30 juillet 2019

Au poste! (2018) de Quentin Dupieux

Au poste!Pour enquêter sur un meurtre inexpliqué, un commissaire interroge le principal et unique suspect : l’homme qui a trouvé le cadavre gisant sur le trottoir en pleine nuit. Le commissaire annonce lui-même la couleur : l’interrogatoire semble bien parti pour durer…
Le musicien et réalisateur français Marc Dupieux présente Au Poste! comme étant son « premier vrai film français » (certains de ses films précédents ont en effet été réalisés aux Etats-Unis ou au Canada). Il en a écrit le scénario qui est, une nouvelle fois, basé sur un florilège d’humour absurde. Il y a de bons moments, un passage horrible dont personnellement je me serais passé (avec l’équerre) mais l’ensemble est vraiment amusant. Marc Dupieux parvient à éviter de tourner en rond mais visiblement ne savait pas bien comment terminer : après une pirouette que l’on peut voir comme un hommage à Buñuel, il se laisse aller et finit un peu n’importe comment. Bonne prestation des acteurs principaux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Benoît Poelvoorde, Grégoire Ludig, Marc Fraize, Anaïs Demoustier
Voir la fiche du film et la filmographie de Quentin Dupieux sur le site IMDB.

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Au poste!Grégoire Ludig et Benoît Poelvoorde dans Au poste! de Quentin Dupieux.

28 juillet 2019

Et tournent les chevaux de bois (1947) de Robert Montgomery

Titre original : « Ride the Pink Horse »

Et tournent les chevaux de boisLucky Gagin arrive par bus dans la petite ville rurale de San Pablo au Nouveau Mexique. Avec un pistolet en poche, il se met aussitôt en quête de l’hôtel La Fonda. En route, assez étrangement, une jeune fille semble le connaitre ; elle entreprend de le guider et lui remet un fétiche porte-bonheur laissant entendre qu’il pourrait en avoir besoin…
De Robert Montgomery réalisateur, La Dame du Lac est bien connu des cinéphiles pour avoir été filmé en caméra subjective. Beaucoup moins cité, ce Ride the Pink Horse ne répète pas cette prouesse technique mais mérite tout autant notre attention, même plus encore. Basé sur un roman de Dorothy B. Hughes, adapté par Ben Hecht et Charles Lederer, ce film noir n’a rien de classique : son atmosphère est particulière, semblant tirer vers l’onirisme, jouant sur le décalage entre le monde très pauvre de cette petite ville avec le monde de toute évidence urbain du personnage principal qui se trouve ainsi très désorienté. Il se trouve presque en terre étrangère, sentiment accru par les origines mexicaines ou indiennes de la plupart des habitants. L’interprétation est excellente, tous les seconds rôles sont à la fois bien définis et bien tenus. La jeune Wanda Hendrix, qui ressemble étrangement à Gene Tierney, est particulièrement remarquable. Ride the Pink Horse est un film à petit budget ; il aurait probablement gagné à avoir des décors et des éclairages plus travaillés. Le film connut un succès honorable à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Montgomery, Thomas Gomez, Wanda Hendrix, Andrea King, Art Smith, Fred Clark
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Et tournent les chevaux de boisRobert Montgomery, Art Smith et Wanda Hendrix  dans Et tournent les chevaux de bois de Robert Montgomery.

 

Remarques :
* Le critique André Bazin a loué la fraîcheur et la poésie de ce film, ce terme « poésie » ayant été ultérieurement repris par tous les critiques. A mes yeux, ce n’est pas ce terme qui décrit le mieux l’atmosphère particulière du film. En réalité, tout est décalage. Et si beaucoup des ingrédients classiques du film noir sont présents, ils ne sont pas utilisés de façon orthodoxe, nous laissant ainsi aussi désorienté que le personnage principal.

* Wanda Hendrix, ici âgée de 19ans, n’a pas fait une grande carrière d’actrice par la suite et en a été très déprimée, au point de se consoler dans l’alcool. Son bref mariage raté avec Audie Murphy (acteur qui fut le soldat américain le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale) l’a certainement pénalisée dans sa carrière.

* Remake :
Le prix d’un meurtre (The Hanged Man) de Don Siegel (TV, 1964) avec Edmond O’Brien et Vera Miles

Et tournent les chevaux de boisRobert Montgomery et Martin Garralaga dans Et tournent les chevaux de bois de Robert Montgomery.

Et tournent les chevaux de boisRobert Montgomery, Andrea King et Wanda Hendrix dans Et tournent les chevaux de bois de Robert Montgomery.

27 juillet 2019

Avengers: Infinity War (2018) de Anthony Russo et Joe Russo

Avengers: Infinity WarLe redoutable Thanos cherche à recueillir les six Pierres d’Infinité afin d’utiliser leur puissance pour détruire la moitié de la population de l’Univers et rétablir ainsi un certain équilibre. Tous les super-héros vont devoir s’allier pour contrecarrer ses plans…
Avengers: Infinity War est le dix-neuvième long métrage issu de l’univers Marvel. Il est certainement préférable de bien connaitre tous les super-héros pour bien l’apprécier. Comme ce n’est pas vraiment mon cas, l’histoire m’est apparue assez confuse avec une débauche d’effets spéciaux. C’est une suite presque ininterrompue de combats titanesques. Le personnage du méchant a été particulièrement travaillé en lui donnant une certaine humanité avec des fragilités, le but avoué étant de créer un personnage réutilisable de la trempe d’un Dark Vador. Le budget de cette production Walt Disney a dépassé les 300 millions de dollars, plaçant le film parmi les plus chers de tous les temps. Il en a rapporté six fois plus car le succès fut immense.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert Downey Jr., Chris Hemsworth, Mark Ruffalo, Chris Evans, Scarlett Johansson, Don Cheadle, Benedict Cumberbatch, Tom Holland, Josh Brolin
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Avengers: Infinity WarJosh Brolin, le gros méchant de Avengers: Infinity War de Anthony Russo et Joe Russo.

26 juillet 2019

Tully (2018) de Jason Reitman

TullyMarlo est sur le point d’avoir son troisième enfant. Elle est épuisée, autant physiquement que psychologiquement. Son frère lui propose de lui offrir, comme cadeau de naissance, une nounou de nuit (= une personne qui arrive à 22 heures et s’occupe du bébé jusqu’au petit matin). D’abord réticente, elle finit par accepter. Du jour au lendemain, sa vie va changer avec l’arrivée de Tully…
La scénariste Diablo Cody dit avoir elle-même engagé une nounou de nuit pour son troisième enfant ce qui lui a donné l’idée de départ de Tully. Il s’agit d’un portrait de femme à l’approche de la quarantaine qui, selon la formule consacrée, a besoin de mettre de l’ordre dans sa vie : son mari, bien que très gentil, étant inefficient sur ce plan, c’est l’arrivée d’une tierce personne qui va lui permettre de retrouver ce goût de vivre qu’elle pense avoir perdu. Charlize Theron a pris 18 kilos pour les besoins du rôle, elle porte des vêtements usés et informes qui rendent encore plus visible son épuisement. Tout est fait pour que l’on puisse se reconnaitre dans ce personnage qui n’est nullement idéalisé. Tully est aussi une comédie, il y a beaucoup d’humour dans les dialogues. Si le propos semble tourner en rond après un certain temps, la fin inattendue lui donne un sens nouveau (attention à ne pas trop lire sur le film avant de le visionner).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston
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TullyCharlize Theron et Ron Livingston dans Tully de Jason Reitman.

TullyMackenzie Davis est une sorte de Mary Poppins dans Tully de Jason Reitman.

25 juillet 2019

Sa Majesté des Mouches (1963) de Peter Brook

Titre original : « Lord of the Flies »

Sa majesté des mouchesLors d’un conflit atomique mondial, un groupe d’écoliers britanniques de la haute société est mis dans un avion pour aller se réfugier en Australie. L’avion s’écrase sur une île déserte. Seuls rescapés, une quinzaine d’enfants vont tenter de s’organiser pour survivre…
Lord of the Flies est au départ un roman de William Golding édité en 1954, devenu un classique de la littérature anglaise, tout en suscitant souvent la controverse. L’auteur y explore l’opposition entre l’influence civilisatrice de la raison et la barbarie instinctive de l’homme. Chacun des enfants principaux a un caractère propre : Ralph symbolise la raison et la République, Piggy le savoir et la connaissance, Jack le pouvoir guerrier, etc. Le roman a été porté au grand écran par deux fois mais cette version du très grand metteur en scène de théâtre qu’est Peter Brook est de loin la plus importante des deux. Beaucoup a été improvisé : plus de 60 heures de film avec les enfants ont été tournées pour ne garder que 90 minutes. Le propos de Lord of the Flies est philosophiquement assez fort, on retrouve l’éternelle opposition entre Hobbes et Rousseau, et cette force est bien présente dans le film de Peter Brook.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Aubrey, Tom Chapin, Hugh Edwards, Nicholas Hammond
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Sa majesté des mouchesJames Aubrey dans Sa majesté des mouches de Peter Brook.

Remarques :
* Contrairement au roman, le film n’explique pas le titre même si l’on voit fugitivement la tête de porc attirant les mouches. A noter que « Lord of the Flies » est aussi une traduction possible du mot « Belzébuth ».

* De tous les enfants, seuls James Aubrey (qui interprète Ralph, celui qui est élu chef) et Nicholas Hammond (Robert) ont eu ensuite une carrière d’acteur.

* Le tournage s’est déroulé pendant les vacances scolaires des enfants. Le film ayant été classé X par le British Board of Film Censors, les enfants qui ont joué n’ont pu voir le film à sa sortie.

* Peter Brook a utilisé deux caméras : tandis qu’il soignait ses cadrages sur la première, Gerald Feil avait toute liberté pour filmer ce qu’il désirait avec la seconde. Peter Brook a déclaré avoir largement utilisé des plans de cette seconde caméra au montage.

* Autre adaptation :
L’Île oubliée (Lord of the Flies) par l’anglais Harry Hook (1990)

24 juillet 2019

Le Lieu du crime (1986) de André Téchiné

Le Lieu du crimeDans un petit village du Sud-Ouest de la France, Thomas est un adolescent très renfermé. Il vit avec sa mère, Lili, qu’il aime plus que tout, et ses grands-parents. Un jour, Thomas rencontre Martin, jeune homme apparemment traqué, qui lui demande de lui rapporter de l’argent…
Le scénario de Le Lieu du crime a été écrit par Pascal Bonitzer, Olivier Assayas et André Téchiné. Il y a dans ce scénario presque deux histoires juxtaposées. L’adolescent est d’abord au centre du récit. Il est présenté comme un garçon très complexe et, il faut bien l’avouer, un peu antipathique. Il est issu d’une situation de rupture(s). Vient ensuite une histoire d’amour fou, assez improbable (mais n’est-ce pas le lot de toutes les histoires d’amour fou ?) qui tourne en mélodrame appuyé bien peu convaincant. La plupart des acteurs déçoivent, plus ternes qu’à l’accoutumée. Malgré toute la délicatesse dont fait preuve André Téchiné, cette histoire nous a, hélas, laissés plutôt indifférents.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Danielle Darrieux, Victor Lanoux, Wadeck Stanczak, Nicolas Giraudi, Claire Nebout
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Le Lieu du crimeCatherine Deneuve et Nicolas Giraudi dans Le Lieu du crime de André Téchiné.

23 juillet 2019

Dans la brume (2018) de Daniel Roby

Dans la brumeDans un futur très proche, Mathieu et Anna ont installé une bulle géante stérile dans leur appartement parisien pour leur fille, atteinte d’une maladie génétique. Soudain un tremblement de terre secoue l’immeuble et l’électricité se coupe. Quelques minutes plus tard, une brume toxique sort des bouches de métro et envahit rues et habitations…
Le franco-québécois Dans la brume est un film catastrophe, genre peu exploré par le cinéma français. La mise en place est excellente, elle nous intrigue et met tous nos sens en éveil. Hélas, notre intérêt s’émousse par la suite car nous restons focalisés sur les simples problèmes de ce couple et le scénario ne fait pas évoluer la situation globale qu’il a créée. Par ailleurs, la vraisemblance ne semble pas avoir été un impératif, la fin (presque un gag) en est le meilleur exemple. La réalisation du québécois Daniel Roby est de bonne facture et Romain Duris fait une belle prestation, assez physique. Les (rares) images de Paris embrumé vues de haut sont assez belles. Dommage que l’ensemble soit plutôt ennuyeux. Le film a été un échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Romain Duris, Olga Kurylenko, Fantine Harduin, Michel Robin
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Dans la brumeRomain Duris, Olga Kurylenko, Michel Robin et Anna Gaylor dans Dans la brume de Daniel Roby.

Homonyme (sans autre lien que le titre) :
Dans la brume (V tumane), film russe écrit et réalisé par Sergei Loznitsa (2012).

22 juillet 2019

J’embrasse pas (1991) de André Téchiné

J'embrasse pasPierre quitte son Sud-ouest natal pour aller à Paris avec pour tout bagage un diplôme de brancardier, et le désir de devenir acteur. Rapidement, sa grande soif de liberté se heurte à la réalité qui se révèle être tout autre que celle qu’il avait imaginée…
Le scénario de J’embrasse pas est en partie inspiré de la vie du comédien Jacques Nolot qui a participé à l’écriture avec Michel Grisolia et André Téchiné. Il est un peu difficile d’éprouver de l’empathie envers le jeune homme tant il fait constamment des mauvais choix, avec une obstination presque irréelle. Pour mieux se protéger, il refuse toute sentimentalité ce qui l’éloigne encore un peu de nous. Manuel Blanc est très entier et assez brut dans son jeu. Philippe Noiret paraît bien sous-employé mais Emmanuelle Béart, coiffée à la Louise Brooks, fait une belle prestation en fragile prostituée.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Emmanuelle Béart, Manuel Blanc, Hélène Vincent, Roschdy Zem
Voir la fiche du film et la filmographie de André Téchiné sur le site IMDB.

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J'embrasse pasManuel Blanc et Emmanuelle Béart dans J’embrasse pas d’André Téchiné.

Remarques :
* Manuel Blanc fut récompensé par le César 1992 du Meilleur jeune espoir masculin mais la suite de sa carrière ne fut pas à la hauteur des promesses.

J'embrasse pasPhilippe Noiret et Manuel Blanc dans J’embrasse pas d’André Téchiné.

21 juillet 2019

Mes meilleurs copains (1989) de Jean-Marie Poiré

Mes meilleurs copainsCinq très bons amis, qui avaient formé un groupe de rock dans les années soixante dix, retrouvent leur chanteuse qui est devenue entre temps une rock-star québécoise. C’est l’occasion de se remémorer cette période de leurs vies et de faire le point, d’autant plus que l’un deux est en train d’écrire un roman fortement inspiré leurs parcours…
Coécrit par Christian Clavier et Jean-Marie Poiré, Mes meilleurs copains est une comédie douce amère sur les rêves de jeunesse. Malgré certains inévitables clichés, le climat et l’idéalisme des années soixante dix est restitué de façon amusante. Parler de « portrait d’une génération » est certainement excessif mais il y a un début de réflexion. Le manque de profondeur n’est qu’apparent. Les dialogues sont bien écrits ; l’humour n’est jamais trop appuyé et ne se forme jamais au détriment des personnages. Les acteurs se complètent bien, chacun a un jeu différent des autres. Jean-Pierre Darroussin se fit particulièrement remarquer dans son personnage d’adolescent attardé hyper-cool (« Y’a pas mort d’homme tout de même… ») Mes meilleurs copains est vraiment divertissant.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gérard Lanvin, Christian Clavier, Jean-Pierre Bacri, Philippe Khorsand, Louise Portal, Jean-Pierre Darroussin
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Marie Poiré sur le site IMDB.

 

Mes meilleurs copains(de g. à d.) Jean-Pierre Darroussin, Christian Clavier, Philippe Khorsand, Jean-Pierre Bacri, Gérard Lanvin et Louise Portal dans Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré (photo publicitaire).

20 juillet 2019

Il divo (2008) de Paolo Sorrentino

Titre original : « Il divo – La spettacolare vita di Giulio Andreotti »

Il divoRome, avril 1991. Le président du Conseil Giulio Andreotti forme son septième gouvernement. Mais il va devoir faire face à des défections dans son propre camp et rendre des comptes sur les nombreux soupçons qui pèsent sur lui, notamment sur ses liens supposés avec la Mafia…
Il divo (littéralement « le Divin ») est l’un des surnoms donnés à Giulio Andreotti, personnalité influente de la Démocratie chrétienne qui fut au centre de la vie politique italienne pendant quatre décennies. Paolo Sorrentino nous retrace les toutes dernières années de sa gouvernance avec une évidente envie de virtuosité : il use et abuse d’effets de cadrages, de montage et d’effets sonores qui ne semblent pas convenir au sujet et lassent très rapidement. Le rythme est très enlevé mais cela devient un problème : à moins d’être très au fait de la politique italienne, le spectateur est submergé sous un torrent d’informations. La consultation en catastrophe de la fiche Wikipédia sur Andreotti (une fiche au demeurant un peu chargée) n’a rien arrangé : il y a trop de noms et d’affaires à mémoriser, on est rapidement perdu. Il ne nous reste qu’à admirer la belle prestation de Toni Servillo, totalement impénétrable et renfermé sur lui-même, mais, là encore, sans connaitre l’homme politique, il est difficile de savoir si cette personnification est outrancière ou pas. Paolo Sorrentino n’enquête pas, il rapporte seulement mais il le fait de façon si satirique que son film ne peut être vu que comme une dénonciation de la corruption des hommes politiques. Malgré ses aspects tape-à-l’œil, le film a été plutôt louangé par la critique à sa sortie. Moins par le public…
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Toni Servillo, Flavio Bucci, Carlo Buccirosso, Giorgio Colangeli, Fanny Ardant
Voir la fiche du film et la filmographie de Paolo Sorrentino sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

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Il divo
Paolo Sorrentino (entre les deux drapeaux) règle la scène de la rencontre Andreotti-Gorbatchev. Toni Servillo (à gauche) sur le tournage de Il divo de Paolo Sorrentino.

Remarque :
Finalement, nous aurions dû lire le dossier de presse avant de voir le film car il donne des informations qu’il est préférable de connaitre auparavant. Je le reproduis donc ci-dessous (pris sur Allociné) :

« A Rome, à l’aube, quand tout le monde dort, il y a un homme qui ne dort pas. Cet homme s’appelle Giulio Andreotti. Il ne dort pas, car il doit travailler, écrire des livres, mener une vie mondaine et en dernière analyse, prier. Calme, sournois, impénétrable, Andreotti est le pouvoir en Italie depuis quatre décennies. Au début des années quatre-vingt-dix, sans arrogance et sans humilité, immobile et susurrant, ambigu et rassurant, il avance inexorablement vers son septième mandat de Président du Conseil.
A bientôt 70 ans, Andreotti est un gérontocrate qui, à l’instar de Dieu, ne craint personne et ne sait pas ce qu’est la crainte obséquieuse. Habitué comme il l’est à voir cette crainte peinte sur le visage de tous ses interlocuteurs. Sa satisfaction est froide et impalpable. Sa satisfaction, c’est le pouvoir. Avec lequel il vit en symbiose. Un pouvoir comme il l’aime, figé et immuable depuis toujours. Où tout, les batailles électorales, les attentats terroristes, les accusations infamantes, glisse sur lui au fil des ans sans laisser de trace.
Il reste insensible et égal à lui-même face à tout. Jusqu’à ce que le contre-pouvoir le plus fort de ce pays, la Mafia, décide de lui déclarer la guerre. Alors, les choses changent. Peut-être même aussi pour l’inoxydable et énigmatique Andreotti. Mais, et c’est là la question, les choses changent ou n’est-ce qu’une apparence ? Une chose est certaine : il est difficile d’égratigner Andreotti, l’homme qui mieux que nous tous, sait se mouvoir dans le monde. »