21 mars 2013

Colors (1988) de Dennis Hopper

ColorsA Los Angeles, un policier expérimenté doit faire équipe avec un jeune plein de fougue. Ils patrouillent dans les quartiers infestés par de très nombreux gangs… Ce n’est pas tant la relation entre les deux policiers, qui peut paraître très classique, qui fait l’originalité de Colors mais plutôt le traitement très réaliste, du moins proche de la réalité, du quotidien des patrouilles de policiers face aux gangs. Il en découle une indéniable authenticité presque documentaire. Cela n’empêche pas les deux rôles principaux d’être merveilleux tenus, le tandem formé par Robert Duvall et Sean Penn montrant une certaine richesse et donnant de l’épaisseur à l’ensemble. Denis Hopper sait éviter tout sensationnalisme et tout sentimentalisme pour se concentrer sur son sujet. Il montre aussi beaucoup de maitrise dans les scènes d’action, avec des poursuites très prenantes. La violence est bien entendu omniprésente, paraissant aussi inutile qu’inéluctable. La musique donne une large place au rap avec également des morceaux originaux d’Herbie Hancock. Le style très réaliste de Colors a été, par la suite, largement copié par de très nombreux films et séries policières.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Penn, Robert Duvall
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19 mars 2013

Les Joies de la famille (1935) de Clyde Bruckman

Titre original : « Man on the Flying Trapeze »
Autre Titre (U.K.) : « The Memory Expert »

Les joies de la familleLa vie d’Ambrose Wolfinger n’est pas rose : mal considéré par sa femme, il doit aussi supporter une belle-mère désagréable et un beau-frère oisif. Seule sa fille (issue d’un premier mariage) lui témoigne de l’affection. Il va devoir, en outre, affronter des cambrioleurs qui se sont introduits dans sa cave. Il est plutôt apprécié dans son travail mais une fausse excuse pour aller assister à un match de catch va avoir de fâcheuses conséquences…… En 1934, W.C. Fields est au sommet de sa carrière et Man on the Flying Trapeze est un bel exemple de son grand talent de comique. Après un démarrage un peu lent, il y a un bel enchainement de situations saugrenues et de gags. Certains sont des petites merveilles d’humour comme toute la scène de la contravention, les cambrioleurs chantants, … … Le film est souvent classé parmi les meilleurs de W.C. Fields.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Mary Brian, Kathleen Howard, Walter Brennan
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Remarques :
Les joies de la familleClyde Bruckman (dont c’est ici le dernier film) étant toujours sous l’emprise de l’alcool, Man on the Flying Trapeze a été en grande partie dirigé par W.C. Fields lui-même.

On pourra remarquer que W.C. Fields a donné les deux rôles féminins les plus favorables à son personnage à deux actrices qui lui sont proches : sa fille est interprétée par Mary Brian, amie et voisine de Fields, qui avait déjà joué sa fille dans Running Wild (1927), une histoire assez proche de celle-ci. Sa secrétaire est interprétée par Carlotta Monti qui a été et sera la maitresse de W.C. Fields pendant quatorze années. Carlotta Monti a d’ailleurs  écrit un livre, W.C. Fields and Me, qui sera porté à l’écran sous ce nom en 1976 par Arthur Hiller.

18 mars 2013

L’Équipée sauvage (1953) de Laslo Benedek

Titre original : « The Wild One »
Autre titre (Belgique) : « Le gang descend sur la ville »

L'equipée sauvageUne bande de jeunes motards roule à toute allure sur les routes, perturbent une compétition de course de motos et arrivent dans une petite ville où l’un d’entre eux est renversé par un vieil homme en voiture. Ils restent sur place et la tension monte… A défaut d’être un grand film, L’Équipée sauvage est un film qui eut une grande influence sociétale. Il a établi durablement l’image du blouson noir et celle du rebelle. L’histoire est adaptée d’un roman de Frank Rooney qui est basé sur un fait réel (1). Le film oppose assez maladroitement le mal de vivre de la jeunesse à une population locale rétrograde pour ensuite développer un aspect mélodramatique trop appuyé et finir sur une note de tolérance bienveillante. C’est vraiment Marlon Brando qui donne au film toute sa force, absolument superbe dans ce personnage de rebelle, placide et déterminé, avec cette façon de laisser poindre sous la carapace une certaine fragilité. Plus qu’un personnage, Brando a créé un icone.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Mary Murphy, Robert Keith, Lee Marvin, Jay C. Flippen
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Remarques :
L'equipée sauvage* Une légende voudrait que John Lennon ait choisi le nom de son groupe d’après le nom de la bande adverse dans L’Équipée sauvage : the Beetles. Cette légende a toutefois toutes les chances d’être fausse. Le film a d’ailleurs été interdit pendant 13 ans au Royaume Uni où il n’est sorti qu’en 1967.
* En dehors de L’Équipée sauvage et de La Mort d’un commis voyageur (1951) (d’après Arthur Miller), Laslo Benedek, scénariste et monteur d’origine hongroise, n’a pas vraiment réalisé de films notables.

(1) The Cyclists Raid, court roman de Frank Rooney, est basé sur des incidents qui eurent lieu le 4 juillet 1947 à Hollister en Californie. Les festivités et les courses organisées ce jour-là attirèrent près de 4000 motards dans une petite ville qui ne comptaient guère plus d’habitants. Les quelques bars furent envahis, les motards éméchés parcourant bruyamment la ville sans qu’il y ait toutefois de réelles violences. Assez mineurs, ces incidents furent montés en épingle par la presse (locale et nationale) mais furent bien moins dramatiques que ceux du film de Laslo Benedek.

4 mars 2013

Maudite Aphrodite (1995) de Woody Allen

Titre original : « Mighty Aphrodite »

Maudite AphroditeLenny et Amanda ont adopté leur fils Max. Lorsqu’il réalise, quelques années plus tard, que son fils est particulièrement brillant, Lenny a envie de rencontrer sa vraie mère. Il se lance à sa recherche mais il est plutôt décontenancé quand il la trouve… Il est difficile de ne pas voir dans Maudite Aphrodite certaines similitudes avec la situation personnelle de Woody Allen, notamment sa récente rupture avec Mia Farrow (1). La situation est toutefois différente. La construction est originale puisque Woody Allen a pris l’option de faire commenter les évènements par un choeur de théâtre grec antique avec même des interventions directes dans les scènes de personnages comme Oedipe, Laïos, Jocaste, Tirésias et Cassandre. Cela donne un amusant caractère de fable moderne à cette histoire. Maudite Aphrodite Le personnage joué par Woody Allen est cette fois un peu différent, moins intellectuel que d’habitude (c’est un journaliste sportif), ce qui ne l’empêche pas d’avoir de superbes réparties car les dialogues sont particulièrement brillants, avec un humour assez élégant même quand il devient un peu grivois. On peut noter quelques scènes sans doute inutiles (avec le souteneur, par exemple) et le jeu d’Helena Bonham Carter est assez fade (est-ce voulu?) mais l’ensemble est réussi et très amusant. Maudite Aphrodite est généralement jugé comme plus léger que les autres films de Woody Allen. Il l’est sans doute mais ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mira Sorvino, Helena Bonham Carter, Jack Warden
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Remarques :
* Les scènes de théâtre grec ont été filmées à Taormine en Sicile.
* Maudite Aphrodite a été un beau tremplin pour Mira Sorvino qui a reçu l’Oscar du meilleur second rôle.

(1) Mia Farrow a quitté Woody Allen en 1992 après avoir découvert son attrait pour sa fille adoptive Soon-Yi Previn alors âgée de 22 ans (qu’il épousera en 1997 et qui est toujours sa femme aujourd’hui). Woody Allen aurait proposé le rôle d’Amanda à Mia Farrow… Réponse de l’agent de l’actrice : « Vous êtes cinglé ou quoi ? ».

3 mars 2013

Blade Runner (1982) de Ridley Scott

Blade RunnerDans un futur proche, un ancien chasseur de primes est rappelé pour traquer des réplicants, des androïdes très perfectionnés, qui se sont évadés des mondes extérieurs où ils sont normalement confinés… Plus que l’adaptation du roman de Philip K. Dick « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », Ridley Scott s’est attaché à recréer une atmosphère de film noir dans un environnement ultra futuriste. Blade Runner emprunte ainsi autant à Chandler qu’à Dick, Harrison Ford personnifiant un Philip Marlowe du futur. Par rapport au livre, l’histoire paraît plus simple, même si on a pu lui prêter plus d’interprétations qu’elle n’en porte (1). La grande force du film Blade Runner est dans l’environnement futuriste créé, noir et oppressant, montrant une mégapole surpeuplée, un immense Chinatown grouillant et envahi de technologie, survolé par des vaisseaux publicitaires géants. Le côté inhumain est renforcé par l’absence de plein jour et une pluie battante omniprésente. Les décors, qui montrent une filiation avec ceux de Metropolis, ont été dessinés par Syd Mead, désigner futuriste de génie (2) ; les effets spéciaux sont créés par l’excellent Douglas Trumbull (3). L’ensemble est très crédible et nous sommes littéralement immergés dans ce monde aussi fascinant qu’anxiogène. Blade Runner est ainsi plutôt un film d’atmosphère et c’est sans doute pour cette raison que le film fut plutôt mal reçu aux Etats-Unis à sa sortie (mais mieux en Europe). Ce n’est qu’à partir de 1992 que Blade Runner sera mieux considéré et acquierera son statut de film mythique.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, M. Emmet Walsh, Daryl Hannah
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Les trois versions principales :
1) La version commerciale de 1982 avec une voix off (Harrison Ford) et une scène de fin en voiture rajoutée au dernier moment par les producteurs (il s’agit en réalité de plans non utilisés de Shining de Kubrick !)
2) La version Director’s Cut de 1992 sans voix off.
3) La version Final’s Cut de 2007 pour laquelle certaines scènes ont été tournées à nouveau par Ridley Scott.

(1) Avec la version de 1992, la question de savoir si Deckard est lui aussi un réplicant a pu ressurgir, donnant ainsi au film une tout autre dimension, questionnant sur la notion même d’humanité.
(2) Syd Mead a également dessiné le formidable univers électronique de Tron (1982), créé des décors de Star Trek (1979), 2010 (1984), Aliens 2 (1986), etc.
(3) Douglas Trumbull a également créé les effets spéciaux de 2001, l’Odyssée de l’espace (1968), Rencontres du troisième type (1977), Star Trek (1979), …

27 février 2013

Mines de rien (1940) de Edward F. Cline

Titre original : « The Bank Dick »

Mines de rienChez lui, Egbert Sousé est maltraité par tout le monde, depuis sa fillette espiègle jusqu’à sa belle-mère acariâtre. Il préfère donc passer son temps dans son bar favori. Grâce à une rencontre, il est embauché au pied levé pour remplacer un metteur en scène alcoolique. Ensuite, les apparences laissent croire qu’il a capturé deux cambrioleurs de banque. Pour le remercier, le directeur de la banque lui propose un poste de vigile… Ecrit par W.C. Fields, The Bank Dick est un excellent film, certainement l’un des meilleurs du célèbre comique américain. C’est son avant-dernier film. On peut certes trouver, comme certains critiques, qu’il manque d’unité mais il est tellement bourré de gags et de bons mots que le résultat est indéniablement une réussite. Le rythme est assez soutenu, sans aucun temps mort, les enchainements sont assez rapides. Edward Cline a dirigé de nombreux films de Buster Keaton et on sent nettement l’influence du cinéma burlesque muet dans la poursuite finale, assez échevelée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Una Merkel, Franklin Pangborn, Grady Sutton
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Remarques :
* Le personnage du metteur en scène fin saoul et donc incapable de diriger peut certainement être vu comme une allusion à Clyde Bruckman que W.C. Fields a du plus ou moins remplacer (dans Man on the flying trapeze en 1934) pour cette même raison.

* W.C. Fields a signé le scénario sous le nom de Mahatma Kane Jeeves (pour le jeu de mots, lire le commentaire ci-dessous…)

23 février 2013

Les Amants de la nuit (1948) de Nicholas Ray

Titre original : « They Live by Night »

Les amants de la nuitLe jeune Bowie vient de s’évader de prison avec deux complices. Il tombe amoureux de Keechie, la nièce de l’un deux chez qui ils se sont réfugiés. Après un cambriolage de banque, commence une cavale sans fin… Les amants de la nuit est adapté d’un roman d’Edward Anderson « Thieves like us ». C’est le premier film de Nicholas Ray qui a bénéficié d’une grande autonomie sur le tournage et a pu se livrer à quelques expérimentations. Si le film peut évidemment être classé parmi les films noirs, c’est aussi et surtout une histoire d’amour, celle de deux êtres qui ne peuvent trouver leur place dans la société (on apprend très tôt dans le film que Bowie n’a au départ rien d’un gangster et qu’il a été emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis). Ils sont condamnés à errer malgré leur très forte envie de s’établir et mener une vie normale. La grande réussite du film est dans son atmosphère, sombre, distillant une certaine claustrophobie qui nous fait partager les sentiments du jeune couple. Farley Granger et Cathy O’Donnell sont très touchants, montrant beaucoup de naïveté et de vulnérabilité. Les amants de la nuit est un très beau film, très personnel aussi. Tourné en 1947, le film est resté deux ans dans les tiroirs de la RKO. Quand il a fini par sortir, il n’a pas vraiment été bien reçu sauf en Europe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Farley Granger, Cathy O’Donnell, Howard Da Silva, Jay C. Flippen
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Remarque :
They Live by Night a été souvent rapproché d’autres films sur des couples en cavale, des rapprochements aussi superficiels qu’inutiles. Le film de Nicholas Ray est ainsi très différent de You only live once (1937) de Fitz Lang, il est encore plus différent de Gun Crazy de Joseph H. Lewis (1950). Dire qu’il préfigure Bonnie & Clyde d’Arthur Penn (1967) est une affirmation vraiment incompréhensible. Ces trois films sont toutefois de grande valeur et c’est sans doute là leur plus principal point commun avec They Live by Night !

Remake :
Nous sommes tous des voleurs (Thieves like us) de Robert Altman (1974) avec Keith Carradine et Shelley Duvall.

22 février 2013

Safe in Hell (1931) de William A. Wellman

Titre français parfois utilisé : « La Fille de l’enfer »
Autre titre (U.K.) : « The Lost Lady »

Safe in HellUne ex-secrétaire tue accidentellement l’homme qui l’a fait tomber dans la prostitution. Son fiancé, un marin de la marine marchande qui s’était longuement absenté, l’emmène sur une petite île des Caraïbes qui ne pratique pas l’extradition. Elle doit y séjourner seule dans un hôtel en compagnie d’hommes qui, eux aussi, fuient la justice… Le scénario de Safe in Hell est assez étrange, la fin est même très surprenante (même en gardant à l’esprit qu’à cette époque de montée des codes de moralité, il y avait de fortes pressions pour que les gens qui ont fauté paient pour leurs actes). Le film se situe nettement en dehors des sentiers battus. Très inhabituel pour l’époque : deux personnages parmi les plus sympathiques sont noirs et parlent non pas un dialecte local mais un anglais courant. Tous les rôles sont très bien tenus, les personnages des autres clients de l’hôtel sont franchement réussis. Dorothy Mackaill a une belle présence. Safe in Hell n’est sans doute pas un très grand film mais il ne manque pas d’intérêt.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dorothy Mackaill, Donald Cook, Ralf Harolde
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Safe in HellRemarques :
* Dorothy Mackaill est une actrice d’origine anglaise qui a beaucoup tourné de films muets. C’est son dernier film avec First National qui ne renouvellera pas son contrat. Sa carrière s’arrêtera peu après, en 1934.

* Les deux acteurs noirs sont  Nina Mae McKinney et Clarence Muse. Nina Mae Mc Kinney est plus connue pour avoir interprété l’un des rôles principaux du film 100% noir de King Vidor Halleluyah (1929).

21 février 2013

Convoi de femmes (1951) de William A. Wellman

Titre original : « Westward the Women »

Convoi de femmesA l’époque des pionniers, en 1851, le propriétaire d’un vaste domaine qui occupe toute une vallée californienne décide d’aller chercher des femmes pour ses cent employés, tous célibataires. Avec un des ses hommes, il va les recruter à Chicago et entreprend de les conduire jusqu’à sa vallée… Westward the Women est un film assez étonnant et à plus d’un titre. D’abord, c’est Frank Capra qui en a écrit le scénario et qui l’aurait lui-même réalisé si la Columbia n’avait mis son veto au projet. Ensuite, l’histoire en elle-même paraît assez incroyable ; elle est pourtant basée sur une histoire vraie. Enfin, le film est étonnant par sa qualité, William Wellman réussissant à faire un film puissant, tout en n’ayant pas de personnage principal vraiment mis en avant et sans aucune recherche du spectaculaire. C’est le groupe de femmes de Westward the Women qui en est le héros, un groupe certes mais dont les individualités qui le forment restent assez marquées. Les scènes fortes qui émaillent le périlleux périple sont nombreuses. Le film est très complet, tour à tour vibrant, enthousiasmant, émouvant, tragique. Comme toujours, le jeu de Robert Taylor est assez sobre et contribue ainsi à l’homogénéité de l’ensemble. Western sans équivalent, Westward the Women est un film admirable.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Denise Darcel, Hope Emerson, John McIntire, Julie Bishop
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Remarque :
L’actrice Denise Darcel qui interprète une française émigrée est réellement française. Venue aux Etats-Unis à la Libération après avoir épousé un capitaine de l’armée américaine, elle eut une carrière assez courte à Hollywood, principalement entre 1948 et 1954.

20 février 2013

Les Forçats de la gloire (1945) de William A. Wellman

Titre original : « Story of G.I. Joe »

Les forçats de la gloireCorrespondant de guerre, Ernie Pyle suit une compagnie de l’armée américaine en 1944, depuis l’Afrique du Nord jusqu’en Italie. Il partage la vie des soldats et les combats, notamment à Monte Cassino… Tourné et sorti avant même la fin de la guerre, ce film de William Wellman est basé sur deux livres d’Ernie Pyle (1). Le journaliste, lauréat du Prix Pulitzer en 1944, ne pourra voir le film sur les écrans puisqu’il sera tué l’année suivante, deux mois avant la sortie du film, sur une île japonaise du Pacifique. Comme l’indique le titre original, Story of G.I. Joe (littéralement « histoire de soldats ordinaires »), le film nous montre la guerre non pas sous l’angle des grands mouvements stratégiques mais telle qu’elle est vécue au quotidien par les soldats de l’infanterie, ceux dont on ne parle pas et qui progressent dans des conditions très souvent épouvantables (2). Il montre le danger mais aussi la fatigue, l’anxiété et l’épuisement que les rares sources de joie ne peuvent compenser. Story of G.I. Joe est ainsi l’un des films les plus authentiques sur la guerre. La mise en scène de Wellman est très sobre, tout comme le jeu des acteurs. Le style est presque celui d’un documentaire, aucun effet de scénario n’a visiblement été recherché. Le réalisateur a utilisé le moins possible d’acteurs professionnels pour faire jouer de réels soldats qui avaient combattu en Europe (3). Le film connut assez justement un grand succès.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Burgess Meredith, Robert Mitchum, Freddie Steele
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Remarques :
* Story of G.I. Joe est le premier grand rôle de Robert Mitchum. Il fut même nominé aux Oscars dans la catégorie du meilleur second rôle.
* William Wellman est un vétéran de la Première Guerre mondiale… mais il était dans l’aviation et, de ce fait, n’avait pas du tout la même attirance que Pyle pour l’infanterie qu’il méprisait plutôt. Il a fallu une certaine persévérance au producteur Lester Cowan pour convaincre Wellman de réaliser le film.
* Si le film a principalement été tourné en studios, certains plans sont des images authentiques issues du documentaire de John Huston, La Bataille de San Pietro (San Pietro) (1945).

(1) Les deux livres d’Ernie Pyle qui ont servi de base directe au scénario sont « Brave Men » et « Here is Your War ».
(2) Le cœoeur d’Ernie Pyle restera avec ces soldats. En 1945, lorsque le journaliste suivra la Navy dans le Pacifique, il fera remarquer le niveau de confort des soldats de la Marine comparé aux conditions de vie des fantassins et sera critiqué sur ce point.
(3) Ils s’agissaient de soldats en cours de transfert d’Europe vers le front du Pacifique où beaucoup d’entre eux trouvèrent la mort.