15 janvier 2022

Diva (1981) de Jean-Jacques Beineix

DivaJules, un jeune postier, est fasciné par Cynthia Hawkins, une célèbre Diva qui n’a jamais consenti à faire enregistrer sa voix. Lors d’un concert parisien au théâtre des Bouffes-du-Nord, Jules enregistre clandestinement son récital, discrètement observé par deux Taïwanais. Sans le savoir, Jules entre également en possession d’un autre enregistrement le lendemain, la confession d’une prostituée menacée de mort qui a déposé une cassette dans la sacoche de son vélomoteur…
Diva est un film français coécrit et réalisé par Jean-Jacques Beineix, son premier long métrage. Il s’agit d’une histoire policière qui prend des allures très esthétisées. Les décors intérieurs sont originaux, ses personnages vivent dans d’immenses lofts pratiquement vides ou au contraire encore emplis de matériels désaffectés (1). Les couleurs sont vives et la décoration s’inspire du pop art. Les plans sont travaillés aussi par le cadrage et d’amples mouvements de camera. Tout est là pour séduire l’œil et aussi les oreilles puisque le rôle de la diva est tenu par Wilhelmenia Fernandez, chanteuse lyrique américaine. Le film est séduisant mais pas racoleur. L’intrigue est un peu secondaire mais, là aussi, certains personnages ont beaucoup de style, tel ce truand taciturne composé par Dominique Pinon ou encore le couple esthète formé par Richard Bohringer et Thuy An Luu. A l’époque de sa sortie, la critique s’est déchaînée contre le film qui fustigeait ce « cinéma du look » (2). Ce n’est qu’après son succès aux Etats-Unis et ses Césars l’année suivante que les entrées exploseront. Rétrospectivement, on considère que Diva est le premier film de ce courant cinématographique français parfois appelé « cinéma du look » dont Beineix, Carax et Besson seront les premiers représentants.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frédéric Andréi, Richard Bohringer, Thuy An Luu, Wilhelmenia Fernandez, Jacques Fabbri, Gérard Darmon, Dominique Pinon
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Jacques Beineix sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le morceau d’opéra est Ebben? Ne andrò lontana, l’un des principaux arias de l’opéra La Wally créé en 1892 par le compositeur italien Alfredo Catalani. Il est chanté par Wilhelmenia Fernandez.
* Le phare est le phare de Gatteville, en haut de la péninsule du Cotentin.

(1) Précisons qu’en 1981, les lofts ne faisaient pas encore fureur en France. En revanche, l’engouement pour les lofts existait aux Etats-Unis depuis les années 1970.
(2) Beaucoup de critiques voyaient là un certain dévoiement du cinéma. Le célèbre critique Serge Daney s’insurgeait contre « une esthétique publicitaire ».

 DivaThuy An Luu et Richard Bohringer dans Diva de Jean-Jacques Beineix.

16 avril 2012

Ladies of Leisure (1930) de Frank Capra

Ladies of LeisureUne jeune femme, à la recherche d’un beau parti, fait la rencontre d’un fils de la haute bourgeoisie. Il est artiste-peintre et l’engage comme modèle… Ladies of Leisure fait partie des tous premiers films parlants de Frank Capra et c’est son premier film avec Barbara Stanwyck, actrice qu’il propulsera au firmament. Elle y montre déjà ce subtil mélange de force et de vulnérabilité qui sera si spécifique à la plupart de ses rôles ultérieurs. Le scénario est adapté d’une pièce de Milton Herbert Gropper ; l’histoire n’est, il faut bien le reconnaître, guère originale (1). Le début du film, sur le registre de la comédie, est le plus réussi avec des très bons dialogues. La fin, plus mélodramatique, l’est un peu moins. Le jeu rigide de Ralph Graves alourdit l’ensemble mais Barbara Stanwyck montre heureusement beaucoup plus de richesse. Si l’on note, ici et là, quelques imperfections (souvent liées au son), Frank Capra se distingue avec quelques plans de toute beauté, tels ces plans pris de l’extérieur du loft éclairé, sous une pluie battante : absolument superbes ! Ladies of Leisure n’est jamais sorti en France.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Ralph Graves, Lowell Sherman, Marie Prevost
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.

Voir les autres films de Frank Capra chroniqués sur ce blog…

(1) L’histoire de Ladies of Leisure est très proche de celle de That Certain Thing que Capra a tourné en muet quelques années plus tôt (1928) ou encore de La petite vendeuse (1927) de Sam Taylor avec Mary Pickford.

Remake :
Women of glamour de Gordon Wiles (1937) avec Virginia Bruce et Melvyn Douglas

Homonyme (histoire différente) :
Ladies of Leisure de Tom Buckingham (1926)