10 février 2022

La Quatrième Dimension (1983) de John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante et George Miller

Titre original : « Twilight Zone: The Movie »

La Quatrième Dimension (Twilight Zone: The Movie)La Quatrième Dimension (Twilight Zone: The Movie) est un film à sketches composé d’un prologue et de quatre segments. Les producteurs Steven Spielberg et John Landis l’ont conçu comme un hommage à la merveilleuse série télévisée américaine Twilight Zone créée par Rod Serling au tout début des années soixante. Chacun des quatre segments est une reprise d’un épisode de la série. Malgré la présence de quatre réalisateurs chevronnés, en outre dans leur élément, et des scénaristes de talent comme l’écrivain Richard Matheson, le résultat est hélas très décevant. Bien entendu, il était difficile de choisir 4 épisodes parmi les 138 de la série mais on ne retrouve pas la richesse des histoires originales. Celles-ci reposaient souvent sur une altération de la réalité (ou sur une altération de notre perception de la réalité) pour créer des situations merveilleusement insolites et inattendues. Pour cet hommage, les producteurs ont surtout retenu l’aspect fantastique. Les deux premiers segments ne sont guères remarquables, le troisième l’est un peu plus par son univers cartoonesque et le dernier est plus solidement bâti et assez terrifiant. Ceux qui connaissent la série originale ont bien des chances d’être déçus.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dan Aykroyd, Albert Brooks, Vic Morrow, Kathleen Quinlan, Kevin McCarthy, John Lithgow
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Composition :
Le prologue : Something Scary de John Landis
Premier segment : Time Out de John Landis
Deuxième segment : Kick the Can de Steven Spielberg
Troisième segment : It’s a Good Life de Joe Dante
Quatrième segment : Nightmare at 20,000 Feet de George Miller

Remarque :
* Le tournage du segment de John Landis fut marqué d’une tragédie. Un hélicoptère, pris dans les explosions provoquées par les effets pyrotechniques, s’est écrasé sur l’acteur Vic Morrow et deux jeunes enfants vietnamiens. Ils sont morts sur le coup. Bien entendu, toute la scène fut écartée du montage final. Il s’agissait de la scène finale où le personnage interprété par Vic Morrow se rachetait en sauvant deux enfants vietnamiens.

La Quatrième Dimension (Twilight Zone: The Movie)John Lithgow dans le segment réalisé par George Miller de La Quatrième Dimension (Twilight Zone: The Movie)

4 février 2022

Always (1989) de Steven Spielberg

Always - Pour toujours (Always)Tué dans l’embrasement de son appareil, un pilote de canadair se voit confier une mission par un ange de l’au-delà : il doit aider à l’apprentissage d’une recrue en le guidant par une petite voix intérieure. Cette recrue suit une formation dans la base où travaille son ancienne fiancée…
Always est un film fantastique américain réalisé par Steven Spielberg. Il s’agit du remake du film Un nommé Joe (A Guy Named Joe) réalisé par Victor Fleming en 1943. Originairement située en temps de guerre, l’histoire a été transposée à notre époque avec des pilotes qui combattent les feux de forêt de l’ouest des Etats-Unis. Hormis cette translation, le scénario suit la trame initiale de très près. Le plus réussi de Always, ce sont les scènes d’aviation, très prenantes. En revanche, Spielberg peine beaucoup plus à nous intéresser dans les scènes romantiques qui paraissent interminables. L’alchimie entre Richard Dreyfuss et Holly Hunter n’a pas fonctionné et les deux acteurs ont un jeu poussif. L’apparition d’Audrey Hepburn en ange (son ultime film) ne peut sauver l’ensemble. Les histoires d’amour plus fort que la mort sont pourtant généralement émouvantes, mais l’émotion n’apparaît ici que fugitivement. Le film fut un échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Richard Dreyfuss, Holly Hunter, Brad Johnson, John Goodman, Audrey Hepburn
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Always - Pour toujours (Always)Holly Hunter et Richard Dreyfuss dans Always de Steven Spielberg.

Always - Pour toujours (Always)La mémorable scène d’ouverture de Always de Steven Spielberg.

Remake de :
Un nommé Joe (A Guy Named Joe) de Victor Fleming (1943) avec Spencer Tracy, Irene Dunne et Van Johnson.

21 janvier 2022

Les Incorruptibles (1987) de Brian De Palma

Titre original : « The Untouchables »

Les incorruptibles (The Untouchables)Au début des années 1930, durant la Prohibition, Al Capone, puissant parrain de la pègre, règne en maître sur la ville de Chicago. Soudoyant élus municipaux et forces de l’ordre, il contrôle en toute impunité le trafic et la vente d’alcool. Un agent fédéral déterminé et intègre, Eliot Ness, est dépêché sur place avec pour mission d’arrêter ses agissements…
Les Incorruptibles est un film américain réalisé par Brian De Palma, librement inspiré par les mémoires de l’agent Eliot Ness, dont l’adaptation la plus remarquée auparavant est une série télévisée immensément populaire des années soixante avec Robert Stack dans le rôle principal. Le scénario est signé David Mamet. Si ce n’est pas le film le plus personnel de De Palma, le cinéaste y appose sa marque. Sur la forme, il pousse très loin la recherche de plans, c’est un festival de plongées et de contre-plongées. Le scénario est parfaitement rythmé et certaines scènes, telle l’attaque du convoi sur le pont, sont vraiment remarquables. Sur le fond, il introduit un flou sur la frontière entre le bien le mal, « Jusqu’où êtes-vous prêt à aller ? » demande plusieurs fois Malone à Eliot Ness. De Palma aime à brouiller les cartes, à inverser les codes. Et il insère des références ou hommages, la plus évidente étant celle du landau dans la gare qui phagocyte entièrement une scène d’action et la détourne ; le processus est assez fascinant. De Palma est un réalisateur maniériste. L’interprétation est parfaite. Les Incorruptibles connut un très grand succès. Le film a révélé Andy Garcia et donné à Kevin Costner son premier grand rôle populaire.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kevin Costner, Sean Connery, Charles Martin Smith, Andy Garcia, Robert De Niro, Billy Drago, Patricia Clarkson
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Les incorruptibles (The Untouchables)Andy Garcia, Sean Connery, Kevin Costner et Charles Martin Smith dans Les Incorruptibles (The Untouchables) de Brian De Palma.

Remarque :
* Différences avec la réalité : Les Untouchables étaient au moins onze et non quatre, les personnages de Jim Malone et Guiseppe Stone ont été inventés, Frank Nitti n’est pas mort puisqu’il a pris la suite d’Al Capone mis en prison.

Les incorruptibles (The Untouchables) Les Incorruptibles (The Untouchables) de Brian De Palma.
Etonnant plan tourné avec une double focale (une demi-lentille ajoutée à l’objectif, afin d’avoir premier plan et arrière plan nets. La limite verticale entre les deux est nettement visible).

15 janvier 2022

Diva (1981) de Jean-Jacques Beineix

DivaJules, un jeune postier, est fasciné par Cynthia Hawkins, une célèbre Diva qui n’a jamais consenti à faire enregistrer sa voix. Lors d’un concert parisien au théâtre des Bouffes-du-Nord, Jules enregistre clandestinement son récital, discrètement observé par deux Taïwanais. Sans le savoir, Jules entre également en possession d’un autre enregistrement le lendemain, la confession d’une prostituée menacée de mort qui a déposé une cassette dans la sacoche de son vélomoteur…
Diva est un film français coécrit et réalisé par Jean-Jacques Beineix, son premier long métrage. Il s’agit d’une histoire policière qui prend des allures très esthétisées. Les décors intérieurs sont originaux, ses personnages vivent dans d’immenses lofts pratiquement vides ou au contraire encore emplis de matériels désaffectés (1). Les couleurs sont vives et la décoration s’inspire du pop art. Les plans sont travaillés aussi par le cadrage et d’amples mouvements de camera. Tout est là pour séduire l’œil et aussi les oreilles puisque le rôle de la diva est tenu par Wilhelmenia Fernandez, chanteuse lyrique américaine. Le film est séduisant mais pas racoleur. L’intrigue est un peu secondaire mais, là aussi, certains personnages ont beaucoup de style, tel ce truand taciturne composé par Dominique Pinon ou encore le couple esthète formé par Richard Bohringer et Thuy An Luu. A l’époque de sa sortie, la critique s’est déchaînée contre le film qui fustigeait ce « cinéma du look » (2). Ce n’est qu’après son succès aux Etats-Unis et ses Césars l’année suivante que les entrées exploseront. Rétrospectivement, on considère que Diva est le premier film de ce courant cinématographique français parfois appelé « cinéma du look » dont Beineix, Carax et Besson seront les premiers représentants.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frédéric Andréi, Richard Bohringer, Thuy An Luu, Wilhelmenia Fernandez, Jacques Fabbri, Gérard Darmon, Dominique Pinon
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Remarques :
* Le morceau d’opéra est Ebben? Ne andrò lontana, l’un des principaux arias de l’opéra La Wally créé en 1892 par le compositeur italien Alfredo Catalani. Il est chanté par Wilhelmenia Fernandez.
* Le phare est le phare de Gatteville, en haut de la péninsule du Cotentin.

(1) Précisons qu’en 1981, les lofts ne faisaient pas encore fureur en France. En revanche, l’engouement pour les lofts existait aux Etats-Unis depuis les années 1970.
(2) Beaucoup de critiques voyaient là un certain dévoiement du cinéma. Le célèbre critique Serge Daney s’insurgeait contre « une esthétique publicitaire ».

 DivaThuy An Luu et Richard Bohringer dans Diva de Jean-Jacques Beineix.

20 décembre 2021

Double détente (1988) de Walter Hill

Titre original : « Red Heat »

Double détente (Red Heat)Ivan Danko, un policier russe, est envoyé à Chicago pour ramener Rostavili, le trafiquant de drogue responsable de la mort de son coéquipier. Le criminel, tombé aux mains de la police américaine dès son arrivée, attend d’être extradé. Mais rien ne va se passer comme prévu…
Double détente (Red Heat) est un film américain coécrit et réalisé par Walter Hill. Depuis que le cinéma existe, mettre deux personnages de caractères opposés en tandem est l’un des ressorts de comédie les plus utilisés. Les américains, qui aiment mettre un nom sur tout, appellent cela les « buddy movies » (films de potes). Pour saluer les prémices d’une détente entre l’Est et l’Ouest, Walter Hill eut donc l’idée de mettre en tandem un policier américain et un policier russe. Bien entendu, ils sont à l’opposé l’un de l’autre : le premier est bavard, brouillon et débraillé, le second est taciturne, méthodique et tiré à quatre épingles. Double détente est indéniablement un film d’action, il n’y a que peu de moments calmes. La réalisation de Walter Hill est musclée et bien maitrisée,  Arnold Schwarzenegger montre beaucoup de présence. L’acteur d’origine autrichienne a en outre l’avantage d’avoir toujours un fort accent étranger qui sied parfaitement au personnage. Sans démériter, l’ensemble finit toutefois un peu par lasser. Pour les amateurs d’action.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Arnold Schwarzenegger, Jim Belushi, Peter Boyle, Ed O’Ross, Laurence Fishburne, Gina Gershon
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Double détente (Red Heat)Jim Belushi et Arnold Schwarzenegger dans Double détente (Red Heat) de Walter Hill.

20 novembre 2021

Veuve, mais pas trop… (1988) de Jonathan Demme

Titre original : « Married to the Mob »

Veuve, mais pas trop... (Married to the Mob)Angela De Marco aurait souhaité une autre vie que celle d’épouse d’un homme de main du parrain Tony Russo. Aussi, lorsque son mari est tué par son patron parce qu’ils partageaient la même maitresse, Angela plie bagages et part avec son jeune fils s’installer dans un quartier de New York pour repartir de zéro. Mais ce n’est pas si facile de couper tous les ponts…
Married to the mob (traduction = Mariée avec la Mafia) est une comédie américaine réalisée par Jonathan Demme, futur réalisateur du Silence des agneaux. Le film se situe dans la lignée de son film précédent Dangereuse sous tous rapports mais cette fois les deux genres, films de gangsters et comédie sentimentale, ne sont plus juxtaposés, ils se fondent pour former un ensemble particulièrement plaisant. Le film est porté par une excellente interprétation, Michelle Pfeiffer en tête qui compose un personnage finalement assez complexe, Dean Stockwell en pittoresque et intelligent parrain de la mafia, sans oublier le très sage Matthew Modine et l’exubérante Mercedes Ruehl. La musique est de David Byrne (Talking Heads). Le film est bien construit. Très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michelle Pfeiffer, Matthew Modine, Dean Stockwell, Alec Baldwin, Mercedes Ruehl, Oliver Platt
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Veuve, mais pas trop... (Married to the Mob)Michelle Pfeiffer et Dean Stockwell dans Veuve, mais pas trop… (Married to the Mob) de Jonathan Demme.

Remarque :
* La performance de Dean Stockwell dans ce film sera unanimement louangée. Il sera même nominé à l’Oscar du meilleur second rôle. L’acteur nous a quitté récemment, le 7 novembre 2021. Sa filmographie, étalée sur 70 ans,  compte plus de 200 films, depuis 1945 à l’âge de 8 ans aux côtés de Gene Kelly jusqu’en 2015. On se souvient de lui dans Paris, Texas (le nouveau mari de Nastassja Kinski) ou encore dans les films de David Lynch (Dune, Blue Velvet).

Veuve, mais pas trop... (Married to the Mob)Matthew Modine et Michelle Pfeiffer dans Veuve, mais pas trop… (Married to the Mob) de Jonathan Demme.

27 octobre 2021

Lola, une femme allemande (1981) de Rainer Fassbinder

Titre original : « Lola »

Lola, une femme allemande (Lola)En 1957, un nouveau directeur de l’urbanisme prend ses fonctions dans une ville de Bavière. Originaire de Prusse orientale, l’homme apparaît rapidement peu enclin aux compromissions, ce qui inquiète les notables de la ville qui profitent de la reconstruction pour s’enrichir…
Pour Lola, Rainer Werner Fassbinder s’est inpiré du roman d’Heinrich Mann, Professeur Unrat, qui avait déjà engendré L’Ange Bleu (1930). Il en a transposé l’histoire dans l’Allemagne des années cinquante en pleine reconstruction. Ce n’est toutefois nullement un remake car le cinéaste s’est éloigné le plus possible du film de Sternberg pour ne garder que la situation de base : un fonctionnaire sage et consciencieux tombe amoureux d’une femme de petite vertu et se retrouve transformé par cet amour non partagé. Fassbinder ne suit pas non plus le schéma classique du film dénonçant la spéculation et l’hypocrisie d’une classe de notables aux moeurs dépravés. On peut même dire qu’il s’abstient de porter un jugement politique ou moral. Il semble plutôt s’attacher à montrer qu’un système basé sur une fausse honnêteté perdure en se construisant sur le fonctionnement réel des individus, incluant leurs désirs et leurs fantasmes. Fassbinder parvient à créer des personnages forts, même si c’est au prix d’un jeu des acteurs assez appuyé comme c’est le cas pour Mario Adorf. Il crée aussi une atmosphère douce tout en étant incisive. Le cinéaste fait une utilisation étonnante de la couleur en éclairant les personnages en bleu, jaune ou rouge selon leurs sentiments, procédé qui en d’autre mains aurait paru simplet. Le film a été parfois mal perçu pour son contenu, jugé pas assez militant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Sukowa, Armin Mueller-Stahl, Mario Adorf, Matthias Fuchs, Helga Feddersen, Karin Baal, Ivan Desny, Hark Bohm
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Remarque :
* Lola s’incrit dans une trilogie que Fassbinder a appelée BRD (= BundesRepublik Deutschland), qu’il n’a pas tournée dans l’ordre chronologique :
BRD 1 : Le Mariage de Maria Braun (1979) (‘BRD 1’ non mentionné au générique)
BRD 2 : Le Secret de Veronika Voss (1982)
BRD 3: Lola, une femme allemande (1981).

Lola, une femme allemande (Lola)Armin Mueller-Stahl et Barbara Sukowa dans Lola, une femme allemande (Lola) de Rainer Werner Fassbinder.

Lola, une femme allemande (Lola)Barbara Sukowa et Mario Adorf dans Lola, une femme allemande (Lola) de Rainer Werner Fassbinder.

30 août 2021

À bout de course (1988) de Sidney Lumet

Titre original : « Running on Empty »

À bout de course (Running on Empty)En 1971, Arthur et Annie Pope ont fait exploser un laboratoire où l’on fabriquait du napalm pour protester contre la guerre du Viêt Nam. Le gardien du laboratoire, qui n’aurait pas dû être présent, a été paralysé à vie. Depuis 15 ans, le couple est en cavale avec leurs deux fils, ils déménagent sans cesse et changent d’identité. Le fils ainé a maintenant 17 ans…
Ecrit par Naomi Foner Gyllenhaal (la mère de Jake Gyllenhaal), À bout de course est un film plutôt inattendu dans la filmographie de Sidney Lumet. Certes, on retrouve bien son thème favori des rapports entre l’individu, la morale et la loi en toile de fond mais il s’agit surtout d’un drame mélancolique sur l’émancipation d’un adolescent. Cette émancipation est rendue délicate par la situation si particulière de la famille. Si l’entente est parfaite en son sein, leurs membres ne peuvent en effet avoir de relation suivie avec une personne extérieure. En contrepoint, c’est aussi un film sur l’engagement politique et le radicalisme, sur les convictions qui perdent de l’importance avec le temps. De plus, l’attitude du couple envers leurs enfants est devenue, par force, contraire à leurs principes. L’adolescent est superbement interprété par River Phoenix qui est assez époustouflant de présence, de charme et de naturel. On mesure à quel point il serait certainement devenu un très grand acteur (1). Sidney Lumet montre de la délicatesse dans de nombreuses scènes où Christine Lahti est vraiment émouvante. À bout de course est donc assez riche, c’est un beau film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Christine Lahti, River Phoenix, Judd Hirsch, Martha Plimpton, Ed Crowley
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Remarque :
* Les personnages sont librement inspirés de Bill Ayers et Bernardine Dohrn du groupe radical The Weather Underground Organisation ou les Weathermen.

(1) River Phoenix (frère aîné de Joaquin Phoenix) est décédé d’un excès de drogues en 1993, à l’âge de 23 ans. Il n’a eu le temps de tourner que dans 13 films, dont My Own Private Idaho de Gus Van Sant (1991) dont il tient le premier rôle avec Keanu Reeves.

À bout de course (Running on Empty)River Phoenix dans À bout de course (Running on Empty) de Sidney Lumet.

À bout de course (Running on Empty)Christine Lahti, Jonas Abry et Judd Hirsch dans À bout de course (Running on Empty) de Sidney Lumet.

8 juin 2021

My Beautiful Laundrette (1985) de Stephen Frears

My Beautiful Laundrette Omar, un jeune immigré pakistanais en Angleterre, cherche à exploiter une laverie automatique confiée par son oncle. Il demande de l’aide à un ami d’enfance, Johnny, un jeune paumé qui va quitter sa petite bande de skinheads racistes…
En 1985, Stephen Frears a créé l’évènement avec ce petit film tourné en 16mm. Initialement pour être diffusé sur Channel 4, il sortira en salles et rencontrera un grand succès. Le cinéaste anglais quarantenaire n’est alors pas un débutant : il s’agit de son troisième long métrage et il vient après de nombreuses réalisations pour la télévision. Le scénario, signé Hanif Kureishi, lui-même anglais de père pakistanais, met en relief la réalité de cette période, abordant chômage, violence et trafics, racisme et homosexualité. Il le fait sans démonstration ni misérabilisme. Presque documentaire, le film donne une grande impression de naturel. Il est en outre enrichi d’une bonne dose d’humour qui le rend sympathique. Les personnages sont tous assez complexes, souvent écartelés entre tradition et modernisme. Le film a également révélé Daniel Day-Lewis. Une belle réussite. Le cinéaste continuera dans la même veine avec Prick Up Your Ears (1987) et Sammy et Rosie s’envoient en l’air (1987).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Daniel Day-Lewis, Gordon Warnecke, Saeed Jaffrey, Derrick Branche
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My Beautiful LaundretteDaniel Day-Lewis et Gordon Warnecke, photo publicitaire pour My Beautiful Laundrette de Stephen Frears.

2 juin 2021

Quartet (1981) de James Ivory

Quartet1927. Dans le Paris des Années folles, Marya est une ex-petite choriste de music-hall née aux Antilles qui s’est mariée avec un polonais, trafiquant d’œuvres d’art. Lorsque ce dernier est arrêté, Marya se retrouve sans ressources. Elle accepte l’invitation d’une couple d’anglais, connu dans le milieu artistique de Montparnasse, de venir habiter chez eux…
Quartet est un franco-britannique réalisé par James Ivory qui s’inspire du roman Quatuor (titre original : Postures, 1928) de l’écrivaine britannique Jean Rhys. La pauvre héroïne de cette histoire tombe sous l’emprise psychologique d’un couple aisé qui trouve là un moyen de combler son vide existentiel et de masquer les infidélités de l’homme. La reconstitution de l’époque est picturalement très travaillée avec de beaux éclairages et une palette de couleur portée sur le bistre. En revanche, malgré tous les efforts d’Isabelle Adjani qui fait une belle prestation, on peine à s’intéresser à l’histoire. Les personnages paraissent très lointains, nous restons spectateurs sans éprouver la moindre émotion. La retenue dont James Ivory fait toujours preuve n’était sans doute pas de mise ici.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Isabelle Adjani, Anthony Higgins, Maggie Smith, Alan Bates
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Quartet Alan Bates, Maggie Smith (de dos), Isabelle Adjani et Anthony Higgins dans Quartet de James Ivory.

Ne pas confondre avec :
Quartet de Dustin Hoffman (2012) où Maggie Smith tient le rôle principal !