25 mars 2016

Le Bal (1983) de Ettore Scola

Titre original : Ballando ballando

Le BalUne salle de bal française de 1936 à 1980… Il faut reconnaître une certaine originalité à cette adaptation d’un spectacle du Théâtre du Campagnol : un lieu unique, aucune parole prononcée, un même groupe d’acteurs/danseurs (23) à différentes époques. Hélas, le résultat est loin d’être convaincant. Le premier problème est inhérent au fait de filmer un spectacle de danse : la caméra isole les personnages et casse la vision d’ensemble pour laquelle il est conçu. De plus, le jeu outrancier de certains acteurs (tics, mimiques) se justifie sur une scène mais pas face à une caméra où il devient excessif et oblitère toute capacité à émouvoir et même à peindre des sentiments. Le second problème est l’accumulation de stéréotypes sur les époques montrées et sur les comportements sociaux. Ettore Scola nous a habitués à autre chose qu’une observation sociologique si sommaire. Là encore, ce qui peut faire un spectacle de divertissement sur une scène, peut se révéler très pauvre une fois transposé à l’écran. Finalement, l’humour est encore ce qui fonctionne le mieux même si Scola a parfois la main lourde. On peut comprendre que le film ait surpris et même séduit à sa sortie (3 Césars!) mais, trente ans plus tard, il est plus difficile (à mes yeux du moins) de lui trouver de l’intérêt. Le Bal est en tous cas un film unique dans la filmographie du regretté Ettore Scola.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.

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Le Bal

24 mars 2016

Humoresque (1946) de Jean Negulesco

HumoresqueA New York, un concert du violoniste Paul Boray est annulé au dernier moment. Le violoniste est dévasté par une triste nouvelle qu’il vient d’apprendre. Il se remémore son parcours… Tiré d’une nouvelle de Fannie Hurst adaptée par Clifford Odets (membre majeur du Group Theatre), Humoresque est un superbe mélodrame où la musique tient une place de premier plan. Il s’agit d’une variation sur le thème de l’amour qui doit céder la place à une passion plus forte. En outre, comme beaucoup de films de cette époque, notamment de la Warner, il joue ostensiblement sur la fascination/répulsion pour Humoresque les milieux huppés de la haute société et sur le pouvoir (prétendument) potentiellement néfaste des arts. Le déroulement du scénario est parfait, avec plusieurs retournements de situation, et Negulesco a apporté beaucoup de soin dans la mise en scène avec des effets élaborés (comme, par exemple, la fameuse scène du miroir où, derrière Joan Crawford, on peut voir la pièce inversée) et des enchaînements très recherchés. Joan Crawford, ici dans l’un des ses meilleurs rôles, fait montre d’une extraordinaire présence à l’écran et son jeu intériorisé fait merveille. Humoresque fut un beau succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, John Garfield, Oscar Levant
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Remarques :
* John Garfield donne vraiment l’impression de jouer. L’illusion est parfaite. L’astuce a été de faire un grand trou dans son costume au niveau du coude par lequel un vrai violoniste passait son bras. Il y avait un violoniste de chaque côté, un pour le bras droit et un pour le bras gauche.
* Au niveau du son, c’est Isaac Stern qui joue et, lors des gros plans sur le violon sans le visage de John Garfield dans le champ, ce sont les mains d’Isaac Stern que l’on voit à l’écran.
* Oscar Levant est pianiste avant d’être acteur, ce qui explique que son jeu de mains soit si crédible. C’est même lui qui joue réellement certaines parties dont le Tristan de Wagner, le Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski et La Danse du sabre d’Aram Khatchatourian.
* Humoresques est un cycle de huit pièces pour piano d’Antonín Dvořák, la plus connue étant la 7e.

Humoresque
John Garfield, Oscar Levant et Joan Crawford  dans Humoresque de Jean Negulesco.

Ne pas confondre avec :
Humoresque de Frank Borzage (1920) avec Gaston Glass sur un scénario de Frances Marion, film qui n’a pas lien avec celui-ci même s’il s’agit également de l’histoire d’un violoniste.

23 mars 2016

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (2014) de Roy Andersson

Titre original : « En duva satt på en gren och funderade på tillvaron »

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existenceSi le film du suédois Roy Andersson est si déconcertant, ce n’est pas tant par la forme, qui est plutôt attirante par son originalité : il s’agit d’une succession de saynètes filmées en plans-séquence, en plan large et caméra fixe, de véritables tableaux vivants qui se succèdent sur un rythme contemplatif. Les couleurs sont plutôt froides, sombres, tristes. Les humains qui évoluent dans le cadre ont le teint blafard, paraissent déshumanisés, ils en deviennent parfois abstraits ou de simples objets. Jusque là, ça va… c’est sur le fond que ça se gâte car, hormis quelques scènes assez évidentes, il est très difficile de percevoir la signification de ces tableaux. L’ensemble est pour le moins abscons. Les références historiques sont très suédoises (le roi Charles XII, supposé homosexuel, la bataille de Poltava perdue contre la Russie, la neutralité de la Suède en 1943, etc.) Tout le reste est majoritairement obscur mais l’ensemble semble marqué par un mélange de mal-être et de culpabilisation, par le sentiment de n’être, à l’instar des deux vendeurs de farces-attrapes, qu’un pion aux buts pitoyables : « Le monde est horrible et j’en fais partie », telle semble être cette philosophie sur l’existence promise par le titre.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Holger Andersson, Nils Westblom
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Remarques :
* Toutes les scènes ont été tournées en studio, y compris la scène de l’affiche ci-dessus (l’une des rares scènes d’extérieur). Voir une vidéo de la construction du décor  …

* Il s’agit du troisième volet de la Trilogie des vivants :
1 – Chansons du deuxième étage (2000)
2 – Nous, les vivants (2007)
3 – Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (2014)

Un pigeon perché sur une branche
Le pigeon perché sur une branche est empaillé, autant dire qu’il a tout loisir de  philosopher sur l’existence…

Un pigeon perché sur une branche

 

20 mars 2016

Tom Jones (1963) de Tony Richardson

Titre français : « Tom Jones : de l’alcôve à la potence »

Tom Jones: de l'alcôve à la potenceDans la campagne de l’ouest de l’Angleterre du XVIIIe siècle, Tom Jones est un enfant trouvé qu’un noble propriétaire terrien a élevé comme son propre fils. Beau garçon, il a beaucoup de succès auprès des femmes et suscite la jalousie mais lui est amoureux de sa jolie voisine Sophie Western qui a les mêmes sentiments en retour. Hélas, l’absence de nobles origines est un obstacle à leur amour d’autant plus que des esprits malveillants cherchent à l’écarter… Le scénario est tiré de l’Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, célèbre roman d’Henry Fielding paru en 1749 et adapté par John Osborne, auteur de théâtre de premier plan. Le réalisateur Tony Richardson est surtout connu pour être l’un des fondateurs du Free Cinema qui occupa en Angleterre la même place que la Nouvelle Vague en France. La mordante satire sociale du roman a semble t-il été quelque peu adoucie mais l’écriture est assez brillante. L’ensemble est très vivant, soutenu par des dialogues relevés et des rebondissements permanents. La réalisation est assez riche, Richardson n’hésitant pas à prendre des libertés comme utiliser un hélicoptère pour certains plans (ce qui est rare pour les films « en costumes »). Certaines scènes sont vraiment étonnantes, comme cette partie de chasse immersive ou comme ces séquences accélérées, clins d’oeil au cinéma muet slapstick. Mais c’est surtout la truculence et la gaillardise qui rendent le film assez inhabituel dans la production du début des années soixante. La scène restée la plus célèbre du film est ainsi celle du repas dans la chambre de l’auberge où les deux amants se dévorent des yeux en avalant rôti et volailles, une scène très chargée sexuellement. Servi en outre par une interprétation de qualité jusque dans les plus petits rôles, Tom Jones est un film très cinématographique, toujours aussi plaisant à regarder. Ce fut un énorme succès, en Angleterre mais aussi et surtout aux Etats-Unis, à tel point qu’il reçu pas moins de quatre Oscars.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Albert Finney, Susannah York, Hugh Griffith, Edith Evans, Joan Greenwood, David Warner
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Remarques :
* Le chanteur Tom Jones (qui est d’origine galloise) a choisi son nom de scène après avoir vu ce film.
* L’acteur Hugh Griffith (qui joue le père de Sophie Western) a causé beaucoup de problèmes pendant le tournage : il était en permanence ivre (ce qui contribue, ceci dit, à rendre son personnage si particulier).

Tom Jones
Albert Finney et Susannah York dans Tom Jones: de l’alcôve à la potence de Tony Richardson.

19 mars 2016

Marguerite (2015) de Xavier Giannoli

MargueriteFrance, années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée et passionnée de musique, qui chante avec sérieux des airs d’opéra devant ses amis. Personne n’ose lui dire qu’elle chante atrocement faux et tout son entourage lui laisse croire qu’elle a beaucoup de talent. Les choses vont se compliquer lorsqu’elle se met en tête de donner un récital public… Pour écrire cette histoire abracadabrante, Xavier Giannoli s’est inspiré très librement d’un personnage réel, la soprano américaine Florence Foster Jenkins, qu’il modèle à sa guise pour faire un film plein de bons sentiments. Le scénario multiplie les effets faciles et fait montre de psychologie sommaire (la madame, elle chante faux parce qu’elle n’est pas aimée par son mari). Les passages où Marguerite chante sont *très* pénibles à écouter (on est censé trouver cela hilarant…) Le point positif dans tout cela est l’interprétation de Catherine Frot qui fait preuve de beaucoup de subtilité et de sensibilité. Elle rend Marguerite très humaine, suscite l’empathie et fait presque oublier le caractère totalement improbable de cette histoire. La photographie est travaillée avec une belle texture due à l’utilisation de lentilles des années cinquante.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret, Denis Mpunga, Sylvain Dieuaide
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Remarques :
*  Le très beau duo que l’on entend dans les premières minutes du film est Le Duo des fleurs extrait de l’opéra Lakmé de Léo Delibes.
* Un film anglais retraçant la vie de Florence Foster Jenkins est en préparation pour une sortie en mai 2016 : Florence Foster Jenkins de Stephen Frears avec Meryl Streep et Hugh Grant.

Marguerite
Catherine Frot dans Marguerite de Xavier Giannoli.

18 mars 2016

Allonsanfàn (1974) de Paolo Taviani et Vittorio Taviani

AllonsanfànAux premières heures de la Restauration en Italie (1816 environ), Fulvio, un aristocrate lombard tête pensante du groupe révolutionnaire Les Frères Sublimes, est relâché par la police. Désillusionné, il veut se ranger et retrouver l’affection de sa famille. Ses compagnons ne se rendent pas compte de ce changement et continuent de l’impliquer dans leurs actions… Avec Allonsanfàn, Les frères Taviani utilise l’Histoire pour traiter des sujets actuels (de 1975) : en cinéastes politiquement engagés, ils se désolent de constater le reflux d’après-68 et la perte des idéaux qui l’ont tendu et nous montrent une période similaire de l’Histoire. Pour leur démonstration, ils suivent deux lignes principales : celle d’un homme qui se replie sur lui-même et qui perd son rapport aux autres (que ce soit à ses anciens compagnons, aux femmes qu’il aime ou à ses proches) et celle de l’aveuglement d’un groupuscule/secte révolutionnaire enfermé dans ses schémas et ses rites un peu carnavalesques, incapable de réaliser la totale inefficacité ou inutilité de sa lutte. Le propos des Taviani est donc de mettre en évidence l’échec de ces deux attitudes pour remettre en valeur l’utopie comme moteur créatif de l’homme. Et au-delà de toute considération politique (car, 40 ans plus tard, les questions ne se posent plus dans les mêmes termes), c’est sur la question de l’utopie que le film revêt un aspect philosophique intéressant car l’utopie est, elle, toujours d’actualité, elle est même multiforme. Le film provoque ainsi des réflexions intéressantes. Sur la forme, Allonsanfàn a une esthétique assez travaillée bien qu’empreinte d’une certaine austérité, certaines scènes sont très belles. La musique d’Ennio Morricone est très présente, elle structure le film.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Lea Massari, Mimsy Farmer, Laura Betti, Claudio Cassinelli
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Remarque :
* Allonsanfàn est le prénom donné par l’un des membres de la secte à son fils, reprenant phonétiquement les premières syllabes de La Marseillaise.

Allonsanfan
Marcello Mastroianni dans Allonsanfàn de Paolo et Vittorio Taviani.

17 mars 2016

Cinéma muet à l’Institut Lumière à Lyon

Cinéma Muet à l'Institut Lumière de Lyon Du 19 au 23 mars 2016, l’Institut Lumière de Lyon rend hommage au cinéma muet :

– 5 films : L’Aurore (Murnau), Wings (Wellman), Regeneration (Walsh), Journal d’une fille perdue (Pabst) et le mythique Queen Kelly (Stroheim + Boleslawski/Goulding/Thalberg/Wood)
– 3 conférences de Martin Barnier (histoire du muet), Michel Ciment (les européens à Hollywood) et Emmanuelle Gaume (Alice Guy).

Bref, que des choses intéressantes qui me font regretter de ne pas être plus proche de Lyon…

Voir le programme en détail sur le site de l’Institut Lumière …

17 mars 2016

The King of New York (1990) de Abel Ferrara

Titre original : « King of New York »

The King of New YorkA peine sorti de prison, Frank White, gangster cynique aux allures de dandy, reprend ses activités criminelles. Il entreprend de liquider ses concurrents dans le trafic de drogue et s’attaque ainsi à la Mafia, aux colombiens et aux chinois… Sur un scénario de Nicholas St. John, Abel Ferrara a manifestement voulu faire de King of New York plus qu’un film classique sur le crime organisé. Il va ainsi explorer la frontière entre le bien et le mal : son gangster veut faire quelque chose de bien pour sa ville et considère qu’il n’a aucune éthique à avoir face à ses concurrents dans le trafic de drogue. De leur côté, les policiers qui le traquent, navrés de leur impuissance, n’hésitent pas à utiliser des moyens de mafieux pour tenter de l’éliminer. Cela permet-il à King of New York de dépasser le stade de la simple fascination pour la figure du gangster ? Sans doute pas. Surtout que le gangster en question est magnifiquement personnifié par Christopher Walken qui a une interprétation très riche, qui provoque de multiples sentiments chez le spectateur. Les personnages qui l’entourent sont tout en contraste avec lui, à commencer par un Laurence Fishburne halluciné à la démarche chaloupée. La photographie de Bojan Bazelli est assez travaillée et accentue la noirceur du propos.
Elle: 1 étoile
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Victor Argo
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Remarque :
* La production est très majoritairement italienne.

King of New York
Laurence Fishburne et Christopher Walken dans King of New York de Abel Ferrara.

16 mars 2016

Au fil du temps (1976) de Wim Wenders

Titre original : « Im Lauf der Zeit »

Au fil du tempsRéparateur de projecteurs de cinéma, Bruno sillonne la région frontalière entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est à bord de son camion dans lequel il vit. Il ne voit que des salles de cinéma en décrépitude. Il fait la rencontre de Robert, un intellectuel qui vient de quitter sa femme, alors qu’il tente de se suicider en voiture. Il le prend avec lui… Avec Au fil du temps, Wenders clôt sa trilogie sur le voyage commencée avec Alice dans les villes et Faux mouvement. Il est plus exact de parler d’errance que de voyage, puisque ces deux êtres sont en quête d’identité. Nous saurons peu de choses sur eux, ils ne parlent guère, ne font rien de spectaculaire, rien de « racontable ». Il s’établit entre eux une relation boiteuse, sans gaité, qui aura au moins le mérite de créer en eux le besoin de « changer » (mais on ne saura pas vers quoi). La forme est plus enthousiasmante que le fond avec notamment une superbe photographie. Wenders (qui rappelons-le est aussi photographe) a dit avoir été influencé par Walker Evans (1), probablement plus pour les personnages et les intérieurs. Les plaines d’Allemagne ressemblent aux grandes étendues désertiques de l’Ouest américain. Wenders montre là aussi sa fascination pour les Etats-Unis. L’ensemble est très lent, ce qui n’est pas forcément gênant, mais peut paraître un peu vide, ce qui l’est plus. J’avais auparavant beaucoup apprécié ce film. Au fil de temps serait-il un film générationnel ?
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Rüdiger Vogler, Hanns Zischler
Voir la fiche du film et la filmographie de Wim Wenders sur le site IMDB.

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(1) Walker Evans (1903 -) est un photographe américain, surtout connu pour ses clichés réalisés pour la FSA (Farm Security Administration) dans les années trente.

Au fil du temps
Hanns Zischler et Rüdiger Vogler dans Au fil du temps de Wim Wenders.

14 mars 2016

Femmes d’un été (1958) de Gianni Franciolini

Titre original : « Racconti d’estate »

Femmes d'un étéDans une station balnéaire huppée sur la côte italienne en plein été, nous suivons plusieurs personnages assez divers… Gianni Franciolini est un réalisateur italien assez peu connu qui a réalisé une petite vingtaine de films entre 1939 et 1959, notamment des comédies de moeurs. Femmes d’un été est l’avant-dernier d’entre eux. L’histoire est écrite par Alberto Moravia et parmi les scénaristes on remarque quelques grands noms comme Sergio Amidei et Rodolfo Sonego, ou encore René Barjavel. Le titre laisse penser à une comédie mais, s’il y a bien des notes d’humour avec quelques personnages secondaires, il s’agit plutôt d’une étude de moeurs avec des portraits très variés de femmes mais aussi d’hommes. Ce n’est pas un film à sketches, c’est plutôt ce que l’on appelle aujourd’hui un film choral puisque l’on saute d’un personnage à l’autre pour y revenir ensuite. Moravia a écrit un texte assez riche sur le thème de la séduction : tous ses personnages séduisent, volontairement ou involontairement, ou cherchent à séduire. Il nous en offre ainsi de multiples variations, depuis la séduction tapageuse d’une bimbo en quête d’un riche mari jusqu’à la séduction qui survient sans que l’on s’y attende, en passant par la séduction forcée, la séduction intéressée, la séduction naïve, etc. Le film est ainsi plus profond qu’il ne paraît, cette intensité se manifestant de façon évidente lorsque que le couple Michèle Morgan / Marcello Mastroianni entre en scène à la moitié du film. Parfaitement écrit, Femmes d’un été mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Michèle Morgan, Marcello Mastroianni, Sylva Koscina, Gabriele Ferzetti, Dorian Gray, Franca Marzi
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Racconti d'estate
Dorian Gray dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Dany Carrel et Alberto Sordi dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Femmes d'un été
Sylva Koscina et Gabriele Ferzetti dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Michèle Morgan et Marcello Mastroianni dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.