7 mars 2013

Seul sur l’océan pacifique (1963) de Kon Ichikawa

Titre original : « Taiheiyô hitoribocchi »

Seul sur l'océan pacifiquePar une nuit noire, dans le port d’Osaka, le jeune Kenichi Horie lèvre l’ancre clandestinement. Avec son petit voilier de 6 mètres, il veut traverser l’océan à la voile et atteindre San Francisco… Seul sur l’océan pacifique est le récit d’une histoire vraie, il est basé sur le livre du navigateur (1). Si l’idée d’accompagner un homme solitaire sur son bateau peut engendrer quelques craintes à priori, l’histoire est finalement intéressante, Ichikawa parvenant parfaitement à rendre son personnage attachant. Pourtant les flashbacks qui entrecoupent le récit de son périple montre un jeune homme plutôt égoïste et asocial (le seul être auquel il tient vraiment finalement est son chien), le portrait n’allant d’ailleurs pas trop en profondeur, restant sur l’absence de compréhension entre lui et son père, mais n’explique qu’incomplètement comment sa passion est devenu une obsession. Par ses ruptures de rythme, Ichikawa évite toute monotonie et glisse même de petites notes d’humour qui relève l’ensemble. Seul sur l’océan pacifique fait sans aucun doute partie des films plus légers de Kon Ichikawa mais relate de belle façon cette aventure hors du commun.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yûjirô Ishihara, Masayuki Mori, Kinuyo Tanaka
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(1) A l’âge de 23 ans, Kenichi Horie a été le premier japonais à effectuer la traversée du Pacifique à la voile en solitaire en 1962. Son bateau de 5m80 est aujourd’hui exposé au San Francisco Maritime Museum. Après cet exploit, Kenichi Horie a continué à naviguer et a fait de nombreuses traversées à la voile, sur des bateaux fonctionnant à l’énergie solaire ou, plus récemment en 2008, à l’énergie des vagues.

6 mars 2013

Flamme et Femme (1967) de Yoshishige Yoshida

Titre original : « Honô to onna »

Flamme et FemmeTatsuko a eu recours à l’insémination artificielle pour avoir un enfant car son mari est stérile. Quand l’enfant a deux ans, le couple recherche le donneur… Flamme et Femme a été réalisé à une époque où l’insémination artificielle était une technique nouvelle au Japon et faisait débat. Yoshida apport sa vision sur le sujet, montrant tous les problèmes au sein du couple causés par ce sentiment de demi-paternité pour au final revenir sur la notion que toute décision doit revenir à la femme. Le propos m’a semblé plutôt moins fort que dans ses autres films car, volontairement ou, plus probablement, involontairement, il fait l’apologie d’une certaine normalité de la famille et reste en surface de la question parenté sociale / parenté biologique. La métaphore de l’oiseau est en outre plutôt maladroite à mes yeux, tout comme l’épilogue. Flamme et Femme reste toutefois très intéressant à regarder avec toujours de très beaux plans et de belles recherches d’éclairage.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mariko Okada, Isao Kimura, Mayumi Ogawa, Takeshi Kusaka
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5 mars 2013

Amours dans la neige (1968) de Yoshishige Yoshida

Titre original : « Juhyô no yoromeki »

Amours dans la neigeDans le nord du Japon, en plein hiver, Yuriko va passer un dernier week-end avec son compagnon ; ils sont sur le point de rompre. Le week-end prend une tout autre tournure lorsque Yuriko annonce qu’elle est enceinte. Lui ne désire plus rompre mais Yuriko préfère appeler son ancien petit ami pour l’accompagner à la clinique faire les tests… Kijû Yoshida a écrit lui-même le scénario d’Amours dans la neige avec son scénariste d’alors Toshiro Ishido. Il s’agit à nouveau d’un triangle amoureux, certes, mais dans un cadre totalement différent : l’ancien petit ami était impuissant au moment de sa relation avec Yuriko. Lorsque son rival apprend cela, il est persuadé d’avoir l’avantage. Yoshida met donc en relief cette certitude qu’ont les hommes de la suprématie de l’amour physique sur l’amour tout court et montre la stupidité de cette assurance. C’est un propos assez peu courant et même assez courageux ; le sujet est d’ailleurs assez atemporel. De son côté, la femme, même si elle semble hésiter constamment, sait en réalité depuis le début ce qu’elle veut et le film est aussi un plaidoyer pour son libre arbitre. La photographie en noir et blanc est superbe avec une belle utilisation des paysages très enneigés de l’île d’Hokkaidō. La neige est vraiment très épaisse. Certains plans sont vraiment de toute beauté, tel ce plan d’une usine avec une longue bande de fumée horizontale au sol au premier plan. Et Mariko Okada est toujours aussi belle…!
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mariko Okada, Isao Kimura, Yukio Ninagawa
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Remarque :
Rappelons que Kijû Yoshida et Mariko Okada sont mari et femme depuis 1964 et on comprend aisément le désir de Yoshida de mettre Mariko Okada en valeur. Et il parvient remarquablement bien !

4 mars 2013

Maudite Aphrodite (1995) de Woody Allen

Titre original : « Mighty Aphrodite »

Maudite AphroditeLenny et Amanda ont adopté leur fils Max. Lorsqu’il réalise, quelques années plus tard, que son fils est particulièrement brillant, Lenny a envie de rencontrer sa vraie mère. Il se lance à sa recherche mais il est plutôt décontenancé quand il la trouve… Il est difficile de ne pas voir dans Maudite Aphrodite certaines similitudes avec la situation personnelle de Woody Allen, notamment sa récente rupture avec Mia Farrow (1). La situation est toutefois différente. La construction est originale puisque Woody Allen a pris l’option de faire commenter les évènements par un choeur de théâtre grec antique avec même des interventions directes dans les scènes de personnages comme Oedipe, Laïos, Jocaste, Tirésias et Cassandre. Cela donne un amusant caractère de fable moderne à cette histoire. Maudite Aphrodite Le personnage joué par Woody Allen est cette fois un peu différent, moins intellectuel que d’habitude (c’est un journaliste sportif), ce qui ne l’empêche pas d’avoir de superbes réparties car les dialogues sont particulièrement brillants, avec un humour assez élégant même quand il devient un peu grivois. On peut noter quelques scènes sans doute inutiles (avec le souteneur, par exemple) et le jeu d’Helena Bonham Carter est assez fade (est-ce voulu?) mais l’ensemble est réussi et très amusant. Maudite Aphrodite est généralement jugé comme plus léger que les autres films de Woody Allen. Il l’est sans doute mais ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mira Sorvino, Helena Bonham Carter, Jack Warden
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Remarques :
* Les scènes de théâtre grec ont été filmées à Taormine en Sicile.
* Maudite Aphrodite a été un beau tremplin pour Mira Sorvino qui a reçu l’Oscar du meilleur second rôle.

(1) Mia Farrow a quitté Woody Allen en 1992 après avoir découvert son attrait pour sa fille adoptive Soon-Yi Previn alors âgée de 22 ans (qu’il épousera en 1997 et qui est toujours sa femme aujourd’hui). Woody Allen aurait proposé le rôle d’Amanda à Mia Farrow… Réponse de l’agent de l’actrice : « Vous êtes cinglé ou quoi ? ».

3 mars 2013

Blade Runner (1982) de Ridley Scott

Blade RunnerDans un futur proche, un ancien chasseur de primes est rappelé pour traquer des réplicants, des androïdes très perfectionnés, qui se sont évadés des mondes extérieurs où ils sont normalement confinés… Plus que l’adaptation du roman de Philip K. Dick « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », Ridley Scott s’est attaché à recréer une atmosphère de film noir dans un environnement ultra futuriste. Blade Runner emprunte ainsi autant à Chandler qu’à Dick, Harrison Ford personnifiant un Philip Marlowe du futur. Par rapport au livre, l’histoire paraît plus simple, même si on a pu lui prêter plus d’interprétations qu’elle n’en porte (1). La grande force du film Blade Runner est dans l’environnement futuriste créé, noir et oppressant, montrant une mégapole surpeuplée, un immense Chinatown grouillant et envahi de technologie, survolé par des vaisseaux publicitaires géants. Le côté inhumain est renforcé par l’absence de plein jour et une pluie battante omniprésente. Les décors, qui montrent une filiation avec ceux de Metropolis, ont été dessinés par Syd Mead, désigner futuriste de génie (2) ; les effets spéciaux sont créés par l’excellent Douglas Trumbull (3). L’ensemble est très crédible et nous sommes littéralement immergés dans ce monde aussi fascinant qu’anxiogène. Blade Runner est ainsi plutôt un film d’atmosphère et c’est sans doute pour cette raison que le film fut plutôt mal reçu aux Etats-Unis à sa sortie (mais mieux en Europe). Ce n’est qu’à partir de 1992 que Blade Runner sera mieux considéré et acquierera son statut de film mythique.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, M. Emmet Walsh, Daryl Hannah
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Les trois versions principales :
1) La version commerciale de 1982 avec une voix off (Harrison Ford) et une scène de fin en voiture rajoutée au dernier moment par les producteurs (il s’agit en réalité de plans non utilisés de Shining de Kubrick !)
2) La version Director’s Cut de 1992 sans voix off.
3) La version Final’s Cut de 2007 pour laquelle certaines scènes ont été tournées à nouveau par Ridley Scott.

(1) Avec la version de 1992, la question de savoir si Deckard est lui aussi un réplicant a pu ressurgir, donnant ainsi au film une tout autre dimension, questionnant sur la notion même d’humanité.
(2) Syd Mead a également dessiné le formidable univers électronique de Tron (1982), créé des décors de Star Trek (1979), 2010 (1984), Aliens 2 (1986), etc.
(3) Douglas Trumbull a également créé les effets spéciaux de 2001, l’Odyssée de l’espace (1968), Rencontres du troisième type (1977), Star Trek (1979), …

2 mars 2013

Je veux seulement que vous m’aimiez (1976) de Rainer Fassbinder

Titre original : « Ich will doch nur, daß ihr mich liebt »

Je veux seulement que vous m'aimiezEn prison, le jeune Peter raconte à une psychologue sa relation avec ses parents, son mariage et la vie avec sa femme à Munich… R.W. Fassbinder a réalisé Je veux seulement que vous m’aimiez pour la télévision allemande et c’est pourquoi il n’a pas été visible en France avant 2011. On y retrouve l’un des thèmes forts du cinéaste, les sentiments comme forme d’oppression. Son héros ne recherche qu’à être aimé, de ses parents surtout et aussi de sa femme ; l’amour et la reconnaissance sont les seules choses de valeur à ses yeux mais il vit dans une société où c’est l’argent qui régit les rapports. Cette recherche d’amour ne le mènera à rien sinon au pire. Au-delà de l’histoire de Peter, Fassbinder adresse aussi une critique à la société allemande, devenue froide et sans humanité. Comme toujours avec Fassbinder, le film est très travaillé dans sa forme, ses plans sont remarquablement construits, tout semble avoir une signification. Bien qu’il ait été fait pour la télévision, Je veux seulement que vous m’aimiez se montre au niveau de ses meilleurs films, le réalisateur ayant d’ailleurs toujours considéré ses téléfilms comme nullement inférieurs à sa production pour le cinéma.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vitus Zeplichal, Elke Aberle, Alexander Allerson, Erni Mangold
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Remarque :
Adaptation d’un livre de Klaus Antes et Christiane Erhardt : « Lebenslaenglich »

1 mars 2013

Le Cochon de Gaza (2011) de Sylvain Estibal

Titre anglais : « When Pigs Have Wings »

Le cochon de GazaLe lendemain d’une tempête, Jafaar, un pêcheur palestinien de Gaza, trouve dans ses filets un cochon vivant. Il ne sait comment faire pour se débarrasser de cet animal impur. Il tente tout d’abord de le proposer discrètement aux observateurs des Nations-Unies mais sans succès… Cette comédie qui se déroule à Gaza est le premier long métrage d’un journaliste et romancier français né en Uruguay, Sylvain Estibal. Il en a écrit lui-même le scénario. Le sujet a beau être délicat, surtout quand il s’agit de faire de l’humour, il sait trouver le ton juste. Son humour n’est jamais méchant ni même trop caustique et il est difficile de ne pas adhérer au fond du propos qui prône le rapprochement des peuples. Sylvain Estibal joue beaucoup avec le côté saugrenu et même ubuesque de certaines situations. Il y a vraiment de belles trouvailles d’humour et de belles réparties. Le Cochon de Gaza est une réussite.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sasson Gabai, Baya Belal, Myriam Tekaïa, Khalifa Natour, Ulrich Tukur
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