14 janvier 2015

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore

Titre original : « Nuovo Cinema Paradiso »

Cinéma ParadisoEn Sicile, juste après la guerre, un jeune enfant de choeur est fasciné par le projecteur de cinéma dans la salle paroissiale que manie Alfredo. Le curé d’alors imposait de couper les passages où les personnages s’embrassaient et tout autre passage litigieux avant de projeter les films devant une salle pleine à craquer… Ecrit et réalisé par Giuseppe Tornatore, Cinéma Paradiso nous fait revivre le pittoresque engouement pour le cinéma dans l’Italie rurale du milieu du XXe siècle. Si le film comporte indéniablement de bons moments (tous situés lors des projections où nous pouvons voir des extraits de films et leur impact sur le public), Tornatore reste dans la facilité, joue de façon insistante sur l’émotion et appuie ses effets. La seconde partie, consacrée aux amours du garçon devenu adolescent, est particulièrement inintéressante. Par ses côtés bon enfant et sa célébration du cinéma, Cinéma Paradiso a su plaire (j’avoue l’avoir moi-même beaucoup plus apprécié à sa sortie). Le film est d’ailleurs aussi médaillé qu’un général russe…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Salvatore Cascio, Jacques Perrin
Voir la fiche du film et la filmographie de Giuseppe Tornatore sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarques :
* Dans l’excellent Dictionnaire du cinéma italien, Olivier Maillart dit de Tornatore qu’il a « souvent une excellente idée de mise en scène par film, qu’il lui arrive de gâcher mais dont il faut savoir le créditer ». Dans Cinéma Paradiso, c’est incontestablement le montage de toutes les scènes coupées de baisers mises les unes à la suite des autres (qu’il gâche effectivement par un contrechamp sur Jacques Perrin la larme à l’oeil pour créer l’émotion…) Personnellement, j’ajouterais une seconde scène : celle où le film est projeté par reflet sur le mur de la maison d’en face dont l’occupant ouvre le volet et se retrouve ainsi dans l’image.
* Dans la version originale, Philippe Noiret est doublé en italien et, lui qui a l’une des plus belles voix du cinéma, se retrouve affublé d’une voix bien fluette (le film est une coproduction franco-italienne).
* Dans la première moitié des années cinquante, c’est l’Italie qui avait en Europe le plus grand nombre de salles de cinémas (17 000 en 1956).

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore
Le film projeté est (me semble t-il) I pompieri di Viggiù (Les pompiers chez les pin-up) de Mario Mattoli (1949) avec Totò et Nino Taranto à l’écran.

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore
Philippe Noiret et Salvatore Cascio dans Cinéma Paradiso.

29 décembre 2014

La Marchande d’amour (1953) de Mario Soldati

Titre original : « La Provinciale »

La marchande d'amourGemma est une belle jeune femme, mariée à un professeur. Dans un accès de colère apparemment sans raison, elle blesse avec un couteau son amie Elvira puis s’évanouit… Mario Soldati est un réalisateur italien assez peu connu si ce n’est pour le très beau Malombra. Ici, il adapte assez brillamment un roman d’Alberto Moravia. La construction narrative est habile et joliment complexe La marchande d'amour puisque plusieurs personnages racontent chacun une partie de l’histoire qui aboutit à la situation extrême montrée en introduction. Chacun de ces points de vue enrichit notre connaissance du drame, c’est une utilisation parfaite du flash-back. Mario Soldati a su restituer toute la force du roman et Gina Lollobrigida montre sa capacité à interpréter des rôles d’une belle profondeur. La Provinciale (il faut mieux oublier le titre français, inutilement racoleur) ne se situe pas tant dans la veine du néoréalisme italien mais plutôt dans celle du réalisme français, le film pouvant évoquer Renoir ou Max Ophüls. Il est vraiment étonnant qu’il soit si méconnu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gina Lollobrigida, Gabriele Ferzetti, Franco Interlenghi, Alda Mangini
Voir la fiche du film et la filmographie de Mario Soldati sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mario Soldati chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Mario Soldati a désigné La Provinciale comme étant son meilleur film. A noter qu’en plus d’être réalisateur, Mario Soldati (1906-1999) est également scénariste et écrivain.

La Provinciale de Mario Soldati
(de g. à d.) Alda Mangini, Renato Baldini et Gina Lollobrigida

15 décembre 2014

Valse d’amour (1990) de Dino Risi

Titre original : « Tolgo il disturbo »

Valse d'amourAncien directeur de banque, Augusto sort de l’hôpital psychiatrique où il a passé plus de dix-huit ans. Il revient habiter dans son ancienne maison qui est maintenant occupée par sa belle-fille Carla et sa petite fille Rosa avec laquelle il se sent rapidement plus proche…
Le thème de la complicité entre un enfant et son grand-père a été déjà plusieurs fois traité au cinéma mais Dino Risi inverse ici les rôles : c’est la fillette qui incarne l’ordre et la raison face à un grand-père sans repère, qui peine à retrouver ses marques dans un monde qui n’est plus le sien et qui accepte mal les codes sociaux des adultes. S’il ne peut se mesurer aux meilleurs films de Dino Risi, Valse d’amour ne manque tout de même pas de charme et de délicatesse. La belle prestation de Vittorio Gassman y contribue grandement. Parmi les seconds rôles, Elliott Gould est certainement le plus remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Dominique Sanda, Valentina Holtkamp, Elliott Gould
Voir la fiche du film et la filmographie de Dino Risi sur le site IMDB.
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Remarques :
* Les distributeurs français ont affublé le film d’un titre, Valse d’amour, assez éloigné du sujet ou du moins anecdotique (parfois Augusto entend dans sa tête une valse). Le titre original, Tolgo il disturbo qui peut se traduire par « Je ne vous dérangerai plus », a bien plus de sens.
* Fils de médecin, Dino Risi a suivi des études de médecine et même soutenu une thèse en psychiatrie avant de renoncer pour devenir cinéaste.
* On peut considérer que Valse d’amour est le dernier vrai film de Dino Risi qui avait alors soixante-treize ans et qui ne tournera que fort peu par la suite et principalement pour la télévision. Dino Risi s’est éteint en 2008 à l’âge de quatre-vingt-onze ans.

Vittorio Gassman dans Valse d'Amour de Dino Risi
Vittorio Gassman est un ex-banquier en partie amnésique dans Valse d’amour (Tolgo il disturbo) de Dino Risi (1990)

Valse d'amour de Dino Risi
Valentina Holtkamp est la petite-fille de Vittorio Gassman dans Valse d’amour (Tolgo il disturbo) de Dino Risi (1990).

26 novembre 2014

Lucky Luciano (1973) de Francesco Rosi

Lucky LucianoEn 1946, les Etats-Unis expulsent vers la Sicile le mafioso Lucky Luciano qui purgeait une longue peine de prison. La raison officielle de cette grâce inattendue est « pour services rendus ». S’installant à Naples, il va alors mettre sur pied un énorme trafic d’héroïne… Dix ans après sa mort, Francesco Rosi se livre à un grand travail d’investigation sur le rôle joué par le chef de Mafia Lucky Luciano. Il décortique patiemment les rapports entre les américains et la Mafia italienne qui va profiter de l’Après-guerre pour se renforcer. Francesco Rosi a une approche très formelle, évitant tout spectaculaire et toute surcharge émotionnelle. Il est sans doute parfois trop didactique. Son sujet est extrêmement vaste, avec de très nombreuses implications ; par moments, cette richesse peut hélas engendrer une certaine confusion mais finalement elle rend sa démonstration assez implacable. Le film comporte de belles scènes, puissantes. Gian Maria Volonté est magistral dans ce personnage d’une grande froideur. Même s’il est moins parfait que L’Affaire Mattei, tourné l’année précédente, Lucky Luciano figure parmi les grands films politiques de Francesco Rosi.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volonté, Vincent Gardenia, Silverio Blasi, Charles Cioffi, Edmond O’Brien, Rod Steiger
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Remarque :
* Les raisons de la grâce de Lucky Luciano ne sont toujours pas connues avec certitude. L’une des hypothèses avancées serait l’intervention de la mafia pour préparer le débarquement en Sicile, les américains préférant éviter les contacts avec la Résistance sicilienne, infestée selon eux par les communistes.

Gian Maria Volonté dans Lucky Luciano (1973)

25 octobre 2014

Le Bel Antonio (1960) de Mauro Bolognini

Titre original : « Il bell’Antonio »

Le bel AntonioAntonio Magnano est de retour chez ses parents à Catane en Sicile, avec une solide réputation de coureur de jupons acquise à Rome. A la grande satisfaction de ses parents, il épouse en grandes pompes Barbara Puglisi, fille de bonne famille, qu’il trouve très belle. A ses yeux, elle a un visage d’ange. Au bout d’une année, il apparaît que la jeune épouse est toujours vierge… Le Bel Antonio est originellement un roman de Vitaliano Brancati qui est ici adapté librement pour le cinéma par Pier Paolo Pasolini, ici scénariste (1). Utilisant le thème de l’impuissance, Pasolini et Bolognini dressent une critique d’une société archaïque et hypocrite, basée sur le patriarcat et l’omniprésence de la famille. La mise en scène de Bolognini est remarquable avec une photographie aux superbes contrastes signée Armando Nannuzzi. Mastroianni fait une très belle interprétation tout en douleur contenue et donne une image christique de son personnage, impression renforcée par le superbe plan final, ce reflet du visage de Mastroianni dans la vitre qui évoque le suaire de Turin.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur, Rina Morelli, Tomas Milian
Voir la fiche du film et la filmographie de Mauro Bolognini sur le site IMDB.
Voir l’analyse du film sur le site DVD Classik

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(1) Le Bel Antonio marque la dernière collaboration de Mauro Bolognini avec Pier Paolo Pasolini qui va se consacrer ensuite à la réalisation. Pour Mauro Bolognini, cette séparation sera également un tournant dans son parcours.

Le Bel Antonio (Il bell'Antonio)Claudia Cardinale et Marcello Mastroianni dans Le Bel Antonio (Il bell’Antonio) de Mauro Bolognini.

19 octobre 2014

La Femme du dimanche (1975) de Luigi Comencini

Titre original : « La donna della domenica »

La femme du dimancheA Turin, le commissaire Santamaria (Marcello Mastroianni) enquête sur le meurtre d’un architecte poseur et obsédé sexuel. Ses recherches le mènent directement à interroger des membres de la haute bourgeoisie de la ville, notamment Massimo Campi (Jean-Louis Trintignant) riche bourgeois homosexuel et son amie Anna Carla Dosio (Jacqueline Bisset) la jeune femme oisive d’un riche industriel… L’adaptation de ce best-seller de Carlo Fruttero et Franco Lucentini a été écrite par le fameux duo Age et Scarpelli. Certes, La Femme du dimanche n’est pas un des films majeurs de Luigi Comencini mais il constitue une intéressante tentative de mêler intrigue policière et analyse sociale. La femme du dimanche Alors que ses producteurs le pressaient d’en faire un film policier grand public, Comencini a su, en filigrane, mettre en évidence les rapports de classe dans une ville, Turin, où il y a environ 700 000 siciliens, les pauvres, et 300 000 turinois, les riches (1). Avec tant de talents réunis, on peut se demander pourquoi le film n’est au final pas plus convaincant. Peut-être est-ce du à la dose d’humour introduite qui nous pousse à ne pas prendre tout cela très au sérieux. De ce fait, La Femme du dimanche manque quelque peu de force mais son contenu assez subtil le rend intéressant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Jacqueline Bisset, Jean-Louis Trintignant, Aldo Reggiani
Voir la fiche du film et la filmographie de Luigi Comencini sur le site IMDB.
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Voir les livres sur Luigi Comencini

Remarque :
* La musique est d’Ennio Morricone.

(1) Ces chiffres sont donnés par Jean-Louis Trintignant dans une interview télévisée à propos du film. (Voir…)

La Femme du dimanche (La donna della domenica)Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset dans La Femme du dimanche (La donna della domenica) de Luigi Comencini.

2 octobre 2014

Livre : Dictionnaire du cinéma italien (2014)

Ses créateurs de 1943 à nos jours
Collectif sous la direction de Mathias Sabourdin – – Editions Nouveau Monde

Dictionnaire du cinéma italien Au regard de l’importance du cinéma italien, les ouvrages en français qui lui sont consacrés ne sont pas si nombreux. Ce Dictionnaire du cinéma italien vient combler un manque en nous offrant un panorama assez exhaustif des créateurs sur une période allant de 1943 (l’émergence du néoréalisme) à nos jours. Mais cet ouvrage de près de 1250 pages est bien plus qu’un simple dictionnaire car il nous propose un regard nouveau, une analyse très actuelle, sur l’œuvre de ces créateurs : ce sont majoritairement des réalisateurs, mais aussi des scénaristes, producteurs, chefs-opérateurs, décorateurs (mais, assez logiquement, pas des acteurs).

Comme le fait remarquer Jean A. Gili dans sa préface, la forme n’est pas sans rappeler les 50 ans de cinéma américain de Tavernier et Coursodon : chaque entrée du dictionnaire est constituée d’une présentation commentée sur plusieurs pages de l’œuvre du créateur, film par film. Cette forme a l’avantage de permettre plusieurs approches de lecture : lire les commentaires sur un film précis et le replacer dans son contexte, avoir une vision de l’ensemble de l’oeuvre d’un créateur, ou encore, faire des découvertes au hasard des pages. L’index en fin de volume est assez fourni mais se limite hélas aux noms propres, les titres de films n’y figurent pas (ce qui aurait permis à partir d’un titre de trouver que, outre le réalisateur, le scénariste ou le chef-opérateur est également présent dans le dictionnaire).

Les articles sont particulièrement intéressants et riches. La philosophie générale n’est pas de chercher la neutralité (finalement stérile) des dictionnaires mais d’évaluer, de porter des jugements, tout en restant à l’écart des dogmes. L’ambition est de porter un nouveau regard sur le cinéma italien (à ce titre, notons que l’introduction précise que la majorité de la vingtaine de contributeurs a entre 30 et 40 ans).

Indéniablement, ce Dictionnaire du cinéma italien va constituer un précieux livre de référence pour beaucoup de cinéphiles.
Note: 5 étoiles

Voir la fiche du livre sur Livres-cinema.info
Le livre sur le site de l’éditeur
Le livre sur Amazon
ou en Librairies sur Price minister…

4 septembre 2014

Rétrospective : Le Cinéma italien des années 70

Institut Lumière : Cinéma italien Pour les habitants de la région lyonnaise :

Du 29 août au 7 octobre 2014, l’Institut Lumière présente une rétrospective autour du cinéma italien des années 70 avec 14 films marquants de cette décennie (dont la version restaurée de Sacco et Vanzetti de Montaldo et un film assez peu courant, Mimi métallo blessé dans son honneur de l’italienne  Lina Wertmüller qui est une amusante comédie).

Voir le programme en détail sur le site de l’Institut Lumière …

4 août 2014

Good Morning Babylon (1987) de Paolo Taviani et Vittorio Taviani

Titre original : Good Morning Babilonia

Good morning BabiloniaArtisans de génie spécialisés dans la restauration d’églises et de monuments, les deux frères Andrea et Nicola quittent leur Italie natale dans les années dix pour aller tenter leur chance en Amérique. Après une période difficile, ils réussissent finalement à se faire embaucher comme décorateurs par D.W. Griffith pour son nouveau film Intolérance… Les frères Taviani mêlent fiction et réalité dans cette fable qui aborde plusieurs thèmes assez différents : l’émigration vers le rêve américain, les pionniers du cinéma, la notion de créateur, l’importance des traditions et de la transmission du savoir-faire (et même du patriarcat), la mémoire, l’absurdité de la guerre. C’est sans doute beaucoup pour un seul film. Pour l’amateur de films muets, Good morning Babylon est assez fascinant par sa récréation de l’Hollywood des années dix et des toutes premières grandes productions. Charles Dance fait un Griffith très crédible. En revanche, le décor grandiose d’Intolérance (reconstitué avec des toiles peintes) n’a vraiment aucune ampleur (1). Pour le reste, Good morning Babylon sait faire preuve de lyrisme et la photographie est très belle.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Spano, Joaquim de Almeida, Greta Scacchi, Charles Dance
Voir la fiche du film et la filmographie de Paolo Taviani et Vittorio Taviani sur le site IMDB.

Voir les livres sur les Frères Taviani

Remarques :
* La façade sur laquelle travaillent les artisans au début du film est celle de la cathédrale de Pise, Place des Miracles.

* Cabiria, le film de Giovanni Pastrone que visionne Griffith, est sorti en 1914. Par ses décors grandioses, son authenticité, ses mouvements de camera (c’est le premier film avec des travelings), Cabiria a influencé Griffith et d’autres réalisateurs. Cabiria a connu un immense succès aux Etats-Unis.

(1) A la décharge des Frères Taviani, il faut reconnaitre que l’immense décor d’Intolérance était impossible à recréer. Aujourd’hui, on pourrait faire appel aux images de synthèse mais en 1987, ce n’est pas vraiment possible.

23 juillet 2014

Giordano Bruno (1973) de Giuliano Montaldo

Giordano BrunoLibre penseur, philosophe et scientifique, l’ancien frère dominicain Giordano Bruno a trouvé refuge à Venise. Il est dénoncé comme hérétique à l’Inquisition par son hôte en 1592 et emprisonné. Les autorités religieuses sont très divisées sur son cas… Acteur passé à la réalisation, Giuliano Montaldo est principalement connu pour son film Sacco et Vanzetti qu’il a tourné juste avant ce Giordano Bruno qui lui permet, une fois encore, de dénoncer l’intolérance d’Etat. On peut certainement lui reprocher de trop se concentrer sur les atermoiements de l’Eglise durant les huit années de son « procès » dont on connaît hélas l’issue. Il eut été peut-être intéressant de faire mieux connaitre les idées qu’il développait car, autant son apport en cosmologie est connu (c’est lui qui, à partir des travaux de Copernic, émit l’idée que la Terre tourne autour du soleil, que l’univers est infini et qu’il existe certainement d’autres systèmes planétaires), autant ses positions philosophiques le sont moins, ces dernières paraissant, il est vrai, assez foisonnantes et dans des domaines divers. Ses pensées n’apparaissent dans le film que par bribes, assez souvent déclamées, comme dans une sorte de transe. Désireux de faire un film militant contre l’obscurantisme, le propos de Montaldo était toutefois autre et son film reste instructif. Gian Maria Volonté montre une grande présence et donne beaucoup de corps à son personnage.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volonté, Hans Christian Blech, Mathieu Carrière, Renato Scarpa, Charlotte Rampling
Voir la fiche du film et la filmographie de Giuliano Montaldo sur le site IMDB.

Remarques :
* La musique est signée Ennio Morricone.

* Une statue de bronze de Giordano Bruno (1548-1600) trône depuis le XIXe siècle sur les lieux où il fût brûlé vif, sur la grande place Campo dei Fiori à Rome.

* En 1908, Giovanni Pastrone a tourné un court film intitulé Giordano Bruno (Le Martyr de la libre-pensée). C’est d’ailleurs son premier film (il était alors âgé de 25 ans). Le film est aujourd’hui perdu.