10 février 2024

Un homme est mort (1972) de Jacques Deray

Un homme est mortUn tueur professionnel français se rend à Los Angeles pour éliminer un personnage du milieu. Ceci fait, il est lui-même poursuivi par un tueur dans une ville qu’il ne connait pas…
Un homme est mort est un film français réalisé par Jacques Deray. Le scénario qu’il a écrit avec Jean-Claude Carrière est bien tourné et riche en rebondissements. En outre, Jacques Deray utilise merveilleusement les décors de la ville de Los Angeles et cela se voit dès le générique avec de belles vues d’avion. Il nous montre aussi sa faune, souvent interlope (mais pas toujours). Certaines scènes, telle celle dans la chambre funéraire qui montre un indéniable humour noir, sont mémorables La distribution est assez prestigieuse. Hélas, j’ai vu ce film en version française et comme Trintignant est le seul acteur français (Michel Constantin n’apparaît qu’en fin de film), tous les acteurs sont doublés. C’est horrible, le doublage dans les années soixante-dix était vraiment épouvantable… Je n’ai vu qu’après coup qu’il existe version en anglais (titrée The Outside Man), la langue utilisée pour le tournage. À voir impérativement en anglais.
Elle:
Lui : 3 étoiles(VO)2 étoiles(VF)

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Ann-Margret, Roy Scheider, Angie Dickinson, Georgia Engel, Michel Constantin, Umberto Orsini
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Ann-Margret et Jean-Louis Trintignant dans Un homme est mort de Jacques Deray.

14 mars 2023

La Mort aux enchères (1982) de Robert Benton

Titre original : « Still of the Night »

La Mort aux enchères (Still of the Night)Un antiquaire et curateur dans une prestigieuse salle de ventes de New York, George Bynum, est retrouvé égorgé dans sa voiture. Depuis 2 ans, il était le patient du psychiatre Sam Rice, auquel il avait parlé de sa liaison avec Brooke Reynolds, une belle et mystérieuse jeune femme qu’il avait engagée comme assistante…
La Mort aux enchères est le quatrième film écrit et mis en scène par Robert Benton, cinéphile admirateur de la Nouvelle Vague française et coauteur, avec son ami David Newman, du scénario de Bonnie and Clyde. Ses réalisations sont moins remarquables, même si certaines comme Kramer contre Kramer ont connu un certain succès (oscarisé). En étant très indulgent, La Mort aux enchères peut être vu comme un hommage appuyé aux films psychanalytiques des années 40, au cinéma de Fritz Lang et d’Alfred Hitchcock (1) mais cela ressemble plutôt à une vague copie sans originalité. Le scénario est bourré d’incohérences, la fin sombre même dans le ridicule. Il n’y a aucune tension. La présence de Meryl Streep, utilisée comme une beauté froide (Hitchcock encore), ne réussit pas à sauver l’ensemble (2).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Roy Scheider, Meryl Streep, Jessica Tandy, Joe Grifasi, Sara Botsford, Josef Sommer
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(1) On peut noter d’innombrables clins d’œil ou influences de films d’Hitchcock. Citons Psychose (1960), Sueurs froides (1958), Rebecca (1940), Fenêtre sur cour (1954), Les Oiseaux (1963), La mort aux trousses (1959), Pas de printemps pour Marnie (1964) et La Maison du docteur Edwardes (1945). De plus, Jessica Tandy (qui interprète la mère du psychiatre) avait un rôle de premier plan dans Les Oiseaux.
(2) Dans une interview en 2013, Meryl Streep a cité le film comme étant le plus mauvais dans lequel elle avait joué.

La Mort aux enchères (Still of the Night)Meryl Streep et Roy Scheider dans La Mort aux enchères (Still of the Night) de Robert Benton.

24 juillet 2021

Meurtres en cascade (1979) de Jonathan Demme

Titre original : « Last Embrace »
Autre titre français : « La Dernière Victime »

Meurtres en cascade (Last Embrace)Après avoir craqué nerveusement à l’assassinat de sa femme, un agent de la CIA sort enfin de la maison de santé où il a séjourné. Il reprend le travail mais, après avoir reçu un avertissement crypté en hébreu, en vient à penser que le gouvernement veut le tuer…
Les premiers films de Jonathan Demme (le réalisateur du Silence des agneaux) sont assez méconnus, la plupart n’ayant pas été distribué en France à l’époque. Ce Last Embrace est le cinquième. David Shaber en a écrit le scénario d’après le roman The 13th Man de Murray Teigh Bloom. Le film se situe dans la pure veine hitchcockienne. On ne peut dire que le film soit vraiment remarquable mais l’intrigue est assez prenante car assez mystérieuse. L’interprétation de Roy Scheider est honnête. La musique est signée Miklós Rózsa. Last Embrace se regarde sans déplaisir mais n’en est pas moins oubliable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roy Scheider, Janet Margolin, Sam Levene, Christopher Walken
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Meurtres en cascade (Last Embrace)John Glover, Roy Scheider et Janet Margolin dans Meurtres en cascade (Last Embrace) de Jonathan Demme.

Meurtres en cascade (Last Embrace)Roy Scheider dans Meurtres en cascade (Last Embrace) de Jonathan Demme.

Plan qui annonce une scène très hitchcockienne : un train va traverser cette gare à pleine vitesse, une tentative de meurtre est en préparation… On imaginerait bien Hitchcock en train de lire son journal sur la gauche…
Meurtres en cascade (Last Embrace) de Jonathan Demme.

22 décembre 2017

Les Dents de la mer (1975) de Steven Spielberg

Titre original : « Jaws »

Les dents de la merSur la plage de l’île d’Amity au large de la côte Est, une jeune étudiante est retrouvée rejetée par la mer, le corps déchiqueté. Le chef de la police pense à une attaque de requin et veut immédiatement fermer la plage. Mais le maire et les commerçants refusent de peur de voir la saison touristique compromise… Malgré l’échec de son premier long métrage (Sugarland Express), Steven Spielberg réussit à réunir un bon budget pour tourner Jaws, adaptation d’un bestseller dont il ne gardera que ce qui l’intéresse : le combat contre un ennemi invisible. Rien ne se passera comme prévu lors du tournage mais la ténacité du jeune réalisateur de 27 ans finira par l’emporter, certains revers se transformant même en atout : le naufrage de Bruce, le requin à manivelle, dès la première prise força Spielberg à aller encore plus loin dans sa décision de ne pas trop le montrer (il a fallu un mois pour le réparer). Un ennemi invisible, juste suggéré par le passage d’un aileron ou d’un vague corps massif, est bien plus terrifiant : on retrouve ainsi dans la seconde partie, la plus soignée, le même type d’angoisse que dans Duel (1971). La tension est alors très forte, la musique de John Williams venant l’accentuer encore,  le film est indéniablement prenant. Spielberg est bien un magicien quand il s’agit de manier les images. Comme on le sait, le succès fut immense : le film battit tous les records de recettes et fut largement copié, plus souvent pour le pire que pour le meilleur, à commencer par Universal qui produira trois suites… sans Spielberg.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss
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Jaws

Remarques :
* Jaws est l’un des tous premiers films où les studios utilisèrent une technique commerciale aujourd’hui largement répandue. Auparavant, les films sortaient dans quelques villes et, si les retours étaient positifs, on montait en puissance. Pour Jaws, Universal a tout de suite fait dupliquer un très grand nombre de copies et l’a sorti simultanément dans des centaines de salles tout autour du pays afin de créer une onde de choc massive. De plus, le film est de plus sorti en plein été, devenant ainsi le premier blockbuster de l’été (habituellement, les grosses sorties se faisaient en décembre mais le film eut du retard). Du fait du sujet, le même film sorti dans les froideurs de décembre aurait probablement eu moins d’impact.
* Jaws s’inscrit dans la vogue des films-catastrophe des années 70 (La Tour infernale est sorti l’année précédente).

* Une scène est restée célèbre : lorsque Roy Scheider est témoin de la première attaque sur la plage, Steven Spielberg fait sur son visage un effet de « traveling contrarié » (Dolly zoom en anglais), effet qui consiste à faire un traveling avant ou arrière en le compensant par un zoom inverse. Résultat : la tête du personnage reste à la même dimension mais le décor derrière lui change de taille. Cet effet a été utilisé pour la première fois par Hitchcock dans Vertigo, puis dans Psychose et Marnie.

Jaws
La face cachée de Bruce le Requin qui sème la terreur dans Les dents de la mer de Steven Spielberg (on remarque à l’arrière-plan à gauche, une barge pleine de monde qui semble être l’équipe de tournage).

20 août 2017

Que le spectacle commence (1979) de Bob Fosse

Titre original : « All That Jazz »

Que le spectacle commenceCélèbre chorégraphe et metteur en scène drogué aux amphétamines et fumeur invétéré, Joe Gideon ne vit que pour le spectacle : ses journées sont bien remplies entre les répétitions d’un nouveau show qu’il monte à Broadway et le montage difficile d’un film sur un comique stand-up… Bien que ce ne soit pas vraiment son ultime réalisation (1), All That Jazz est le film-testament de Bob Fosse, celui où il prévoit sa mort prochaine (qui surviendra en réalité en 1987). Le chorégraphe ne fait pas la différence entre sa vie et le show au point de dire que, pour lui, la seule réalité, c’est la mort. Et sa propre mort, il va la transformer en spectacle vulgaire et racoleur après s’être interrogé sur sa vie dans des conversations avec un personnage angélique (Jessica Lange… dont le nom semble prédestiné). Roy Scheider, qui a à peu près l’âge de Bob Fosse c’est à dire la cinquantaine, est maquillé pour lui ressembler parfaitement. La chorégraphie de tous les numéros musicaux est bien entendu signée Bob Fosse, chorégraphie particulièrement brillante dans les deux premiers tiers mais qui sombre dans le mauvais goût dans la mise en scène de sa mort. Certes, cette vulgarité est un parti-pris volontaire mais, pour le spectateur, toute cette dernière partie est assez détestable et paraît bien longue.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roy Scheider, Jessica Lange, Leland Palmer, Ann Reinking
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Remarque :
* Le film qu’il est en train de monter est de toute évidence Lenny, film sur le comique Lenny Bruce que Bob Fosse a réalisé en 1975 avec Dustin Hoffman dans le rôle-titre.

(1) Le dernier film de Bob Fosse sera Star 80 (1983).

All that Jazz
« It’s show time, folks ! » : tous les matins, Joe Gideon prononce rituellement cette phrase devant sa glace lorsqu’il s’est remis à neuf. Roy Scheider dans Que le spectacle commence de Bob Fosse.

All that Jazz
Roy Scheider et Jessica Lange dans Que le spectacle commence de Bob Fosse.

All that Jazz