5 septembre 2014

Miss Bala (2011) de Gerardo Naranjo

Miss BalaMexique, années 2000. Alors qu’elle s’apprête à participer à un concours de beauté pour faire plaisir à son amie, une jeune fille est kidnappée par un cartel de la drogue. Elle est ensuite forcée de participer à des opérations… Au travers de cette histoire, le réalisateur mexicain Gerardo Naranjo dresse un portrait de son pays où le trafic de drogue a pris une importance considérable. Il montre à quel point la corruption est omniprésente : les cartels ont visiblement des agents à l’intérieur de la police et sont suffisamment organisés pour obtenir n’importe quelle information ; leur plus grand ennemi reste la DEA américaine (1). C’est un monde sans fard, sans luxe, où règne une amoralité sauvage. L’originalité de l’approche du réalisateur est de montrer cela au travers des yeux d’une innocente victime, impliquée malgré elle dans une situation dont elle ne peut se libérer. On ressent son anxiété, sa peur et sa tension constante par de longs plans-séquences. Au final, Miss Bala montre une indéniable force et une certaine profondeur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stephanie Sigman, Noé Hernández
Voir la fiche du film et la filmographie de Gerardo Naranjo sur le site IMDB.

(1) La D.E.A. (Drug Enforcement Administration) américaine agit dans presque tous les pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud pour épauler les autorités dans leur lutte contre les cartels de la drogue.

Miss BalaStephanie Sigman dans Miss Bala de Gerardo Naranjo.

22 février 2014

L’assassin (1961) de Elio Petri

Titre original : « L’assassino »

L'assassinAlors qu’il vient de rentrer chez lui au petit matin, Alfredo Martelli est emmené par des policiers. Il est longuement interrogé sans même savoir de quoi on le soupçonne. Ce n’est que plusieurs heures plus tard qu’il apprend que sa maitresse et bienfaitrice a été assassinée… L’assassin est le premier long métrage d’Elio Petri. Il en a écrit l’histoire avec le grand scénariste Tonino Guerra (1). Sous l’enveloppe d’une enquête policière qui aurait pu être banale, le film se révèle être d’une belle profondeur notamment par le portrait de son personnage principal qui se dévoile peu à peu devant nos yeux. Il nous accompagne d’ailleurs dans cette découverte, car c’est à une véritable introspection qu’il se livre au fil des souvenirs qui lui reviennent à l’esprit. Pour Petri, c’est l’occasion de dresser le portrait d’une bourgeoisie arriviste et sans scrupules qui fleurit dans l’Italie après la renaissance des années cinquante (avec également une petite pique politique puisque cet antiquaire utilise ses anciens compagnons de lutte politique pour obtenir des marchandises à vil prix). Ce personnage se retrouve dans un univers kafkaïen, une enquête de police dont il ne saisit pas toujours le but ni la logique, où il se sent sondé jusqu’au plus profond de lui-même, un pion dans une machinerie qui peut l’emmener au bord de la folie. Les décors sont remarquablement bien utilisés dans ce sens : les pièces sont petites avec de multiples portes. Assez mal connu, L’assassin est un film vraiment remarquable, servi par une écriture parfaite (2). En outre, le film a été magnifiquement restauré en 2011.
Elle:
Lui : 4  étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Micheline Presle, Cristina Gaioni, Salvo Randone
Voir la fiche du film et la filmographie de Elio Petri sur le site IMDB.
Voir les autres films de Elio Petri chroniqués sur ce blog…

Lire l’analyse de Frédéric Mercier sur le site DVDClassik

(1) Au cours de sa belle carrière, Tonino Guerra a écrit pour Antonioni (L’Avventura, Blow Up, etc.) , Fellini (Amarcord) et aussi Rosi, De Sica, Tarkovsky, Angelopoulos, Taviani, Bolognini, Monicelli.

(2) Bien qu’il soit tentant de rapprocher ce premier film d’Elio Petri de son bien connu Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970), le propos est ici assez différent, plus vaste et plus riche d’ailleurs. Le film de 1970 s’attachera surtout à dresser le portrait d’une police totalitaire et intouchable alors qu’ici, c’est un peu le portrait d’une société dans son ensemble.

23 mars 2013

Quel phénomène! (1929) de Clyde Bruckman

Titre original : « Welcome Danger »

Quel phénomène!Harold Bledsoe, étudiant en botanique, est appelé à San Francisco, où son défunt père était chef de la police, pour combattre le commerce de l’opium dans le quartier chinois. En chemin, il fait la connaissance d’une jeune femme, Billie… Après Speedy, Harold Lloyd entreprit de tourner un film se déroulant dans les bas-fonds de Chinatown intitulé « The Butterfly Catcher ». Le film était beaucoup trop long (16 bobines) et c’est pendant qu’il travaillait à le raccourcir qu’il assista à une séance de cinéma parlant. Il décida aussitôt de transformer son film muet en film parlant, retournant une bonne partie des scènes ce qui lui coûta au final une petite fortune. Welcome Danger Le résultat est assez particulier, Welcome Danger est un film de transition : il a le rythme global d’un film muet, beaucoup de ses scènes reposent sur des gags assez visuels mais il y a aussi des dialogues, qui sont parfois assez plaqués (1), beaucoup de bruitages et des gags sonores (il y a même une scène uniquement sonore puisqu’elle se déroule dans le noir). Malgré quelques longueurs, l’ensemble est réussi car l’humour est toujours là, avec de bonnes trouvailles qui témoignent de l’inventivité d’Harold Lloyd. Welcome Danger est souvent jugé un peu sévèrement, un peu trop sans doute car, malgré ses petits défauts, il reste vraiment très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Barbara Kent, Noah Young
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Remarque :
Quel phénomène! La version muette de Welcome Danger a été distribuée dans les cinémas non équipés pour le parlant et dans les pays étrangers. Cette version n’est pas parvenu jusqu’à nous dans sa totalité mais elle a pu être récemment reconstituée et beaucoup de ceux qui ont vu les deux versions disent préférer la version muette.

(1) Des dialogues ont parfois été ajoutés sur des scènes de la version muette. C’est particulièrement visiblement car le mouvement des lèvres n’est pas synchronisé avec ces dialogues.

21 mars 2013

Colors (1988) de Dennis Hopper

ColorsA Los Angeles, un policier expérimenté doit faire équipe avec un jeune plein de fougue. Ils patrouillent dans les quartiers infestés par de très nombreux gangs… Ce n’est pas tant la relation entre les deux policiers, qui peut paraître très classique, qui fait l’originalité de Colors mais plutôt le traitement très réaliste, du moins proche de la réalité, du quotidien des patrouilles de policiers face aux gangs. Il en découle une indéniable authenticité presque documentaire. Cela n’empêche pas les deux rôles principaux d’être merveilleux tenus, le tandem formé par Robert Duvall et Sean Penn montrant une certaine richesse et donnant de l’épaisseur à l’ensemble. Denis Hopper sait éviter tout sensationnalisme et tout sentimentalisme pour se concentrer sur son sujet. Il montre aussi beaucoup de maitrise dans les scènes d’action, avec des poursuites très prenantes. La violence est bien entendu omniprésente, paraissant aussi inutile qu’inéluctable. La musique donne une large place au rap avec également des morceaux originaux d’Herbie Hancock. Le style très réaliste de Colors a été, par la suite, largement copié par de très nombreux films et séries policières.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Penn, Robert Duvall
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26 janvier 2013

Polisse (2011) de Maïwenn

PolissePolisse nous montre le travail quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs (BPM), service qui n’est pas considéré comme étant l’un des plus prestigieux de la police mais qui remplit pourtant un rôle très important et indiscutable. Le film de Maïween a un certain parfum de documentaire, interprété par toute une pléiade d’acteurs qui sont à fond dans le sujet. L’ensemble est assez agité. Le scénario a l’intelligence de ne pas se limiter aux « cas » rencontrés et traités par la brigade, il est enrichi par la vie personnelle des policiers qui est, elle aussi, assez mouvementée et plutôt chaotique. On peut cependant lui reprocher d’aligner des situations très typées, trop sans doute, ce qui finalement nuit un peu à l’authenticité et nous rappelle que nous sommes bien devant un film créé de toutes pièces.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Karin Viard, Joey Starr, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Karole Rocher, Frédéric Pierrot, Wladimir Yordanoff
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8 février 2012

Electra Glide in Blue (1973) de James William Guercio

Titre français parfois utilisé : « Dérapage contrôlé »

Electra Glide in BlueMotard de la police routière de l’Arizona, John Wintergreen rêve de devenir détective. Quand un vieil homme se suicide dans une cabane isolée, il voit là l’occasion de se distinguer et déclare contre tous qu’il s’agit d’un meurtre. Un inspecteur de la Criminelle lui donne raison et le prend comme acolyte… Electra Glide in Blue est un film qui fut mal reçu à sa sortie, notamment à Cannes où il a été présenté. Il faut dire que le propos de James William Guercio, plus connu comme musicien et producteur (1), est un peu difficile à cerner : il renvoie dos à dos la communauté hippie, qu’il montre soit comme vivant dans la fange soit tirant de bons profits du trafic de drogue, et les policiers qu’il montre comme corrompus ou incapables. Ce type de propos désenchanté plaît beaucoup plus aujourd’hui et Electra Glide in Blue est aujourd’hui souvent considéré comme un film important montrant le déclin d’une certaine Amérique. Le fait qu’il ait été très peu exploité en France contribue à lui donner de l’attrait et un début de statut de film-culte… L’ensemble est toutefois confus et quelque peu décousu. Le fait qu’il s’amuse à retourner certaines situations de Easy Rider n’arrange pas les choses. En grand admirateur de John Ford, James William Guercio donne une atmosphère de western moderne à son film et tourne à Monument Valley. Il a parfaitement su contrecarrer son manque d’expérience en s’entourant de grands professionnels ce qui permet à la photographie d’être assez belle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert Blake, Billy Green Bush, Mitch Ryan, Jeannine Riley, Elisha Cook Jr.
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Remarques :
(1) James William Guercio fut guitariste, notamment avec Frank Zappa, puis producteur de Blood Sweat & Tears et du groupe Chicago. On retrouve d’ailleurs plusieurs membres de Chicago : Peter Cetera (Bob Zemko), Lee Loughnane (le hippie avec les cochons), Walter Parazaider (Loose Lips), Terry Kath (le tueur). A noter aussi, au sein de la communauté hippie, un figurant du nom de Nick Nolte.