la française (1963) de Robert Parrish

Titre original : « In the French Style »

À la françaiseUne jeune américaine qui aspire à devenir peintre s’installe à Paris. Elle fait rapidement la rencontre d’un jeune français…
Sur un scénario d’Irwin Shaw, In the French Style nous fait partager l’attirance d’une jeune femme pour la liberté de la vie parisienne dans le monde des arts. Il est difficile de ne pas sourire devant tous ces clichés sur la France et ses mœurs libres (inutile de préciser qu’au final c’est l’American style qui triomphera). Le plus original dans cette histoire est qu’elle est racontée d’un point de vue féminin. C’est Jean Seberg qui sauve le film avec une interprétation délicate et pleine de sensibilité. Robert Parrish, visiblement sous le charme, la filme avec une profusion de gros plans. Le choix de Stanley Baker est plus étonnant, l’acteur gallois à la carrure de rugbyman se prêtant difficilement aux rôles sentimentaux. L’ensemble est, il faut bien l’avouer, un peu ennuyeux. À noter, la musique de Joseph Kosma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Seberg, Stanley Baker, Philippe Forquet
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Parrish sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Parrish chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Né en 1916, Robert Parrish fut un enfant-acteur (dans L’Aurore de Murnau ou Les Lumières de la ville de Chaplin notamment) avant d’être monteur puis réalisateur. Son livre de mémoires J’ai grandi à Hollywood est l’un des meilleurs témoignages sur cette grande époque hollywoodienne, et l’un des plus passionnants à lire.

In the french style
Philippe Forquet et Jean Seberg dans À la française de Robert Parrish.

In the french style
Jean Seberg, James Leo Herlihy et Stanley Baker dans À la française de Robert Parrish.

27 mai 2018

Un château en enfer (1969) de Sydney Pollack

Titre original : « Castle Keep »

Un château en enferA l’hiver 1944, dans les Ardennes belges, une petite unité américaine de 8 militaires arrive dans un château proche de Bastogne pour éviter que les allemands ne le reprennent. Dans cette vaste demeure millénaire, un comte et sa jeune épouse vivent entourés d’innombrables œuvres d’art. Le major est prêt à tenir jusqu’au bout alors que son capitaine, grand amateur d’art, voudrait protéger la bâtisse et son contenu…
Adapté d’un roman de William Eastlake par Daniel Taradash (scénariste de Tant qu’il y aura des hommes), Castle Keep est un film très original qui montre un propos ambitieux mais n’est que partiellement convaincant. Il s’agit d’une réflexion philosophique sur la guerre, l’art, la vanité, la destinée, et même d’autres thèmes encore. Cela fait beaucoup. L’atmosphère est très particulière, assez onirique où semblent se mêler plusieurs époques, ce qui donne un caractère assez atemporel à l’ensemble. La bataille finale est presque irréelle et fascinante. Dans l’ensemble, le film fut assez mal perçu et compris. La musique est signée Michel Legrand.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Patrick O’Neal, Jean-Pierre Aumont, Peter Falk, Astrid Heeren, Bruce Dern
Voir la fiche du film et la filmographie de Sydney Pollack sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sydney Pollack chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Sydney Pollack

Remarque :
* Le château de Maldorais n’a jamais existé. Le château utilisé pour le tournage a été construit de toutes pièces en ex-Yougoslavie.

Castle Keep
Burt Lancaster et Patrick O’Neal dans Un château en enfer de Sydney Pollack.