30 novembre 2012

Sommaire de novembre 2012

Sueurs froidesLes diaboliquesLe goût du riz au thé vertEté précocePrintemps tardifMonsieur VerdouxLa loi du désirPierrot le fou
Sueurs froides (1958) de Alfred Hitchcock
Les diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot
Le goût du riz au thé vert (1952) de Yasujirô Ozu
Eté précoce (1951) de Yasujirô Ozu
Printemps tardif (1949) de Yasujirô Ozu
Monsieur Verdoux (1947) de Charles Chaplin
La loi du désir (1987) de Pedro Almodóvar
Pierrot le fou (1965) de Jean-Luc Godard
Le dernier de la listeThe Kid BrotherTomboyThe villain still pursued herVoyez comme ils dansentMon oncleÀ bout de souffleThe Red Man's View
Le dernier de la liste (1963) de John Huston
The Kid Brother (1927) de Ted Wilde, Lewis Milestone et J.A. Howe
Tomboy (2011) de Céline Sciamma
The villain still pursued her (1940) de Edward F. Cline
Voyez comme ils dansent (2011) de Claude Miller
Mon oncle (1958) de Jacques Tati
À bout de souffle (1960) de Jean-Luc Godard
The Red Man’s View (1909) de David W. Griffith
L'obsédé en plein jourMauvaise graineLes bien-aimésPatte de chatL'alibiBons baisers? à lundiNever Let Me GoLes espions
L’obsédé en plein jour (1966) de Nagisa Ôshima
Mauvaise graine (1934) de Billy Wilder & Alexander Esway
Les bien-aimés (2011) de Christophe Honoré
Patte de chat (1934) de Sam Taylor
L’alibi (1937) de Pierre Chenal
Bons baisers à lundi (1974) de Michel Audiard
Never Let Me Go (2010) de Mark Romanek
Les espions (1957) de Henri-Georges Clouzot
La régateTravail au noirUn million clefs en mains
La régate (2009) de Bernard Bellefroid
Travail au noir (1982) de Jerzy Skolimowski
Un million clefs en mains (1948) de H.C. Potter

Nombre de billets : 27

30 novembre 2012

Sueurs froides (1958) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Vertigo »

Sueurs froidesEn poursuivant un suspect sur les toits, l’inspecteur John Ferguson est paralysé par le vertige et cause la mort d’un policier. Il préfère quitter la police. Un de ses anciens amis lui demande alors d’enquêter sur sa femme qui a un comportement étrange : elle semble hantée par une femme morte un siècle auparavant… Adaptant un roman que Boileau et Narcejac avaient écrit spécialement pour lui (1), Alfred Hitchcock réalise un film parfait. Vertigo (Sueurs froides) a la réputation d’être l’un de ses meilleurs films et il le mérite bien. Sur le plan du déroulement du scénario, Hitchcock a l’un de ces traits de génie qui le caractérisent : alors que le roman ne livre la clef de l’énigme qu’à la toute fin, Hitchcock nous la donne en plein milieu, de façon presque désinvolte et pressée, et fait ensuite rebondir le film : nous savons mais James Stewart, lui, ne le sait pas ! Et au-delà de l’intrigue, du suspense et de la tromperie, Vertigo est remarquable par sa richesse : nous n’avons là que deux personnages principaux mais leur relation passe par de multiples variantes. Ainsi, Vertigo est aussi un film sur l’amour, vu sous des dizaines de formes différentes, depuis l’amour fantasmé, qui n’existe pas, jusqu’à l’amour fou, pour lequel on se tue. L’interprétation est forte, très présente. Sueurs froides Hitchcock a beau se plaindre de l’actrice dans ses interviews, Kim Novak fait une superbe interprétation très charnelle, d’une sensualité extrême qui a souvent été qualifiée « d’animale ». Vertigo est l’un des films les plus érotiques qui soient (sans qu’il y ait une once de nudité, bien entendu)… La photographie est très belle, les gros plans sont superbes, aussi bien ceux de Kim Novak que ceux de James Stewart. Bizarrement, le film n’eut que peu de succès à sa sortie. Et pourtant, Vertigo n’est pas seulement l’un des plus beaux films d’Hitchcock, c’est l’un des plus beaux films du cinéma tout court.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Kim Novak, Barbara Bel Geddes
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* L’effet de vertige dans l’escalier est réalisé en combinant un zoom avant avec un traveling arrière. L’escalier fut reproduit à taille réduite et mis à plat afin de limiter le besoin de suspendre la caméra et ainsi réduire les coûts. Hitchcock dit avoir déjà voulu faire cet effet dans Rebecca sans y parvenir.
* Caméo d’Hitchcock : À la 11e minute, juste avant l’entrevue de James Stewart avec son ancien ami, une vue montre l’entrée du chantier naval. Hitchcock passe devant l’entrée du chantier naval, portant un étui à clairon.
* Pour une histoire de droits, Vertigo ne fut pas visible pendant près de 30 ans. Il n’est ressorti qu’en 1984.

(1) Alfred Hitchcock avait entrepris d’acheter les droits de Celle qui n’était plus mais Henri Georges Clouzot le coiffa au poteau et en fit Les Diaboliques (1955). Boileau et Narcejac se mirent alors à écrire une histoire spécialement pour Hitchcock (D’entre les morts) et la Paramount en acheta aussitôt les droits. A noter qu’Hitchcock semble apprendre ce détail de la bouche de Truffaut lors de ses entretiens avec lui.

29 novembre 2012

Les diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot

Les diaboliquesMichel Delasalle, le directeur d’une institution de la proche banlieue parisienne, se comporte de façon particulièrement odieuse aussi bien envers sa femme Christina qu’envers sa maitresse Nicole, toutes deux enseignantes dans l’établissement. Les deux femmes sont devenues amies et le haïssent profondément… Les diaboliques est l’un des films les plus célèbres d’Henri-Georges Clouzot et pourtant il est loin d’être l’un des plus intéressants. L’intrigue, adaptée d’un roman de Boileau et Narcejac (Celle qui n’était plus), réserve bien une belle surprise mais elle est unique. Pour le reste, les personnages n’offrent que peu de profondeur, ils sont dépourvus de complexité et le choix de Véra Clouzot pour interpréter l’un des premiers rôles n’est pas des plus heureux : H.G. Clouzot désirait faire de sa femme une grande actrice mais ce film montre bien « qu’elle n’est pas comédienne du tout » (1). Il reste toutefois à profiter du style de Clouzot qui est manifeste dans certaines scènes, souvent les plus noires. Les diaboliques fut un énorme succès à sa sortie et il est généralement bien considéré encore aujourd’hui. Trop sans doute…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Simone Signoret, Véra Clouzot, Paul Meurisse, Charles Vanel, Pierre Larquey, Michel Serrault, Noël Roquevert
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri-Georges Clouzot sur le site IMDB.
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Remarques :
* Alfred Hitchcock désirait lui aussi acheter les droits du roman. Clouzot ne l’aurait battu que de quelques heures. Voyant cela, Boileau et Narcejac se sont mis aussitôt au travail pour écrire un autre roman sur un thème proche, spécialement pour Hitchcock qui effectivement l’acheta et en tira Vertigo (Sueurs froides, 1958).
* L’un des enfants est interprété par le jeune Jean-Philippe Smet (futur Johnny Halliday). On le voit notamment dans la scène de la photo de classe où il est assis juste derrière Simone Signoret.

(1) Ce sont les propres mots de Simone Signoret dans ses mémoires (La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, Seuil 1976) où elle présente toutefois les choses différemment : « C’est elle qui voulait tourner tout en se faisant croire que c’était lui qui l’y forçait ». En outre, Simone Signoret présente le tournage comme ayant été « un enfer », du fait de mauvaises relations avec Clouzot ; elle estime qu’ils se connaissaient trop (ils se fréquentaient depuis que Clouzot avait tourné Le Salaire de la Peur avec Montand).

Autre adaptation du même roman :
Diabolique de Jeremiah S. Chechik (1996) avec Sharon Stone et Isabelle Adjani (la fin est toutefois différente)

28 novembre 2012

Le goût du riz au thé vert (1952) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Ochazuke no aji »

Le goût du riz au thé vertMariés depuis plusieurs années, Mokichi et Taeko n’ont plus grand-chose à se dire. Leur nièce Setsuko est en âge de se marier mais refuse le mariage arrangé qui lui est proposé… Film un peu moins connu d’Ozu, Le goût du riz au thé vert nous plonge au sein d’un couple en pleine crise. La jeune fille sur le point de se marier n’est pas ici au centre de l’histoire, elle n’en est que le détonateur par son refus. Une fois de plus, Ozu ne ménage pas ses attaques contre le mariage arrangé, le qualifiant de système féodal. La jeune fille le refuse au grand dam de la génération précédente qui, bien qu’elle en subisse les conséquences dans leurs couples, cherche à le perpétuer. Le couple formé par Mokichi et Taeko est l’un de ces couples, gangréné par l’ennui et l’indifférence, au bord de la rupture. Comme toujours chez Ozu, les caractères sont remarquablement définis, profonds et très proches de nous. Dans Le goût du riz au thé vert, Ozu porte aussi un certain regard sur l’évolution de son pays dont l’occidentalisation se manifeste par petites touches (le base-ball, les courses cyclistes, Jean Marais) alors que les traditions sont toujours vivaces et parfois pesantes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Shin Saburi, Michiyo Kogure, Keiko Tsushima, Koji Tsuruta, Chikage Awashima, Eijirô Yanagi, Kuniko Miyake, Chishû Ryû
Voir la fiche du film et la filmographie de Yasujirô Ozu sur le site IMDB.

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27 novembre 2012

Eté précoce (1951) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Bakushû »
Autre titre français : « Début d’été »

Début d'étéDans une banlieue calme de Tokyo, trois générations de la famille Mamiya vivent sous le même toit. A 28 ans, Noriko est en âge de se marier. Le patron de la jeune femme propose de lui présenter un de ses amis, un beau parti. L’idée séduit la famille et tout particulièrement le frère de Noriko… Tourné deux ans après Printemps tardif, Été précoce se situe au même moment charnière de la vie d’une famille, le mariage de la fille. La situation est toutefois totalement différente car nous sommes ici face à une famille complète (1) qui ne repose pas sur une seule liaison forte (la relation père/fille de Printemps tardif) mais sur un entrelacs de liaisons entre les différents membres de la famille. Ceci permet à Ozu d’introduire de petites histoires qui, toutes ensemble, forgent l’histoire de cette famille. Le nœud central reste toutefois le mariage de la fille et Ozu oppose le mariage arrangé sans amour au mariage désiré. Une fois de plus, son héroïne est une jeune femme qui a une approche plutôt moderne, capable de résister à la pression familiale. Début d'été Sans bousculer les traditions, elle cherche à conserver son libre arbitre et à faire ses choix de vie. Un autre élément fort (et récurrent) introduit par Ozu est cette notion que le bonheur est tout près de nous et qu’il faut avoir la sagesse de savoir le voir. Sur le plan de la forme, on retrouve dans Été précoce tous les éléments qui font le style et le charme des films d’Ozu : régularité du tempo, plan fixes très graphiques, camera au ras du sol, harmonie et douceur.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Setsuko Hara, Chishû Ryû, Chikage Awashima, Kuniko Miyake, Ichirô Sugai, Chieko Higashiyama, Haruko Sugimura, Shûji Sano, Seiji Miyaguchi
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(1) Il faut toutefois noter la mention d’un troisième enfant qui n’est pas revenu de la guerre. Il est porté disparu, l’espoir d’un retour n’existe plus que très faiblement dans l’esprit de la mère. Si cet enfant manquant n’est que brièvement mentionné, Ozu introduit là un élément de fragilité : nous ne somme pas face à une famille idéale et solide mais une famille qui a déjà connu une déchirure, ce qui la rend plus proche de nous.

26 novembre 2012

Printemps tardif (1949) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Banshun »
Autre titre français : « La fin du printemps »

La fin du printempsDepuis le décès prématuré de sa mère, la jeune Noriko vit seule avec son père. Elle est heureuse ainsi et n’a aucune envie de se marier, ce qui commence à inquiéter son père et sa tante… Printemps tardif est le premier film de la période la plus célèbre Yasujirô Ozu, période pendant laquelle il tournera plusieurs variantes et plusieurs points de vue d’un même moment de vie, celui de la nécessaire rupture d’une jeune fille avec sa famille lors d’un mariage. Ici, Ozu la met en scène dans sa forme la plus simple, du moins en apparence, celle d’une relation père-fille forte, sans élément extérieur perturbateur. On trouve déjà dans Printemps tardif tous les éléments constitutifs du style d’Ozu que l’on retrouvera dans ses films ultérieurs : longs plans fixe, caméra proche du sol, sobriété du décor et importance des objets, champs-contrechamps rapides. L’histoire est épurée, empreinte d’une grande quiétude et de douceur ; elle se concentre sur les sentiments. Avec son tempo calme et régulier, le cinéma d’Ozu nous offre une certaine définition de la vie et ainsi nous affecte tous. Par leur profondeur et leur équilibre parfait, ses films forment un ensemble harmonieux dans lequel nous avons envie de plonger et de nous immerger. Printemps tardif en est l’un des plus beaux exemples.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Chishû Ryû, Setsuko Hara, Yumeji Tsukioka, Haruko Sugimura
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Remarque :
Le jardin zen que contemplent le père et son ami Onodera est le jardin de pierres du monastère zen Ryōan-ji situé dans le Nord-Ouest de Kyōto, construit au XVe siècle et inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Remake :
Fin d’Automne (1960) de Yasujirô Ozu.

22 novembre 2012

Monsieur Verdoux (1947) de Charles Chaplin

Monsieur VerdouxAprès avoir été mis à la porte de la banque où il travaillait et ne pouvant trouver un travail pour faire vivre sa famille, Monsieur Verdoux a l’idée d’épouser de riches veuves pour les faire ensuite disparaître… Au sein de la filmographie de Charles Chaplin, Monsieur Verdoux peut étonner. Pourtant il s’y inscrit parfaitement. Le film est une fable sociale qui dénonce cette société capable de broyer les individus et que Verdoux combat avec ses propres armes (« le meurtre est l’extension logique des affaires »). La combat-il d’ailleurs puisqu’il cherche avant tout à s’y réinsérer? Le personnage est complexe : l’identification du spectateur avec lui ne peut être totale, il s’agit d’un meurtrier, mais pourtant ce Monsieur Verdoux ne manque pas de charme. C’est un être sensible, terriblement séducteur, élégant par son langage, cynique certes mais pouvant faire preuve de grande compassion comme en témoigne cette scène avec la jeune fille qu’il recueille. C’est aussi un film contre la guerre, comme le montre le propos vers la fin du film.Monsieur Verdoux Monsieur Verdoux peut ainsi être vu comme un condensé des Lumière de la ville, des Temps Modernes et du Dictateur. Bien entendu, le film n’est pas dénué de scènes comiques mais le burlesque tourne essentiellement autour d’un seul personnage, l’une de ses femmes qui a une chance extraordinaire. C’est un comique assez noir, toutefois. Le film est parfait dans sa forme, que se soit par sa construction ou son rythme. L’interprétation de Chaplin est remarquable. Monsieur Verdoux n’eut aucun succès à sa sortie. Victime de la paranoïa anticommuniste, Chaplin était alors l’objet d’une vaste campagne de dénigrement. Il fut mieux accueilli en Europe. Avec le temps, le film a regagné la place qu’il mérite. Monsieur Verdoux fait partie des très beaux films de Chaplin. C’est un film subtil et profond, mais aussi d’une grande sensibilité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Martha Raye, Isobel Elsom, Marilyn Nash
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Monsieur Verdoux
Remarque :
C’est Orson Welles qui a donné à Chaplin l’idée de base de Monsieur Verdoux : Welles avait pour projet de tourner un documentaire romancé sur Landru et désirait que Chaplin en soit l’interprète principal. Chaplin refusa en disant qu’il ne s’était fait diriger par aucun metteur en scène jusqu’à présent et qu’il n’avait pas l’intention de commencer. Intéressé toutefois par l’idée, Chaplin racheta le script de Welles pour le réécrire ensuite entièrement.

21 novembre 2012

La loi du désir (1987) de Pedro Almodóvar

Titre original : « La ley del deseo »

La loi du désirPablo est un cinéaste en vogue qui ne cache pas son homosexualité. Il a de nombreuses aventures sans vouloir s’attacher vraiment. Il écrit le scénario de son prochain film pour sa sœur Tina, une femme plutôt exubérante… La loi du désir étant produit par la compagnie de production qu’il a montée avec son frère, Pedro Almodovar bénéficie vraiment pour la première fois d’une grande liberté pour écrire et tourner son film. Ainsi, on y trouve déjà beaucoup de thèmes chers au cinéaste qui n’hésite pas à briser les derniers tabous de l’Espagne postfranquiste. Sous une légèreté qui n’est qu’apparente, c’est un film assez riche, à plusieurs facettes. Bien entendu, le plus visible est cette mise en avant d’une sexualité très libre, d’une homosexualité assumée et de la transsexualité. Mais il y a aussi cette analyse de l’importance du désir, la passion qui peut nous porter trop loin, ce désir qui ici transforme un film d’étude de caractères en un film policier. Et enfin, il y a une certaine réflexion sur le rapport du metteur en scène à la vie, Almodovar mettant certainement dans son personnage un certaine part de lui-même, ce metteur en scène qui cherche parfois à écrire sa propre vie comme l’un de ses scénarios. Souvent drôle, parfois exubérant et pas toujours de très bon goût, La loi du désir est un film empreint d’un désir de liberté, d’un cinéma sans entrave ; il préfigure plusieurs des films ultérieurs du cinéaste.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Eusebio Poncela, Carmen Maura, Antonio Banderas
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20 novembre 2012

Pierrot le fou (1965) de Jean-Luc Godard

Pierrot le fouFerdinand quitte sans regret sa femme et sa vie bourgeoise ennuyeuse pour suivre Marianne qui est poursuivie par des malfrats à cause de son frère. Ils se retrouvent ainsi dans le sud de la France… En fait, la trame vaguement policière de Pierrot le fou est assez secondaire. Le film de Jean-Luc Godard est plus un collage de réflexions et d’émotions sur la vie, sur nos aspirations, nos rêves. Il transforme cette cavale en une déambulation poétique et y insuffle une grande liberté. Les références et citations sont nombreuses et très variées, de Rimbaud aux Pieds Nickelés en passant par Velasquez, Renoir ou encore Shakespeare. La liberté de ton est aussi très présente par la forme, Godard s’affranchissant de toutes les règles (ruptures de rythme, faux raccords). C’est un cinéma en totale liberté, qui foisonne d’idées et de réflexions, un véritable cinéma de création. La photographie de Raoul Coutard est très belle ; avec des couleurs qui participent au propos (bleu = liberté, rouge = violence, blanc/jaune = pureté). A sa sortie, Pierrot le fou fut interdit au moins de 18 ans pour « anarchisme intellectuel et moral ».
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Anna Karina
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Remarques :
* Aragon a écrit un beau texte très louangeur sur Pierrot le fou, intitulé Qu’est ce que l’art, Jean-Luc Godard ? Lire le texte intégral

* Bien que non créditées au générique, on remarque les apparitions de Samuel Fuller (l’américain de la soirée bourgeoise), Raymond Devos (« est-ce que vous m’aimeeez ? »), Jean-Pierre Léaud (dans le cinéma). A noter que la Princesse Aïcha Abadie (scène sur le bateau au quai), Reine du Liban en exil, est un personnage tout à fait réel ; elle interprète ici son propre personnage.

* A propos du titre : Pierrot le fou est le surnom de Pierre Loutrel, meurtrier de grand chemin, qui fut membre de la Gestapo française avant de rallier la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, puis ennemi public à la tête du Gang des tractions avant. Et bien entendu, Pierrot est aussi le personnage lunaire de la Commedia dell’arte. C’est certainement cette ambivalence qui a guidé Godard dans son choix de titre.

Pierrot le fou
Jean-Paul Belmondo et Anna Karina dans Pierrot le fou. Cette iconique image a servi d’affiche pour le festival de Cannes 2018. A noter que ce n’est pas vraiment une photo extraite du film puisque ce fameux baiser est vu d’assez loin.

19 novembre 2012

Le dernier de la liste (1963) de John Huston

Titre original : « The list of Adrian Messenger »

Le dernier de la listeUn ex-officier des Services secrets se voit confier par son ami Adrian Messenger une liste de dix noms sur lesquels il lui demande d’enquêter afin de savoir ce qu’ils sont devenus. Il lui promet de lui donner ensuite les raisons de sa demande mais il est tué le lendemain dans un mystérieux accident d’avion… Basé sur un roman de Philip MacDonald, Le dernier de la liste est un film d’enquête qui joue sur le mystère et la dissimulation. L’histoire n’est pas vraiment très crédible mais elle reste suffisamment intrigante pour nous intéresser (du moins selon les standards du cinéma des années soixante, car les amateurs de thrillers modernes risquent de s’ennuyer). Tourné en Irlande, le film comporte deux longues scènes de chasse à courre, John Huston rassemblant ainsi deux de ses passions.Le dernier de la listeEn outre, le réalisateur s’amuse avec la tromperie et le déguisement en introduisant des caméos (courtes apparitions) d’acteurs connus, rendus totalement méconnaissables par un maquillage très poussé. Ils sont même doublés pour éviter que l’on puisse reconnaitre leur voix. Ils ne se dévoilent que lors du générique final. Ce petit amusement a peut-être plutôt desservi le film car il n’est ramené qu’à ce tour de passe-passe. Le dernier de la liste est certes un Huston léger mais il reste un bon divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George C. Scott, Jacques Roux, Kirk Douglas, Burt Lancaster, Robert Mitchum, Frank Sinatra, Tony Curtis, Dana Wynter, Clive Brook
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le jeune fils Bruttenholm est joué par Tony Huston (12 ans), le fils de John Huston qui fait lui-même une courte apparition à l’écran en cavalier lors de la chasse.
* Le film a été tourné pour la Joel Production, la compagnie de Kirk Douglas (dont le fils se prénomme Joel).