16 février 2012

Coeur d’apache (1912) de David W. Griffith

Titre original : « The musketeers of Pig Alley »

Coeur d'apache(muet, 17 minutes) Une jeune femme et son mari musicien vivent chichement dans un quartier de New York. Le mari, parti quelques jours, se fait dérober l’argent qu’il vient de gagner alors qu’il rentre chez lui. Pendant ce temps, deux gangs s’affrontent… The Musketeers of Pig Alley est reconnu comme étant le premier film de gangster. Précédemment, on avait vu opérer des voleurs et autres petits malfrats mais pas des gangsters opérant en bande avec description de leur mode de fonctionnement. Nous les voyons ainsi voler, faire la guerre à une bande rivale et surtout obtenir la complicité de la population qui se tait face à la police ou pire encore fait de faux témoignages pour les innocenter : « le début de l’engrenage » dit Griffith. L’intrigue est un peu confuse, les intertitres explicatifs peu nombreux, mais le film renferme beaucoup de scènes d’action. The Musketeers of Pig Alley Un autre point marquant de The Musketeers of Pig Alley est cette façon de laisser les personnages approcher très près de la caméra lors des scènes de la guerre de gangs pour créer suspense et tension. Griffith crée aussi la tension par un montage parallèle habile, montrant tour à tour le comportement de chacun des deux gangs. Elmer Booth a une belle dégaine de petit caïd, jouant dans un style où James Cagney excellera plus tard. Lilian Gish, alors débutante, fait montre d’une belle présence à l’écran.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Elmer Booth, Lillian Gish, Alfred Paget, John T. Dillon
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Remarques :
Lilian Gish et Dorothy GishPetit amusement de Griffith : dans la scène où Lilian Gish sort dans la rue, elle croise un personnage joué par sa jeune sœur Dorothy Gish (alors âgée de 14 ans). Les deux sœurs se regardent et semblent s’observer pendant une fraction de seconde. On remarquera aussi dans cette scène, une voire deux figurantes qui regardent directement la caméra. Ce n’est pas une erreur mais au contraire volontaire : Griffith avait remarqué que lors des scènes de rue, beaucoup de gens regardaient la caméra et il a donc demandé à certains acteurs de faire de même pour ajouter à l’authenticité.

A noter également, les apparitions de Lionel Barrymore (dans Pig Alley) et de Robert Harron (au dancing).

16 février 2012

Le coeur de l’avare (1911) de David W. Griffith

Titre original : « The miser’s heart »

The Miser's HeartDans un petit immeuble, une petite fille joue seule parce que sa mère est malade. Elle fraternise avec le voisin du dessus. Deux cambrioleurs veulent forcer cet homme à donner la combinaison de son coffre et menace la petite fille pour le forcer à parler… La morale de cette histoire est donnée en préambule : « La richesse est peu de choses quand un être aimé est en danger. » The Miser’s heart est intéressant par la façon dont Griffith déroule son scénario et bâtit admirablement le suspense. Le scénario est en fait assez complexe car il y a le personnage supplémentaire du petit voleur à la tire qui voit la petite fille en danger mais hésite à prévenir la police qui lui a dit de quitter la ville. A noter la présence deux stars en devenir : Lionel Barrymore qui interprète le petit voleur et Robert Harron, dont la carrière de jeune premier sera si courte, ici en commis-boulanger.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Linda Arvidson, Lionel Barrymore, Robert Harron, Adolph Lestina
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15 février 2012

Les Aventures de Hadji (1954) de Don Weis

Titre original : « The adventures of Hajji Baba »

Les aventures de HadjiLe jeune barbier quitte l’échoppe de son père et part à l’aventure pour chercher merveille fortune. Il rencontre la princesse Fawzia en fuite pour aller épouser un prince belliqueux…
Les aventures de Hadji est un conte qui semble inspiré par contes des Mille et une nuits. L’histoire peut sembler très classique mais la qualité de réalisation tire ce film de la banalité. Que ce soit dans les couleurs, les costumes et les décors, beaucoup de soin a été apporté pour donner au film un film à l’ambiance assez prenante. L’ensemble est bien équilibré, sans dimension fantastique mais avec une pointe d’érotisme discret. Les aventures de Hadji est un film plaisant qui est passé inaperçu aux Etats-Unis. Cela aurait été aussi le cas en France s’il n’avait été porté aux nues par las mac-mahoniens (1). C’est le meilleur film de Don Weis qui a été ensuite réalisateur et producteur de séries TV.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Derek, Elaine Stewart, Thomas Gomez, Amanda Blake, Paul Picerni
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Remarque :
* La chanson Hajji Baba (musique et direction Dimitri Tiomkin, paroles Ned Washington, arrangement Nelson Riddle) est chantée par Nat ‘King’ Cole.

(1) Les « mac-mahoniens » étaient un groupe de cinéphiles fréquentant le cinéma Mac-Mahon dans le 17e à Paris dans les années 50. Grands admirateurs du cinéma américain, ils mettaient en avant la notion de mise en scène. Ils avaient quatre réalisateurs préférés, leur « carré d’as » : Joseph Losey, Raoul Walsh, Fritz Lang et Otto Preminger. En revanche, ils jugeaient des réalisateurs comme Eisenstein, Rossellini, Orson Welles ou même Hawks comme étant largement surcotés, ce qui engendrait de belles joutes verbales avec les gens des Cahiers du Cinéma (dont les bureaux n’étaient d’ailleurs pas très loin). Les mac-mahoniens étaient plutôt proches de Positif et surtout de Présence du Cinéma. Parmi les anciens mac-mahoniens (ou proches des mac-mahoniens) les plus connus, on peut citer Bertrand Tavernier, l’historien et scénariste Jacques Lourcelles et, bien entendu, l’historien-théoricien Michel Mourlet qui a signé l’article « Sur un art ignoré » en 1959, qui devint le manifeste de ce mouvement cinéphile.

The adventures of Hajji BabaJohn Derek et Elaine Stewart dans Les Aventures de Hadji (1954) de Don Weis

13 février 2012

Rio Grande (1950) de John Ford

Rio GrandeAu lendemain de la Guerre de Sécession, le lieutenant-colonel Kirby Yorke commande un fort tout près du fleuve Rio Grande. Régulièrement, ils essuient des raids des indiens qui vont ensuite se réfugier au-delà de la frontière mexicaine. Un jour, parmi les nouvelles recrues, se trouve son jeune fils qu’il n’a pas vu depuis 15 ans. Peu après, sa mère arrive pour le rechercher… Rio Grande est le troisième film de la fameuse trilogie de John Ford sur la cavalerie (1). C’est aussi le moins fort des trois. Le réalisateur montre ici certains de ses sentiments ou même croyances. Tout le film est basé sur un antagonisme que l’on retrouve souvent dans ses films : la famille contre l’armée, le cœur contre le devoir. Cet antagonisme prolonge celui Nord/Sud, tout aussi récurrent chez John Ford. S’il fait preuve de sensibilité et de limpidité, il n’échappe pas à certains excès sentimentalistes. Il expose aussi ses convictions religieuses comme dans cette scène très symbolique où les soldats retranchés dans une église tirent pour ses défendre à travers une ouverture en forme de croix. Pour la seconde fois, John Ford fait jouer quelques superbes morceaux par le groupe Sons of the Pioneers (2). Si Rio Grande paraît moins fort que les deux autres films sur la cavalerie, il comporte néanmoins plusieurs très belles scènes.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Wayne, Maureen O’Hara, Ben Johnson, Harry Carey Jr., Victor McLaglen
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(1) Trilogie sur la cavalerie par John Ford :
Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache) (1948)
La Charge Héroïque (She wore a yellow ribbon) (1949)
Rio Grande (1951)

(2) Sons of the Pioneers est un groupe de musique, très populaire à partir du milieu des années trente, spécialisé dans la musique western que l’on peut aussi appeler « les chansons de cowboys ». L’un des membres a pris le nom de Roy Rogers et tourné sous ce nom une bonne centaine de films de cowboy. Le morceau le plus célèbre de Sons of the Pioneers est probablement Tumbling Tumbleweeds, morceau qui a eu récemment une nouvelle notoriété avec le film des Frères Coen The Big Lebowski. Le groupe est toujours actif aujourd’hui! John Ford les avaient déjà utilisés dans Wagon Master (1950) mais sans les montrer à l’écran comme ici.

11 février 2012

That Certain Thing (1928) de Frank Capra

That Certain Thing (film muet) Molly est une jeune vendeuse de cigares dans un hôtel. Elle rêve de rencontrer un millionnaire. Son souhait va être exaucé quand elle tombe sur le fils d’un riche propriétaire d’une chaine de restaurants… That Certain Thing est un film qui a une certaine valeur historique car il marque un tournant à la fois dans la carrière de Frank Capra et dans la percée de la jeune compagnie Columbia. Quand, en 1927, Harry Cohn demande à un jeune réalisateur qui avait tourné des comédies slapstick, notamment deux bons films avec Harry Langdon (1), de réaliser un long métrage,  il ne sait pas que ce Frank Capra va donner un formidable élan à sa compagnie et hisser Columbia parmi les grands. Fait avec moins de 20 000 dollars, That Certain Thing est le premier d’une longue série de succès. Viola Dana Les bases du scénario ne sont guère originales (2), certes, mais son développement et son aboutissement sont plus surprenants. C’est l’un des très rares films encore visibles avec Viola Dana, actrice encore plus petite que Mary Pickford (3) et qui avait débuté sa carrière en 1914 à l’âge de 17 ans. L’actrice cessera de tourner à l’arrivée du parlant. That Certain Thing n’est pas encore du grand Frank Capra : c’est un début modeste pour un futur grand maitre de la comédie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Viola Dana, Ralph Graves
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(1) Frank Capra avait tourné deux longs métrages avec Harry Langdon : The Strong Man (1926) et The Long Pants (1927). Frank Capra avait en outre tourné juste avant That Certain Thing  une comédie avec Claudette Colbert (alors inconnue, c’est son premier film) : For the love of Mike (1927), film qui avait été un échec (film aujourd’hui perdu, mais Frank Capra l’a qualifié comme étant le plus mauvais de sa carrière).

(2) On peut noter certains points communs avec La Petite Vendeuse (1927) de Sam Taylor avec Mary Pickford.

(3) Viola Dana mesurait 1m51, soit la même taille que Veronica Lake (qui était à peine née à l’époque, soit dit en passant). Mary Pickford mesurait 1m54.

10 février 2012

Son altesse royale (1929) de Lewis R. Foster

Titre original : « Double whoopee »

Son altesse royale(Muet, 18 minutes) Laurel et Hardy sont engagés comme portier et valet de pied dans un grand hôtel qui attend la visite d’un prince… Assez classique, Double Whoopee comporte de bons gags et deux particularités : d’une part, un personnage de prince qui évoque furieusement Erich von Stroheim (interprété par John Peters, alias Hans Joby, qui a été le double de Stroheim et qui a donc une parfaite connaissance de ses tics et mimiques) et, d’autre part, l’apparition remarquée de Jean Harlow (17 ans) en petite tenue après que sa robe ne soit malencontreusement (!) restée coincée dans la portière du taxi. Bien rythmé, Double Whoopee est plutôt réussi. Laurel et Hardy sont alors dans leur meilleure période.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Jean Harlow, Charlie Hall
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10 février 2012

La bataille du siècle (1927) de Clyde Bruckman

Titre original : « The battle of the century »

La bataille du siècle(Muet 19 minutes) Avec Oliver Hardy comme manager, Stan Laurel affronte un boxeur féroce sur un ring. Le lendemain, les deux compères provoquent une gigantesque bataille de tartes à la crème…
Pendant longtemps, on ne connaissait que la seconde moitié de The Battle of the Century. La première bobine a récemment été retrouvée. Le match de boxe du début ne tient pas toutes ses promesses, il est plutôt décevant. En revanche, la bataille de tartes à la crème est très réussie, surtout dans son enchainement, avec cette façon hilarante d’impliquer de plus en plus de personnes. Rapidement, ce sont des dizaines (centaines ?) de personnes qui y participent. Plus de 3000 tartes à la crème furent utilisées. C’est l’un des premiers films de Laurel et Hardy qui établissent leur style inimitable, avec notamment leur fameuse technique du slow burn (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Noah Young, Charlie Hall, Lou Costello
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Remarques :
* Henry Miller aurait décrit The Battle of the Century comme étant le film comique le plus réussi jamais tourné.
* Durant le match de boxe, le comptage interrompu plusieurs fois par l’arbitre fait allusion à un combat réel entre Gene Tunney et Jack Dempsey qui avait fait polémique à l’époque.
* Lou Costello (du duo Abbott et Costello) fait ici l’une de ses premières apparitions à l’écran. C’est l’un des spectateurs tout près du ring.

* Roland Lacourbe le souligne dans son excellent livre sur Laurel et Hardy : « Contrairement à ce que le public a coutume de croire, les vraies batailles de tartes à la crème sont relativement rares dans l’histoire du cinéma. William K. Everson, qui s’est chargé de les compter, prétend qu’on les compte… sur les doigts d’une seule main!
Behind the Screen (1916) de Chaplin
The Battle of the Century (1927) de Laurel & Hardy
The Keystone Hotel (1935) de Ralph Staub
In the Sweet Pie and Pie (1941) avec les 3 Stooges
The Great Race (1965) de Blake Edward. »
(Nota : cette liste n’est sans doute pas, ou plus, complète mais l’idée est là.)

(1) Le comique slapstick  des années 10, popularisé notamment par la Keystone, reposait sur une avalanche de gags laissant peu de répit au spectateur. Hal Roach fera tout en revanche pour ralentir afin de laisser aux spectateurs le temps d’absorber les gags et cela deviendra une marque de fabrique pour Laurel & Hardy. Dans Battle of the Century, les protagonistes ne cherchent pas à s’enfuir où à riposter avant leur adversaire… Non, ils attendent avec résignation les projectiles. Le lanceur prend ainsi tout son temps pour viser (l’affiche ci-dessus illustre bien ce principe). Cette lenteur renforce le comique de la situation. Les américains, qui aiment bien mettre un nom sur tout, ont appelé cela la technique du slow burn (=combustion lente).

The battle of the century

8 février 2012

Electra Glide in Blue (1973) de James William Guercio

Titre français parfois utilisé : « Dérapage contrôlé »

Electra Glide in BlueMotard de la police routière de l’Arizona, John Wintergreen rêve de devenir détective. Quand un vieil homme se suicide dans une cabane isolée, il voit là l’occasion de se distinguer et déclare contre tous qu’il s’agit d’un meurtre. Un inspecteur de la Criminelle lui donne raison et le prend comme acolyte… Electra Glide in Blue est un film qui fut mal reçu à sa sortie, notamment à Cannes où il a été présenté. Il faut dire que le propos de James William Guercio, plus connu comme musicien et producteur (1), est un peu difficile à cerner : il renvoie dos à dos la communauté hippie, qu’il montre soit comme vivant dans la fange soit tirant de bons profits du trafic de drogue, et les policiers qu’il montre comme corrompus ou incapables. Ce type de propos désenchanté plaît beaucoup plus aujourd’hui et Electra Glide in Blue est aujourd’hui souvent considéré comme un film important montrant le déclin d’une certaine Amérique. Le fait qu’il ait été très peu exploité en France contribue à lui donner de l’attrait et un début de statut de film-culte… L’ensemble est toutefois confus et quelque peu décousu. Le fait qu’il s’amuse à retourner certaines situations de Easy Rider n’arrange pas les choses. En grand admirateur de John Ford, James William Guercio donne une atmosphère de western moderne à son film et tourne à Monument Valley. Il a parfaitement su contrecarrer son manque d’expérience en s’entourant de grands professionnels ce qui permet à la photographie d’être assez belle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert Blake, Billy Green Bush, Mitch Ryan, Jeannine Riley, Elisha Cook Jr.
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Remarques :
(1) James William Guercio fut guitariste, notamment avec Frank Zappa, puis producteur de Blood Sweat & Tears et du groupe Chicago. On retrouve d’ailleurs plusieurs membres de Chicago : Peter Cetera (Bob Zemko), Lee Loughnane (le hippie avec les cochons), Walter Parazaider (Loose Lips), Terry Kath (le tueur). A noter aussi, au sein de la communauté hippie, un figurant du nom de Nick Nolte.

6 février 2012

Cinq pièces faciles (1970) de Bob Rafelson

Titre original : « Five Easy Pieces »

Cinq pièces facilesCinq pièces faciles est un film important du cinéma indépendant américain. Bob Rafelson nous montre un jeune trentenaire, issu d’une famille bourgeoise artiste, en rupture avec son milieu. Après avoir quitté le domicile familial, il a fait toutes sortes de métiers. Au début du film, on le voit au Texas, travaillant sur des puits de pétrole et vivant avec une jeune serveuse. Il va ensuite retourner chez lui après avoir appris que son père est très malade… Aujourd’hui Cinq pièces faciles est souvent décrit comme un film sur l’opposition de deux classes sociales mais il faut se replacer dans le contexte de l’époque : le propos est bien plus sur le refus d’une voie, d’un schéma pré-tracé et imposé la famille. Le personnage joué par Jack Nicholson n’a que faire de changer de classe sociale ou pas. Il ne sait pas d’ailleurs ce qu’il cherche ; il sait par contre ce qu’il refuse. Analyser sa position comme étant égoïste ou suffisante est faire fausse route. Il s’aperçoit simplement que tous ceux qu’il rencontre ne lui apportent pas de réponse, que ce soit son copain de chantier, sa petite amie bimbo, la lesbienne nihiliste ou encore les intellos amis de la famille. A noter que pour symboliser la rigidité du cadre familial, Bob Rafelson les affuble d’une infirmité : son père est paralysé et muet, le dialogue étant ainsi définitivement impossible, le frère violoniste a une minerve. Jack Nicholson donne au film toute sa force par son charisme, ses excès de hargne. Le scénario a été écrit pour lui. Easy Rider et Cinq pièces faciles sont les deux films qui ont vraiment révélé l’acteur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Karen Black, Susan Anspach, Billy Green Bush, Lois Smith
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4 février 2012

Bien faire et ne rien dire (1926) de Leo McCarey

Titre original : « Mum’s the word »

Mum's the Word(Court métrage muet de 24 minutes) Une femme qui vient se remarier cache à son nouveau mari qu’elle a un grand fils de trente ans. Lorsque celui-ci vient lui rendre une visite impromptue, elle le fait passer pour le nouveau valet de chambre… Réalisé par Leo Mc Carey, Mum’s the Word met en scène Charley Chase, cet excellent comique des années vingt, hélas un peu trop oublié aujourd’hui. La première partie avec notamment une scène de rasage plutôt acrobatique est assez classique mais la seconde est très réussie avec un humour assez subtil jouant avec un couloir et des passages incessants d’une chambre à l’autre. A noter également une variante amusante du gag du miroir de Max Linder (à l’époque, les Marx Brothers n’avaient pas encore tourné la leur) (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Virginia Pearson, Martha Sleeper, Anders Randolf
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Remarque :
En anglais, Mum’s the Word est une expression qui signifie « motus et bouche cousue ».

(1) Le gag du miroir, qui consiste à ce qu’un personnage mime exactement les gestes de l’autre pour lui faire croire qu’il est devant un miroir, est apparu pour la première fois à l’écran dans Sept ans de Malheur  (1921) de Max Linder (ce n’est pas lui qui l’a inventé toutefois, il semble que ce gag était apparu en premier à Broadway). Les Marx Brothers en feront une scène très célèbre de La Soupe aux canards (1933) qui sera également réalisé par Leo McCarey. Charley Chase l’avait précédemment tourné dans Sittin’ Pretty en 1924. Ici, la variante consiste à être derrière un rideau-store qui laisse passer les ombres chinoises. Le but est inversé : faire croire à quelqu’un que la personne qu’il a vu passer est en fait son ombre.

Mum's the word