29 juillet 2020

Sibyl (2019) de Justine Triet

SibylAlors que Sibyl décide de stopper son activité de psychothérapeute pour écrire un roman, l’une de ses clientes, une actrice en plein désarroi, l’appelle à l’aide. D’abord réticente, elle accepte de s’occuper d’elle et, sans lui dire, en fait la principale source d’inspiration de son roman…
Après l’excellent Victoria, Justine Triet bâtit une nouvelle fois un film autour de Virginie Efira. L’actrice est de presque tous les plans et fait une belle prestation, n’allant trop loin qu’à de rares moments. L’histoire aurait pu être très forte mais tout est gâché par une construction perturbante : dès le début, la réalisatrice mêle maladroitement la réalité avec des scènes dont on ne sait s’il s’agit de flashback ou de scènes imaginées, ce qui déroute et donne une impression de fouillis incompréhensible. Les éclaircissements arrivent plus tard, tôt tard car notre intérêt s’est alors envolé. Certaines audaces de construction demandent une grande maitrise. Bizarrement, la critique ne semble pas avoir ressenti ce problème et a réservé un très bon accueil au film.
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, Gaspard Ulliel, Sandra Hüller, Niels Schneider
Voir la fiche du film et la filmographie de Justine Triet sur le site IMDB.
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SibylVirginie Efira dans Sibyl de Justine Triet.

28 juillet 2020

Charlie Chan à Shanghaï (1935) de James Tinling

Titre original : « Charlie Chan in Shanghai »

Charlie Chan à Shanghaï (Charlie Chan in Shanghai)Charlie Chan arrive à Shanghaï dans le cadre d’une mission pour le gouvernement américain pour aider à arrêter un réseau de contrebande de l’opium. Il est l’invité d’honneur d’un banquet tenu dans la soirée, animée par Sir Stanley Woodland. Lorsque Sir Stanley ouvre une boîte pour donner un parchemin manuscrit à Charlie, il est abattu par une arme à feu placée à l’intérieur de la boîte. Charlie Chan rencontre le chef de la police et s’engage à découvrir le coupable…
Charlie Chan à Shanghaï est le neuvième film produit par la Fox avec Warner Oland dans le rôle du détective sino-américain Charlie Chan qui revient ici sur « la terre de ses honorables ancêtres ». L’exotisme est toutefois réduit, la coloration chinoise n’est pas vraiment exploitée, tous les protagonistes de cette énigme sont des occidentaux, y compris les méchants. Charlie Chan est ici secondé pour la deuxième fois par son fils qui apparaitra ensuite de façon récurrente. L’enquête est simple mais bien construite. L’ensemble est bien équilibré et plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Warner Oland, Irene Hervey, Keye Luke, Halliwell Hobbes
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Charlie Chan à Shanghaï (Charlie Chan in Shanghai)Warner Oland et Keye Luke (+ figurant à terre) dans Charlie Chan à Shanghaï (Charlie Chan in Shanghai) de James Tinling.

27 juillet 2020

Minuit… quai de Bercy (1953) de Christian Stengel

Minuit... Quai de BercyMado, l’accorte et peu farouche concierge d’un immeuble de Montmartre, est poignardée. L’inspecteur Brénot enquête. Il est secondé par une fort jolie femme, Irène Cazenave, veuve de l’un de ses collègues, qui venait juste d’emménager dans l’immeuble. Elle se révèle une excellente adjointe, interrogeant avec discrétion les nombreux suspects. Mado avait en effet attisé la haine et la jalousie de tous ou presque dans le voisinage…
Minuit… quai de Bercy est adapté d’un roman de Pierre Lamblin La concierge n’est plus dans l’escalier. C’est un film policier assez classique, reprenant des recettes éprouvées (1). Plus qu’une enquête, il s’agit plutôt d’une série de portraits de personnages au caractère prononcé (parfois trop). Tous les acteurs tiennent leur rôle avec professionnalisme mais il n’y a rien qui puisse nous enthousiasmer réellement.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Madeleine Robinson, Georges Randax, Erich von Stroheim, Philippe Lemaire, Francis Blanche, Jean Carmet
Voir la fiche du film et la filmographie de Christian Stengel sur le site IMDB.

(1) Jean Tulard décrit le film en le situant dans le sillage du film d’Yves Mirande comme Derrière la façade.

Minuit... Quai de BercyMadeleine Robinson, Georges Randax et Erich von Stroheim dans Minuit… Quai de Bercy de Christian Stengel.

25 juillet 2020

So Long, My Son (2019) de Wang Xiaoshuai

Titre original : « Di Jiu Tian Chang »

So Long, My Son (Di Jiu Tian Chang)Trente ans de la vie d’une famille chinoise, des années 1980 aux années 2010, marquée par un deuil soudain…
Wang Xiaoshuai a écrit et réalisé So Long, My Son. A travers ce portrait d’un couple durablement marqué par un drame, il cherche à montrer comment la politique de contrôle des naissances en Chine a profondément influencé la vie de toute une génération de parents. Le film est très long (3 heures), particulièrement lent, mais le plus déroutant pour le spectateur est la structure du récit « en puzzle ». Le réalisateur assume le flou ainsi créé tout en espérant que les incertitudes sont ensuite levées. En réalité, on perd mentalement beaucoup de temps à essayer de recoller les morceaux sans vraiment y parvenir. A moins d’avoir lu à l’avance le synopsis remis en ordre normal (lire sur Wikipédia), il faudrait certainement visionner le film une deuxième fois pour entrevoir et éventuellement apprécier tout l’intérêt de cette structure éclatée. Les bruits d’ambiance et d’arrière-plan sont forts et constants. Le film a été plutôt bien reçu par la critique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Wang Jingchun, Yong Mei, Qi Xi
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Remarques :
* Nos notes auraient certainement été différentes si nous avions pu lire le synopsis avant de voir le film (un principe que nous ne souhaitons pas adopter mais qui, dans le cas présent, semble indispensable).

* Wang Xiaoshuai explique : « Aujourd’hui, notamment chez les jeunes générations, il y a une plus grande prise de conscience de l’importance de l’épanouissement individuel, mais la réalité chinoise telle que je la perçois, c’est que ce pays ne s’est jamais complètement éloigné de la primauté du collectif sur l’individu ».

* A propos du titre original :
地久天长 (Dì jiǔ tiān cháng), littéralement « terre ancienne ciel vaste » est un idiome de Lao Tseu généralement compris comme « perdurer aux côtés de la création », et véhicule ainsi l’idée d’éternel.

So Long, My Son (Di Jiu Tian Chang)Yong Mei et Wang Jingchun dans So Long, My Son (Di Jiu Tian Chang) de Wang Xiaoshuai

24 juillet 2020

Charlie Chan in London (1934) de Eugene Forde

Charlie Chan in LondonReconnu coupable d’assassinat, un jeune homme anglais est condamné à la pendaison. Sa sœur demande au détective Charlie Chan d’enquêter pour trouver le véritable assassin et ainsi sauver son frère. Afin de résoudre le mystère, il doit se rendre dans le somptueux manoir où le crime a eu lieu…

Charlie Chan in London fait partie des tous premiers Charlie Chan avec Warner Oland, c’est le sixième d’entre eux mais le deuxième à ne pas être perdu. L’intrigue est bien ficelée et l’atmosphère évoque celle des romans d’Agatha Christie. Le détective chinois a déjà une personnalité marquée, une façon placide d’aborder son enquête mais le personnage n’est pas encore pleinement développé. Les proverbes sont par exemple moins nombreux que dans les films ultérieurs. On se laisse volontiers captiver…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Warner Oland, Drue Leyton, Ray Milland, Mona Barrie
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Charlie Chan in LondonWarner Oland, Ray Milland et Drue Leyton dans Charlie Chan in London de Eugene Forde.

 

Tous les films « Charlie Chan » :

Les trois premiers Charlie Chan :
The house without a key (1926) de Spencer Bennet (Pathé, film perdu)
The chinese parrot (1927) de Paul Leni (Universal, film perdu)
Behind that curtain (1929) de Irving Cummings avec E.L. Park (et Boris Karloff) (Fox)

Films interprétés par Warner Oland (20th Century Fox)
Charlie Chan carries on (1931) de Hamilton MacFadden (film perdu)
The black camel (1931) de Hamilton MacFadden
Charlie Chan’s chance (1932) de John Blystone (film perdu)
Charlie Chan’s greatest case (1933) de Hamilton MacFadden (film perdu)
Charlie Chan’s courage (1934) de Eugene Forde et George Hadden (film perdu)
Charlie Chan in London (1934) de Eugene Forde
Charlie Chan in Paris (1935) de Lewis Seiler
Charlie Chan in Egypt (1935) de Louis King
Charlie Chan in Shanghai (1935) de James Tinling
Charlie Chan’s secret (1936) de Gordon Wiles
Charlie Chan at the circus (1936) de Harry Lachman
Charlie Chan at the race track (1936) de H. Bruce Humberstone
Charlie Chan at the opera (1936) de H. Bruce Humberstone
Charlie Chan at the olympics (1937) de H. Bruce Humberstone
Charlie Chan on Broadway (1937) de Eugene Forde
Charlie Chan at Monte Carlo (1938) de Eugene Forde

Films interprétés par Sidney Toler
(20th Century Fox jusqu’en 1942, ensuite Monogram)
Charlie Chan in Honolulu (1938) de H. Bruce Humberstone
Charlie Chan in Reno (1939) de Norman Foster
Charlie Chan at Treasure Island (1939)  de Norman Foster
Charlie Chan in city in darkness (1939) de Herbert I. Leeds
Charlie Chan’s murder cruise (1940) de Eugene Forde
Charlie Chan at the Wax Museum (1940) de Lynn Shores
Charlie Chan in Panama (1940)  de Norman Foster
Murder over New York (1940) de Harry Lachman
Dead men tell (1941) de Harry Lachman
Charlie Chan in Rio (1941) de Harry Lachman
Castle in the desert (1942) de Harry Lachman
Charlie Chan in the Secret Service (1944) de Phil Rosen
Charlie Chan in The chinese cat (1944) de Phil Rosen
Black Magic (Meeting at midnight) (1944) dePhil Rosen
The Red Dragon (1945) de Phil Rosen
The scarlet clue (1945) de Phil Rosen
The jade mask (1945) de Phil Rosen
The Shanghai cobra (1945) de Phil Karlson
Shadows over Chinatown (1946) de Terry O. Morse
Dangerous money (1946)  de Terry O. Morse
Dark alibi (1946) de Phil Karlson
The trap (Murder at Malibu Beach) (1946) de Howard Bretherton

Films interprétés par Roland Winters (Monogram)
The chinese ring (1947) de William Beaudine
Docks of New Orleans (1948) de Derwin Abrahams
Shanghai chest (1948) de William Beaudine
The golden eye (1948) de William Beaudine
The feathered serpent (1948) de William Beaudine
The sky dragon (1949) de Lesley Selander

Film interprété par Peter Ustinov
Charlie Chan and the Curse of the Dragon Queen (1981) de Clive Donner

23 juillet 2020

La Belle Américaine (1961) de Robert Dhéry

La Belle AméricaineUn ouvrier se retrouve possesseur d’une superbe automobile américaine, achetée un prix dérisoire à une veuve qui a l’obligation de donner le montant de la vente à la maitresse de son défunt mari. Cette bonne affaire va lui causer bien des déboires…
Le scénario de La Belle Américaine, signé Robert Dhéry et Pierre Tchernia (dialogues Alfred Adam) est construit sur une idée de base amusante, presque plausible. Cette comédie bien française porte un regard très bienveillant sur un petit quartier populaire et chaleureux. L’humour est marqué par son époque, le début des années soixante, mais un bonne partie des gags fonctionne toujours très bien aujourd’hui. Il y a un petit brin de folie dans tout le film et une dérision des machines (machine dans l’usine, machine à café, …) Mais le plus remarquable est le défilé d’acteurs du cinéma comique français dans les seconds rôles, ou plutôt les troisièmes rôles, puisqu’ils ne sont parfois présents que pour deux à trois répliques seulement ; certains étaient déjà connus, d’autres l’étaient en devenir. Tous ces personnages sont vraiment très pittoresques et leurs apparitions procurent une bonne partie du plaisir à revoir ce film aujourd’hui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Dhéry, Colette Brosset, Alfred Adam, Christian Marin, Louis de Funès
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Remarques :
* Le film est en noir et blanc mais un budget particulièrement bien tenu permit d’offrir au spectateur les trois dernières minutes en couleurs.
* 500 nouveaux francs (50 000 anciens francs) de 1961 sont équivalents à environ 800 euros de 2020.

* Seconds rôles (acteurs comiques les plus connus seulement) :
Pierre Dac, Jacques Fabbri, Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jacques Legras, Christian Marin, Jean Richard, Michel Serrault, Jean Carmet, Roger Pierre, Jean-Marc Thibault, Jacques Balutin, Claude Piéplu, Fernand Raynaud.

La Belle AméricaineLa superbe Oldsmobile de La Belle Américaine de Robert Dhéry.

21 juillet 2020

Une grande fille (2019) de Kantemir Balagov

Titre original : « Dylda »

Une grande fille (Dylda)Leningrad, 1945. Dans une ville éprouvée par trois années de siège, Iya, surnommée « la girafe » (1) du fait de sa grande taille, travaille dans un hôpital où sont soignés des anciens combattants blessés. Elle vit dans un appartement communautaire avec le petit Pashka, âgé de trois ans, qu’elle aime beaucoup. Bientôt, son amie, la rousse Masha, revient du front et elles se retrouvent…
Tesnota, le premier long métrage du jeune réalisateur russe Kantemir Balagov avait été très remarqué en 2017. Son deuxième, Une grande fille, l’a été tout autant. Le livre La guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana Aleksievitch, lauréate du prix Nobel, a été sa principale source d’inspiration pour en écrire le scénario. Ses deux personnages principaux, Iya et Masha, sont au centre de cette histoire peu ordinaire, puissante, soutenue par des personnages secondaires auxquels Kantemir Balagov sait donner de l’épaisseur en peu de scènes. La forme est brillante avec ses plans-séquences et ses angles de vue peu communs. La durée de 2h10 finit par peser un peu trop, mais le jeune réalisateur crée l’intensité à partir de cette lenteur. C’est en tous cas un film vraiment remarquable.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Viktoria Miroshnichenko, Vasilisa Perelygina, Andrey Bykov, Konstantin Balakirev, Kseniya Kutepova
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(1) Son surnom est en réalité « la grande perche » (Dylda en russe)

 Une grande fille (Dylda)Viktoria Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina dans Une grande fille (Dylda) de Kantemir Balagov.

20 juillet 2020

Le Grand Alibi (2008) de Pascal Bonitzer

Le Grand alibiDans la demeure cossue d’un notable de province, la maîtresse de maison reçoit des convives pour le week-end. Pierre, médecin brillant et coureur impénitent, est venu accompagné de son épouse effacée ; il se retrouve sous le même toit qu’Esther, son amante. Il y a là également Philippe, écrivain alcoolique, et Marthe, une amie de la famille. Une invitée de dernière minute sème le trouble dans la maisonnée : il s’agit de Lea, une actrice italienne qui a eu une liaison passionnée avec Pierre…
Le Grand Alibi est l’adaptation du roman d’Agatha Christie, Le Vallon (The Hollow). Pascal Bonitzer a supprimé le personnage d’Hercule Poirot pour le remplacer par un policier plus « ordinaire ». La mise en place est un peu confuse, les personnages ont des relations particulières entre eux qui ne sont pas toujours faciles à percevoir. Certains personnages ne sont pas très bien définis, d’autres sont un peu trop outrés dans leurs particularités. Le personnage du policier est franchement raté. Malgré ces défauts, le film se regarde sans déplaisir, l’ensemble est assez léger. Le dénouement pourra toutefois laisser le spectateur perplexe.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Miou-Miou, Lambert Wilson, Valeria Bruni Tedeschi, Pierre Arditi, Anne Consigny
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Remarque :
* Ne pas confondre avec :
Le Grand alibi (Stage Fright) d’Alfred Hitchcock (1950). Pascal Bonitzer justifie cette appropriation d’un titre existant en arguant qu’il ne s’agit pas d’un bon film d’Hitchcock (!)
Le sens du titre est d’ailleurs obscur. Pascal Bonitzer l’explique ainsi : « Le titre s’est imposé à moi, car c’est le paradoxe même sur quoi le film se fonde, si l’on songe à la signification du mot alibi : être ailleurs. » (Le sens de cette explication ne s’est pas imposé à nous, je le crains.)

Le Grand alibiPierre Arditi, Anne Consigny et Matthieu Demy dans Le Grand alibi de Pascal Bonitzer.

19 juillet 2020

1984 (1984) de Michael Radford

Titre original : « Nineteen Eighty-Four »

1984 (Nineteen Eighty-Four)Le monde est dominé par trois grandes puissances, qui se livrent une guerre perpétuelle depuis trente. Océania est dirigé par un parti unique, personnifié par le visage de Big Brother, qui a instauré un régime collectiviste et totalitaire. A Londres, Winston est un employé au service du Parti, son travail consiste à « corriger » les archives du quotidien Times…
Ecrit par George Orwell et publié en 1949, le roman 1984 est une analyse des mécanismes du totalitarisme et une réflexion sur la liberté de pensée. Cette dystopie s’inspirait à la fois du stalinisme et du nazisme pour constituer une puissante mise en garde. Le roman avait déjà été porté, très librement, à l’écran en 1956. Cette version est bien plus fidèle au livre et sa sortie a été calculée pour coïncider avec l’année du titre. Le résultat et assez décevant et témoigne de la difficulté d’adapter certaines œuvres à l’écran. L’image prend ici le pas sur les idées, elle asphyxie la réflexion. On reste de marbre devant ce récit bien fade qui ne parvient à faire passer aucune des émotions du personnage. Le film de Michael Radford est surtout austère, glauque, et même parfois difficile à regarder. Pire, il risque de décourager les lecteurs potentiels d’un grand roman.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: John Hurt, Richard Burton, Suzanna Hamilton
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 1984 (Nineteen Eighty-Four)John Hurt et Suzanna Hamilton dans 1984 (Nineteen Eighty-Four) de Michael Radford.

Autre adaptation :
1984 de l’anglais Michael Anderson avec Michael Redgrave et Edmond O’Brien.

17 juillet 2020

La Charge de la brigade légère (1968) de Tony Richardson

Titre original : « The Charge of the Light Brigade »

La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)Dans les années 1850, en Angleterre, le capitaine Nolan rejoint le 11e régiment de hussards commandée par le colonel Cardigan. Une rivalité s’installe rapidement entre les deux hommes. Le régiment va se retrouver en première ligne lors de la Guerre de Crimée…
Dans sa version anglaise de 1968 réalisée par Tony Richardson, l’un des principaux animateurs du Free Cinema britannique des années 60, La Charge de la brigade légère est bien différent du film homonyme américain de Michael Curtiz (1936). Il n’est plus question ici de glorifier le militarisme et l’héroïsme mais au contraire de dresser un portrait mordant et caustique du système militaire britannique. Le récit souligne l’incompétence, et même la bêtise, des officiers supérieurs. Notre première impression est de trouver le propos exagéré mais il n’en est rien (voir ci-dessous) ; même l’épisode de la « bouteille noire » est authentique. On peut se demander d’ailleurs si le film est antimilitariste ou s’il est simplement anti-bêtise. Personne n’est épargné : même le personnage présenté positivement pendant les trois quarts du film est montré ensuite sous un jour fort différent. L’humour est toutefois très présent. De plus, à divers moments, Tony Richardson a inclus de courtes séquences d’animations exaltant le patriotisme dans le style des dessins politiques satiriques, initiative aussi originale que réussie. La Charge de la brigade légère est un film assez remarquable dans le style très britannique de la satire. Commercialement parlant, le film n’eut pas le succès escompté.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Trevor Howard, Vanessa Redgrave, John Gielgud, Harry Andrews, Jill Bennett, David Hemmings
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La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)John Gielgud et David Hemmings dans La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Tony Richardson.

Contexte historique :
Pendant la Guerre de Crimée, une brigade de cavalerie britannique reçut l’ordre inconsidéré d’attaquer de front une série de batteries d’artillerie russe et en sortit décimée. Cet événement fut étudié dans les écoles militaires d’Europe comme le contre-exemple à ne pas suivre : un ordre imprécis, une hiérarchie confuse (on est entre Lords !), la morgue toute britannique qui n’a que mépris pour ses alliés français et ses ennemis russes: toutes ces fautes accumulées conduisent au désastre. (Source Wikipédia)

Les mêmes faits historiques avaient inspirés Michael Curtiz pour son film La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade, 1936, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland) mais le film de Tony Richardson n’est pas un remake du film de Michael Curtiz.

Animations :
Les séquences en animation ont été dessinées par Richard Williams (futur directeur de l’animation sur Who Framed Roger Rabbitt ?) Les dessins sont basés sur le style d’un magazine satirique très influent à Londres dans les années 1850 :  Punch; or, The London Charivari.

La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)Harry Andrews (au centre) dans La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Tony Richardson.