29 septembre 2013

L’Affaire du courrier de Lyon (1937) de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara

L'affaire du courrier de LyonEn 1796, sous le Directoire, la malle-poste qui va de Paris à Lyon est sauvagement attaquée. Les deux postillons sont assassinés et une très forte somme d’argent, destinée à payer la solde des armées d’Italie, est dérobée… L’Affaire du courrier de Lyon est une affaire judiciaire tristement célèbre pour avoir envoyé un innocent à l’échafaud. Même si certains historiens contestent cette innocence, la condamnation de Joseph Lesurques reste le symbole de l’erreur judiciaire. Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara mettent en scène une reconstitution minutieuse de l’affaire qui met en évidence son innocence. En nous plaçant dès le début en rôle d’observateurs omniscients, ils rendent leur démonstration d’autant plus convaincante. Le scénario est bien développé avec une bonne progression de la tension. Solidement interprété, L’Affaire du courrier de Lyon n’a pas perdu de son intérêt aujourd’hui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Blanchar, Dita Parlo, Charles Dullin, Hélène Robert, Pierre Alcover, Jean Tissier
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara sur le site IMDB.

Voir les autres films de Claude Autant-Lara chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Après L’Affaire du courrier de Lyon, Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara collaboreront à nouveau pour la réalisation de deux films dont Fric-Frac (1939) avec Michel Simon, Arletty et Fernandel.

Autres versions de la même affaire :
L’assassinat du courrier de Lyon d’Alice Guy (1904)
Le Courrier de Lyon d’Albert Capellani (1912)
L’Affaire du courrier de Lyon  de Léon Poirier (1923) avec Roger Karl
+ une version TV (1963) dans le cadre de La caméra explore le temps avec François Maistre.

28 septembre 2013

Adieu, ma belle (1944) de Edward Dmytryk

Titre original : « Murder, My Sweet »
Autre titre : « Farewell, My Lovely » (UK)
Autre titre français : « Adieu ma jolie »
Autre titre français : « Le crime vient à la fin »

Adieu, ma belleLe détective Philip Marlowe est interrogé par la police. Blessé, il porte un bandage sur les yeux. Il raconte que tout a commencé lorsqu’un homme récemment sorti de prison lui a demandé de retrouver une femme… Adieu, ma belle est l’adaptation du deuxième roman policier de Raymond Chandler qui avait déjà servi de base à The Falcon Takes Over, deux ans auparavant. Cette fois, l’idée est de rester très proche du roman et de son univers. Edward Dmytryk y parvient merveilleusement. Tout d’abord, il prend soin à créer une atmosphère en soignant ses éclairages (1) et surtout il restitue ce sentiment de faire corps avec le détective : en plaçant tout le film dans un flashback et en faisant parler Marlowe en voix-off, il est ainsi très proche de l’esprit du roman qui est écrit à la première personne. Adieu, ma belle De plus, Dick Powell rend le détective très humain : il est notamment beaucoup plus fragile que ne le sera Bogart. L’histoire est bien entendu assez alambiquée, et si elle présente de petits points communs avec The Big Sleep et même The High Window (ses 1er et 3e romans), ce sont les thèmes récurrents des romans de Chandler. On remarquera les scènes hallucinogènes, fort bien rendues. Adieu, ma belle est aujourd’hui un peu dans l’ombre du Grand Sommeil de Hawks mais le film n’en est pas moins une superbe adaptation et mérite bien d’être classé parmi les meilleurs films noirs.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dick Powell, Claire Trevor, Anne Shirley, Otto Kruger, Mike Mazurki
Voir la fiche du film et la filmographie de Edward Dmytryk sur le site IMDB.

Remarques :
* Raymond Chandler a déclaré que Murder, My Sweet était la meilleure adaptation cinématographique d’un de ses romans et que Dick Powell était l’incarnation la plus fidèle de son détective Philip Marlowe.
* Le titre du roman de Chandler, Farewell, My Lovely, n’a pas été conservé par la RKO pour le film : le public américain pouvait penser avoir affaire à une comédie musicale, genre dans lequel Dick Powell s’était déjà illustré.
* Connu pour ses comédies, Dick Powell désirait changer de registre : RKO l’avait mis sous contrat pour qu’il tourne des comédies musicales et Dick Powell n’avait accepté que s’il avait la possibilité de d’avoir un rôle dramatique dans au moins un film.
* Murder, My Sweet est le premier film où apparaît le personnage Philip Marlowe (le personnage principal de la précédente adaptation du roman était The Falcon, justicier/enquêteur d’une série de films de la RKO).

Adaptation précédente :
The Falcon Takes Over d’Irving Reis (1942) avec Georges Sanders
Adaptation suivante :
Adieu, ma jolie (Farewell, My Lovely) de Dick Richards (1975) avec Robert Mitchum et Charlotte Rampling

(1) En matière d’éclairage, la scène où Marlowe voit son visiteur en reflet sur sa fenêtre est assez remarquable (à noter qu’Edward Dmytryk a obtenu l’effet en plaçant une vitre entre la caméra et la fenêtre afin d’avoir une tête suffisamment grande pour faire son effet). Tout aussi remarquable à mes yeux est cette scène où Claire Trevor éteint la lumière après avoir passé une robe de chambre : elle se retrouve alors plus éclairée qu’avant et pourtant cela paraît naturel (l’éclairage est alors très focalisé sur elle).

27 septembre 2013

French Cancan (1954) de Jean Renoir

French CancanParis, à la fin du XIXe siècle : Malgré ses revers de fortune, le directeur de cabaret Henri Danglard est constamment à la recherche de nouveaux talents. En voyant une jeune blanchisseuse, Nini, danser dans un café populaire, il a l’idée de monter un nouveau grand numéro basé sur une danse ancienne, le cancan… Pour son retour en France après 15 ans d’absence, Jean Renoir a voulu réaliser un film « dans un esprit très français ». Il renoue avec le Montmartre de son enfance avec cette histoire qui retrace la création du cabaret le Moulin Rouge. French Cancan Le projet était initialement destiné à Yves Allégret mais Renoir l’a entièrement réécrit. French Cancan fait l’apologie de la vie d’artiste, la prééminence de la création sur la richesse matérielle. Le scénario montre un très bel équilibre, sans excès de sentimentalisme ou de mélodrame, d’une belle sobriété. Tourné dans un Technicolor flamboyant, French Cancan est aussi une grande féérie de couleurs qui trouve son apothéose dans la scène finale, un cancan grandiose et étourdissant d’une dizaine de minutes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Françoise Arnoul, María Félix, Philippe Clay, Jean-Roger Caussimon, Giani Esposito
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site IMDB.

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Remarques :
* On remarque la présence du jeune Michel Piccoli (le capitaine Valorgueil), d’Edith Piaf, de Patachou, de Claude Berri (un jeune homme à l’inauguration) et de… France Roche (Béatrice).
* Anna Amendola, la chanteuse de La Complainte de la butte, est doublée par Cora Vaucaire.

26 septembre 2013

Mains armées (2012) de Pierre Jolivet

Mains arméesPour remonter un trafic d’armes volées par un gang serbe, un policier marseillais monte à Paris avec son équipe. Il profite de cette occasion pour essayer de revoir sa fille qui est à la brigade des stups parisienne… Ecrit par Pierre Jolivet et Simon Michaël, lui-même ancien policier, Mains armées tente de mêler intrigue policière et drame familial mais, hélas, sans parvenir à trouver un bon équilibre. La partie policière est assez confuse dans son déroulement et c’est donc le volet drame intimiste entre le père et la fille qui semble le plus réussi bien qu’il occupe moins de place. Solidement interprété par Roschdy Zem, le policier a un caractère bourru et renfermé très appuyé, de façon sans doute un peu excessive. Leïla Bekhti fait une belle interprétation tout comme Marc Lavoine, ici à contre emploi dans un rôle de personnage assez détestable. Malgré le rendu très réaliste de la partie policière, Mains armées ne parvient pas à convaincre pleinement.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Roschdy Zem, Leïla Bekhti, Marc Lavoine, Nicolas Marié, Marilyne Canto, Cyril Guei, Clémentine Poidatz
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25 septembre 2013

La Piscine (1969) de Jacques Deray

La piscineMarianne et Jean-Paul passent l’été dans une belle villa sur les hauteurs de Saint-Tropez. Ils ne sont pas enclins à sortir, préférant lézarder au bord de la piscine. Lorsqu’ils reçoivent la visite inopinée de leur ami Harry accompagné de sa fille Pénélope, Marianne les invite à rester plusieurs jours… Sur une histoire de Jean-Emmanuel Conil (Alain Page) adaptée par Jean-Claude Carrière, La Piscine est un huis clos en plein air qui réunit un couple mythique qui avait fait le bonheur de la presse populaire : Alain Delon et Romy Schneider (1). Ils sont beaux, jeunes et bronzés et Jacques Deray ne se prive pas d’exploiter au maximum la plastique des deux acteurs, les montrant longuement tels deux félins dans leurs jeux amoureux. Il faut reconnaître que ces deux « monstres sacrés » ont une formidable présence à l’écran et tiennent leur rôle avec magnificence. Outre l’attrait dû aux acteurs, le film est remarquable par la progression parfaitement maitrisée de son scénario qui glisse peu à peu vers la prévisible tragédie. On ne peut toutefois parler vraiment de suspense.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet, Jane Birkin
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Remarque :
Il faut également saluer la présence de Maurice Ronet, le film permettant de le voir à nouveau opposé à Alain Delon, neuf ans après le superbe Plein Soleil de René Clément.

(1) Romy Schneider et Alain Delon se sont fiancés en 1959 après s’être rencontrés sur le tournage de Christine. Le couple a été ensuite très largement suivi par la presse populaire jusqu’à leur séparation en 1964… Inutile de dire que cette même presse populaire s’en est donné à coeur joie pour laisser croire que le couple allait se reformer après le tournage de La Piscine.

24 septembre 2013

Starbuck (2011) de Ken Scott

StarbuckAlors qu’il va être père, un quarantenaire particulièrement inconséquent apprend qu’il est le géniteur de 533 enfants : une vingtaine d’années auparavant, sous le pseudonyme Starbuck, il avait donné à de très nombreuses reprises son sperme à une clinique afin d’avoir de l’argent de poche. Ces enfants se sont constitués en association et demandent que le nom de leur père leur soit révélé… Reprenant un thème qui a fait débat en Amérique du Nord (où il y a un vide juridique sur l’anonymat des donneurs qui peuvent être rémunérés), le québécois Ken Scott fait une comédie assez originale mais qui n’est pas hélas sans défaut. On peut regretter tout d’abord que les personnages soient si typés, à commencer par le personnage principal dont le coté adolescent attardé est vraiment très appuyé, et aussi qu’une si bonne idée de départ n’engendre qu’un développement conventionnel et gentillet, pétri de bons sentiments. S’il ne fait pas dans la subtilité, le film a toutefois quelques bons moments d’humour, notamment dans les dialogues de Starbuck avec son ami avocat. Le film a connu un très grand succès.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Huard, Julie LeBreton, Antoine Bertrand
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Remarques :
* Starbuck est le nom d’un taureau canadien champion de l’insémination artificielle.
* A la suite du grand succès du film, Starbuck va avoir un remake américain :
Delivery Man de Ken Scott avec Vince Vaughn (sortie prévue en novembre 2013).

23 septembre 2013

Smithy (1924) de George Jeske

Titre français parfois utilisé : « Un gars du bâtiment »

Smithy(muet, 24 minutes) Rendu à la vie civile, un ancien soldat se fait embaucher sur un chantier de construction… Après un prologue à l’armée où Stan Laurel et James Finlayson s’affrontent hélas un peu trop brièvement, Smithy se déroule essentiellement sur le chantier de construction d’une maison. Stan Laurel apparaît ici sans son futur partenaire Oliver Hardy puisque le duo ne se formera que deux ans plus tard. L’humour est dans une veine d’humour pur slapstick, on se prend des coups et des objets divers sur la tête. Il y a quelques bons gags avec une échelle et aussi dans la queue d’embauche. Stan Laurel est ici totalement impassible, rappelant ainsi quelque peu Buster Keaton. Production Hal Roach.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, James Finlayson
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Remarques :
Il est intéressant de comparer le film avec ce que feront Stan Laurel et Oliver Hardy quatre ans plus tard sur un thème très similaire : Laurel et Hardy constructeurs (The Finishing Touch, 1928) de Clyde Bruckman et Leo McCarey. Un film bien plus abouti.

22 septembre 2013

Faust (1926) de F.W. Murnau

Titre original : « Faust – Eine deutsche Volkssage »

FaustLe démon Méphistophélès se targue auprès de l’archange Gabriel de pouvoir corrompre l’esprit du vieux docteur Faust et l’asservir. Pour le prouver, il descend lui-même sur terre et va proposer à Faust de retrouver sa jeunesse… Le Faust de Murnau est l’adaptation la plus remarquable de cette légende créée par Goethe. C’est le dernier film allemand de Murnau (1), pour lequel il a bénéficié de moyens colossaux de la part de l’UFA qui désirait frapper un grand coup sur le marché américain. Le perfectionnisme du réalisateur se ressent à tous les niveaux. L’image est assez remarquable, avec de superbes scènes en clair-obscur et de très beaux effets de brumes qui créent une atmosphère forte. Les effets spéciaux montrent aussi une certaine perfection (pour l’époque, bien entendu) ; certaines scènes sont particulièrement saisissantes, telle celle où Méphistophélès étend sa grande cape noire sur la ville de Faust ; Faust la scène de vol (réalisée avec des maquettes) est, quant à elle, magique. L’histoire est un peu réduite, sans doute un peu trop centrée sur l’histoire d’amour entre Faust et Gretchen. On peut aussi regretter le jeu parfois excessif d’Emil Jannings (2) et se demander si le personnage de la tante était bien nécessaire (3). Mais cela n’altère en rien sa valeur : Faust est, par la puissance évocatrice de son atmosphère fantastique, l’un des films les plus importants du cinéma muet.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gösta Ekman, Emil Jannings, Camilla Horn, Wilhelm Dieterle, Yvette Guilbert
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Voir les autres films de F.W. Murnau chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Lorsque Wilhelm Dieterle (qui interprète ici le frère de Gretchen) émigrera aux Etats Unis en 1930, il prendra le nom de William Dieterle pour faire une belle carrière de réalisateur (voir les films de William Dieterle chroniqués sur ce blog).

(1) Murnau ira s’installer aux Etats Unis avant même la sortie du film.
(2) A noter que Emil Jannings avait déjà interprété le rôle de Méphistophélès au théâtre.
(3) Le personnage de la tante de Gretchen est interprété par l’actrice française Yvette Guilbert et son inclusion était surtout destinée au public français. L’UFA voulait vraiment faire de Faust un succès international.

Principales autres adaptations du mythe de Faust :
Faust et Marguerite de Georges Méliès (1897)
La Damnation du Docteur Faust de Georges Méliès (1904)
La beauté du diable de René Clair (1950) avec Gérard Philipe et Michel Simon
Doctor Faustus de Richard Burton et Nevill Coghill (1967) avec Richard Burton et Elizabeth Taylor
Faust d’Alexandre Sokurov (2011)

21 septembre 2013

Il était une fois en Anatolie (2011) de Nuri Bilge Ceylan

Titre original : « Bir zamanlar Anadolu’da »

Il était une fois en AnatolieAu centre de la Turquie, trois voitures cheminent dans la pénombre des steppes vallonnées, leurs phares brillant dans la nuit. A leur bord, une équipe de policiers, un procureur et un docteur tente de retrouver l’endroit où un criminel a enterré sa victime. Le suspect a en effet avoué mais ne se rappelle qu’assez mal de l’endroit… Il était une fois en Anatolie est un film assez étonnant car on se laisse gagner par son atmosphère qui semble hors du temps et les 2h30 du film passent rapidement. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose et le rythme pourra paraître lent mais, si le film nous capte, c’est par la profondeur de son propos. Cette profondeur est assez étonnante car il n’y a pas de grandes discussions philosophiques ici, les dialogues peuvent même paraître simples et pourtant on touche certains fondements de la nature humaine, certains questionnements ou autres doutes. Cela n’empêche pas l’humour, présent par petites touches, le plus souvent assez caustique. Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan dit s’être inspiré de Tchekhov pour écrire son film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Muhammet Uzuner, Yilmaz Erdogan, Taner Birsel
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Voir les autres films de Nuri Bilge Ceylan chroniqués sur ce blog…

Remarque :
L’Anatolie désigne la péninsule formée par la Turquie. Elle représente ainsi les 2/3 du pays. Par extension, le terme peut aussi désigner toute la partie asiatique de la Turquie, c’est-à-dire tout le pays à l’exception de la petite partie située sur le continent européen.

20 septembre 2013

La Vie privée de Sherlock Holmes (1970) de Billy Wilder

Titre original : « The Private Life of Sherlock Holmes »

La vie privée de Sherlock HolmesCinquante ans après la mort du Docteur Watson, certains de ses documents restés secrets sont dévoilés. Ils promettent de nous faire connaitre la vraie nature de Sherlock Holmes. Nous les suivons dans deux aventures… Face à l’échec commercial de ses deux derniers films (1) et au puritanisme de la critique américaine, Billy Wilder décide de tourner son film suivant en Europe. Avec La Vie privée de Sherlock Holmes, il s’attaque à un mythe très britannique. Toutefois, en grand amateur des écrits de Conan Doyle, il retourne le mythe de Sherlock Holmes mais ne le détruit pas. Certes, le détective est devenu prisonnier de son image publique par la popularité des récits du Docteur Watson, certes il est trop souvent dominé par les évènements, mais le personnage est suffisamment humain et humaniste pour rester attachant. Largement amputé par les studios (sur les quatre aventures, seules deux seront conservées dans la version commercialisée), le film n’en est pas moins remarquable, d’une mise en scène parfaite de simplicité et d’une réalisation sans faille. L’humour est toujours présent, souvent en petites touches, parfois plus truculent (comme cette scène où Watson se retrouve à danser avec des danseurs russes au lieu de danseuses !) Les parties coupées semblent hélas être perdues à jamais. On se prend à rêver qu’elles puissent être un jour retrouvées afin de voir, enfin, la version complète de La Vie privée de Sherlock Holmes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Stephens, Colin Blakely, Geneviève Page, Christopher Lee
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Remarques :
* La première aventure coupée prenait place dans un bateau qui ramenait Holmes et Watson d’Istanbul où ils avaient enquêté dans un harem. Fatigué, Holmes laissait Watson résoudre le cas de la mort étrange de jeunes mariés à sa place, Watson endossant l’habit de Holmes.
* La seconde aventure coupée concernait le cas étrange d’un chinois retrouvé mort dans une pièce où tous les meubles étaient cloués au plafond. Cette affaire était en réalité montée de toutes pièces par Watson pour tenter d’éloigner son ami de la drogue.
* Une scène coupée importante expliquait pourquoi Holmes était si mal à l’aise avec les femmes. Pendant dans la partie écossaise, un flashback nous montrait comment le jeune étudiant Holmes avait été écoeuré de voir que la fille dont il était secrètement amoureux avait accepté d’être l’enjeu d’une tombola.

(1) Embrasse-moi idiot (Kiss Me Stupid, 1964) et La grande combine (The Fortune Cookie, 1966)