1 octobre 2019

Mademoiselle de Joncquières (2018) de Emmanuel Mouret

Mademoiselle de JoncquièresLe marquis des Arcies fait une cour délicate mais persistante à Madame de la Pommeraye, une sage jeune veuve qui n’est guère prête à succomber car elle connait sa réputation de libertin aux multiples conquêtes…
« Aimer, séduire, manipuler, intriguer, se venger »… voilà le programme que nous promet l’affiche de Mademoiselle de Joncquières, première incursion d’Emmanuel Mouret dans le film en costumes. L’histoire, du style Liaisons dangereuses, est basée sur un récit conté par l’aubergiste du roman Jacques le Fataliste et son maître de Diderot, un récit qui avait déjà été porté à l’écran et modernisé par Robert Bresson avec l’aide de Jean Cocteau sous le titre Les Dames du Bois de Boulogne (1945). Emmanuel Mouret a choisi de le laisser dans son époque, le XVIIIe siècle, tout en laissant éclore son étonnante modernité. Il en a écrit les dialogues qui jouent admirablement avec la langue pour extérioriser les sentiments. La mise en place peut paraître un peu longue mais l’histoire tient ensuite toutes ses promesses et nous réserve un lot de surprises. Edouard Baer paraît un peu désinvolte dans son jeu mais Cécile de France est admirable et sonne toujours très juste. La photographie est très belle, avec de très beaux plans de forêt. Mademoiselle de Joncquières est un film plaisant et délicieux.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz, Natalia Dontcheva
Voir la fiche du film et la filmographie de Emmanuel Mouret sur le site IMDB.

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Remarque :
* Le superbe château de Madame de la Pommeraye est le château de Sourches à Saint-Symphorien dans la Sarthe. Les scènes dites du « Jardin du Roi » sont tournées dans le Parc de Marly-le-Roi dans les Yvelines.

Mademoiselle de JoncquièresEdouard Baer et Cécile de France dans Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret (photo de tournage).

Mademoiselle de JoncquièresAlice Isaaz, Edouard Baer, Natalia Dontcheva et Cécile de France dans Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret (photo de tournage).

30 septembre 2019

Sommaire de septembre 2019

La Lune était bleueDans un recoin de ce mondeGaspard va au mariageHigh LifeCes merveilleux fous volants dans leurs drôles de machinesLa Bonne AnnéeLa Jeune fille sans mainsUna questione privata

La Lune était bleue

(1953) de Otto Preminger

Dans un recoin de ce monde

(2016) de Sunao Katabuchi

Gaspard va au mariage

(2017) de Antony Cordier

High Life

(2018) de Claire Denis

Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines

(1965) de Ken Annakin

La Bonne Année

(1973) de Claude Lelouch

La Jeune fille sans mains

(2016) de Sébastien Laudenbach

Una questione privata

(2017) de Paolo Taviani et Vittorio Taviani

On achève bien les chevauxSpider-Man: HomecomingCyrano de BergeracQui dit mieux?Règlement de comptes à O.K. CorralHave a Nice DayLes pirates du métroL’Atelier

On achève bien les chevaux

(1969) de Sydney Pollack

Spider-Man: Homecoming

(2017) de Jon Watts

Cyrano de Bergerac

(1990) de Jean-Paul Rappeneau

Qui dit mieux?

(1935) de James W. Horne

Règlement de comptes à O.K. Corral

(1957) de John Sturges

Have a Nice Day

(2017) de Liu Jian

Les pirates du métro

(1974) de Joseph Sargent

L’Atelier

(2017) de Laurent Cantet

90’sUn soupçon de visonMillénium 3: La reine dans le palais des courants d’airMillénium 2: La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumetteMillénium, le film – Les hommes qui n’aimaient pas les femmesCherchez la femmeModerato cantabileLe Poirier sauvage

90’s

(2018) de Jonah Hill

Un soupçon de vison

(1962) de Delbert Mann

Millénium 3: La reine dans le palais des courants d’air

(2009) de Daniel Alfredson

Millénium 2: La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette

(2009) de Daniel Alfredson

Millénium, le film – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

(2009) de Niels Arden Oplev

Cherchez la femme

(2017) de Sou Abadi

Moderato cantabile

(1960) de Peter Brook

Le Poirier sauvage

(2018) de Nuri Bilge Ceylan

Do the Right ThingLes Héritières

Do the Right Thing

(1989) de Spike Lee

Les Héritières

(2018) de Marcelo Martinessi

Nombre de billets : 26

28 septembre 2019

La Lune était bleue (1953) de Otto Preminger

Titre original : « The Moon Is Blue »

La Lune était bleueUne jeune femme rencontre au sommet de l’Empire State Building un architecte qui l’invite à dîner. L’homme, qui sort d’une liaison compliquée, est séduit par sa spontanéité et son ingénuité…
La Lune était bleue (The Moon Is Blue) est au départ une pièce de F. Hugh Herbert qu’Otto Preminger avait lui-même montée à Broadway avec grand succès. Il s’agit d’une comédie légère dont l’humour joue beaucoup sur le caractère de la jeune femme : sa fraicheur et sa franchise la portent à parler de tout très directement. Comme un enfant, sa curiosité la pousse à poser des questions inattendues. Elle n’est toutefois ni stupide ni inexpérimentée ; elle prend d’ailleurs le dessus et emmène tout le monde là elle veut aller. Elle est aussi particulièrement volubile, les dialogues sont abondants et brillants ce qui donne à l’ensemble un parfum de marivaudage moderne. Maggie McNamara connait bien le rôle puisqu’elle l’a déjà tenu sur les planches à Chicago. Face à elle, William Holden paraît étonnamment vulnérable et David Niven est parfait dans un rôle qui semble taillé pour lui. Cette comédie gentille est le premier film sorti par un grand studio sans l’agrément de la censure. Le film fut un succès.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Holden, David Niven, Maggie McNamara
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La Lune était bleueWilliam Holden, Maggie McNamara et David Niven dans La Lune était bleue de Otto Preminger.

Remarques :
* Aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd’hui, le scénario fut refusé par la censure car il « présentait de façon gaie et légère la séduction et la possibilité du sexe en dehors du mariage » (contrairement à la légende, le rejet n’était pas seulement motivé par l’emploi des mots « vierge », « maitresse » et « séduction »). Les présidents d’United Artists soutinrent Preminger qui put donc tourner son scénario malgré ce refus. The Moon Is Blue devint ainsi le premier film sorti par une Major sans l’autorisation du PCA (Production Code Administration) depuis la généralisation de ce code Hays aux alentours de 1934.
Le film terminé fut donc banni de nombreuses petites villes… ou montré à des audiences non-mixtes (seulement des hommes ou seulement des femmes!)  Certains états interdirent le film. Le plus coriace fut le Kansas et United Artists dut aller jusqu’à la Cour Suprême pour faire lever l’interdiction. Cette affaire eut pour résultat d’affaiblir l’influence du code de censure. Le strict Joseph Breen démissionnera dès l’année suivante en 1954. Le Code périclitera ensuite lentement jusqu’à sa disparition totale au milieu des années 60.

* Le film fut fermement condamné par les organismes catholiques américains (National Catholic Legion of Decency et Catholic Parent-Teacher League). En revanche, en France, le journal La Croix vantait sa fantaisie et son charme.

* Une version en langue allemande a été tournée en parallèle : Die Jungfrau auf dem Dach avec Hardy Krüger, Johannes Heesters et Johanna Matz. Krüger et Matz font une courte apparition dans la version anglaise (le couple de touristes qui attend pour se servir de la longue-vue panoramique au somment de l’Empire State à la fin du film). Holden et McNamara apparurent de la même façon dans la version allemande. Le chauffeur de taxi est interprété par Gregory Ratoff dans les deux versions.

 

La Lune était bleueL’affiche conçue par Soul Bass pour La Lune était bleue de Otto Preminger.

* Une lune bleue est la pleine lune supplémentaire qui se produit lorsqu’une année comporte 13 pleines lunes, au lieu de 12  habituellement (12 fois 29 jours 1/2 est en effet inférieur à 365 jours). Le terme n’est pas vraiment courant en français. En revanche, en anglais, l’expression « once in a blue moon » est assez courante. Elle est équivalente à notre « tous les 36 du mois », c’est à dire « assez rarement » (voire jamais). L’origine de l’expression n’est pas connue  (car, bien entendu, la lune n’est jamais bleue).

27 septembre 2019

Dans un recoin de ce monde (2016) de Sunao Katabuchi

Titre original : « Kono sekai no katasumi ni »

Dans un recoin de ce mondeAprès avoir grandi dans l’Hiroshima des années 30, la jeune Suzu doit quitter sa famille pour aller dans la ville proche de Kure pour épouser un homme qu’elle ne connaît pas. Nous sommes alors en 1944 et la ville qui abrite un port militaire va avoir à subir des bombardements répétés…
Dans un recoin de ce monde est adapté d’un manga de Fumiyo Kôno sorti en 2008. Son histoire se déroule en un lieu où s’est écrite l’Histoire mais, si la guerre est bien dramatiquement présente, le récit laisse une grande place aux scènes du quotidien. La jeune Suzu se retrouve dans un recoin de ce monde pour y passer un temps très précieux. Les thèmes abordés n’en ont pas moins de force : la place de la femme soumise aux mariages forcés et surtout le fléau de la guerre. En fait, le récit embrasse tout un monde, du plus anodin au plus grave. Visuellement, l’animation est un peu sommaire mais le dessin est remarquable, très beau, souvent proche de l’aquarelle, avec un merveilleux sens du détail. L’atmosphère est légèrement onirique, enchanteresse, d’une quiétude qui contraste fortement avec la guerre. Dans un recoin de ce monde est un film très attachant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Dans un recoin de ce mondeDans un recoin de ce monde de Sunao Katabuchi.

Dans un recoin de ce mondeHiroshima dans les années 30 dans Dans un recoin de ce monde de Sunao Katabuchi.

Dans un recoin de ce mondeDans un recoin de ce monde de Sunao Katabuchi.

26 septembre 2019

Gaspard va au mariage (2017) de Antony Cordier

Gaspard va au mariageAprès s’être tenu prudemment à l’écart pendant des années, Gaspard, 25 ans, doit renouer avec sa famille à l’annonce du remariage de son père. Il revient dans le zoo familial accompagné de Laura, une fille bohème rencontrée en chemin qui accepte de jouer le rôle de sa petite amie le temps du mariage…
Pour écrire Gaspard va au mariage, Antony Cordier s’est inspiré de la vie de Claude Caillé, créateur du zoo de la Palmyre (Charente-Maritime). La situation de départ est intéressante et originale avec un lieu et des personnages hors du commun. Hélas, on ne retrouve pas cette originalité dans la mise en scène qui manque de personnalité et, surtout, l’histoire n’évolue que très artificiellement passée la première demi-heure. Le plus réussi est son côté humain et chaleureux ; Antony Cordier montre en effet une indéniable tendresse pour ses personnages. La presse a été (presque) unanime pour louer cette plaisante comédie.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Félix Moati, Laetitia Dosch, Christa Théret, Marina Foïs, Johan Heldenbergh, Guillaume Gouix, Élodie Bouchez
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Remarque :
* Le tournage s’est déroulé en partie au parc zoologique du Reynou, en Haute-Vienne.

Gaspard va au mariageFélix Moati et Laetitia Dosch dans Gaspard va au mariage de Antony Cordier.

25 septembre 2019

High Life (2018) de Claire Denis

High LifeDans un vaisseau spatial rudimentaire, un petit groupe de criminels condamnés voyage vers une destination lointaine dans le cadre d’une mission en isolation totale et très probablement sans retour…
Ecrit par Claire Denis et Jean-Pol Fargeau, High Life n’est pas un film conventionnel de science-fiction. Il est d’ailleurs truffé d’incohérences et l’habitacle évoque plutôt une baraque de chantier un peu glauque qu’un vaisseau interplanétaire. Ce n’est pas vraiment important car le lieu est surtout là pour créer une situation marquée par deux éléments : l’isolement total (ils ne peuvent qu’émettre des rapports mais pas recevoir du fait de leur vitesse, proche de celle de la lumière, et de la distance) et le peu de chance de survie. Le propos est donc de se pencher sur la nature humaine dans cette situation extrême et d’approcher ce qui définit notre humanité. Si l’idée de départ et même la démarche paraissent excellentes, on peut regretter que la réflexion reste focalisée sur quelques aspects finalement assez immédiats et prévisibles. En revanche, on peut en repensant à postériori au film, explorer de nombreuses autres pistes. Sur le plan de la forme, High Life évoque les films de Tarkowski (difficile de ne pas penser à Solaris) sans toutefois parvenir à la même puissance. Une partie de la critique a très bien accueilli le film, l’autre assez mal (ce qui est assez habituel pour un film non conventionnel).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Pattinson, Juliette Binoche, André Benjamin, Mia Goth
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Remarques :
* Claire Denis s’est adjoint les conseils de l’astrophysicien Aurélien Barrau, un cosmologue qui est spécialisé dans la physique des astroparticules et des trous noirs. Cela nous vaut une très belle représentation d’un trou noir.
* Coproduction U.K., France, Allemagne, Pologne. La version originale est en anglais.
* Les quelques images d’un film ancien sur l’écran devant le bébé sont extraites de In the Land of the Head Hunters, réalisé en 1914 par l’ethnologue Edward S. Curtis, avec le concours des Indiens Kwakiutl de l’île de Vancouver au Canada. Edward S. Curtis a été l’un des principaux anthropologues sociaux des Amérindiens d’Amérique du Nord. C’est l’un des premiers photojournalistes mais il n’a réalisé que très peu de films. Une nouvelle version complétée (67 mn) et restaurée a été distribuée en 2013 sous le titre In the Land of the Head Hunters : A Drama of Primitive Life on the Shores of the North Pacific.
On comprend aisément pourquoi Claire Denis a choisi ce film mais il est bien maladroitement utilisé : l’extrait est bien trop court (3-5 secondes) pour que l’on comprenne sur le coup.

High LifeRobert Pattinson et Scarlett Lindsey dans High Life de Claire Denis.

High LifeMia Goth et Juliette Binoche dans High Life de Claire Denis.

24 septembre 2019

Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (1965) de Ken Annakin

Titre original : « Those Magnificent Men in Their Flying Machines or How I Flew from London to Paris in 25 hours and 11 minutes »

Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machinesLondres 1910. Pour mettre l’Angleterre au premier plan du développement de l’aviation, le directeur d’un grand quotidien organise une course de Londres à Paris. La grosse récompense promise au vainqueur attire des concurrents de plusieurs pays…
Divertissement destiné à un public large et de tous âges, ce film britannique met en scène les périlleux débuts de l’aviation, une époque où elle était encore très aventureuse et risquée et demandait beaucoup d’ingéniosité pour faire voler des appareils brinquebalants. Pour le tournage, une vingtaine d’avions ont été reconstruits  d’après les plans originaux (en les dotant toutefois d’un moteur plus puissant). Les scènes qui les montrent au sol ou en vol sont les plus nombreuses. L’humour repose beaucoup sur les chutes et incidents divers qui ne manquent pas de survenir tôt ou tard et aussi sur les personnages qui sont vraiment très stéréotypés selon leur nationalité : le japonais (Yûjirô Ishihara) est kamikaze, l’italien (Alberto Sordi) traine une ribambelle d’enfants, l’allemand (Gert Fröbe) est militaire, le français (Jean-Pierre Cassel) court le jupon, l’américain (Stuart Whitman) est un cow-boy, l’anglais (James Fox) est guindé et fair-play… ! L’humour passe bien toutefois car c’est un humour sans méchanceté. A noter, un petit rôle de capitaine des pompiers tenu par un Benny Hill étonnamment retenu. Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines est divertissant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stuart Whitman, Sarah Miles, James Fox, Alberto Sordi, Robert Morley, Gert Fröbe, Jean-Pierre Cassel, Irina Demick, Yûjirô Ishihara
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Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machinesJames Fox dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines de Ken Annakin.

Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines

Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machinesJean-Pierre Cassel représente la France dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines de Ken Annakin.

23 septembre 2019

La Bonne Année (1973) de Claude Lelouch

La Bonne annéeLe gangster Simon prépare avec un complice le hold-up d’une bijouterie à Cannes. Lors des repérages, il remarque Françoise qui tient une boutique d’antiquités. Il va tout faire pour la rencontrer…
Ecrit et réalisé par Claude Lelouch, La Bonne Année introduit une histoire d’amour dans un film de casse. Le cinéaste porte également un regard sur les changements de société qui s’opéraient en ce début des années soixante-dix. Il crée une opposition entre les deux personnages principaux : Françoise est une femme cultivée et indépendante, bien décidée à être maître de son destin alors que Simon est très traditionnel dans ses principes. Comme s’il craignait de prendre parti, Lelouch laisse la fin ouverte. Le plus réussi est la mise en images de cet amour naissant entre deux personnes que tout oppose. La caméra de Claude Lelouch est très mobile et fait preuve de virtuosité lors de longs plans-séquences (tel celui où Françoise doit ranger son appartement à toute vitesse). L’ensemble est léger et plaisant… mais certains pourront lui reprocher des longueurs et une certaine vacuité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs : Lino Ventura, Acteurs: Lino Ventura, Françoise Fabian, Charles Gérard, André Falcon
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La Bonne annéeLino Ventura et Françoise Fabian dans La Bonne Année de Claude Lelouch.

Remarques :
* Assez étrangement, le générique de début s’inscrit sur les images et la musique de la scène finale d’Un homme et une femme (Claude Lelouch, 1966)… avant que l’on découvre qu’il s’agissait en fait d’un film diffusé à des prisonniers.
* Claude Lelouch ne cache pas son aversion pour les intellectuels. Sa mention des mauvaises critiques reçues pour Un homme et une femme est particulièrement évidente lors de la scène très caricaturale du repas.

La Bonne annéeFrançoise Fabian dans La Bonne Année de Claude Lelouch.

22 septembre 2019

La Jeune fille sans mains (2016) de Sébastien Laudenbach

La Jeune fille sans mainsUn meunier très pauvre est tenté par le diable qui fait jaillir de l’or de sa rivière asséchée. En contrepartie, il doit lui donner sa fille et, devant le refus de celle-ci, lui ordonne de lui couper les mains. Le meunier obéit mais la jeune fille parvient tout de même à s’échapper…
Même si cela paraît difficile à croire, cette histoire épouvantable est bien un conte des frères Grimm. Ce n’est pas l’un des plus célèbres, on comprend aisément pourquoi les parents ne se bousculent pas pour le raconter à leurs jeunes bambins (le bambin va certainement dormir mais le parent traumatisé est assuré de passer une nuit blanche…) Le thème de La Jeune fille sans mains est principalement celui du passage à l’âge adulte, celui de prendre en main son destin (la formule n’est sans doute pas la plus appropriée ici… désolé) malgré les handicaps et les vilénies. Le plus remarquable dans ce film d’animation est son traitement, assez unique en son genre : Sébastien Laudenbach a dessiné au pinceau sur du papier chaque image, sans faire de line-test (test de l’animation) poussé. Le dessin est stylisé avec souvent seulement quelques traits pour suggérer une forme, objets et personnages étant transparents. Le résultat est étrange et aérien. Il atténue la cruauté du récit qui, je dois l’avouer, m’a mis assez mal à l’aise (car la suite est tout aussi épouvantable que le début… mais cela finit bien, ouf !)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anaïs Demoustier
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La Jeune fille sans mainsLa Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach.

La Jeune fille sans mainsLa Jeune fille sans mains (ici elle est endormie) de Sébastien Laudenbach.

La Jeune fille sans mainsLa Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach.

20 septembre 2019

Una questione privata (2017) de Paolo Taviani et Vittorio Taviani

Una questione privataEn 1944 dans le Piémont, la Résistance italienne se bat contre les fascistes. L’année précédente, Milton et Giorgio étaient encore étudiants et heureux, tous deux amoureux de Fulvia qui se jouait de leur amour. Milton cherche à joindre Giorgio, combattant dans une autre unité de la région, pour lui demander ce qu’il s’est réellement passé entre Fulvia et lui. Mais au moment où il va le rejoindre, Giorgio est capturé par les fascistes…
Avec le décès de Vittorio Taviani début 2018, Una questione privata restera le dernier film officiellement signé par les Frères Taviani. En réalité, Vittorio, très malade au moment du tournage, n’a pu y participer mais ils ont ensemble choisi leur sujet et écrit cette adaptation d’un roman semi-autobiographique de Beppe Fenoglio paru en 1963. Les deux frères l’ont choisi car ils sont inquiets du renouveau actuel du fascisme en Italie. Mais leur film n’a pas qu’une seule dimension politique, loin de là, puisqu’ils ont créé une atmosphère fantomatique, presque onirique, nous donnant l’impression d’être en dehors du monde. De nombreuses scènes sont baignées d’une brume nuageuse. Cela occasionne des apparitions inattendues tel ce groupe de soldats couverts de boue qui semblent sortir d’un autre monde. Comme Buñuel l’a fait, les frères utilisent l’arme du surréalisme contre l’horreur, comme dans cette scène avec la fillette, aussi surprenante que terrible. L’obstination du héros a, elle aussi, quelque chose d’irréelle. Mais quelle peut être la place d’une « affaire personnelle » dans un tel moment de l’Histoire où prime le collectif ? Notons qu’il ressent en quelque sorte deux agressions, celle des fascistes et celle de Fulvia qui ne prend pas son amour au sérieux. Una questione privata pourra dérouter certains spectateurs par son apparent manque de réalisme. Mais le cinéma des frères Taviani est plutôt un cinéma d’idées et de concepts…
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Luca Marinelli, Lorenzo Richelmy, Valentina Bellè
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Una questione privataValentina Bellè et Luca Marinelli dans Una questione privata de Paolo Taviani.

Una questione privataLuca Marinelli et Jacopo Olmo Antinori dans Una questione privata de Paolo Taviani.

Una questione privataValentina Bellè, Lorenzo Richelmy et Luca Marinelli dans Una questione privata de Paolo Taviani.