11 septembre 2016

Possédée (1947) de Curtis Bernhardt

Titre original : « Possessed »

PossédéeUne femme erre dans les rues de Los Angeles à la recherche d’un certain David. Emmenée dans un hôpital psychiatrique, elle raconte peu à peu son passé aux docteurs qui la soignent. Tout a commencé par un amour très fort pour un jeune ingénieur… Tourné aux Etats Unis par le réalisateur d’origine allemande Curtis Bernhardt, Possessed s’inscrit pleinement dans la vogue des films psychiatriques de la seconde moitié des années quarante. Joan Crawford s’est longuement préparé pour le rôle, visitant des hôpitaux psychiatriques, observant les pensionnaires et parlant du script avec les docteurs ; le résultat est une interprétation très forte où sa schizophrénie est palpable, elle paraît même presque possédée, ce qui justifie le titre. Submergée par l’intensité de ses sentiments, son personnage en vient à ne plus distinguer le réel de son imaginaire. C’est dans ce type de rôle que l’on se rend compte à quel point Joan Crawford est bien à classer parmi les plus grandes actrices. Le film, lui, est souvent classé dans les films noirs, du fait de son atmosphère et de son apparence. Curtis Bernhardt travaille beaucoup ses éclairages, dans un esprit proche de l’expressionnisme aurait-on envie de dire pour évoquer ses origines allemandes. Le résultat est assez puissant. La mise en scène est maitrisée de bout en bout. Possessed est un film assez remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, Van Heflin, Raymond Massey, Geraldine Brooks, Stanley Ridges
Voir la fiche du film et la filmographie de Curtis Bernhardt sur le site IMDB.

Voir les autres films de Curtis Bernhardt chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Joan Crawford (déjà oscarisée pour Mildred Pierce en 1946) a manqué de peu de recevoir un second Oscar pour ce rôle.

Homonyme :
Joan Crawford a joué dans deux films ayant pour titre Possessed, le premier étant :
Fascination (Possessed) de Clarence Brown (1931) avec Joan Crawford et Clark Gable, un drame romantique.

Possessed
Joan Crawford dans Possédée de Curtis Bernhardt (à l’arrière-plan : Raymond Massey et Van Heflin).

25 mai 2016

L’Ange bleu (1930) de Josef von Sternberg

Titre original : « Der blaue Engel »

L'ange bleuDans une petite ville d’Allemagne, un professeur âgé découvre que ses élèves fréquentent le cabaret L’ange bleu où se produit la fameuse Lola. Il décide d’aller sur place pour se plaindre mais tombe sous le charme de la chanteuse… Adapté d’un roman d’Heinrich Mann, L’Ange bleu est le premier film de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich. C’est aussi le premier film allemand parlant. Cette histoire de déchéance sociale par attirance sexuelle est superbement mise en images par von Sternberg qui transforme le cabaret en un monde à part, assez tourbillonnant, avec de nombreux personnages secondaires. Eclairages et décors génèrent une atmosphère prenante, très allemande, proche du Kammerspiel (1).  Si le film est bien entendu connu pour avoir lancé Marlene Dietrich à la face du monde, il est aussi illuminé par la performance d’Emil Jannings, très grand acteur alors très connu et que Sternberg avait déjà dirigé à Hollywood (2). Son jeu très expressif peut dérouter le spectateur moderne mais il a une forte présence et une belle palette de sentiments. Il personnifie à lui seul la petite bourgeoisie sous toutes ses formes. Face à lui, Marlene Dietrich se montre enjôleuse et même aguicheuse avec, elle aussi, une très forte présence à l’écran. Sa pose sur le tonneau attirant sa jambe vers elle est devenue une icône qui a traversé le temps. L’Ange bleu n’a pas la sophistication des films suivants de von Sternberg avec Marlene Dietrich, mais ce caractère un peu brut lui permet justement de conserver presque toute sa force évocatrice aujourd’hui.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Emil Jannings, Marlene Dietrich, Kurt Gerron
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Sternberg sur le site IMDB.

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(1) Le Kammerspiel (ou Kammerspiel film, en français film de chambre) est un courant de l’histoire du théâtre et du cinéma allemand des années 1920. Issu des travaux du metteur en scène de théâtre Max Reinhardt, le Kammerspiel respecte le principe des trois unités : unité de lieu, unité de temps, unité d’action. Le Kammerspiel est un naturalisme intimiste et social qui s’oppose seulement en partie à l’expressionnisme.

(2) Après une belle carrière en Allemagne (sous la direction notamment de Lubitsch, Murnau, Wiene, Paul Leni, Arthur Robison), Emil Jannings avait traversé l’Atlantique pour poursuivre sa carrière à Hollywood où il fut oscarisé (pour The Last Command de Josef von Sternberg, 1928 et pour The Way of All Flesh de Victor Fleming, 1927) mais l’avènement du parlant l’obligea à renter en Allemagne car son accent germanique était trop prononcé. Il termina sa carrière en Allemagne, tournant plusieurs films (notamment historiques) sous le régime nazi.

L'ange Bleu
Marlene Dietrich dans L’Ange bleu de Josef von Sternberg chantant son célèbre « Ich bin von Kopf bis Fuss auf Liebe eingestellt… » (De la tête aux pieds, je suis faite pour l’amour, c’est là mon univers sinon il n’y a rien.)

L'ange bleu
Marlene Dietrich et Emil Jannings dans L’Ange bleu de Josef von Sternberg.

L'ange bleu
Josef von Sternberg et Emil Jannings sur le tournage de L’Ange bleu de Josef von Sternberg.

13 mai 2015

L’Inhumaine (1924) de Marcel L’Herbier

L'inhumaineLa célèbre cantatrice Claire Lescot a de nombreux admirateurs. Pour une soirée, elle a invité une dizaine de ses courtisans parmi lesquels on peut compter un maharadjah, politiciens, hommes d’affaires et un jeune ingénieur qui se meurt d’amour pour elle. Mais la cantatrice reste de marbre face à toutes ces avances… Jeune cinéaste d’avant-garde en ce début des années vingt, Marcel L’Herbier a l’idée de concevoir un film qui soit « une sorte de résumé de toute la recherche plastique en France, deux ans avant l’Exposition des Arts décoratifs ». Il réunit donc un groupe d’artistes de premier plan, Robert Mallet-Stevens et Fernand Leger en tête. Le film est donc plastiquement superbe ce qui lui a valu d’être qualifié de « manifeste des Arts déco ». Même les intertitres sont magnifiques ! Aucune toile peinte ici mais des décors tout en volumes. Il est d’autant plus dommage que Marcel L’Herbier ait négligé le scénario : l’histoire est étirée et, il faut bien l’avouer, parfaitement ennuyeuse. La direction d’acteurs semble approximative. On remarquera que le réalisateur expérimente certains effets sur les scènes de vitesse (ces scènes d’ivresse automobile étaient alors très prisées par les réalisateurs les plus inventifs). L’Inhumaine a été magnifiquement restauré, avec restitution des teintes d’origine, pour ressortir en ce début 2015 accompagné d’une nouvelle musique très réussie, composée par Aidje Tafial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Georgette Leblanc, Jaque Catelain
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel L’Herbier sur le site IMDB.

Voir le site créé pour la première de l’Inhumaine le 30 mars 2015.

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Crédits :
– Décors extérieurs, architecture : Robert Mallet-Stevens (1886-1945)
– Le laboratoire de l’ingénieur : Fernand Leger (1881-1955)
– Décors intérieurs : Alberto Cavalcanti (1897-1982)
– Le jardin d’hiver : Claude Autant-Lara (1901-2000)
– Le mobilier : Pierre Chareau (1883-1950) et Michel Dufet (1888-1985)
– Sculptures : Joseph Csaky (1888-1971)
– Costumes : robes signées Paul Poiret (1879-1944).

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
La salle à manger créée par Alberto Cavalcanti pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier (la table est entourée d’eau avec des cygnes qui barbotent…) (photo de plateau)

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
Fernand Leger pose dans le décor qu’il a créé pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier : l’atelier de l’ingénieur (photo de plateau).

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
La maison de l’ingénieur a été dessinée par Robert Mallet-Stevens pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier (photo de plateau : sauf erreur de ma part, l’homme à droite est Marcel L’Herbier).

18 septembre 2014

La femme et le pantin (1935) de Josef von Sternberg

Titre original : « The Devil Is a Woman »

La femme et le pantinEn Espagne, lors du carnaval de Séville, un ex-capitaine de l’armée raconte à l’un de ses amis comment il s’est épris de la belle Concha Perez…
La femme et le pantin est le dernier des sept films que Josef von Sternberg a tourné avec Marlene Dietrich. Cette histoire de femme fatale est adaptée du roman homonyme de Pierre Louÿs qui a été porté de nombreuses fois à l’écran. L’adaptation a beau avoir été écrite par John Dos Passos, ce n’est pas du côté du scénario qu’il faut chercher des qualités à ce film : il est assez répétitif et sans surprise. Ce n’est pas non plus du côté de la musique : les deux chansons que Marlene y chante sont de bien piètre qualité. L’intérêt est plutôt du côté de l’atmosphère, de la beauté des décors, des costumes très travaillés. La femme et le pantinL’entente entre le réalisateur et son actrice n’était hélas plus parfaite, loin de là, et le film en pâtit. Beaucoup voient, dans le personnage du capitaine, Josef von Sternberg lui-même. La femme et le pantin serait ainsi un film d’adieu… Le jeu de Marlene Dietrich est effroyablement outré, elle minaude, appuie tous ses effets, gesticule. En réalité, c’est tout le film qui est empreint d’une exubérance et d’une outrance qui alimentent un exotisme qui peut paraître artificiel. La femme et le pantin est toutefois porté en haute estime par beaucoup. Marlene Dietrich a déclaré qu’il s’agissait de son film préféré.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Lionel Atwill, Edward Everett Horton, Cesar Romero
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Sternberg sur le site IMDB.
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Remarques :
* John Dos Passos aurait été engagé par la Paramount pour écrire l’adaptation car les studios pensaient qu’il était espagnol. Ce sera le seul scénario de fiction écrit par l’auteur de Manhattan Transfer et de la trilogie U.S.A.

* Le film fut assez mal reçu à sa sortie et ne connut aucun succès. Aussi, quand le gouvernement espagnol, furieux de l’image qui était donnée de la police espagnole, menaça de bannir tous les films Paramount du pays si le film n’était pas retiré et détruit dans le monde entier, les studios acceptèrent. Heureusement, Marlene Dietrich parvint à en garder une copie dans ses coffres (l’actrice avait pour habitude de conserver une très grande quantité de souvenirs dans ses coffres mais ce serait le seul film qu’elle ait gardé) et c’est cette copie qui nous permet de le voir aujourd’hui.

* Maria Riva (fille de Marlene, âgée 11 ans à l’époque du tournage ce qui ne l’empêchait de participait à l’élaboration des costumes avec sa mère) rapporte une anecdote de tournage : dans une scène, Marlene est entourée de ballons et elle ne devait pas ciller lorsque l’un d’entre eux éclatait près d’elle. C’est Josef von Sternberg lui-même qui tirait avec une carabine à plomb pour faire éclater le ballon. Perfectionniste, Marlene aurait demandé à refaire la scène plusieurs fois… Cette anecdote est très probablement fausse. Le ballon qui éclate et le visage de Marlene ne sont d’ailleurs pas dans le même plan.

La femme et le pantin (The Devil Is a Woman)Marlene Dietrich et Lionel Atwill dans La femme et le pantin (The Devil Is a Woman) de Josef von Sternberg.

Principales autres adaptations du roman de Pierre Louÿs :
La femme et le pantin de Jacques de Baroncelli (1928)
La femme et le pantin de Julien Duvivier (1959) avec Brigitte Bardot (adaptation bien terne)
Cet obscur objet du désir (1977) ultime réalisation de Luis Buñuel.

1 août 2014

Pattes blanches (1949) de Jean Grémillon

Pattes blanchesDans un petit village breton, le mareyeur Jacques Le Guen revient de la ville avec Odette, une belle jeune femme qui devient rapidement le centre de toutes les attentions. Il y a là le châtelain ruiné Julien de Keriadec, surnommé Pattes blanches en raison des guêtres qu’il porte et qui vit seul dans sa grande demeure, et son jeune frère batard Maurice… Pattes blanches fut écrit par Jean Anouilh (aidé de Jean Bernard-Luc) dans le but de le réaliser lui-même. Une grave maladie le força à demander à Jean Grémillon de le porter à l’écran à sa place. Celui-ci accepta à condition de transposer l’intrigue du XIXe siècle à l’époque actuelle et en Bretagne. Cette histoire est remarquablement écrite, avec des personnages forts et denses : c’est une variation assez noire sur le thème de la séduction, de l’attraction, du ressentiment. La richesse de l’histoire vient en grande partie de la palette de caractères décrits : les cinq personnages principaux sont à la fois complexes et très différents. Tous les rôles sont brillamment tenus, avec une rare intensité. Michel Bouquet est vraiment étonnant, dans un registre « halluciné » qui lui allait si bien au tout début de sa carrière (il a ici 24 ans). Mal né, Pattes blanches n’a jamais rencontré le succès qu’il mérite. C’est pourtant un film superbe.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Fernand Ledoux, Suzy Delair, Paul Bernard, Michel Bouquet, Arlette Thomas, Sylvie
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Grémillon sur le site IMDB.

Lire aussi : l’analyse de Yann Gatepin sur le site DVDClassik …

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25 juillet 2014

Quelques jours avec moi (1988) de Claude Sautet

Quelques jours avec moiFils d’une famille propriétaire d’une grande chaine d’hypermarchés, Martial sort d’une dépression qui lui a valu un séjour en hôpital psychiatrique. Il est taciturne et ne montre aucune émotion. Il se rend à Limoges pour contrôler les livres de comptes d’une succursale et découvre que le directeur a trafiqué les comptes. Il accepte toutefois l’invitation à dîner à son domicile et, là, il remarque Francine, la jeune bonne… En adaptant un roman de Jean-François Josselin, Claude Sautet a trouvé un bel équilibre car Quelques jours avec moi est autant une satire sociale, qu’une étude psychologique ou encore un drame de l’amour passionné. L’humour est assez présent dans la première moitié du film qui prend alors l’aspect d’une comédie. Mais le film tire sa force de son personnage central, assez complexe, puissant et fragile, qui cherche sa place tout en restant étranger au monde qui l’entoure. Autour du couple formé par Daniel Auteuil et la jeune et resplendissante Sandrine Bonnaire, les seconds rôles sont parfaitement définis, parfois typés ou haut en couleur, mais toujours assez justes au final.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Sandrine Bonnaire, Jean-Pierre Marielle, Dominique Lavanant, Danielle Darrieux, Vincent Lindon
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Sautet sur le site IMDB.

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19 septembre 2012

Les Larmes amères de Petra von Kant (1972) de Rainer Werner Fassbinder

Titre original : « Die bitteren Tränen der Petra von Kant »

Les larmes amères de Petra von KantRécemment divorcée, la styliste en vogue Petra von Kant vit et travaille dans son appartement avec une assistante qui lui est entièrement dévouée. Une amie lui présente Karin. Impressionnée par sa beauté, elle lui propose de l’aider à devenir mannequin… Les larmes amères de Petra von Kant est le premier film de Fassbinder à avoir été distribué en France (1). C’est son treizième film, l’adaptation d’une pièce de théâtre qu’il a lui-même écrite et qu’il met en scène sans chercher à en masquer les origines. C’est un film vraiment étonnant venu d’un réalisateur âgé de 27 ans. D’abord par son contenu car les dialogues sont d’une rare profondeur, il suffit de voir avec quelle acuité Petra raconte à Karin l’épanouissement et le déclin de son ancien mariage ou l’évolution de leurs rapports au sein du couple. Il y a aussi une réflexion sur l’amour fou et la dépendance, sur l’admiration et la soumission, sur la possession et le manque. Fassbinder aurait puisé son inspiration dans sa propre vie, ayant lui aussi vécu une séparation douloureuse. Le film est aussi étonnant par la maitrise de la mise en scène, filmé sobrement dans un seul lieu avec quelques mouvements de camera très amples qui tournent autour des actrices comme pour nous en approcher. La structure du récit, quatre actes séparés par de grandes ellipses, met en relief l’évolution de la relation entre Petra et Karin. Le décor est un mélange de kitsch et de classicisme(2) qui, avec les toilettes excentriques, apportent une touche de surréalisme et affirme le caractère atemporel du propos, propre aux grandes tragédies. Seule la fin est un peu faible. Les larmes amères de Petra von Kant est un film intense et riche qui porte l’empreinte du cinéaste.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Margit Carstensen, Hanna Schygulla, Irm Hermann
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Remarque :
Le titre (en anglais : The Bitter Tears of Petra Von Kant) est un hommage à Frank Capra The Bitter Tea of General Yen (1933)

(1) Les larmes amères de Petra von Kant (1972) est sorti en avril 1974 en France, deux ans après sa sortie en Allemagne. Il a été suivi deux mois plus tard par Tous les autres s’appellent Ali (1974) et quelques mois plus tard par Le marchand des quatre saisons (1971). C’est dans cet ordre que le public français a découvert Fassbinder.
(2) Le tableau dont une reproduction occupe tout un mur de la chambre de Petra von Kant est Midas et Bacchus de Poussin.

17 février 2012

Bye bye, Barbara (1969) de Michel Deville

Bye bye, BarbaraUne jeune femme, pieds nus en manteau de vison blanc, fait irruption dans un bar de Biarritz. Elle semble en fuite. Le séducteur Jérôme, journaliste sportif frivole, la prend sous son aile et l’héberge pour la nuit. Le lendemain, elle rentre avec lui à Paris mais le soir même, elle est morte… Bye bye Barbara est l’un des films issus de la collaboration de Michel Deville avec Nina Companéez. Ils réussissent à faire une fusion entre la comédie et le film policier mondain tout en jouant les contrastes : face à la froideur et au machiavélisme du monde de Hugo Michelli (Bruno Cremer), ils opposent la légèreté, la désinvolture du journaliste. Le premier est un monde où l’amour enferme, rend esclave, le second est un monde où l’amour libère avec charme et douceur. Philippe Avron manque sans doute un peu de charisme mais il est finalement assez convaincant avec un jeu qui évoque Belmondo. La mise en scène et en images de Michel Deville est superbe, élégante avec une belle harmonie des couleurs. Le rythme est enlevé avec des accélérations appuyées de beaux mouvements de caméra, les dialogues sont assez vifs. Finalement, Bye bye Barbara est loin d’être un film mineur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ewa Swann, Philippe Avron, Bruno Cremer, Alexandra Stewart, Michel Duchaussoy
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4 décembre 2011

F comme Fairbanks (1976) de Maurice Dugowson

F comme FairbanksSon service militaire achevé, André a bien du mal à trouver du travail malgré son diplôme d’ingénieur. En attendant, il vit chez son père, projectionniste et passionné de cinéma. Un soir, il fait la connaissance de Marie… Dans la lignée de son premier long métrage Lily, aime-moi, Maurice Dugowson écrit et réalise F comme Fairbanks en reprenant certains de ses personnages. Douglas Fairbanks, c’est le monde du cinéma, le héros qui surmonte toutes les difficultés, qui finit toujours par triompher des pires situations. Ce monde de rêve, qui a été inculqué à André par son père, va se heurter durement aux réalités. Que ce soit sur la recherche du travail (nous sommes juste après la première crise du pétrole) ou la recherche amoureuse, rien ne se passe comme dans le monde idéalisé du cinéma. Patrick Dewaere apporte beaucoup de fougue et de liberté tout en montrant sa fragilité, Miou-Miou est particulièrement désarmante par sa simplicité et son naturel. S’ils forment un beau duo à l’écran, il faut savoir que les deux acteurs venaient de se séparer dans la vraie vie, ce qui a dû rendre le tournage assez difficile pour eux. La mise en scène de Dugowson met en avant une certaine désinvolture. Même si le contexte économique est aujourd’hui différent (la crise n’est plus une nouveauté, plutôt une constante), F comme Fairbanks ne semble pas avoir tant vieilli : son thème du passage à l’âge adulte est atemporel et le film repose sur un magnifique duo d’acteurs.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Miou-Miou, John Berry, Michel Piccoli, Jean-Michel Folon
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Dugowson sur le site IMDB.

Remarques :
Dans les rôles secondaires, on remarque Diane Kurys, l’une des deux colocataires de Marie (elle réalisera son premier film, Diabolo Menthe,  l’année suivante), ainsi qu’une brève apparition de Thierry Lhermitte (à l’ANPE) et de Christian Clavier (le garçon de café).

2 novembre 2011

La dame de tout le monde (1934) de Max Ophüls

Titre original : « La signora di tutti »

La dame de tout le mondeActrice célèbre, Gaby Doriot tente de se suicider. Pendant que les médecins tentent de la sauver, sa vie défile devant ses yeux : sans qu’elle l’ait cherché, les hommes tombent amoureux d’elle avec des conséquences néfastes pour eux… La dame de tout le monde est le seul film italien de Max Ophüls qui, fuyant le nazisme, est d’abord allé en Italie avant de s’établir en France. Cette histoire d’amour fou et de vie privée étalée au grand jour est bien en avance sur son temps, tout d’abord sur le plan de l’histoire en elle-même qui préfigure des films comme Vie Privée et aussi sur le plan de la forme, puisque Max Ophüls se montre très inventif dans la construction et dans ses plans, étonnants de modernité et d’audace. Isa Miranda est, elle aussi, assez étonnante, proche par son physique et son jeu de Marlène Dietrich tout en ayant quelques points communs avec Garbo. Elle donne une réelle dimension à son personnage tout en préservant son ingénuité. La dame de tout le monde est, assez injustement, l’un des films les moins connus de Max Ophüls.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isa Miranda, Memo Benassi, Tatyana Pavlova, Friedrich Benfer
Voir la fiche du film et la filmographie de Max Ophüls sur le site IMDB.

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