1 octobre 2014

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (1980) de Pedro Almodóvar

Titre original : « Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón »

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartierPepi est violée par un policier qui habite en face de chez elle. Elle décide de se venger en poussant sa femme, aux forts penchants masochistes, à le quitter… En 1980, alors que Franco n’est mort que depuis cinq ans, l’Espagne se libère peu à peu la chape de plomb imposée par le dictateur. Pedro Almodovar s’engouffre par la brèche ainsi ouverte et signe là un film corrosif et provocateur, porté par cette liberté nouvelle qui gagne tout le pays. Ses personnages sont hauts en couleur : homosexuels exubérants, transsexuels, masochistes et même une femme à barbe. Un peu brouillon, le film est très marqué par son époque et, vu aujourd’hui, il est surtout intéressant en ce qu’il illustre à la fois l’immense changement du pays et qu’il préfigure le cinéma d’Almodovar. Le tournage (en 16 mm) s’est étalé sur une année car le financement a été difficile à réunir, les moyens utilisés sont rudimentaires mais cela n’a pas empêché Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier de connaître un beau succès en Espagne.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Carmen Maura, Félix Rotaeta, Cecilia Roth
Voir la fiche du film et la filmographie de Pedro Almodóvar sur le site IMDB.
Voir les autres films de Pedro Almodóvar chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Pedro Almodóvar

Remarques :
* Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier n’est pas à proprement parler le premier long métrage d’Almodovar puisqu’il avait déjà réalisé un film en Super-8, Folle… folle… fólleme Tim!, en 1978.
* Alaska y los Pegamoides (Alaska et les Pegamoides) est un groupe madrilène, considéré comme l’un des plus représentatifs de la scène punk-rock de l’Espagne des années quatre-vingt. Et c’est donc Alaska elle-même qui joue le rôle de Bom.

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón)Alaska, Carmen Maura et Eva Siva dans Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón) de Pedro Almodóvar.

14 septembre 2014

L’ami américain (1977) de Wim Wenders

Titre original : « Der amerikanische Freund »

L'ami américainArtisan encadreur de Hambourg, Jonathan est atteint d’une maladie grave. Après avoir fait la connaissance d’un américain solitaire, trafiquant de toiles contrefaites, il est contacté par un français qui lui propose une forte somme d’argent pour assurer l’avenir de sa famille. En contrepartie, il doit accomplir un meurtre… Que Wim Wenders, le réalisateur de balades mélancoliques comme Alice dans les villes, adapte un roman policier de Patricia Highsmith a tout d’abord quelque peu surpris. Mais L’ami américain n’a rien d’un film de genre car ce n’est pas tant l’intrigue policière qui a intéressé Wenders. Et si l’amour que le cinéaste allemand porte au cinéma américain est bien là, le résultat porte plus que tout son empreinte. L’ami américain est une errance entre Hambourg, Paris et New York baignée d’une belle atmosphère et merveilleusement photographié par Robby Müller (Wim Wenders dit avoir été inspiré par les toiles d’Edward Hopper). On y retrouve aussi le thème du cowboy solitaire et surtout celui de la mort (sous toutes ses formes : la fausse, la vraie, la supposée, l’attendue). L’ami américain a été diversement reçu à sa sortie car il ne cadrait pas exactement avec ce que l’on attendait de Wenders, il est mieux considéré aujourd’hui : avec le recul, on mesure à quel point il s’inscrit pleinement dans sa filmographie car il en a fait une oeuvre très personnelle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dennis Hopper, Bruno Ganz, Lisa Kreuzer, Gérard Blain
Voir la fiche du film et la filmographie de Wim Wenders sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wim Wenders chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wim Wenders

Remarques :
* Pas de moins de 7 réalisateurs apparaissent dans L’ami américain :
1) Nicholas Ray (le peintre, prétendument mort, émigré à New York) qui se déguise en John Ford vers la fin du film. 2) Samuel Fuller (dans le train, l’homme âgé de la Mafia). 3) Jean Eustache (l’homme rencontré dans le bar français qui lui met un pansement). 4) L’allemand Peter Lilienthal (Marcangelo, celui qui présente Dennis Hopper à Bruno Ganz à la salle des ventes). 5) Le suisse Daniel Schmid (l’homme à assassiner dans le métro). 6) L’écossais Alexander (ou Sandy) Whitelaw (le médecin parisien). 7) Gérard Blain (le commanditaire français).
On peut même en ajouter un huitième puisque le blessé tout enrubanné de bandages dans l’ambulance n’est autre que Wim Wenders lui-même !

* Le journal que tient Daniel Schmid, l’homme à assassiner dans le métro, est le numéro de Libération qui annonçait la mort d’Henri Langlois (décédé le 13 janvier 1977). Le film lui est dédié.

* L’ami américain est adapté principalement du roman Ripley s’amuse de Patricia Highsmith mais aussi de Ripley et les ombres. Le premier des deux a été également adapté par Liliana Cavani en 2002 : Ripley’s Game (Ripley s’amuse).

L'ami américain (Der amerikanische Freund)Bruno Ganz et Dennis Hopper dans L’ami américain (Der amerikanische Freund) de Wim Wenders.

9 septembre 2014

Il était une fois dans l’Ouest (1968) de Sergio Leone

Titre original : « C’era una volta il West »

Il était une fois dans l'OuestAlors que la construction du chemin de fer progresse à travers le désert, un fermier et sa famille est assassiné. Au même moment arrive un mystérieux solitaire… Il était une fois dans l’Ouest est le plus connu des « westerns-spaghetti ». Développé à partir d’une idée de Sergio Leone et Bernardo Bertolucci, l’histoire assez simple reprend deux des thèmes majeurs du western : la revanche et la mutation de l’Ouest vers la modernité (symbolisée ici par l’arrivée du chemin de fer). Mais c’est bien entendu sa forme qui rend le film si unique : les longs plans, la lenteur extrême des gestes, les visages impénétrables, l’utilisation des sons et de la musique d’Ennio Morricone, etc. Sergio Leone esthétise, il amplifie à la limite de la caricature, et réussit à créer un véritable envoûtement. C’est avant tout un spectacle qu’il crée : le western-opéra. Les emprunts et clins d’oeil sont innombrables. De façon audacieuse, Henri Fonda est ici à contre-emploi dans un rôle de méchant. Le film est couramment tenu aujourd’hui en très haute estime (il en est d’ailleurs de même pour toute l’oeuvre de Sergio Leone), estime que l’on peut trouver un peu excessive.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Henry Fonda, Jason Robards, Charles Bronson
Voir la fiche du film et la filmographie de Sergio Leone sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sergio Leone chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Sergio Leone

Remarques :
* Il était une fois dans l’Ouest n’eut aucun succès à sa sortie aux Etats-Unis. La version diffusée avait, il est vrai, été largement coupée au point de rendre le film parfois incompréhensible. Les américains ont dû attendre près de 15 ans avoir de voir une version plus complète. A noter que, dans son autobiographie, Henri Fonda a une interprétation différente de ce flop : selon lui, le public américain ne pouvait accepter de le voir tuer de sang froid un enfant.

* Bien qu’en format très large (2.35 :1), Sergio Leone n’a pas utilisé de lentille anamorphique (sinon les très gros plans apparaitraient déformés). Il utilise une fois de plus la technique du Techniscope qui consiste à placer deux images l’une au dessus de l’autre dans l’emplacement d’une seule image sur un film classique 35mm. L’avantage, en dehors des économies de pellicule, est de pouvoir utiliser les objectifs sphériques habituels. Le premier film en Techniscope serait La Princesse du Nil de Victor Tourjansky (1960).

* Une version Director’s Cut est sortie dans un DVD italien. Elle totalise 170 mn au lieu des 158 de la version internationale. Si on exclut le générique, ce sont 11 mn qui sont ajoutées, essentiellement des allongements de scènes déjà très longues. (Voir les différences)

Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West)Charles Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest (C’era una volta il West) de Sergio Leone.

Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West)Henry Fonda dans Il était une fois dans l’Ouest (C’era una volta il West) de Sergio Leone.

22 août 2014

Bullhead (2011) de Michaël R. Roskam

Titre original : « Rundskop »

BullheadJacky est le fils aîné d’une importante famille d’agriculteurs et d’engraisseurs non loin de Liège en Belgique. A 33 ans, il apparaît comme un être renfermé et imprévisible, parfois violent. Sa collaboration avec un vétérinaire corrompu lui a permis de se forger une belle place dans le milieu de la mafia des hormones. Alors qu’ils s’apprêtent à traiter avec un nouveau revendeur, un enquêteur fédéral est assassiné… Bullhead est écrit et réalisé par Michaël R. Roskam. Pour son premier long métrage, il a réussi à créer une histoire très forte qui mêle habilement le thriller et le drame : sur fond de trafic d’hormones, c’est tout le passé de Jacky et ses lourds secrets qui refont surface. Le tour de force de Michaël Roskam est de parvenir à rendre attachant un personnage extrêmement bourru et violent (et, qui plus est, hors-la-loi) en nous donnant les clés de sa personnalité et en dévoilant sa grande vulnérabilité intérieure. L’atmosphère est lourde, sans édulcoration ; le récit apparaît très ancré dans ses racines locales donnant ainsi un fort parfum d’authenticité. Bullhead est un film rude, brutal même, mais finalement très convaincant par la profondeur de ses personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, Jeanne Dandoy
Voir la fiche du film et la filmographie de Michaël R. Roskam sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

30 juillet 2014

La Femme nue et Satan (1959) de Victor Trivas

Titre original : « Die Nackte und der Satan »

La femme nue et SatanLe Docteur Abel (Michel Simon) a inventé un sérum qui lui a permis de maintenir en vie la tête d’un chien après la mort de son corps. Se sachant sur le point d’avoir un arrêt du coeur, il demande à son assistant fraichement recruté, le Docteur Ood, de lui faire une transplantation cardiaque. Il ignore que ce dernier a d’autres desseins… La Femme nue et Satan : derrière ce titre qui peut paraître un peu racoleur, se cache l’un des films les plus étranges qui soient. On peut le classer parmi les films de science fiction, rayon « savant fou », mais il ne ressemble vraiment à aucun autre. La présence de Michel Simon (doublé en allemand) dans un rôle si particulier (une tête seule) rend en effet le film assez unique. D’origine russe, le réalisateur Victor Trivas a débuté comme décorateur en Allemagne dans les années vingt, travaillant alors avec Pabst notamment, et en a gardé des amitiés : ainsi le chef décorateur de ce film n’est autre qu’Hermann Warm, l’un des chefs décorateurs du Cabinet du Dr Caligari, qui a joué ici sur le contraste entre de grandes pièces avec des passages étroits. Bien entendu, héritage de l’expressionisme, les éclairages sont assez travaillés. L’histoire n’est à aucun moment crédible mais cela importe peu, La Femme nue et Satan est assez unique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Horst Frank, Karin Kernke, Michel Simon
Voir la fiche du film et la filmographie de Victor Trivas sur le site IMDB.

Remarque :
Victor Trivas a peu réalisé. Son film le plus marquant est Niemandsland (La Zone de la mort), un pamphlet pacifique réalisé dans l’Allemagne de 1931, dont les nazis ont détruit toutes les copies présentes en Allemagne. Réfugié en France puis aux Etats Unis, il a ensuite surtout travaillé comme scénariste (notamment pour Orson Welles et Otto Preminger). Revenu en Allemagne, il tourne La femme nue et Satan qui sera son ultime réalisation.

29 juillet 2014

Le pont (1959) de Bernhard Wicki

Titre original : « Die Brücke »

Le pontEn 1945, dans une Allemagne proche de la capitulation, des jeunes garçons de 15-16 ans fréquentent l’école d’une petite ville. Alors qu’une certaine résignation s’est répandue dans la population, les adolescents sont toujours exaltés et espèrent être mobilisés pour aller, eux aussi, défendre leur patrie. Leur voeu va hélas être exaucé lorsque l’état-major décide de lancer toutes ses forces valides dans un dernier sursaut… Le pont est basé sur un roman de Manfred Gregor, le seul survivant des évènements racontés ici (1). C’est un film qui démontre l’absurdité de la guerre et, surtout, qui dénonce l’endoctrinement de la jeunesse. Tout d’abord, nous voyons évoluer ces adolescents dans leurs jeux, leur éveil à l’amour ; nous pouvons constater à quel point les exhortations à montrer sa valeur, son courage trouvaient là un terrain propice, les jeunes garçons ne pouvant s’empêcher d’idéaliser la guerre. Le jeu des acteurs est très naturel et donne une grande authenticité au film de Bernhard Wicki. La démonstration est terriblement efficace. Couvert de récompenses outre-Rhin, Le pont a été montré à toute une génération d’écoliers allemands.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Folker Bohnet, Fritz Wepper, Michael Hinz, Frank Glaubrecht
Voir la fiche du film et la filmographie de Bernhard Wicki sur le site IMDB.

Remarques :
* Le pont est l’un des premiers films allemands de l’Après-guerre à aborder directement la question de la guerre.

* Remake :
Die Brücke de Wolfgang Panzer (TV, 2008) qui semble généralement mal jugé par ceux qui l’ont vu car plus centré sur l’action.

(1) Dans la réalité, il n’y a eu que trois adolescents placés pour défendre Le pont. L’un d’entre eux, jugeant ce combat inutile et absurde, a déserté le soir même. Le lendemain, il a constaté que ses camarades étaient morts et qu’ils n’avaient, bien entendu, pas réussi à empêcher les américains de passer. C’est pour dénoncer l’endoctrinement de la jeunesse qu’il a décidé d’écrire (sous un pseudonyme) un roman, en étoffant l’histoire.

3 juillet 2014

Hannah Arendt (2012) de Margarethe von Trotta

Hannah ArendtEn 1961, la philosophe juive allemande Hannah Arendt est envoyée à Jérusalem par le New Yorker pour couvrir le procès d’Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions de juifs. Alors qu’elle s’attendait à voir un monstre, elle est surprise de ne voir qu’un homme banal, un « falot », un homme « dépourvu de pensée ». Elle en tire un concept philosophique majeur sur la banalité du mal qui fait d’autant plus scandale que, dans le même texte, elle soulève la question des conseils juifs dans les déportations… Comment mettre en scène la pensée au cinéma est une question assez récurrente. La réalisatrice Margarethe von Trotta apporte ici une réponse convaincante, aidée il est vrai par une remarquable interprète, Barbara Sukowa. Loin du maniérisme agaçant des biopics et de ses effets, la cinéaste nous fait simplement accompagner Hannah Arendt dans sa réflexion et c’est cette démarche qui rend le film vraiment passionnant de bout en bout. Un bel exemple de la façon dont le cinéma peut ouvrir à la philosophie.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Barbara Sukowa, Janet McTeer, Julia Jentsch
Voir la fiche du film et la filmographie de Margarethe von Trotta sur le site IMDB.
Voir les autres films de Margarethe von Trotta chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Le livre écrit par Hannah Arendt à la suite du procès d’Eichmann est Eichmann à Jérusalem – Rapport sur la banalité du mal (Viking Press, 1963 – Gallimard pour la traduction française).

3 juin 2014

Les Troubles d’Adalen (1969) de Bo Widerberg

Titre original : Ådalen 31

Ådalen 31En 1931, alors qu’une grève dure depuis plusieurs semaines dans une petite ville au nord de Stockholm, un adolescent s’initie à la vie et à l’amour. Mais, lorsque les patrons font venir des ouvriers de l’extérieur, les grévistes se mobilisent pour repousser les « jaunes ». L’armée est alors appelée en renfort… Les Troubles d’Adalen est un film écrit et réalisé par le suédois Bo Widerberg qui s’inspire de faits historiques : un carton à la fin du film nous apprend que c’est à la suite des évènements d’Adalen et de l’émoi qu’ils suscitèrent que les sociaux-démocrates purent prendre le pouvoir et ajoute que la Suède est depuis cette date gouvernée par les sociaux-démocrates (ce qui est toujours vrai aujourd’hui). Ådalen 31 est réalisé à une époque où le socialisme suédois est en difficulté et Widerberg semble vouloir en rappeler les fondements. Mais son film n’est pas seulement un film politique car il commence comme une chronique sociale presque champêtre où Kjell, le fils d’un des grévistes, tombe amoureux de la fille du directeur. L’approche de Widerberg est pleine de délicatesse, il utilise la fraicheur et l’innocence pour mettre en relief les différences de classe, évoque des questions assez profondes par petites touches comme cette scène où la femme du directeur montre à Kjell un livre de peinture et lui apprend à prononcer « Pierre-Auguste Renoir » : cette façon très touchante de montrer le désir de s’élever et les vertus de l’éducation et de la connaissance est assez remarquable. Le contexte de la grève n’est alors qu’à peine présent et ce n’est qu’aux deux-tiers du film que les « évènements » prennent leur place. Le déroulement est alors plus percutant mais, même dans cette partie, Widerberg est indéniablement plus influencé par la Nouvelle Vague que par Eisenstein. Il ne joue pas la carte du lyrisme et de l’héroïsme mais préfère mettre en valeur la volonté de bâtir sur de nouvelles bases.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peter Schildt, Kerstin Tidelius, Roland Hedlund, Marie De Geer, Anita Björk
Voir la fiche du film et la filmographie de Bo Widerberg sur le site IMDB.

24 mai 2014

Oslo, 31 août (2011) de Joachim Trier

Titre original : « Oslo, 31. august »

Oslo, 31 aoûtEn ce dernier jour d’été à Oslo, Anders est en fin de cure de désintoxication. On l’autorise à aller passer une journée en ville. Il ne sait encore quel sens donner à sa vie : reprendre son ancienne activité de journaliste où il était assez brillant, retrouver ses anciens amis et petites amies, renouer avec sa famille ? … Cinquante ans après Louis Malle, le norvégien Joachim Trier adapte une nouvelle fois à l’écran le roman de Pierre Drieu la Rochelle Le Feu follet. Il parvient à le moderniser de façon étonnante et lui donne une dimension encore plus grande. Alors que chez Louis Malle, Maurice Ronet était surtout dépressif, le personnage d’Anders est ici très lucide mais, à l’heure où il peut, ou plutôt il doit, remettre toutes les pendules à zéro, il s’interroge sur le sens de l’existence, du moins de son existence. Sur une journée entière, il va être confronté à plusieurs situations susceptibles de lui apporter des réponses. Ce questionnement assez large donne une dimension philosophique au film, ce qui lui enlève au passage toute noirceur. Si on veut bien le voir ainsi, Oslo, 31 août n’est en rien déprimant. Le personnage d’Anders est certes dépressif mais reste capable d’analyse, son tort étant, entre autres, d’analyser trop froidement (d’où son constat final). Le film de Joachim Trier n’est pas sans défaut, avec quelques longueurs (notamment dans la scène d’anniversaire et dans la boite de nuit), mais comporte aussi de belles trouvailles comme celle où Anders, seul à la terrasse d’un café, écoute les conversations des tables qui l’entourent, un kaléidoscope d’exemples de sens de vie. Oslo, 31 août a l’avantage de faire partie de ces trop rares films qui portent en eux une réflexion que l’on se surprend à prolonger une fois la projection terminée.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Anders Danielsen Lie
Voir la fiche du film et la filmographie de Joachim Trier sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

21 avril 2014

Gengis Khan (1965) de Henry Levin

Titre original : Genghis Khan

Genghis KhanFils d’un chef de tribu mongol, Temüjin va réussir, après une enfance passée en esclavage, à unir les tribus mongoles pour aller conquérir, sous le nom de Gengis Kahn, la plus grande partie de l’Asie au début du XIIIe siècle… Genghis Kahn voulait avant tout être une grande fresque épique. La vérité historique n’était visiblement pas recherchée, les scénaristes ayant pris beaucoup de libertés pour créer un héros noble et sympathique. Le casting fait sourire : tous les acteurs principaux sont occidentaux, la très blonde Françoise Dorléac n’est guère crédible en princesse mongole mais la palme revient aux « chinois » James Mason, avec les yeux bridés et un accent caricatural, et Robert Morley qui semble vouloir jouer sur le registre de l’humour. L’égyptien/libanais Omar Sharif est le moins occidental du lot mais, même si on s’en rapproche un peu, on reste tout de même encore loin de la Mongolie. Plus gênant, l’acteur ne laisse à aucun moment entrevoir le charisme qui a certainement été nécessaire à Gengis Kahn pour s’allier tant de peuples. Les paysages sont assez beaux (le tournage a eu lieu en Yougoslavie) et les figurants fort nombreux dans les scènes de bataille ou dans la cité impériale.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Omar Sharif, James Mason, Eli Wallach, Françoise Dorléac, Stephen Boyd, Robert Morley
Voir la fiche du film et la filmographie de Henry Levin sur le site IMDB.

Autres films sur Gengis Kahn :
Le Conquérant (The Conqueror) de Dick Powell (1956) avec John Wayne
Les Mongols (I Mongoli) de André de Toth (1961) avec Jack Palance
Mongol (2007) du russe Sergei Bodrov avec Tadanobu Asano.