31 octobre 2012

Sommaire d’octobre 2012

Gare centraleGoyokin, l'or du shogunLe rideau déchiréMon pire cauchemarBelle de jourLa terreLittle Big ManHommes sans loi
Gare centrale (1958) de Youssef Chahine
Goyokin, l’or du shogun (1969) de Hideo Gosha
Le rideau déchiré (1966) de Alfred Hitchcock
Mon pire cauchemar (2011) de Anne Fontaine
Belle de jour (1967) de Luis Buñuel
La terre (1969) de Youssef Chahine
Little Big Man (1970) de Arthur Penn
Hommes sans loi (1939) de Lewis Seiler
La rivière de nos amoursNiagaraLa fleur de mon secretUne aussi longue absenceLa grande bourgeoiseÈveVerdiUn flic
La rivière de nos amours (1955) de André De Toth
Niagara (1953) de Henry Hathaway
La fleur de mon secret (1995) de Pedro Almodóvar
Une aussi longue absence (1961) de Henri Colpi
La grande bourgeoise (1974) de Mauro Bolognini
Ève (1950) de Joseph L. Mankiewicz
Verdi (1953) de Raffaello Matarazzo
Un flic (1972) de Jean-Pierre Melville
Un amour de jeunesseLes chaussons rougesPorco RossoL'aigle de la neuvième légionDouble suicide à Amijima
Un amour de jeunesse (2011) de Mia Hansen-Løve
Les chaussons rouges (1948) de Michael Powell et Emeric Pressburger
Porco Rosso (1992) de Hayao Miyazaki
L’aigle de la neuvième légion (2011) de Kevin Macdonald
Double suicide à Amijima (1969) de Masahiro Shinoda

Nombre de billets : 21

30 octobre 2012

Gare centrale (1958) de Youssef Chahine

Titre original : « Bab el hadid »

Gare centraleLa gare centrale du Caire abrite un petit monde de vendeurs et de porteurs. Un vendeur de journaux boiteux est amoureux fou d’une belle et provocante vendeuse à la sauvette de sodas… Gare centrale est l’un des films les plus intéressants de Youssef Chahine. Si la forme générale est celle du néo-réalisme à l’italienne, le film mêle brillamment plusieurs genres : documentaire (la vie à l’intérieur de la gare), le film social (les porteurs qui veulent être indépendants), le film policier. C’est surtout un film très humaniste qui nous place très près des personnages. Chahine interprète lui-même le personnage principal qu’il a dit être le reflet de ses propres frustrations de petit bourgeois. Dans l’Egypte de Nasser, Gare centrale est un film qui brisait certains tabous, notamment dans sa façon de montrer les femmes. Le film fut longtemps interdit dans son pays.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Farid Shawqi, Hind Rostom, Youssef Chahine
Voir la fiche du film et la filmographie de Youssef Chahine sur le site IMDB.

Voir les autres films de Youssef Chahine chroniqués sur ce blog…

29 octobre 2012

Goyokin, l’or du shogun (1969) de Hideo Gosha

Titre original : « Goyôkin »

GoyôkinDans le Japon de 1831, le Shogun des Tokugawa tire ses richesses des mines d’or de l’île de Sado. L’or est transporté par un bateau qui longe le territoire du clan des Sabai. Un jour, tous les habitants d’un village de pêcheurs disparaissent… Goyokin est un chanbara (film de samouraï) doté d’une belle personnalité. Il a souvent été comparé aux westerns européens de la même époque car il exprime la fin d’une époque, le désenchantement d’un samouraï qui voit disparaître les grandes valeurs qui ont guidé ses actes (1). On peut aussi trouver certains points communs dans la forme, le fait que ce soit le premier film japonais à utiliser les caméras Panavision, plus légères donc plus maniables, y contribue certainement. Ces nouvelles caméras étaient hélas également dotées d’objectif à focale variable (zoom) dont les utilisations, le plus souvent excessives comme ici, firent tant de dégâts. Goyokin est un film particulièrement bien dosé dans ses combats, intenses sans être trop démonstratifs, et Hideo Gosha fait une utilisation originale des éléments, l’eau, la neige, le feu. Belle interprétation, sobre et tendue.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tatsuya Nakadai, Tetsurô Tanba, Yôko Tsukasa, Ruriko Asaoka
Voir la fiche du film et la filmographie de Hideo Gosha sur le site IMDB.

Remarque :
Goyokin a été refait en western : The Master Gunfighter de Frank Laughlin (1975)

(1) Il a souvent été rapproché du film de Sergio Corbucci Le grand silence (1968) qui se déroule également dans un environnement recouvert de neige et aussi par son propos désenchanté.)

27 octobre 2012

Le rideau déchiré (1966) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Torn curtain »

Le rideau déchiréUn professeur de physique nucléaire américain se rend à un congrès à Copenhague avec son assistante et fiancée. Cette dernière réalise avec effroi que son futur mari est sur le point de faire défection et de se rendre en Allemagne de l’Est… Le rideau déchiré est un film d’espionnage qui nous plonge en pleine guerre froide. Les acteurs Julie Andrews et Paul Newman ont été imposés à Hitchcock qui s’est plaint de leurs cachets faramineux, dévoreurs de budget. Il avait raison car le couple ne fonctionne à aucun moment, restant à un haut niveau de froideur tout au long du film qui s’en trouve handicapé. Le rideau déchiré comporte quelques scènes fortes, l’assassinat silencieux de Gromek (où Hitchcock a voulu montrer à quel point il pouvait être difficile de tuer un homme), la rencontre avec le professeur Lindt ou encore la fuite en autocar mais l’ensemble paraît un peu long et convenu. Il faut attendre le derniers tiers du film pour retrouver une intensité plus coutumière au réalisateur. Malgré les critiques dont il fut l’objet, Le rideau déchiré a connu un bon succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Julie Andrews, Ludwig Donath, Günter Strack
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.
Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Dans le premier tiers du Rideau déchiré, vu au travers des yeux de Julie Andrews, Hitchcock place le spectateur dans une position assez étonnante, en avance sur l’héroïne, nous laissant ainsi deviner très tôt, bien avant elle, le but réel du savant. Le réalisateur dit ne pas avoir voulu débuter son film de façon conventionnelle (où un agent secret se voit confier une mission etc.)

26 octobre 2012

Mon pire cauchemar (2011) de Anne Fontaine

Mon pire cauchemarAgathe est une bourgeoise froide et odieuse qui dirige une fondation d’art contemporain (1). Patrick vit de petits boulots, aime l’alcool et les femmes bien en chair. Ils ont tout pour se détester mais leurs enfants sont inséparables… Il fallait oser mettre face à face deux acteurs aussi différents qu’Isabelle Huppert et Benoît Poelvoorde. Dans Mon pire cauchemar, Anne Fontaine exploite bien l’abime qui les sépare sans trop tomber dans les clichés ni forcer le trait. L’humour est omniprésent par les dialogues, très incisifs, avec de nombreuses excellentes réparties. Le film s’essouffle un peu dans sa seconde partie mais le bilan global reste très positif. On rit beaucoup. En terme de divertissement, Mon pire cauchemar est une réussite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Benoît Poelvoorde, André Dussollier, Virginie Efira, Aurélien Recoing
Voir la fiche du film et la filmographie de Anne Fontaine sur le site IMDB.
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Remarques :
Mon pire cauchemar est rempli d’œuvres d’art contemporain, l’appartement d’Agathe en est truffé (elles sont listées au générique, il y en a une trentaine), sans compter les deux expositions. Le clou en la matière est la présence d’Hiroshi Sugimoto en personne qui joue son propre rôle. A noter que le générique final précise que c’est Sugimoto lui-même qui a taggué sa photographie… (Ouf !)

Hiroshi Sugimoto est un photographe majeur de la photo contemporaine. Sa série la plus célèbre (débutée en 1975) est celle des cinémas : il a photographié l’intérieur de salles (pleines) de cinéma, pendant la projection d’un film, en poses très longues (45 minutes et plus, avec une chambre grand format). Résultat : l’écran saturé d’images devient tout blanc, nappé d’une lueur blanche qui éclaire l’intérieur de la salle, les spectateurs disparaissent ainsi que toutes les parties mouvantes. La salle est vide. « Trop d’information conduit au néant ». Voir des exemples sur son site. Il a beaucoup d’autres séries très intéressantes (mer, portraits de cire, architecture, Bouddhas, etc.)
Voir le site internet d’Hiroshi Sugimoto

(1) C’est la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 bd Raspail à Paris.

25 octobre 2012

Belle de jour (1967) de Luis Buñuel

Belle de jourJeune épouse d’un interne des hôpitaux de Paris, Séverine aime son mari mais n’est pas attirée physiquement par lui, préférant ses fantasmes à tendance masochistes. Elle va même aller se prostituer chez Madame Anaïs, une petite maison close, pour chercher un équilibre… En adaptant le roman de Joseph Kessel Belle de jour (publié en 1929), Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière étaient intéressés plus par la possibilité de mettre en images les rêveries diurnes de son héroïne que par les aspects mélodramatiques du livre. Belle de jour est ainsi un film qui mêle étroitement réalité et imaginaire, Buñuel effaçant habilement la limite qui les sépare et instaurant le doute. La réalité et l’imaginaire ne feraient-ils qu’un ? La fin est admirable car elle peut être interprétée de deux façons différentes, l’une d’entre elles changeant notre vision sur tout le film qui vient de se dérouler sous nos yeux. Le film est construit autour de l’image de Catherine Deneuve, d’une grande beauté, une beauté virginale presque enfantine. Buñuel se plait à essayer d’égratigner cette pureté, de la salir, tout en sachant qu’il ne pourra y parvenir. Ainsi, Belle de jour est aussi un film sur la pureté : Séverine et son mari se renvoient chacun une image trop parfaite, trop idéale pour que le plaisir sexuel puisse exister entre eux.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Jean Sorel, Michel Piccoli, Geneviève Page, Pierre Clémenti, Françoise Fabian, Macha Méril
Voir la fiche du film et la filmographie de Luis Buñuel sur le site IMDB.
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Remarques :
On peut voir dans Belle de jour un petit hommage à deux cinéastes : le Godard de A bout de souffle tout d’abord, avec le vendeur du New York Herald Tribune et la mort de Clémenti au milieu de la rue, et aussi Hitchcock, avec Catherine Deneuve en beauté froide et son chignon à la Tippi Hedren et une petite apparition cameo à la Hitchcock de Luis Buñuel en client du café dans le parc (lors de la rencontre avec le duc).

Dans ses mémoires, Mon dernier soupir, Buñuel raconte :
* « Belle de jour fut peut-être le plus gros succès commercial de ma vie, succès que j’attribue aux putains du film plus qu’à mon travail. »
* (A propos de la boîte du client asiatique) « Je ne sais combien de fois on nous demandé, des femmes surtout : « Qu’est-ce qu’il y a dans cette petite boîte ? » Comme je n’en sais rien, la seule réponse possible est : « Ce que vous voudrez. »
* « Je regrette quelques coupes stupides que demanda, paraît-il, la censure. En particulier la scène où Catherine Deneuve est allongée dans un cercueil se déroulait dans une chapelle privée, après une messe célébrée au-dessous d’une splendide copie du Christ de Grünewald, dont le corps torturé m’a toujours impressionné. La suppression de cette scène change sensiblement le climat de la scène. »

23 octobre 2012

La terre (1969) de Youssef Chahine

Titre original : « Al-ard »

La terreDans l’Egypte des années trente, les paysans d’un village du delta du Nil voient leurs permis d’irriguer arbitrairement réduits alors que les champs de coton souffrent de la sécheresse. Abou Suelam est l’un d’eux, il est aussi le père d’une jolie jeune fille que plusieurs hommes voudraient épouser… C’est avec La terre que l’Europe a découvert le cinéma égyptien lors de sa présentation au Festival de Cannes 1969. Youssef Chahine réalise là une épopée paysanne puissante qui nous plonge au cœur d’un petit village agricole pauvre : il met en relief sa vie sociale, les rapports de force avec les autorités et la place de l’individu dans cette société. A la brutalité des autorités répond la rudesse et même la cruauté du monde des paysans. L’individualisme s’oppose à la nécessaire solidarité pour assurer la survie. La terre est un film très authentique, empreint d’une force et d’un humanisme qui sait laisser naître l’émotion.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mahmoud El-Meliguy, Salah El-Saadany, Ezzat El Alaili
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Remarque :
Chahine parle de son film La terre comme d’un tournant dans sa filmographie, un changement radical dans sa conception du cinéma : « Mettre en lumière la force de vivre d’un peuple »

Homonymes :
La terre d’André Antoine (1921) d’après Emile Zola
La terre (Zemlya) d’ Alexandre Dovjenko (1930)

22 octobre 2012

Little Big Man (1970) de Arthur Penn

Little Big ManAgé de cent vingt et un ans, Jack Crabb raconte sa vie peu ordinaire dans l’Ouest américain. Recueilli par les Indiens cheyennes et élevé par leur chef, il revient ensuite parmi les Blancs… Film ambitieux, Little Big Man démystifie l’Ouest et ses grandes valeurs et prend le parti des Indiens en dénonçant les massacres qu’ils ont subis. Arthur Penn mélange les genres, alternant scènes dramatiques (parfois même révoltantes) et scènes hilarantes, le film faisant très souvent preuve d’un humour débordant. Ce mélange brillant a décuplé la portée du film. Tous les grands thèmes du western sont ainsi revisités et éborgnés mais c’est le Général Custer qui est le plus éreinté, présenté comme imbécile et vaniteux. Arthur Penn porte un regard plutôt bienveillant de la vie des Indiens cheyennes et fait implicitement un parallèle avec la guerre du Vietnam. Dustin Hoffman accomplit un véritable tour de force en interprétant le même personnage de 17 à 121 ans. Little Big Man est un film atypique, à la fois divertissant et dramatique.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Faye Dunaway, Chief Dan George, Martin Balsam, Richard Mulligan
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21 octobre 2012

Hommes sans loi (1939) de Lewis Seiler

Titre original : « King of the underworld »

Hommes sans loiUn chirurgien est tué lors d’un assaut de police contre la bande de gangsters avec laquelle il s’était acoquiné. Sa femme, docteur également, est accusée de faire partie de la bande et cherche à se disculper… Hommes sans loi est censé être un remake (1) mais les scénaristes ont remanié l’histoire de bien curieuse façon, enchaînant incohérence sur incohérence. Rien n’est crédible et le dénouement tourne même au ridicule, même si on ne peut lui nier une évidente originalité. Finalement, ce qui sauve ce film de gangsters du désastre total est son côté comédie, Humphrey Bogart est d’ailleurs presque amusant dans ce rôle de chef de gang qui se prend pour Napoléon.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Kay Francis, James Stephenson
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(1) Hommes sans loi est inspiré de Dr. Socrates de William Dieterle (1935) avec Paul Muni et Ann Dvorak.

20 octobre 2012

La rivière de nos amours (1955) de André De Toth

Autre titre français : « L’or des Sioux »
Titre original : « The Indian fighter »

La rivière de nos amoursParce qu’il connaît bien les indiens, Johnny Hawks est chargé d’escorter un convoi de pionniers en territoire Sioux. En rendant visite au chef Nuage Rouge pour faire signer la paix, il est attiré par sa fille. Des trafiquants d’or vont complexifier sa tâche… Souvent décrit comme étant le meilleur western d’André de Toth, La rivière de nos amours bénéficie d’une bonne réputation par la vision qu’il donne des indiens et aussi par sa façon d’intégrer la nature dans cette histoire de cohabitation entre les colons et les indiens. La nature est effectivement très présente, magnifiée par un beau Technicolor. L’histoire hélas manque plutôt de rythme, même dans les scènes d’action (hormis l’attaque du fort qui est mise en scène de façon très enlevée). Sans surprise aucune, La rivière de nos amours paraît quelque peu surestimé.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Elsa Martinelli, Walter Matthau, Diana Douglas, Walter Abel, Lon Chaney Jr., Elisha Cook Jr.
Voir la fiche du film et la filmographie de André De Toth sur le site IMDB.

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Remarques :
* Bien que son rôle soit quasiment muet, Elsa Martinelli s’est faite remarquer dans les quelques scènes d’Indian Fighter où elle apparaît. C’est son tout premier film.
* Le film est produit par la toute nouvelle maison de production de Kirk Douglas : Bryna productions.