27 mai 2015

Quatre de l’espionnage (1936) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Secret Agent »

Quatre de l'espionnagePendant la Première Guerre mondiale, un officier britannique est envoyé en mission à Genève pour traquer un agent allemand. Il y est accompagné par un homme de main et découvre, à son arrivée, que les services secrets ont également envoyé une jeune femme qui doit passer pour être sa femme… Dans la période anglaise d’Alfred Hitchcock, Secret Agent (Quatre de l’espionnage) vient juste après le magnifique Les 39 marches. Il est hélas d’une qualité bien différente. Pour en écrire l’histoire, le cinéaste a choisi comme inspiration deux nouvelles de Somerset Maugham extraites de son recueil Ashenden et une pièce de Campbell Dixon également adaptée de ce recueil. Le résultat est une histoire un peu complexe mais bien développée avec de belles trouvailles (la chocolaterie, la longue-vue, etc.) et de beaux moments de tension. En revanche, et de l’aveu même du cinéaste, le personnage principal est problématique car il ne tient pas son rôle de héros : il est hésitant, réticent à remplir sa mission, « il doit tuer un homme et il ne veut pas le faire, c’est un but négatif et cela donne un film d’aventures qui n’avance pas, qui tourne à vide ». Il est vrai qu’il nous apparaît bien fade, d’autant plus que John Gielgud a un physique et un jeu sans éclat. Le choix de Robert Young, acteur marqué par ses rôles de comédie, n’est pas très heureux non plus. Le personnage le plus fort est indéniablement celui de l’acolyte homme de main, merveilleusement interprété par un Peter Lorre mielleux et équivoque à souhait.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Madeleine Carroll, Peter Lorre, John Gielgud, Robert Young
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alfred Hitchcock

Quatre de l'espionnage
John Gielgud, Madeleine Carroll et Peter Lorre  dans Quatre de l’espionnage d’Alfred Hitchcock (1936).

Remarques :
* Ne pas confondre :
Secret Agent (titre français : Quatre de l’espionnage) avec
Sabotage (titre français : Agent secret)
tous deux des films d’Alfred Hitchcock datés de 1936.

* Cameo : Hitchcock apparaît fugitivement à la 7e minute parmi les passagers qui descendent du bateau.

23 avril 2015

Le Récif de corail (1939) de Maurice Gleize

Le récif de corailA Brisbane, en Australie, Trott Lennard tue malgré lui un individu louche. Forcé de fuir, il s’embarque sur un cargo qui fait du trafic d’armes. Le capitaine accepte de le prendre en contrepartie d’un service à lui rendre, sans préciser exactement de quoi il s’agit… Il est bien entendu tentant de considérer Le récif de corail dans la lignée de Quai des Brumes : nous retrouvons le couple formé par Michèle Morgan et Jean Gabin, ils interprètent de nouveau deux personnages en marge de la société. Le Récif de corail ne peut que pâlir de la comparaison car le film n’a pas la même superbe mais pourtant il ne manque pas de qualités. Longtemps considéré comme perdu, le film a été miraculeusement retrouvé en 2002 à la Cinémathèque de Belgrade. L’histoire est assez surprenante dans son déroulement, avec des rebondissements franchement inattendus (lorsque l’on prend soin de ne pas lire de résumé avant de voir le film) même si l’ensemble peut paraître guère crédible. La réalisation de Maurice Gleize est parfaite avec de beaux mouvements de caméra et surtout la très belle photographie de Jules Kruger (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Michèle Morgan, Saturnin Fabre, Pierre Renoir
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Gleize sur le site IMDB.

Le Récif de Corail
Michèle Morgan et Jean Gabin dans Le Récif de corail de Maurice Gleize

(1) Jules Kruger a été directeur de la photographie pour Abel Gance (Napoléon, La Fin du monde), Marcel L’Herbier (L’Argent, La Bandera, …), Julien Duvivier (Pépé Le Moko, La Belle Equipe, …) et beaucoup d’autres. C’est l’un des grands directeurs de la photographie français des années trente.

18 avril 2015

Le Petit Lord Fauntleroy (1936) de John Cromwell

Titre original : « Little Lord Fauntleroy »

Le petit Lord FauntleroyUn jeune garçon de Brooklyn apprend qu’il est l’unique héritier d’un comte anglais et qu’à la demande de ce dernier, son grand-père, il doit aller vivre en Angleterre dans le château familial afin de se préparer à prendre sa suite… Le petit Lord Fauntleroy est un conte pour enfants écrit par Frances Hodgson Burnett qui a été porté plusieurs fois à l’écran. C’est une gentille histoire écrite au départ pour redorer le blason de l’aristocratie victorienne anglaise et mettre en relief ses valeurs humaines profondes, quelquefois enfouies mais toujours présentes, de générosité et d’altruisme. Mary Pickford en avait fait un succès quinze ans auparavant et, pour sa première production en indépendant (1), le producteur David O. Selznick n’a pas pris de risque en choisissant John Cromwell pour le réaliser car il savait qu’il aurait un travail soigné. La réalisation est effectivement très classique mais de qualité. Le jeune Freddie Bartholomew, que Selznick avait découvert pour son David Copperfield l’année précédente, fait une belle prestation et on notera le petit rôle de Mickey Rooney. Le succès fut au rendez-vous mais cette version du Petit Lord Fauntleroy présente moins d’intérêt aujourd’hui où l’histoire nous apparaît bien mièvre.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Freddie Bartholomew, Dolores Costello, C. Aubrey Smith, Guy Kibbee, Mickey Rooney
Voir la fiche du film et la filmographie de John Cromwell sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Cromwell chroniqués sur ce blog…

(1) David O. Selznick venait de quitter la MGM pour fonder la Selznick International Pictures et avait signé un contrat de distribution avec United Artists.

Little Lord Fauntleroy 1936
C. Aubrey Smith, Freddie Bartholomew et Dolores Costello dans Le Petit Lord Fauntleroy de John Cromwell (1936)

Autres adaptations  :
Le petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fauntleroy) d’Alfred E. Green et Jack Pickford (1921) avec Mary Pickford
Le petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fauntleroy) de Jack Gold (1980) avec Rick Schroder et Alec Guinness

8 avril 2015

Mississippi (1935) de A. Edward Sutherland

MississippiUn jeune homme du Nord (Bing Crosby), fiancé à la fille d’une famille du Sud, refuse de se battre en duel avec l’un des anciens prétendants de sa fiancée. Il est chassé de la famille et s’engage comme chanteur sur le bateau du pittoresque Commodore Jackson (W.C. Fields)… Mississippi est la version musicale d’une pièce de Booth Tarkington, Magnolia, déjà portée par deux fois à l’écran par la Paramount. Le film était conçu pour plaire, en joignant à une star montante, Bing Crosby, une bonne dose d’humour avec l’inénarrable W.C. Fields. Ce dernier est hélas moins débridé qu’à son habitude, il semble relégué ici à jouer les faire-valoir, le meilleur étant certainement dans une amusante partie de poker aux multiples as où il fait preuve d’une belle dextérité. Mississippi pourra ravir les amateurs de Bing Crosby, qui déploie beaucoup de charme dans les chansons qu’il interprète, mais les autres pourront être aussi déçus que je le fus…
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Bing Crosby, W.C. Fields, Joan Bennett
Voir la fiche du film et la filmographie de A. Edward Sutherland sur le site IMDB.

Voir les autres films de A. Edward Sutherland chroniqués sur ce blog…

Mississippi
Bing Crosby, Joan Bennett et W.C. Fields dans Mississippi d’Edward Sutherland

Remarques :
* Précédentes adaptations de la pièce Magnolia :
Le Capitaine Blake (The Fighting Coward) de James Cruze (1924) avec Mary Astor
River of Romance de Richard Wallace (1929) avec Charles Rodgers et Mary Brian

* Fred Kohler interprétait déjà le Capitaine Blackie dans la version de 1929.

* Wesley Ruggles a réalisé certaines scènes lorsque Edward Sutherland était absent.

* L’une des amies écolières de Joan Bennett est jouée par la jeune Ann Sheridan qui a même une ou deux lignes de texte.

29 mars 2015

À chaque aube je meurs (1939) de William Keighley

Titre original : « Each Dawn I Die »

À chaque aube je meursPour avoir accusé de corruption le procureur général, un journaliste (James Cagney) est condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis et envoyé en prison pour une longue peine. Là, il fait la connaissance d’un gangster (George Raft)… Tourné à la fin des années trente, Each Dawn I Die est un film quelque peu surprenant : plus qu’un « film de gangster », genre qui a marqué la décennie, il s’agit plutôt d’un film dénonçant l’univers carcéral et la façon dont il endurcit et radicalise les comportements. L’histoire n’est guère crédible sans que cela n’entame sa force, grâce notamment à la formidable présence à l’écran de James Cagney, et aussi de George Raft, la mise en scène de William Keighley n’ayant en revanche rien de remarquable. Grâce à ces deux acteurs, Each Dawn I Die est particulièrement convaincant.
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Cagney, George Raft, Jane Bryan, George Bancroft
Voir la fiche du film et la filmographie de William Keighley sur le site IMDB.

Voir les autres films de William Keighley chroniqués sur ce blog…

James Cagney et George Raft dans Each Dawn I Die
James Cagney et George Raft dans Each Dawn I Die de William Keighley

16 mars 2015

L’Adieu aux armes (1932) de Frank Borzage

Titre original : « A Farewell to Arms »

L'adieu aux armesPendant la Première Guerre mondiale, en Italie, un lieutenant-ambulancier rencontre une infirmière dans un hôpital. Ils tombent amoureux l’un de l’autre mais la guerre les sépare à nouveau… Dans sa version de 1932, L’Adieu aux armes est la première adaptation d’un roman d’Ernest Hemingway au cinéma (1). Pour Frank Borzage, c’est avant tout une histoire d’amour et Hemingway sera dépité face à tout le romanesque déployé. La guerre ne devient en effet qu’une simple toile de fond sur laquelle Borzage exprime les thèmes qui lui sont chers, à savoir que l’Amour est plus fort que tout, il est plus fort que la guerre, il est plus fort que le mort. Hemingway avait toutefois un peu tort car au-delà du romanesque, L’Adieu aux armes reste un grand film pacifique où la cruauté de la guerre est bien démontrée. Le film eut quelques soucis avec la censure mais l’homosexualité latente de l’ami chirurgien (merveilleusement interprété par Adolphe Menjou) et aussi celle de l’amie infirmière est bizarrement passée au travers. Le principal handicap du film se situe certainement au niveau du couple formé par Helen Hayes et Gary Cooper : il manque une certaine alchimie qui nous ferait vraiment croire à l’amour-passion…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Helen Hayes, Gary Cooper, Adolphe Menjou
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Borzage sur le site IMDB.
A lire aussi : une présentation plus enthousiaste d’Olivier Bitoun sur DVDClassiks

Voir les autres films de Frank Borzage chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Frank Borzage

L'Adieu aux armes (1932) de Frank Borzage
Gary Cooper, Adolphe Menjou, Mary Philips et Helen Hayes dans L’Adieu aux armes de Frank Borzage

Remarques :
* Le film a été distribué aux Etats-Unis avec deux fins différentes, laissées au choix des directeurs de salles : l’une triste conforme au roman, l’autre plus heureuse.
* Lors de la ressortie du film en 1938, pour se conformer au Code Hays alors en place, 12 minutes furent enlevées. Certaines sources parlent également d’une scène ajoutée afin de bien valider le mariage : un gros plan pour montrer l’échange des anneaux. Heureusement, la version originale fut conservée par David O. Selznick.
* A noter : plusieurs plans en caméra subjective lorsque Gary Cooper est emmené à l’hôpital.

* Remakes :
L’adieu aux armes (A Farewell to Arms) de Charles Vidor (1957) avec Rock Hudson et Jennifer Jones
et aussi :
Les Amants de l’enfer (Force of Arms) de Michael Curtiz (1951) avec William Holden et Nancy Olson, une transposition de l’histoire dans la Seconde Guerre mondiale (Hemingway n’étant pas crédité).

L'Adieu aux armes (1932) de Frank Borzage
Gary Cooper et Helen Hayes dans L’Adieu aux armes de Frank Borzage.

(1) Il faudra attendre 11 ans pour voir la seconde adaptation d’un roman d’Ernest Hemingway à l’écran : Pour qui sonne le glas (1943) de Sam Wood avec… Gary Cooper.

14 mars 2015

Rue sans issue (1937) de William Wyler

Titre original : Dead End

Dead EndDans le New York des années trente, une rue en cul-de-sac qui se termine sur le fleuve voit un immeuble de standing s’immiscer dans le quartier très pauvre. Une bande de gamins qui traîne toute la journée dans la rue, un architecte sans emploi dont deux femmes sont amoureuses, l’une riche, l’autre pauvre, un gangster qui est revenu dans le quartier pour voir sa mère et son ancien grand amour, tels sont les personnages de cette rue sans issue… Les origines théâtrales de Dead End sont clairement visibles dans cette production de Samuel Goldwyn : le petit nombre de lieux, l’atmosphère de studio, la manière de poser les dialogues les mettent en évidence. La pièce a d’ailleurs été transposée pratiquement sans adaptation. L’ensemble peut sembler un peu artificiel et le jeu de certains acteurs trop affecté. Ce n’est toutefois pas le cas de la bande des Dead End Kids qui jouent grand naturel. Les personnages sont vraiment très typés et le scénario joue de manière un peu exagérée sur les contrastes. Humphrey Bogart est l’élément le plus remarquable de ce film : son personnage est le plus complexe et il parvient parfaitement à le restituer à l’écran. Après La Forêt pétrifiée de l’année précédente, c’est le film qui contribuera à asseoir son personnage de gangster en cette fin des années trente. Dead End sera un très grand succès. Il bénéficie encore aujourd’hui d’une excellente réputation, sans doute un peu excessive.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sylvia Sidney, Joel McCrea, Humphrey Bogart, Wendy Barrie, Claire Trevor, Allen Jenkins
Voir la fiche du film et la filmographie de William Wyler sur le site IMDB.

Voir les autres films de William Wyler chroniqués sur ce blog…

Dead End de William Wyler
Joel McCrea, Allen Jenkins et Humphrey Bogart dans Dead End de William Wyler

Remarques :
Dead End* Dead End est adapté d’une pièce à succès de Sidney Kingsley.
* Pour des raisons de censure, le nom de la profession de Francey n’est jamais prononcé. On la devine bien. En revanche, ce que nos yeux modernes comprennent moins, ce sont les marques qu’elle montre à son ancien amant horrifié : ce sont les marques de la syphilis (dont le nom n’est également pas prononcé).
* Toujours à propos de Francey : bien que sa présence à l’écran ne totalise que cinq minutes, Claire Trevor a été nominée pour l’Oscar du meilleur second rôle… Eût-elle gagné, cela aurait certainement constitué un record (un « supporting role » avec dix lignes de texte…)
* Dead End voit la première apparition du groupe d’adolescents qui se sont appelés les Dead End Kids. Ils jouaient les mêmes rôles dans la pièce. Samuel Goldwyn s’est empressé de se débarrasser de cette bande trop turbulente pour les revendre à la Warner. Ils apparaitront ensemble dans six films (soit sept en tout avec celui-ci) et ils feront ensuite une longue carrière  d’acteur, le plus souvent ensemble (sous le nom East Side Kids puis Bowery Boys) mais aussi séparément parfois. La légende propagée par les studios qui affirmait que les Dead End Kids avaient été découverts dans la rue, était bien évidemment fausse… Parmi les six, Billy Halop, Bobby Jordan, Huntz Hall, Leo Gorcey, Gabriel Dell, Bernard Punsly, seul le dernier était un débutant, les autres étaient déjà des acteurs confirmés. Punsly n’a d’ailleurs jamais été totalement intégré dans la bande et c’est le seul qui n’ait pas eu de longue carrière.

Les Dead End Kids dans Dead End de William Wyler
Les Dead End Kids dans Dead End de William Wyler.
(de g. à dr.) Bobby Jordan, Billy Halop, Huntz Hall, Gabriel Dell et Leo Gorcey.

12 février 2015

César (1936) de Marcel Pagnol

CésarVingt ans ont passé. Panisse est sur le point de mourir. César est parti chercher le curé pour le confesser. Fanny et son fils Césariot, qui suit de brillantes études, arrivent de la gare. Panisse refuse de dire la vérité à son fils, c’est Fanny qui devra le faire… Troisième volet de la trilogie débutée avec Marius et Fanny, César est le seul à avoir été écrit directement pour le cinéma. Et, cette fois, Marcel Pagnol le dirige lui-même mais, hélas, sans montrer toutes les qualités que l’on pouvait attendre de lui. Certaines scènes, qui devraient être fortes (comme par exemple celle ou Fanny révèle à son fils la vérité), se révèlent finalement bien plates et la grande explication finale de la famille reconstituée apparaît bien maladroite. Le jeu des acteurs est plus retenu et André Fouché a bien du mal à donner une dimension à Césariot qui constitue le point faible du film au lieu d’en être le pivot. Mais le film a l’avantage de clore toute l’histoire, de refermer les plaies laissées ouvertes, de satisfaire l’envie des spectateurs de voir une fin heureuse.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Raimu, Pierre Fresnay, Fernand Charpin, Orane Demazis, André Fouché
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel Pagnol sur le site IMDB.
Voir les autres films de Marcel Pagnol chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Marcel Pagnol

César de Marcel Pagnol
André Fouché, Orane Demazis et Charpin dans César de Marcel Pagnol (1936).

Remarques :
* Il existe deux versions de César : une version de 165 minutes exploitée à sa sortie et une de 135 minutes exploitée à partir de 1946. C’est cette dernière que l’on connait aujourd’hui (une copie de la première existe à la Cinémathèque de Toulouse). La seconde version est non seulement écourtée mais contient en outre 20 minutes de séquences qui ne figuraient pas dans la première (essentiellement des scènes se situant avant la mort de Panisse). Les quelque 50 minutes non reprises concernent des scènes qui approfondissent le personnage de Césariot.

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
César de Daniel Auteuil (2016 ?), film annoncé.

10 février 2015

Fanny (1932) de Marc Allégret

FannyParti au loin sur un grand voilier marchand, Marius a laissé désemparés son père César et surtout Fanny, toujours amoureuse de lui. Tous deux attendent avec impatience une lettre qui donnerait de ses nouvelles… Pressé de tous bords de donner une suite à Marius, Marcel Pagnol écrit Fanny, le monte au théâtre et le porte rapidement à l’écran. Paramount refuse de produire, arguant que « les suites au cinéma, cela ne marche jamais ». Pagnol s’associe donc avec Roger Richebé. Outre d’avoir Raimu sous contrat, le producteur marseillais était ami de Marc Allégret, réalisateur qui a la qualité précieuse de bien supporter les colères de Raimu. L’histoire de Fanny commence à la seconde-même où s’est terminé Marius et se poursuit sur presque trois années. Le texte de Pagnol est assez remarquable, donnant à Raimu un vrai grand rôle qu’il interprète sans effets inutiles, émouvant, toujours très juste même quand il donne l’impression de se laisser emporter. Du grand Raimu. Orane Demazis, injustement critiquée pour son jeu ou son accent approximatif, est bouleversante par son mélange de tendresse et de désespoir. Dans les quinze dernières minutes, ces deux acteurs font passer une émotion extrêmement forte, ils nous retournent le coeur. Tout comme Marius, Fanny se présente essentiellement comme du théâtre filmé mais cela ne gêne en rien sa force. Ce deuxième volet est bizarrement jugé par certains critiques comme étant le plus faible de la trilogie. Personnellement, je pencherais plutôt pour le contraire.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Raimu, Orane Demazis, Fernand Charpin, Pierre Fresnay
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Allégret sur le site IMDB.
Voir les autres films de Marc Allégret chroniqués sur ce blog…

Fanny (1932) de Marc Allégret
(de g. à dr.) Charpin, Alida Rouffe, Orane Demazis et Raimu dans Fanny de Marcel Pagnol.

Remarques :
* Deux autres versions, italienne et allemande, furent tournées ultérieurement :
Fanny de l’italien Mario Almirante (1933)
Der schwarze Walfisch de l’allemand Fritz Wendhausen (1934)

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Port of Seven Seas de James Whale (1938) avec Wallace Beery, Frank Morgan et Maureen O’Sullivan (inclut Marius et Fanny)
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
Fanny de Daniel Auteuil (2013) avec Daniel Auteuil et Victoire Bélézy.

9 février 2015

Marius (1931) de Alexander Korda

MariusCésar tient le Bar de la Marine sur le Vieux-Port de Marseille. Il est aidé par son fils Marius qui rêve de partir sur l’un de ces grands voiliers qu’il voit partir pour des destinations lointaines aux noms exotiques. Son amie d’enfance Fanny, la fille de la poissonnière, est depuis toujours amoureuse de lui. Elle tente de provoquer sa jalousie en feignant d’accepter les avances du riche Panisse… Marius est le premier volet de la célèbre « trilogie de Pagnol » qui fait presque partie de notre patrimoine national. C’est à l’origine une pièce qui connut un très grand succès sur les planches dès 1929 et Marcel Pagnol, après avoir vu un film parlant à Londres, voulut le porter à l’écran voyant dans le parlant un vecteur idéal pour ses pièces. Tout le monde n’eut pas sa clairvoyance et il se heurta tout d’abord à l’hostilité générale. Le réalisateur hongrois (récemment émigré à Londres) Alexander Korda le tournera sous son contrôle total avec les mêmes acteurs que ceux de la pièce. Les envolées verbales avec force gestes de Raimu et Charpin sont inoubliables et c’est toujours un plaisir de revoir ce film même si, sur le plan cinématographique pur, c’est essentiellement du théâtre filmé.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Raimu, Pierre Fresnay, Fernand Charpin, Orane Demazis
Voir la fiche du film et la filmographie de Alexander Korda sur le site IMDB.
Voir les autres films de Alexander Korda chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Marcel Pagnol

Marius de Marcel Pagnol
Raimu et Pierre Fresnay dans Marius de Marcel Pagnol.

Remarques :
* La célébrissime partie de cartes avait été enlevée de la pièce par Pagnol qui la jugeait finalement trop vulgaire. Ce sont les acteurs eux-mêmes qui l’ont convaincu de la garder.
* Le choix de Pierre Fresnay pour interpréter un fils de la Canebière n’était pas évident : l’acteur est alsacien…
* Deux autres versions, allemande et suédoise, furent tournées en même temps que la française (avec d’autres acteurs et sans intervention de Pagnol) mais n’eurent aucun succès :
Zum goldenen Anker d’Alexander Korda (1931)
Längtan till havet d’Alexandre Korda et John W. Brunius (1931)

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Port of Seven Seas de James Whale (1938) avec Wallace Beery, Frank Morgan et Maureen O’Sullivan.
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
Marius de Daniel Auteuil (2013) avec Daniel Auteuil et Raphaël Personnaz