12 mars 2022

Faire face (1950) de Ida Lupino

Titre original : « Never Fear »

Faire face (Never Fear)Carol, une jeune danseuse, devient brusquement malade, atteinte de poliomyélite. Elle doit renoncer à son métier et intègre un centre de rééducation. Son partenaire danseur et fiancé veut continuer leur relation mais elle pense préférer faire face à la maladie toute seule…
Faire face (Never Fear) est un film américain réalisé par Ida Lupino. C’est le deuxième long métrage de l’actrice devenue réalisatrice, le premier qu’elle prend en charge de bout en bout. Elle en a coécrit le scénario en s’inspirant d’un épisode de sa vie quand elle était adolescente, seize ans plus tôt. Elle a tourné son film en décors réels dans l’hôpital où elle a été soignée, certains figurants sont de vrais patients. Le récit nous montre les différentes phases par lesquelles passe la victime, un long parcours de rééducation qui altère la confiance en soi et obscurcit toute vision d’avenir. Le film est ainsi un habile mélange de documentaire et de mélodrame. Si quelques effets peuvent paraitre un peu trop appuyés, la réalisatrice montre une grande sensibilité dans son récit et évite toute mièvrerie. Le film n’eut aucun succès à sa sortie, en grande partie parce que la polio était alors une maladie qui faisait peur. Aujourd’hui, ce virus est considéré comme éradiqué dans de nombreux pays grâce à la vaccination.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sally Forrest, Keefe Brasselle, Hugh O’Brian, Lawrence Dobkin
Voir la fiche du film et la filmographie de Ida Lupino sur le site IMDB.

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 Faire face (Never Fear)Keefe Brasselle et Sally Forrest dans Faire face (Never Fear) de Ida Lupino.

19 août 2020

La Prière (2018) de Cédric Kahn

La PrièrePour se libérer de sa dépendance à l’héroïne, le jeune Thomas rejoint une communauté d’anciens jeunes drogués qui lui proposent un changement de vie radical. Privé de tout, isolé du monde extérieur dans un petit village des Alpes, il devra se soigner par la prière et le travail. Dans ce nouveau monde, il découvre l’amour, l’amitié et même la foi…
La Prière est un film vraiment étonnant. Loin de tous les clichés et sans effet de dramatisation, Cedric Kahn réussit à faire un film magnifique et sensible. Le personnage central de son histoire va se reconstruire en découvrant des grandes valeurs humaines, telles l’amitié, la solidarité, l’ouverture aux autres et trouver ainsi une certaine sérénité. La religion n’est pas l’élément majeur de cette renaissance, elle lui offre plutôt un cadre général. Le film a été tourné sans acteur connu (Hanna Schygulla n’a qu’un petit rôle). Anthony Bajon est assez remarquable, il montre une grande présence à l’écran et sait mettre de l’intensité dans son jeu.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Bajon, Damien Chapelle, Alex Brendemühl, Louise Grinberg, Hanna Schygulla
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 La PrièreAnthony Bajon dans La Prière de Cédric Kahn.

21 juillet 2020

Une grande fille (2019) de Kantemir Balagov

Titre original : « Dylda »

Une grande fille (Dylda)Leningrad, 1945. Dans une ville éprouvée par trois années de siège, Iya, surnommée « la girafe » (1) du fait de sa grande taille, travaille dans un hôpital où sont soignés des anciens combattants blessés. Elle vit dans un appartement communautaire avec le petit Pashka, âgé de trois ans, qu’elle aime beaucoup. Bientôt, son amie, la rousse Masha, revient du front et elles se retrouvent…
Tesnota, le premier long métrage du jeune réalisateur russe Kantemir Balagov avait été très remarqué en 2017. Son deuxième, Une grande fille, l’a été tout autant. Le livre La guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana Aleksievitch, lauréate du prix Nobel, a été sa principale source d’inspiration pour en écrire le scénario. Ses deux personnages principaux, Iya et Masha, sont au centre de cette histoire peu ordinaire, puissante, soutenue par des personnages secondaires auxquels Kantemir Balagov sait donner de l’épaisseur en peu de scènes. La forme est brillante avec ses plans-séquences et ses angles de vue peu communs. La durée de 2h10 finit par peser un peu trop, mais le jeune réalisateur crée l’intensité à partir de cette lenteur. C’est en tous cas un film vraiment remarquable.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Viktoria Miroshnichenko, Vasilisa Perelygina, Andrey Bykov, Konstantin Balakirev, Kseniya Kutepova
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(1) Son surnom est en réalité « la grande perche » (Dylda en russe)

 Une grande fille (Dylda)Viktoria Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina dans Une grande fille (Dylda) de Kantemir Balagov.

5 octobre 2015

Le Mariage de Maria Braun (1979) de R.W. Fassbinder

Titre original : « Die Ehe der Maria Braun »

Le Mariage de Maria BraunMariée à la hâte sous les bombardements, Maria Braun attend le retour de son mari après la fin de la guerre dans un Berlin en ruines où l’on manque de tout. Un ami soldat lui annonce qu’il est mort. Maria doit s’en sortir et trouve un emploi d’entraineuse dans un bar où elle a une liaison avec un soldat américain… Le Mariage de Maria Braun est le premier volet d’une tétralogie consacrée à l’Allemagne nazie et post-nazie au travers de quatre destins de femmes (1). Le Mariage de Maria Braun débute à la fin de guerre et s’achève lors de la victoire de l’Allemagne à la Coupe de football 1954, symbole d’une nation qui tourne la page de la défaite. Splendidement personnifiée par Hanna Schygulla, Maria Braun est une femme à la fois victime et ambitieuse. La dure réalité de l’immédiat Après-guerre l’a métamorphosée en lutteuse hardie qui sait provoquer la chance plutôt que de l’attendre. La mise en scène de Fassbinder est d’une belle précision, parfaitement maitrisée. La prestation d’Hanna Schygulla est vraiment remarquable avec un mélange de distanciation et de sensualité assez unique. Le film connut un succès mérité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hanna Schygulla, Klaus Löwitsch, Ivan Desny
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Le Mariage de Maria Braun
Hanna Schygulla (à droite) dans Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

Remarques :
* Caméo : Fassbinder apparaît en trafiquant au marché noir. Il propose à Maria une robe noire et, en soldes, les oeuvres complètes du poète Kleist… tout un symbole.
* Les producteurs voulaient Romy Schneider dans le rôle principal mais des propos publics peu amènes de Fassbinder à son propos ont rendu la collaboration impossible…

(1) Le Mariage de Maria Braun (1979), Lili Marleen (1981), Lola, une femme allemande (1981) et Le Secret de Veronika Voss (1982). Fassbinder ne les a pas tournés dans l’ordre chronologique, puisque Lili Marleen traite d’une période se situant avant Le Mariage de Maria Braun et l’histoire de Lola se situe après celle de Veronika Voss.

Le Mariage de Maria Braun
Hanna Schygulla dans Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

Le Mariage de Maria Braun
Photo de tournage : Hanna Schygulla, R.W. Fassbinder  et Gottfried John sur le tournage du  Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

9 septembre 2013

De rouille et d’os (2012) de Jacques Audiard

De rouille et d'osSans argent, Ali arrive à Antibes chez sa soeur qui l’héberge dans son garage. Sportif et ayant pratiqué la boxe, il trouve du travail comme videur dans une boîte de nuit. C’est ainsi qu’il fait la rencontre de Stéphanie… Jacques Audiard adapte assez librement un recueil de nouvelles de Craig Davidson, auteur américain très attiré par le monde de la boxe. De rouille et d’os est avant tout le récit de la reconstruction de deux êtres, perdus et meurtris, un drame donc, cette fois sans le support d’une intrigue policière. Jacques Audiard appuie le côté écorché vif de ses personnages et les dote d’une grande énergie ce qui donne un style très percussif à son film. Il parvient ainsi à éviter le pathos tout en donnant une belle intensité à son récit. Matthias Schoenaerts et Marion Cotillard sont assez remarquables dans leur interprétation. On peut sans doute reprocher à Jacques Audiard certains effets faciles, tels ces ralentis interminables pour renforcer la dramatisation, et d’avoir trop étoffé son scénario. Les scènes de combats peuvent également paraître un peu pénibles. Mais cela n’empêche pas De rouille et d’os d’être un film puissant qui vient renforcer l’importance de Jacques Audiard dans le cinéma français actuel.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Céline Sallette, Corinne Masiero, Bouli Lanners
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17 décembre 2012

Récit d’un propriétaire (1947) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Nagaya shinshiroku »

Récit d'un propriétaireDans les faubourgs de Tokyo de l’Après-guerre, un petit garçon est trouvé par quelques habitants d’un quartier. Personne ne veut le prendre en charge et c’est Otane, une quincaillère sans enfants, qui le recueille sans enthousiasme… Récit d’un propriétaire est le premier film qu’Ozu a tourné après son retour de la guerre. Il met en scène un pays assez détruit dans lequel il est difficile de ne pas penser qu’à soi. Ozu filme le retour d’une certaine humanité par la renaissance de l’amour filial. Il parvient toujours aussi bien à mêler un peu d’humour dans un sujet plutôt grave et déroule placidement son récit, sans recherche d’effets mélodramatiques. Récit d’un propriétaire est film assez touchant qui a aussi un côté militant, prônant l’adoption alors que les orphelins de guerre étaient si nombreux.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chôko Iida, Eitarô Ozawa, Mitsuko Yoshikawa, Chishû Ryû, Takeshi Sakamoto
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