31 août 2011

Sommaire d’août 2011

ChloeSa femme et sa secrétaireShutter IslandLes bichesSimon du désertMartin RoumagnacFrigo l'esquimauLa noce de Fatty
Chloe (2009) de Atom Egoyan
Sa femme et sa secrétaire (1936) de Clarence Brown
Shutter Island (2010) de Martin Scorsese
Les biches (1968) de Claude Chabrol
Simon du désert (1965) de Luis Buñuel
Martin Roumagnac (1946) de Georges Lacombe
Frigo l’esquimau (1922) de Buster Keaton et E. Cline
La noce de Fatty (1917) de Roscoe Arbuckle
Monsieur Wilson perd la têteSur la trace du crimeL'homme tranquilleLes invités de mon pèreFenêtre sur courQuelle joie de vivreVincereFric-Frac
Monsieur Wilson perd la tête (1940) de W.S. Van Dyke
Sur la trace du crime (1954) de Roy Rowland
L’homme tranquille (1952) de John Ford
Les invités de mon père (2010) de Anne Le Ny
Fenêtre sur cour (1954) de Alfred Hitchcock
Quelle joie de vivre (1961) de René Clément
Vincere (2009) de Marco Bellocchio
Fric-Frac (1939) de Lehmann & Autant-Lara
Une famille brésilienne
Une famille brésilienne (2008) de Walter Salles et D. Thomas

Nombre de billets : 17

23 août 2011

Chloe (2009) de Atom Egoyan

ChloeParce qu’elle soupçonne son mari de la tromper, une femme engage une jeune escort-girl pour avoir des preuves de son infidélité… Le Chloe d’Atom Egoyan est un remake du Nathalie d’Anne Fontaine (1). L’histoire aborde sous un jour plutôt nouveau la crise du couple à la quarantaine mais cela n’empêche pas, hélas, de retomber dans des schémas et des situations déjà largement explorées. L’ensemble serait même un peu ennuyeux sans la présence de Julianne Moore qui met, une fois de plus, beaucoup de sensibilité dans son interprétation. Les images sont élégantes. Atom Egoyan cultive de plus en plus une certaine douceur de la mise en scène. Le côté sulfureux de l’ensemble n’est judicieusement pas trop appuyé. La fin du film est maladroite… voire grotesque. Chloe se laisse regarder sans déplaisir mais on en attend bien plus d’Atom Egoyan.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julianne Moore, Liam Neeson, Amanda Seyfried, Max Thieriot
Voir la fiche du film et la filmographie de Atom Egoyan sur le site IMDB.

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(1) Nathalie d’Anne Fontaine (2003) avec Fanny Ardant, Emmanuelle Béart et Gérard Depardieu.

22 août 2011

Sa femme et sa secrétaire (1936) de Clarence Brown

Titre original : « Wife vs. Secretary »

Sa femme et sa secrétaireLa femme d’un séduisant patron de presse devient peu à peu suspicieuse et jalouse de la secrétaire de son mari… L’histoire est particulièrement simple et cette comédie de Clarence Brown serait parfaitement insignifiante sans le charme de ses trois interprètes principaux. La MGM réunit ici trois de ses plus grosses vedettes et ne prend aucun risque : chacun est dans son rôle de prédilection. Clark Gable est l’homme idéal que toute femme voudrait avoir pour mari : attentionné, moderne, brillant et aisé. Myrna Loy est l’épouse idéale, sage et amoureuse. Jean Harlow représente la tentation, séduisante jeune femme au grand cœur. L’ensemble est très sage, aucune connotation sexuelle à l’horizon (on pourra d’ailleurs noter que Jean Harlow est un peu moins blonde que d’habitude), la cible est visiblement ‘tous publics’. Le film était à l’époque fortement connoté de modernisme : les métiers de l’édition Sa femme et sa secrétaire et de la publicité étaient alors les plus modernes et les plus enviables qui soient, d’ailleurs Clark Gable semble toujours s’amuser. Le film reflète aussi un sujet alors très actuel, le dilemme pour une femme entre carrière professionnelle et vie sentimentale. A noter la présence de James Stewart dans un petit rôle ; c’est son 4e film. Sa femme et sa secrétaire a beau être un produit très calibré, il n’en reste pas moins plaisant. Mais il n’est guère plus que cela…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Jean Harlow, Myrna Loy, May Robson, James Stewart
Voir la fiche du film et la filmographie de Clarence Brown sur le site IMDB.

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21 août 2011

Shutter Island (2010) de Martin Scorsese

Shutter IslandEn 1954, un officier de police fédéral arrive sur l’île de Shutter Island proche de Boston, un asile psychiatrique pénitencier où sont enfermés de dangereux criminels. Il doit enquêter sur une évasion bien mystérieuse… Shutter Island est adapté d’un best-seller de Dennis Lehane sur les traitements psychiatriques opérés sur les criminels dans les années cinquante et sur la paranoïa. L’intrigue est particulièrement bien mise en place, réservant des surprises de taille. Nous sommes constamment déstabilisés, d’abord par certaines images, par le parallèle avec les expériences humaines menées par les nazis, puis par le renversement de nos certitudes. Nous avons l’impression de perdre pied face au labyrinthe mental qui se dévoile peu à peu. La tension est permanente, amplifiée par les images parfaitement maitrisées de Scorsese. Le réalisateur emploie une fois de plus son acteur fétiche, DiCaprio, qui fait ici une très belle prestation, riche et complexe. Shutter Island est un film puissant, assez angoissant mais terriblement prenant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Emily Mortimer, Patricia Clarkson, Max von Sydow
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20 août 2011

Les biches (1968) de Claude Chabrol

Les bichesUne riche et oisive bourgeoise séduit une jeune fille, artiste de rue rencontrée à Paris. Elle l’emmène dans sa villa de Saint-Tropez… Indéniablement, Les biches est un film qui a quelque peu vieilli : ce qui choquait profondément en 1968, les rapports ambigus, l’homosexualité sous-jacente, ne provoque plus le même effet aujourd’hui. Il reste une peinture assez acerbe d’une bourgeoisie très huppée, une peinture aux couleurs d’oisiveté, de vacuité et de bêtise, et aussi un certain regard sur la fascination de l’argent. Stéphane Audran a le pouvoir donné par l’aisance financière. Elle règne sur son petit monde où se sont incrustés deux insupportables bouffons, deux parfaits imbéciles qui se donnent des airs d’intellectuels. Jean-Louis Trintignant est l’élément extérieur, perturbateur, un homme-objet qu’il joue de façon effacée. Mais le personnage le plus complexe est celui de la jeune fille interprétée par Jacqueline Sassard, un personnage qui se fond dans le décor, tel un caméléon, allant jusqu’à phagocyter son milieu. Les biches n’a pas la force de La Femme Infidèle que Chabrol tournera peu après mais il le préfigure.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stéphane Audran, Jean-Louis Trintignant, Jacqueline Sassard, Henri Attal, Dominique Zardi
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19 août 2011

Simon du désert (1965) de Luis Buñuel

Titre original : « Simón del desierto »

Simon du désertDepuis de nombreuses années, Simon s’est isolé au sommet d’une colonne en plein désert pour prier Dieu et se repentir de ses péchés. Le diable vient le tenter sous différentes formes… Inspiré de la vie de Siméon le Stylite (1), Simon du désert n’a hélas pu être achevé par Luis Buñuel : après 18 jours de tournage, le producteur se retira du projet à la suite d’un revers financier. Le film est ainsi interrompu à la moitié (2). Luis Buñuel s’attaque au dogmatisme religieux. En soulignant la futilité de l’ascèse de Simon, il démontre que tout ce qui s’éloigne de l’amour des hommes est vain et même contraire au sens de la religion. C’est même son Satan qui se charge de replacer Simon parmi les hommes dans l’époque actuelle, une position qu’il refuse. Malgré son caractère inachevé, Simon du désert reçut un bon accueil critique (3). Il fut par la suite programmé en salles avec Une Histoire Immortelle d’Orson Welles.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudio Brook, Silvia Pinal
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(1) Siméon le Stylite (ou Siméon l’Ancien) est un saint chrétien du Ve siècle qui se retira du monde en se tenant au sommet d’une colonne en Syrie pour prier. Il était nourri par des pèlerins qui venaient lui apporter des victuailles (quelques feuilles de salade et de l’eau) qu’il hissait avec une corde. Il a ainsi passé près de 40 années au sommet d’un pilier, le dernier était haut de 15 mètres. Son ascèse inspira d’autres pénitents pendant plusieurs siècles.
(2) Dans son autobiographie Mon dernier soupir, Luis Buñuel précise qu’il avait prévu une scène sous la neige, des pèlerinages et même la visite (historique) de l’Empereur de Byzance. Luis Buñuel dut abandonner toutes ces scènes et imaginer la scène de la boîte de nuit new yorkaise pour donner une fin cohérente.
(3) Luis Buñuel souligne, non sans ironie, que Simon du désert est le seul de ses films qui obtint cinq prix au festival de Venise (et qu’il n’y eut personne pour recevoir ces prix).

18 août 2011

Martin Roumagnac (1946) de Georges Lacombe

Martin RoumagnacDans une petite ville de province, une belle et élégante veuve fait tourner les têtes. Un jeune entrepreneur en maçonnerie en tombe éperdument amoureux… Martin Roumagnac est le seul film que Marlene Dietrich et Jean Gabin, alors amants, ont tourné ensemble. Alors que Les Portes de la Nuit (Marcel Carné) avait été écrit spécialement pour eux, Gabin préféra tourner cette histoire de passion fatale. Il faut bien avouer que le résultat n’est pas à la hauteur des attentes, surtout du fait de la diction trop guindée de Marlene Dietrich en français (1). Certes, cela crée un décalage intéressant entre les deux personnages, décalage qui comporte des points communs avec leur relation dans la vie réelle (2) mais cela ne suffit pas, d’autant plus qu’il n’y a pas l’étincelle qui aurait pu porter le film (3). Martin Roumagnac reste donc une simple curiosité, hélas. Le film est souvent cité comme charnière dans la carrière de Gabin entre ses rôles populaires et tragiques de l’avant-guerre et ses rôles de gangsters et de grands bourgeois qu’il affectionnera ensuite.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Jean Gabin, Jean d’Yd, Daniel Gélin
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(1) Dans son livre sur sa mère, Maria Riva, la fille de Marlene Dietrich, raconte que Gabin essayait de travailler avec Marlene sur les dialogues : « Arrête de parler aussi parfaitement. Enchaîne les syllabes, ce n’est pas un rôle de baronne. »
(2) Jean Gabin et Marlene Dietrich se quitteront d’ailleurs peu après la fin du tournage. Gabin en sera très affecté.
(3) Explication donnée par Maria Riva : « Ils étaient amants depuis trop longtemps pour faire passer à l’écran une sensualité qui aurait pu sauver le film ».

17 août 2011

Frigo l’esquimau (1922) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Frozen North »

Frigo l'esquimauDans le Grand Nord, un homme sans scrupule tente de cambrioler un saloon et se comporte avec les femmes avec une certaine brutalité… Dans Frigo l’esquimau (The Frozen North), Buster Keaton se moque de William S. Hart, acteur célèbre de l’époque qui interprétait dans tous ses films un cowboy jouant au dur (1). Il y a beaucoup de belles trouvailles de gags, de nombreux détournements d’objets. L’ensemble est très inventif. Quelques éléments ont probablement inspiré Chaplin pour sa Ruée vers l’Or. L’enchainement des scènes est parfois surprenant mais nous en avons l’explication à la toute fin. On remarquera les petits clins d’œil à Theda Bara et à Erich von Stroheim (Folies de femmes venait de sortir).
(Court métrage de 17 minutes.)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Joe Roberts, Sybil Seely
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(1) William S. Hart avait publiquement condamné Fatty Arbuckle, ancien partenaire et ami de Buster Keaton, dans l’affaire qui mit fin à sa carrière (une jeune fille avait été retrouvée morte chez Fatty dans une de ses soirées débridées). Keaton avait donc de bonnes raisons de vouloir se moquer de lui.

Remarque :
Il est probable que la version de 17 minutes qui est parvenue jusqu’à nous soit une version incomplète. Il manquerait 3 minutes.

16 août 2011

La noce de Fatty (1917) de Roscoe Arbuckle

Titre original : « His Wedding Night »

La noce de FattyFatty est employé dans un drugstore de campagne qui vend de tout, fait office de bar et de station à essence. Il est amoureux de la fille du patron mais un rival est bien décidé à l’empêcher de l’épouser… Le thème de l’amoureux qui doit se battre pour épouser la femme qu’il aime est un thème assez récurrent dans les films de Roscoe Arbuckle. La noce de Fatty est très classique, sans grand attrait particulier, mais on y voit Buster Keaton (c’est sa quatrième apparition dans un film), certes dans un rôle assez réduit. C’est l’un de ses très rares films où on peut le voir sourire largement
Elle:
Lui : 1 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Al St. John, Buster Keaton
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Remarques :
* Lors du tournage de l’une des scènes de bagarre, Al St. John ne se releva pas. Il fallut de longues minutes pour qu’il revienne à lui. Il ne se rappelait de rien. En regardant les rushes attentivement, ils s’aperçurent qu’un des extras l’avait volontairement assommé. Lors d’une nouvelle prise, Buster Keaton et Al St John prient soin de l’importun qui resta à son tour de nombreuses minutes sur le sol. Cette anecdote témoigne de l’âpreté des tournages de bagarre à cette époque.
* Détail amusant : quand Fatty sert de l’essence, on peut remarquer que le prix est fixé non pas à la quantité réellement servie mais au « fill-up » (remplissage du réservoir). Ceci dit, les réservoirs semblaient être très petits à cette époque.

15 août 2011

Monsieur Wilson perd la tête (1940) de W.S. Van Dyke

Titre original : « I Love You Again »

Monsieur Wilson perd la têteLors d’une croisière transatlantique, un homme, de nature ascète et pingre, prend un coup sur la tête. Il n’a plus aucun souvenir de sa vie récente mais retrouve la mémoire qu’il avait perdue neuf ans auparavant : il était alors un escroc spécialiste des arnaques. Il décide de profiter de la situation… Monsieur Wilson perd la tête, I Love You Again, est une bonne surprise : il s’agit d’une comédie dans la meilleure veine des screwballs (1) des années trente. Pas moins de cinq scénaristes ont participé à l’écriture, avec de très bons résultats puisque le déroulement de l’histoire est habile, complexe tout en restant  simple. Monsieur Wilson perd la tête L’histoire est surtout totalement farfelue. L’humour est continuel, aucune scène n’en est dépourvue. Cet humour est bien équilibré entre les situations, inattendues et drolatiques exploitant merveilleusement toutes les possibilités de l’amnésie, et les dialogues vifs et relevés. Le couple Myrna Loy / William Powell fonctionne ici très bien. W.S. Van Dyke les connaît bien puisqu’il a réalisé plusieurs films de la série des Thin Man. Le flegme de William Powell fait une fois de plus des merveilles. De fort belle facture, Monsieur Wilson perd la tête est un délicieux divertissement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Frank McHugh, Edmund Lowe, Donald Douglas
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(1) Screwball = genre de comédie américaine qui fut très populaire entre 1934 et 1942, reposant sur des situations saugrenues, de dialogues vifs et utilisant les rapports homme/femme comme ressort de l’humour (personnalités marquantes : Frank Capra, Howard Hawks, Cary Grant, Ernst Lubitsch, etc.)