L’ascension du chanteur britannique Robbie Williams : devenu une star dans les années 1990 avec le Boy Band Take That, il a plongé dans la drogue avant de retrouver le succès à partir de 1997… Better Man est un film australien réalisé par Michael Gracey. C’est un biopic assez classique sur l’ascension d’une star. Sa grande originalité, la plus visible en tous cas, est d’avoir représenté le chanteur sous les traits d’un singe. C’est le chanteur lui-même qui aurait émis l’idée : « J’ai été un singe effronté (cheeky monkey) toute ma vie » justifie-t-il. L’intégration (motion capture sur l’acteur Jonno Davies) est parfaite et l’on s’habitue très rapidement au personnage. Sans cela, le film aurait été sans doute plus ennuyeux encore. Je dois avouer que l’histoire en elle-même ne m’a pas passionné mais elle aura certainement plus d’attraits pour les fans du chanteur. Certaines scènes sont proches d’un clip et peuvent être assez spectaculaires, telle celle filmée en plein Londres. Malgré de bonnes critiques et un bon accueil du public, le film a été un (très) gros échec commercial. Elle: – Lui :
En 1916, Sarah Bernhardt doit subir une opération de la jambe. À l’hôpital, elle reçoit la visite de Sacha Guitry qui a rompu depuis des années avec son père, l’acteur Lucien Guitry. Sarah lui raconte les raisons de cette rupture, que Sacha ignore totalement, liées à sa propre rupture d’avec Lucien Guitry en 1896… Sarah Bernhardt, la divine est un film français réalisé par Guillaume Nicloux. Il en a écrit le scénario avec Nathalie Leuthreau. C’est le premier film français consacré à Sarah Bernhardt (1) ce qui a de quoi étonner quand on songe à son immense notoriété et à son statut de mythe. Le récit n’est pas centré sur sa carrière proprement-dite ; il était en effet impossible pour le cinéaste de la montrer au travail (2). Il dresse en revanche le portrait d’une femme très libre, toujours prompte à soutenir des causes qu’elle juge justes, consciente que sa notoriété peut avoir une grande influence (3). Le récit donne aussi (et surtout) une grande place à ses relations tumultueuses avec le grand amour de sa vie, l’acteur Lucien Guitry (le père de Sacha Guitry) dont la notoriété égalait presque la sienne. Le film bénéficie d’une interprétation remarquable, celle de Sandrine Kiberlain bien-entendu mais aussi celle de Laurent Lafitte et de la plupart des seconds rôles. Comme pour tout film historique, une bonne partie de la critique a dégainé le vocable « académique » pour le juger hâtivement. Il faut au contraire saluer la démarche du réalisateur qui a su éviter les facilités d’un modernisme racoleur. Son film est très intéressant. Elle: – Lui :
(1) Le seul précédent est un film anglais de Richard Fleisher The Incredible Sarah (1976) avec Glenda Jackson dans le rôle principal, un film généralement considéré comme n,’ayant peu de qualités. Le film n’est d’ailleurs pas sorti en France. (2) Quelle actrice aurait pu prétendre restituer le jeu de Sarah Bernhardt ? De plus, son jeu était très emphatique, déclamatoire, avec des modulations dans la voix, ce qui est aux antipodes de nos goûts d’aujourd’hui (ce style de jeu est passé de mode vers la fin de sa vie). Sarah Bernhardt a fait des tournées triomphales dans le mode entier, jouant en français devant un public incapable de comprendre un mot de cette langue (un peu comme pouvons écouter des opéras en allemand ou en italien aujourd’hui). (3) Toutefois, l’étonnante scène où Sarah Bernhardt suscite l’engagement de Zola dans l’affaire Dreyfus est, semble-t-il, basée sur une hypothèse non vérifiée (lire ici et là). En revanche, qu’elle se soit fâchée avec son fils, fervent anti-Dreyfusard, et qu’elle ait pris publiquement parti pour Dreyfus est exact.
Sandrine Kiberlain et Amira Casar (au centre) dans Sarah Bernhardt, la divine de Guillaume Nicloux.
Lola Burns est une star hollywoodienne, harcelée par les journalistes, accaparée par les professionnels du cinéma, sans cesse sollicitée par sa famille et son propre personnel. Mais, elle aspire à autre chose… Bombshell est un film américain réalisé par Victor Fleming. Cette comédie nous conte les difficultés d’une star de cinéma à mener une vie privée « normale » : elle est entourée de gens qui ne font que profiter d’elle, notamment l’attaché de presse du studio qui crée des situations pour les offrir aux journalistes. Si tout est fait pour donner l’impression que Jean Harlow joue son propre rôle (1), l’histoire est en réalité basée sur Clara Bow, cette grande star du muet surnommée « The It Girl » (2) que Victor Fleming connait bien pour l’avoir dirigée à plusieurs reprises (il a même eu une aventure « sérieuse » avec l’actrice en 1926). Toutefois, le parallèle est juste car Jean Harlow est autant un sex-symbol en 1933 que Clara Bow l’était quelques années plus tôt. Le rythme est effréné, les dialogues sortent à un débit de mitraillette, ils sont souvent assez brillants. L’humour est constant, les seconds rôles sont tous hauts en couleur et les manœuvres de l’attaché de presse sont assez hilarantes. Le film a connu un beau succès à sa sortir et le surnom « Blonde Bombshell », donné alors à Jean Harlow, est resté. Elle: – Lui :
(1) Cf. les photos au début du film et surtout la scène qu’elle est sur le point de tourner dans le studio : cette scène évoque Red Dust (1932) du même Victor Fleming où Jean Harlow prend un bain dans un tonneau rempli d’eau (cela signifie en outre que le réalisateur interprété par Pat O’Brien est bien censé être Victor Fleming, lui-même). (2) Le surnom de Clara Bow est resté après l’immense succès du film It (1927, Le coup de foudre en français, réalisé par Clarence G. Badger), film qui l’a propulsée au rang des plus grandes stars.
Lee Tracy, Jean Harlow et Franchot Tone dans Mademoiselle Volcan (Bombshell) de Victor Fleming.Ruth Warren, Frank Morgan et Jean Harlow dans Mademoiselle Volcan (Bombshell) de Victor Fleming.Jean Harlow et Una Merkel dans Mademoiselle Volcan (Bombshell) de Victor Fleming.
Années 1930. Daisy Clover est une jeune fille délurée de 15 ans qui vit très pauvrement avec sa mère. Elle rêve de devenir chanteuse. Elle est remarquée lors d’une audition par un producteur de cinéma qui décide d’en faire une star. La jeune Daisy va alors découvrir l’envers du décor… Daisy Clover est un film américain réalisé par Robert Mulligan, adaptation du roman d’un certain Gavin Lambert. A condition d’y mettre de la bonne volonté, on peut voir là une critique de l’industrie cinématographique mais, personnellement, je vois plutôt un de ces films nombrilistes qu’Hollywood nous produit à intervalles réguliers. En réalité, il s’agit de nous faire rêver avec les stars, même si la jeune fille risque de se faire broyer par la machine (la vie de star est épouvantablement rude, c’est bien connu…) Natalie Wood se démène beaucoup, gesticule et joue excessivement avec ses yeux pour passer pour une gamine de 15 ans (elle en avait 27 au moment du tournage). Robert Redford, encore peu connu, ne semble pas vouloir s’investir vraiment dans son personnage dont la bisexualité lui faisait peur. Christopher Plummer n’est guère plus convaincant. Bizarrement, les costumes évoquent plus les années soixante que les années trente. Le film n’eut que peu de succès à sa sortie mais a gagné les faveurs du public américain lors de ses passages à la télévision. Elle: – Lui :
Voir les autres films de Robert Mulligan chroniqués sur ce blog…
Remarque : * Lors des chansons, Natalie Wood est doublée par Jackie Ward.
Christopher Plummer et Natalie Wood dans Daisy Clover (Inside Daisy Clover) de Robert Mulligan.Natalie Wood et Robert Redford dans Daisy Clover (Inside Daisy Clover) de Robert Mulligan.
Dans la France des années soixante-dix, Jules Maugin est un acteur renommé et adulé. Maintenant soixantenaire, il est fatigué et son médecin lui demande d’arrêter l’alcool. Il se sent seul et vit mal la séparation avec sa partenaire… Les Volets verts est un film français réalisé par Jean Becker. Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom de Georges Simenon publié en 1950. L’histoire semble taillée sur mesure pour Gérard Depardieu, c’est d’ailleurs lui qui est à l’origine du projet en ayant conseillé aux producteurs du film de lire le roman. On retrouve les excès de l’acteur parvenu au sommet, qui est plus craint par son entourage qu’admiré, qui a perdu l’envie. Le roman est probablement beaucoup plus riche que le film qui n’offre pas vraiment une analyse de l’âme humaine mais plutôt le spectacle d’une sorte de monstre de foire. La mise en scène est très simple. L’ensemble se laisse regarder mais nous laisse indifférent. Elle: – Lui :
En Pologne, Sylvia Zajac, une influenceuse sportive, propose sur les réseaux sociaux des séances de motivation au fitness et à l’épanouissement personnel. Elle a 600 000 suiveurs et gère sa carrière avec attention. Elle met en scène sa propre vie mais souffre aussi de ne plus avoir une véritable intimité… Sweat est un film polono-suédois écrit et réalisé par le suédois Magnus von Horn. Il nous plonge dans l’univers de ces stars du net et nous donne une vision de l’envers du décor. Le réalisateur n’élargit pas le sujet, il reste au niveau de la personne elle-même et de sa difficulté à s’épanouir réellement. Il n’y a rien de bien nouveau, ce sont les mêmes problèmes que rencontrent les stars de cinéma et les personnes à (trop) grande notoriété. Le film peut certainement avoir un rôle éducatif auprès de personnes qui rêvent de suivre les traces de telles influenceuses mais, pour les autres, il paraît bien convenu et sans surprises. Magnus von Horn s’approche très près de ses personnages, et même des objets, il multiplie les mouvements de caméra désordonnés. Cela donne quelquefois de beaux résultats, mais la plupart du temps, c’est seulement très désagréable. Magdalena Kolesnik fait une belle interprétation. Elle: – Lui :
1968. Criblée de dettes, Judy Garland n’a pas vraiment de résidence fixe. Elle tente d’élever les deux jeunes enfants qu’elle a eus avec Sydney Luft mais ce dernier en réclame la garde. Pour pouvoir leur offrir un toit, elle accepte une série de concerts à Londres… Judy est un film biographique musical américano-franco-britannique réalisé par Rupert Goold. Assez judicieusement, le film s’écarte de l’insupportable schéma traditionnel du biopic hollywoodien : il ne retrace pas la vie de la star mais se concentre sur la dernière année de sa vie, avec quelques flashbacks de l’époque du tournage du Magicien d’Oz. De plus, dans le mix habituel difficultés/succès, le récit s’attarde plus sur les difficultés sans chercher à utiliser le glamour du succès. Le résultat n’en est pas meilleur pour autant. Le récit n’est finalement pas très intéressant, les chansons de qualité très moyennes, la mise en scène peu inspirée. L’émotion n’arrive qu’à la toute fin (lors de l’inévitable « Over the rainbow »). Personnellement, je ne vois pas l’intérêt d’un tel film : ce n’est pas un hommage à Judy Garland, il n’incitera personne à regarder l’un de ses films. C’est surtout l’occasion pour une actrice de nous livrer une prestation de type « habitée par son personnage », de celles où il ne faut pas craindre de forcer son jeu. Ce type de composition plait beaucoup et Renée Zellweger a eu son Oscar réglementaire. Elle: – Lui :
Les Galantine (Steve Buscemi) est paparazzi à New York. Toujours à l’affut d’un cliché vendeur, il rencontre Toby Grace (Michael Pitt), un SDF qui, à la recherche d’un toit et d’un peu de compagnie, lui propose de travailler gratuitement comme assistant… Delirious est un film américain écrit et réalisé par Tom DiCillo. Il s’agit d’un regard satirique sur le monde des stars et de toux ceux qui les entourent. La première heure du film tient toutes ses promesses avec des situations assez réjouissantes et un Steve Buscemi qui nous gratifie d’un beau numéro. Son personnage est haut en couleur, désabusé mais inaltérable optimiste, ayant toujours des phrases toutes faites sur sa philosophie de vie. Face à lui, Michael Pitt a souvent du mal à se frayer une place avec son personnage prêt à tout encaisser et son charme naturel. Les dialogues sont savoureux. Hélas, après un passage à vide, l’histoire se termine avec une bluette sentimentale très convenue bien moins intéressante. Un film un peu délirant effectivement qui fait passer un bon moment. Elle: – Lui :
Hollywood est la ville des stars. A 13 ans, Benjie l’est déjà. Son père est un auteur à succès et coach de célébrités ; il aide ainsi l’actrice Havana Segrand à donner un nouveau souffle à sa carrière… Sur un scénario de Bruce Wagner, David Cronenberg nous présente un portrait plutôt acide de cette faune hollywoodienne génératrice de névroses, où la célébrité est l’unique credo. Ce monde en apparence idyllique est en réalité souvent cauchemardesque. Certes, le sujet a déjà été traité (et, il faut bien le reconnaître, plus brillamment) mais le scénario est intelligemment déroulé : après un début plutôt difficile à suivre, les liens entre certains personnages se précisent peu à peu. La situation apparaît alors de plus en plus terrifiante. Cette vision d’une société autant malsaine que décadente est certainement assez excessive, certainement outrée, noire sans aucun doute. Julianne Moore est assez étonnante. David Cronenberg avait ce projet depuis 2004. Il a eu beaucoup de mal à trouver un financement. Elle: – Lui :
Caricaturiste de talent et anarchiste, Philippe Lutcher tente d’assassiner la star Clara Stuart à la sortie d’un music-hall. Au procès, cette dernière a une attitude qui surprend tout le monde… Le bonheur de Marcel L’Herbier est un mélodrame assez curieux. Il y a d’abord le propos de la pièce d’Henry Bernstein dont il s’inspire qui peut paraître un peu confus. On peut y voir diverses choses : un drame social situé dans des milieux sociaux opposés, une mise en abyme du spectacle, de la célébrité, l’effacement de la barrière entre la réalité et son image (Clara Stuart semble vivre sa vie comme s’il s’agissait d’une pièce). L’histoire est invraisemblable, ce qui n’est pas grave en soi, mais pour se tirer d’affaire, Marcel l’Herbier doit pratiquer des ellipses aventureuses. Réputé pour son classicisme (du moins depuis les débuts du parlant), il montre ici une indéniable inventivité. Nous sommes très loin du théâtre filmé. Mais le plus curieux est du côté de l’interprétation, point fort du film, avec des acteurs presque pris à contre-emploi. Gaby Morlay montre une fragilité étonnante, très palpable, Charles Boyer est un exalté perturbé par ses sentiments et Michel Simon vient ajouter une touche d’humour en directeur artistique efféminé. Elle: – Lui :