15 mars 2019

Planetarium (2016) de Rebecca Zlotowski

PlanetariumA Paris, à la fin des années 1930, deux jeunes américaines médiums en tournée sont remarquées par un dirigeant de studio de cinéma. Il les engage et les prend sous son aile dans l’espoir de parvenir à filmer les manifestations des esprits…
Prendre l’histoire réelle des sœurs Fox, trois spirites de la fin du XIXe, pour la transposer dans le monde du cinéma afin d’explorer le domaine de l’illusion ou de la foi était une idée plus qu’intéressante : spiritisme et cinéma ont en effet en commun une capacité de suggestion, l’aptitude à se substituer à la réalité, le pouvoir d’engendrer des croyances. Rendre hommage au producteur Bernard Natan, ce producteur qui avait racheté Pathé Cinéma en 1929 et qui fut victime d’une lamentable campagne de calomnies antisémites avant d’être livré aux allemands en 1942, en était une autre. Hélas, Rebecca Zlotowski ne parvient pas à exploiter toute la richesse de son histoire qui part dans plusieurs directions sans les explorer vraiment. Le film prend l’allure d’un exercice théorique juste ébauché et se révèle, il faut bien l’avouer, plutôt ennuyeux. C’est d’autant plus regrettable que la production ne manquait pas d’ambition : un casting international, une reconstitution soignée et surtout une très belle photographie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Natalie Portman, Lily-Rose Depp, Emmanuel Salinger, Amira Casar, Louis Garrel
Voir la fiche du film et la filmographie de Rebecca Zlotowski sur le site IMDB.

Planetarium
Natalie Portman et Lily-Rose Depp dans Planetarium de Rebecca Zlotowski.

22 décembre 2018

Ave, César! (2016) de Joel Coen et Ethan Coen

Titre original : « Hail, Caesar! »

Ave, César!Hollywood 1951. Eddie Mannix est à la tête de la production du grand studio Capitol Pictures et remplit également le rôle de « fixeur » : régler les problèmes pour éviter tout comportement scandaleux de ses vedettes, qui seraient immanquablement relayés par la presse à potins…
Pour les frères Coen, Ave, César! est un projet qui remonte à 2004 et qui devait se dérouler initialement dans les années vingt. C’est un hommage à la période classique d’Hollywood accompagné d’une réflexion sur la création de l’image et du  rêve. Leur angle d’attaque part de l’envers du décor, la nécessité de fournir une image publique lisse et ne laisser aucune prise à la presse à scandales. Ils jouent également avec beaucoup d’humour sur le décalage entre l’image fabriquée et le réel, notamment en ce qui concerne les acteurs qui sont parfois de parfaits idiots. L’humour est constant, élégant et subtil. Le film est un vrai régal pour le cinéphile. L’image est superbe et la mise en scène parfaite. Ave, César! n’a reçu qu’un accueil mitigé, n’étant pas une « satire assez mordante » aux yeux de certains. En fait, ce n’est pas une satire, ou bien, ce n’est pas qu’une satire…
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Josh Brolin, George Clooney, Alden Ehrenreich, Ralph Fiennes, Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Channing Tatum, Frances McDormand, Jonah Hill
Voir la fiche du film et la filmographie de Joel Coen et Ethan Coen sur le site IMDB.

Voir les autres films de Joel Coen et Ethan Coen chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur les frères Coen

Ave César
Scarlett Johansson et Josh Brolin dans Ave, César! de Ethan et Joel Coen.

Ave César
George Clooney dans Ave, César! de Ethan et Joel Coen.

Remarques :
Slate a recherché les sources d’inspiration pour les différents personnages : lire…
En voici les principaux éléments :

1) Eddie Mannix (1891-1963) a vraiment existé, il fut fixeur de la MGM et s’aida d’Howard Strickling, directeur de la publicité du studio.

2) Baird Whitlock (George Clooney) est fictif mais le film Ave César: une histoire du Christ rappelle fortement Ben-Hur (1925 et 1959). Les rumeurs sur son rôle dans L’Envol des grands aigles font penser à Robert Taylor, star de Quo Vadis (1951).

3) Hobie Doyle (Alden Ehrenreich ) peut évoquer plusieurs acteurs : Ken Maynard, Lash LaRue mais l’erreur de casting qui le fait jouer dans un drame de la haute société évoque Tim Holt qui joua dans La Splendeur des Amberson de Welles.

4) Sa compagne d’un soir, Carlotta Valdez, fait penser à Carmen Miranda (à cause des bananes).

5) Les jumelles journalistes évoquent Hedda Hopper et Louella Parsons qui n’était pas sœurs jumelles mais ont été longtemps rivales pour diffuser les potins et ragots d’Hollywood.

6) DeeAnna Moran (Scarlett Johansson) fait immanquablement penser à Esther Williams, le ballet aquatique est presque l’exacte réplique de celui de La Première Sirène (Million Dollar Marmaid) de Mervyn LeRoy (1952). L’intrigue de la grossesse hors-mariage remonte à plus loin : Barbara La Marr en 1923 et Loretta Young en 1937.

7) Burt Gurney s’inspire de Gene Kelly dont la chorégraphie de danse en tenue de marin fut utilisée dans Un jour à New York et Escale à Hollywood.

+ quelques autres mentions plus mineures… dont des rapprochements hasardeux à propos du groupe de communistes. Les personnages sont très caricaturaux (sans parler du chien qui s’appelle Engels) et, vraisemblablement, il s’agit plutôt d’un trait d’humour : les frères Coen mettent en scène un groupe de communistes tels que les voyait ou les imaginait la Commission chargée des activités anti-américaines (HUAC). La scène du sous-marin vient renforcer cette impression.