27 avril 2015

New York Confidential (1955) de Russell Rouse

New York confidentielCharlie Lupo est à la tête de la branche new-yorkaise du syndicat du crime. Il fait venir le tueur Nick Magellan de Chicago pour une mission et, impressionné par sa classe et son efficacité, décide de la garder à ses côtés… Après qu’une commission d’enquête (Kefauver hearings, 1950-51) eut révélé à des millions de spectateurs médusés l’omniprésence de la Mafia dans tous les rouages de la société américaine, un certain nombre de films virent le jour sur ce sujet (1). New York Confidential est l’un des plus remarquables d’entre eux. Il est librement inspiré d’un best-seller du même nom signé Jack Lait et Lee Mortimer. Il nous montre le fonctionnement de l’organisation criminelle avec ses règles et ses processus de décision. Contrairement au cinéma des années trente, les hommes qui la dirigent ne sont pas montrés comme des caïds risque-tout mais comme des hommes d’affaires, qui ont un bureau, une secrétaire et même une famille qui cause des soucis. Mais le personnage central de New York Confidential n’est l’un de ces patrons du crime mais son bras droit remarquablement interprété par Richard Conte, stylé et séduisant en apparence mais implacable tueur quand il s’agit de régler les problèmes. Finalement, New York Confidential est un étonnant précurseur, vingt ans auparavant, du Parrain de Coppola.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Broderick Crawford, Richard Conte, Marilyn Maxwell, Anne Bancroft, Mike Mazurki
Voir la fiche du film et la filmographie de Russell Rouse sur le site IMDB.

New York Confidential
Richard Conte  est un tueur stylé dans New York confidentiel de Russell Rouse

New York Confidential
Broderick Crawford  est l’un des chefs de la Mafia dans New York confidentiel de Russell Rouse, 20 ans avant Marlon Brando…

Remarque :
* Le terme « Mafia » n’est à aucun moment prononcé dans le film qui utilise le terme « Syndicat » ou « l’Organisation ».

(1) On pourrait citer The Captive City (1952) de Robert Wise, Hoodlum Empire (1952) de Joseph Kane ou encore The Turning Point (1952) de William Dieterle pour se limiter à ceux qui s’attachent à montrer le fonctionnement de la Mafia.
Il y en a beaucoup d’autres sur le thème du crime organisé  qui est l’un des sujets principaux de la décennie des années cinquante : The Enforcer de Raoul Walsh (1951), The Mob de Robert Parrish (1951), The Racket de John Cromwell (1952), The Narrow Margin de Richard Fleisher (1952), The Big Combo de Joseph H. Lewis (1955), etc.

26 avril 2015

Pina (2011) de Wim Wenders

PinaLe décès prématuré de la chorégraphe Pina Bausch en 2009 a forcé Wim Wenders de réaliser seul le projet qu’ils avaient en commun depuis de nombreuses années. Pina est plus qu’un simple documentaire puisque Wenders a voulu expérimenter ce que pourrait être l’apport du relief à la danse au cinéma en filmant en 3D, allant parfois jusqu’au milieu des danseurs (avec même un peu de caméra subjective, vision à travers les yeux d’un danseur). Le film a été généralement très bien reçu mais il peut décevoir comme ce fut notre cas, perturbés par la proximité de la caméra et par ses mouvements qui donnent plus l’impression d’être devant sa télévision que d’assister à un spectacle. La fragmentation des scènes (il est impossible de voir une chorégraphie en entier) et l’absence de commentaire / présentation sont finalement assez frustrants. (Film vu en 2D)
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Wim Wenders sur le site IMDB.

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Pina

25 avril 2015

Le Sel de la Terre (2014) de Wim Wenders

Titre anglais : « The Salt of the Earth »

Le sel de la terreNombreuses sont les photographies de Sebastião Salgado qui restent ancrées à jamais dans notre esprit une fois que nous les avons vues. Comment oublier par exemple ces masses humaines grouillantes d’une mine d’or au Brésil, images qui nous renvoient au plus profond de l’histoire de l’Humanité ? Ces photographies, qui l’ont fait connaître dans les années soixante-dix, ouvrent tout naturellement ce film documentaire de Wim Wenders sur ce photographe qui n’a cessé de parcourir les cinq continents ces quarante dernières années. Il est allé là où personne ne voulait aller et rapporté des images bouleversantes, dérangeantes, de la sécheresse au Sahel ou des massacres du Rwanda. Il nous a aussi offert des images superbes de notre planète comme celles de son dernier projet Genesis (le livre est superbe, soit-dit en passant). Wim Wenders a choisi un format très sobre, laissant Sebastião Salgado raconter et commenter lui-même ses photographies, choix judicieux car le récit du photographe est très fort, suscite en nous beaucoup d’émotions diverses. Juliano Salgado, le fils, a co-réalisé Le sel de la terre que le photographe décrit comme sa « lettre d’amour à la planète ».
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

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Sebastião Salgado

Sebastião Salgado

Sebastião Salgado
Sebastião Salgado

24 avril 2015

Livres : nouvelles parutions (24 avril 2015)

Livres sur le cinéma – Les sorties de la semaine :


Ingrid Bergman: Le feu sous la glaceTITRE : Ingrid Bergman
… Le feu sous la glace
AUTEUR : Marine Baron
EDITEUR : Les Belles Lettres
SORTIE : 23 avril 2015
SUJET : Acteur > Ingrid Bergman

La vie d’Ingrid Bergman est romanesque; à l’instar des personnages qu’elle a interprétés dans ses films, elle est devenue une héroïne de fiction, fascinant les médias du monde entier…


Je vais encore me faire des amis !TITRE : Je vais encore me faire des amis !
AUTEUR : Jean-Pierre Mocky
EDITEUR : Le Cherche Midi
SORTIE : 23 avril 2015
SUJET : Réalisateur > Jean-Pierre Mocky
Jean-Pierre Mocky n’est pas seulement une légende du cinéma français : inclassable et rebelle, il ressemble aux personnages de ses films…


CinémaTITRE : Cinéma
AUTEUR : Ernst Haas
EDITEUR : Gerhagerrd Steidl
SORTIE : 17 avril 2015
SUJET : Les Films > Photos de tournage
Présentation des photographies de plateau d’Ernst Haas qui travailla avec des metteurs en scène comme Vittorio de Sica, John Houston, Gene Kelly, Michael Cimino, etc., en couvrant différents genres (le suspense, le western, la comédie musicale, etc.).


L'assassinat de Marilyn MonroeTITRE : L’assassinat de Marilyn Monroe
AUTEUR : Jay Margolis et Richard Buskin
EDITEUR : L’Archipel
SORTIE : 22 avril 2015
SUJET : Acteur > Marilyn Monroe
Comment Marilyn Monroe est-elle morte ? Alors qu’aucune trace de médicaments n’a été trouvée dans son estomac pendant l’autopsie, l’enquête a toujours affirmé qu’elle avait ingéré soixante-quatre somnifères, tentant ainsi de démontrer son suicide…


L'Annuel du cinéma 2015:Tous les films 2014TITRE : L’Annuel du cinéma 2015
… Tous les films 2014
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Fiches du Cinéma
SORTIE : 21 avril 2015
SUJET : Les Films > Annuel du cinéma
L’intégralité des films sortis en France en 2014…


Le Portrait de Dorian Gray de Albert LewinTITRE : Le Portrait de Dorian Gray de Albert Lewin
AUTEUR : Philippe Dubois
EDITEUR : Yellow Now
SORTIE : 23 avril 2015
SUJET : Un Film > Le Portrait de Dorian Gray
Le Portrait de Dorian Gray (1945) est le deuxième des six films réalisés par Albert Lewin. C’est l’adaptation la plus connue et la plus réussie du roman d’Oscar Wilde et un exemple exacerbé de la mise en scène hollywoodienne classique…


Lumière d'été de Jean GremillonTITRE : Lumière d’été de Jean Gremillon
AUTEUR : Philippe Roger
EDITEUR : Yellow Now
SORTIE : 23 avril 2015
SUJET : Un Film > Lumière d’été
Dans Lumière d’été (1943), Jean Grémillon livre les clefs de sa poétique la plus secrète. Cinéaste du mystère ontologique, Grémillon s’est rarement confié avec autant de clarté que dans cette oeuvre atypique…


Star Wars Rebels, l'encyclopédie:Personnages, armes, véhiculesTITRE : Star Wars Rebels, l’encyclopédie
… Personnages, armes, véhicules
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Hachette
SORTIE : 22 avril 2015
SUJET : Genre > Série TV
Le guide indispensable de la série Star Wars Rebels. De nombreuses informations sur les personnages, les armes, les vaisseaux, et les lieux clés de la série.

23 avril 2015

Le Récif de corail (1939) de Maurice Gleize

Le récif de corailA Brisbane, en Australie, Trott Lennard tue malgré lui un individu louche. Forcé de fuir, il s’embarque sur un cargo qui fait du trafic d’armes. Le capitaine accepte de le prendre en contrepartie d’un service à lui rendre, sans préciser exactement de quoi il s’agit… Il est bien entendu tentant de considérer Le récif de corail dans la lignée de Quai des Brumes : nous retrouvons le couple formé par Michèle Morgan et Jean Gabin, ils interprètent de nouveau deux personnages en marge de la société. Le Récif de corail ne peut que pâlir de la comparaison car le film n’a pas la même superbe mais pourtant il ne manque pas de qualités. Longtemps considéré comme perdu, le film a été miraculeusement retrouvé en 2002 à la Cinémathèque de Belgrade. L’histoire est assez surprenante dans son déroulement, avec des rebondissements franchement inattendus (lorsque l’on prend soin de ne pas lire de résumé avant de voir le film) même si l’ensemble peut paraître guère crédible. La réalisation de Maurice Gleize est parfaite avec de beaux mouvements de caméra et surtout la très belle photographie de Jules Kruger (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Michèle Morgan, Saturnin Fabre, Pierre Renoir
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Gleize sur le site IMDB.

Le Récif de Corail
Michèle Morgan et Jean Gabin dans Le Récif de corail de Maurice Gleize

(1) Jules Kruger a été directeur de la photographie pour Abel Gance (Napoléon, La Fin du monde), Marcel L’Herbier (L’Argent, La Bandera, …), Julien Duvivier (Pépé Le Moko, La Belle Equipe, …) et beaucoup d’autres. C’est l’un des grands directeurs de la photographie français des années trente.

22 avril 2015

Livre : Cinéma, mode d’emploi

De Jean-Louis Comolli et Vincent Sorrel – Editions Verdier 2015 – 448 pages – 28 €

Cinéma, mode d'emploiBeaucoup d’amateurs de cinéma connaissent Jean-Louis Comolli, que ce soit en tant qu’ancien collaborateur et rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, ou en tant que réalisateur de films, documentaires essentiellement. Avec Vincent Sorrel, il nous propose ici une réflexion sur le cinéma à l’heure où il est dans une phase d’évolution accélérée, que ce soit sous l’effet de la technique qui passe de l’argentique au numérique (c’est le sous-titre du livre), ou sous celui du monde qui l’entoure, saturé d’images.

Cinéma, Mode d’emploi prend la forme d’un dictionnaire de quelque 200 entrées. L’approche théorique s’assoit sur des fondements très techniques qui maintiennent le lien : « Les pratiques changent moins vite que les lexiques. Il y a toujours du cadre, des durées de plan, des axes et des distances. Il y a toujours des machines et des corps. » Les deux auteurs étant tous deux réalisateurs de films documentaire, l’approche privilégie inévitablement le cinéma documentaire mais la plupart des réflexions et analyses s’appliquent au cinéma dans son ensemble. Ils ont voulu que cet abécédaire s’adresse en premier à « celles et ceux qui filment aujourd’hui, professionnels et amateurs, occasionnels et réguliers, comme à celles et ceux qui réfléchissent au cinéma – de sa fabrication à sa diffusion. »

Voir la fiche du livre sur Livres-cinema.info
Le livre sur le site de l’éditeur

21 avril 2015

Témoin à charge (1957) de Billy Wilder

Titre original : « Witness for the Prosecution »

Témoin à chargeA Londres, Sir Wilfred est un brillant avocat qui vient d’échapper à une grave crise cardiaque. Ses médecins lui déconseillent désormais les grandes affaires criminelles. Pourtant, il va accepter de défendre un homme accusé d’avoir tué une riche veuve… Incontestablement à classer parmi les tous meilleurs films de procès, Témoin à charge est adapté du roman homonyme d’Agatha Christie. Le film est particulièrement brillant par son mélange de gravité et de légèreté et par son interprétation hors-pair. Charles Laughton montre là son immense talent, sans jamais forcer le trait, simplement en donnant de l’intensité à chacune des scènes où il apparaît. De façon amusante, le flashback berlinois est un clin d’oeil très appuyé à La Scandaleuse de Berlin (1) où Marlene Dietrich tenait le même rôle. Le déroulement du scénario est habile et nous maintient en constante attention. Témoin à charge plut beaucoup à Agatha Christie qui déclara à sa sortie qu’il s’agissait de la meilleure adaptation d’un de ses romans au cinéma.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Tyrone Power, Marlene Dietrich, Charles Laughton, Elsa Lanchester, John Williams
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site IMDB.

Voir les autres films de Billy Wilder chroniqués sur ce blog…

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Témoin à Charge de Billy Wilder
Charles Laughton est magistral dans Témoin à charge de Billy Wilder
(à l’arrière-plan : John Williams)

Marlene Dietrich dans Témoin à Charge de Billy Wilder
Marlene Dietrich dans Témoin à charge de Billy Wilder

Remarques :
* Elsa Lanchester, qui interprète ici l’infirmière personnelle de l’avocat, était dans la vraie vie la femme de Charles Laughton (de 1929 jusqu’à sa mort en 1962)
* Témoin à charge est le dernier film de Tyrone Power. L’acteur décèdera d’une crise cardiaque l’année suivante à l’âge de 44 ans.
* Si le twist final est aujourd’hui une figure obligée des films policiers et des thrillers, cela l’était moins dans les années cinquante et les studios ont tout fait pour le garder secret : les équipes de tournage et même les acteurs ont travaillé avec des scénarios auxquels manquaient les dix dernières pages. Au moment de tourner la fin, toute l’équipe a dû signer un engagement de non-divulgation. Même la Famille Royale aurait signé un tel document lors d’une projection privée en avant-première.

(1) La Scandaleuse de Berlin de Billy Wilder (1948) avec Marlene Dietrich et Jean Arthur.

20 avril 2015

Le Baron de Crac (1962) de Karel Zeman

Titre original : « Baron Prásil »

Le baron de cracA sa grande surprise, le cosmonaute Tonik rencontre à son arrivée sur la Lune ses illustres prédécesseurs : Impey Barbicane (le personnage de Jules Verne), Cyrano de Bergerac et surtout Le baron de crac (alias Baron de Münchhausen) qui le prend pour un authentique sélénite et décide de l’emmener sur Terre pour lui faire découvrir les merveilles de la civilisation. Ils arrivent à Constantinople où ils délivrent la princesse Bianca retenue prisonnière par le sultan… Karel Zeman est un réalisateur tchèque qui mêle acteurs réels à des décors dessinés ou peints et animés manuellement. Cette technique est parfaitement adaptée aux histoires du célèbre Baron, avec tous leurs éléments fantastiques, oniriques et poétiques. Le film reprend quelques épisodes fameux de ces récits qui, rappelons-le ont connu de multiples variations dans le temps depuis leur première publication à la fin du XVIIIe siècle sous la plume de Rudolf Erich Raspe. Cela donne au final un film totalement à part, aussi magique dans le premier sens du terme que pouvaient l’être les films de Méliès 50 ans auparavant, doté d’un bel humour et très inventif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Milos Kopecký, Rudolf Jelínek, Jana Brejchová
Voir la fiche du film et la filmographie de Karel Zeman sur le site IMDB.

Le Baron de Crac
Le Baron de Crac de Karel Zeman

Remarques :
* Le Baron de Münchhausen (1720-1793), capitaine de l’armée russe, a bien existé. Il fut surnommé Le Baron de Crac (« Baron du mensonge », de l’expression «raconter des craques») en raison des ses récits extraordinaires : il racontait avoir voyagé sur la Lune, chevauché un boulet de canon, dansé avec Vénus. La première publication de ses récits eut lieu de son vivant, en 1785.

* La technique utilisée par Karel Zeman évoque fortement celle qu’utilisera Terry Gilliam pour ses animations du Monty Python Flying Circus, à la fin des années soixante. Gilliam adaptera d’ailleurs, lui aussi, les aventures du Baron de Münchhausen mais en images réelles. Bien que la filiation soit soulignée par beaucoup, l’influence directe n’est pas évidente car, dans une interview, Terry Gilliam dit avoir découvert le film de Zeman dans les années 80, alors qu’il préparait sa propre adaptation de Münchhausen : « Je me rappelle avoir vu, alors que je préparais Baron Munchausen, un film de Karel Zeman dans le catalogue du British Film Institute. Je me suis dit « Wow, qu’est ce que c’est que ce truc ? » et, après avoir réussi à voir le film, « Wow, c’est génial », parce qu’il avait fait ce que j’ai toujours essayé de faire : combiner une action réelle avec des arrière-plans animés à la Gustave Doré. Le film exprimait parfaitement l’esprit du personnage ». (Terry Gilliam: Interviews, University Press of Mississippi, pp. 132–-133)

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)

19 avril 2015

La Clé de verre (1942) de Stuart Heisler

Titre original : « The Glass Key »

La clé de verreHomme politique trouble, Paul Madvig décide de soutenir la candidature à la mairie de Ralph Henry qui veut assainir la ville, rompant ainsi brutalement ses relations avec le patron de maisons de jeux Nick Varda. En réalité, Madvig s’est surtout entichée de la fille de Ralph Henry. Ed Beaumont, le bras droit de Madvig ne voit pas cela d’un bon oeil. Ses craintes se justifient lorsque le fils de Ralph Henry est retrouvé mort dans une ruelle… Comme Le Faucon Maltais, le roman le plus connu des cinéphiles de Dashiell Hammett, La Clé de verre a été porté plusieurs fois à l’écran en moins de dix ans : Frank Tuttle l’avait déjà adapté en 1935 dans une assez bonne version avec George Raft et Edward Arnold. Cette version de 1942 est assez fidèle au roman dans le déroulement de l’histoire, à ceci près qu’elle se concentre sur la relation entre Beaumont et la fille de Henry. Pour la Paramount, l’occasion était trop belle de réunir à nouveau Alan Ladd et Veronica Lake à l’écran, après l’énorme succès de Tueurs à gages quelques mois auparavant, et de jouer sur la tension sexuelle générée par le couple et sur une certaine aura de mystère autour de Veronica Lake. Par rapport au livre, les relations ambigües entre Beaumont et l’homme de main Jeff, fortement teintées d’homosexualité et de sadomasochisme, sont restées (assez bizarrement, du fait de la censure). Sur le fond, le film met le doigt sur la corruption des politiques qui sont aux ordres de la pègre. Au final, on peut donc considérer que cette version de La clé de verre restitue bien l’esprit assez subversif des romans de Dashiell Hammett.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Brian Donlevy, Veronica Lake, Alan Ladd, Richard Denning, Joseph Calleia, William Bendix
Voir la fiche du film et la filmographie de Stuart Heisler sur le site IMDB.

The Glass Key (1942)
Brian Donlevy, Alan Ladd et Veronica Lake dans La clé de verre de Stuart Heisler (photo publicitaire)

Remarque :
* Pendant le tournage, Alan Ladd s’est retrouvé réellement assommé par William Bendix à la suite d’une erreur dans le coup porté par ce dernier. Bendix s’est à tel point confondu en excuses que ce fut le début d’une profonde amitié entre les deux acteurs qui durera jusqu’à leur mort (la même année en 1964).

Autres adaptations :
The Glass Key de frank Tuttle (1935) avec George Raft, Claire Dodd et Edward Arnold
Miller’s crossing des frères Coen (1990) (inspirés de deux romans de Hammett : La Clé de verre et La Moisson rouge)

Veronica Lake
Veronica Lake dans La clé de verre de Stuart Heisler (photo publicitaire)

18 avril 2015

Le Petit Lord Fauntleroy (1936) de John Cromwell

Titre original : « Little Lord Fauntleroy »

Le petit Lord FauntleroyUn jeune garçon de Brooklyn apprend qu’il est l’unique héritier d’un comte anglais et qu’à la demande de ce dernier, son grand-père, il doit aller vivre en Angleterre dans le château familial afin de se préparer à prendre sa suite… Le petit Lord Fauntleroy est un conte pour enfants écrit par Frances Hodgson Burnett qui a été porté plusieurs fois à l’écran. C’est une gentille histoire écrite au départ pour redorer le blason de l’aristocratie victorienne anglaise et mettre en relief ses valeurs humaines profondes, quelquefois enfouies mais toujours présentes, de générosité et d’altruisme. Mary Pickford en avait fait un succès quinze ans auparavant et, pour sa première production en indépendant (1), le producteur David O. Selznick n’a pas pris de risque en choisissant John Cromwell pour le réaliser car il savait qu’il aurait un travail soigné. La réalisation est effectivement très classique mais de qualité. Le jeune Freddie Bartholomew, que Selznick avait découvert pour son David Copperfield l’année précédente, fait une belle prestation et on notera le petit rôle de Mickey Rooney. Le succès fut au rendez-vous mais cette version du Petit Lord Fauntleroy présente moins d’intérêt aujourd’hui où l’histoire nous apparaît bien mièvre.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Freddie Bartholomew, Dolores Costello, C. Aubrey Smith, Guy Kibbee, Mickey Rooney
Voir la fiche du film et la filmographie de John Cromwell sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Cromwell chroniqués sur ce blog…

(1) David O. Selznick venait de quitter la MGM pour fonder la Selznick International Pictures et avait signé un contrat de distribution avec United Artists.

Little Lord Fauntleroy 1936
C. Aubrey Smith, Freddie Bartholomew et Dolores Costello dans Le Petit Lord Fauntleroy de John Cromwell (1936)

Autres adaptations  :
Le petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fauntleroy) d’Alfred E. Green et Jack Pickford (1921) avec Mary Pickford
Le petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fauntleroy) de Jack Gold (1980) avec Rick Schroder et Alec Guinness