11 février 2023

Les Invités de huit heures (1933) de George Cukor

Titre original : « Dinner at Eight »

Les invités de huit heures (Dinner at Eight)Millicent Jordan met toute son énergie à organiser un dîner en l’honneur d’un couple d’aristocrates anglais sans se préoccuper des difficultés professionnelles de son mari. On suit ainsi les préparatifs épiques du dîner et la galerie pittoresque de personnages invités à la soirée…
Les Invités de huit heures (Dinner at Eight) est un film américain réalisé par George Cukor. Le scénario est signé Frances Marion (qui venait de remporter son deuxième Oscar (1)) et Herman J. Mankiewicz (le frère aîné de Joseph) d’après une pièce à succès de George S. Kaufman et Edna Ferber. En ces premières années du parlant, Broadway était un vivier de bons sujets de film. L’histoire est un prétexte pour nous gratifier d’une belle galerie de portraits de personnages bien différents. La construction en scènes centrées sur une ou deux personnes est un bon tremplin pour de belles interprétations. Ici, c’est le couple formé par Jean Harlow et Wallace Beery qui est le plus spectaculaire, leurs disputes sont hautes en couleur. Rien de très original mais néanmoins plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs : Marie Dressler, John Barrymore, Wallace Beery, Jean Harlow, Lionel BarrymoreEdmund Lowe, Billie Burke, Madge Evans, Jean Hersholt, Karen Morley, Phillips Holmes, May Robson, Grant Mitchell
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site imdb.com.

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(1) Frances Marion fut la première femme à remporter l’Oscar pour la Meilleure adaptation en 1930 pour le film Big House de George W. Hill; elle reçut aussi l’Oscar de la meilleure histoire originale pour Le Champion de King Vidor en 1932. Elle fut par ailleurs  l’auteure de nombreux scénarios pour Mary Pickford.

Les invités de huit heures (Dinner at Eight)Grant Mitchell, Tenen Holtz, Louise Closser Hale, Jean Harlow, Wallace Beery, Edmund Lowe, Elizabeth Patterson et Billie Burke dans Les invités de huit heures (Dinner at Eight) de George Cukor.

Les invités de huit heures (Dinner at Eight)Wallace Beery et Jean Harlow dans Les invités de huit heures (Dinner at Eight) de George Cukor.

Les invités de huit heures (Dinner at Eight)Photo publicitaire pour Les invités de huit heures (Dinner at Eight) de George Cukor.
(debout) Edmund Lowe, George Cukor, Lionel Barrymore, Jean Harlow, Phillips Holmes
(assis) Madge Evans, Louise Closser Hale, Billie Burke, Marie Dressler, Elizabeth Patterson, Grant Mitchell

10 février 2023

12 Years a Slave (2013) de Steve McQueen

12 Years a SlaveAux États-Unis, en 1841 (soit quelques années avant la guerre de Sécession), Solomon Northup est un homme libre originaire de l’État de New York. Il y habite avec sa femme et ses deux enfants. Un jour, il est approché par deux hommes, de prétendus artistes, qui le droguent et l’enchaînent avant de l’emmener à La Nouvelle-Orléans pour le vendre comme esclave…
12 Years a Slave (ou Esclave pendant douze ans au Québec) est un drame historique produit et réalisé par le britannique Steve McQueen. Il s’agit de l’adaptation de l’autobiographie Douze ans d’esclavage de Solomon Northup parue en 1853. Ce livre fut un best-seller à son époque avant d’être oublié puis redécouvert dans les années soixante. Ce récit a une grande valeur historique car il témoigne avec précision du quotidien des esclaves. Il méritait d’être adapté au cinéma. 12 Years a Slave est bouleversant et révoltant. Il nous montre la cruauté extrême des comportements engendrés par l’esclavage institutionnalisé dans le sud des Etats-Unis. Plusieurs scènes sont difficiles à supporter. Si on ne peut critiquer le film sur le fond, on peut toutefois émettre des reproches sur sa forme. Bien que britannique, Steve McQueen utilise les pires recettes hollywoodiennes pour appuyer les effets destinés à provoquer notre dégoût face à ces pratiques barbares et inhumaines. Cela engendre hélas une certaine artificialité. Malgré tout, 12 Years a Slave est loin d’être inutile, il frappe les esprits. Il fut triplement oscarisé.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Lupita Nyong’o, Sarah Paulson, Benedict Cumberbatch, Brad Pitt, Paul Dano
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12 Years a SlaveLupita Nyong’o, Michael Fassbender et Chiwetel Ejiofor dans 12 Years a Slave de Steve McQueen.

9 février 2023

The Outfit (2022) de Graham Moore

The Outfit1956. Ancien tailleur dans le célèbre quartier de Savile Row à Londres, Leonard Burling a quitté son pays pour s’installer à Chicago. Malheureusement pour lui, la plupart de ses clients sont des gangsters qui utilisent son échoppe comme boîte à lettres. Le tailleur anglais va se retrouver malgré lui impliqué dans les activités des mafieux…
The Outfit est un film américain réalisé par Graham Moore que l’on connait surtout pour avoir été le scénariste de Imitation Game (2014). Il s’agit de son premier long métrage, il en a écrit le scénario avec Johnathan McClain. C’est un film assez classique dans sa forme mais bien écrit, un huis-clos assez prenant dont le déroulement nous réserve des surprises. Les dialogues sont assez enlevés. Le personnage principal est attachant par sa passion et son dévouement à son métier. Mark Rylance fait une remarquable interprétation, il est de tous les plans ou presque. Même si le scénario pourra paraître peu probable ou trop tortueux à certains, l’ensemble se tient, il se tient même joliment, avec élégance. Distrayant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mark Rylance, Zoey Deutch, Dylan O’Brien, Johnny Flynn, Simon Russell Beale
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The OutfitMark Rylance dans The Outfit de Graham Moore.

8 février 2023

Mademoiselle Ogin (1962) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Ogin-sama »

Mademoiselle Ogin (Ogin-sama)À la fin du XVIe siècle, alors que le Christianisme venu d’Occident est proscrit, Ogin, la fille du célèbre maître de thé Rikyu, tombe amoureuse du samouraï Ukon Takayama, qui est chrétien. Le guerrier refuse ses avances, préférant se consacrer à sa foi, et Ogin prend pour époux un homme qu’elle n’aime pas. Mais quelques années plus tard, Ukon revient et lui avoue son amour. Ogin veut reprendre sa liberté mais le redoutable Hideyoshi, qui règne sur le pays, a entamé des persécutions anti-chrétiennes…
Mademoiselle Ogin est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka, sa sixième et ultime réalisation. Le scénario est l’œuvre de Masashige Narusawa, d’après un roman de Tōkō Kon paru en 1956. Comme pour ses réalisations précédentes, Kinuyo Tanaka s’empare du sujet pour en faire un récit de femme vue par une femme. Le mélodrame est certes un peu appuyé, une histoire d’un amour fou et destructeur, mais le film enchante par la qualité de sa réalisation et la beauté de ses images en couleurs. Certains cadrages sont absolument superbes. Kinuyo Tanaka a cette fois profité d’un budget important qu’elle utilise à merveille. Elle dirige Ineko Arima, actrice qui a joué avec les plus grands (Naruse, Ozu, Kobayashi,…) Les raisons pour lesquelles Kinuyo Tanaka n’a pas continué à réaliser ne semblent pas connues avec certitude. C’est un grand dommage car il ne fait nul doute qu’elle aurait continué à signer de grands films.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ineko Arima, Tatsuya Nakadai, Ganjirô Nakamura, Mieko Takamine, Osamu Takizawa, Kôji Nanbara
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Mademoiselle Ogin (Ogin-sama)Mieko Takamine et Ineko Arima dans Mademoiselle Ogin (Ogin-sama) de Kinuyo Tanaka.

Mademoiselle Ogin (Ogin-sama)Ineko Arima et Hisaya Itô dans Mademoiselle Ogin (Ogin-sama) de Kinuyo Tanaka.

7 février 2023

La Nuit des femmes (1961) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Onna bakari no yoru »

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)À la fin des années 1950 au Japon, les lois anti-prostitution entrainent la fermeture des maisons closes. Des centres de réinsertion pour anciennes prostituées sont créés. La jeune Kuniko est particulièrement motivée pour retrouver une nouvelle place dans la société japonaise. Avec l’aide de la responsable du centre, elle déniche un emploi dans une épicerie à Tokyo…
La Nuit des femmes est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka. Le scénario est signé Sumie Tanaka (pas de relation familiale), il est basé sur un roman de Masako Yana. Après une grosse production en couleurs (La Princesse errante), la réalisatrice se lance dans un projet plus modeste en moyens où elle nous parle de nouveau de femmes vues par des femmes. L’histoire met en relief les difficultés de réinsertion de ces anciennes prostituées : si certaines n’en ont aucune envie, d’autres désirent repartir sur de nouvelles bases mais le passé revient toujours en force. Kinuyo Tanaka a toutefois tenu à donner une fin positive à son récit, ce n’était pas le cas dans le roman. Le récit met en avant les rapports des femmes entre elles, il n’y a que peu d’hommes. La réalisatrice a choisi une actrice très peu connue pour le rôle principal, Chisako Hara. Elle fait une belle prestation : elle exprime à la fois de la fragilité et une grande détermination. Le film possède une indéniable force. Certains analystes ont rapproché La Nuit des femmes des films de la Nouvelle Vague japonaise, tel Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Ôshima par sa façon d’aborder les personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chisako Hara, Akemi Kita, Kyôko Kagawa, Chikage Awashima, Yôsuke Natsuki
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La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)Chisako Hara dans La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru) de Kinuyo Tanaka.

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)Yôsuke Natsuki et Chisako Hara dans La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru) de Kinuyo Tanaka.

6 février 2023

La Princesse errante (1960) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Ruten no ôhi »

La Princesse errante (Ruten no ôhi)Tokyo, 1937. Ryūkō est une jeune fille insouciante d’origine noble qui se rêve en artiste peintre et vit auprès de ses parents et de sa grand-mère. Elle accepte d’épouser le frère de l’empereur de Maundchourie. Ce mariage est destiné à renforcer les relations entre les deux nations et introduire le sang japonais dans la famille impériale mandchoue…
La Princesse errante est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka, son quatrième long métrage, son premier en couleurs. Il s’agit de l’adaptation de la biographie homonyme de Hiro Saga, publiée quelques mois plus tôt. Cette princesse a connu un destin peu commun, mouvementé et tragique. La société de production Daiei a voulu ouvertement en faire un film pour les femmes et fait par des femmes : la présentation du film à l’époque en témoigne. Le budget fut assez important. La mise en place est assez longue, s’attardant sur les protocoles des familles impériales. La suite est plus tragique, lorsque survient la guerre, avec la difficile position mandchoue dans un conflit qui déchire le pays. Pour le premier rôle, Kinuyo Tanaka a choisi Machiko Kyô, l’actrice qui l’a remplacée comme égérie de Mizoguchi. L’actrice est de tous les plans ou presque, elle fait une très belle prestation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Machiko Kyô, Eiji Funakoshi, Chieko Higashiyama, Kuniko Miyake, Mitsuko Mito, Chishû Ryû, Tatsuya Ishiguro
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Remarque :
• La fin est un peu abrupte car l’histoire était encore en cours : en 1961, soit un an après la sortie du film, le couple fut enfin réuni grâce à la permission du Premier ministre chinois et s’installe à Pékin. Hiro Saga y vivra jusqu’à sa mort en 1987, à l’âge de 73 ans. Son mari lui survivra quelques années. Leur deuxième fille (totalement absente du film), née en 1940 deux ans après l’aînée, est toujours en vie.

La Princesse errante (Ruten no ôhi)Machiko Kyô dans La Princesse errante (Ruten no ôhi) de Kinuyo Tanaka.

5 février 2023

Maternité éternelle (1955) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Chibusa yo eien nare »

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare)Fumiko Shimojō a deux enfants et son mariage avec un homme qui la trompe est malheureux. Ses meilleurs moments sont ceux qu’elle passe à son club de poésie : elle compose des tanka (1) et y rencontre deux amis d’enfances, Kuniko et son mari Takashi Hori dont elle est secrètement amoureuse…
Après deux longs métrages reposant sur des scénarios qui lui avaient été proposés par d’autres personnes, Maternité éternelle est la première réalisation vraiment personnelle de Kinuyo Tanaka. Elle en a choisi le sujet : elle avait été profondément touchée par l’histoire de Fumiko Nakajô, jeune et brillante poétesse, morte foudroyée par un cancer du sein à 31 ans (le titre français n’est pas très bien trouvé, le sens du titre original est proche de « seins éternels »). C’est un portrait de femme possédant une grande force de caractère et dont l’émancipation sera stoppée nette par la maladie. Le film possède une liberté de ton à l’image de son héroïne qui aspire à une liberté interdite aux femmes. Résolument du côté du point de vue des femmes, le film nous montre des choses qu’un cinéaste homme ne filmera jamais, il aborde en tous cas des thèmes pas ou très peu évoqués dans les années cinquante (que ce soit au Japon ou ailleurs). Le drame est puissant, extrêmement fort. L’interprétation de Yumeji Tsukioka est parfaite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yumeji Tsukioka, Ryôji Hayama, Hiroko Kawasaki, Shirô Ôsaka, Masayuki Mori
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(1) Le tanka (traduction littérale  « chant court ») est un poème japonais sans rimes, de 31 mores (sons élémentaires émis lors de la phonation) sur cinq lignes.

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare)Yumeji Tsukioka dans Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare) de Kinuyo Tanaka.

4 février 2023

La Lune s’est levée (1955) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Tsuki wa noborinu »

La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Mokichi Asai vit à Nara auprès de ses trois filles : l’aînée Chizuru, revenue au domicile familial après la mort de son mari ; la cadette Ayako, en âge de se marier mais peu pressée de quitter les siens ; et la benjamine Setsuko, la plus exubérante, qui rêve de partir s’installer à la capitale. Cette dernière est très proche de Shoji, le jeune beau-frère de Chizuru qui loge provisoirement dans un temple à proximité…
La Lune s’est levée est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka. C’est le deuxième long métrage de cette actrice-star passée à la réalisation (1). Le scénario a été écrit en 1947 par Yasujirō Ozu qui pensait le tourner lui-même mais le projet n’a pu voir le jour. Kinuyo Tanaka connait Ozu de longue date, elle a tourné dans ses tous premiers films dans les années 20 : de plus Ozu l’a activement soutenue dans les difficultés qu’elle rencontrait pour devenir réalisatrice (contrairement à Mizoguchi, dont elle fut l’égérie, qui chercha à la dissuader). De ce fait, le cinéma de Kinuyo Tanaka montre une influence marquée, on retrouve l’atmosphère des films d’Ozu et ses thèmes de prédilection : la famille, le mariage. Cela explique aussi que la réalisatrice n’a pas cherché à modifier le scénario, elle avait un grand respect pour le travail d’Ozu. Certaines phrases notamment dans l’épilogue sont ainsi inattendues de la part d’une femme-réalisatrice. Elle a su toutefois ici et là apporter une touche féminine dans les détails sur le quotidien des femmes. La Lune s’est levée parle de l’éveil à l’amour, de la difficulté à exprimer ses sentiments dans un cadre social assez rigide.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Chishû Ryû, Shûji Sano, Yôko Sugi, Mie Kitahara, Kô Mishima, Shôji Yasui, Kinuyo Tanaka
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Remarque :
• Le scénario a été amendé à la demande d’un sponsor, la Nippon Telegraph and Telephone Public Corporation (ce qui explique ce passage si étrange sur les télécommunications!)
• La réalisatrice Kinuyo Tanaka tient le rôle d’une servante (Yoneya).

(1) Immense star dans son pays, Kinuyo Tanaka avait plus de 100 films à son actif quand elle est passée à la réalisation. Le désamour de son public suite à une campagne de dénigrement (elle était accusée de s’être trop américanisée lors d’une tournée aux Etats-Unis) la poussa à passer derrière la caméra. Elle fut ainsi la première femme réalisatrice japonaise après la guerre.

La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Hisako Yamane, Yôko Sugi et Mie Kitahara dans La Lune s’est levée (Tsuki wa noborinu) de Kinuyo Tanaka.
La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Chishû Ryû, Hisako Yamane et Yôko Sugi dans La Lune s’est levée (Tsuki wa noborinu) de Kinuyo Tanaka.

3 février 2023

Lettre d’amour (1953) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Koibumi »

Lettre d'amour (Koibumi)Reikichi vit chez son frère à Tokyo. C’est un homme taciturne marqué par la guerre au contraire de son jeune frère plein de vie et d’énergie. Reikichi passe ses journées à rechercher parmi la foule des badauds son amour d’enfance, Michiko. Pendant la guerre, les parents de Michiko l’ont forcée à se marier et elle lui a envoyé une lettre d’adieu dans laquelle elle lui avouait son amour et son désespoir de devoir se marier à un autre. À son retour de la guerre, Reikichi a appris la mort du mari de Michiko mais il a perdu sa trace et, depuis, il la recherche…
Lettre d’amour est un film japonais, premier long métrage réalisé par Kinuyo Tanaka, grande star en tant qu’actrice depuis deux décennies. Le scénario est l’œuvre de Keisuke Kinoshita, par ailleurs réalisateur, d’après un roman de Fumio Niwa. Il s’agit d’une histoire d’amour empêché par la guerre et qui se retrouve dans une impasse. Le conflit intérieur des deux protagonistes ne semble pas trouver d’issue. Avec cette histoire, Kinuyo Tanaka nous parle de la vie ordinaire des japonais au lendemain de la guerre, des difficultés à revivre, à retrouver un travail notamment pour les femmes. Elle montre comment cette guerre a plus marqué ceux qui y ont participé : le jeune frère ne l’a pas faite et il déborde d’optimisme et de vitalité. Le récit est empreint de pudeur. L’ensemble peut évoquer les films de Naruse. Pour un premier film, la mise en scène paraît bien maitrisée mais, assez logiquement, Lettre d’amour est moins personnel que ses réalisations ultérieures.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Masayuki Mori, Yoshiko Kuga, Jûkichi Uno, Jûzô Dôsan
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Remarque :
• Évoquant les scènes durant lesquelles Reikichi cherche à retrouver Michiko à Shibuya (place et station de métro), le critique Enrique Seknadje écrit : « Kinuyo Tanaka a la merveilleuse idée de filmer plusieurs fois le protagoniste à côté de la statue de bronze érigée en 1934 en l’honneur du chien Hachikō réputé pour avoir accompagné et attendu son maître quotidiennement à la gare, y compris après la mort de celui-ci, en 1925 ». (Lu sur Wikipédia, voir l’image ci-dessous)

Lettre d'amour (Koibumi)Masayuki Mori et Yoshiko Kuga dans Lettre d’amour (Koibumi) de Kinuyo Tanaka.

3 février 2023

Vous ne désirez que moi (2021) de Claire Simon

Vous ne désirez que moiÀ Neauphle-le-Château au tout début des années 80, Yann Andréa, qui vit depuis deux ans avec l’écrivaine Marguerite Duras, raconte à une journaliste, voisine et amie, comment leur relation s’est établie et se poursuit…
Vous ne désirez que moi est un film français réalisé par Claire Simon. Il s’agit de l’adaptation de Je voudrais parler de Duras (Pauvert, 2016), un entretien inédit de Yann Andréa (décédé en 2014). Ce long monologue est très intéressant en soi, même s’il nous fait découvrir une facette peu reluisante de l’écrivaine. La relation qu’elle eut avec le jeune Yann Andréa (alors âgé d’à peine 30 ans, elle en avait presque 70) paraît en effet totalement déséquilibrée, reposant sur l’effacement de la personnalité du plus jeune. Marguerite Duras nous semble même monstrueuse (mais il faut tempérer ce jugement en se rappelant que le jeune homme est tout de même resté avec l’écrivaine pendant presque 15 ans après cet entretien, jusqu’à sa mort en 1996). Swann Arlaud fait une performance absolument remarquable, d’autant plus extraordinaire que Claire Simon a filmé les entretiens en longs plans-séquence. Emmanuelle Devos est en revanche bien plus fade, elle n’a cependant qu’une dizaine de lignes de texte. Les cadrages ne sont pas toujours bien adaptés et la réalisatrice a inséré quelques plans externes à l’entretien : si certains, ceux où l’on voit Duras par exemple, sont appropriés, de nombreux plans sont ce qu’il faut bien appeler du remplissage. Le film est donc bien plus intéressant par son contenu que par sa forme.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Swann Arlaud, Emmanuelle Devos, Christophe Paou, Philippe Minyana
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Vous ne désirez que moiSwann Arlaud dans Vous ne désirez que moi de Claire Simon.