11 août 2011

Sur la trace du crime (1954) de Roy Rowland

Titre original : « Rogue cop »

Sur la trace du crimeUn policier corrompu tente de convaincre son frère policier d’accepter un pot de vin. Il agit ainsi sur ordre d’un truand qui n’hésite pas à tuer. Il espère ainsi pouvoir sauver son frère… Ce film noir a beau avoir été tourné très rapidement, il n’en est pas moins très bien fait et d’un bon classicisme. Sur la trace du crime est assez direct et efficace, les rapports entre les personnages sont dénués de toute dimension romanesque. Il est aussi un peu désillusionné quant à la capacité de la police à contrer la pègre. L’histoire est particulièrement solide, elle est aussi très prenante bien qu’il soit difficile de s’identifier au héros du film. Les seconds rôles ne manquent pas d’attraits, ils sont bien définis et même parfois originaux. Même s’il se situe quelque peu en deçà,  Sur la trace du crime est dans la veine des meilleurs films noirs des années cinquante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Janet Leigh, George Raft, Steve Forrest, Anne Francis
Voir la fiche du film et la filmographie de Roy Rowland sur le site IMDB.

Remarques :
Sur la trace du crime est adapté d’un roman de William P. McGivern dont plusieurs histoires ont été portées au grand écran. L’année précédente, c’était ainsi le cas pour Big Heat de Fritz Lang. Les deux histoires comportent d’ailleurs quelques points communs tout en étant bien différentes. A noter que dans les deux cas, c’est le même scénariste qui a écrit l’adaptation : Sydney Boehm.

9 août 2011

L’homme tranquille (1952) de John Ford

Titre original : « The Quiet Man »

L'homme tranquilleAu retour dans son village natal en Irlande, un américain tombe amoureux de la sœur de son plus grand ennemi… John Ford se penche avec humour et bienveillance sur les traditions irlandaises, avec leurs codes sociaux et leurs pesanteurs. Il y a beaucoup d’humanité et de chaleur dans son film. Ceci dit, L’homme tranquille n’est pas à recommander aux féministes car, même en considérant tout l’humour et la caricature que John Ford a placé dans son film, on ne peut pas dire que l’image de la femme en sorte vraiment grandie… (1) On peut aussi ne pas adhérer pleinement à sa façon de prôner l’acceptation des pires règles sociales pour parvenir à l’intégration. Mais, comme on le sait, le charme des films de John Ford ne réside pas vraiment dans l’idéologie qu’ils véhiculent… et, du charme, L’homme tranquille en a : une construction parfaite, un déroulement limpide, un bel équilibre entre humour et drame, de superbes images et beaucoup, beaucoup de chaleur. Le réalisateur mit de nombreuses années pour trouver un financement pour L’homme tranquille, une histoire jugée trop simple par les producteurs. Le film connut un très grand succès.
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Wayne, Maureen O’Hara, Barry Fitzgerald, Ward Bond, Victor McLaglen
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(1) Sur ce point, L’homme tranquille a souvent été comparé à La Mégère Apprivoisée, même si le propos est assez différent.

Remarques :
* Le monteur Jack Murray a déclaré n’avoir pratiquement rien eu à faire : John Ford avait tourné le film déjà monté, aucun plan ni aucune image n’avait besoin d’être enlevé.
* Anecdote : La phrase que Maureen O’Hara murmure à l’oreille de John Wayne dans le tout dernier plan et qui nous vaut une authentique expression de surprise de celui-ci, n’a jamais été connue. L’actrice n’a accepté de la dire qu’à la condition expresse qu’elle ne soit jamais divulguée…

7 août 2011

Les invités de mon père (2010) de Anne Le Ny

Les invités de mon pèreA quatre-vingts ans, un ancien médecin impliqué dans des causes humanitaires décide d’accueillir chez lui des sans-papiers. Ceux-ci se révèlent être une affriolante jeune femme moldave et sa fille. Les enfants du retraité s’inquiètent… Les invités de mon père est une comédie dont le ressort principal est la caricature d’une certaine gauche aisée qui se donne bonne conscience par certaines actions mais se retrouve rapidement en butte à ses contradictions. Cet aspect du film d’Anne Le Ny est plutôt réussi. Ce qui l’est moins, ce sont ses personnages très typés. On retrouve la difficulté de dépasser le père, la femme sexuellement frustrée, l’homme qui cherche la reconnaissance par l’argent et autres situations psychologiques classiques et balisées qui empêche toute profondeur. Les invités de mon père est interprété avec mesure, tout d’ailleurs semble soigneusement dosé… peut-être un peu trop. Anne Le Ny a déclaré avoir eu le désir de ne porter aucun jugement sur ses personnages.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, Karin Viard, Michel Aumont, Valérie Benguigui, Veronica Novak, Raphaël Personnaz
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5 août 2011

Fenêtre sur cour (1954) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Rear Window »

Fenêtre sur courContraint à l’immobilité avec une jambe dans le plâtre, un reporter-photographe passe ses journées à la fenêtre, observant la vie de ses voisins. Peu à peu, il a le pressentiment que l’un d’entre eux vient de tuer sa femme… Fenêtre sur cour est à juste titre l’un des films les plus célèbres d’Hitchcock. Pendant près de deux heures, nous partageons la vision de James Stewart, Hitchcock nous mettant ainsi dans la position du voyeur. La construction est parfaite, le plus remarquable étant l’unité de lieu. C’est d’ailleurs un petit tour de force technique dans la mesure où la caméra reste dans une seule et unique pièce pendant tout le film (1). Outre le simple attrait du voyeurisme, le film séduit par la richesse des détails :Fenêtre sur cour c’est un véritable petit monde à échelle réduite que James Stewart a dans sa cour. Grace Kelly est d’une beauté époustouflante : sa première apparition (un gros plan sur son visage s’approchant de James Stewart endormi) est une véritable vision céleste. Il n’y a aucun temps mort, la tension monte progressivement et devient presque insoutenable vers la fin. Fenêtre sur cour est un film parfait.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Grace Kelly, Wendell Corey, Thelma Ritter, Raymond Burr
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Fenêtre sur cour (1) La caméra (où plus exactement le point de vue) ne quitte la pièce de James Stewart que pendant de très courts instants : à la mort du petit chien et à la toute fin. Sinon, nous sommes toujours soit en vision subjective, soit face à James Stewart. A noter que même la musique vient du petit monde de la cour, elle fait partie de la scène. Pendant le tournage, tous les acteurs portaient une oreillette couleur chair afin qu’Hitchcock puisse les diriger à partir de l’appartement de James Stewart. L’immeuble recréé en studio était si complet que Georgine Darcy (Miss Torso) aurait vraiment vécu dans son « appartement » durant tout le mois de tournage.

Remarques :
Fenêtre sur cour Le scénario de Fenêtre sur cour est tiré de « It had to be murder » (cela ne peut-être qu’un meurtre), une nouvelle de Cornell Woolrich (alias William Irish) qui se serait inspiré d’une nouvelle de H.G. Wells, « Par la fenêtre ».

Lors de la ressortie du film en 1968, Hitchcock a parlé ainsi de son film : « Si vous n’éprouvez pas de délicieuse terreur en regardant Fenêtre sur cour, alors pincez-vous : vous êtes probablement mort ! »

Remake :
Un remake sans grand intérêt a été fait pour la télévision américaine ABC :
Fenêtre sur Cour (Rear Window) de Jeff Bleckner (1998) avec Christopher Reeves et Daryl Hannah.

4 août 2011

Quelle joie de vivre (1961) de René Clément

Titre italien : « Che gioia vivere »

Quelle joie de vivreDans l’Italie de 1921, Ulysse s’engage par désœuvrement dans les Chemises Noires fascistes avant de se retrouver adopté par une famille de sympathisants anarchistes. Pour les beaux yeux de Franca, la jeune fille de la famille, il va se faire passer pour un poseur de bombes… Juste après Plein Soleil, René Clément tourne à nouveau avec le tout jeune Alain Delon qu’il montre dans un registre totalement différent : la comédie. L’acteur s’en tire d’ailleurs avec une grande aisance. Tout est parfaitement farfelu dans cette histoire, à commencer par ces anarchistes d’opérette mais le principal ressort de l’humour est cette famille haute en couleur avec un grand-père assez pittoresque. Nous faisant passer du rire au sérieux, le traitement de René Clément rappelle certains grands films burlesques américains. Quelle joie de vivre est toutefois pénalisé par son casting international : Quelle joie de vivre Delon joue en français, Barbara Lass (alors femme de Roman Polanski) est polonaise, beaucoup d’acteurs sont italiens… Ugo Tognazzi fait même une petite apparition (en terroriste baragouinant en russe !), René Clément joue le général français. La version vue ici était en français, donc hélas doublée (assez correctement toutefois). Quelle joie de vivre n’eut aucun succès à l’époque de sortie : la France étant alors en pleine période des attentats de l’OAS, personne n’avait envie de rire sur le sujet. Malgré quelques longueurs, le film est pourtant amusant… et puis c’est tellement rare de voir Delon nous faire rire!
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Barbara Lass, Gino Cervi, Carlo Pisacane, Paolo Stoppa, Ugo Tognazzi
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Homonyme :
Quelle joie de vivre (Joy of living) comédie américaine de Tay Garnett (1938) avec Irene Dunne et Douglas Fairbanks Jr.

3 août 2011

Vincere (2009) de Marco Bellocchio

Vincere Vincere (« vaincre » en italien) est un slogan que Mussolini lançait aux foules pour les galvaniser. Maintenant, c’est aussi le titre que Mario Bellocchio utilise pour son film qui retrace la vie d’Ida Dalser, maitresse (et probablement seconde femme) de Mussolini, éperdument amoureuse et qui lui a donné un fils. Lors de son ascension vers le pouvoir, le dictateur les a fait enfermer pour cacher sa bigamie… Bellocchio signe là un film flamboyant dans sa forme qui exprime avec force toute la passion et l’énergie aveugle de ses personnages. Le réalisateur mêle habilement des images d’époque, utilise largement la surexposition, réalise des images d’un esthétisme qui force l’admiration. Les éclairages sont superbes, surtout dans les nombreuses scènes sombres qui montrent néanmoins beaucoup de nuances. Giovanna Mezzogiorno a un jeu très expressif, mais sans excès, pour mettre en lumière le combat aveugle et obstiné de cette femme pour obtenir sa réhabilitation. La force de ses sentiments passe dans chacun de ses regards. Vincere est un film audacieux, Bellocchio mettant sa grande virtuosité au service de la puissance du récit.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, Fausto Russo Alesi, Michela Cescon
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Précision :
Le certificat de mariage de Benito Mussolini avec Ida Dalser n’a jamais été trouvé mais tout laisse à supposer que le mariage a bien eu lieu en 1914 le rendant ainsi coupable de bigamie. Le futur dictateur a bien reconnu officiellement son fils en janvier 1916 mais a fait disparaître les documents officiels après son accession au pouvoir.

2 août 2011

Fric-Frac (1939) de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara

Fric-Frac Dans les tribunes d’un champ de courses, Marcel, sage employé d’une bijouterie, fait connaissance avec Loulou et Jo qui font partie du milieu des petits truands de Montmartre. Marcel est à tel point subjugué par Loulou qu’il repousse les avances de la fille de son patron… S’il est des films qui sont des supports pour de formidables numéros d’acteurs, Fric-Frac en est l’un des plus beaux fleurons. Il réunit trois acteurs au jeu particulièrement démonstratif dans des rôles où ils excellent : Arletty, combinaison de charme et de gouaille, le verbe haut, rapide dans la répartie, Fernandel en naïf, sentimental et chevaleresque et Michel Simon qui est tout à la fois. Tout l’humour repose sur le choc des cultures et les savoureux dialogues sont teintés d’un argot très coloré. L’histoire est totalement improbable mais très amusante. Les trois acteurs semblent prendre beaucoup de plaisir à jouer (1). Il est fascinant de voir qu’il ne surjouent jamais ; ils sont parfois à la limite mais ne la dépassent à aucun moment. Les dialogues fusent, l’humour est constant, il n’y a pas une seule scène faible. Fric-Frac n’est pas un « grand film »… mais quel plaisir de le regarder !
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Fernandel, Michel Simon, Arletty, Hélène Robert, Andrex, René Génin
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(1) Et pourtant… Bien que cela ne se sente pas du tout à l’écran, Michel Simon et Fernandel ne s’entendirent pas du tout lors du tournage de Fric-Frac : les deux acteurs étaient en rivalité et le fait que Michel Simon parte souvent en improvisation ne devait rien arranger. Arletty dut fréquemment jouer les réconciliatrices et apaiser les conflits. Après Fric-Frac, Michel Simon et Fernandel ne retournèrent jamais de film ensemble.

Précision :
Fric-Frac est adapté d’une pièce de théâtre écrite par Edouard Bourdet en 1936. Elle fut jouée au théâtre de la Michodière par Victor Boucher, Arletty et Michel Simon. Ce fut un grand succès. A l’écran, Fernandel remplaça donc Victor Boucher.

(presque) Homonyme :
Fric frac, rue des diams (11 Harrowhouse) film anglais de Aram Avakian (1974) avec Charles Grodin et Candice Bergen.

1 août 2011

Une famille brésilienne (2008) de Walter Salles et Daniela Thomas

Titre original : « Linha de Passe »

Une famille brésilienne
Walter Salles et Daniela Thomas nous montre le vrai visage de la société brésilienne au travers d’une famille composée quatre frères, très différents, et une mère. Une famille brésilienne est un portrait sans fard mais aussi sans mélodrame ni misérabilisme. Le montage peut dérouter, nous suivons les différents frères en sautant sans arrêt d’une histoire à l’autre, mais il donne un bon rythme à l’ensemble.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sandra Corveloni, João Baldasserini, Vinícius de Oliveira, José Geraldo Rodrigues, Kaique Jesus Santos
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