2 août 2021

Lux Æterna (2019) de Gaspar Noé

Lux ÆternaCharlotte Gainsbourg accepte de jouer une sorcière jetée au bûcher dans le premier film réalisé par Beatrice Dalle. Les deux actrices discutent entre elles avant de se rendre sur le plateau pour tourner la fameuse scène. Si la réalisatrice et l’actrice s’entendent bien, les relations avec l’équipe du film sont explosives, ce qui rend la préparation de la scène particulièrement chaotique…
Lux Æterna est un moyen métrage français écrit et réalisé par Gaspar Noé, cinéaste argentin vivant en France. Il s’agit d’un film commandé par la maison de haute couture Saint Laurent qui a financé le film (1). Après une longue improvisation des deux actrices qui discutent entre elles pour évoquer des souvenirs (enfin c’est surtout Béatrice Dalle qui parle, Charlotte Gainsbourg n’est visiblement pas à son aise et n’arrête pas de boire), on passe dans les coulisses pour assister à des engueulades continuelles avec les membres de l’équipe. Finalement, le tournage se fait péniblement et se termine dans un chaos stroboscopique qui dure près de 15 minutes. Gaspar Noé continue sur sa lancée de réaliser des films qui secouent les spectateurs, dont la vision est une véritable épreuve… La critique a réservé un bon accueil au film.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Béatrice Dalle, Charlotte Gainsbourg
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(1) La maison de haute couture Saint Laurent a posé comme conditions la participation au film de « visages » de la marque et l’utilisation de vêtements issus des dernières collections.

Lux ÆternaBéatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg et Abbey Lee dans Lux Æterna de Gaspar Noé
(qui se distingue par une large utilisation des diptyques et des triptyques).

1 août 2021

Yves (2019) de Benoît Forgeard

YvesJérem, un rappeur, s’installe chez sa grand-mère pour y enregistrer un album. Il fait la connaissance de So, enquêtrice pour le compte de la start-up Digital Cool. Elle le convainc de prendre à l’essai « Yves », un réfrigérateur connecté et intelligent, censé lui simplifier la vie…
Yves est un film français écrit et réalisé par Benoît Forgeard, son troisième long métrage. L’idée de départ n’est pas très originale et, de plus, correspond à une vision aujourd’hui un peu vieillotte (car peu réaliste ou, du moins, bien trop lointaine) de l’intelligence artificielle : l’intelligence artificielle omnisciente. L’originalité est toutefois de prendre un rappeur peu inspiré comme personnage principal. Cela donne quelques trouvailles amusantes, tel ce concours eurovision un poil particulier. Hélas, les moments d’humour absurde réussis sont peu nombreux, le plus souvent, on a l’impression de redites et d’étirements en longueur. William Lebghil et Doria Tillier font, heureusement, une bonne prestation. Le film a bénéficié d’un assez bon accueil critique.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katerine, Antoine Gouy
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YvesWilliam Lebghil parle à son frigo dans Yves de Benoît Forgeard.

30 juillet 2021

Roubaix, une lumière (2019) de Arnaud Desplechin

Roubaix, une lumièreLe commissariat central de Roubaix est dirigé par Daoud, homme au tempérament calme. D’origine nord-africaine, Daoud a grandi dans cette ville qu’il connaît parfaitement mais il a perdu tout contact avec ses proches. Les affaires courantes se succèdent jusqu’à un incendie volontaire qui va révéler plus important que prévu…
Roubaix, une lumière est un film très atypique dans la filmographie d’Arnaud Desplechin. Oubliant pour une fois les intellectuels en crise, il s’inspire ici d’un fait divers survenu à Roubaix en mai 2002 : l’assassinat d’une dame âgée dans une courée. Ce fait divers avait été l’objet d’un documentaire de Mosco Boucault en 2008, Roubaix, commissariat central, affaires courantes. C’est ce documentaire qui avait impressionné durablement Arnaud Desplechin, lui-même originaire de Roubaix. En s’en inspirant, le cinéaste parvient à dresser un très beau quadruple portrait avec une histoire puissante, fortement ancrée dans la réalité mais sans aucun misérabilisme. Roschdy Zem fait une superbe prestation, donnant une force et une profondeur peu communes à son personnage de commissaire. Il faut aussi saluer les interprétations de Léa Seydoux et de Sara Forestier, très justes. Roubaix, une lumière est un film doté d’une belle personnalité.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz
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Roubaix, une lumièreLéa Seydoux et Roschdy Zem dans Roubaix, une lumière de Arnaud Desplechin.

27 juillet 2021

Les Envoûtés (2019) de Pascal Bonitzer

Les envoûtésColine, pigiste pour un magazine féminin, est envoyée au fin fond des Pyrénées interviewer Simon, un artiste un peu sauvage qui aurait vu lui apparaître le fantôme de sa mère à l’instant de sa mort. Interview qu’elle est d’autant plus curieuse de faire que sa voisine, la belle Azar, prétend, elle aussi, avoir vu pareillement son père. Simon tente de séduire Coline, qui lui résiste…
Les Envoûtés est un film français réalisé par Pascal Bonitzer, assez librement inspiré de la nouvelle Les Amis des amis d’Henry James. Précisons d’emblée que si cette nouvelle, et donc le film, peuvent être classées dans le genre fantastique, c’est principalement la psychologie des personnages qui est au centre du récit et non les effets du genre. Hélas, le film de Pascal Bonitzer ne parvient pas à convaincre. Le cinéaste a visiblement cherché à créer une atmosphère étrange sans y parvenir vraiment. Même le titre paraît artificiel ou, au moins, inapproprié (1). Le scénario se montre plutôt tortueux, à l’instar du dédale de sentiments de ses deux personnages principaux. L’ensemble manque franchement de clarté. Les thèmes explorés sont (du moins me semble t-il) ceux de l’absence et de la jalousie incontrôlée, celle qui peut engendrer une certaine paranoïa.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sara Giraudeau, Nicolas Duvauchelle, Nicolas Maury, Anabel Lopez, Josiane Balasko
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(1) Pour la question sur le sens du titre, le dossier de presse donne la réponse : « Pascal Bonitzer a eu l’idée de faire Les Envoûtés il y a longtemps. Il avait d’abord tenté d’adapter le roman de jeunesse de Witold Gombrowicz, intitulé en français Les Envoûtés (dont il a ensuite repris le titre pour son film), qui est centré sur une histoire à demi sérieuse de maison hantée. »
En bref, le titre était celui d’un projet abandonné… Ce n’est donc pas étonnant qu’il paraisse si inapproprié (car personne n’est « envouté » à proprement parler dans cette histoire).

 Les envoûtésSara Giraudeau et Nicolas Duvauchelle dans Les envoûtés de Pascal Bonitzer.

12 juillet 2021

Des enfants gâtés (1977) de Bertrand Tavernier

Des enfants gâtésEn panne d’inspiration, un réalisateur décide de s’isoler de sa famille dans un petit appartement pour écrire le scénario de son prochain film. Il fait rapidement la connaissance des voisins, unis dans une lutte contre le propriétaire. Au début réticent, il accepte de se joindre à leur combat et noue une liaison avec sa jeune voisine Anne…
Des enfants gâtés est le quatrième long métrage de Bertrand Tavernier. Le scénario est signé Charlotte Dubreuil et Christine Pascal. L’histoire permet de souligner la déshumanisation des grands ensembles urbains (en l’occurrence Nanterre, alors en pleine construction) et les méthodes abusives des propriétaires. C’est aussi, et même surtout, une critique de l’esprit bien-pensant des intellectuels parisiens coupés de la réalité : au contact de ses voisins, le personnage principal (et Tavernier lui-même) s’interroge sur ses privilèges, sur sa position d’artiste. De plus, la relation amoureuse qui naît est particulièrement déséquilibrée : il ne risque rien contrairement à elle. Fort louable dans ses intentions, le récit manque hélas de force ce qui pousse à le considérer comme plutôt mineur dans la filmographie de Bertrand Tavernier.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Michel Piccoli, Christine Pascal, Michel Aumont, Gérard Jugnot
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Remarques :
* La chanson du générique, composée par Philippe Sarde et écrite par Jean-Roger Caussimon, est interprétée par  Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle (qui n’apparaissent pas dans le film). Elle s’intitule Paris jadis.
* Au début du film, le personnage que joue Piccoli se présente comme un réalisateur qui a fait La Mort en direct, film que Bertrand Tavernier réalisera en 1980, soit trois ans après Des enfants gâtés.

Des enfants gâtésChristine Pascal et Michel Piccoli dans Des enfants gâtés de Bertrand Tavernier.

9 juillet 2021

La Conquête (2011) de Xavier Durringer

La ConquêteLa Conquête raconte l’irrésistible ascension de Sarkozy, de sa nomination au ministère de l’Intérieur par Jacques Chirac en 2002 à son élection à la présidence de la République en 2007…
Le scénario est signé Patrick Rotman. Il faut d’abord noter que le film de Xavier Durringer est sorti sur les écrans alors que Nicolas Sarkozy était le président en exercice, cas unique dans le cinéma français. Inévitablement, les critiques de l’époque ont donc été fortement influencées par les affinités politiques de chacun. Assez naïvement, réalisateur, scénariste et interprète ont affirmé haut et fort avoir posé un regard neutre (1). Avec le recul (le sujet étant aujourd’hui dépassionné), on mesure d’autant plus à quel point cette recherche de la neutralité est illusoire. Leur personnage principal est d’ailleurs indéniablement sympathique car l’accent est mis sur sa ténacité à tenir tête face à l’adversité, malgré les embuches et les coups bas (venus de son propre camp). Le principal reproche que l’on peut faire au film est d’ailleurs de ne proposer qu’une facette de la politique, la moins reluisante, celle des manœuvres en coulisses et des bassesses. Le récit calque sa forme sur celle d’un thriller, mâtiné de touches récurrentes de comédie, principalement nichées dans les dialogues. La réalisation est parfaite et il faut saluer l’extraordinaire performance de Denis Podalydès qui parvient à reproduire toute la gestuelle et le phrasé de son personnage.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq, Samuel Labarthe, Hippolyte Girardot
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(1) Patrick Rotman et Xavier Durringer affirment que La Conquête n’est aucunement un pamphlet, un tract politique de dénonciation, une œuvre à charge ou un panégyrique. « Le spectateur ne changera pas d’opinion politique après avoir vu le film ! » certifie le scénariste.

La ConquêteDenis Podalydès et Florence Pernel dans La Conquête de Xavier Durringer.

7 juillet 2021

Les Coeurs verts (1966) de Édouard Luntz

Les Coeurs vertsÀ Nanterre, une bande de jeunes « blousons noirs » désœuvrés et incompris de la société « comme il faut » : petits larcins, drague, jeux encore enfantins. Deux destins parallèles, Zim et Jean-Pierre, à leur sortie de prison, ils retrouvent leur famille et la bande. Ils tentent de se reconstruire une vie « normale » avec plus ou moins de réussite…
De 1959 à 1974, Edouard Luntz a signé une poignée de films sur le thème de la banlieue. Ses films sont très proches du documentaire, des courts métrages le plus souvent mais aussi trois longs métrages. Les Cœurs verts est le premier d’entre eux. Il porte son regard sur la sortie de l’adolescence en donnant la parole à ses personnages ; le film est une véritable étude sociologique. Le plus étonnant aujourd’hui est de voir la persistance de certains problèmes : difficultés économiques, chômage, oisiveté et aussi rivalités entre quartiers. Edouard Luntz n’a pas utilisé d’acteurs professionnels, chacun joue son rôle. Le décor a une grande importance et les images de tours sur la musique style free-jazz renforcent la singularité du lieu : si, à l’époque, les grands ensembles n’étaient pas encore incriminés comme responsables d’un certain mal-être, le réalisateur campe le décor avec force.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Zimmermann, Eric Penet
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Remarque :
* Serge Gainsbourg reprendra l’une des musiques qu’il a composées pour la scène du bal une année plus tard lorsque Brigitte Bardot lui demandera de lui écrire « la plus belle chanson d’amour qu’il puisse imaginer ». Avec des paroles très suggestives, elle deviendra Je t’aime… moi non plus.
Le disque ne sortira pas car le mari de Bardot menace de poursuites. Gainsbourg la ré-enregistrera fin 1968 avec Jane Birkin, provoquant un grand scandale, une condamnation du Vatican lui offrant une grande notoriété.

Les Coeurs vertsGérard Zimmermann et Eric Penet dans Les Coeurs verts de Édouard Luntz.

22 juin 2021

Effacer l’historique (2020) de Gustave Kervern et Benoît Delépine

 

Effacer l'historiqueDans un lotissement des Hauts-de-France, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape, Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée, et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller…
Dans cette satire de notre monde hyper-connecté et déshumanisé, le duo Benoît Delépine et Gustave Kervern font preuve d’un humour avec de belles trouvailles mais aussi des blagues potaches un peu trop appuyées et même gênantes. Cet humour est le plus souvent au dépens des trois personnages principaux, dont la croisade est aussi pathétique qu’emphatique, mais l’ensemble montre un certain humanisme. L’enchaînement des scènes et la maitrise du jeu d’acteur sont visiblement secondaires. Denis Podalydès a un jeu modéré tandis que Blanche Gardin semble partir souvent en roue libre. Le film a reçu un très bon accueil de la critique mais le public semble plus partagé.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Blanche Gardin, Denis Podalydès, Corinne Masiero
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Effacer l'historiqueCorinne Masiero, Denis Podalydès et Blanche Gardin dans Effacer l’historique de Benoît Delépine et Gustave Kervern.

18 juin 2021

Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020) de Emmanuel Mouret

Les choses qu'on dit, les choses qu'on faitMaxime rend visite à son cousin François à la campagne, mais celui-ci a dû s’absenter et c’est sa compagne, Daphné, enceinte de trois mois, qui l’accueille. Pendant quatre jours, Maxime et Daphné font connaissance en se racontant leurs récentes histoires amoureuses aux multiples rebondissements…
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait est le dixième long métrage d’Emmanuel Mouret. Une fois de plus, il s’agit d’une « histoire de sentiments » pour reprendre l’expression qu’il met dans la bouche de son personnage principal, expression qu’il préfère aux réductrices « histoires d’amour ». Son scénario est joliment écrit, décrivant avec beaucoup de délicatesse les liaisons qui se font et se défont. Le film cherche à illustrer une thèse du philosophe René Girard sur le caractère mimétique du désir (1), concept qui, il faut bien l’avouer, n’est pas facile à appréhender rapidement et les quelques extraits habilement insérés dans deux ou trois scènes restent un peu obscurs sans que toutefois cela soit gênant. Par beaucoup de points, notamment la direction d’acteurs, Emmanuel Mouret se situe dans la lignée d’Eric Rohmer ou encore d’Alain Resnais. Son cinéma montre plus que jamais une indéniable maturité. A noter, une très belle utilisation de la musique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne, Émilie Dequenne, Jenna Thiam, Guillaume Gouix, Julia Piaton, Louis-Do de Lencquesaing
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(1) Professeur de littérature à la fin des années cinquante, René Girard (1923-2015) a conçu cette thèse à partir de l’étude des personnages créés par les écrivains. Le philosophe décrit « le caractère mimétique du désir » dans son premier livre, Mensonge romantique et vérité romanesque (1961).
Selon Girard, tout désir est l’imitation du désir d’un autre. Loin d’être autonome (c’est l’illusion romantique), notre désir est toujours suscité par le désir qu’un autre – le modèle – a d’un objet quelconque. Le sujet désirant attribue un prestige particulier au modèle : l’autonomie métaphysique ; il croit que le modèle désire par lui-même. Le rapport n’est pas direct entre le sujet et l’objet : il y a toujours un triangle. À travers l’objet, c’est le modèle, que Girard appelle médiateur, qui attire ; c’est l’être du modèle qui est recherché. (Merci Wikipédia)
Le philosophe a ensuite étendu son analyse au sacré et à la violence collective.

Les choses qu'on dit, les choses qu'on faitJulia Piaton, Niels Schneider et Jenna Thiam dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait de Emmanuel Mouret.

16 juin 2021

La Môme vert de gris (1953) de Bernard Borderie

La Môme vert de grisL’agent du FBI Lemmy Caution est envoyé à Casablanca pour déjouer un projet d’attaque d’un convoi d’or américain…
La Môme vert de gris est le premier de la série de films policiers mettant en scène le personnage Lemmy Caution créé par l’auteur britannique Peter Cheyney. Il est personnifié par Eddie Constantine qui va abandonner ses ambitions de devenir chanteur pour faire l’acteur. L’histoire est un peu brouillonne et pleine de clichés mais réserve quelques bons rebondissements. La mise en scène de Bernard Borderie est bien plate. Eddie Constantine montre déjà tous les traits qui le caractériseront : c’est un dur décontracté avec un impossible accent américain et qui ingurgite de grandes quantités de whisky (boisson exotique pour les français de l’époque). Il montre aussi une grande raideur dans son jeu qui rend souvent son personnage assez improbable. Le succès en France sera très important et six films suivront. Un peu difficile à comprendre aujourd’hui, ce succès peut s’expliquer en tenant compte du contexte de l’époque.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Eddie Constantine, Dominique Wilms, Howard Vernon
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Remarques :
* La Môme vert de gris est également un premier film pour Dominique Wilms dont le personnage de femme fatale est entièrement copié sur Veronica Lake. Elle fera une carrière dans ce type de personnage tant que la vogue des films de détective durera.
* On remarquera dans les seconds rôles la présence de Maurice Ronet et de Roger Hanin, alors en tout début de carrière.
* Le vert-de-gris est un produit de corrosion du cuivre. Sous l’action conjuguée de l’humidité et du dioxyde de carbone, le cuivre s’oxyde à froid par l’air atmosphérique. Le vert-de-gris est toxique pour tous les organismes vivants, c’est un poison dangereux (le titre original du roman de Peter Cheyney est Poison Ivy). Par dérivation, le vert de gris est aussi une couleur, celle que prennent les statues en cuivre avec le temps.

La Môme vert de grisDominique Wilms et Eddie Constantine dans La Môme vert de gris de Bernard Borderie.

* La série des 7 films :
1) La Môme vert-de-gris de Bernard Borderie (1952) avec Eddie Constantine, Dominique Wilms, Howard Vernon
2) Les femmes s’en balancent de Bernard Borderie (1953) avec Eddie Constantine, Nadia Gray, Dominique Wilms
3) Cet homme est dangereux de Jean Sacha (1953) avec Eddie Constantine, Grégoire Aslan, Colette Deréal
4) Vous pigez ? de Pierre Chevalier (1956) avec Eddie Constantine, Maria Frau, René Clermont
5) Comment qu’elle est ? de Bernard Borderie (1960) avec Eddie Constantine, Françoise Brion, Alfred Adam
6) Lemmy pour les dames de Bernard Borderie (1962) avec Eddie Constantine, Françoise Brion, Claudine Coster
7) À toi de faire… mignonne de Bernard Borderie (1963) avec Eddie Constantine, Philippe Lemaire, Christiane Minazzoli

* Jean-Luc Godard rendra son hommage au personnage dans :
Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard (1966) avec Eddie Constantine et Anna Karina