25 janvier 2019

La Petite (1922) de Elvira Notari

Titre original : « È piccerella »

La PetiteDans un café de Naples, Tore rencontre la jeune Margaratella et en tombe instantanément amoureux. Il va tout faire pour conquérir et garder le cœur de la belle…
Première femme-cinéaste italienne, Elvira Notari est créditée d’une soixantaine de longs métrages, courts métrages et documentaires, tournés entre 1909 et 1929. Ils sont, pour la  plupart, aujourd’hui perdus. Beaucoup de ses films prennent place dans le Naples populaire ce qui leur donne  un parfum de néoréalisme avant l’heure. Elle eut beaucoup de succès à l’époque en Italie et à l’étranger parmi les émigrés italiens mais elle reste bien méconnue aujourd’hui. La Petite est une histoire de femme fatale qui, pour se dérouler dans un milieu très pauvre, n’en est pas moins destructrice. Quelques scènes d’extérieur sont filmées en décors réels (avec plusieurs dizaines de badauds qui regardent la caméra) et Elvira Notari complète son histoire avec des scènes documentaires sur certaines fêtes (par exemple celle de la Madonna del Carmine) et autres processions dont les italiens sont si friands. C’est une étonnante découverte (film muet de 63 mn).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rosè Angione, Alberto Danza, Eduardo Notari
Voir la fiche du film et la filmographie de Elvira Notari sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le frère de Tore est joué par Eduardo Notari, fils de la cinéaste, qui joue dans beaucoup de ses films. Le directeur de la photographie est Nicola Notari, son mari. Par ailleurs, la cinéaste a créé sa propre société de production, Film Dora.
* Les célébrations de la Madonna del Carmine (Notre-Dame du Mont-Carmel) ont lieu le 16 juillet et se prolongent pendant une semaine pour se terminer avec le fameux spectacle pyrotechnique qui embrase, tel un incendie, le campanile de l’église de la Madonna del Carmine, haut de 75 mètres (le plus haut de la ville). (Source Wikipédia)

La Petite
Rosè Angione et Alberto Danza dans La Petite de Elvira Notari.

Homonyme :
La Petite (Pretty Baby) (1978), film américain de Louis Malle avec Brooke Shields, Keith Carradine et Susan Sarandon.

22 janvier 2019

Des gens comme les autres (1980) de Robert Redford

Titre original : « Ordinary People »

Des gens comme les autresUne famille bourgeoise aisée tente de se reconstruire après une tragédie…
Sur un scénario d’Alvin Sargent, Ordinary People est le premier long métrage de Robert Redford. C’est un film  ambitieux dans la mesure où il nous fait plonger très profondément dans la psychologie des personnages, en particulier celui du fils puisque toute l’histoire est essentiellement racontée au travers de l’adolescent, particulièrement perturbé. Le propos met en relief ce sentiment de culpabilité qui se développe après avoir survécu à une tragédie où d’autres ont péri. Robert Redford montre beaucoup de lucidité et de tact dans son approche, il procède par petites touches, le scénario adoptant une construction originale qui ne repose pas sur une trame narrative forte. Ces petites touches sont autant d’éléments distincts qui nous font mieux cerner la complexité des conflits internes de chacun des personnages. Tout au plus, peut-on reprocher au scénariste d’avoir un peu trop typé le comportement de la mère. L’interprétation est remarquable. Assez étrangement pour ce type de film, Ordinary People rencontra un grand succès et reçut même quatre Oscars. Robert Redford ne signera son deuxième long métrage que huit ans plus tard.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Donald Sutherland, Mary Tyler Moore, Judd Hirsch, Timothy Hutton, M. Emmet Walsh, Elizabeth McGovern
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Redford sur le site IMDB.

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Ordinary People
Mary Tyler Moore, Timothy Hutton et Donald Sutherland dans Des gens comme les autres de Robert Redford.

16 décembre 2018

Pas très catholique (1994) de Tonie Marshall

Pas très catholiqueMaxime est une femme quarantenaire, moderne et indépendante. Elle a quitté son mari il y a longtemps pour devenir détective privé. Les hasards d’une enquête lui font retrouver son fils Baptiste qu’elle avait oublié…
Pour son deuxième long métrage, Tonie Marshall écrit et réalise ce portrait d’une femme qui se veut totalement libre de ses choix de vie. Ce n’est pas un portrait idéalisé, son personnage est plutôt désagréable tout en sachant montrer par moments une certaine beauté d’âme. La réalisatrice a tendance à forcer le trait, exagérant les côtés masculins de son héroïne, le repli sur soi, la fuite en avant, etc. Au final, rien ne semble vrai. Anémone semble parfaite dans ce rôle aux multiples facettes mais nombre de seconds rôles ont un jeu qui manque de naturel. Cette comédie a été toutefois très bien reçue par la critique.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Anémone, Grégoire Colin, Christine Boisson, Denis Podalydès, Micheline Presle
Voir la fiche du film et la filmographie de Tonie Marshall sur le site IMDB.

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Pas très catholique
Grégoire Colin et Anémone dans Pas très catholique de Tonie Marshall.

1 octobre 2018

Moka (2016) de Frédéric Mermoud

MokaDiane (Emmanuelle Devos) a perdu son fils, renversé par un chauffard à Lausanne. Devant la lenteur de la police, elle décide de retrouver le conducteur meurtrier, supposé être une femme blonde. Son enquête la conduit sur la rive française du Lac Léman, à Evian-les-Bains…
Adaptation d’un roman de Tatiana de Rosnay, Moka est le second long-métrage du cinéaste suisse Frédéric Mermoud. Le réalisateur se dit influencé par Roman Polanski et Alfred Hitchcock mais son film ne parvient pas toutefois à atteindre la même intensité. Il faut en outre être indulgent avec les invraisemblances et stéréotypes pour apprécier l’atmosphère et le jeu des deux actrices principales. Emmanuelle Devos est particulièrement remarquable, laissant apparaitre toute la complexité des sentiments de son personnage. Nathalie Baye est plus classique dans son interprétation, comme son rôle le demande toutefois. Frédéric Mermoud a une approche assez délicate de cette histoire, peut-être un peu trop car la tension n’est jamais très forte.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Devos, Nathalie Baye, David Clavel, Diane Rouxel
Voir la fiche du film et la filmographie de Frédéric Mermoud sur le site IMDB.

Remarque :
* La signification du titre n’est pas évidente : en fait, Moka évoque tout simplement la couleur de la Mercedes de Nathalie Baye.


Emmanuelle Devos dans Moka de Frédéric Mermoud.

Moka
Nathalie Baye et Emmanuelle Devos dans Moka de Frédéric Mermoud.

17 janvier 2018

Le Roi du racket (1955) de Maxwell Shane

Titre original : « The Naked Street »

Le Roi du racketLe journaliste raconte l’histoire du gangster Phil Regal (Anthony Quinn), qui fait la loi dans son quartier de New York…
Ex-journaliste et scénariste, Maxwell Shane a écrit et réalisé ce film noir à petit budget (et assez rare) d’après une histoire écrite par Léo Katcher. L’histoire est très classique, celle d’un truand très attaché à sa famille mais qui n’est pas, pour une fois, d’origine italienne : il est d’origine slave. Hormis cette originalité, Maxwell Shane ne se montre pas vraiment remarquable, que ce soit sur le plan de l’écriture ou de la réalisation. Le film est néanmoins sauvé par la bonne interprétation du trio d’acteurs principaux. La fin est particulièrement fade. On pourra toutefois remarquer qu’elle s’inscrit dans l’évolution du film noir en ce milieu des années cinquante qui présente souvent les « mauvais garçons » avec compassion : par un étonnant virage final dans le propos, le jeune personnage joué par Farley Granger est ainsi soudainement présenté comme une victime.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Farley Granger, Anthony Quinn, Anne Bancroft, Peter Graves
Voir la fiche du film et la filmographie de Maxwell Shane sur le site IMDB.

Naked street
Anthony Quinn et Farley Granger dans Le Roi du racket de Maxwell Shane.

The Naked Street
Anthony Quinn et Anne Bancroft dans Le Roi du racket de Maxwell Shane.

12 novembre 2017

Le Refroidisseur de dames (1968) de Jack Smight

Titre original : « No Way to Treat a Lady »

Le Refroidisseur de damesUn pasteur, paraissant d’humeur fort gaie, s’introduit chez une veuve sexagénaire. Après l’avoir mise en confiance, il l’étrangle et dépose le cadavre dans la salle de bains. Le détective Morris Brummell est chargé de l’affaire… Basé sur un roman de William Goldman, le scénario de No Way to Treat a Lady comporte certaines originalités, à la fois dans le mode opératoire de ce tueur en série et dans le jeu qu’il joue avec la police. Le moyen utilisé par la police pour le forcer à se dévoiler est aussi inattendu. Certes, ces originalités paraissent moins criantes après un demi-siècle supplémentaire de thrillers mais on peut se demander pourquoi, avec ces atouts, le résultat paraît si fade. Ce n’est pas la faute de Rod Steiger qui fait une belle prestation dans ses multiples déguisements, donnant de la puissance à son personnage, sans aucun excès. Non, les raisons sont plutôt à chercher du côté de la mise en scène de Jack Smight qui a bien du mal à trouver la difficile symbiose recherchée entre le film noir et la comédie. L’assemblage est au moins inattendu mais l’ensemble montre une certaine mollesse. Le film nous laisse sur une vague impression qu’il aurait pu être beaucoup mieux…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Rod Steiger, Lee Remick, George Segal
Voir la fiche du film et la filmographie de Jack Smight sur le site IMDB.

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Le refroidisseur de dames
Rod Steiger dans l’un de ses multiples déguisements de Le Refroidisseur de dames de Jack Smight.

Le refroidisseur de dames
Lee Remick et George Segal dans Le Refroidisseur de dames de Jack Smight.

16 août 2017

Les Bêtises (2015) de Rose Philippon et Alice Philippon

Les bêtisesFrançois, la trentaine, lunaire et maladroit, est un enfant adopté. Pour rencontrer sa mère biologique, il s’introduit dans une fête organisée chez elle, se faisant passer pour un serveur… Pour leur premier long métrage, Rose Philippon et sa sœur Alice se sont livrés à un exercice difficile : tenter de renouer avec la tradition de la comédie poétique. C’est un exercice difficile car il nécessite de doser parfaitement les différents ingrédients, notamment le burlesque. Elles n’y sont pas vraiment parvenues. Il y a toutefois quelques bons moments dans ce premier essai mais l’ensemble manque d’unité, les éléments qui le composent paraissant plus juxtaposés que fondus. Jérémie Elkaïm, très bien dans son personnage, et Sara Giraudeau font de belles prestations. Les Bêtises reste un premier long métrage prometteur.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jérémie Elkaïm, Sara Giraudeau, Jonathan Lambert, Anne Alvaro, Alexandre Steiger, Jacques Weber
Voir la fiche du film et la filmographie de Rose Philippon et Alice Philippon sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Les Bêtises
Jérémie Elkaïm et Sara Giraudeau dans Les bêtises de Alice Philippon et Rose Philippon.

27 septembre 2016

Mommy (2014) de Xavier Dolan

MommyDiane, veuve d’une quarantaine d’années habitant la banlieue de Montréal, récupère la garde de son fils Steve, un adolescent difficile souffrant d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), récemment expulsé pour comportement irresponsable et dangereux du centre de rééducation dans lequel il avait été placé peu de temps après la mort de son père… A l’âge de 24 ans, le québécois Xavier Dolan livre son cinquième long métrage, un film qui a enthousiasmé aussi bien la critique que le public et a fini de mettre son auteur au centre de toutes les attentions. Son propos est centré une fois de plus sur la figure maternelle, sujet qui l’inspire inconditionnellement selon ses propres termes. Mommy est étonnamment équilibré, reposant sur trois personnages principaux d’égale importance. La justesse de ton, l’absence d’effets mélodramatiques factices stupéfient le spectateur qui est happé dans un tourbillon d’émotions. Mommy est en outre traversé de fulgurances brillantes. Xavier Dolan a tourné son film en format carré, format courant en photographie mais rarissime au cinéma ; s’il peut réduire les options de composition (notamment pour les très gros plans qui sont de fait toujours centrés), ce format sied particulièrement bien au sujet car il concentre notre attention sur les personnages et nous en rapproche. Et dans une séquence, il élargit le champ pour un très bel effet. Avec ce film, Xavier Dolan est devenu un véritable phénomène, il est vrai qu’il est rare d’assister à l’éclosion d’un jeune réalisateur si talentueux.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Anne Dorval, Suzanne Clément, Antoine-Olivier Pilon
Voir la fiche du film et la filmographie de Xavier Dolan sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarque :
Les personnages s’expriment en joual, une variante orale populaire du français québécois.

Mommy
Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon et Suzanne Clément dans Mommy de Xavier Dolan.

Mommy

1 août 2016

Still Walking (2008) de Hirokazu Koreeda

Titre original : « Aruitemo aruitemo »

Still walkingComme chaque année, la famille Yokoyama se réunit le jour anniversaire de la mort tragique du fils aîné, décédé quinze ans plutôt en sauvant un enfant de la noyade. Dans la maison familiale, qui fut autrefois aussi le cabinet médical du père, la mère prépare un petit festin pour ses enfants et ses petits-enfants. Malgré la permanence de certaines choses, l’action du temps montre ses effets : les uns et les autres ont imperceptiblement changé… Pour écrire Still Walking, Hirokazu Kore-eda s’est fortement inspiré de sa propre histoire familiale. Il est parvenu à en faire une chronique familiale très délicate, sans effet dramatique, un subtil mélange d’humour, de chagrin et de mélancolie où ici et là les secrets que chacun porte en lui-même apparaissent discrètement. Des réflexions sur le ressentiment et sur l’accomplissement viennent encore enrichir le film. La filiation avec Yasujirô Ozu est évidente, non seulement par le sujet (une chronique familiale) mais aussi, et surtout, dans la mise en scène et la façon de construire ses plans : caméra fixe et cette façon si élégante d’utiliser les portes et les murs de la maison pour créer un cadre dans le cadre. Le cinéaste cite également Mikio Naruse parmi ses sources d’inspiration. C’est donc dans ce très beau classicisme que l’on peut classer ce Still Walking.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Hiroshi Abe, Yui Natsukawa, You
Voir la fiche du film et la filmographie de Hirokazu Koreeda sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le film a été tourné à Yokosuka, petite ville au sud de Yokohama sur la baie de Tokyo.
* Hommage à Ozu :
Le premier plan du film montre la mère et la fille en train de peler des carottes et des radis. Or, lorsque Yasujirô Ozu est mort (en 1963), il travaillait sur le scénario d’un film intitulé Daikon to ninjin (littéralement : radis et carottes), projet qu’il n’a pu mener à terme. Le scénario sera finalement tourné par Minoru Shibuya en 1965 avec Chishû Ryû en acteur principal.

Still Walking
Yoshio Harada, You, Kirin Kiki, Shohei Tanaka, Yui Natsukawa et Hiroshi Abe (et un beau cadre dans le cadre) dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

Still Walking
Yoshio Harada, Shohei Tanaka et Kirin Kiki dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

Still Walking
Yui Natsukawa et Hiroshi Abe dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

12 juin 2016

Tel père, tel fils (2013) de Hirokazu Koreeda

Titre original : « Soshite chichi ni naru »

Tel père, tel filsRyoata est un architecte qui s’investit beaucoup dans son travail. Avec sa femme et le fils, ils semblent former la famille idéale et aisée mais tout s’écroule lorsque le couple apprend de la maternité que leur fils n’est pas le leur. Il y a eu échange de nourrissons et leur fils biologique a grandi dans une autre famille, plus modeste… Si la base de départ évoque celle de La vie est un long fleuve tranquille, le développement de Tel père, tel fils est totalement différent : ce n’est nullement une comédie mais plutôt une réflexion sur le sens de la filiation et de la transmission. Hirokazu Koreeda a écrit et mis en scène cette histoire de façon très délicate et épurée, évitant tous les clichés et tout pathos inutile. La différence de milieux sociaux ne l’intéresse pas en tant que telle, il se concentre plutôt sur la différence des rapports parents/enfants et sur la place de l’enfant. Hirokazu Koreeda signe là un film attachant et élégant, une belle source de réflexion.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Yôko Maki, Rirî Furankî
Voir la fiche du film et la filmographie de Hirokazu Koreeda sur le site IMDB.

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Remarques :
* Masaharu Fukuyama est une très grande star au Japon : c’est un chanteur qui a vendu des millions de singles dans les années 90.
* Un remake américain est en cours de production, il serait dirigé par les frères Weitz, les réalisateurs d’American Pie, Pour un garçon, Mon beau-père et nous, … (si !)

Tel père, tel fils
Masaharu Fukuyama et Machiko Ono dans Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda.

Tel père, tel fils
Masaharu Fukuyama dans Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda.