3 mai 2024

The Garden of Words (2013) de Makoto Shinkai

Titre original : « Koto no ha no niwa »

The Garden of Words (Koto no ha no niwa)Takao est un lycéen qui rêve de devenir cordonnier. Un jour de pluie, alors qu’il sèche les cours pour dessiner des modèles de chaussures dans un jardin japonais, il fait la rencontre d’une mystérieuse jeune femme, Yukino. Une habitude tacite s’établit progressivement entre les deux : chaque jour de pluie ils se retrouvent dans ce jardin et apprennent à se connaître…
The Garden of Words est un moyen métrage (46 minutes) d’animation japonais écrit, réalisé et monté par Makoto Shinkai. Le thème est celui de la solitude puisqu’il s’agit d’une rencontre entre deux êtres solitaires qui, malgré leur différence d’âges (il a 15 ans, elle en a 27) ont en commun la même « tristesse solitaire » (1) ; ils s’interrogent tous deux sur leurs rapports aux autres et sur le sens à donner à leur vie. Assez simple, c’est une histoire racontée avec beaucoup de délicatesse et les plans/dessins de nature sont très beaux. L’animation, en revanche, est assez sommaire. Ce court film est moins élaboré que les longs métrages du réalisateur mais séduisant par sa délicate poésie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Miyu Irino, Kana Hanazawa
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(1) Le réalisateur précise qu’en japonais le mot kohi, « amour », est un mot qui s’écrit généralement 恋, mais qui apparaît quelquefois sous la graphie composée de ko 孤 « solitude » et hi 悲 « tristesse ».

The Garden of Words (Koto no ha no niwa) de Makoto Shinkai.
The Garden of Words (Koto no ha no niwa) de Makoto Shinkai.
The Garden of Words (Koto no ha no niwa) de Makoto Shinkai.

19 mars 2023

Mouchette (1967) de Robert Bresson

MouchetteMouchette est une adolescente taciturne ; son père est un contrebandier alcoolique et sa mère est gravement malade. Un soir d’orage, alors qu’elle rentre de l’école, elle s’égare dans la forêt et accepte l’hospitalité d’un braconnier, Monsieur Arsène, le premier habitant du village à lui témoigner un peu de compassion…
Mouchette est un film français de Robert Bresson, sorti en 1967, adapté du roman de Georges Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette paru en 1937 (1). L’histoire est transposée à l’époque contemporaine. Le film dresse le portrait d’une adolescente qui, en quête d’un peu d’amour qui lui permettrait d’échapper à une pesante solitude et à la misère, va découvrir les vices des hommes. Comme toujours, Bresson fait jouer des comédiens non professionnels et sa mise en scène est réduite à l’essentiel, assez austère mais donnant au propos une indéniable puissance. Il atteint ainsi un rare niveau de réalisme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nadine Nortier, Jean-Claude Guilbert, Marie Cardinal
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(1) Robert Bresson avait déjà adapté un autre roman de Georges Bernanos : Journal d’un curé de campagne, en 1951.

MouchettePaul Hébert et Nadine Nortier dans Mouchette de Robert Bresson.

15 septembre 2022

Les Créatures (1966) de Agnès Varda

Les créaturesDans l’île de Noirmoutier, un écrivain s’est isolé avec son épouse dans un fortin pour écrire son nouveau roman. La femme a perdu l’usage de la parole après un accident. Des faits troublants se produisent dans le village. Plusieurs habitants semblent perdre le contrôle d’eux-mêmes…
Les Créatures est un film français écrit et réalisé par Agnès Varda. Le film paraît tout d’abord abscons et il faut attendre le dernier tiers pour mieux en comprendre le sens, une partie plus brillante avec « le jeu des créatures » qui explique le titre. Agnès Varda aborde plusieurs thèmes : la solitude de l’écrivain (1), l’inspiration et la confusion qu’elle crée, l’enchevêtrement de l’imaginaire dans le réel, le couple qui, même avec amour, peut n’être qu’une juxtaposition de solitudes, l’amour salvateur. Le menu est donc copieux mais, hélas, la forme nous coupe l’appétit. Les effets, qu’ils soient scénaristiques ou de montage, paraissent souvent maladroits et trop présents, la musique de Pierre Barbaud (l’inventeur de la musique algorithmique) dérange plus qu’elle ne crée une atmosphère, l’ensemble apparait pataud et abscons. Les Créatures est certes original, Agnès Varda explore des voies, mais il est préférable d’en avoir le mode d’emploi pour l’apprécier ! (Exceptionnellement, je mets ci-dessous en commentaire l’explication, du moins celle que je pense être).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Eva Dahlbeck
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(1) Agnès Varda a écrit le scénario dans des conditions proches de ce qu’elle met en scène : courant 1965, avec Jacques Demy, ils se sont isolés dans un ancien moulin qu’ils avaient acheté sur l’île de Noirmoutier pour écrire chacun dans leur coin : dans une pièce, Jacques Demy écrivait Les Demoiselles de Rochefort pendant qu’Agnès Varda écrivait Les Créatures dans une autre.

Les créaturesCatherine Deneuve et Michel Piccoli dans Les Créatures de Agnès Varda.

Les créaturesLucien Bodard et Michel Piccoli dans Les Créatures de Agnès Varda.

Les créaturesLes Créatures de Agnès Varda.

10 avril 2019

Louise en hiver (2016) de Jean-François Laguionie

Louise en hiverÀ la fin de l’été, Louise rate le dernier train de la saison et reste seule dans la petite station balnéaire de Biligen. Les tempêtes et grandes marées d’équinoxe condamnent l’électricité mais cela n’entame pas la détermination de Louise à faire face. La solitude encourage aussi bien ses rêves éveillés que ses souvenirs…
Le français Jean-François Laguionie réalise un long métrage d’animation en moyenne tous les cinq ans seulement. Pour écrire le scénario de Louise en hiver, son cinquième, il a en partie puisé dans ses propres souvenirs d’enfance de vacances en Normandie. La technique utilisée mêle l’animation traditionnelle en 2D à des images de synthèse 2D. Le résultat est très beau, le rendu donnant l’impression d’une aquarelle animée. Le réalisateur a par ailleurs affirmé son attirance pour la peinture du début du XXe siècle et pour des peintres de rivages comme Jean-Francis Auburtin ou Henri Rivière. Cette approche esthétique favorise la création d’une atmosphère forte et les notes poétiques viennent s’insérer délicatement au récit. Le fond du propos tourne autour de la solitude et de la vieillesse, mais aussi de la sagesse, des souvenirs qui s’invitent sans prévenir, de cette part de rêve qui est en chacun de nous. A noter que Jean-François Laguionie est âgé de 76 ans au moment de la sortie du film, ce qui explique la richesse sous-jacente de sa réflexion. Louise en hiver est ainsi non seulement beau mais aussi bien plus profond qu’il ne paraît.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dominique Frot
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Louise en hiver
Louise en hiver de Jean-François Laguionie.

28 janvier 2019

Passengers (2016) de Morten Tyldum

PassengersLe Starship Avalon fait route vers une lointaine planète colonisée avec, à son bord, plus de 5000 passagers et 250 membres d’équipage en hibernation. Alors que le vaisseau traverse un champ d’astéroïdes, le caisson de l’un des passagers montre un dysfonctionnement. Jim Preston, un mécatronicien, est ainsi réveillé alors qu’il reste 90 années de voyage…
Ce film de science-fiction est librement adapté d’une nouvelle de Philip K. Dick, parue en 1980, Le Voyage gelé ; en réalité, il n’en reprend surtout que le postulat de départ, variation très originale sur le thème de Robinson Crusoë. La mise en place est vraiment convaincante et, si l’histoire connait ensuite une petite faiblesse en son milieu, elle sait rebondir pour mieux se développer sur de nouveaux axes. La reconstitution de l’intérieur du vaisseau est particulièrement soignée et nous pouvons ainsi nous plonger avec délice dans ce monde presque irréel. Pour apprécier le film, il faut certainement être un peu attiré par ce type d’univers car c’est essentiellement un film d’atmosphère. Le norvégien Morten Tyldum sait s’écarter du sensationnel des blockbusters modernes de science-fiction, ce qui a pu dérouter certains critiques. Soulignées parfois, les incohérences ne posent pas vraiment de problème. S’il y a un reproche à faire au film, ce serait plutôt son manque de profondeur : ainsi, s’il peut parfois évoquer Solaris, il n’a pas, et de loin, sa dimension philosophique. Passengers nous offre essentiellement… une plaisante évasion.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Michael Sheen, Laurence Fishburne
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Passengers
Chris Pratt et Jennifer Lawrence dans Passengers de Morten Tyldum.

Passengers
Le vaisseau Starship Avalon de Passengers de Morten Tyldum.

Passengers
Jennifer Lawrence et Chris Pratt dans Passengers de Morten Tyldum.

6 septembre 2017

Quand la chair succombe (1962) de Mauro Bolognini

Titre original : « Senilità »

Quand la chair succombeA Trieste dans les années vingt, Emilio, un modeste employé de bureau âgé d’une quarantaine d’années, fait la rencontre de la jeune Angiolina dont la beauté le bouleverse. Emilio ne veut s’engager, préférant ne pas bousculer la vie qu’il mène avec sa sœur, solitaire comme lui… Senilità est l’adaptation du roman homonyme d’Italo Svevo. Qu’il s’agisse d’un roman autobiographique (Svevo avait alors 37 ans) témoigne d’une extraordinaire lucidité de son auteur dans le regard qu’il porte sur lui-même. La sénilité dont il est question dans le titre est celle de ce quarantenaire, éternel irrésolu, vieux avant d’avoir vécu. Le récit est assez fort, d’une belle profondeur (contrairement à ce que le titre français pourrait laisser croire). Des quatre acteurs principaux, seule Claudia Cardinale est italienne. Le film pâtit certainement de cette distribution cosmopolite et des doublages induits. La prestation de l’américain Anthony Franciosa n’exprime qu’imparfaitement la complexité de son personnage. La photographie est très belle, assez picturale. Bolignini nous livre un beau portrait de la ville de Trieste, brumeuse et pluvieuse. Senilità est un film sombre et assez remarquable, injustement méconnu.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Anthony Franciosa, Betsy Blair, Philippe Leroy
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Remarque :
* Le film transpose le roman de Svevo dans les années 1920. Le réalisateur explique : « Le livre a été publié en 1898, cependant son édition définitive, très différente de la première, date de 1927. Le succès ne vint pas tout de suite, Svevo ne fut reconnu que dans les années vingt. […] Par ailleurs, il était plus facile de reconstituer la ville pour le tournage : retrouver la Trieste du XIXe siècle aurait été très dur. Le choix des années vingt fut à la fois technique et littéraire. » (Entretien avec Jean A. Gili, Rome décembre 1976 in : Le cinéma italien, UGE 10/18, Paris, 1978)
A noter que la ville de Trieste était encore autrichienne lorsque Svevo y a écrit son roman.
* Doublages :
Romolo Valli double Anthony Franciosa
Adriana Asti double Claudia Cardinale (!)
Lilla Brignone double Betsy Blair
Giuseppe Rinaldi double Philippe Leroy.

Senilità
Anthony Franciosa et Claudia Cardinale dans Senilità de Mauro Bolognini.

Senilità
Nadia Marlowa, Claudia Cardinale et Philippe Leroy dans Senilità de Mauro Bolognini.

Senilità
La ville de Trieste dans Senilità de Mauro Bolognini.

1 février 2017

La Rose tatouée (1955) de Daniel Mann

Titre original : « The Rose Tattoo »

La Rose tatouéeSicilienne ayant émigrée en Louisiane, Serafina Delle Rose (Anna Magnani) vit dans la plus pure adoration de son mari. Contrebandier poursuivi par la police, il périt dans un accident au volant de son camion. Serafina entre en deuil tout en surveillant sa fille qui est en âge de fréquenter les garçons… Tennessee Williams avait écrit cette pièce pour Anna Magnani en 1951 mais l’actrice italienne était alors trop peu sûre de son anglais pour la jouer et c’est Maureen Stapleton qui a tenu le rôle principal sur les planches, sous la direction (déjà) de Daniel Mann. Trois ans plus tard, Mann reprend le projet pour l’adapter à l’écran et, cette fois, Anna Magnani accepte. Comme toujours avec Tennessee Williams, le thème est celui du manque, de la solitude, de la frustration : Serafina s’enferme dans son chagrin et transpose ses frustrations sur sa fille. Son tempérament sicilien exacerbe l’extériorisation des sentiments, il y a beaucoup de gestes et beaucoup de cris, et il faut tout le talent d’une grande actrice comme Anna Magnani pour ne pas faire tomber ce type de personnage dans l’hystérie. L’actrice occupe tout le terrain et, face à elle, même Burt Lancaster peine à rester en surface. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par son personnage de semi-bouffon qui tire maladroitement l’ensemble vers la comédie. Plus que l’interprétation, c’est (à mes yeux) la pièce en elle-même qui est le point faible de La Rose tatouée, avec ses personnages trop excessifs. Le visionnage du film est d’ailleurs plutôt épuisant!
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Anna Magnani, Burt Lancaster, Marisa Pavan, Ben Cooper
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Remarques :
* Le film ne récolta pas moins de 3 Oscars : un (assez logiquement) pour Anna Magnani, un autre pour la photographie noir et blanc de James Wong Howe (pourquoi pas, il fait partie des grands mais c’est loin d’être son film le plus remarquable) et un troisième pour les décors et la direction artistique (hum… un peu plus étonnant).
* Daniel Mann aime les interprétations assez spectaculaires, style qui plaît aux Oscars : son premier film Come Back, Little Sheba (Reviens petit Sheba, 1952) avait déjà permis à son actrice Shirley Booth d’en récolter un et Butterfield 8 (La Vénus au vison, 1960) permettra à Elizabeth Taylor d’avoir le sien (son premier), films qui sont quelque peu tombés dans l’oubli aujourd’hui.
* Anna Magnani tournera à nouveau une pièce de Tennessee Williams en 1959 : The Fugitive Kind (L’Homme à la peau de serpent) réalisé par Sidney Lumet.
* Caméo : Dans la scène au Bar The Mardi Gras, lors du traveling latéral, Tennessee Williams est visible assis au bar (chemise à rayures). L’homme à côté de lui est le producteur Hal B. Wallis.

La Rose tatouée
Marisa Pavan, Anna Magnani et Ben Cooper dans La Rose tatouée de Daniel Mann.

La Rose tatouée
Burt Lancaster dans La Rose tatouée de Daniel Mann.

29 janvier 2017

Le Petit Roi (1933) de Julien Duvivier

Le Petit roiAu début du XXe siècle, le Royaume de Pannonie, durement gouverné, est au bord de la révolte. Un attentat se prépare contre le jeune roi de 12 ans, un garçon bien trop jeune pour la charge dont il vient d’hériter de son terrible père, mort assassiné. Sans parent, n’ayant pour amie qu’une bienveillante gouvernante, le jeune garçon dépérit sans que les intrigants de la Cour ne s’en inquiètent… Librement adapté d’un roman de l’écrivain-historien d’origine alsacienne André Lichtenberger, Le Petit Roi est resté longtemps introuvable, pour des raisons juridiques semble t-il. Le film se déroule en deux parties, une première partie sombre avec une atmosphère assez lourde, marquée par la claustration du jeune garçon (même son lit ressemble à une cage). C’est cette partie qui est la plus réussie ; elle est heureusement la plus longue. La seconde partie, plus lumineuse et même joyeuse, est bien moins remarquable. Elle utilise des procédés assez conventionnels pour devenir un redoutable tire-larmes. Julien Duvivier retrouve Robert Lynen, le jeune acteur avec lequel il avait tourné sa seconde version de Poil de Carotte l’année précédente. Il fait une belle prestation, exprimant bien le mélange d’innocence et de fatalisme qui caractérise son personnage (on peut mesurer la différence quand il rencontre une fillette qui a un jeu vraiment épouvantable). Le Petit Roi est un film qui mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Lynen, Arlette Marchal, Béatrice Bretty
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Remarques :
* Le roman a été écrit en 1910, donc juste avant la Première Guerre mondiale.
* Le Royaume de Pannonie est bien entendu fictif mais la Pannonie existe bel et bien : c’est une ancienne région de l’Europe centrale qui correspond à l’ouest de la Hongrie actuelle et une partie de l’ex-Yougoslavie. Après avoir été de nombreux siècles sous domination romaine, cette région fut intégrée au nouvellement formé Royaume de Hongrie à la fin du IXe siècle (voir l’article sur Wikipedia). Il n’y a donc jamais eu de « Royaume de Pannonie » à proprement parler, à fortiori au XXe siècle.

Le Petit Roi
Béatrice Bretty et Robert Lynen dans Le Petit roi de Julien Duvivier.

8 novembre 2015

Gravity (2013) d’ Alfonso Cuarón

GravityPour sa première expédition à bord d’une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l’astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu’il s’agit apparemment d’une banale sortie dans l’espace, une catastrophe se produit… Regarder Gravity est une expérience unique, à la fois parce que l’univers qui nous est montré est pour nous hors d’atteinte, mais aussi parce que la simulation est si parfaite que nous y sommes totalement immergé au point de partager les frayeurs de son principal protagoniste. L’extraordinaire beauté des images et le caractère si inhospitalier de cet univers forment un cocktail qui génère en nous d’intenses sensations. On sort de la projection assez secoué. La vision, surtout sur grand écran, est à déconseiller aux personnes claustrophobes !  Le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón a utilisé des solutions sophistiquées et inventives pour parvenir à une telle perfection dans la simulation. Le fait que toute cette technique et ces effets ne soient jamais trop présents est vraiment admirable : on a l’impression qu’ils ont « simplement » été filmer là-haut ! On ne peut qu’être d’accord avec James Cameron pour dire que Gravity est « le meilleur film sur l’espace jamais réalisé ».
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Sandra Bullock, George Clooney
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Gravity
GravitySandra Bullock dans Gravity de Alfonso Cuarón.

Remarque :
La voix de Houston est celle de Ed Harris, clin d’oeil au film Appolo 13 (1995) de Ron Howard, film dans lequel il occupait la même place.

15 février 2015

Les Fraises sauvages (1957) de Ingmar Bergman

Titre original : « Smultronstället »

Les fraises sauvagesLe professeur Borg, âgé de 78 ans, doit recevoir un prix couronnant ses cinquante années en tant de docteur. Il se rend en voiture à l’Université de Lund avec sa belle-fille Marianne. Pendant le trajet, il revit certains éléments de son passé… Ecrit et réalisé par Ingmar Bergman, Les Fraises sauvages fait partie des oeuvres les plus profondes du cinéma. Cet homme qui se sent proche de la mort porte un regard sur sa vie, à la fois par introspection et par le regard des autres, ce qui génère en lui une foule de sentiments variés, parfois contradictoires, qui le désorientent. La forme est aussi enthousiasmante que le fond car Bergman fait preuve d’une remarquable limpidité et d’une grande simplicité dans sa mise en scène ; rien n’est appuyé et pourtant tout est fort. En 1957, Bergman avait déjà une vingtaine de films à son actif mais il n’avait pas encore quarante ans : tant de maturité dans son cinéma et dans son propos qui aborde de nombreux aspects fondamentaux de la vie est assez exceptionnel. C’est d’autant plus étonnant que l’on sait qu’il y a souvent, dans ses films, une certaine identification de Bergman avec son personnage principal. Ce n’est pas un film sombre et amer, comme en témoigne la très belle fin ; la lucidité de son propos le place au-delà de cette simple problématique. Ce n’est pas non plus un film sur la mort, c’est bien plus un film sur la vie, sur ce qui la constitue, sur l’essence-même du passé. Comme j’ai pu personnellement le constater, Les Fraises sauvages est un film que l’on peut voir plusieurs fois, à des moments différents de notre vie, et ressentir différemment. Sa profondeur le permet.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Victor Sjöström, Bibi Andersson, Ingrid Thulin, Gunnar Björnstrand, Max von Sydow
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Les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman
Ingrid Thulin et Victor Sjöström dans Les Fraises sauvages d’Ingmar Bergman

Remarques :
* Victor Sjöström avait exactement l’âge de son personnage. Rappelons que Victor Sjöström est l’un des plus grands cinéastes du cinéma muet et, à ce titre, l’un des maîtres de Bergman. Ses films sont hélas assez difficiles à voir aujourd’hui. D’abord en Suède, puis à Hollywood entre 1924 et 1930 où il réalisa de grands films (notamment avec Lilian Gish) qui n’eurent jamais le succès qu’ils méritaient, ce cinéaste a toujours fait preuve d’un grand lyrisme dans ses réalisations mais aussi d’inventivité (voir sa filmographie sur IMDB). Les Fraises sauvages est son dernier film en tant qu’acteur puisqu’il est décédé deux ans plus tard.
* La première scène de rêve au début du film est un hommage au très beau film de Victor Sjöström La Charrette fantôme (1921).