6 décembre 2011

Le secret des chandeliers (1937) de George Fitzmaurice

Titre original : « The emperor’s candlesticks »

Le secret des chandeliersAprès avoir kidnappé le fils du Tsar, un groupe de partisans polonais envoie un émissaire secret porter leurs exigences à Saint-Pétersbourg. Ayant caché la lettre dans un chandelier, il va trouver sur son chemin la comtesse Mironovo, dangereuse espionne russe. Mais les chandeliers sont volés en chemin… Le secret des chandeliers n’est probablement pas un film très notable mais il ne manque pas de charme et reste distrayant. La MGM remet ensemble deux de ses stars, Luise Rainer et William Powell, cette fois dans un cadre très différent, celui de la Russie tsariste. Cela nous vaut quelques beaux et fastueux décors et de belles robes. L’histoire en elle-même est plus amusante que probable : c’est un divertissement sur fond d’espionnage. Nos deux héros jouent au jeu du chat et de la souris et c’est parfois très réussi comme dans la scène de l’auberge. La fin est un peu ridicule. Luise Rainer, malgré sa voix adorable, n’a pas le magnétisme de Marlene Dietrich ou de Greta Garbo dans ce genre de rôle d’espionne et le film n’a pas l’étincelle qui l’aurait propulsé. Le secret des chandeliers n’eut aucun succès et reste très mal connu. Si ce n’est certes pas un grand film, il ne mérite pas ce mauvais traitement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: William Powell, Luise Rainer, Robert Young, Maureen O’Sullivan, Frank Morgan
Voir la fiche du film et la filmographie de George Fitzmaurice sur le site IMDB.

Voir les autres films de George Fitzmaurice chroniqués sur ce blog…

Remarques :
L’histoire est tirée d’un livre de la Baronne Emmuska Orczy, auteur à succès de romans anglais d’aventures.

31 octobre 2011

Permission jusqu’à l’aube (1955) de John Ford et Mervyn LeRoy

Titre original : « Mister Roberts »

Permission jusqu'à l'aubeSur un bâtiment de la marine américaine dédié au ravitaillement dans le Pacifique, le lieutenant Roberts, second du navire, se morfond de ne pas participer aux combats. Le capitaine, peu aimé de son équipage, fait en sorte que ses demandes de mutation soient refusées… Mister Roberts (Permission jusqu’à l’aube) était tout d’abord une pièce à succès à Broadway de la fin des années quarante. Henri Fonda reprend le rôle qu’il interprétait sur les planches bien qu’il avoue lui-même être un peu âgé pour son personnage (1). La direction est confiée à John Ford, afin d’assurer le succès. John Ford fait réécrire le scénario au grand dam de Fonda et rapidement les deux hommes s’opposent : le réalisateur frappe Henri Fonda qui se retrouve à terre ! Le tournage se poursuit néanmoins mais, suite à des problèmes de santé et d’excès d’alcool, John Ford doit arrêter. Mervyn LeRoy est appelé à la rescousse et (re-)tourne l’essentiel du film en revenant au plus près du scénario de la pièce. Mister Roberts est une comédie qui met en avant deux notions (qui devaient plaire à John Ford) : l’héroïsme ordinaire et le fait qu’un bon officier sait se faire aimer par ses hommes. Il y a quelques bonnes scènes, très amusantes, comme celle où Fonda/Powell/Lemmon concoctent un ersatz de whisky mais l’ensemble n’est pas aussi brillant hélas. Jack Lemmon se fera remarquer ici dans l’un de ses premiers films, William Powell est en revanche dans son dernier. Le film connut un grand succès.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, James Cagney, William Powell, Jack Lemmon
Voir la fiche du film et la filmographie de Mervyn LeRoy sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de Mervyn LeRoy chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Joshua Logan, qui avait mis en scène la pièce à Broadway , a également tourné deux scènes.

(1) C’est John Ford qui a imposé Henri Fonda aux producteurs qui préféraient avoir Marlon Brando.

13 octobre 2011

Une fine mouche (1936) de Jack Conway

Titre original : « Libeled Lady »

Une fine moucheAprès avoir été diffamée par un journal à scandales, une riche jeune femme (Myrna Loy) demande cinq millions de dollars de dommages et intérêts. Pour sauver son journal de la ruine, le rédacteur en chef (Spencer Tracy) engage un séducteur (William Powell) pour la compromettre. Il n’hésite pas à demander à sa petite amie (Jean Harlow) d’épouser le séducteur pour que la riche jeune femme apparaisse comme une briseuse de ménage… Pour Une fine mouche (Libeled Lady), la MGM a aligné quatre de ses grandes stars pour frapper un grand coup. Le scénario de cette comédie est assez pernicieux, jouant constamment sur la tromperie des uns vis-à-vis des autres : bien entendu, il est aussi passablement improbable. La réussite du film doit beaucoup à l’alchimie entre les acteurs qui se sont parfaitement entendus sur le tournage (William Powell et Jean Harlow vivaient alors ensemble). C’est William Powell qui brille tout particulièrement, ce rôle de séducteur mondain lui va comme un gant. Il y montre beaucoup d’esprit. Les dialogues sont brillants. Une fine mouche est à classer parmi les meilleures « screwball comedies » des années trente.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Harlow, William Powell, Myrna Loy, Spencer Tracy, Walter Connolly
Voir la fiche du film et la filmographie de Jack Conway sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jack Conway chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* C’est la première fois que Spencer Tracy joue dans une comédie.
* Une fine mouche est l’un des derniers films de Jean Harlow qui mourra l’année suivante à l’âge de 26 ans (d’une néphrite aiguë). Elle fut enterrée dans l’une des robes qu’elle porte dans ce film.

2 octobre 2011

Folie douce (1941) de Jack Conway

Titre original : « Love Crazy »

Folie douceAlors que Steve et Susan Ireland se font une joie de fêter leur quatrième anniversaire de mariage, un enchaînement de circonstances va les plonger dans une situation inextricable… Love Crazy est une screwball comedy assez loufoque. Le scénario est assez remarquable dans le sens où, autant les évènements paraissent peu crédibles, autant le rythme de l’histoire nous fait tout accepter sans broncher et avec même un plaisir certain. Rarement, une histoire n’a été aussi alambiquée et surprenante, versant souvent dans le nonsense. Elle conduira même à montrer William Powell jouer en femme (et, chose très rare, sans moustache) dans une scène assez hilarante. Le couple Myrna Loy / William Powell, n’est certes pas nouveau à l’écran, mais il est ici admirablement utilisé. Jack Conway, réalisateur à la longue filmographie qui passe pour avoir été un exécutant, fait une ici réalisation nette et efficace. Love Crazy est un vrai petit plaisir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Gail Patrick, Jack Carson, Florence Bates
Voir la fiche du film et la filmographie de Jack Conway sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jack Conway chroniqués sur ce blog…

9 septembre 2011

L’ennemi public n° 1 (1934) de W.S. Van Dyke

Titre original : « Manhattan Melodrama »

L'ennemi public n° 1Le destin de deux amis d’enfance, tous deux orphelins : le premier devient procureur tandis que l’autre est un petit gangster vivant du jeu… Manhattan Melodrama est surtout célèbre pour avoir été le film que Dillinger est allé voir avant d’être abattu par la police à la sortie du cinéma. En France (et dans plusieurs pays européens), le titre fut alors changé de Un drame à Manhattan en L’ennemi public n°1. C’est pourtant bien un mélodrame, bien plus qu’une biographie de gangster. Le scénario a beau être écrit par le jeune Mankiewicz, il reste très conventionnel et sans surprise. L’interprétation est l’attrait principal du film : Clark Gable est un gangster plein de charme et de séduction, William Powell voit sa (déjà longue) Un drame à Manhattan carrière d’acteur rebondir, Manhattan Melodrama est le premier film où il apparaît en tandem avec Myrna Loy, ici particulièrement séduisante. A noter aussi la présence du très jeune Mickey Rooney qui interprète l’un des deux gamins au début de l’histoire. Le film fut un grand succès à l’époque… au point de réussir à faire sortir un véritable ennemi public n°1 de sa cachette.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, William Powell, Myrna Loy, Leo Carrillo, Nat Pendleton, Mickey Rooney
Voir la fiche du film et la filmographie de W.S. Van Dyke sur le site IMDB.
Voir les autres films de W.S. Van Dyke chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* La M.G.M. aurait demandé à George Cukor de tourner quelques scènes additionnelles après montage, alors que W.S. Van Dyke était déjà occupé à réaliser son film suivant, The Thin Man.
* L’accident du General Slucum montré au début du film est un évènement authentique. Ce bateau qui remontait l’East River pour amener ses passagers à un pique-nique paroissial prit feu et sombra le 15 juin 1904 devant Manhattan, faisant plus de 1000 morts. En nombre de morts, c’est ainsi la plus grande tragédie de la ville de New York après celle du 11 septembre 2001.
* La chanson The bad in every man chantée dans le club par Shirley Ross a été légèrement réécrite peu après pour devenir Blue Moon, célèbre standard repris d’innombrables fois notamment par Django Reinhardt, Billie Holiday, Elvis Presley, Bob Dylan, Rod Stewart et Eric Clapton.

** Ne pas confondre ce film avec L’Ennemi public (The public enemy) de William A. Wellman (1931) avec James Cagney, Jean Harlow.
** Public enemies (2009) de Michael Mann, film qui retrace la vie de Dillinger, comporte quelques scènes de Manhattan Melodrama.

15 août 2011

Monsieur Wilson perd la tête (1940) de W.S. Van Dyke

Titre original : « I Love You Again »

Monsieur Wilson perd la têteLors d’une croisière transatlantique, un homme, de nature ascète et pingre, prend un coup sur la tête. Il n’a plus aucun souvenir de sa vie récente mais retrouve la mémoire qu’il avait perdue neuf ans auparavant : il était alors un escroc spécialiste des arnaques. Il décide de profiter de la situation… Monsieur Wilson perd la tête, I Love You Again, est une bonne surprise : il s’agit d’une comédie dans la meilleure veine des screwballs (1) des années trente. Pas moins de cinq scénaristes ont participé à l’écriture, avec de très bons résultats puisque le déroulement de l’histoire est habile, complexe tout en restant  simple. Monsieur Wilson perd la tête L’histoire est surtout totalement farfelue. L’humour est continuel, aucune scène n’en est dépourvue. Cet humour est bien équilibré entre les situations, inattendues et drolatiques exploitant merveilleusement toutes les possibilités de l’amnésie, et les dialogues vifs et relevés. Le couple Myrna Loy / William Powell fonctionne ici très bien. W.S. Van Dyke les connaît bien puisqu’il a réalisé plusieurs films de la série des Thin Man. Le flegme de William Powell fait une fois de plus des merveilles. De fort belle facture, Monsieur Wilson perd la tête est un délicieux divertissement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Frank McHugh, Edmund Lowe, Donald Douglas
Voir la fiche du film et la filmographie de W.S. Van Dyke sur le site IMDB.

Voir les autres films de W.S. Van Dyke chroniqués sur ce blog…

(1) Screwball = genre de comédie américaine qui fut très populaire entre 1934 et 1942, reposant sur des situations saugrenues, de dialogues vifs et utilisant les rapports homme/femme comme ressort de l’humour (personnalités marquantes : Frank Capra, Howard Hawks, Cary Grant, Ernst Lubitsch, etc.)

2 juillet 2011

The Great Ziegfeld (1936) de Robert Z. Leonard

Titre français : « Le grand Ziegfeld »

The Great ZiegfeldLui :
Ce film à grand spectacle retrace le parcours de Florenz Ziegfeld Jr., producteur de shows fastueux à Broadway au début du siècle et mort quatre ans auparavant. Charmeur et généreux avec les femmes, il était alors un personnage très populaire. The Great Ziegfeld nous relate toute sa carrière, depuis ses débuts dans les attractions foraines jusqu’à sa mort, met en scène sa vie amoureuse et reconstitue certains de ses shows. Ce sont ces aperçus de spectacles qui constituent tout l’attrait du film aujourd’hui, The Great Ziegfeld car il faut bien reconnaitre que le reste est un peu long (3 heures). Le faste des décors et l’extravagance des costumes rendent ces scènes assez uniques. Le numéro le plus célèbre est « A Pretty Girl is Like a Melody » (d’Irving Berlin), une scène de huit minutes où tout est dans la magnificence et la démesure. Un grand spectacle pour les yeux. Ne serait-ce que pour cette scène, le film vaut la peine d’être vu. Le succès du film fut immense.
Note : 3 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Luise Rainer, Frank Morgan, Reginald Owen, Ernest Cossart
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Z. Leonard sur le site IMDB.
Voir les autres films de Robert Z. Leonard chroniqués sur ce blog…

Remarques :
The Great Ziegfeld * The Great Ziegfeld a été le plus grand succès au cinéma des années trente. Le film coûta la somme faramineuse de 2 millions de dollars mais il en aurait rapporté 40.
* Luise Rainer est assez mémorable dans la scène du téléphone où elle félicite son ex-mari pour son mariage. Elle se serait inspirée de la pièce de Jean Cocteau « La voix humaine » (pièce qui ne met en scène qu’un seul personnage, une femme au téléphone, pour une rupture amoureuse). A noter que, dans la réalité, Florenz Ziegfeld et Anna Held n’étaient pas mariés ;  les scénaristes les ont mariés pour éviter les foudres de la censure.
* Le film existe apparemment dans une version courte de 125 mn, diffusée à la télévision.

Ne pas confondre avec…
Ziegfeld Girl de Robert Z. Leonard et Busby Berkeley (1941) avec James Stewart, Judy Garland, Hedy Lamarr et Lana Turner
Ziegfeld Follies de Vicente Minnelli (1946) avec Fred Astaire et Lucille Ball, où William Powell joue à nouveau le rôle de Florenz Ziegfeld Jr.

9 juin 2011

L’introuvable rentre chez lui (1945) de Richard Thorpe

Titre original : « The thin man goes home »

L'introuvable rentre chez luiLui :
C’est le cinquième film de la série des Thin Man (L’introuvable en français), enquêtes policières résolues avec brio par le détective mondain Nick Charles et sa femme Nora, personnages créés par Dashiell Hammett. Pour L’introuvable rentre chez lui, Richard Thorpe remplace W.S. Van Dyke, récemment décédé ; Robert Riskin et Harry Kurnitz écrivent une histoire assez brillante tout à fait dans l’esprit de la série. William Powell joue toujours avec son apparente désinvolture pour résoudre sans en avoir l’air une affaire bien mystérieuse. Myrna Loy, plus charmante que jamais, a cette fois un rôle bien plus important que dans les autres films de la série, sur le plan de l’intrigue mais aussi et surtout de l’humour. Le film est très bien équilibré et très plaisant. Il est assez étonnant de voir comment la série des Thin Man parvient à garder un bon niveau de qualité au fil de ses suites.
Note : 3 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Anne Revere, Harry Davenport
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Thorpe sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Thorpe chroniqués sur ce blog…

Remarques :
L’introuvable rentre chez lui est le seul film de la série où Nick Charles n’abuse pas de boissons alcoolisées. Réalisé pendant la guerre, le film devait refléter le rationnement assez strict sur l’alcool alors en vigueur. Donc, Nick Charles a toujours sa flasque mais elle est, cette fois, remplie de cidre.

La série des Thin Man :
1. L’introuvable (The Thin Man) de W.S. Van Dyke (1934)
2. Nick, gentleman détective (After the Thin Man) de W.S. Van Dyke (1936)
3. Nick joue et gagne (Another Thin Man) de W.S. Van Dyke (1939)
4. L’ombre de l’introuvable (Shadow of the Thin Man) de W.S. Van Dyke (1941)
5. L’introuvable rentre chez lui (The Thin Man Goes Home) de Richard Thorpe (1945)
6. Meurtre en musique (Song of the Thin Man) de Edward Buzzell (1947)