20 janvier 2017

Le diable par la queue (1969) de Philippe de Broca

Le Diable par la queuePour garder leur château délabré, une famille de nobles désargentés l’a transformé en hôtel. Mais comme les clients se font rares, ils s’arrangent avec le petit garagiste local pour que les voyageurs y fassent une halte forcée. Cela va amener au château des personnes très différentes  dont un cambrioleur de banques… Ecrit par Daniel Boulanger et découpé par Claude Sautet, Le diable par la queue est souvent décrit comme « marqué par l’esprit de Mai 68 » (en réalité, ce qualificatif s’appliquerait beaucoup plus justement au film précédent de Philippe de Broca, Le Roi de cœur tourné en… 1966). Il est certainement plus exact de dire qu’il s’agit d’une comédie légère et loufoque, gentiment amorale. Rien n’est sérieux ici, on séduit, on joue avec l’amour, sous toutes ses formes. Le film est empreint d’un plaisir communicatif. Yves Montand s’est visiblement bien amusé à composer ce méridional exubérant et charmeur et Marthe Keller en jeune nymphe aux longues jambes apporte une belle touche de fraîcheur mutine. Il y a de bonnes trouvailles de scénario, l’ensemble est fluide ; on s’amuse beaucoup.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Madeleine Renaud, Maria Schell, Marthe Keller, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Claude Piéplu, Xavier Gélin
Voir la fiche du film et la filmographie de Philippe de Broca sur le site IMDB.

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Caméo :
Philippe de Broca interprète l’un des campeurs suédois.

Le diable par la queue
Madeleine Renaud et Yves Montand dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca.

Le Diable par la queue
Clotilde Joano, Madeleine Renaud, Maria Schell et Marthe Keller dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca (photo publicitaire).

Le Diable par la queue
Marthe Keller dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca (photo publicitaire).

22 novembre 2016

Dernier Round (1937) de Michael Curtiz

Titre original : « Kid Galahad »

Le Dernier roundUn manager de boxe se sépare de son meilleur poulain qui s’était laissé acheter par son concurrent aux méthodes de gangster. Il ne tarde pas à lui trouver un remplaçant, un groom de son hôtel, jeune garçon naïf et séduisant… Kid Galahad mêle deux genres de prédilection de la Warner : le film de gangsters et le film de boxe. Il retient l’attention par son beau plateau d’acteurs sous la direction efficace de Michael Curtiz. Edward G. Robinson et Bette Davis ne se sont pas très bien entendu, l’acteur tentant dès le premier jour de la faire remplacer et persistant jusque dans ses mémoires à déclarer qu’elle ne savait pas jouer. L’actrice fait pourtant preuve de beaucoup de présence à l’écran avec une indéniable personnalité. Elle illumine le film. Humphrey Bogart a son rôle habituel, d’avant sa notoriété du moins (qui viendra deux ou trois ans plus tard), celui d’un gangster antipathique, destiné à mourir sans gloire. Warner mettait alors beaucoup d’espoir dans le jeune Wayne Morris dont la carrière sera stoppée par la guerre pour rester ensuite cantonnée dans les rôles mineurs. La censure fut très vigilante pour que soit gommé tout ce qui aurait laissé supposer une relation entre le jeune boxeur et l’amie de son manager. Le déroulement de l’histoire est sans grande surprise, l’intérêt du film étant plus dans son interprétation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Bette Davis, Humphrey Bogart, Wayne Morris, Jane Bryan, Harry Carey
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Remakes :
The Wagons Roll at Night de Ray Enright (1941) avec Humphrey Bogart et Sylvia Sydney (histoire transposée dans le monde du cirque, Bogart ayant un meilleur rôle)
Kid Galahad (Un direct au coeur)de Phil Karlson (1962) avec Elvis Presley en boxeur.
Après ce film Paramount, Warner a renommé le sien The Battling Bellhop pour éviter toute confusion entre les deux films.

Homonyme français :
Le dernier round (Battling Butler) de Buster Keaton (1926) vec Buster Keaton, adaptation d’une comédie musicale anglaise.

Kid Galahad
Harry Carey, Wayne Morris et Edward G. Robinson dans Dernier Round de Michael Curtiz.

Kid Galahad
Bette Davis et Edward G. Robinson dans Dernier Round de Michael Curtiz.

Kid Galahad
Humphrey Bogart face à Edward G. Robinson dans Dernier Round de Michael Curtiz (au centre : William Haade).

21 novembre 2016

Le Mystérieux docteur Clitterhouse (1938) de Anatole Litvak

Titre original : « The Amazing Dr. Clitterhouse »

Le Mystérieux docteur ClitterhouseMembre de la haute société new-yorkaise, le Dr Clitterhouse est passionné par ses recherches personnelles sur le comportement des gangsters, à un point tel qu’il décide d’en devenir un pour faire ses mesures cliniques in-situ… Le Mystérieux docteur Clitterhouse est adapté d’une pièce de l’anglais Barré Lyndon. Il s’agit d’une comédie qui prend place dans le monde criminel. Elle permet ainsi à Warner Bros de tenter de renouveler le genre du film de gangsters qui était bridé par le nouveau code de censure. L’histoire est parfaitement loufoque avec un style d’humour plutôt british : le farfelu est exposé avec le plus grand sérieux apparent. Edward G. Robinson, qui a l’époque faisait tout pour s’écarter de son image de gangster, s’amuse visiblement beaucoup à interpréter ce cambrioleur brillant qui fait sans arrêt des prises de sang à ses hommes de main et Claire Trevor, pas une seconde crédible en chef de bande, prend son rôle très au sérieux. Troisième sur l’affiche, Bogart a écopé du rôle le plus antipathique. L’acteur a déclaré plus tard que c’était le film qu’il détestait le plus. Il est vrai que son personnage n’a pas grand-chose pour lui… Le Mystérieux docteur Clitterhouse a l’apparence du film de gangsters, le goût d’un film de gangsters mais ce n’est pas un film de gangsters ce qui lui vaut de ne pas toujours être bien apprécié :  beaucoup lui reprochent de ne pas être crédible. Il ne l’est effectivement absolument pas (et heureusement d’ailleurs).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Claire Trevor, Humphrey Bogart, Donald Crisp, Gale Page
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Remarques :
* Sur scène, le rôle du docteur était tenu par l’anglais Cedric Hardwicke (aussi bien à Londres qu’à New York).
* L’adaptation a été écrite par John Wexley et John Huston.

The Amazing Dr. Clitterhouse
Edward G. Robinson et Humphrey Bogart dans Le Mystérieux docteur Clitterhouse de Anatole Litvak.

The Amazing Dr. Clitterhouse
Claire Trevor et Humphrey Bogart dans Le Mystérieux docteur Clitterhouse de Anatole Litvak.

The Amazing Dr. Clitterhouse
Edward G. Robinson et Gale Page dans Le Mystérieux docteur Clitterhouse de Anatole Litvak.

13 novembre 2016

Invisible Stripes (1939) de Lloyd Bacon

Invisible StripesCliff (George Raft) est libéré sur parole de la prison de Sing Sing pour bonne conduite. Il retrouve sa famille et a l’intention de s’amender. Son ami Cliff (Humphrey Bogart), libéré le même jour parce qu’il a purgé sa peine, retourne tout droit dans le monde du crime… Inédit en France, Invisible Stripes est un de ces purs produits de la Warner des années trente. Parmi les films de gangsters sous influence du Code Hays, il se distingue par un propos humaniste : la réinsertion sociale d’un ex-prisonnier est montrée comme difficile, voire impossible (d’où le sens du titre : les rayures invisibles du costume de bagnard). C’est le propos de l’auteur du roman dont le film s’inspire, Lewis E. Lawes qui fut directeur de la prison de Sing Sing pendant 21 ans et qui sait donc de quoi il parle. George Raft est la star d’Invisible Stripes, Humphrey Bogart n’est qu’en quatrième position (et en petit) sur l’affiche. Raft est, comme assez souvent, un poil trop fade dans son jeu, il n’a pas l’énergie d’un Cagney, pas la présence d’un Bogart ni la prestance d’un Robinson. William Holden est ici très jeune, c’est son second film, il est à peine reconnaissable et son jeu semble parfois maladroit. Llyod Bacon ne trouve un bon rythme que dans les scènes d’action de la dernière demi-heure de film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: George Raft, Jane Bryan, William Holden, Humphrey Bogart, Flora Robson
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Invisible Stripes
Remarques :

* Flora Robson, qui joue la mère de George Raft, est en réalité plus jeune que lui… (ce qui est d’ailleurs assez visible malgré le maquillage).

* Dans une scène, on voit Humphrey Bogart sortir d’un cinéma où est projeté You Can’t get away with Murder. Ce film avec Humphrey Bogart est sorti quelques mois plus tôt ; c’est également une adaptation d’un roman de Lewis E. Lawes.

 

Invisible Stripes
Jane Bryan, William Holden, George Raft et Flora Robson dans Invisible Stripes de Lloyd Bacon.

11 novembre 2016

Le Châtiment (1939) de Lewis Seiler

Titre original : « You Can’t Get Away with Murder »

Le ChâtimentUn garçon de 19 ans est sous l’influence d’un petit gangster au grand désespoir de sa sœur ainée. Le garçon subtilise l’arme du fiancé de sa sœur, agent de sécurité, pour un cambriolage où le gangster abat le commerçant visé. A cause de l’arme, c’est le fiancé qui se retrouve accusé et sur le point d’être condamné à mort… Le Châtiment est un des ces films de gangsters qu’Humphrey Bogart enchainait dans les années trente. Ils se ressemblent beaucoup. La Warner laissait Humphrey Bogart porter le même costume à rayures film après film, ce qui renforce cette impression de déjà-vu. Le titre est explicite des intentions moralisatrices des producteurs : pas question de s’en tirer quand on commet un crime. Le scénario est adapté d’un livre de Lewis E. Lawes, qui a été directeur (plutôt humaniste) de la prison de Sing Sing pendant 21 ans. Bogart n’est pas franchement mémorable, il est même plutôt fade. Billy Halop, l’un des six Dead End Kids (révélés par le film Dead End) est plus convaincant. Le Châtiment est surtout un film de studio, un film qui n’a rien de vraiment remarquable.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Gale Page, Billy Halop, Henry Travers
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Le Châtiment
Harvey Stephens face à Humphrey Bogart dans Le Châtiment de Lewis Seiler.

Le Châtiment
Billy Halop, Humphrey Bogart et Harold Huber se retrouvent en prison dans Le Châtiment de Lewis Seiler.

9 juillet 2016

The Doorway to Hell (1930) de Archie Mayo

Titre français parfois utilisé : « Au seuil de l’enfer »
Autre titre (U.K.) : « A Handful of Clouds »

Au Seuil de l'EnferPar ses méthodes brutales, Lou Ricarno parvient à imposer sa loi aux différents gangs de Chicago qui cessent alors de s’entretuer. C’est alors qu’il désire se marier et se retirer des affaires… Tourné fin 1930, The Doorway to Hell fait partie de ces films où le style du film de gangsters de la Warner commence nettement à se dessiner (rappelons que la décennie des années trente est celle du film de gangsters tout comme celle des années quarante est celle du film noir). Nous sommes là quelques mois avant la sortie de Little Caesar et de Public Enemy qui marqueront le genre. L’histoire est librement inspirée de celle du véritable gangster Johnny Torrio, prédécesseur d’Al Capone. Tous les éléments du genre sont là depuis le fait de faire parler les mitraillettes transportées dans des étuis à violons pour s’imposer jusqu’à la représentation de chefs mafieux comme des personnages originaux. La force du film est bridée par des dialogues assez ternes et aussi par l’interprétation : Lew Ayres (21 ans) est plus un beau gosse qu’un malfrat qui impose sa loi à des individus à la mine patibulaire. Heureusement, son lieutenant est interprété par James Cagney qui montre une belle présence pour son deuxième long métrage. Bien entendu, on peut se dire avec le recul que le film aurait certainement été tout autre si la distribution avait été inversée. The Doorway to Hell témoigne joliment de l’émergence du style Warner dans le genre du film de gangsters.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lew Ayres, Dorothy Mathews, Robert Elliott, James Cagney, Dwight Frye
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Remarque :
Archie Mayo fait partie des ces réalisateurs que l’on qualifie avec le recul plutôt d’exécutants de que de créateurs ; ils sont parfois péjorativement appelés les Yes Man. Ils sont toutefois loin d’être négligeables et ce sont eux qui montrent le mieux le style d’un studio.  Archie Mayo a signé plusieurs des films de gangsters de la Warner dans les années trente, notamment certains avec Humphrey Bogart (dont La Forêt pétrifiée). Archie Mayo n’était pas aimé des acteurs, surtout à partir de la fin des années trente, car il se comportait comme un tyran sur le plateau.

The doorway to hell
Lew Ayres, Dorothy Mathews et James Cagney, photo publicitaire pour Au Seuil de l’Enfer de Archie Mayo.

The Doorway to Hell
Lew Ayres (dans la cellule) , Robert Elliott et  James Cagney (le gardien de prison est un figurant non identifié) dans Au Seuil de l’Enfer de Archie Mayo.

1 juin 2016

Le Bienfaiteur (1942) de Henri Decoin

Le BienfaiteurDans la petite ville de Barfleur sur Oron, Monsieur Moulinet est tenu en haute estime. Il déjeune tous les dimanches midi avec Monsieur le Maire et quelques notables. Il s’est forgé une belle réputation notamment en faisant un don généreux à l’Association des orphelines que dirige Mme Berger dont il est amoureux. Mais quand il se rend à Paris, Monsieur Moulinet a des activités tout autres qui sont bien moins avouables… Le scénario de Le Bienfaiteur est une variante de L’Etrange Monsieur Victor de Jean Grémillon (1938) où Raimu interprétait déjà un homme à double vie. Le film est loin d’être aussi remarquable. L’histoire est si mal écrite qu’elle en devient totalement invraisemblable et l’interprétation n’améliore guère les choses : Suzy Prim finit par faire sourire à force de vouloir paraître malheureuse et Raimu ne semble guère concerné par cette histoire, il est bien loin de ses meilleurs rôles. Le savoir-faire d’Henri Decoin ne peut sauver vraiment l’ensemble qui paraît maladroit. Le plus intéressant est finalement la peinture des notables d’une petite ville de province (un peu dans l’esprit de ce que fera Chabrol quelques décennies plus tard).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Raimu, Suzy Prim, Pierre Larquey, René Bergeron, Yves Deniaud, Charles Granval, Jacques Baumer
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Remarques :
* Il paraît difficile de ne pas replacer le thème du film dans son époque : le film a été tourné sous l’Occupation, période où l’intimité était une notion attaquée et mise à mal. Or le thème du film est justement de pointer du doigt que la respectabilité peut cacher les choses les plus inavouables.
* La secrétaire du journal est Simone Signoret, ici dans l’un des ses tous premiers rôles de figuration.

Le Bienfaiteur
Raimu (à droite) est chef d’une bande de petits malfrats dans Le Bienfaiteur de Henri Decoin.

12 avril 2016

Hombre (1967) de Martin Ritt

HombreDans une diligence, affrétée à la hâte à la demande d’un riche passager et de sa femme, prennent place des personnes très différentes dont John Russell qui a été élevé dès son plus jeune âge par des indiens Apaches… Hombre est l’adaptation d’un roman d’Elmore Leonard, un scénariste auquel on doit des films aussi différents que 3h10 pour Yuma et Jackie Brown. La situation de départ tel que décrite ci-dessus peut sembler proche de celle de Stagecoach mais le développement en est différent. Le fond du propos est nous faire porter un regard sur « l’homme blanc » à travers les yeux d’un Apache (ou d’un demi-Apache). Ce parti-pris pro-indien et la critique du racisme traduisaient dans les années soixante une évolution déjà bien avancée et, en ce sens, le film se situe à une charnière, préfigurant certains westerns très modernes de la décennie suivante. Aujourd’hui, il est de bon ton de railler ce genre de film en le déclarant « rempli de bons sentiments » … Mais Hombre est un film de fort belle facture et il le doit à son scénario, avec de très bons dialogues et des échanges acérés, à sa superbe photographie de Wong Howe (il suffit de regarder la scène d’ouverture avec les chevaux sauvages pour s’en convaincre) et surtout à la prestation puissante de Paul Newman, qui donne beaucoup de force et de superbe à son personnage taciturne. Il faut aussi mentionner Richard Boone, également d’une remarquable présence et qui apporte une certaine truculence à son imposant personnage. Le dénouement est assez inhabituel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Fredric March, Richard Boone, Diane Cilento, Cameron Mitchell, Barbara Rush, Martin Balsam
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Hombre
Paul Newman en Apache dans la scène d’ouverture de Hombre de Martin Ritt.

Hombre
Paul Newman dans Hombre de Martin Ritt.

17 mars 2016

The King of New York (1990) de Abel Ferrara

Titre original : « King of New York »

The King of New YorkA peine sorti de prison, Frank White, gangster cynique aux allures de dandy, reprend ses activités criminelles. Il entreprend de liquider ses concurrents dans le trafic de drogue et s’attaque ainsi à la Mafia, aux colombiens et aux chinois… Sur un scénario de Nicholas St. John, Abel Ferrara a manifestement voulu faire de King of New York plus qu’un film classique sur le crime organisé. Il va ainsi explorer la frontière entre le bien et le mal : son gangster veut faire quelque chose de bien pour sa ville et considère qu’il n’a aucune éthique à avoir face à ses concurrents dans le trafic de drogue. De leur côté, les policiers qui le traquent, navrés de leur impuissance, n’hésitent pas à utiliser des moyens de mafieux pour tenter de l’éliminer. Cela permet-il à King of New York de dépasser le stade de la simple fascination pour la figure du gangster ? Sans doute pas. Surtout que le gangster en question est magnifiquement personnifié par Christopher Walken qui a une interprétation très riche, qui provoque de multiples sentiments chez le spectateur. Les personnages qui l’entourent sont tout en contraste avec lui, à commencer par un Laurence Fishburne halluciné à la démarche chaloupée. La photographie de Bojan Bazelli est assez travaillée et accentue la noirceur du propos.
Elle: 1 étoile
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Victor Argo
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Remarque :
* La production est très majoritairement italienne.

King of New York
Laurence Fishburne et Christopher Walken dans King of New York de Abel Ferrara.

2 mars 2016

La Jeunesse de la bête (1963) de Seijun Suzuki

Titre original : « Yajû no seishun »

La Jeunesse de la bêteJo s’arrange pour se faire remarquer par un clan de la Mafia sans le but de se faire engager comme homme de main. Les Yakuza le recrutent rapidement et il intègre rapidement le gang. Mais a-t-il un autre but caché ? …. Seijun Suzuki est un réalisateur japonais (1), l’un des plus marquants du genre Yakuza Eiga (= films de Yakuza, c’est-à-dire films de gangsters). De 1956 à 1968, il a réalisé de nombreux films pour la Nikkatsu dont fort peu ont été distribués en Occident où sa découverte se situe dans les années quatre-vingt-dix. Son film le plus connu est La Marque du tueur (1967). La jeunesse de la bête est considéré comme l’un des tous premiers films où il affirme un style assez personnel. Il s’y montre assez inventif sur les plans et les mouvements de caméra, et aussi sur le montage notamment dans les passages d’une scène à une autre : il n’hésite à interrompre brutalement une scène par un fondu au noir soudain si tout a été dit ou fait. Aussi étonnant est cette touche d’humour qui revient assez régulièrement et qui deviendra l’une de ses marques de fabrique, Suzuki le poussant jusqu’à l’absurde. Le scénario est assez alambiqué, le double jeu du personnage principal étant parfois un peu difficile à suivre. Certaines scènes sont très violentes. De belle facture et assez prenant, La jeunesse de la bête est un film qui paraît très moderne.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jô Shishido, Misako Watanabe, Tamio Kawachi
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Remarque :
* Le joufflu Jo Shishido deviendra l’acteur préféré de Seijun Suzuki. On le retrouve dans plusieurs de ses films ultérieurs dont le fameux La Marque du tueur.

La Jeunesse de la bête
Jô Shishido (à droite)  dans La Jeunesse de la bête de Seijun Suzuki.

(1) Ne pas confondre Seijun Suzuki avec Norifumi Suzuki qui a réalisé de nombreux films pour la Toei entre 1968 et 1990, également dans le genre Yakuza Eiga.