4 janvier 2013

Lilly Turner (1933) de William A. Wellman

Lilly TurnerAu grand désespoir de sa mère, la jeune Lilly épouse un beau parleur qui se révèle rapidement n’être qu’un prestidigitateur de foire, cavaleur et recherché pour bigamie. Lilly se met alors sous la protection d’un rabatteur forain, prévenant mais alcoolique… Lilly Turner est adapté d’une pièce de Phillip Dunning et George Abbott. C’est un mélodrame social désenchanté comme il s’en tournait beaucoup en cette période de crise du début des années trente. Le film est au assez sombre, y compris au premier sens du terme : pratiquement toutes les scènes sont nocturnes et semblent assez peu éclairées (1). Le film ne manque pas d’intérêt mais souffre certainement d’une certaine rapidité de tournage. Ruth Chatterton fait une belle prestation (à noter que l’actrice était alors âgée de 40 ans, son personnage est donc bien plus jeune qu’elle) mais elle est certainement plus à l’aise dans des rôles un peu plus sophistiqués. Elle est une fois de plus en tandem avec le séduisant George Brent, ils étaient d’ailleurs mari et femme au moment du tournage.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ruth Chatterton, George Brent, Frank McHugh, Guy Kibbee
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Remarque :
La Warner n’a pu ressortir Lilly Turner en 1936 comme elle le souhaitait car le bureau du Production Code (Code Hayes) a refusé de l’approuver.

(1) Il est vraisemblable que la copie diffusée au Cinéma de Minuit de Patrick Brion était un peu sombre. Il faut être indulgent car il s’agit d’un film plutôt rare.

9 décembre 2012

Le Goût du saké (1962) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Sanma no aji »

Le goût du sakéTrois quinquagénaires qui se connaissent depuis le collège invitent au restaurant un de leurs anciens professeurs. Le vieil homme leur raconte qu’il vit toujours avec sa fille qui s’est sacrifiée pour ne pas le laisser seul. De ce fait, Hirayama, veuf lui aussi, se décide à marier sa fille le plus tôt possible pour ne pas devenir comme son ancien professeur… Dernier film d’Ozu, Le goût du saké traite de l’un de ses thèmes favoris : la séparation des générations dans une société en pleine transformation, entre traditions et américanisation. Bien sûr, Le goût du saké peut être vu comme une nouvelle variation de Printemps tardif mais, en réalité, il s’inscrit tout aussi bien dans la lignée de tous les films qui l’ont précédé depuis quinze ans. Dans la forme, on y retrouve tous les éléments constitutifs du style d’Ozu : le déroulement très placide du récit, sans dramatisation et sans spectaculaire, les plans fixes très graphiques, caméra au sol, le regard des acteurs. On note toujours cette profondeur dans le propos avec de nombreux thèmes sous-jacents ou induits, tel celui de la mort qui revient dans plusieurs de ses derniers films. Le goût du saké clôt remarquablement la filmographie de ce cinéaste unique qu’était Yasujirô Ozu.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Chishû Ryû, Shima Iwashita, Keiji Sada, Mariko Okada, Nobuo Nakamura, Eijirô Tôno, Kuniko Miyake
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Le Goût du saké

Remarques :
* Une traduction plus fidèle du titre serait plutôt « le goût du congre », le poisson que le vieux professeur mange pour la première avec ses anciens élèves.

* Le goût du saké est sorti en France fin 1978, quelques mois après Voyage à Tokyo. C’est donc le deuxième film d’Ozu que l’on a pu découvrir en France.

* Yasujirô Ozu est décédé l’année suivante en 1963, deux ans après sa mère avec laquelle il vivait depuis presque trente ans. Sur sa tombe ne figure qu’un seul caractère gravé dans un gros bloc de granit, 無 (mu) qui est un terme bouddhiste zen que l’on peut traduire par « le rien constant » ou « l’impermanence ». La traduction couramment donnée, « vide » ou « néant », semble donc bien incomplète.

Le Goût du saké

16 novembre 2012

The villain still pursued her (1940) de Edward F. Cline

Titre alternatif (U.K.) : « He done her wrong »

The Villain Still Pursued HerUne veuve et sa jeune et jolie fille sont à la merci d’un homme fourbe et cupide qui cherche à récupérer à bon compte leur maison gravement hypothéquée… The Villain Still Pursued Her a l’originalité d’avoir Buster Keaton dans un second rôle ; le film est réalisé par son comparse Edward Cline. Bien que l’histoire se déroule en extérieurs et dans des décors différents, cette parodie de mélodrame prend la forme d’une pièce jouée (1), surtout pour faire intervenir le public qui conspue le vilain ou ovationne les moments positifs. Les acteurs forcent leur jeu et appuie leur dialogues de moult gestes à l’instar des pièces populaires de la fin du XIXe siècle. L’humour ne fonctionne pas toujours très bien, tous les plans sur le faux public sont bien inutiles, les farces des gamins étant bien répétitives. Ce n’est pas Buster Keaton qui alimente l’humour (Keaton qui rappelons-le n’a pas bien réussi à prendre le virage du parlant). Le plus amusant est incontestablement Hugh Herbert, comique alors très populaire, mais il n’a qu’un rôle très réduit. Cela ne l’empêche pas d’être placé en tête d’affiche. The Villain Still Pursued Her est une curiosité, guère plus.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Hugh Herbert, Anita Louise, Richard Cromwell, Buster Keaton
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(1) L’histoire est basée sur la pièce The Drunkard, une très célèbre pièce créée aux alentours de 1850.

29 septembre 2012

Comme un torrent (1958) de Vincente Minnelli

Titre original : « Some came running »

Comme un torrentMilitaire démobilisé, Dave Hirsch revient dans sa ville natale après une longue absence, accompagné par une fille rencontrée dans un bar. Ecrivain de talent mais sans succès, porté sur l’alcool, il retrouve son frère qui l’avait abandonné et qui a réussi socialement… Adaptation d’un roman fleuve semi-autobiographique de James Jones, Comme un torrent est un grand mélodrame dont le point fort est l’excellente caractérisation des personnages. Comme un torrent La palette de comportements est large, peut-être même trop large pour garder son authenticité. Dean Martin et Shirley MacLaine font de belles prestations, le choix de Frank Sinatra est bien entendu plus discutable (est-il vraiment un acteur ?) Incapable de répéter une scène ou de faire de plusieurs prises, le crooner a certainement gêné le perfectionnisme de Minnelli, qui apporte comme toujours beaucoup de soin à la reconstitution et au cadrage, utilisant beaucoup ici les plans larges. Le film montre une belle progression dans l’intensité et la célèbre scène finale, dans la fête foraine, en est le moment le plus fort.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Dean Martin, Shirley MacLaine, Martha Hyer, Arthur Kennedy, Leora Dana
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Remarques :
* Le personnage de Dean Martin, avec son chapeau qu’il ne quitte jamais, a inspiré Godard pour le personnage joué par Michel Piccoli dans Le Mépris.
* Le titre Some Came Running vient d’une phrase de l’Evangile selon Saint Marc que James Jones avait placé en épigraphe de son roman.
* Vincente Minnelli précise dans son autobiographie : « Le film a été tourné dans le ville de Madison dans l’Indiana qui avait été élue « petite ville de province type » par un comité d’efforts de guerre en 1941, qui avait utilisé les décors naturels de la ville à des fins documentaires. » A noter que le documentaire de 12 minutes en question, The Town (1944), a été réalisé par Josef von Sternberg.

9 août 2012

La joyeuse suicidée (1937) de William A. Wellman

Titre original : « Nothing sacred »

La joyeuse suicidéeEn quête de sujet émotionnel, un journaliste se rend dans le Vermont pour rencontrer une jeune femme qui est vouée à une mort prochaine après un empoisonnement au radium. Il lui propose de lui faire visiter New York avant de mourir. La jeune femme accepte bien qu’elle ait appris entre-temps que le funeste diagnostic était une erreur… Ecrit par le talentueux Ben Hecht, La joyeuse suicidée est une comédie en Technicolor (1) qui porte un regard plutôt acerbe sur les travers de la presse à sensation. Si l’on peut trouver que l’ensemble manque un peu de naturel et d’authenticité, le film ne manque pas d’humour. La séquence dans la petite ville du Vermont (où tout le monde s’exprime comme dans le Sud) La joyeuse suicidée en est truffée, avec notamment un gag qui a de quoi estomaquer (le journaliste se fait mordre par… un petit chien assez particulier). L’ensemble est bien enlevé, très amusant. Carole Lombard est, ici comme toujours, pleine de charme et ce film nous fait regretter, une fois de plus, que sa carrière ait été si courte (2). La joyeuse suicidée est une bonne screwball comédie. Ce fut un grand succès à l’époque.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carole Lombard, Fredric March, Charles Winninger, Walter Connolly, Sig Ruman
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Remarques :
* La joyeuse suicidée offre la vision peu courante du survol de Manhattan en avion.
* Le publicité de La joyeuse suicidée a largement utilisé la scène où Carole Lombard et Fredric March se battent. Montrer un homme frappant ainsi une femme est extrêmement rare (précisons que la raison du combat est amusante).
* Il semble que certaines copies utilisées pour les DVD soient de très mauvaise qualité.

(1) La joyeuse suicidée fait partie des tous premiers films en Technicolor.
(2) La carrière de Carole Lombard s’est brutalement interrompue en 1942, l’actrice ayant trouvé la mort dans un accident d’avion. Elle n’avait que 33 ans.

Remake :
C’est pas une vie, Jerry! (Living it up) de Norman Taurog (1954) avec Jerry Lewis et Dean Martin.

4 juin 2012

Fat City (1972) de John Huston

Titre français parfois utilisé : « La dernière chance »

La dernière chanceUn boxeur déchu aimerait reprendre l’entrainement et les combats. De son côté, un jeune boxeur tente de percer et de démarrer une carrière… John Huston, qui a pratiqué la boxe quand il était jeune, a toujours désiré tourner un film sur la boxe, un film qui montre le vrai visage de ce sport et de ceux qui le pratiquent. Les films sur la boxe montraient les succès mais ceux qui réussissent sont très peu nombreux. L’immense majorité est composée de ceux qui nourrissent l’espoir de percer mais qui sont condamnés à des petits combats de troisième zone et ont souvent une vie sordide. C’est cette face que John Huston nous montre dans Fat City, avec un réalisme et une authenticité qui donne un côté presque documentaire à son film. Il a puisé largement dans ses souvenirs personnels pour ses personnages et, en dehors des rôles de premier plan, il a utilisé des acteurs non professionnels. Fat City a une certaine force émotionnelle qui lui donne toute sa puissance. Le film fut bien accueilli par la critique mais le public le bouda, le jugeant certainement un peu trop déprimant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stacy Keach, Jeff Bridges, Susan Tyrrell, Candy Clark
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Remarque :
En argot américain, « he is in Fat City » signifie « ça marche terrible pour lui ».

8 mai 2012

What Price Hollywood? (1932) de George Cukor

What Price Hollywood?Une jeune serveuse se fait remarquer par un metteur en scène alcoolique qui lui donne l’occasion de tourner une petite scène… What Price Hollywood? est l’un des premiers films de George Cukor, c’est même son premier film d’importance. Il le tourne grâce à son ami David O. Selznick, récemment entré à la RKO comme directeur de production. Le film nous montre Hollywood vu de l’intérieur, d’une façon qui ne nous avait jamais été montrée. Si d’autres films avaient déjà mis en scène l’industrie du cinéma, ils jouaient le plus souvent sur les côtés les plus superficiels : l’attrait des stars et de la célébrité. What Price Hollywood? nous montre le revers de cette célébrité avec deux trajectoires croisées : l’une montante, celle de la star, et l’autre descendante, celle du metteur en scène. Le lien qui les unit est à la fois délicat et fort, très humain. Les personnages ont une indéniable profondeur. Par certaines scènes, What Price Hollywood? nous montre aussi les coulisses d’un tournage, les moyens mis en œuvre, le rôle du metteur en scène. Le personnage du producteur évoque furieusement David O. Selznick. Là où le film est le plus faible, c’est dans sa partie centrale qui se focalise trop sur l’idylle entre l’actrice et son mari d’origine aristocratique, joué très platement par Neil Hamilton. Ce défaut sera corrigé dans les remakes (le mari et le metteur en scène seront fondus en un seul personnage) ; What Price Hollywood? sera en effet repris trois fois sous le nom A star is born. L’un de ces remakes sera dirigé par Cukor lui-même.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Constance Bennett, Lowell Sherman, Neil Hamilton, Gregory Ratoff, Brooks Benedict
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Remakes :
Une étoile est née (A star is born) de William A. Wellman (1937) avec Janet Gaynor et Fredric March
Une étoile est née (A star is born) de George Cukor (1954) avec Judy Garland et James Mason (comédie musicale)
Une étoile est née (A star is born) de Frank Pierson (1976) avec Barbra Streisand et Kris Kristofferson (comédie musicale)

6 mars 2012

Dodes’ka-den (1970) de Akira Kurosawa

Titre original : « Dodesukaden »

DodeskadenAlors que le Japon est en plein boom économique, Akira Kurosawa adapte un roman de Shûgorô Yamamoto qui met en scène les habitants d’un petit bidonville en bordure d’une grande métropole japonaise. Kurosawa pense que « le miracle économique ne durera pas car il prend appui sur la misère morale et l’injustice ». Loin d’être un film rebutant ou misérabiliste, Dodes’Ka-den est un très beau film, d’une humanité rare. Dodes’Ka-den est une onomatopée que les enfants japonais utilisent pour imiter le bruit du train sur les rails. C’est le bruit que fait l’adolescent Rokuchan en conduisant son tramway imaginaire. Dodeskaden Il ouvre et clôt le film qui est centré sur une douzaine de personnages. Il y a beaucoup de choses dans Dodes’Ka-den : des drames, de l’humour, du rêve, de la poésie, de la beauté. Le film est d’ailleurs très beau plastiquement parlant : pour son premier film tourné en couleurs, Kurosawa a repeint tous les objets, même les plus anodins et a tout filmé en studio. Même le ciel est peint. Cela accroit ce sentiment d’être à côté du monde réel. Le dénuement des personnages permet à Kurosawa de mieux pénétrer les profondeurs de l’âme humaine. Il ne faut surtout pas se laisser effrayer par le sujet, Dodes’Ka-den est un film superbe, d’une très grande humanité.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Yoshitaka Zushi, Tomoko Yamazaki, Yûko Kusunoki, Kunie Tanaka
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Remarques :
Entre Barberousse (également adapté d’un roman de Shûgorô Yamamoto) et Dodes’Ka-den, Kurosawa a été pressenti dans le cadre de plusieurs projets à Hollywood mais aucun n’a abouti.

Voir une critique plus complète de Dodes’Ka-den sur Dvdclassik

14 janvier 2012

Anna Christie (1930) de Clarence Brown

Anna Christie Une jeune femme retrouve son père qui l’a abandonnée quinze auparavant. C’est un marin plutôt porté sur la boisson qui convoie du charbon sur une barge. Malgré son ressentiment, elle l’accompagne sur son bateau… « Garbo talks ! » (Garbo parle), le slogan s’étalait en grosses lettres sur des milliers d’affiche d’Anna Christie. L’évènement était de taille. Il faut dire que tout le monde était persuadé que Greta Garbo, la déesse d’Hollywood, ne passerait pas le cap du parlant à cause de ses origines étrangères. Elle n’apparaît qu’après seize minutes de film pour dire, enfin, sa première phrase (1). L’accent est certes un peu là, la voix est un peu trop haute, le débit un peu plat mais le ton est terriblement attirant. Si les premières minutes montrent un certain manque d’assurance, sa voix prend rapidement toute sa dimension pour devenir l’une des voix les plus envoutantes d’Hollywood : une voix gutturale, séduisante et mystérieuse, avec cette façon inimitable de traîner sur certaines syllabes. Anna Christie Anna Christie est donc fascinant à ce titre : nous avons l’impression d’assister à nouvelle naissance. L’histoire est adaptée d’une pièce d’Eugene O’Neil qui avait reçu le Prix Pulitzer en 1922, déjà portée à l’écran sept ans plus tôt. Cette histoire peut paraître assez conventionnelle mais le film est servi par une belle interprétation, Marie Dressler y est par exemple assez remarquable. La caméra est très statique (2) ce qui donne parfois la sensation d’être face à une pièce de théâtre. Anna Christie fut un immense succès à l’époque.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Charles Bickford, George F. Marion, Marie Dressler
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Remarques :
Greta Garbo appréhendait beaucoup le passage au parlant. Pour la décider, Louis B. Mayer lui promit de faire tourner une version allemande où elle tiendrait le même rôle dans une langue qu’elle maitrisait parfaitement : Anna Christie de Jacques Feyder (1931) avec Greta Garbo, Salka Viertel, Theo Shall et Hans Junkermann. Cette version est souvent considérée (par ceux qui l’ont vue, car ce n’est pas facile) comme légèrement supérieure à la version américaine.

(1) La première phrase dite par Greta Garbo dans Anna Christie est restée l’une des répliques les plus célèbres du cinéma : « Give me a whisky and a ginger ale on the side, and don’t be stingy, baby! » (Sers-moi un whisky avec un verre de ginger ale, et mets y la dose!).
(2) Aux débuts du parlant, les caméras étaient entourées d’un caisson insonorisant qui les rendaient très difficile à manier et à déplacer.

Précédentes versions :
Anna Christie de John Griffith Wray (1923) avec Blanche Sweet
Kiri no minato (Le port de la brume) de Kenji Mizoguchi (1923) avec Harue Ichikawa

8 novembre 2011

La merditude des choses (2009) de Felix Van Groeningen

Titre original : « De helaasheid der dingen »

La merditude des chosesDans les années quatre vingt, le jeune Gunther vit chez sa grand-mère avec son père et ses trois oncles, braillards, hirsutes, parfois violents et passant le plus clair de leur temps au café à boire des bières… La merditude des choses fait penser à une version flamande du film Affreux, sales et méchants dans le sens où il décrit un milieu certes plutôt glauque mais le regard porté est exempt de condamnation ou de misérabilisme. Il est même porteur d’une certaine tendresse car le récit est celui de l’enfant de 13 ans qui a grandi dans ce milieu. Le film est adapté d’un best-seller de Dimitri Verhulst, livre autobiographique paru en 2006 qui a eu beaucoup de succès. Malgré la répétition des scènes de beuveries, il y a un très bon équilibre d’ensemble entre drame et humour, entre fatalité et optimisme, avec même une certaine réflexion au travers de l’enfant devenu adulte. La merditude des choses est un film assez étonnant, assez à part de la production actuelle, plein d’énergie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenneth Vanbaeden, Valentijn Dhaenens, Koen De Graeve, Wouter Hendrickx
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