4 février 2015

Amator (1979) de Krzysztof Kieslowski

AmatorUn employé achète une caméra pour filmer sa fille qui vient de naître. Quand son patron apprend cela, il lui demande de filmer un évènement de son entreprise. C’est le début d’une passion… L’Amateur (parfois titré Le Profane) fait partie des premiers longs métrages du polonais Krzysztof Kieslowski qui livre un peu de lui-même dans ce récit. Comme il a pu l’être lui-même, son héros est gagné par une passion dévorante du cinéma qui phagocyte peu à peu sa vie personnelle et lui donne un regard nouveau sur le monde qui l’entoure. Il apprivoise son langage, le cadrage, le montage. Il va aussi découvrir son pouvoir, sa fonction au sein d’une société, la force du documentaire, sa portée politique, avec comme inévitable corollaire (du moins en pays communiste comme l’était la Pologne), la censure. L’Amateur est ainsi une belle réflexion sur le rôle du cinéma, sur l’implication de l’artiste dans son art et ses interrogations, tout cela presque sans en avoir l’air car Kieslowski reste très près de son personnage.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jerzy Stuhr, Malgorzata Zabkowska, Stefan Czyzewski
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Remarque :
* Le réalisateur Krzysztof Zanussi (l’un des grands représentants de la Nouvelle Vague polonaise et par ailleurs ami dans la vraie vie de Kieslowski) interprète lui-même son propre rôle.

Amator de Krzysztof Kieslowski
Jerzy Stuhr est le cinéaste amateur dans le film L’Amateur de Kieslowski. Il utilise ici une caméra 8mm Quartz 2 de fabrication russe. Derrière lui se tient Malgorzata Zabkowska.

Amator de Krzysztof Kieslowski
Vers la fin du film, la seconde caméra qu’il utilise est la légendaire Krasnogorsk K3, caméra 16mm à visée reflex de fabrication russe avec zoom Meteor (une caméra que Kieslowski a lui-même utilisée à ses débuts… mais pas pour L’Amateur qui est tourné en 35mm).
En savoir plus sur cette caméra

3 février 2015

Anna et les loups (1972) de Carlos Saura

Titre original : « Ana y los lobos »

Ana y los lobosAnna, une jeune institutrice étrangère, trouve un emploi de gouvernante dans une riche famille espagnole. Elle doit composer avec les trois frères qui régissent la maison… Pour tous ses films, Carlos Saura a été en prise avec la censure franquiste et doit user d’allégories pour parler des forces qui paralysent l’Espagne. Dans Anna et les loups, cette allégorie est plus immédiate que dans ses films précédents et c’est peut-être pour cette raison qu’il a du attendre un an pour que son scénario soit accepté et avoir l’autorisation de tourner. Les trois frères frustrés sont les loups, ils représentent l’armée, la religion et le sexe, les trois grandes forces oppressives du pays ; la grand-mère à demi-paralysée symbolise l’Espagne franquiste et la jeune Anna la nouvelle génération. Cette dernière tente de jouer un rôle sans comprendre tous les rouages ; on ne sait très bien qui complote avec qui. Les tabous sont forts, sclérosants. Carlos Saura trouve un équilibre parfait entre un certain mal à l’aise et un humour insolite, le cinéaste montrant là une certaine filiation avec Buñuel. La fin est-elle réelle ou un cauchemar éveillé ? Les acteurs ont tous le ton juste ; Geraldine Chaplin trouve là l’un de ses plus beaux rôles. Anna et les Loups apparaît comme l’un des films les plus aboutis de Carlos Saura.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Geraldine Chaplin, Fernando Fernán Gómez, José María Prada, José Vivó, Rafaela Aparicio
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Anna et les loups (1972) de Carlos Saura
Geraldine Chaplin et José María Prada dans Anna et les loups de Carlos Saura.

12 janvier 2015

Tabou (2012) de Miguel Gomes

Titre original : « Tabu »

TabouA Lisbonne, Aurora est une octogénaire excentrique que la raison semble quitter par moment. Elle vit là avec une bonne capverdienne un peu rude. Leur voisine est prise de compassion… Le portugais Miguel Gomes a coécrit et réalisé Tabou. Il est structuré en deux parties « Le Paradis perdu » et « Le Paradis ». La première partie déroute plutôt, austère et triste, un peu ennuyeuse il faut bien l’avouer… mais la seconde est bien plus enthousiasmante. Par sa forme tout d’abord : un beau noir et blanc 16 mm et le faux-muet (la seule voix est off, c’est celle du narrateur mais certains bruits ambiants peuvent être présents) qui donnent un caractère imaginaire, presque onirique, au récit. Par son histoire aussi, qui nous ramène en arrière en Afrique à une période juste antérieure aux guerres coloniales portugaises (soit la fin des années cinquante), la fin d’un monde où prend place le récit dramatique et épuré d’un amour impossible, d’un beau romantisme désuet. Cette seconde partie se situe en dehors des normes et n’en est que plus fascinante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Teresa Madruga, Laura Soveral, Ana Moreira, Carloto Cotta
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Remarques :
* En débutant par « Autrefois, Aurora tenait une ferme en Afrique », le récit de la seconde partie nous fait inévitablement penser à Karen Blixen et Out of Africa.
* Miguel Gomes revendique l’influence de F.W. Murnau, notamment pour le titre du film (Tabou est le titre du dernier film de Murnau).
* Le (court) prologue semble un peu délicat à interpréter : nostalgie d’un imaginaire devenu suranné ? Il se situe en tous cas à une période encore antérieure, donnant l’impression d’être le premier volet d’un triptyque.

Tabou (2012) de Miguel Gomes

16 décembre 2014

Unter der Laterne (1928) de Gerhard Lamprecht

Unter der Laterne(Film muet) La jeune Else est interdite de sortie par son père qui l’enferme dans sa chambre. Elle parvient à s’enfuir avec son petit ami. Tous entreprennent de monter un numéro de music-hall. Son père la fait rechercher par la police ce qui va la pousser dans la rue… Gerhard Lamprecht est un cinéaste allemand dont le film le plus connu est un parlant : Émile et les Détectives (Emil und die Detektive, 1931). Il ne s’inscrit pas dans le courant expressionniste mais s’attache à décrire la vie des plus pauvres de l’Allemagne de l’Entre-deux guerres. Unter der Laterne raconte ainsi la descente d’une jeune fille bourgeoise vers les bas-fonds et le film est aussi une mise en garde des parents contre les excès de sévérité. Le développement est certes assez classique mais l’interprétation de bonne facture, même si on peut trouver que Lissy Arna manque un peu de présence. Le film ne manque pas de charme et même de surprises, comme cette longue scène originale où l’on nous suggère la vie facile et aisée de l’héroïne uniquement en nous en montrant les objets et les attributs. Auparavant impossible à voir, Unter der Laterne a été magnifiquement restauré en 2013.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lissy Arna, Mathias Wieman, Paul Heidemann
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Remarque :
* Gerhard Lamprecht fut également un grand collectionneur d’objets en rapport avec le cinéma. Sa très grande collection a constitué la base de la Cinémathèque de Berlin en 1962.

Unter der Laterne
Dans Unter der Lanterne, Lissy Arna (au centre avec la tête penchée) se réfugie dans un bar après avoir résisté aux avances plus qu’insistantes de son protecteur.

14 décembre 2014

Le Jardin des délices (1970) de Carlos Saura

Titre original : « El jardín de las delicias »

Le jardin des délicesA la suite d’un accident, un industriel se retrouve handicapé et amnésique. Sa famille s’efforce de lui faire retrouver la mémoire pour qu’il donne le nom de la banque suisse où il a déposé de grandes sommes d’argent ou encore la combinaison du coffre dans sa chambre. Pour cela, ils n’hésitent pas à recréer certaines scènes de sa vie passée… Le Jardin des délices est un film à plusieurs niveaux de lecture. Tourné sous la dictature du général Franco et de sa censure, la signification de cette allégorie est nécessairement masquée. Il peut se voir comme une simple fable sur la cupidité où Carlos Saura manie l’humour et le cocasse à la manière d’un Buñuel, mais il est truffé de références politiques et historiques (1), cette famille très franquiste symbolisant le régime. Cette comédie noire apparaît alors comme une charge contre la répression qui sclérose les esprits.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: José Luis López Vázquez, Luchy Soto, Francisco Pierrá, Charo Soriano
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Remarques :
* Pour certains, le personnage du paralytique serait Franco lui-même. Il serait étonnant que ce fut l’intention de Carlos Saura car il y a une empathie du spectateur avec cette personne. Cette empathie est suscitée dès le début du film : nous le voyons réduit à l’impuissance, sans expression, vulnérable, aussi innocent qu’un enfant.
* La signification du titre ne paraît pas immédiate. Il s’agit certainement d’une référence au célèbre tableau de Jérôme Bosch et l’étonnante dernière scène du film peut certainement en être vue comme une interprétation appliquée à l’Espagne de Franco.

(1) Les références historiques sont loin d’être évidentes à moins de connaitre parfaitement l’histoire de l’Espagne. Par exemple, l’accident automobile serait une référence à Juan March Ordinas, banquier au passé trouble et financier du général Franco en 1936, qui trouva la mort en 1962 dans un accident de voiture.

Le Jardin des délices de Carlos Saura
José Luis López Vázquez est un industriel amnésique dans Le Jardin des délices de Carlos Saura.

Homonymes :
Le jardin des délices (Il giardino delle delizie) de l’italien de Silvano Agosti (1967)
Le jardin des délices (Ogród rozkoszy ziemskich) du polonais Lech Majewski (2004)
et aussi
Le jardin des délices de Jérôme Bosch, court-métrage de Jean Eustache (1980).

28 novembre 2014

La Chasse (1966) de Carlos Saura

Titre original : « La Caza »

La chasseTrois amis quinquagénaires, accompagnés d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, se retrouvent dans la propriété de l’un d’entre eux pour une partie de chasse au lapin. La chaleur torride de cette journée et le paysage désertique exacerbent les tensions…
La Chasse fait partie des tous premiers films de l’espagnol Carlos Saura. Tournée sous Franco, donc sous le régime de censure, cette histoire est à lire comme une allégorie. Les trois amis représentent la société bourgeoise issue de la dictature qui a pris une part active dans la guerre civile (la chasse au lapin) contre les Républicains. Le jeune homme symbolise la jeune génération qui semble tout ignorer de ce passé. Ils sont tous quatre dénués d’idéal, vides, durs et secs. Mais là où le film se révèle être particulièrement puissant, c’est dans l’après, où Saura nous montre que l’homme est un loup pour l’homme. Son film a une très grande force. Saura montre une utilisation étonnante du gros plan pour créer le malaise.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ismael Merlo, Alfredo Mayo, José María Prada, Emilio Gutiérrez Caba
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La Chasse de Carlos Saura

19 novembre 2014

Das Boot (1981) de Wolfgang Petersen

Titre français : « Le Bateau »

Le bateauEn 1941 à La Rochelle, les équipages de sous-marins allemands fêtent bruyamment leur dernière nuit à terre pour tromper leur appréhension du combat. Le lendemain, ils embarquent en effet pour aller marauder dans l’Atlantique à la recherche de convois américains et anglais à attaquer. Ils y resteront plusieurs semaines…
Le film allemand Das Boot est certainement le film le plus intense qui ait été tourné sur les sous-marins de la Seconde Guerre mondiale. Nous restons enfermés avec l’équipage dans un submersible pendant presque toute la durée du film. Nous ressentons l’exigüité, le confinement et aussi l’attente, l’angoisse. Comme eux, nous ne voyons jamais l’ennemi lorsque le sous-marin est presque sans défense, à sa merci. Das Boot est également différent de ses homologues américains car il ne comporte aucune exaltation patriotique. D’ailleurs, l’équipage pourrait tout aussi bien être anglais qu’allemand. Le propos de Wolfgang Petersen est plutôt de montrer l’absurdité de la guerre. Das Boot connut un succès mérité, c’est un film assez unique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jürgen Prochnow, Herbert Grönemeyer, Klaus Wennemann
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Remarques :
* Das Boot a bénéficié du plus gros budget jamais alloué à un film allemand : 15 millions de dollars (ce record a été dépassé depuis). L’essentiel du budget a été dépensé dans la construction de sous-marins, 2 grandeur nature et plusieurs modèles réduits pour les scènes en extérieur. L’un d’entre eux a été réutilisé pour le tournage des Aventuriers de l’Arche perdue de Spielberg.
* Das Boot est l’un des premiers films utilisant une sorte de Steadicam (une caméra portée stabilisée par des gyroscopes) notamment dans ces travelings au pas de course dans le long couloir du sous-marin.
* A cause du bruit des caméras résonnant dans le sous-marin, le film fut tourné en grande partie sans son.
* Le film fut parfois très critiqué en Allemagne car il montrait des soldats allemands de façon sympathique, ou du moins empathique. Il fut en revanche bien accueilli aux Etats-Unis.

Versions :
– Version cinéma de 1981 = 2 heures 29
– Série pour la télévision allemande en 1984 : 3 épisodes de 100 minutes (diffusés sur TF1 en 1985)
– Série pour la télévision en 1988 : 6 épisodes de 50 minutes
– Director’s cut en 1997 = 3 heures 29 (c’est cette version qui est ici commentée)
– Original Uncut version en 2004 : reprise de la série TV en un seul morceau de 4 heures 53 (= les 3 épisodes de 100 minutes sans les résumés des épisodes précédents).

Das Boot

1 octobre 2014

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (1980) de Pedro Almodóvar

Titre original : « Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón »

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartierPepi est violée par un policier qui habite en face de chez elle. Elle décide de se venger en poussant sa femme, aux forts penchants masochistes, à le quitter… En 1980, alors que Franco n’est mort que depuis cinq ans, l’Espagne se libère peu à peu la chape de plomb imposée par le dictateur. Pedro Almodovar s’engouffre par la brèche ainsi ouverte et signe là un film corrosif et provocateur, porté par cette liberté nouvelle qui gagne tout le pays. Ses personnages sont hauts en couleur : homosexuels exubérants, transsexuels, masochistes et même une femme à barbe. Un peu brouillon, le film est très marqué par son époque et, vu aujourd’hui, il est surtout intéressant en ce qu’il illustre à la fois l’immense changement du pays et qu’il préfigure le cinéma d’Almodovar. Le tournage (en 16 mm) s’est étalé sur une année car le financement a été difficile à réunir, les moyens utilisés sont rudimentaires mais cela n’a pas empêché Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier de connaître un beau succès en Espagne.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Carmen Maura, Félix Rotaeta, Cecilia Roth
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Remarques :
* Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier n’est pas à proprement parler le premier long métrage d’Almodovar puisqu’il avait déjà réalisé un film en Super-8, Folle… folle… fólleme Tim!, en 1978.
* Alaska y los Pegamoides (Alaska et les Pegamoides) est un groupe madrilène, considéré comme l’un des plus représentatifs de la scène punk-rock de l’Espagne des années quatre-vingt. Et c’est donc Alaska elle-même qui joue le rôle de Bom.

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón)Alaska, Carmen Maura et Eva Siva dans Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón) de Pedro Almodóvar.

14 septembre 2014

L’ami américain (1977) de Wim Wenders

Titre original : « Der amerikanische Freund »

L'ami américainArtisan encadreur de Hambourg, Jonathan est atteint d’une maladie grave. Après avoir fait la connaissance d’un américain solitaire, trafiquant de toiles contrefaites, il est contacté par un français qui lui propose une forte somme d’argent pour assurer l’avenir de sa famille. En contrepartie, il doit accomplir un meurtre… Que Wim Wenders, le réalisateur de balades mélancoliques comme Alice dans les villes, adapte un roman policier de Patricia Highsmith a tout d’abord quelque peu surpris. Mais L’ami américain n’a rien d’un film de genre car ce n’est pas tant l’intrigue policière qui a intéressé Wenders. Et si l’amour que le cinéaste allemand porte au cinéma américain est bien là, le résultat porte plus que tout son empreinte. L’ami américain est une errance entre Hambourg, Paris et New York baignée d’une belle atmosphère et merveilleusement photographié par Robby Müller (Wim Wenders dit avoir été inspiré par les toiles d’Edward Hopper). On y retrouve aussi le thème du cowboy solitaire et surtout celui de la mort (sous toutes ses formes : la fausse, la vraie, la supposée, l’attendue). L’ami américain a été diversement reçu à sa sortie car il ne cadrait pas exactement avec ce que l’on attendait de Wenders, il est mieux considéré aujourd’hui : avec le recul, on mesure à quel point il s’inscrit pleinement dans sa filmographie car il en a fait une oeuvre très personnelle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dennis Hopper, Bruno Ganz, Lisa Kreuzer, Gérard Blain
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Remarques :
* Pas de moins de 7 réalisateurs apparaissent dans L’ami américain :
1) Nicholas Ray (le peintre, prétendument mort, émigré à New York) qui se déguise en John Ford vers la fin du film. 2) Samuel Fuller (dans le train, l’homme âgé de la Mafia). 3) Jean Eustache (l’homme rencontré dans le bar français qui lui met un pansement). 4) L’allemand Peter Lilienthal (Marcangelo, celui qui présente Dennis Hopper à Bruno Ganz à la salle des ventes). 5) Le suisse Daniel Schmid (l’homme à assassiner dans le métro). 6) L’écossais Alexander (ou Sandy) Whitelaw (le médecin parisien). 7) Gérard Blain (le commanditaire français).
On peut même en ajouter un huitième puisque le blessé tout enrubanné de bandages dans l’ambulance n’est autre que Wim Wenders lui-même !

* Le journal que tient Daniel Schmid, l’homme à assassiner dans le métro, est le numéro de Libération qui annonçait la mort d’Henri Langlois (décédé le 13 janvier 1977). Le film lui est dédié.

* L’ami américain est adapté principalement du roman Ripley s’amuse de Patricia Highsmith mais aussi de Ripley et les ombres. Le premier des deux a été également adapté par Liliana Cavani en 2002 : Ripley’s Game (Ripley s’amuse).

L'ami américain (Der amerikanische Freund)Bruno Ganz et Dennis Hopper dans L’ami américain (Der amerikanische Freund) de Wim Wenders.

9 septembre 2014

Il était une fois dans l’Ouest (1968) de Sergio Leone

Titre original : « C’era una volta il West »

Il était une fois dans l'OuestAlors que la construction du chemin de fer progresse à travers le désert, un fermier et sa famille est assassiné. Au même moment arrive un mystérieux solitaire… Il était une fois dans l’Ouest est le plus connu des « westerns-spaghetti ». Développé à partir d’une idée de Sergio Leone et Bernardo Bertolucci, l’histoire assez simple reprend deux des thèmes majeurs du western : la revanche et la mutation de l’Ouest vers la modernité (symbolisée ici par l’arrivée du chemin de fer). Mais c’est bien entendu sa forme qui rend le film si unique : les longs plans, la lenteur extrême des gestes, les visages impénétrables, l’utilisation des sons et de la musique d’Ennio Morricone, etc. Sergio Leone esthétise, il amplifie à la limite de la caricature, et réussit à créer un véritable envoûtement. C’est avant tout un spectacle qu’il crée : le western-opéra. Les emprunts et clins d’oeil sont innombrables. De façon audacieuse, Henri Fonda est ici à contre-emploi dans un rôle de méchant. Le film est couramment tenu aujourd’hui en très haute estime (il en est d’ailleurs de même pour toute l’oeuvre de Sergio Leone), estime que l’on peut trouver un peu excessive.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Henry Fonda, Jason Robards, Charles Bronson
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Remarques :
* Il était une fois dans l’Ouest n’eut aucun succès à sa sortie aux Etats-Unis. La version diffusée avait, il est vrai, été largement coupée au point de rendre le film parfois incompréhensible. Les américains ont dû attendre près de 15 ans avoir de voir une version plus complète. A noter que, dans son autobiographie, Henri Fonda a une interprétation différente de ce flop : selon lui, le public américain ne pouvait accepter de le voir tuer de sang froid un enfant.

* Bien qu’en format très large (2.35 :1), Sergio Leone n’a pas utilisé de lentille anamorphique (sinon les très gros plans apparaitraient déformés). Il utilise une fois de plus la technique du Techniscope qui consiste à placer deux images l’une au dessus de l’autre dans l’emplacement d’une seule image sur un film classique 35mm. L’avantage, en dehors des économies de pellicule, est de pouvoir utiliser les objectifs sphériques habituels. Le premier film en Techniscope serait La Princesse du Nil de Victor Tourjansky (1960).

* Une version Director’s Cut est sortie dans un DVD italien. Elle totalise 170 mn au lieu des 158 de la version internationale. Si on exclut le générique, ce sont 11 mn qui sont ajoutées, essentiellement des allongements de scènes déjà très longues. (Voir les différences)

Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West)Charles Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest (C’era una volta il West) de Sergio Leone.

Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West)Henry Fonda dans Il était une fois dans l’Ouest (C’era una volta il West) de Sergio Leone.